Je n'en doute pas Armant, je n'en doute pas...
De sa douce voix, elle lache ces quelques mois avec une intensité nouvelle, lentement ses lévres carmines s'étirent en un fin sourrire victorieux qu'elle n'essait plus de lui dissimuler, au fond de ses yeux la détermination céde la place à la douleur...Pour commencer... j'aurais besoin de vostre avis, mon estimable et précieux allié... Vous devez bien vous douter que je ne veux rien de moins que me venger de l'homme qui osa s'en prendre à ma fille, à mon sang, au nom des Malemort.
J'ai déjà résolu du comment, dites moi donc ce que vous en pensez.
Aprés s'être levée, avec sa prestance naturelle, pour se rapprocher pas à pas du Figeac, comme un prédateur face à la proie qu'il pourchassse, elle le contourne lentement, passant une main distraite dans les cheveux blonds de sa victime.Pour commencer... il doit ignore être perçé à jour... Je dois donc endormir sa méfiance... laisser passer le temps pour que le silence le rassure... Pendant ce temps là, je préparerai ma vengeance, récoltant au gré de mes pérégrinations les plantes nécessaire à mon oeuvre et qui ne se trouvent pas ici... A Paris je me fournirais chez les meilleurs apothicaire en langue de sorciéres, ces racines venues de Byzance et qui, une fois incorporé à l'aliment le plus banal, provoquent chez celui qui l'ingére la sensation insuportable d'être dévoré de l'intérieur par une nuée de rats... Dans les forêts du Sud, je trouverai de la langue de pucelle... Ces petites fleurs blanches, si innocentes qu'on caresse leurs corolles sans se méfier, pour découvrir le lendemain que la peau de sa main se détache sans raison apparente... Et des champignons méconnus, ces faiseurs de veuves comme on les appelle, et qui donnent à leurs victimes toute l'apparence d'un trépassé pour trois jours ... jusqu'à ce qu'ils s'éveillent dans leur cerceuil pour comprendre quelle horrible agonie les attend...
S'étant à présent penchée jusqu'à venir de ses lévres caresser l'oreille du FigeacEn suite, grace à quelques connaissances que j'ai des simples et des potions, je réaliserai le plus puissant des poisons... une arme à l'apparence si anodine et si redoutable pourtant qu'il me faudrait des nuits entiéres pour la rendre suffisament concentrée et précise pour être utilisée avec le controle et la retenue nécessaire...
Pendant ce temps... le boureau s'ignorant victime ne manquera pas de reprendre une existence apaisée, sans méfiance et sans remord... Je prendrai soin de placer dans son entourage des yeux attentifs qui me rapporteront sans faille le récit hebdomadaire de sa vie, de sorte que j'en connaitrai les grandes lignes, les petites habitudes et les gouts... de son vin préféré au tabac qu'il prise en passant par la catin rousse qu'il demande quand il se rend au bordel...
Alors... alors mon cher Armant... je pourrais préparer la frappe...
Sans cesser de jouer des méches blondes s'enroulant autour de ses doigts, elle se redresse à demi pour venir chatouiller la seconde oreille de son souffle brulant...Avec minutie, j'introduirais dans son alimentation, dans ses boissons, jusque dans les parfums dont il s'inonde, une infime quatité de mon poison... Oh bien sur les symptomes seraient indécelables, anodins... une lassitude et une irritabilité saugrenue, des douleurs diffuses dans le vendre, des maux de tête réguliers et impossible à faire passer... Rien de bien méchant car dans un second temps, l'antidote que j'ai également pu mettre au poing lui serait fourni, dans des patisseries par exemple ou imprégnés dans ses gants de cuir préférés... Vous me suivez Armant ?
Préparant l'estocade, elle contourne tout à fait son interlocuteur, pour qu'il voit son visage, son triomphe alors qu'elle achéve de l'emprisonner ...A ce moment là, il conviendra de préparer une entrevue, sans qu'il ne se sache démasqué, j'affecterai le chagrin et la stupidité, je le rassurerai, je lui dirais croire en ses mensonges et avoir besoin de lui ... l'homme sera déjà suffisamment empoisonné pour qu'en l'absence de l'antidote son mal finisse par l'emporter... Et jusqu'au moment ou je dévoillerai la situation, il ignorera que je tiens sa vie entre mes mains, que sans moi, il périra immanquablement, car je suis la seule à connaitre l'antidote et à savoir ou il se trouve...
Qu'en pensez Armant ? Que pensez vous du châtiment réservé à qui offense une Malemort et trahit la confiance d'une mére ?
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