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[RP] Dent pour dent, et tout un tas de choses pour oeil...

--Umbre
Le début du RP est antérieur à la mort d'Eroz.



Enfin, il l'avait retrouvée ! Le jeune borgne lui avait facilité la tâche, il devait bien l'admettre, en lui fournissant nom, description, fréquentations... comment avait-il appris tout ça d'ailleurs, c'était un mystère. Dans le temps, c'est Umbre qui aurait été chargé de découvrir ces informations, et cette fois Nicolas les lui avait données. D'où les tenait-il ? Un instant, l'homme caressa sa barbe en imaginant enquêter sur son employeur, mais le risque était trop important pour qu'il décide de satisfaire sa curiosité. Il allait tout simplement intégrer ce fait supplémentaire dans leurs rapports, et continuer à développer une relation de confiance et de respect mutuels.

Bref. Trêve de digressions... il n'avait pas l'habitude de se perdre dans ses pensées en plein milieu d'une mission. La piste était désormais remontée jusqu'à son origine, et il pensait avoir identifié un des repères de la Corleone. Une bâtisse quelconque, dans une rue quelconque, pas franchement les bas-fonds auxquels il se serait attendu. Les activités de la dangereuse Italienne semblaient assez florissantes pour lui épargner certains inconforts habituellement assortis aux gens de sa condition ! Restait à confirmer sa présence, avant de suivre le cas échéant les instructions claires qu'il avait reçues avant de partir. Il marmonna doucement :


Allons, Sadnezz... dis-moi que tu es bien là.

Quelqu'un de compatissant aurait espéré pour elle qu'elle n'y soit pas. Il n'aurait toutefois pas fait ce métier s'il avait été compatissant, et la relative sympathie qu'il éprouvait pour son employeur l'inclinait à penser qu'une vengeance s'imposait. A défaut de l'appliquer lui-même, ce serait un plaisir de l'annoncer !
--_eroz_
Un filet de bave au coin des lèvres cheminant vers une esgourde relativement malpropre...

Un ronflement à couper la chique aux passants dans la rue..

Un orteil dépassant d'une chausse trouée, elle même dépassant d'une couverture pas même douce et plus grise que blanche...

- Ledit orteil ne sera pas plus détaillé, ce n'est pas le genre de description qu'on peut servir au déjeuner -

Pas de doute, l'Eroz dormait d'un sommeil de plomb, bien emmitouflé dans la couche sale de Sadnezz. N'allez pas croire que... Non, ils n'avaient pas passé la nuitée sur la même paillasse! La brune avait donné de sa grande bonté à l'éphèbe pour qu'il puisse tomber, saoul et sale, dans son pieu la veille... En échange de toute sa bourse qu'elle était partie dépenser généreusement sur les étals d'un marché douteux aux vêpres.

A la vue de la tâche de bave laissée sur l'édredon qui avait commencé à sécher par endroits, la Corleone regretterait amèrement son geste solidaire à son retour m'enfin... On ne laisse pas repartir un ami - même s'il s'agit d'Eroz - dans un tel état en plein milieu de la nuit... Notez qu'elle lui avait laissé un bel écu brillant sur le coin du lit, histoire de.

Un ronflement plus haut que les autres fit tousser le brun et sursauter une petite vieille qui passait devant la porte à ce moment là, une matinée tout à fait banale en apparence... Haaa les apparences! La tannière Corleonniene respirait le calme et l'haleine du matin, Eroz rêvait à une nuitée imaginaire dans les bras d'une brune, c'était toujours mieux que de se lever avec la chaude pisse.

Pendant ce temps là dehors...


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--Laptiote


Les bas-fonds, les coups fourrés, les trucs tordus, ça c'était l'élément de Laptiote. Voler, mentir, faire plein de bêtises, pis même tuer un peu s'il le faut, ça c'était sa vie. On aurait pu croire que c'était dangereux et pas du tout la place d'un si p'tit bout de femme, et pourtant! Elle savait les travers de l'Homme, sa perversité, ses vices, tant elle en avait vu, ce qui paradoxalement n'avait rien enlevé à son innocence enfantine et sa soif de vivre. Elle ne savait pas ce qu'était le bien ou le mal, elle voulait juste vivre. A peine plus haute que deux pommes, elle se fourrait partout et était aussi vive qu'une mini gazelle en furie. Elle avait aussi la désagréable manie d'adorer lancer le couteau, ça donnait pas toujours ce qu'on imaginait, parce qu'elle maîtrisait pas tout et la rage ou la fureur chez une demi portion comme ça, ça part dans tous les sens, mais elle ratait rarement son coup. Son autre passion, c'était les poisons. Non, pas les poisssssons! les poisons! Sauf qu'elle s'y connaissait pas tellement, faut de grand pour lui apprendre, alors souvent sa virait au vinaigre et elle donnait des pustules aux grenouilles, ou, fait mémorable, elle collait la chiasse à la vieille de la rue Mouffetard.

Son nécessaire à couteaux pendouillant à sa mini ceinture, elle se faufilait, barbouillée de crasse, toute maigrichonne de ne pas avoir bien mangé les jours passés, elle filait vers son gagne-pain. Fichue habitude de s'acoquiner avec les gens les moins recommandables du royaume, elle furetait à sa suite, légère et furtive. Elle le guettait, savoir le moment opportun pour révéler sa présence. Dans ses cauchemars, il était un être terrifiant, mélange entre croque mitaine et père fouettard, mais pourtant elle n'en avait pas peur.

Elle se glissa donc jusqu'à lui et lui tira un peu sur la manche.


'Lut, l'ombre. Tu veux touzours que z't'aide, dis hein?

Elle lui fit un sourire angélique qui détonnait avec sa bouille cracra. Elle se fichait pas mal du sale boulot qu'on allait lui demander tant que ça payait bien et qu'elle pouvait se remplir son ventre qui pour le moment n'était plein que de gargouillis, elle était partante.
--Umbre


Une sensation bizarre à la manche, sa main file déjà vers le couteau à sa ceinture... mais il ne s'agit que de la p'tiote. La capacité de celle-ci à se faire oublier ne lasse pas de l'impressionner ! Les battements de son coeur retrouvèrent leur rythme normal, et il détailla d'un oeil qui se voulait sévère les traits crasseux de la gamine. Comment lui tenir rigueur de quoi que ce soit, avec ses petites dents blanches qui apparaissaient entre ses lèvres retroussées ? Il abandonna donc toute idée de réprimande -après tout, il faisait appel à elle pour sa discrétion- et lui chuchota doucement.

Hum... oui. Tu vois la bâtisse, en face ? demanda-t-il en la désignant d'un mouvement du menton. J'aurais besoin de savoir qui se trouve à l'intérieur. Tu te souviens de la femme dont je t'ai donné la description tantôt ?

Elle hocha vivement la tête. Ce n'était guère étonnant, car les vieilles italiennes n'étaient pas légion dans les bas quartiers lorsqu'il ne s'agissait pas de catins. La Corleone ne s'oubliait pas, s'il en croyait les témoignages qu'il avait recueillis pour Nicolas, et surtout le bandeau de ce dernier.

Il faut que je sache si elle vit ici, ne serait-ce que de temps à autres. Ensuite... j'aurai sûrement de quoi t'occuper.

Ses consignes étaient claires, tout en lui laissant une marge de manoeuvre relativement importante. Exactement le genre de mission qu'Umbre appréciait, ce qui lui releva légèrement le coin des lèvres sous sa barbe. Un passant leur jeta un bref regard, vaguement dégoûté, avant de continuer sa route. Un homme relativement âgé, souriant et vêtu de noir, qui tenait un conciliabule à voix basse dans un renfoncement obscur avec une enfant des rues... l'espion faillit rougir en imaginant ce que l'autre avait pu imaginer. Faillit seulement, car après tout, il avait déjà fait bien pire pour susciter l'opprobre de ses semblables, et n'avait cure de l'opinion du premier gueux croisé. Que celui-ci s'occupe de ses minables affaires, et le laisse régler les siennes !
--Laptiote


L'oreille attentive la gamine écoutait son acolyte. Son estomac lui intimant une seule chose: obéir quoiqu'il veuille. Manger, manger, manger! Elle se fichait pas mal des passants, même de ceux qui leur lançait un regard sévère. Tout en l'écoutant, elle agitait sa manche qu'elle n'avait pas lâchée. Chacune des consignes s'inscrivait dans sa petite tête.

Un clin d'oeil complice et la gosse déjà se faufilait dans la ruelle. Oui, oui, elle avait très bien compris ce qu'on attendait d'elle. Pis avec sa gueule d'ange innocente, même toute sale, elle faisait pitié et on lui aurait donné le Bon Dieu sans confession. Et puis elle la jouait toujours au culot. Que risquait-elle au fond? qu'on la tue? Bah entre mourir étranglée et mourir de faim autant mourir étranglée! Alors vaille que vaille!

D'un petit pas agile, elle se retrouva devant la porte de la bâtisse. Se dandinant, elle se mit à frotter les carreaux crasseux pour voir à l'intérieur. Pas froid aux yeux la môme. Elle crachouille un peu et frotte du bout de sa manche.


Erf, c'est sale, et pis on voit rien la dedans hein!

Caressant doucement ses couteaux chéris, elle se planta devant la porte et poussant un soupire se mit à toquer, d'une petite main ferme. Qui ne risque rien, n'a rien.
Sadnezz
Une besace bien pleine et un brin de paille aux lèvres, Sad s'en revient de ses petites courses matinales. Les poches des passants ont été aussi fructueuses que les étals, ce qui l'a mise d'humeur relativement bonne. Mais en tournant au coin de sa rue, la Corleone fronce les sourcils, ce qui révèle une profonde ride contrariée entre ses deux mirettes. Une gosse, à ses carreaux. L'aime pas les gosses Sad, c'est bien connu. Encore moins lorsqu'ils étalent leur bave de gosse sur leur manches sales de gosses pour les frotter sur ses fenêtres qu'aiment pas non plus les gosses. Bien pour ça qu'on voyait pas à travers, pour pas voir les gosses passer dans la rue pardi!

D'une voix austère, toujours avec sa ride qui qui fendait le front, La brune apostrophe l'enfant tout en la décollant de sa porte, l'envoyant valser plus loin sans aucun ménagement.

Hé la bleusaille, tu veux qu'j'taide? A l'avenir lève tes pattes de mes carreaux tu vas les souiller. Allez circule y'a rien à voir.

Elle lâcha un juron et un "tssss" sonore avant que de ne s'engouffrer dans sa piaule en refermant bruyamment la porte au minois de la gamine. De l'extérieur, celle ci pût encore entendre s'évanouir la voix de Sad en une fin de phrase sèche : " Puis qui c'est qu'a r'filé de la lame à une pareille mioche? L'a pas l'âge de jouer du cure-dent celle là!

Dans la bâtisse, elle se heurta à l'image répugnante d'un Eroz qui bavait sur sa couche et grimaça outrageusement. Dans un geste plein de grâce et de volupté elle tira sur le drap et le fit tomber comme une masse au sol.

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"Croyais-tu que l'on me surnommait Belladone par fantaisie?"
--Laptiote


Aïe, ouille... Laptiote légère valdingue dans un coin, se prenant un truc dur dans les côtes. Bon... c'est une habitude qu'on la tabasse, alors pas vraiment nouveau les bleus qui lui recouvrent le corps. Une habitude qui fait que maintenant, elle rebondit plutôt bien. Juste le temps de relever le nez en se frottant les reins pour apercevoir l'affreuse.

Hannn mais c'est elle! la description, ça correspond! Bon ben c'est une vilaine qui veut même pas lui filer un quignon de pain mais au moins la gamine sait qu'elle passe par là à défaut d'y vivre. C'est l'Ombre qui va être content, p'têtre il sera gentil? p'têtre il lui donnera un peu de gnole et de la soupe à l'oignon, qui sait...

Bougonnant, jurant, la gosse va s'asseoir au pied de la porte et tend sa menotte pour faire la charité, à vue de nez, mais surtout pour épier ce qui peut se passer dans la baraque, au pire elle se reprendra un nouveau coup dans le derrière, ce qui n'a jamais tué personne. Elle est sale et maigrichonne, parfois ça peut payer de faire la manche, pis au moins là, si l'italienne bouge, elle pourra lui faire les yeux doux et l'enquiquiner aussi! Méchante femme qui n'a même pas daigné levé les yeux sur elle! La vengeance est un plat qui se mange froid!
--Umbre


Hum... si ça n'était pas la bonne, ça y ressemblait fort. Typée italienne, brune, sale caractère, et surtout, chaussée de poulaines. Qui donc portait des poulaines, de nos jours ? C'était d'un ringard... m'enfin, l'homme n'était pas engagé pour ses considérations vestimentaires, aussi se contenta-t-il de hausser les épaules devant la faute de goût manifeste, et de farfouiller dans l'obscurité derrière lui. Il en ressortit d'abord un parchemin, rapidement examiné :



Profite bien de tes deux yeux... Sadnezz Corleone. Qui sait ce qui pourrait leur arriver ?

Pour le coup, son employeur avait fait concis. Umbre aurait davantage souligné la menace, mais ce n'étaient pas ses compétences d'écrivain qui lui valaient ses gages, et sur ce point comme sur d'autres, il faisait confiance à Nicolas. Il roula le vélin, et l'attacha autour d'un carreau d'arbalète en acier. Lequel carreau alla vite se loger sur son arbalète. L'engin fut armé avec l'aisance que confère l'habitude -et l'étrier, loué soit son inventeur- puis épaulé. En tirant dans le haut de la fenêtre, il y avait peu de risques de toucher quelqu'un à l'intérieur... le but était de délivrer un message, pas de tuer. Pas encore.

Bons baisers d'Italie, chuchotèrent ses lèvres d'elles-mêmes tandis que son doigt se crispait.

Un claquement, aussitôt un bris de vitre, déjà l'arme était dissimulée dans les plis d'une cape qui s'élançait hors des ombres de la ruelle. Un regard à l'adresse de la ptiote pour lui indiquer de ne pas bouger et d'ouvrir les yeux, pendant que lui allait se dissimuler plus loin. Tout cela ne faisait que commencer, et la suite dépendrait de la réaction de la femme.
Sadnezz
Le bruit puis la trajectoire de la flèche fit se figer la Corleone dans un élan pourtant bien engagé de coup de poulaine sur la trogne de l'Eroz. L'intruse se logea sur une poutre, appelant ostensiblement sa destinataire. Délaissant le brun elle fit volte face et vociféra en traversant la pièce. Telle un diable sortant de sa boite, Sadnezz fila droit sur la petite souillon qui faisait l'air de rien la manche contre la baraque.

Sale gosse! J'vais t'apprendre moi à saccager mes carreaux. Eroz! apportes les tenailles, la mioche à des dents à m'filer pour payer sa connerie!

Les mains noueuses vinrent enserrer les petits bras maigres de la fillette et la secouèrent comme une paillasse sale. Sad lui introduisit un doigt dans la bouche, tirant sur l'intérieur de ses joues poupines. Sans lésiner sur le geste elle découvrit les dents de lait de l'enfant, pas encore gâtées comme celles des petits nobliaux habitués aux douceurs et afficha un rictus carnassier. A cette période de l'année les dents se revendaient bien sur les marchés et il était coutumier de voir des édentés encore pleins de jeunesse...

Dieu qu'elle n'aimait pas les gosses... Si le Tres Haut pardonnait la dégustation de gniards bouillis au chaudrons pour sûr que l'italienne ne crèverait jamais la dalle. Sans plus s'étaler dans la rue elle tira la fillette dans la bâtisse et claqua férocement la porte.

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"Croyais-tu que l'on me surnommait Belladone par fantaisie?"
--_eroz_
Un grand BAM, suivit d'un CRAC et un CLAC. C'est par cette formule simpliste qu'Eroz assimila les évènements qui s'enchainèrent rapidement dans la pièce.

BAM!

La poussière du sol vint s'agglutiner au filet de bave qui avait dévié sur sa joue, laquelle se retrouva subitement collée parterre recevant tout le poids de son corps dans une désagréable impression de lourdeur. Son cerveau mit quelques secondes à assembler l'enchainement et les sensations qui en découlaient puis en déduisit .. qu'il venait de se casser la gueule parterre, ni plus ni moins. Dans la longue liste de style de réveils différents qu'une créature telle que la brune Corleone pouvait lui offrir, si Eroz avait eu le choix, il n'aurait pas jeté son dévolu sur ce genre là. Il ramassa donc sa tête d'ange et se redressa, les yeux encore collés et la tignasse de travers.

CRAC!

Un bruit de casse survint, bruit qui s'accompagna d'un son sourd qu'il pût suivre d'un bout à l'autre de la pièce sans même avoir le temps d'ouvrir un oeil. Claquant un peu de sa bouche pâteuse et s'étirant il ouvrit ses mirettes sur une flèche plantée dans le décor qui n'était pas là la veille... Toujours long à la détente - réveil oblige - , il n'associa pas tout desuite le carreaux brisé à cette dernière et la fixa longuement sans vraiment la regarder. Il sembla soudain à l'éphèbe au bois dormant qu'un message y était roulé ce qui le poussa à lever sa carcasse et à s'en saisir en se grattant la tête et les... Enfin bref, tout comme la description de l'orteil, passons. Eroz lût en baillant.

CLAC!

La porte venait de voler, et on ne sût dire si ce qui le fit sursauter et le coupa dans son baillement était la voix stridente d'une Sadnezz déchainée ou le contenu du message entre ses mains. Se tournant vers la maitresse des lieux, il fût à peine surpris de la voir secouer une gamine comme un prunier . Quand ce n'était pas les puterelles qu'elle lui refilait pour se débarrasser* c'était les enfants qu'elle malmenait comme une vieille sorcière de quartier. Il eût la vague impression que celle là allait encore être pour sa pomme...Aussi, éludant sa demande il haussa deux sourcils mal peignés et lui lança le vélin en baillant à nouveau.


T'as du courrier...

CF rp "Nuits étranges", CM.
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--Laptiote


Elle avait sursauté au bruit du carreau cassé et son regard s'était posé sur l'Ombre, rapide et agile. Leur regard se croisèrent, pas de sourire, juste un échange complice. Non, elle ne bougerait pas et oui, elle l'aurait à l'oeil la vilaine sorcière méchante. Sauf que....

Ahhhhhh!! Non mais ssa va pas vouuuus!!! Lâssez moi! Ssuis pas un prunier moi! Ya rien qui va tomber! LASSSSEZ MOIIIIII!

Un trognon de pomme qui s'agite tandis qu'elle se fait entraîner dans la bâtisse cracra, erf puis ça puire le rat crevé là dedans!

Cé pô moi qué fé ça!!!! Z'é rien fait moi!!! Z'veux zuste un peu de quoi... hmmmgrhhisppsiiijhhhhgggg!

Pas le temps de finir sa phrase qu'un doigt avide s'enfonce dans sa bouche, tâtant à l'intérieur pour chercher quoi? Des dents? Ses dents! Ses petits quenottes à elle! Et elle parle de tenailles??? Argh!

Rageusement, la bouche se serre, elle se ferme sur le doigt, quitte à la rompre, du plus fort qu'elle peut, elle y met toute sa rage et sa fureur de gamine haute comme deux pommes et demi. Le doigt est sale? Tant pis, ça sent pas bon? Tant pis! Vas-y que je te mords vilaine sorcière avec mes p'tites quenottes!

Elle lui lance un regard revêche, rien que pour lui prouver que même si elle est pas bien haute, elle aussi elle peut avoir une tête de sorcière ET des dents de sorcière.

Foutrecul, elle allait pas comprendre l'italienne qu'elle voulait juste manger un bout, même contre service rendu! Et v'la que la gosse s'agite de plus belle, fichant des coups de pieds comme elle peut et un coup dans le bide de l'italienne et un pied qui sort par çi, le bras qui essaie de se libérer par là, sans oublier le p'tit grognement rageur de l'ourson qu'on emprisonne. Elle va pas lui enlever son doigt? Et hop, on remord de plus belle, petites quenottes plantées dans la chair fraîche, ou... pas fraîche!


Ah, tiens! Ya le pouilleux qui s'réveille et qui agite un bout de parchemin. Sauvée? Laptiote est sauvée par la missive?
Sadnezz
La sad serre les dents lorsque celles de la mioche se referment sur son doigt.

Humpf! Sale bête!


Mais c'est qu'elle se débat en plus! L'aurait mieux fait de lui casser directement un bras!

Son regard se détourne vers ce que lui tend Eroz, elle lâche la gosse et la pousse du pied vers la sortie. Une message... Pour sûr que ce n'était pas cette petite chose sale qui l'avait écrit. Savait-elle seulement à quoi servait une plume?

Et si ce n'était pas elle... Qui osait?

Rapidement, arracha le chiffon au brun et lût l'expresse ligne d'un oeil désabusé. Un rictus naquit sur son visage jusqu'à devenir rire grinçant et dérangé d'une femme qui en avait vu d'autres.

Ha on en voulait à ses yeux de corneille... Mais qu'ils les prennent! Qu'ils prennent tout! Ils sauront alors qu'à une coquille vide on ne peut lever que le néant. Sa carcasse pourrira un beau jour dans un de ces charnier qu'elle se refuse à regarder, la mort d'une façon ou d'une autre viendra la prendre! Autant que ce soit à la hauteur de sa cruauté.

Eroz! On s'arrache.

Elle s'amusa de le voir scruter le fond de sa bourse décimée d'un air mortifié et s'apprêta sommairement pour la route. La brune écrivit un mot sur le papelard et le replia sur sa flèche. D'un tir sec , retour à l'expéditeur... Le tout siffla par le carreaux brisé, tant pis ou tant mieux s'il tuait quelques petites vieilles.



"CHICHE"


Tout en sortant par la porte de derrière, on pût entendre la corleone mander à Eroz: 'T'as pas un écu?"

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"Croyais-tu que l'on me surnommait Belladone par fantaisie?"
--Umbre


[Des mois plus tard, en la capitale]

Les semaines, les mois avaient passé. Le chasseur patient avait parfois momentanément perdu la trace de sa cible, mais son employeur lui avait clairement signifié qu'il avait carte blanche pour sa mission, et des bourses bien garnies finissaient toujours par délier les langues. Aussi la traque se poursuivait-elle. Aucune occasion ne s'était représentée pour une petite démonstration de force, toutefois il ne doutait pas que le moment viendrait. Il suffisait d'attendre et de rester sur ses gardes, deux choses qu'Umbre savait parfaitement faire, faute de quoi il n'aurait pas atteint cet âge respectable dans l'environnement dangereux qu'il affectionnait.

De villes en villes, la Corleone avait fini par l'entraîner jusqu'à Paris. Tout naturellement, il avait contacté ses relations à la Cour des Miracles... qui ne lui servirent à rien. Car pour une raison inconnue, la vieille Italienne avait trouvé refuge au coeur d'un quartier riche, dans un bordel du nom de la Rose Noire. Son poursuivant invisible n'avait pas réussi à déterminer l'exacte implication de la matrone dans tout cela. Savait-elle qu'elle hébergeait une indésirable qui ne travaillait même pas ? Après tout, la complicité du portier et de quelques filles suffisait théoriquement à cacher quelqu'un dans le bâtiment, mais son instinct soufflait à Umbre que peu de choses échappaient à celle qui se faisait appeler la Dame Rouge. Faute d'être fixé, il maintenait donc sa surveillance, guettant comme toujours une ouverture.

Un soir, alors qu'il commençait à être lassé par l'inactivité et s'était fait la réflexion qu'il pourrait profiter de sa présence en la capitale pour obtenir de nouvelles instructions de Nicolas, quelle ne fut pas sa surprise de voir ce dernier s'approcher rapidement du cerbère qui gardait l'entrée, et disparaître dans la maison de passes ! Il n'était séparé de son ennemi que par quelques toises et deux ou trois murs ou planchers... la situation risquait fort de tourner au vinaigre. Il fallait qu'il soit prévenu, et vite.
--Umbre


[La même ruelle, la même nuit]

Le plan était sensé*. Après avoir récupéré son attirail, Umbre retourna donc faire le guet dans sa ruelle. Des années d'habitude n'y changeaient rien : c'était une tâche ennuyeuse au possible, et fatigante. Même s'il n'avait pas besoin de maintenir son attention à un niveau très soutenu dans un quartier aussi calme, il devait rester à l'écoute des bruits de la nuit, et ne pas perdre de vue l'ensemble du bâtiment. Tout ça, bien sûr, sans produire lui-même de bruit ni se laisser voir par d'éventuels yeux indiscrets, car sa position actuelle ne se prêtait pas vraiment à l'invention d'une excuse plausible pour l'expliquer.

Malgré tout, il ne pouvait pas empêcher son esprit de divaguer. S'il avait pris son arbalète, et s'il avait été payé pour tuer ? La proie insouciante aurait pu sortir avec toutes les précautions du monde, mais elle aurait été cueillie par un lourd carreau de métal et tuée quasiment sur le coup... mettant un terme prématuré au long projet de vengeance de son employeur. Les Italiens et la vendetta, toute une histoire !

Les lèvres qui avaient esquissé un sourire à cette réflexion articulèrent soudain un juron silencieux. Elle sortait par la fenêtre ! Elle les avait repérés, forcément. Probablement Nicolas, à l'intérieur du bordel... ils n'avaient pas imaginé qu'elle irait dans les salles communes. Et ils avaient eu tort, car elle se pensait de toute évidence en terrain sûr et n'avait pas reculé devant une telle imprudence. Il s'agissait de ne pas la perdre ! Abandonnant sa cachette, l'espion la suivit dans la nuit. La traque recommençait.


(* : CF topic "Maison close de la Rose Noire)
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