Nicotortue
Le Comte ne put qu'acquiéser aux propos de la Comtesse. Il partageait ses sentiments sur les livres et ne voyait rien de plus à ajouter. Tout ce qu'il aurait pu dire n'aurait éte que superflu. L'essentiel avait déjà été prononcé. Il la regarda continuer à scruter les diverses couvertures et les caresser presque amoureusement. Il reconnut là un geste que lui-même faisait souvent. Le contact de ses reliures de cuir, parfois richement décorées, avait le merveilleux pouvoir de l'apaiser.
Il la vit hésiter un bref instant devant un ouvrage. Un fin sourire étira ses lèvres, à la limite de l'íronie. Il connaissait on ne peut mieux le volume qu'elle s'apprêtait à prendre puisqu'il s'agissait de la généalogie des Brassac et d'un traité sur la transmission des titres de noblesse à l'intérieur de la famille. Sans faire de commemtaire sur la moue de son interlocutrice, le Comte s'avança et s'empara du livre. La couverture de cuir bleu nuit était craquelée par l'âge et les armes des Brassac qui s'étalaient orgeuilleusement sur la première semblaient fanées, sûrement aussi un effet des ans.
Le Comte l'ouvrit et dévoila une partie de l'arbre généalogique de sa famille. Un sourire moqueur illumina son visage et il expliqua sa réaction à sa compagne :
Figure-toi que mon arrière-grand père a commandé ce traité. Pour lui plaire, le généalogiste chargé du travail a fait remonter les origines des Brassac à l'une des premières familles franques, compagne de celle de Clovis. J'ai toujours trouvé ça particulièrement ridicule ! Pourquoi, à ce moment-là, n'avoir pas poussé jusqu'aux Empereurs romains. Cela flatterait davantage l'ego familial.
Le sourire ne s'eteignit pas et le Comte tourna encore quelques pages. Certes, les origines des Brassac étaient anciennes, tout comme leur noblesse mais il n'aurait jamais eu l'outrecuidance de la faire remonter si haut. Il lui suffisait de savoir que sa noblesse ne pouvait être remise en cause et que, même sans ses fiefs, il n'en restait pas moins un des rejetons de l'ancienne noblesse limousine. Dont, malheureusement, il avait vécu l'extinction de plusieurs familles prestigieuses. Montrant les nouvelles pages à la Comtesse, il ajouta :
Ceci a été rajouté par mon grand-père et mon père. D'ailleurs, ici, tu peux me voir. J'y ai été noté le jour même de ma naissance, alors que l'on ne savait pas même si j'allais vivre ou mourir et que j'étais loin d'être baptisé.
Un temps de silence. Le regard du Comte revient aux somptueux joyaux qui sont toujours posés sur le coffre, brillant faiblement à la lueur des flammes de la cheminée, comme abandonnés. Son attention revient sur Ewaële qui l'écoute sans rien dire depuis maintenant un long moment. Il lui adresse un sourire lumineux, tandis qu'une étincelle s'allume au fond de ses prunelles.
Un jour, ce sera à moi de prendre la suite de mes ancêtres et de noter mon épouse et, si Aristote m'en fait la grâce, mes enfants. Je ne voudrais pas que mon nom s'éteigne, d'autant plus maintenant que les Brassac sont montés si haut.
Contemplant toujours les pages du manuscrit, le Comte, s'en même s'en apercevoir, suit du bout des doigts les lignes l'arbre généalogique qu'il a sous les yeux, inconscient du temps qui passe et du silence qui s'installe.
_________________
Il la vit hésiter un bref instant devant un ouvrage. Un fin sourire étira ses lèvres, à la limite de l'íronie. Il connaissait on ne peut mieux le volume qu'elle s'apprêtait à prendre puisqu'il s'agissait de la généalogie des Brassac et d'un traité sur la transmission des titres de noblesse à l'intérieur de la famille. Sans faire de commemtaire sur la moue de son interlocutrice, le Comte s'avança et s'empara du livre. La couverture de cuir bleu nuit était craquelée par l'âge et les armes des Brassac qui s'étalaient orgeuilleusement sur la première semblaient fanées, sûrement aussi un effet des ans.
Le Comte l'ouvrit et dévoila une partie de l'arbre généalogique de sa famille. Un sourire moqueur illumina son visage et il expliqua sa réaction à sa compagne :
Figure-toi que mon arrière-grand père a commandé ce traité. Pour lui plaire, le généalogiste chargé du travail a fait remonter les origines des Brassac à l'une des premières familles franques, compagne de celle de Clovis. J'ai toujours trouvé ça particulièrement ridicule ! Pourquoi, à ce moment-là, n'avoir pas poussé jusqu'aux Empereurs romains. Cela flatterait davantage l'ego familial.
Le sourire ne s'eteignit pas et le Comte tourna encore quelques pages. Certes, les origines des Brassac étaient anciennes, tout comme leur noblesse mais il n'aurait jamais eu l'outrecuidance de la faire remonter si haut. Il lui suffisait de savoir que sa noblesse ne pouvait être remise en cause et que, même sans ses fiefs, il n'en restait pas moins un des rejetons de l'ancienne noblesse limousine. Dont, malheureusement, il avait vécu l'extinction de plusieurs familles prestigieuses. Montrant les nouvelles pages à la Comtesse, il ajouta :
Ceci a été rajouté par mon grand-père et mon père. D'ailleurs, ici, tu peux me voir. J'y ai été noté le jour même de ma naissance, alors que l'on ne savait pas même si j'allais vivre ou mourir et que j'étais loin d'être baptisé.
Un temps de silence. Le regard du Comte revient aux somptueux joyaux qui sont toujours posés sur le coffre, brillant faiblement à la lueur des flammes de la cheminée, comme abandonnés. Son attention revient sur Ewaële qui l'écoute sans rien dire depuis maintenant un long moment. Il lui adresse un sourire lumineux, tandis qu'une étincelle s'allume au fond de ses prunelles.
Un jour, ce sera à moi de prendre la suite de mes ancêtres et de noter mon épouse et, si Aristote m'en fait la grâce, mes enfants. Je ne voudrais pas que mon nom s'éteigne, d'autant plus maintenant que les Brassac sont montés si haut.
Contemplant toujours les pages du manuscrit, le Comte, s'en même s'en apercevoir, suit du bout des doigts les lignes l'arbre généalogique qu'il a sous les yeux, inconscient du temps qui passe et du silence qui s'installe.
_________________