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[RP/Anim]Festivités d'Automne : Autour du Feu

Ratou42
Ratou, après avoir raconté son histoire légèrement coquine, écouta longuement le conte d'Arestel qui prit la parole à son tour.

Elle écouta toute attentive et charmée par la magie de l'histoire qui se dévoilait peu à peu.
Arestel avait raconté un vai conte comme on n'en connait pas assez. Ratou était subjuguée par la manière dont Arestel racontait.

Tout émotionnée par son récit, Ratou se dit que décidément, les femmes avaient bien tout pouvoir et que c'étaient elles qui dirigeaient pas mal de choses aussi bien dans les contes que dans la réalité moyenagesque.
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Emeldiz
Emeldiz avait écouter toutes les histoires avec attention, certaines l'avaient fait rire, d'autres l'avaient rendue sentimentale voir triste.
Profitant du calme suivant le dernier conte, une légende que son père lui avait racontée lui revint en tête.
Elle prit une grande inspiration puis se mit à genou.

J'ai mon aussi une histoire à vous raconter. La légende de la ville d'Ys est un des plus vieux mythes de la Bretagne, il remonte à une époque où le christianisme n'était pas encore venu à bout du paganisme. Oyez l'histoire du roi Gradlon, de sa fille Dahut, et de l'orgueilleuse cité qui fut maudite puis engloutie.

En des temps fort reculés, régnait sur le royaume de Cornouailles le roi Gradlon-Meur. Dans sa jeunesse, il s'était surtout fait remarqué par ses nombreuses conquêtes guerrières, qui lui avaient valu gloire et puissance. Et c'est lors d'une guerre contre les pays nordiques qu'il rencontra une belle princesse scandinave, qui passait pour être un peu sorcière, mais qu'il résolut de prendre pour femme. Celle-ci lui offrit un cheval, nommé Morvac'h, d'un noir flamboyant et au regard de braise, qui n'avait pas son égal sur toute la Terre. Après avoir séjourné quelques temps dans le Nord, le roi décida de rejoindre son royaume de Cornouailles. Mais sa femme accoucha d'une petite fille durant le voyage, et en mourut. L'enfant née sur les eaux fut appelée Dahut, et elle devint fille de la mer, car celle-ci avait marqué son empreinte définitive sur elle.

De retour en Cornouailles, Gradlon entreprit un long deuil, et tout l'amour qu'il avait eu pour sa femme, il le prodigua à sa fille. Dans un même temps, il commença un règne pacificateur où il fut davantage occupé à répondre aux besoins de ses sujets. Sa rencontre avec un ermite dans une forêt le fit convertir au christianisme, et partout dans le pays s'élevèrent églises et cathédrales. A celle de Quimper, il nomma Saint Corentin, homme de bon conseil, qui l'assista dans son règne pieux. Il voyait dans l'évêque un modèle, en fait sa seule source d'inquiétude était que sa fille Dahut refusait tous les enseignements religieux. Aux discours des prêtres, elle préférait ceux de l'Océan, avec qui elle allait souvent dialoguer. Mais Gradlon aimait trop sa fille pour lui en tenir rigueur, ce que Corentin ne manquait pas de lui reprocher.

Le temps passant, Dahut devint une jeune femme incroyablement belle, mais chaque jour plus insouciante, provocante et orgueilleuse. Mais dans cette contrée devenue chrétienne, elle s'ennuyait terriblement et avait de plus en plus la religion en horreur. Un jour elle n'y tint plus, et elle demanda à son père qu'il lui construisît sa cité à elle, une cité où nul prêtre ne pourrait pénétrer et où seuls les plaisirs régneraient. Gradlon résista d'abord, puis il faiblit, et malgré les avertissements de Corentin, finit par céder. Il fit construire secrètement la cité, à l'emplacement même où Dahut avait l'habitude d'aller jouer quand elle était petite. Et un jour il emmena sa fille sur la grève de son enfance, et celle-ci découvrit éberluée une magnifique cité blanche, la plus belle qui pouvait se trouver de part le monde. Ainsi naquit la ville d'Ys, où Gradlon et Dahut s'établirent désormais.

Hélas, dans la cité les sept péchés capitaux régnaient en maître, tout n'était que débauche. Les commerçants s'enrichissaient honteusement en attaquant les navires marchands des autres nations. Corentin s'en arrachait les cheveux, et fit pression sur Gradlon pour qu'on y construisît au moins une cathédrale. Celui-ci s'exécuta malgré la colère et les reproches de sa fille... Mais las ! La plus grande cathédrale du royaume était aussi la plus désertée. Et ce malgré les efforts de Saint Gwénolé, qui à force de miracles ne parvint pourtant jamais à remplir la cathédrale plus d'une journée. Il avertit que la patience de Dieu était à bout, mais la population n'en avait cure. Il tenta de convaincre Gradlon d'agir, mais avec l'âge le roi était devenu bien faible.

Cependant la notoriété de la cité s'étendait désormais à tous les royaumes du continent, et chaque jour c'était nombre de princes et de représentants qui arrivaient pour rendre leurs hommages à la belle Dahut. Et celle-ci les recevait bien mieux qu'on ne se l'imagine... Elle organisait chaque soir de grands banquets, puis choisissait dans le lot un amant pour passer la nuit. Ses serviteurs lui remettaient un masque pour que l'élu ne soit pas reconnu quand il irait rejoindre la princesse. Or le masque était ensorcelé, et l'aube pointant, il étranglait le malheureux qui le portait. Alors un homme habillé en noir, aux ordres de Dahut, allait jeter le corps au fond du gouffre du Huelgoat, en offrande à la mer.

Or un soir, c'est un prince magnifique, grand, barbu, vêtu de rouge et à l'oeil de feu, qui prétendait arriver des extrémités de la Terre, qui arriva à la cour de la cité d'Ys. Il résista aux attaques de la princesse, et tel est pris qui croyait prendre, ce fut elle qui tomba irrémédiablement sous son charme. L'étranger eut dès lors une très grande influence sur elle, et il ne fut plus rien qu'elle ne fît sans son assentiment. Il était la perversité incarnée, en qui Dahut avait trouvé son maître. Et la situation dans Ys devint pire que jamais.

Il faut savoir que la ville d'Ys avait été bâtie contre les flots, et ce qui empêchait que la mer s'y engouffrât et la submergeât, c'était un ingénieux système d'écluses, que nul ne pouvait ouvrir sans en posséder les clefs. Or les clefs, c'était Gradlon qui les avait toujours autour de son cou... Et l'étranger réclama à Dahut les clefs de la ville. Sous son emprise, celle-ci lui obéit et alla les dérober à son père durant son sommeil. Alors l'étranger se découvrit sous son vrai visage : celui du Diable. Avant que Dahut n'ait eu le temps de faire quoi que ce soit, il disparut et toutes les portes des écluses furent ouvertes, et dans un tulmute effrayant l'Océan envahit la Cité.

Réveillé par Saint Gwénolé qui lui était venu en apparition, Gradlon entreprit de se sauver. Il enjamba son cheval Morvac'h qui partit au galop, guidé par le saint homme. Alors le roi aperçut sa fille, qui l'appelait et l'implorait. Il avait toujours été un (trop) bon père, aussi il la prit en croupe. Mais Morvac'h, qui portait désormais sur lui le poids du Mal, s'en trouva ralentit, et les flots gagnaient en distance. Saint Gwénolé ordonna au roi de jeter le démon qui était assis derrière lui, mais il ne le pouvait... C'était sa fille, quand même ! Alors Gwénolé la poussa de sa crosse et Dahut bascula dans les flots pour y disparaître. Alors l'Océan s'apaisa. Mais de la cité, il ne restait plus rien de visible.

Toutefois, Dahut n'est pas morte pour autant. Elle est devenue sirène et se nomme désormais Morgane. Quant aux habitants de la cité, leurs âmes n'ont pu être sauvées, ils restent maudits et condamnés à errer dans la ville sous-marine dévastée. Pour qu'elles soient sauvées, il faut qu'un vivant accepte de descendre dans la cathédrale engloutie et de répondre à la messe du prêtre des revenants. Si un jour vous allez à Douarnenez, le jour de la grande marée au mois de mars, regardez au large de la baie : quand la mer sera au plus bas, vous verrez surgir hors des flots la croix du clocher de la cathédrale, ultime vestige de la cité à être encore visible une fois par an.


Reprenant son souffle, Emel sourit en espérant que ce bout de souvenir d'enfance qu'elle leur offrait ait plu.

J'espère que la longueur de cette légende ne vous a pas endormi. Mon père me l'a raconter avant sa mort et j'espère qu'elle vous aura touché autant qu'elle m'a touché à l'époque.
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