Nessty
[24 octobre 1458, au petit matin devant les portes de Tours]
La virée champêtre prévue depuis quelques jours, depuis le courrier électoral des NIBARDS au peuple de Touraine en fait, s'annonçait sous de bons augures : des bouteilles, des victuailles, de la bonne humeur et surtout des gens fort charmants qui avaient grimpés dans la charrette que la gueuse avait affrêtée pour l'occasion afin d'aller sur Tours et défendre le château contre des hères de mauvaiss foi dans l'éventualité d'une victoire électorale des NIBARDS. Tout allait bien jusqu'à là, quand soudain raisonna dans la nuit le martellement des bottes de soldats se firent entendre sur le pavé de la capitale. Nessty était en tête du cortège festif venant de Vendôme, ils s'apprêtaient à entrer par la porte nord de la ville quand l'effroyable se produisit ! Une horde de soldats tourangeaux plein de haine se rua sur cette petite bande de joyeux drilles !
La Vilaine reconnut sans peine l'étendard de l'armée Terra Nostra menée par le capitaine Donotach. Elle l'avait entraperçu quelques jours auparavant, alors qu'elle se rendait de Chinon à Vendôme sans qu'aucun signe d'agressivité ne transparaisse. Toute fois elle se saisit immédiatement de sa lame, sentant instinctivement qu'il y avait là embuscade et se positionna en front devant tous ces visages à l'expression peu encourageante.
Hey ! Rangez vos armes ! Nous sommes majoritairement des tourangeaux. Nous venons pacifiquement en notre capitale afin de prendre connaissance des résultats des élections ducales et au besoin défendre le château si l'expression du peuple venait à ne point être respectée.
Tuez la ! Tuez la ! C'est Nessty put-on entendre au loin. Ordre de la duchesse !
S'engagea un combat déloyal entre une armée et un groupe de bons vivants encore avinés par la veille. Un combat ? Si cela pouvait s'appeler ainsi de tomber sans semonce sur une conseillère ducale encore en fonction et assurée de renouveler son mandat, une policière et conseillère municipale de Vendôme, un apprenti avocat et leurs accompagnateurs armés de bâton et de pierres en cas de rencontre avec un loup enragé. La lâcheté du conseil ducal sortant, à commencer par celle de son Capitaine, était plus que jamais perceptible par cet acte volontaire sur des innocents.
Nessty grondait et taillait à tours de bras dans ce qu'elle pouvait, se mettant en porte-à faux devant sa fillote et ceux qu'elle avait sans le vouloir entrainés dans ce traquenard. Si elle avait pu avoir une seconde de répit, elle aurait prié pour que ces tourangeaux ayant compris que l'Etat Major de Touraine n'accepterait point qu'une personne telle que Nessty accède au trône et venant de toute part en capitale pour aider à la défense de leur château contre leurs pairs. Elle aurait prié pour qu'on ne leur réserve point le même accueil ! Jamais la Vilaine n'aurait pu imaginer que l'on ose se mettre à frapper sur des tourangeaux de la sorte, jamais. Aucune règle de guerre n'aurait d'ailleurs toléré une chose pareille. Mais nous étions en Touraine, terre considérée comme la propriété exclusive d'une famille que quelqu'un baptisa un jour comme les membres de "l'imbécilité désorganisée".
Un cri perçant retentit derrière l'enchignonnée. Un timbre de voix connu. Un cri de douleur.
Oh nan ! Druuuuuuuuuuuuuuu !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
L'on venait en effet de blesser Drusilia, la filleule de la Vilaine et du Vénérable Vieux Con le vicomte de Candes Saint Martin. Celui qui avait fait cela n'était autre que Donotach en personne, un gaillard en armes sur une jeune fille sous l'emprise du vin. Combat déloyal et vision d'horreur d'un monstre sanguinaire s'acharnant sur plus faible que lui. Tout à fait un Val de Loire celui là ! La Vilaine s'époumona.
Donotach ! Lache là ! Et viens te battre avec moi si tu oses !
Un instant d'inattention pour se porter au secours de la blondinette et la Vilaine sentit ses genoux fléchir sous un violent coup porté dans son dos. Elle se redressa immédiatement et se retourna pour coller le plat de sa lame dans la figure d'une greluche harnachée comme une pécore avec une jupe surement de bure sans teinture vue la teinte brunâtre de la chose et une cape rouge. Très important le détail de la cape rouge...
Prends ça, s'pèce de traitresse à la Touraine ! A frapper dans le dos d'une représentante du peuple !
Laissant la godinette, à la chevelure délavée tant les rayons de lune lui donnait un air de rouquine ratée, dans la fange avec ses chausses, Nessty se rua vers Dru. Elle aurait pu occire la bécasse qui venait de la frapper et qui n'avait rien trouvé d'autre que de se pavanait fagôtée comme pour aller au bal des pauvres, mais comme elle n'avait aucune intention belliqueuse envers ses compatriotes même les plus fourbes, la Vilaine n'en fit rien. Elle préféra mettre un genou à terre près de sa fillote gisant déjà au sol. En se penchant sur un visage déjà bien pâle, la gueuse eut le coeur qui se serra d'émotion.
Dru... ma ptiote Dru ? Dru... s'te plait, répond moi ?
S'en était de trop ! Après des semaines de diffamations, l'imbécilité venait de s'en prendre à celle que la Vilaine avait pris sous son aile au point de lui jurer protection devant le Stote. D'ailleurs il était où celui là ? Pourquoi avait il toléré que l'on blesse une jeune tourangelle au service de sa ville et de son duché depuis toujours ? Une larme glissa sur la joue de la Vilaine. Autant elle pouvait être pleine de haine envers ces crétins qui manipulaient tout un peuple, autant elle n'avait jamais supporté la douleur des siens, au combat ou ailleurs.
La bataille, si l'on peut appeler ainsi cet acte de barbarie d'une armée en surnombre contre une vulgaire lance incomplète, semblait s'être apaisée depuis une éternité. Nessty ne connaissait pas encore l'ampleur des dégâts mais déjà sa haine de Vilaine était à son paroxysme en imaginant que Donotach avait osé invoquer un Humble Rêve Pacifiste pour agir de la sorte ! Aurait il eu la lâcheté d'user de ses dernières heures en tant que Capitaine et chef de son armée pour considérer sa collègue ducale comme une ennemie jusqu'au sein de ces troupes armées ? La blondasse qui ne serait plus dudununuche d'une seconde à l'autre pour redevenir la nunuche qu'elle avait toujours été aurait elle donné l'ordre à ce pion des Veau de Loire d'occire Nessty et quiconque oserait s'approcher de la capitale ? Ou était ce encore le petit poney en pyjama de bagnard qui aurait fait pression sur le naïf Dodotach en lui promettant monts et vaux ?
Quoi qu'il en soit une ennemie déclarée entrainait dans l'acharnement sans humanité des militaires tout compagnon de voyage. La Vilaine ne voyait que cela et n'aurait de paix que lorsqu'elle aurait craché au visage de Donotach avant de lui enfoncer sa lame jusqu'à la garde dans le coeur. C'était le chef de l'armée tourangelle Terra Nostra qui était responsable avant tout de l'usage des lames de ses soldats et il ne fallait pas oublier que le dessein de la Vilaine était de défendre les voyageurs opprimés. Si en plus c'était de sa faute parce que sa chignon haute en couleur était visé par une vengeance sans nom, il vaut mieux ne pas imaginer les conséquences dans les semaines à venir pour ces pleutres mis au pied du mur pour payer leurs crimes envers la Touraine et les tourangeaux. A la différence que même en étant pire qu'une chienne enragée comme cette Vilaine engagée, la gueuse userait de moyens légaux contrairement à ses détracteurs sans visage.
Nessty se jura de mener le responsable de tout cela en enfer jusqu'à ce qu'il expie sa faute d'avoir exigé de lever les armes contre eux, eux de simples voyageurs jusqu'à là, eux de simples voyageurs venant au pire des cas défendre l'expression du peuple de Touraine.
Serrant Drusilia dans ses bras, la Vilaine hurla au travers de ses larmes :
Donotach, je t'aurai !
Puis elle murmura à la blondinette en sang tant pour rassurer son corps inerte que pour se rassurer elle même :
T'inquiète pas ma belle, je te ramènerai chez toi pour que ton parrain puisse te soigner... t'inquiète pas...
Une caresse chaude parcourut le dos de la Vilaine suivit de près par une douleur allant en s'amplifiant au moindre mouvement. Nessty ne s'était point préoccupée du coup reçu, peut être que trop habituée à en recevoir à cet endroit là. Sa rage était telle qu'elle trouva sans sourciller la force de se relever en prenant appui sur son épée ébréchée pour observer les alentours. La charrette, où était elle ? Il fallait y charger la blondinette et probablement d'autres blessés, prévenir le Vénérable Vieux Con resté à Candes Saint Martin, s'enquérir des autres tourangeaux ayant convergés vers la capitale depuis Loches et Chinon , peut être même faire venir dame Mimine la curetonne pour dispenser l'extrême onction aux morts.
Les résultats des élections n'étaient plus réellement plus d'actualité. La priorité de la Vilaine était ceux qui avait cru en elle et en un avenir meilleur pour la Touraine.
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La virée champêtre prévue depuis quelques jours, depuis le courrier électoral des NIBARDS au peuple de Touraine en fait, s'annonçait sous de bons augures : des bouteilles, des victuailles, de la bonne humeur et surtout des gens fort charmants qui avaient grimpés dans la charrette que la gueuse avait affrêtée pour l'occasion afin d'aller sur Tours et défendre le château contre des hères de mauvaiss foi dans l'éventualité d'une victoire électorale des NIBARDS. Tout allait bien jusqu'à là, quand soudain raisonna dans la nuit le martellement des bottes de soldats se firent entendre sur le pavé de la capitale. Nessty était en tête du cortège festif venant de Vendôme, ils s'apprêtaient à entrer par la porte nord de la ville quand l'effroyable se produisit ! Une horde de soldats tourangeaux plein de haine se rua sur cette petite bande de joyeux drilles !
La Vilaine reconnut sans peine l'étendard de l'armée Terra Nostra menée par le capitaine Donotach. Elle l'avait entraperçu quelques jours auparavant, alors qu'elle se rendait de Chinon à Vendôme sans qu'aucun signe d'agressivité ne transparaisse. Toute fois elle se saisit immédiatement de sa lame, sentant instinctivement qu'il y avait là embuscade et se positionna en front devant tous ces visages à l'expression peu encourageante.
Hey ! Rangez vos armes ! Nous sommes majoritairement des tourangeaux. Nous venons pacifiquement en notre capitale afin de prendre connaissance des résultats des élections ducales et au besoin défendre le château si l'expression du peuple venait à ne point être respectée.
Tuez la ! Tuez la ! C'est Nessty put-on entendre au loin. Ordre de la duchesse !
S'engagea un combat déloyal entre une armée et un groupe de bons vivants encore avinés par la veille. Un combat ? Si cela pouvait s'appeler ainsi de tomber sans semonce sur une conseillère ducale encore en fonction et assurée de renouveler son mandat, une policière et conseillère municipale de Vendôme, un apprenti avocat et leurs accompagnateurs armés de bâton et de pierres en cas de rencontre avec un loup enragé. La lâcheté du conseil ducal sortant, à commencer par celle de son Capitaine, était plus que jamais perceptible par cet acte volontaire sur des innocents.
Nessty grondait et taillait à tours de bras dans ce qu'elle pouvait, se mettant en porte-à faux devant sa fillote et ceux qu'elle avait sans le vouloir entrainés dans ce traquenard. Si elle avait pu avoir une seconde de répit, elle aurait prié pour que ces tourangeaux ayant compris que l'Etat Major de Touraine n'accepterait point qu'une personne telle que Nessty accède au trône et venant de toute part en capitale pour aider à la défense de leur château contre leurs pairs. Elle aurait prié pour qu'on ne leur réserve point le même accueil ! Jamais la Vilaine n'aurait pu imaginer que l'on ose se mettre à frapper sur des tourangeaux de la sorte, jamais. Aucune règle de guerre n'aurait d'ailleurs toléré une chose pareille. Mais nous étions en Touraine, terre considérée comme la propriété exclusive d'une famille que quelqu'un baptisa un jour comme les membres de "l'imbécilité désorganisée".
Un cri perçant retentit derrière l'enchignonnée. Un timbre de voix connu. Un cri de douleur.
Oh nan ! Druuuuuuuuuuuuuuu !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
L'on venait en effet de blesser Drusilia, la filleule de la Vilaine et du Vénérable Vieux Con le vicomte de Candes Saint Martin. Celui qui avait fait cela n'était autre que Donotach en personne, un gaillard en armes sur une jeune fille sous l'emprise du vin. Combat déloyal et vision d'horreur d'un monstre sanguinaire s'acharnant sur plus faible que lui. Tout à fait un Val de Loire celui là ! La Vilaine s'époumona.
Donotach ! Lache là ! Et viens te battre avec moi si tu oses !
Un instant d'inattention pour se porter au secours de la blondinette et la Vilaine sentit ses genoux fléchir sous un violent coup porté dans son dos. Elle se redressa immédiatement et se retourna pour coller le plat de sa lame dans la figure d'une greluche harnachée comme une pécore avec une jupe surement de bure sans teinture vue la teinte brunâtre de la chose et une cape rouge. Très important le détail de la cape rouge...
Prends ça, s'pèce de traitresse à la Touraine ! A frapper dans le dos d'une représentante du peuple !
Laissant la godinette, à la chevelure délavée tant les rayons de lune lui donnait un air de rouquine ratée, dans la fange avec ses chausses, Nessty se rua vers Dru. Elle aurait pu occire la bécasse qui venait de la frapper et qui n'avait rien trouvé d'autre que de se pavanait fagôtée comme pour aller au bal des pauvres, mais comme elle n'avait aucune intention belliqueuse envers ses compatriotes même les plus fourbes, la Vilaine n'en fit rien. Elle préféra mettre un genou à terre près de sa fillote gisant déjà au sol. En se penchant sur un visage déjà bien pâle, la gueuse eut le coeur qui se serra d'émotion.
Dru... ma ptiote Dru ? Dru... s'te plait, répond moi ?
S'en était de trop ! Après des semaines de diffamations, l'imbécilité venait de s'en prendre à celle que la Vilaine avait pris sous son aile au point de lui jurer protection devant le Stote. D'ailleurs il était où celui là ? Pourquoi avait il toléré que l'on blesse une jeune tourangelle au service de sa ville et de son duché depuis toujours ? Une larme glissa sur la joue de la Vilaine. Autant elle pouvait être pleine de haine envers ces crétins qui manipulaient tout un peuple, autant elle n'avait jamais supporté la douleur des siens, au combat ou ailleurs.
La bataille, si l'on peut appeler ainsi cet acte de barbarie d'une armée en surnombre contre une vulgaire lance incomplète, semblait s'être apaisée depuis une éternité. Nessty ne connaissait pas encore l'ampleur des dégâts mais déjà sa haine de Vilaine était à son paroxysme en imaginant que Donotach avait osé invoquer un Humble Rêve Pacifiste pour agir de la sorte ! Aurait il eu la lâcheté d'user de ses dernières heures en tant que Capitaine et chef de son armée pour considérer sa collègue ducale comme une ennemie jusqu'au sein de ces troupes armées ? La blondasse qui ne serait plus dudununuche d'une seconde à l'autre pour redevenir la nunuche qu'elle avait toujours été aurait elle donné l'ordre à ce pion des Veau de Loire d'occire Nessty et quiconque oserait s'approcher de la capitale ? Ou était ce encore le petit poney en pyjama de bagnard qui aurait fait pression sur le naïf Dodotach en lui promettant monts et vaux ?
Quoi qu'il en soit une ennemie déclarée entrainait dans l'acharnement sans humanité des militaires tout compagnon de voyage. La Vilaine ne voyait que cela et n'aurait de paix que lorsqu'elle aurait craché au visage de Donotach avant de lui enfoncer sa lame jusqu'à la garde dans le coeur. C'était le chef de l'armée tourangelle Terra Nostra qui était responsable avant tout de l'usage des lames de ses soldats et il ne fallait pas oublier que le dessein de la Vilaine était de défendre les voyageurs opprimés. Si en plus c'était de sa faute parce que sa chignon haute en couleur était visé par une vengeance sans nom, il vaut mieux ne pas imaginer les conséquences dans les semaines à venir pour ces pleutres mis au pied du mur pour payer leurs crimes envers la Touraine et les tourangeaux. A la différence que même en étant pire qu'une chienne enragée comme cette Vilaine engagée, la gueuse userait de moyens légaux contrairement à ses détracteurs sans visage.
Nessty se jura de mener le responsable de tout cela en enfer jusqu'à ce qu'il expie sa faute d'avoir exigé de lever les armes contre eux, eux de simples voyageurs jusqu'à là, eux de simples voyageurs venant au pire des cas défendre l'expression du peuple de Touraine.
Serrant Drusilia dans ses bras, la Vilaine hurla au travers de ses larmes :
Donotach, je t'aurai !
Puis elle murmura à la blondinette en sang tant pour rassurer son corps inerte que pour se rassurer elle même :
T'inquiète pas ma belle, je te ramènerai chez toi pour que ton parrain puisse te soigner... t'inquiète pas...
Une caresse chaude parcourut le dos de la Vilaine suivit de près par une douleur allant en s'amplifiant au moindre mouvement. Nessty ne s'était point préoccupée du coup reçu, peut être que trop habituée à en recevoir à cet endroit là. Sa rage était telle qu'elle trouva sans sourciller la force de se relever en prenant appui sur son épée ébréchée pour observer les alentours. La charrette, où était elle ? Il fallait y charger la blondinette et probablement d'autres blessés, prévenir le Vénérable Vieux Con resté à Candes Saint Martin, s'enquérir des autres tourangeaux ayant convergés vers la capitale depuis Loches et Chinon , peut être même faire venir dame Mimine la curetonne pour dispenser l'extrême onction aux morts.
Les résultats des élections n'étaient plus réellement plus d'actualité. La priorité de la Vilaine était ceux qui avait cru en elle et en un avenir meilleur pour la Touraine.
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