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[RP]La saison des amours s'termine en août pour la Belette

Scath_la_grande
[Chapitre 1 : annonciassement… Quoi ? C’est pô comme ça qu’on dit ? Ben zut…]



Un peu plus tôt, l'embrunaise-bientôt-montalbanaise-si-Dieu-le-veut s’était acquittée rageusement d’une missive, habillée de son écriture sévère et ramassée.
Le piaf qui devait remettre le pli à son brun, fut le bouc-émissaire involontaire de la demoiselle. Ses doigts s’étaient agrippés si fermement au volatile qu'il faillit succomber à l’étouffement.
La lettre rousse était des plus expansive…



Citation:
Mon brunot,

Laisse tout en plan et rapplique dare-dare au lavoir.
Je suis sous le saule à pleurer.
J’ai quelques urgences à te faire part.
Amène à boire et de la bonne liqueur, j’ai soif !

Teigneusement tienne,
Ta Belette.



Il n’y avait plus qu’à attendre que le loup sorte du bois ou de tout autre lieu où qu’il soit.


Sis près du lavoir, sous un saule feuillu qui étendait ses longues branches protectrices sur elle. La belette avait posé croupe et misère à son pied, éculant l’outre à vinasse qui était sagement installée sur ses genoux pour dissiper son nouveau chagrin d’être bientôt mère.

Scath avait quitté il y a quelques heures à peine la Sombre, et le temps avait contribué à la réflexion plutôt qu’en confusion stérile.
Heureusement que dans son badinage léger, la p’tite gourmande s'était assagie de ses appétits gargantuesques de bagatelle. Ce qui réduisit considérablement les candidats à la paternité, et une fois écartés ceux qui pour des raisons techniques ne pouvaient en rien être les géniteurs de la créature, il n’en resta plus qu’un en lice.

Son baiseur à demeure.
Le seul et unique qui avait droit à toutes les faveurs scathiennes. Pour lui, elle ne faisait pas que de plier l’échine ou présenter l’séant, elle oscillait dangereusement du sentiment.
Lui en déplaise, elle s’en défendait.

L’ire de La Grande ne faiblit pas avec l'attente, s’écoulant comme un abcès dans son être, la rousse fulminait de cette occupation intempestive de son bidon. Les fines phalanges s’enroulaient nerveusement aux brindilles d’herbe, décapitant du tendre, décapitant du vert.
Elle guettait sa venue, lui, le fraudeur de la semence, qui par négligence avait laissé passer entre les mailles de son filet une graine tenace.
Parce qu'il était le seul responsable, lui, de ce crime sur sa personne, elle, étant si parfaite, ne pouvait être en rien coupable de cet état.

_________________
Eagol
Eagol braconnait gaiement dans la forêt d'on ne sait quel seigneur. il ne s'était que peu soucié du droit du maître à disposer en usus en fructus et en abusus du gibier qu'il lui était alloué par on ne sait quel morceau de papier stupide. La forêt s'étendait à la lumière apaisante du clair de jour qui diffractait à travers les arbres en maints rayons. Eagol chassait la jeune biche qui ne manquerait de succomber à ses assauts. Mais la seule créature qui envahissait vraiment ses pensées, si on peut appeler ainsi, était sa petite belette farouche. Il l'adorait autant par ses charmes que par ses instincts toutes animales et impulsives qui excitaient toujours son imagination.

C'est alors qu'il vit une biche. Droit devant lui, paisible et inconsciente, le vent favorable, des conditions idéales pour tuer lâchement par surprise comme le font souvent les chasseurs. Il prit une flèche, banda son arc et visa la bête...


Crédidiou, B'jourr messère Purrez m'ièder à truver mé chimin?

Eagol sursauta et sa flèche partit dans la nature, la biche avait aussitôt filé. Un individu avec l'accent très prononcé de la campagne isolé voir même ignoré lui adressait la parole.
Dîtes donc mon bonhomme, on vous a jamais dit qu'on interrompait jamais un chasseur pendant un tir? Mais remarquez si je trouve pas de gibiers je peux toujours me rattraper sur vous!!!
Eagol était furieux mais l'homme, un vieillard avec un bâton, ne semblait pas effrayé outre mesure. C'est en le regardant plus fixement qu'il comprit que le vieil homme était aveugle.
J'dout' qué vus pissiez mé fère plus de torrrts qué la destinée m'ait déjô fôt subir. P'tit con... Mais j'vus prie tot dé même de bé vôloir m'excouzer, je suhaiterais qué vus m'aidiez à sortir dé la forêt.
Eagol se disait que peut être c'était pas bien d'agresser les vieillards aveugles, sauf s'ils étaient riches. Malheureusement vu les haillons qui lui servaient de vêtements y'avait pas grand chance pour qu'il possède la moindre pièce d'or sur lui.
Bon très bien je vous aide, ça me permettra d'avoir la paix pour chasser.

Au cours du chemin qui le ramenait or des bois, le vieillard le pressa d'innombrables questions sur lui, sur sa vie et sur ses pensées. Il commençait drôlement à lui taquiner les harpions celui là. Mais quand il essayait de se défiler, le vieil homme repartait systématiquement à la charge.

Dîtes moi mon brave, vous aimez vivre? je veux dire vous êtes heureux?
Quelle question... non non je préfèrerais crever la gueule ouverte dans un fossé pourquoi? Mais bien sûr que je suis heureux surtout avec ma belette mais pourquoi me demander tout ça?
L'aveugle prit tout de suite un ton plus sardonique et moqueur.
Ne voudriez vous pas avoir toujours une vie comme celle là?
Eagol eut un léger doute, la situation devenait vraiment étrange.
Euh oui ... certainement je pense.
Ne serait-ce pas formidable d'avoir la vie éternelle? Surtout pour un jeune homme avec une vie telle que la vôtre?
Euh... pourquoi pas?

À cet instant Eagol remarqua que le vieillard avait mystérieusement perdu son accent de péquenaud. Ce qui ne le rassura point à son propos. Peut être qu'il était dérangé?
Et si je vous disais que j'étais plus qu'un vieillard aveugle? Que j'avais des dons, des pouvoirs que beaucoup de mortels envient?

Si vous le souhaitez... je peux vous offrir l'immortalité.


Eagol s'esclaffa intérieurement. Certain à présent de la situation mentale et sanitaire du vieux schnock. Il avait les asticots qui lui trouait la caboche.
À supposer que j'accepte, que voudriez vous en échange?
Oh vous savez vous m'avez déjà aidé à traverser la forêt... mais il y a néanmoins quelque chose que je dois vous demander pour que cela fonctionne ...
Comprenez, cela n'est pas donné, et il faut quelque chose qui soit équivalent en terme de vie. Il n'y qu'une chose qui me vient en tête, c'est un enfant... donnez moi un enfant et je vous offre la vie éternelle.

Là c'était clair il s'était siphonné la carafe. En tout cas Eagol prit les choses avec humour et lui lança.
Ah bah c'est pas de chance, j'en ai pas sous la main, dommage que ça pousse pas dans les choux hein? Je regarderais au marché tout à l'heure mais ça doit coûter bonbon.
L'aveugle sourit, pas vexé pour un sou.
Vous n'êtes pas obligé de me le fournir maintenant, mais pensez y à l'occasion... je ne serais jamais très loin.
Ah mais je sens que nous sommes sortis de la forêt, vous pouvez me laisser là je retrouverais mon chemin seul à présent. Bien qu'aveugle je connais bien la région.

Sur ce il repartit en direction de la ville. Eagol badina.
J'aurais dû le guider vers la première bouse venu. Vieux timbré, t'es pas près de l'avoir ton enfant.

Il repartit vers la maison. Espérant retrouver sa Scath adorée.

Tiens j'ai des pigeons en retard.

Et comme il oubliait souvent de les nourrir, certains n'étaient que des cadavres tendant désespérément la patte. Quelle abnégation ces pigeons.

Citation:
Mon brunot,

Laisse tout en plan et rapplique dare-dare au lavoir.
Je suis sous le saule à pleurer.
J’ai quelques urgences à te faire part.
Amène à boire et de la bonne liqueur, j’ai soif !

Teigneusement tienne,
Ta Belette.


Ça a l'air grave... Je ferais mieux de rappliquer vite fait... mais pourquoi me demander de la liqueur? J'en ai toujours sur moi.

Ce qui explique pourquoi malgré ses nombreuses tentatives il n'a jamais été fichu de toucher une SEULE biche...

Il prit de quoi casser la graine et fila vers le lavoir.

_________________
Scath_la_grande
[Merdasse, la gourdasse de vinasse est finitasse]



Le lever de coude allait bon train chez la rousse qui d’un œil mauvais observait les lavandières à la langue bien trop pendue. Ces bonnes femmes devisaient gaiement sur les potins montalbanais et pour tout dire ça n’en manquaient pas dernièrement.

« Bon, il fout quoi c’brun, encore à courir les biches ou les p’tites minettes… »

L’outre terminée, il n’y avait plus de passe-temps à part celui de se plonger dans une catalepsie rendue propice par la chaleur qui s’abattait dans cette journée.
Accentuée par le tapement régulier sur le linge et quelques chansons entonnées en langue d’oc. Y’a pas à dire, voir les autres travailler, c’était é-pui-sant.

« P’tain, j’ai soif moi ! »

Presqu’au bord de la déshydratation, le gosier en atrésie, l’embrunaise se rapprochait dangereusement du claquage.
Enfin, son brun arriva avec sa nonchalance légendaire et certainement avec de quoi prendre la relève de son outre à vinasse morte au combat contre sa soif. Impérieuse, sa voix s’éleva.


Te voilà toi ! T'en a mis du temps… Bon assieds-toi !

Geste agacé de la main lui signifiant de s'asseoir sans trop attendre, sa patience ayant périmée depuis un certain temps déjà.
L’inconvénient avec Eagol, c’était qu’elle ne pouvait pas avoir de griefs sérieux avec lui très longtemps. Cela ne durait qu’un temps, et Scath avait beau remâcher des réprimandes, mûrir de sombres vengeances à son encontre… dès le moment où elle apercevait son fou, elle ne pouvait empêcher le sourire conquérir ses lèvres.
S’en était agaçant… surtout pour la Belette.


J’ai une chose importante à te dire… hum, hésitation ? Peut-être… D’abord passe-moi à boire, j’ai le gésier tout sec.

La main se tendit, pleines d’attentes.
_________________
Eagol
Eagol fila vers le lavoir comme indiqué sur la lettre. Le nom désignait l'endroit où se rassemblait les pires harpies commères à têtes de serpent qui complotaient dans le secret de leur complicité démoniaque contre les hommes bien sûr mais contre leurs propres sœurs parfois. Ricanant, médisant, calomniant sur les autres dans leurs plus purs posture hypocrites puisque volontiers elles euphémisaient sur leur propres travers. Dans cette véritable fosses aux serpent il se jetait tête baissé avec le courage et la tête froide d'un viking défoncé à la bière.

Le lavoir était d'une structure banale. Un grand bassin alimenté par la rivière s'étendait sous ses yeux entouré de rebords fins et pentus permettant le trempage du linge. Des auvents protégeaient les lavandières du soleil du mois d'août. Des femmes travaillaient là... enfin... non pas que c'est forcément leur place, juste qu'elles sont celles qui s'occupe du linge, le plus souvent. Mais les hommes peuvent le faire aussi hein? euhm... bref Eagol arriva au lavoir.

Cela allait sans dire que le brun ne fréquentait que rarement cette endroit. Il avait toujours su préserver sa fainéantise depuis la fin de la guerre. Toutefois il se gardait d'aller dire ce qu'il pensait de ce lieu à sa jolie petite belette qui pouvait se montrer quelque peu meurtrière quand elle était en colère.


[quote=Scath_la_Grande]Te voilà toi ! T'en a mis du temps… Bon assieds-toi !

J’ai une chose importante à te dire… hum, hésitation ? Peut-être… D’abord passe-moi à boire, j’ai le gésier tout sec.[/quote]

L'expression rude et sévère, du genre qu'il fallait pas la ramener et filer droit ne pouvait souffrir d'aucune contestation sous peine d'exécution. Elle tendait les mains étrangement, à la fois comme un nourrisson à l'expression plaintif et suppliant à qui on aurait enlever le sein de la bouche et en même avec le regard d'un fauve enragé fixé sur la proie qu'il était sur le point de dévorer. Il lui donna sa bouteille sans mot dire.

Après quelques secondes qui parurent interminable. Eagol demanda de quoi il en était.


Prend pas toute la bibine non plus... je vais dessécher au soleil comme ça, sans ça j'aurais plus rien dans les veines. Maintenant dis moi ce que tu voulais me dire ma joli petite belette.

Et en passant pourquoi au lavoir? les femmes me regardent bizarrement ici.
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Scath_la_grande
Une jeune fille lambda, pourvue d’un sentimentalisme à la con-comme dirait la rousse-, aurait réagi de manière beaucoup plus mièvre, et loin des considérations de la Belette.
Assurément l’entrevue se serait déroulée sous des regards langoureux et des œillades amoureuses, en voulez-vous, en voilà, à n’en plus finir.
Certainement que l’arriérée du ciboulot aurait tenu un langage des plus tendres à l’encontre de son compagnon du genre…

« Mon amour, j’ai une nouvelle mer-veill-eu-seu, j’attends notre progéniture, je suis emplie-plie de joie et de bonheur etc. »

Sur quoi l’autre emmanché du samedi aurait rétorqué les yeux brillants :

« Ma mie, j’en suis tout retournelifié, boulversifié. Vite ! Avisons la curetaille, que l’on nous marifie sur le champ et nous serons heureux toute notre courte vie de gueux et aurons de la marmaille à ne plus pouvoir la nourrir et dont certains seront en procès avec leurs intelligences* etc. etc.etc. »

Mais ce scénario affligeant-là, ne pouvait arriver à la rouquine.
Non, non, non ! Que nenni !

Premièrement parce que la palette émotionnelle de la donzelle était des plus restreinte et que l’amuuuuur, d’après elle, c’était chiant, con-con, cucul, la praline (qui on vous l’a déjà dit n’existait pas encore en cette période sombre) et qu’ça servait à que dalle.

Et en deuxième, le brun étant tout comme sa belette un handicapé des relations humaines, la nouvelle risquait de lui provoquer un traumatisme cérébral profond et il y avait fort à parier que sa réaction n’embrasserait pas un paternalisme flagrant.

Scath attendit donc avec patience qu’Eagol réponde à sa demande invective à l’assise. Car le brun se tenait toujours bien droit devant elle, la dominant de sa stature de charpentier musculeux et quémandait à son tour la boisson. L’étreinte que les doigts scathiens assuraient sur la bouteille, et qui semblait signifier « si tu touches, t’es mort ! » rendit plus conciliant le père en devenir qui finit pas poser son séant à ses côtés.

Un regard oblique et sombre vint immédiatement frapper l’infortuné qui dut sentir le vent tourné violemment à l’orage et ébaucha un modeste mouvement de repli qu’il ne put exécuter à temps. Car déjà les mains de la Grande avait laissé filer la bouteille qui roula au sol et elles s’agrippèrent avec force au col d’Eagol, le secouant fermement comme un prunier à la saison de la cueillette.

Tiens ? Cela lui rappela vaguement les circonstances de leurs rencontres, la boucle était ainsi bouclée…


Tu m’as foutu un d’tes satanés bâtards dans l’tiroir, j’te déteste, j’te déteste…

Et de mettre un peu plus de véhémence dans le geste et dans sa voix d’orfraie.

Tu m’as foutu enceinte, j’ai le polichinelle dans l’placard, chuis engrossée d’ta part, t’as oublié un intrus chez moi, j’ai un parasite qui va bientôt s’agiter sous mon nombril, tu m’as mis un habitant à la panse, tu comprends dis ? Tu comprends ?

Finalement elle desserra doucement le carcan de ses doigts qui ayant fait un peu zèle avaient grimpé jusqu’au cou et était entrain d’allégrement l’étrangler. D’ailleurs, le brun avait pris une teinte un peu prune pour le coup.
L’idée de le zigouiller l’avait bien effleuré un instant mais la rouquine avait réfléchi sur le sujet en profondeur.

Si l’espèce de truc qui allait lui bouffer l’espace ventral résisterait jusqu’à terme, ce qui n’était pas certain, que la chose passerait le cap de l’accouchement, et sa mère avec… ce qui relevait encore de la probabilité bancale et que l’enfançon se montrerait viable, à qui pourrait-elle le refourguer avec l’aisance de dire « c’est à toi ce machin là » sinon au géniteur ?

Il faudra aussi trouver quelqu’un pour subvenir à tous ses prochains caprices, et ils seraient nombreux. Après tout, le tuer maintenant serait faire montre de trop de générosité, et lui accorderait une fin trop douce en soi.

Les lavandières s’étaient arrêtées de travailler et les toisaient bouche-bée, pour sûr que ça allait pépier grave dans l’bled demain. Scath leurs adressa un regard crépusculaire qui annonçait les plus mauvais augures pour ces cancanières, puis dévia lentement sur le sujet du jour, Eagol, lui portant une attention toute particulière, les paupières se plissèrent en attendant son verdict.


*special joke pour ljd Eagol

_________________
Eagol, incarné par Scath_la_grande
C'est marrant... mais Eagol avait pourtant maintes fois vu cette scène. Enfin ça voulait pas dire qu'il avait connu d'innombrables concubines qui lui aurait demandé dédommagement, ni qu'il n'avait pas connu d'innombrables concubines (enfin pas trop quand même!). Non... il avait vu ça quelques part dans des petits théâtres, des histoires qu'on racontait avec des princesses, des chevaliers et tutti quantti comme on dit chez l'épicier du coin (qui ne l'est en fait pas tant que ça). Des histoires de gens stupides et béats ou la femme qui annonçait "la chose" débitait des phrases comme ça :

Citation:
-Oh mon chéri! dit elle à un type en armure maculé de sang, comme tu me rends heureuse, grâce à toi je peux faire ce que j'ai toujours rêvé de faire : faire la vaisselle, la lessive, le repas. Comme je suis gâté quand tu m'offres ces dés à coudre et ce fil de laine. Que je suis folle de joie quand je récure le sol et les latrines...

-Clong cling clong, répondait le type en armure.

-Et toi mon chéri qui est si fort si musclé si beau si intelligent et sexuellement performant tu es le meilleur des hommes. Je voudrais que tu me fasses l'amour tout le temps, (oui les femmes dans les contes sont étrangement excitantes).

Aujourd'hui j'ai quelque chose d'important à t'annoncer, vu que déjà tu me combles de bonheur, je me dois de te donner un beau bébé en retour et qui sera mâle comme l'exige les convenances de notre rang...


Rien à voir avec la situation présente, c'est amusant comme les histoires ne reflètent pas la réalité. Sa douce et tendre était passé en mode dragon des ténèbres du genre pas commode (qui aurait manifestement oublié son café du matin comme le dirait un marchand turc) et la nouvelle qu'elle lui annonçait n'avait pas l'air de la réjouir autant que dans les contes de fées.

Sur ce Eagol lui répondit :


Baaahhr guoooo arggghhh

Son petit choux à la crème lui avait gentiment et un peu trop affectueusement obstrué les voies respiratoires. Scath desserra l'étreinte temporairement afin de pouvoir mieux comprendre ce qu'il avait à lui dire. Eagol se racla la gorge et prit une bouffée d'air frais afin de faire disparaître le teint méchamment rougeâtre de son visage. Il réfléchissait à ce qu'il allait dire puisque le couplet du futur papa enchanté ne semblait guère l'enthousiasmer.

Euuuuuuuh.... désolé... a pas fait exprès.

La stratégie de l'évitement de la confrontation était sans doute la plus judicieuse compte tenu du rapport de force présent. Mais sa réponse quelque peu piteuse ressemblait plus à une sorte de sauve qui peut généralisé. La réaction plus ou moins perplexe de sa douce tigresse l'invitait certainement à développer son propos.

Sauf erreur de ma part, je crois que tu étais là quand on a fait les semailles? C'est un petit peu tard pour me dire qu'il fallait pas mettre le lardon dans la ciboire. J'y peux quelque chose moi si t'es plus fertile que les rives du Nil à toi toute seule? Ce sont des choses qui arrivent mais c'est pas moi qui décide comment qu'on fait les bébés. J'ai pas le mode d'emploi et c'est pas moi qui contrôle ta fabrique de petiots.

Il se demanda un instant s'il avait bien choisi ses mots.

Ouais bon enfin c'est pas non plus comme si on avait la roue de la charrette de cassé mais c'est pas comme si t-allait mourir. Et puis c'est mignon un Bébé, enfin en général quand ils sont pas trop déformés... Et puis on peut faire des tas de choses avec... par exemple on peut jouer au funambule au bord d'un précipice, s'amuser à tirer avec des flèches enflammés, jouer à qui rattrapera le couteau en premier...

Inutile de préciser qu'Eagol avait plein de passes temps à faire avec un gamin. Il chercha néanmoins à la convaincre avec des arguments pratiques :

Et puis dis toi qu'il ou elle pourra te porter les bouteilles, nettoyer le vomi, ranger la vaisselle.... enfin pas au début c'est sur, ces bestioles ne savent faire qu'une seule chose... mais dis toi que ça nous aidera à fertiliser nos champs? (dans des proportions astronomiques!!!)

Il réfléchissait encore. Il fallait la convaincre que c'était pas sa faute mais aussi que c'était pas un drame.

Et puis quoi... t'as pas envie qu'un jour on t'appelle MAMAN?
Scath_la_grande
[Chapitre second : Enfer et damnation…]


L’été au lavoir avait failli être sanglant dans ce début d’août. L’idée d’éviscérer Eagol pour l’étrangler ensuite avec ses propres tripes n’avait pas fait qu’effleurer la cabèche de la rousse après que ce dernier lui demanda d’une manière fort déplacée, si un nain braillant « maman » ne serait pas plaisant.
Ulcérée par de tels propos, qui ne firent que raviver sa crainte de se retrouver coller à la chaumière par la force des choses, braillards la morve au reniflard accrochés à la jupasse, la rouquine se vengea avec les moyens à disposition.
Il y eut quelques claques sifflantes, et quelques cris rageurs aussi de l’hautaine qui s’élevèrent ce jour là.

Finalement temps et patience eurent raison de sa hargne contre le semeur d’héritier en sa demeure.
S’ensuivit toute une période de tirages de trognes, de réconciliations sur paillasse, de moues boudeuses, d’ébats rabibochard et moult bras croisés accompagnés d’un museau au pli contrarié.
Eagol, néanmoins-à défaut de savoir construire une barque sans qu’elle ne prenne l’eau et en noie les occupants- avait affiné sa technique d’apprivoiseur de Belette.
Ce qui franchement, lui était plus utile à la survie.
C’était qu’il commençait à connaître son animal et savait la caresser dans le sens du poil.
C’était juste question d’un savant dosage entre boisson et ripaille à l’horizontal.

Au fil des semaines, la panse s’était arrondie, transformant la légère courbe abdominale en un furoncle pendant à sa silhouette. Le parasite utérin signifiait de sa présence, et contrairement aux autres godiches, Scath ne s’extasiait pas à ce genre de prouesses sportives qui se passait sous son derme.
Cela lui donnait l’impression, que de sales tours se tramaient dans le cirque interne de son corps.
Le pire dans tout ça, ce fut que le ventre s’attirait toutes les conversations, tous les regards, au détriment de la mère qui voyait là s’effriter un peu de sa superbe.

Et on l’empêchait de vider les fûts en plus, dès qu’un verre venait s’installer-à l’insu de son plein gré-dans la finesse de sa main. Une voix, celle de Mata résonnait dans sa tête quand elle ne piailler pas en directe live juste à côté d’elle pour lui asséner encore une fois que ça ne serait pas un enfant que la rousse allait pondre mais une tare !
Et franchement une tare au marché, c’était comme un hymen matalien, carrément in-ven-dableu.

Pour couronner le tout, le brun se faisait rare même dans sa boîte à ouvrage, certainement pour éviter les tempêtes belettiques qui s’abattraient sur lui.
Néanmoins faisons preuve d’indulgence, supporter Scath à la normale c’était déjà un miracle en soi mais la supporter enceinte, ça tenait du surnaturel.
Alors, Eagol s’était trouver des occupations, ou tout du moins c’était ce que s’imaginait sa belle.
Il devait poursuivre quelques lièvres sans oreilles, des vipères à plumes d’autruche vertes, ou encore le très rare trifolium rouge à racine carré ou tout simplement il liquidait ses deniers dans une taverne inconnue de La Grande, oui, oui il devait bien y en avoir des boui-bouis qu’elle ne connaissait pas.



[Chapitre 3 : Bientôt la délivrance ?]


Le bâtard se trouvait bien indélogeable. Et pourtant ce n’était pas faute d’essayer.
Potions, frénésie de la croupe, déplacements en tout genre, et même une petite guerre éclaire… rien n’y fit.
Le miochard s’agrippait à la tripaille maternelle avec une certaine hargne atavique, comme si contrarier sa maman faisait partie de ses prérogatives dû à son sang de conchieur professionnel.
« Bordel, fout quoi c’gamin !! »
Et l’gamin de rester bien sage dans son tiroir.

A la rentrée d’Agen, elle avait bien senti quelques troubles incertains que la rouquine mit sur le compte de la fatigue, et de son manque de vinasse.

Ce fut dans la soirée du vingt-quatre, que la belette se réveilla. Seule. Le visage tout pâlot et la chevelure qui lui collait sur sa peau halitueuse.
Déjà tout le dominical s’était écoulé dans la couche, à se demander ce qu’elle avait bien pu bouffer comme saloperie avariée qui lui tordait les tripes ainsi…
Bah, une grande lampée de vin et rien n’y paraîtra plus, mais voilà du carmin, il n’y en avait plus.
Ils avaient tout bu c’te bande de sacs à vinasse, et Eagol qui n’était pas encore là…

Elle se leva, se vêtit comme elle put, et sortit en recherche d’une taverne grassement approvisionnée en bonne cuvée pour lui calmer la panse. Les douleurs s’intensifiaient et lui refourguaient une saleté de nausée. La rousse dut se tenir à deux mains son excroissance encombrante.


Aïeuuuuu… p’tain ça fait mal… saloperie

Dans sa tête s’imbriquaient les pièces nébuleuses d’un puzzle.

«Alors… j’ai mal… je dois bientôt pondre… Aïe !… l’enfantement se fait dans la… Aïeuuuu… douleur… hum il me faut à boire… Ouch !… reprenons… hum j’disais quoi ? Hmmm ah oui j’ai soif… nan c’était pas ça… Hannn… l’enfantement… j’ai mal au bide… mirdeu, il y a un lien… lequeeeeel ! Ouch ! Jémal….accouchement…accouchement…jémal… huuu…. Jémal…jésoif… accouchement… ? »

Une douleur aiguë lui ceignit son sac à tripes, la contraction fut si violente que la rousse se retrouva pliée en deux à même le sol. Le visage dans la poussière, la vérité s’imposa à son esprit avec force.
Y avait un môme qui voulait sortir…
Son regard tourné à la voûte obscure, la belette questionna l’vieux barbu.


Deos ?
Pourquoi maintenant ?
J’ai même pas eu l’temps d’boire…




N'importe qui peut la retrouver... Bon jeu !

_________________
Cyrinea
Elle avait mal dormi. Cette satanée blessure ne se refermait pas, et elle enchaînait cauchemars et réveils intempestifs. Elle commençait à prédire qu’elle devrait vivre avec et qu’au lieu de la maudire, elle l’apprivoiserait, peut-être. Alors, elle s’accrochait à des occupations terre à terre, à des plaisirs fugaces, tentant de ne jamais être déstabilisée et de laisser endormis d’éventuels sentiments, quels qu’ils fussent, et qui seraient susceptibles d’ébranler le semblant d’équilibre qu’elle s’efforçait de construire.

Objectif ce matin-là, aller au marché acheter du lait pour le môme. Elle s’habilla à l’arrache, attacha sa chevelure passablement emmêlée par les je me retourne-putain, je le trouverai ce sommeil-et vas-y que je me retourne encore, et entreprit la traversée du village.

Elle crut d’abord qu’elle était mal réveillée. Une chevelure rousse à terre, voilà qui était digne d’ébranler les pragmatismes les plus solides. Elle pressa quand même le pas après moult frottements de paupières pour être sûre qu’elle ne rêvait pas, puis constata que la chevelure en question s’adressait à Deos, parlait de boire, aussi, ce qui annonçait une âme troublée ou ivre. Ivre...non, elle se plaignait de ne pas avoir bu....

Fichtre ! Scath !

Cyrinea se pencha sur la jeune femme.

Oh ! Madre de Dios, elle va accoucher !

Garder son calme. Ne pas se laisser aller à la panique et tenter de se souvenir de ce qu’avait fait Matalena quand Rosa avait accouché dans les bois.

Matalena ?

Scath ? Regarde-moi et respire lentement...Pas de panique, j’envoie chercher Mata.

Elle se positionna derrière elle et souleva doucement se tête pour la poser sur ses genoux. Elle héla un gamin qui passait à point nommé, mais tout le monde sait que les gosses se lèvent tôt et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle n’avait, entre autre, jamais voulu en avoir.

Petit ? Tu connais l’atelier « Au fil des moires » ? Si tu connais pas tu cherches et tu fais fissa ! Tu demandes Matalena et tu la conduis ici, TOUT DE SUITE !
Gnia
L'aurore aux petits doigts tous boudinées et roses peinait justement à se les sortir ce matin-là.
Amis poètes, bonsoir. 'Fin bonjour, plutôt.
Commençaient en effet ces instants où la nuit disputait au jour la bataille qu'il gagnait aux semailles et perdait aux vendanges.
Traversant la ville ceinte de Montauban qui peinait encore à se réveiller, la Saint Just maudissait sa bonne volonté qui lui avait fait accepter la suggestion de l'artisan charpentier qui gérait son échoppe de venir voir comment qu'on assurait grave dans la fabrication de la bonne et solide charrette Saint Just.
Elle chevauchait sur son palefroi, superbe animal qu'il fallait encore apprivoiser et qu'elle sortait donc de temps à autres sur de petites distances, le temps que la jument et sa cavalière s'habituent l'une à l'autre. Eustache, maître charpentier, aiguillonnait deux des magnifiques vaches charolaises - offertes un peu plus tôt dans l'année par un amant prévenant et sensible au gout immodéré de la Saint Just pour le vin de Bourgogne - qui tiraient une des robustes et solides charettes sorties des ateliers Saint Just donc.

On discutait prix du bois, approvisionnement en fer et faible demande lorsque les saphirs sombres de la Saint Just furent attirés par un enchevêtrement de longs cheveux roux et bruns, de robes, qui se tassaient dans un renfoncement entre deux maisons à l'entrée d'une ruelle. Elle fit discrètement signe au charpentier de faire halte et la main sur la garde de la courte bâtarde qu'elle portait à la ceinture, elle approcha prudemment.

Elle pensait trouver deux cadavres d'indigents raides de froid et de mort, mais les robes semblait un peu trop riches pour de pauvres hères. Et puis le tas de tissus et de chevelure bougeait. Deux ivrognes que la maréchaussée ne tarderai pas à ramasser ? Ou simplement, deux pauvres femmes qui méritaient l'aumône qu'Agnès se devait de leur distribuer ?

Puis soudain, un petit minois tordu de douleur qui se relève et qu'elle reconnait. La môme rouquine à l'excroissance ventrale. Derrière elle, une autre jeune femme croisée en taverne.
La Saint Just hausse un sourcil et, avant de descendre de son palefroi, adresse une réflexion pleine d'ironie à la belette


Ben alors... C'est pas parce que vous pouvez pas accoucher dans un buisson qu'il fallait vous sentir obligée de vous rattraper en enfantant dans le ruisseau, Rouquine.

Ah... Douce ironie, piquant cynisme. Existe-t-il plus belles armes pour se prémunir de ce qui nous touche ?
Luttant elle-même contre un bidon qui s'arrondissait lentement mais surement, Agnès s'accroupit en face de Scath et de celle qui lui servait de coussin et qui avait trouvé là position naturelle pour aider au mieux son amie.
Petite signe de menton à son adresse, et de demander d'une voix qui avait retrouvé les intonations du commandement et de la naturelle autorité qui qualifiait, aussi, Son Infâme Grandeur.


Vous avez fait prévenir quelqu'un capable de l'accoucher ? Si vous voulez l'aider, essayez de l'asseoir qu'elle puisse se laisser aller contre vous comme sur le dossier d'un moelleux fauteuil.

Puis, posant son regard sur la rousse et, ô geste si inhabituel, passant une main calme sur le front de la future mère

Z'avez déjà perdu les eaux, Rouquine ? Le monstre vous laboure les tripes depuis longtemps ?
'Tain, z'êtes gelée... Ca fait combien de temps que vous avez le museau dans le caniveau ?


Esquissant une petite grimace, elle se releva péniblement et héla l'Eustache qui était resté sagement à bord de son attelage.

Maitre Eustache, c'est l'moment de dégainer l'outre de piquette que vous planquez dans vot' musette. On a une urgence.
Et ramenez vous plus près avec votre équipage, si y'a moyen de le bouger, on risque d'avoir un chargement impromptu.

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Cyrinea
Elle fut tellement soulagée de l’arrivée bénie de celle que l’on nommait la Saint-Just, qu’en un soupir, épaules et poitrine s’affaissèrent, et qu’elle se sentit soudain infiniment moins seule au monde. N’eût été le cas, elle aurait évidemment improvisé, supposant que les femmes avaient de l’instinct pour ces choses-là, à défaut de parfois savoir s’en prémunir.

Citation:
Vous avez fait prévenir quelqu'un capable de l'accoucher ? Si vous voulez l'aider, essayez de l'asseoir qu'elle puisse se laisser aller contre vous comme sur le dossier d'un moelleux fauteuil.


Cyrinea souleva lentement Scath en l’attrapant par les aisselles. Se rapprocha, la laissa doucement s’appuyer contre sa poitrine.

J’ai fait prévenir Matalena. Je l’ai déjà vue accoucher une femme, et je crois que c’est elle qui devait officier à cet accouchement-ci.

Menton pointé vers la rousse, yeux rivés sur ceux d’Agnès, mais rassurantes qui parcouraient les épaules de la future mère.

J’ai surtout peur que ce soit trop tard pour la déplacer. Faudrait du linge...de l’eau...les eaux elle les a pas perdues sous mes yeux mais au point où elle en est je parierais que c’est déjà fait.

Elle avisa le dit Eustache, l’équipage en question, et se dit qu’une bonne lampée pour se donner du courage ne serait pas de refus. Elle murmura des paroles d’apaisement à l’intention de Scath, tentant de ne pas laisser transparaître sa propre trouille. Ces choses-là, on savait toujours comment ça commençait, mais jamais comment ça allait finir.
Matalena
Le Jour J, le Moment M, l'heure H, l'instant I, et à ce compte là tout l'alphabet aurait été susceptible d'y passer. Les donzelles piaillaient, picolaient, brassaient du vent bref : étaient occupées à toutes leurs activités quotidiennes ordinaires, en sus de mettre des enfants au monde. Le genre de détail qui fait toute la différence. Et qui qu'on appel dans ces cas là ? Bibi pardi. Preuve que sur un malentendu on peut se forger une réputation de m*rde et venir fourrager entre les cuisses grandes écartées de tout ce que Montauban pouvait compter d'engrossées hors mariage. Soit pas mal de monde en toute objectivité. Comme quoi, il était possible de réguler toute une population avec seulement deux personnes : une pour semer les graines, l'autre pour la récolte. Suivez mon regard...
Si elle c'était portée volontaire pour seconder sa pote face à cette difficile épreuve de la vie, à croire que le jour et l'heure convenus entre Deos et l'immonde vermisseau pour sa mise à feu n'était en rien compatible avec les projets de la tisserande résumables en trois verbes : bouffer, bronzer, pioncer. C'est que depuis que son crâne avait récemment rencontré le coin d'un bouclier en métal, elle était soumise à toutes sortes de trou de mémoire plus ou moins opportuns, et sans doute la mise à bas de son cachalot au crin de feu lui était-elle totalement sortie de l'esprit. La saison des amours s'termine peut-être en août mais pour la chasse aux phacochères et autres mammifères de forte corpulence on était en plein dedans, l'idéal, donc.
Mais revenons-en à notre occitane.
Actuellement en train de tester sa nouvelle invention qui allait révolutionner le monde de la fainéantise (une sorte de longue chaise plate recouverte de toile baptisée "transe hâte"), un gamin vint s'époumoner à côté de son chapeau tressé comme quoi une grosse vache était en train de se vider les tripes au milieu des charolaises. Comprenez : sa présence était requise, s'agissait de pas trainer avant que le pactole vienne s'éclater le minois sur les dallages. Après des mois d'attente avouez que ce serait con. Ni une ni deux la jeune femme sauta sur les longues quilles qui lui servaient de jambe, ramassa le sac de secours qu'elle avait trimballé pendant tout le trajet de la campagne d'Agen en cas d'accouchement impromptu sur un champ de bataille, et partit rejoindre ses greluches avec la célérité dont-elle n'usait d'ordinaire que pour rallier une taverne à une autre quand la première était vide.
La sirène, la Saint Just, la mesnie Saint Just, le cheval Saint Just et les vaches Saint Just. Ça fait beaucoup de saints pour un accouchement ; s'il naissait pas coiffé celui là ce serait à n'y rien comprendre. Entre deux respirations sifflantes, la brunette lança :


Bon... Alors... C'en... Est... Où... ?

En s'approchant de la fine équipe. V'la encore la Cyr' avec la tête de la dodue sur les genoux, à croire que c'était sa position favorite dans ce genre de situations. Tout ceci prenait furieusement des airs de déjà vu. En se penchant sur la rousse, elle reluqua un peu les paupières, histoire de voir si elle allait tomber dans les pommes ou pas. L'avait pas l'air très fraîche la garce.

Hé, Scath, t'es avec nous là ? Et !

Puis sans perdre une seconde de plus en babillages, la brunette entreprit de lui trousser les jupons d'une main habile qui semblait étrangement rompue à cet exercice -ce qui, en d'autres circonstances, n'aurait sans doute pas manqué d'attirer les remarques salasses d'une belette en déroute- et baisser la tête pour constater les dégâts.
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« N'oubliez pas que, si longue vous apparaisse votre existence, votre mort, elle, est éternelle.»
Robert Merle

Scath_la_grande
[Et Eagol pendant c'temps là, y tournait la manivelle...
Et Eagol pendant c'temps là, y chantait dans les bois...]



C’était l'aurore, aux petits doigts tous boudinés et roses… nan mais ça on vous l’avait déjà dit… Passons donc l’épisode de la poésie dont la rousse n’était pas très priseuse et encore moins dans un tel moment…

Reprenons… un vingt-quatre dans la nuit une rouquine chuta percluse de douleurs et surtout complètement désethylicosée, un vingt-cinq dans un petit matin balbutiant on la trouva, claquant de froid et à la même place.
Enfin non pas vraiment, elle avait réussi tout de même à ramper sur quelques distances car il lui semblait avoir vu une charolaise violette qui charriait une grosse barrique de vinasse… et à son pinacle, se tapant allégrement sur la panse, des marmottes riantes… Foutues bestioles ! Mais où allait le monde ?

Pour cinq minutes de plaisir, là voilà pour des heures à serrer les dents, serrer les fesses et prier l’ciel-surtout pour avoir un petit rinçant à son avaloir pentu- .Cinq peti… oui bon avouons le, Scath n’avait pas l’habitude du médiocre dans la catégorie galipettes, gaudrioles, et autres acrobaties du séant. Son brun n’était p’têtre pas très doué à la construction d’échelles, ni à celle des charrettes mai il savait satisfaire « au mieux » les appétits pantagruéliques de la Belette en lui faisant le coup de la brouette vénitienne et celui de la poutre magique.
Alors il vrai que les cinq petites minutes furent très largement rallongées. Il était à espérer que le temps de conception n’était en rien relatif au temps de souffrance à la mise-bas.

Priant le Grand Patron, fauves brillantes tournées vers le firmament, là où disait-on, l’vieux barbu créchait, pour que vinasse ne tardasse pas trop et que le bazar infernal qui se tramait sous le bedon s’achève incessamment sous peu. C'est-à-dire : immédiatement !

Sur quoi le Grand Farceur qu’était l’Unique, lui envoya une ondine ondulante, une sirène ambulante, peinte d’inquiétude.
C’était bien la peine d’invoquer le Tout-Puissant, pour se voir refourguer une brunette guère rassurée-quand on ne l’était pas soi-même ça n’arrangeait guère les affaires-… en plus, elle avait rien amené afin de calancher cette fichue soif récurrente… Par le foutre bleu du Saint Schtroumpf.

L’étau sur son sac à tripailles se fit sentence implacable.
Là-haut, Deos veillait au grain et il n’aimait pas les plaisanteries de la rousse.
Alors les rêveries licencieuses et les désirs de liqueurs de la Belette furent mis au placard, il était dit qu’en ce jour, Scath ne baverait pas sur les grivoiseries et la pochardise, elle en baverait tout court.
Le visage déjà bien contrarié par les autres spasmes, se déforma sous l’intensité-fichu mioche, l’allait la faire claquer- et son corps se roidit, s’arqua dans un hoquet pathétique de douleur.

Un peu de répit, où les contractions se firent moins violentes, la rouquine se saisit de la main de son aide secourable, elle aussi avait la trouille et pas qu’un peu.
Imaginez notre demoiselle Belette, nulle et inculte à toute réflexion physiologique, essayant d’échafauder dans sa caboche la représentation d’un accouchement.
Qui d’après elle, s’apparentait à faire passer un « quelque chose » de la taille d’un beau melon par un trou prévu pour des carottes…

Le ventre se tendit, les doigts de la parturiente écrasèrent la main de Cyr. La crispation se ressentit dans chacun de ses membres et l’étourdissaient un peu plus à chaque fois, malgré sa mâchoire serrée, elle ne put s’empêcher de glapir faiblement.
Cela augmentait en intensité au fil du temps qui s’écoulait, imperturbable et cruel.

Puis une accalmie, où le front en sueur de la jeune fille se tourna vers la brunette de service, peut-être qu’entre deux douleurs, le futur saligaud qui lui agitait le tiroir tout pressé de sortir la laisserait quémander un peu de réconfortant pour son néant éthylique.
Apparemment non, l’endroit était plus fréquenté que le marché un jour de solde, voilà les écuries St-Just qui débarquèrent en toute simplicité.
Et quand on parlait de simplicité, c’était son Infâme Grâce-plus gracieuse qu’infâme- des bêtes à quatre pattes, une clique de larbins et une charrette…

La St-Just fit preuve d’une mansuétude peu commune, et alla jusqu’à s’abaisser en descendant à hauteur d’une rousseur, nez dans la fange et gravement dans la mouise. Quelques railleries pour faire genre et toujours un minois pavé de graves angoisse.
C’était que la mustélidé allait finir par croire qu’elle allait vraiment clamser…
Alors Scath tenta de lui servir un sourire qui se voulait rassurant et qui se transforma rapidement en moue crispée

D’abord une question de temps fut posé-auquel elle n’aurait d’ailleurs pas su répondre- puis une drôle d’histoire d’Ô qui ne firent qu’aggraver son désordre mental.


PERDRE LES OS ???? MAIS Z’ÊTES DES MALADES !!!! Tiens pis d’ailleurs foutez leurs la paix à mes os… Se tâtant les poignets, juste pour s’assurer que tout était bien en place. J'ai toujours mes os ! La rouquine poussa un soupire de soulagement qui ne dura hélas guère longtemps…

Deux spasmes abdominaux qui la firent couiner et un delirium tremens plus tard-là en l’occurrence, elle venait d’avoir la vision de deux pâquerettes à moumoutes vertes qui se faisaient arracher leurs pétales par un cheval à trois pattes…- La Sainte Mata Bernarde rappliqua sur la scène du délit de lèse-belette.
Crénom, la mise-bas de Scath en devenait plus médiatisé que le mariage du propre Roy, que la canonisation de Sainte Greluche, c’était l’endroit à la dernière mode… zeu plaisse comme disait les anglois.

Concise, la Sombre alla directement à l’essentiel et farfouilla sans ménagement sous les jupons d’une rouquine, peu farouche pour l’occasion.
Se faire tripoter d’accord… mais par une vestale frigide et sans que cette dernière ne lui rinça le gosier, fallait pas exagérer.
Par contre l’efficacité de ses questions était à revoir.
Sèchement la rousse lui répondit, la voix trébuchante de froid et de fatigue.


Non, chuis partie en voyage au pays de Candy. N’avait pas la moindre idée où se trouvait ce lieu mais ça sonnait bien à l’oreille. Hé Mata t’as rien à boire ?
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Matalena
Des carottes ? M'étonne qu'avec si peu d'ambitions sexuelles la rousse soit paniquée à l'idée de sortir un bambin. Un concombre, au moins, ça aurait pu lui préparer le terrain pour la sortie un peu mieux.
A croire que la brune avait les insultes en passion. Constat entériné par l'expérience : les femmes enceintes sont malpolies, insupportables, chiantes, obèses et laides. De quoi la dégouter définitivement de toute idée de procréation dont sa pote lui rabattait chaque soir les oreilles en temps normal.
La jeune femme opta pour sa solution habituelle dans ce cas de figure : ignorez totalement les jacasseries débiles de la mère, et se concentrer sur les tâches à accomplir.


Et toi, le Jacques là, et Cyr'. Vous m'attrapez l'engrossée chacun sous un bras et vous me la mettez sur ses quilles, qu'elle se tienne à la charrette pour rester debout. Et plus vite que ça.

Pour les draps de soie et les femmes éplorées autour du lit à baldaquin de souffrance, faudrait repasser : la belette inaugurée ce jour ne le serait pas dans les coutumes de la haute. Le ton se fit impératif et, en général qu'elle n'avait jamais été, la brune distribua ses instructions :

Scath, tu t'accroches et t'écartes bien les gambettes. Ta charcuterie est pas encore assez détendue pour que ça passe, alors c'est pas le moment de poser son cul et boire un coup. Plus vite ce sera sortit plus vite on ira fêter ça.

Et exécution, soldat, j'ai pas que ça à foutre.
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« N'oubliez pas que, si longue vous apparaisse votre existence, votre mort, elle, est éternelle.»
Robert Merle

Cyrinea
Perdre les os...c’est qu’elle n’en était pas loin avec l’acharnement que mettait Scath à lui broyer ceux de la main droite. Elle se retint de crier et de grimacer, laissant le monopole de l’expression de la souffrance à la broyeuse, par décence.

La soulever ? Non seulement elle était sur le point de plus avoir de main mais en plus elle allait se choper un tour de rein. Elle avisa le Jacques en question, prit le temps de jauger sa musculature, ce qui fut vite fait, Cyr’ ayant une certaine habitude en matière d’évaluation masculine. Pas terrible, mais ça ferait l’affaire, au moins Scath ne serait pas déstabilisée et ne pencherait pas d’un côté plus que l’autre, à condition qu’il ne tourne pas de l’œil au dernier moment, ce qui était loin d’être garanti, à son avis. M’enfin, elle se prit à rêver d’un gars bien bâti qui aurait pu faire le boulot tout seul. Elle se voyait mieux manier linge et paroles encourageantes que prendre à bras le corps une masse gémissante et inerte qui allait peser un mort.

Bref. Elle le fit ils le firent, de toute façon, de linge y en avait pas et elle n’aurait qu’à travailler son souffle si elle voulait proférer en même temps des pouuuuuuusse et respiiiiiiiire.

Hooooo hisse, précédé d’un Scath, accroche-toi on te soulève, et vl’à la rouquine, tenue à bout de bras contre la charrette.
Eagol
Qu'est ce qu'elles z'ont mé carottes? Elles sont pas assez grosses c'est ça? Elles sont pas assez grandes? Boudiou encore un avec des goûts de bourgeois, faut arrêter de faire la fine bouche crévindiou.

Eagol manifestement n'avait pas que ça à faire il décida d'écourter la transaction:

Bon allez filez moi vos carottes et qu'on en parle plus

C'est pas grave il n'avait qu'à rajouter du vin, pour un bon bœuf bourguignon il fallait au moins une moitié de viande de bœuf et une moitié de pinard. Sa connaissance culinaire néanmoins n'était pas des plus catégoriques sur la question. Toutefois il se réjouissait de l'idée qu'il pourrait bientôt faire boire sa compagne étant donné l'imminence de l'arrivé du petit troll, comme elle l'avait affectueusement dénommé une fois.

Il gardait cependant des doutes, est ce qu'à cet âge on peut boire? Parce qu'avec la consommation régulière et phénoménal de l'alambic matricielle géant qui lui sert de mère il fallait peut être envisager de ne pas le laisser conduire le petiot.

Après sa guerre contre les cucurbitacées volant qui avait fini en bain de sang. La moindre vu d'un concombre lui faisait horreur. C'est pour cela qu'il manqua d'écraser les méchants spécimens lorsque l'étalage se présentait à ses yeux, puis il se dit:


Je vois vraiment pas ce qu'elle leur trouve Scath à ces légumes, on peut rien faire avec.

À philosopher sur ces questions tout à fait existentielles il quitta la place du marché pour se diriger vers son moulin. Il avait eu un grand succès chez les boulangers en vendant des sacs de farine avec des grains de céréales à l'intérieur. Ce procédé lui était venu en fait par la flemme qu'il avait en tant que meunier de moudre correctement la farine et avec l'obsolescence de ses roues qui étaient absolument inefficaces, alliant une totale incompétence dans l'exploitation des techniques, expliquant ainsi les morceaux qui restaient. Ce qui représentait toutefois un progrès par rapport au pain de granit qui lui avait valu plusieurs procès pour tentative de meurtre.

C'est alors qu'il arriva à proximité de l'atelier "Aux foires d'Émile", d'après du moins ce qu'il se souvenait de son nom. Il fut surprit par la brusque agitation de la populace à proximité ce bâtiment, tout à fait inhabituelle. Attisé par la curiosité, et par ses relents de moutons panurgistes, il s'approcha de la foule. Il écouta les différents commérages qui s'y déroulait.


-Tu as vu quelque chose?
-Non la porte est fermé ils laissent entrer personne.
-Elle va accoucher tu crois?
-Oui, d'un enfant de noble d'après ce qu'il se dit.
-Moi je croyais que ce sait une sorte de gros lézard...
-Nan en fait y'a pas de père en fait c'est l'immaculé conception machin chose.
-Encore? la dernière fois c'était dans une étable maintenant ça va recommencer avec tout le touin touin.

Tout de suite une vision apparut dans l'esprit d'Eagol.

Et si c'était elle?... il faut que j'en ai le cœur net.

Bousculant les gueux, il se fraya un chemin dans la foule et frappa violemment à la porte.

C'est moi Eagol! Ouvrez moi, dîtes moi ce qu'il se passe!
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