Alban_erwann
Un pas vif arpentant une pièce close, des volets fermés, un espace sombre, un esprit perturbé. Que dire ? Que faire ... Bientôt ! Bientôt, il allait devoir sortir de cette étrange claustration, il était enfermé dans ses pensées tant bien que dans cette chambre. Une chambre banale, d'auberge à moyen coût, inintéressante, confortable sans trop l'être, mal décorée, du au goût des petits bourgeois enfiévrés qui veulent parfois en faire trop.
Où devait il aller ? Une grande place, au nom germanique qui lui échappait, pourtant le Von Frayner aime l'allemand, une de ses deux langues maternelles. Mais il ne se souvenait plus, de toute façon en quoi le nom pouvait bien avoir une importance ? La place était à une centaine de pas de l'auberge, un vaste espace, quelques arbres pour faire beau, une sorte d'esplanade à l'architecture prosaïque mais apprécié, fréquentés par l'aristocratie et grands bourgeois. Parfois la vue de tout ces gens bien habillés, avec leur accent chic, leur manière de marcher, de rire, en somme, leur caractère et leur façon d'être l'irritait. Orgueilleux et hautain il l'était indubitablement, vaniteux et méprisant parfois aussi, mais péteux et embourgeoisé certainement pas.
Toujours aussi pensif, maintenant assis sur un des vieux fauteuils, poussiéreux d'une odeur exécrable à cause du temps, qui meublait tant bien que mal la pièce à l'aspect qui répugnait le Von Frayner. Ne bougeant plus et ayant cessé de faire les cent pas, il réfléchissait, oui, il était en pleine réflexion d'une importance plus ou moins capitale. "On ne badine pas avec l'amour". Lui cherchait justement les mots justes, pensait à sa tactique, avait il passé assez de temps avec elle ? Étaient ils proches à défaut d'être de vrais amis ? Son esprit s'embrouillait, ne sachant distinguer la vérité dans ces multitudes de demandes qui transperçaient son cerveau assiégé. Mais il n'avait plus vraiment le temps, il devait partir. Il improviserait, ce serait certainement la meilleur façon de rendre les choses plus naturels et réalistes, au moins les mots sortiraient d'eux même, et ce ne seraient pas encore toutes ces phrases bien pensées d'un semblant de fond hypocrite.
Il enfila son lourd veston d'hiver, il faisait froid à Aix, le soleil était au rendez vous, mais un vent glacial vous congelant les os n'oubliait pas de vous rappeler la saison. Tout cela apportait une sorte de contraste, le soleil vous donnait chaud, mais les rafales vous interdisaient de vous dévêtir. Un veston chic et chaudement garni, habillé d'une façon raffiné, comme toujours, c'était dans ses habitudes d'homme narcissique. Pendait autour de son cou un collier avec gravé quelques mots, sa devise, unique et lui correspondant plus que bien : "Sublimi Feriam Sidera Vertice"*. Un large foulard à la couleur d'azur resplendissait autour de son cou. Pour finir une bague de rubis sur l'index de la main droite, signe de sa puissance, juste pour bien faire comprendre à un inconnu qu'il n'est pas le dernier des troufions.
Il était maintenant prêt, prêt à prendre la courte route qui l'amènerait face au grand moment, un des grands moments de sa vie sans doute qui aurait - ou pas - des répercussions sur sa destinée. Sortit de sa détestable auberge, le Chevalier marcha d'un pas rythmée, point trop véloce, comme s'il n'était pas pressé. De toute façon, la Sparte n'était pas non plus très rapide, elle l'avait maintes fois fait attendre. Sa tête était vide de toute pensée, il ne fixait que le point de rendez vous dont il se rapprochait lentement, comme une sorte de coquille vide n'ayant qu'un seul objectif. Il se réveilla lorsqu'il atteignit finalement l'endroit central où ils devaient se retrouver. Exposé au soleil, le Héraut Impérial ferma les yeux, laissant la chaleur pesante des rayons se poser sur son visage intensément glacé, il resta ainsi quelques instants, certainement encore une fois pour ne pas penser. Une intuition le traversa, il la sentait. Tournant la tête de droite à gauche, il l'aperçut finalement débouchant d'un coin de rue. Comment ne pas la reconnaître ? Elle, incarnation du narcissisme et de la perfection féminine, dont chaque détail, du maxime au minime, de sa personne était un point fondamental qu'elle ne négligeait jamais. Son cur se mit à battre, c'était bien la première fois que celui-ci lui jouait des tours pour des raisons sentimentales, lui aussi sentait la dimension des propos qu'Alban prononcerait. C'était simple : ça passe ou ça casse. Franc, direct, point beau parleur cette fois-ci, il considérait que depuis le temps qu'ils se connaissaient il avait maintenant le droit de lui parler de la sorte. Il ne savait pas quoi lui dire, comment lui dire, et même pourquoi lui dire maintenant. Mais il sentait que tout cela était au-dessus de lui, et que comme poussé par quelque chose, il devait le faire. Avait-il tort ou raison ?
[*J'élèverai jusqu'aux astres mon front orgueilleux]
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Où devait il aller ? Une grande place, au nom germanique qui lui échappait, pourtant le Von Frayner aime l'allemand, une de ses deux langues maternelles. Mais il ne se souvenait plus, de toute façon en quoi le nom pouvait bien avoir une importance ? La place était à une centaine de pas de l'auberge, un vaste espace, quelques arbres pour faire beau, une sorte d'esplanade à l'architecture prosaïque mais apprécié, fréquentés par l'aristocratie et grands bourgeois. Parfois la vue de tout ces gens bien habillés, avec leur accent chic, leur manière de marcher, de rire, en somme, leur caractère et leur façon d'être l'irritait. Orgueilleux et hautain il l'était indubitablement, vaniteux et méprisant parfois aussi, mais péteux et embourgeoisé certainement pas.
Toujours aussi pensif, maintenant assis sur un des vieux fauteuils, poussiéreux d'une odeur exécrable à cause du temps, qui meublait tant bien que mal la pièce à l'aspect qui répugnait le Von Frayner. Ne bougeant plus et ayant cessé de faire les cent pas, il réfléchissait, oui, il était en pleine réflexion d'une importance plus ou moins capitale. "On ne badine pas avec l'amour". Lui cherchait justement les mots justes, pensait à sa tactique, avait il passé assez de temps avec elle ? Étaient ils proches à défaut d'être de vrais amis ? Son esprit s'embrouillait, ne sachant distinguer la vérité dans ces multitudes de demandes qui transperçaient son cerveau assiégé. Mais il n'avait plus vraiment le temps, il devait partir. Il improviserait, ce serait certainement la meilleur façon de rendre les choses plus naturels et réalistes, au moins les mots sortiraient d'eux même, et ce ne seraient pas encore toutes ces phrases bien pensées d'un semblant de fond hypocrite.
Il enfila son lourd veston d'hiver, il faisait froid à Aix, le soleil était au rendez vous, mais un vent glacial vous congelant les os n'oubliait pas de vous rappeler la saison. Tout cela apportait une sorte de contraste, le soleil vous donnait chaud, mais les rafales vous interdisaient de vous dévêtir. Un veston chic et chaudement garni, habillé d'une façon raffiné, comme toujours, c'était dans ses habitudes d'homme narcissique. Pendait autour de son cou un collier avec gravé quelques mots, sa devise, unique et lui correspondant plus que bien : "Sublimi Feriam Sidera Vertice"*. Un large foulard à la couleur d'azur resplendissait autour de son cou. Pour finir une bague de rubis sur l'index de la main droite, signe de sa puissance, juste pour bien faire comprendre à un inconnu qu'il n'est pas le dernier des troufions.
Il était maintenant prêt, prêt à prendre la courte route qui l'amènerait face au grand moment, un des grands moments de sa vie sans doute qui aurait - ou pas - des répercussions sur sa destinée. Sortit de sa détestable auberge, le Chevalier marcha d'un pas rythmée, point trop véloce, comme s'il n'était pas pressé. De toute façon, la Sparte n'était pas non plus très rapide, elle l'avait maintes fois fait attendre. Sa tête était vide de toute pensée, il ne fixait que le point de rendez vous dont il se rapprochait lentement, comme une sorte de coquille vide n'ayant qu'un seul objectif. Il se réveilla lorsqu'il atteignit finalement l'endroit central où ils devaient se retrouver. Exposé au soleil, le Héraut Impérial ferma les yeux, laissant la chaleur pesante des rayons se poser sur son visage intensément glacé, il resta ainsi quelques instants, certainement encore une fois pour ne pas penser. Une intuition le traversa, il la sentait. Tournant la tête de droite à gauche, il l'aperçut finalement débouchant d'un coin de rue. Comment ne pas la reconnaître ? Elle, incarnation du narcissisme et de la perfection féminine, dont chaque détail, du maxime au minime, de sa personne était un point fondamental qu'elle ne négligeait jamais. Son cur se mit à battre, c'était bien la première fois que celui-ci lui jouait des tours pour des raisons sentimentales, lui aussi sentait la dimension des propos qu'Alban prononcerait. C'était simple : ça passe ou ça casse. Franc, direct, point beau parleur cette fois-ci, il considérait que depuis le temps qu'ils se connaissaient il avait maintenant le droit de lui parler de la sorte. Il ne savait pas quoi lui dire, comment lui dire, et même pourquoi lui dire maintenant. Mais il sentait que tout cela était au-dessus de lui, et que comme poussé par quelque chose, il devait le faire. Avait-il tort ou raison ?
[*J'élèverai jusqu'aux astres mon front orgueilleux]
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