[RP] Le santuaire caché des Réformés de Savoie

Le vent froid de la mi-automne soufflait follement dans les cheveux de Tibérias. L'homme avançait dans les rues de Belley, seul, un long manteau noir sur ses épaules, son épée bien visible, et ses bottes qui martelaient les pavés des rues. Le pré-romantique qu'il était, aimait particulièrement cette saison, c'était comme s'il enviait tantôt les guerriers du vent, du froid et des feuilles, tantôt le pâtre qu'il voyait réchauffer ses mains à l'humble feu de brousailles qu'il avait allumé au coin d'un bois. Mais le prévôt adjoint était avant tout un monstre. Un monstre qui s'était illustré par ses crimes en Orient. Un tel monstre dont il était impossible de pardonner les fautes. Un monstre obligé de suivre le même chemin car il était le meilleur. Soupirant, il entra dans le château, traversa les couloirs et retrouva son bureau à la prévôté.

Ce jour était bien particulier, pour en avoir parlé avec le prévôt, ils iraient chasser de l'hérétique. L'objectif ? Il était très vague : détruire leurs rangs. Quoi comprendre ? Tous les éliminer ? Tous les raccompagner hors de Savoie ? La question se résoudrait à leur approche.

Tel un militaire partant à la guerre, Tibérias ouvrit son armoire et prit ses vêtements de missions. Il prit simplement un légère cotte de maille qu'il enfila. Réenfilant son uniforme, il était prêt. Il vérifia sa ceinture et la sûreté de celle-ci et du fourreau et prit le chemin de la Cour. Le long manteau noir aux boutons dorés étaient différents pour tous, pour sa part Tibérias avait son grade marqué sur ses épaules, ainsi quand il croisa de jeunes agents dans les couloirs, personne n'osait le bousculer, à cause de cela et aussi à cause de son immense stature.

Tibérias s'arrêta à l'armurerie où on lui avait préparé un tonneau d'armes qu'il fit rouler jusque dans la Cour où les agents étaient déjà rassemblés. Le premier à rire serait écartelé. Le redressant, le prévôt adjoint se plaça à côté de son ami.

"Selvage, avez-vous déjà fait la guerre ou combattu ? Ces hommes et ces femmes ont prêté serment et se battront pour la Savoie jusqu'à la mort, aussi... ce sera une joie que de pourfendre à vos côtés...

Essoufflé, peut-être que ses mots chuchotés n'avaient rien rendu mais il s'en contenta et regarda ses agents fronçant les sourcils à cause de sa maladie visuelle.

N'ayant point vu Medso de la matinée , Frimoden partit à sa recherche . Les rumeurs circulaient beaucoup en ville et elle souriait en entendant tout cela . Cela ne la touchait pas , plus elle apprenait à connaître Medso plus elle l'appréciait . Il était bien loin du monstre que les gens décrivait , mais elle seule connaissait cet autre parti de lui .

Est ce parce qu'il ne pensait pas comme le voulait l'église qu'il fallait le condamner ? Le droit de la pensée était elle interdite ?
Frimoden n'était pas croyante , ni en Aristote ni en Deos , elle avait trop vu les gens trahirent leurs croyances !
Tous ces hommes qui épousaient leur femmes jurant fidélité et qui prenaient maitresse au premier sourire !
Tous ces nobles qui exploitaient des esclaves pour ne pas se salir les mains !

Elle ne voulait entrer dans aucune religion , elle garderait ces pensées et ses croyances , rien que pour elle !

En passant devant la caserne , elle vit le prévôt ainsi que plusieurs soldats en préparation .

Tiens , se dit elle , il me doit toujours de l'argent lui !

Puis elle continua son chemin en direction des montagnes . Elle avait entendu dire que son homme se réfugiait dans une grotte , elle voulait en avoir le cœur net .
Elle s'avança dans ces montagnes qu'elle connaissait bien maintenant y ayant vécu pas mal de temps . Elle passa devant son refuge qui n'était plus que ruine et eut une larme en le voyant .
Elle continua son chemin , ne pas revenir sur le passé !

Elle arriva enfin devant une grotte , ce devait être la ! Elle entra et entendit des voix au fond . Elle reconnut de suite celle de Medso et sourit en l'entendant .

Elle fut très surprise de les voir tous cagoules et les regarda un à un attendant que Medso parle pour le reconnaître .

Des lamentations.. La conviction de Fenthick vacilla en entendant la voix de la femme, mais il se ressaisit. Il prit un ton sans appel mais calme et engageant.

Milénia de Dole, votre présence en ces lieux n'est pas bonne pour vous aider dans votre plaidoirie. Je me souviens effectivement vous avoir envoyé un laissez passez, ce qui fait de vous une personne de droit en ces terres, cependant, vous n'avez rien à faire, tout comme Frimoden d'ailleurs, si elle est bien là dedans, comme je redoute de le croire.

Il regarda la lourde paroi de pierre et resta pensif pendant que son Prévôt Adjoint prenait la relève, un peu trop agressif, comme toujours. Mais au vu des circonstances, mieux valait cela que trop de laxisme, comme on aurait pu le lui reprocher. Il posa néanmoins sa main sur l'épaule de son ami.

Ferney, du calme. Retirez moi votre lame de l'épaule de Madame. Un peu plus de politesse, tout de même. Quoi qu'elles soient, elles restent avant tout des Dames. Prenez leurs armes, elles nous suivront à la Prévôté pour un témoignage avant le procès de Medso.
Du calme et de la pondération mon ami..

Le regarde avec insistance, puis se détourna à nouveau vers la paroi rocheuse.

Quand à savoir combien ils sont là dedans, je dirai environ ..

Retournement de situation, la paroi bouge, et le trou de la grotte réapparait. Bien la peine de se faire passer pour martyr, si c'est pour se livrer soit même, m'enfin! Oh! Comble de l'ironie, Medso lui même, qui sort, mains levées et tendues. C'est qu'il en serait convaincant, le bougre!

"Ces femmes ne sont pour rien dans tout cela. Me voici. Je suis Medso, le Réformé."

Prendriez vous le Guet pour un ramassis d'imbéciles? Sortez donc de là au lieu de déblatterer des anneries, Sieur.

Il le regarda d'un air dédaigneux, il détestait les fauteurs de troubles, doublés de sans honneur, tout juste bon à faire retomber sur une croyance entière la faute commise de vouloir ennuyer son monde.

Medso, moi, Fenthick Galanodel, Prévôt de Savoie, vous place en état d'arrestation. Vous allez être placé dans une de nos geôles en attendant votre procès. Toute résistance sera passible de circonstances aggravantes. Maintenant, offrez vos mains au Prévôt Adjoint, qu'il vous les lie..

Lui lance un dernier regard méprisant avant de crier à l'entrée de la grotte.

Tout le monde dehors! A la moindre arme, nous tirerons! Sortez sans faire d'histoire, et préparez vous à être conduit à la Prévôté, pour faire un rapport, avant d'être relâchés. Si vous ne sortez pas vous même, nous emploierons la force..

Il gueula alors pour ses hommes.

Qu'on m'apporte une pioche!

Mes Soeurs et Frères,

Je viens de terminer une peinture représentant la prise d'Annecy, pour que jamais on n'oublie que l'on ne s'attaque pas à un Helvète impunément!

Il montra alors la peinture et l'accrocha bien en vue dans la grotte.