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Sa mule frôlait la mort. Les routes de l'Alençon vers la Normandie étaient dures, mal aménagées et les soldats rôdaient, comme si une guerre de préparait. Rien de bien rassurant. Au loin se profilait déjà la demeure de sa mère. La mère Eusébius, recluse dans sa modeste tour, venait de trépasser. Thomas-Henri venait de recevoir la lettre d'un moine, qui se chargeait de sa succession. Des fièvres, et la vieillesse. Résigné, Thomas-Henri s'en était allé direction la Normandie, toucher ce qui lui était dû.
C'était drôle, tout de même, de revenir ici, après tant d'années. Sa fuite lui paraissait déjà comme une erreur. La Normandie lui avait manqué, comme Christos attaché à sa croix, comme un spectre à ses chaînes. Là étaient ses racines, elles le rappelaient à la Normandie dès que son regard, d'Alençon, se portait vers Rouen.
Sa mule lâcha un râle de désespoir, et se mit à trembler. Conscient qu'elle n'irait pas jusqu'au bout de son périple, il descendit, tapota légèrement sa crinière, et, bride à la main, il poursuivit son chemin à pied. Les paysans du coin le regardaient comme un étranger. Pourtant son histoire était ici. Dans ces pierres descellées, dans ces champs riches de blés dorés, et dans ces gens, trop pauvres pour manger à leur faim chaque jour. Thomas leur jeta un regard compatissant et poursuivit sa route.
Arrivé devant la porte du petit manoir des Eusébius de Normandie, il attacha sa mule. Mais déjà une ombre se profilait, non loin. Il plissa les yeux, pour voir qui s'approchait des terres désormais siennes, puis, dans un hoquet de surprise il reconnut la personne.
Selon toute vraisemblance, il repartirait de la Normandie moins riche qu'il ne l'avait prévu...