Occupée à essuyer des verres dans la salle commune vide de clients , la vieille servante tourna la tête et sourit de sa bouche édentée , lorsquelle entendit la jeune femme entrer.
C'est qu'elle l'avait reconnue bien avant qu'elle ne dise un mot , la petite blonde !
Pour compenser ses problèmes de vue , Gertrude avait appris à identifier les gens rien quà leur façon de bouger ou de se déplacer
Demoiselle Lysbeth
Qué bonne surprise !
Vous vous faisiez si rare par ici
J vous avais rconnue dsuite
Elle a ben mauvaise vue , la Gertrude, mais encore l'ouie fine, vsavez !
Citation: Bonjour Gertrude ! Vous allez bien ? cela fait un moment que je ne suis pas passer ici... j'ai plusieurs choses à vous dire mais avant tout j'ai quelqu'un à vous présenté...
C'est qu'elle était ravie de revoir la petite jeune fille, si mal en point , qu'elle avait accueilli il n'y a guère , avec sa démarche boiteuse et sa canne , et pour laquelle elle s'était prise de tendresse.
Tout en envoyant une main parcheminée caresser la joue de la jeune femme , qui s'était approchée d'elle , elle lui répondit dun ton las :
Oh vsavez, la santé à mon âge
Si j'vous contais tous mes p 'bread malheurs, y en aurait jusqu'à d'main , demoiselle Lysbeth
Elle avait à peine fini sa phrase , qu'elle remarqua que son interlocutrice tenait un tout petit bébé emmailloté entre ses bras
Le visage ridé de la vieillarde s'illumina d'un petit sourire :
Ah ben çà y est
Z'avez enfanté, ma fille ?
Bien bel enfantelet que voilà !
Puis, se rappelant les conditions bien particulières de la conception du poupon, elle ajouta:
Tout l'portrait d'sa mère, à part les cheveux
Gertrude n'avait jamais été très portée sur les enfants .
Ca fait du bruit et c'est source d'embêtements , les mioches .
Elle était bien contente que le conteur et ses gamins aient déménagé hors de la ville, elle ne pouvait plus supporter les cris et les allées et venues de tout ce cheptel , la Gertrude.
Elle avait toujours refusé d'en avoir, au grand désespoir de son Gaston , qui l'avait noyé dans l'alcool.
A vrai dire, y avait pas besoin de le pousser fort , le Gaston, pour qu'il tombe dans le tonneau !
Gertrude fut alors alors sortie de ses songes par les derniers mots de la jeune blonde, qui lui résonnaient dans la tête :Je... je voulais savoir si vous accepteriez que je vous aide ici...
Plissant les yeux, elle se pinça la peau ridée de son dos de main, pour se demander si elle rêvait.
Mais Lysbeth continuait, de plus belle :
Citation:Avec ma petite, je suis tout le temps seule, ici il y a du monde mais je ne puis rester en taverne tout le jour sans travailler... je me demandais si vous ne serriez pas d'avis de m'apprendre votre métier, que je le face avec vous.
Si il y a une chose que je ne sais pas faire c'est bien de compter les sous mais si vous ça ne vous pose pas de problème, je pourrai vous aidé pour nettoyer la salle ou servir quelques clients, et même pour arranger les literies dans les chambres au premier...
La gorge serrée , tenaillée par l'émotion , la vieille servante arriva enfin à répondre difficilement,tout en serrant nerveusement l'avant bras de la blondinette :
Si j'veux ben d'vot' aide, Lysbeth ?
Mais ben sûr que oui !
Y a r'en qui m'ferait plus plaisir...
Puis, elle enchaîna,les larmes aux yeux :
V' savez...
J'me sens si seule depuis que Demoiselle Sonia, la patronne est partie.
Ca fait un grand vide .
Et puis, ce métier , c'est plus trop d' mon âge
Place aux jeunes
Un gros reniflement ému plus tard:
Par contre, pour vot' salaire, va falloir voir avec son frère, l'conteur !
C'est lui qui s'occupe des chiffres
J'arrive déjà à compter les écus avec ben du mal, alors faut pas m'en d'mander plus.
Gertrude était heureuse de la proposition de sa nouvelle amie.
Le plus dur serait de demander l'accord de l'autre gougnafier , qui se prenait pour le patron.
Sortant une bouteille de vin au romarin et deux verres, qu'elle remplit d'une main tremblante, elle continua, un petit sourire aux lèvre :
Allez ...Ca mérite ben un p'tit coup d'gnôle, ça , hein?