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Info:
Protagonistes : Amberle la médicastre Labrinvilliers, poulette pestiférée Juliuz, Taulier du cloaque ou se déroule l'action. Résumé? Amberle ausculte la poulette puis constate après des examens complémentaires qu'elle est atteinte de la Peste. elle s'en va réveiller le gros Juliuz pour qu'il l'aide à monter poulette dans un lit.

[RP] Bordel de cochonnou, l'a eu la peau du Juliuz !

Amberl
[ Est il besoin de préciser que le RP est ouvert à tous ? ]

Arrivée au triple galop à Chinon, Amberle calme son destrier d'un léger coup d'étrier. Posant pied à terre, la brune cherche de suite une taverne pour épancher sa soif sans fin. La ville n'a pas vraiment changé en un an de temps. Ah si. La taverne de Gatimasse n'est plus. Norf. Faisant le tour des grands Ducs, elle repère enfin un saint établissement inconnu. "La Chignonaise", avec une pancarte des plus fines. Se marrant devant les contrepèteries du tavernier, elle pousse la lourde porte en poids, bien décidée à devenir pilier de bar de cette taverne là.

Deux berrichons se pointent... Ma parole, mais c'est une invasion de st Aignais ?! Norf. L'ex berrichonne s'enquiert tout de même du devenir de son ancienne ville, quand... une dame arrive.

Grelottante malgré ses pulls de laine, malgré le feu de bois qui réchauffait fort la pièce. Un peu trop même selon Amberle qui était sur le point d'enlever une couche de vêtement. Haussant un sourcil - son expérience de médicastre d'un jour est encore frais dans son esprit -, la brune se préoccupe de la demoiselle.

Vous allez bien, Dame?

Une simple toux rauque, qu'elle dit la malade. Mouais. Pas convaincue du tout, mais alors là ... Son cerveau cavale à toute vitesse, se remémorant la visite médicale de Loches. Toux, fièvre, malaise. Les signes prémices de la peste sont là. Secouant la tête, Amberle rejette cette idée d'une traite. Déformation professionnelle ! Ce n'est rien que cela. Elle a trop trainé dans les tentes de Loches, et de fait, elle voit des malades partout. C'est un classique.
Bienveillante, la brune prépare un bon grog pour la malade, lançant un ordre à son unique voisine :

Faites le guet ! Si les taverniers me voient en train de fouiller dans leurs coffres, j'passe la nuit en taule. J'suis pas chez moi, ici...

Miel trouvé, l'alcool ne manque pas... Remuant le mélange dans un bol, la brune tend le tout à la Dame, qui commence à perler de sueur. Encore un signe! Mais non, toujours pas, Amberle se refuse de croire à cette hypothèse qui se vérifie pourtant de plus en plus. Une simple grippe, surement. Quoiqu'il en soit, la brunette est altruiste, et spontanément, propose son aide.


Ecoutez, j'sais bien que ce n'est qu'une toux et un sale rhume, mais ptete que je pourrais vous examiner un peu mieux que le toubib de Loches...


Tss tss ! Vlà que ca la reprend ! Mais elle ne s'arrêtera donc jamais, la grognasse ?! Sans compter que celui qui l'a vu à Loches n'est autre que le Doc, Hiji. Son mentor... Faire mieux que lui... Humf. Comme si c'était possible ! Toussotement léger de la berrichonne, qui continue sur sa lancée.


Je connais un peu les potions, soins, toussa toussa... Ca vous soulagerait. Car vous êtes vraiment pas belle à voir. Mettons, ici, dans quelques heures ? Le temps que j'aille faire des emplettes pour les décoctions à venir.

Et ainsi fut conclu le deal. La malade et la guérisseuse se fixèrent un lieu pour se revoir... La taverne de Juliuz allait être squattée un bon moment. Du moins... Ces chambres. En quittant les lieux, Amberle se demanda combien l'tavernier louait celle ci. Pourvu qu'il ne soit pas avare...


Edit Mercredi : titre changé en adéquation avec la tournure du RP, avec accord de la joueuse d'Amberl

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Mourir pour des idées, d'accord, mais de mort lente ... Ou pas.
"Y a Amberle, une vraie perle"
---- Rajoutez le "e" final à Amberle pleaze ----
Labrinvilliers
En pleine nuit ! Cela l’avait réveillé en catastrophe, elle étouffait et essayait de reprendre son souffle, empêtrée dans une toux qu’elle n’avait pas la veille … La sueur lui coulait dans le dos et entre les seins … Elle avait le front brûlant et des gouttes de sueur se formaient à la surface de la peau … Elle avait beau s’éponger, en quelques minutes, les gouttes étaient revenues …

Temps de chien, de temps de février pourri … Elle se sera sans doute enrhumée …

C’est ce que La Brinvilliers avait essayé de faire comprendre à la Dame rencontrée à la taverne « La Chignoniaise » … Dame Amberle la regardait comme si elle avait pu avoir autre chose qu’un mauvais rhume ! La Brinvilliers savait bien qu’elle ne pouvait pas avoir la peste puisqu’elle avait reçu son Certificat de Bonne Santé ! Elle venait tout juste d’être examinée à Loches par un médicastre … Elle avait attendu pendant des heures et il est vrai qu’il avait à peine jeté un coup d’œil sur elle, trop pressé de partir, sans doute, mais elle l’avait eu, son foutu Certificat de Bonne Santé ! Et Dieu sait si elle avait prié pour l’obtenir … Et le fait qu’il la regarde à peine n’était pas pour lui déplaire puisqu’elle avait des cicatrices de l’attaque de la nuit de Noël, apparemment redevenues douloureuses et qui auraient peut-être pu être confondues avec autre chose … Sait-on jamais …

La toux la reprit, et le vertige … Elle eut à peine le temps de se rattraper au chambranle … Sortir de chez-elle était au-dessus de ses forces, mais elle s’était engagée à faire vérifier cette mauvaise toux par la médicastre … D’ailleurs, elle ne lui avait même pas demandé où et avec qui elle avait fait ses études de médecine … Bah … Peu importait les diplômes … Pourvu qu’elle la débarrasse de cette toux et de cette fièvre … Et des vertiges aussi …

Dame Amberle avait l’air si préoccupé par un simple rhume … La Brinvilliers en avait presque eu pitié et avait dit oui pour lui faire plaisir … Mais maintenant, elle devait s’y rendre … Difficile trajet jusqu’à la taverne « La Chignoniaise » … Au moins dix minutes en temps normal … Elle en mit trente … S’arrêtant tous les trois pas … Grelottant et suant … S’épongeant le front et s’essuyant la figure et le cou … Elle finit par arriver devant la porte de la taverne … Elle avait oublié … Devait-elle demander après Dame Amberle ? Ou bien Dame Amberle l’attendrait-elle en salle … Ou à l’étage ??? Si La Brinvilliers entrait dans la taverne dans cet état et avec cette tête à faire peur, allait-on la chasser ? La placer dans un coin, une clochette autour du cou, comme les lépreux ?

La Brinvilliers poussa de toutes ses forces la porte qu’elle ouvrait habituellement sans problème et entra … Sans regarder personne, les yeux fixés au sol, elle se dirigea immédiatement vers la cheminée et s’installa sur un tabouret, le plus près possible du foyer … La chaleur du feu ne la réchauffa même pas …
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« Mieux vaut mourir debout que vivre toute une vie à genoux » (Emiliano Zapata)
Amberl
L'après midi durant, la berrichonne attendit la venue de la dame. Comment qu'elle s'appellait déjà ? Labrin... humpf. Marie Marguerite de son prénom... mais son nom entier ? Si la mémoire d'Amberle flanchait en ce qui concerne son nom, elle était certaine d'avoir fixer rendez vous au plus tôt dans cette foutue taverne.
Le temps s'écoulait, lentement. Personne en vue.. A chaque fois que la lourde porte en bois s'ouvrait, Amberle tournait la tête, espérant revoir la "poulette" comme disait l'proprio. Mais, à son grand dam, elle ne voyait que des berrichons en cure de poissons, ou chinonais qui venaient tous boire un coup. Quoi de plus normal pour une taverne...

Tortillant une mèche de cheveux, la brune essaya de noyer son inquiétude dans l'alcool. En vain. Un mauvais pressentiment la tenaillait. Plus elle buvait, et plus elle était certaine qu'elle n'avait pas qu'une banale maladie hivernale.
Elle n'aimait pas ca, la brune. Et qu'elle tournicotait, encore, toujours, ses cheveux, et qu'elle pianote de la main le comptoir... Gigote sans cesse. Incapable de rester sereine. Non, vraiment, quelque chose clochait. Ne voulant pas gâcher la soirée des gais lurons chinonais, Amberle prit congé d'eux, et monta à l'étage.

S'affalant comme une masse sur son pieux, elle secoua la tete. Marre de broyer du noir pour une inconnue qu'est pas fichue de s'pointer quand on lui offre de l'aide. La d'moiselle l'entendra chanter, demain, ou la prochaine fois qu'elle la verra. Oh que oui, et son répertoire d'injures fleuris sera utilisé dans son ensemble. Tsss.

***

Milieu de la nuit... Un bruit étouffé provient du bas. Un grincement de portes suivant de quelques pas hésitants... lents... chancelants. Un voleur ?! Nan ? Chinon est une ville si peu sure ? Se rhabillant vite fait, la berrichonne descend prudemment ... et découvre LA malade devant l'âtre.


Ptain, mais c'est à c'te heure ci qu'vous vous pointez ? Z'avez pas la notion du temps, 'spece de ...


Norf. Premiere fois qu'Amberle se tait. L'attitude de la "poulette" lui glaca le sang. Les perles de sueur étaient d'autant plus visibles par la luminosité dégagée par le feu.

Oh ma pauv' ptite dame...
Passant sa main sur son front, la berrichonne retira prestement celle ci, tant la demoiselle était brulante... Elle se les pelait, pourtant, la berrichonne. D'une pâleur incroyable, même la teinte orangée des flammes ne rosissait pas ses joues... Un mort vivant... Vivant car crachant ses poumons dans une toux rauque. Amberle fut frappée d'effroi. En Labrinvilliers, elle ne voyait qu'elle même, il y a quelques années de cela... malade ... atteinte de la peste. Les pires cauchemars nous rattrapent toujours.


Ne bougez pas, j'vous inspecte ici.


Otant les couches de vêtements un à un, la brune laissa échapper un cri en distinguant clairement des bubons sur tout son corps.


Oh m
erde ! Par tous les saints, c'pas possible...

Se pince le bras, la brune. Non, non, elle ne rêve pas. Déglutition lente, Amberle, essaye d'ébaucher un sourire à la donzelle. Les bubons naissent le second jour sous l'aine et l'aisselle, et, uniquement par la suite, se propagent sur le corps. Crénom. Plantant son regard dans celui, morne, de Labrin, la berrichonne sauta les pieds dans le plat, et annonca la couleur
.

Vous ...
Vous ... avez la peste. Mais on va vous soigner 's pas.

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Mourir pour des idées, d'accord, mais de mort lente ... Ou pas.
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Labrinvilliers
Enfin La Brinvilliers avait entendu des pas … La médicastre devant elle et qui la sermonnait ?!? Non, mais, elle était venue comme convenu au rendez-vous … Qu’avait-elle, l’autre, à s’énerver de la sorte … « Ptain, mais c'est à c'te heure ci qu'vous vous pointez ? Z'avez pas la notion du temps, 'spece de ... » Eh bien ? Où était le problème ? Il devait être … Euh … Il devait être environ … La Brinvilliers s’aperçut soudain qu’elle n’avait absolument aucune idée de l’heure … Elle leva la tête et se décida enfin à regarder autour d’elle … Vide … La taverne était vide et rangée … Elle aurait pourtant juré, après être entrée le regard rivé au sol, que celle-ci était pleine … Qu’il y avait des bruits de verre, des éclats de voix … Et maintenant, plus rien … Elle prenait conscience du silence et du faible crépitement du bois qui brûle dans l’âtre …

Une quinte de toux la détourna de ses pensées d’heure et de taverne à moitié pleine ou à moitié vide … La salle tournait autour d’elle et le plancher se soulevait et tanguait en même temps que son envie de vomir … Elle réussit pourtant à se retenir et à épargner les chausses de la médicastre …

Elle regarda la Dame qui commençait à la déshabiller … Elle savait bien qu’elle était ici pour cela, mais il faisait si froid … Elle tenta d’éloigner les mains qui tiraient doucement sur ses vêtements mais n’eut même pas la force de les obliger à s’arrêter … La Brinvilliers laissa retomber ses bras le long de son corps et grimaça … Encore ces douleurs … De drôles de boutons étaient apparus hier … Ou avant-hier … Ou il y a une semaine, elle ne savait plus très bien … Sûrement ses anciennes cicatrices de l’attaque de Noël qui s’étaient infectées … Elle aurait peut-être dû voir un herboriste plus tôt … Mais comme disait sœur Marie-Bertille du couvent des Ursulines de Saint-Denis où elle avait grandi, pour l’infection, rien ne vaut une belle feuille de plantain ! Elle avait pourtant appliqué des feuilles de plantain hier, mais elles n’avaient sans doute pas eu le temps d’agir …

Elle était quasi nue, grelottait et suait abondamment … Elle aurait tout donné pour une couverture bien chaude … Mon Dieu que ce feu était faiblard ! Elle voulut se pencher afin d’attraper une buche et ainsi alimenter le foyer, mais un vertige la fit vaciller sur le tabouret et elle eut tout juste le temps de se rattraper au mur … Saloperie de vertiges …

La peste … Elle venait d’entendre, comme dans un brouillard, la médicastre prononcer le mot peste … «Vous ... avez la peste. Mais on va vous soigner 's pas. » La Brinvilliers fit non de la tête … Pas trop virulent le non, tout de même, la tête lui tournait déjà suffisamment comme ça … Avec peine, elle sortit de sa besace un papier et le tendit à la médicastre …

Attestation de certificat Médical

Je soussigné, Hijikata, Médecin du duché de Touraine, diplômé de l'université de Touraine.
Atteste à ce jour le 02 février 1457 que dame Marie Magdeleine Beaurivage dite La Brinvilliers
est saine de corps, n'est atteinte d'aucune maladie et ne présente aucune trace d'une quelconque maladie sous jacente.

Fait valoir pour ce que de droit.
Fait le 02 février 1457 à Loches.

Hijikata


Donc, ce ne pouvait pas être la peste … Impossible … Puisque le médecin de Loches l’avait certifié … C’est elle, la jeunette, qui devait se tromper … Mais de toute façon, peste ou rhume, La Brinvilliers ne rêvait plus que d’une chose : un lit et une couverture bien chaude … Elle se laisserait docilement faire par la femme, pourvu que celle-ci lui donne une couverture … Elle attendit sur son tabouret, le regard suppliant et prononça d’une voix faible :

- Donnez-moi une couverture … J’ai soif, ma soeur … J’ai mis des feuilles de plantain comme vous m’aviez dit …

Et elle sentit le tabouret se dérober … Ou n’était-ce pas plutôt elle qui s’affalait sur le côté … Elle ne vit qu’une immense tache noire et sentit sa tête heurter le sol … Après, plus rien … La fièvre avait sans doute eu raison de ses dernières forces …
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« Mieux vaut mourir debout que vivre toute une vie à genoux » (Emiliano Zapata)
Amberl
La brune prend le papier tendu par Labrin...Villiers ! Oui, voilà, Labrinvilliers, elle a retrouvé le nom... en lisant l'attestation médicale, biensur, mais le déclic s'est fait ! Par contre, là, l'Amberle est embêtée. Vachement beaucoup même... Si Hiji, l'Doc dit qu'elle a pas la peste, alors que tout tend à prouver le contraire.. Norf de norf. Le murmure de Labrin ne lui laisse pas le temps de se perdre dans des considérations médicinales...
- Donnez-moi une couverture … J’ai soif, ma soeur … J’ai mis des feuilles de plantain comme vous m’aviez dit …

S'étrangle. Elle s'étrangle en étant le surnom... Ma soeur. Elle ? C'est bien à elle qu'elle s'adressait ? Amberle regarda par derrière, au cas où il y aurait une nonne dans les parages... Non, non. C'était bien à elle qu'elle parlait. Se tournant de nouveau vers Labrin, elle rectifie d'office le surnom.


Amb'. Appelez moi Amb', si vous voulez, mais plus jamais "ma ... "

VLAN ! Par terre, la malade. La brune n'aura même pas eu le temps d'aller chercher une couverture ou deux pour elle. Norf. Rhabillant avec patience la demoiselle, Amberle laissa échapper des jurons. Pourquoi les chambres étaient elles toujours à l'étage ? Hein ? Et qui allait se farcir la malade sur le dos ?
En déposant une couverture sur Labrin, et une en boule, qui fera office d'oreiller, la brune eut un déclic. L'proprio... il semblait fort - si si-, sympa, et pas assez con pour laisser filer deux clientes. Déposant une couverture sur Labrin, et une en boule, qui fera office d'oreiller qui s'était endormie à même le sol, Amberle tambourina à la porte de la chambre du "Juju". Trop long à ouvrir selon elle, la brune entre dans la pièce, s'en fichant éperdument du fait qu'il puisse être avec une dame.


AU FEU ! DEBOUT ! LEVES TOI !

Sure qu'il se réveillera plus vite ainsi. Amberle connaissait peu le Jul', mais avait suffisament cerné son caractère pour deviner qu'il lui aurait ri au nez devant un "Viens m'aider à porter la malade en haut". futée, la berrichonne. On dirait pas comme ca, mais y en a là dedans.

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Juliuz
Juliuz dormait d'un sommeil de bébé. Les poings fermés à coté de la tête il ronflait si fort que les murs en vibraient. Un filet de bave jaunâtre s'échappait de sa bouche qui béait.

Ses rêves l'avaient transporté au paradis : il voguait sur un océan de saindoux. Des gorets dodus bien roses flottaient à ses côtés lui présentant leurs meilleurs morceaux. Il pleuvait des andouillettes sur son radeau de saucissons mais la scène était nimbée d'un clarté rose émise par une tranche de jambon qui faisait office de soleil.

Son état extatique pouvait se deviner à la frimousse béate qu'il arborait entre deux ronflement aussi sonores qu'olfactifs.

Debout sur son radeau il s'était relevé la gueule ouverte pour happer les andouilles au vol tout en se saisissant des gorets à pleine main. Il engloutissait ces victuailles avec une dextérité à laisser pantois une pelleteuse mécanique.

Soudain les gorets autour de lui se mirent à crier AU FEU!!! AU FEU!!Effectivement une flammèche s'alluma sur son radeau et commençait à le consumer rapidement. Décontenancé par cet incendie aussi soudain qu'imprévu il sauta dans l'océan de saindoux et fût aussitôt happé dans des ténèbres glacées.

Il émergea ainsi de son sommeil, croyant encore tenir en son poing un gorets.


Hein quoi??? Qu'est c'est y donc qui se passe ici. Il se frotta les yeux de ses mains replètes et aperçu une silhouette féminine à contre jour qui gueulait.

Nan mais putain de bordel à cul de Satan de mes deux!! Tu vas la fermer ta gueule?? Ca va pas de me réveiller comme ça?? Mortecouille, t'as pas idée de ce que tu viens de me faire louper!

Qu'est ce que t'as?? hein??

Quoi?? le Feu?? comment ça?? Ya le feu chez moi???
Nom d'un Aristote de mes routons!! Qui c'est y qu'a foutu l'feu chez moué?? Nonnnnnnnnnnn, mon stock de barbaque!


Juliuz sauta de son lit tenant tant bien que mal son pagne crasseux et emboîta la pas à la donzelle qui descendait déjà devant lui. Bien qu'il ait perdu le goût de la chose depuis plus de 20 ans, ses réflexes testotéronés ancestraux contraignirent ses yeux à se river sur le postérieur avenant qui descendait les escaliers devant lui et semblait l'hypnotiser.

Une fois arrivé en bas il inspecta la pièce et constata qu'il avait été encore un fois dupé. Nulle trace d'incendie, tout était calme, seule une masse informe gémissait dans un coin.

Il apostropha Amberle d'un mouvement de menton.


Bon??? c'est quoi ct'arnaque?? J'vois bien qu'ya pas le feu, enfin ptête que toué tu l'as au derche le feu mais j'peux rien pour toi dans ce domaine!

Alors écoute moi bien! T'as intérêt à m'avoir sorti d'un rêve sublime pour une bonne raison sinon j'sens qu'euj m'en va éparpiller tes molaires jusqu'en Artois!
Amberl
Maudite chambre. A peine un pas dedans qu'un tremblement de terre infime se fit sentir. Norf de norf, au fur et à mesure que la brunette tentait de réveiller le Jul' , elle se dit qu'elle aurait du hurler au cataclysme. Ca aurait été plus crédible. Bien plus crédible déjà...

Se bouchant les oreilles avec ses doigts, la brune fut forcée de hausser la voix, répétant inlassablement la même chose. L'effort paye toujours, dixit l'adage, et le "bébé" ouvre enfin les yeux. Amberle ferme les siens une fraction de seconde, soupirant d'aise de ne plus entendre ses ronflements exécrables. Un peu de répit pour ses esgourdes, elle ne pouvait rêver mieux.

Répit qui fut de très courte durée. Le gros entama une litanie de jurons fleuris... Ah tiens, un de plus à rajouter dans son répertoire : Bordel de cul à Satan. Un peu grossier, mais soit. Intérieurement, Amberle se promit de ne plus jamais le réveiller. Et pourtant, avoir une minette en guise de réveil, c'est pas si affreux que cela, si ? Elle avait bien Lanterne, un foutu coq qui s'amusait à lui hurler dans les oreilles tous les matins. Les hommes sont d'un compliqué... Prochaine fois, ce sera Lanterne qui ira chanter pour Jul'.


C'que t'es chiant au réveil.

Au vu de l'affolement justifié du proprio pour l'état de sa taverne, la berrichonne comprit que trop tard son erreur. Dévalant l'escalier à toute vitesse, elle s'arrêta juste devant le corps de Labrin, et s'accroupit à ses côtés, caressant les cheveux de la gisante.

C'est pas une arnaque... J'voulais voir tes réflexes. D'ailleurs, t'es trop lent à descendre. Et si y avait vraiment eu le feu ? Hein ? Comment qu't'aurais fait ?

Toussotement léger, la brune


L'Artois ? J'y suis jamais allée, et toi ? J'suis jamais contre une virée là bas, que ce soit juste mes molaires, ou pas.

Mhm.. euh. Dis, maintenant qu't'es en bas, tu peux m'aider à porter la Dame en haut ? Elle ..a choppé la peste ... Elle est malade et faut l'allonger dans un lit... Si j'la trimballe seule, elle sera couverte de hématomes.

Tu m'aides ?


Avec un individu lambda, elle aurait surement opté pour la technique yeux de biches et minois charmant, mais là, ca n'aurait servi strictement à rien. Autant s'en passer et rester naturel, en attendant la gifle.


Allez hop, fous moi un pain, et on la transporte.

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Juliuz
Juliuz regardait la scène d'un air affligé, Amberle l'avait réveillé pour déplacer une agonisante, un presque cadavre en fait.

L'envie de gifler l'impertinente à toute volée l'assaillait mais il était encore trop engourdi de sommeil. Dans sa précipitation il l'aurait raté et serait allé valdinguer entre les chaises les quatre fers en l'air. La sagesse, qui lui était pourtant étrangère, lui conseilla de se limiter aux maugréments d'usage.


Grmblblb, Quoi?? c'est pour ça que tu me dérange?

Juliuz souleva brièvement la couverture qui cachait Labrinviliers et recula d'effroi tant l'odeur était insupportable bien que son nez était habitué à toutes sortes d'effluves nauséabonds qu'il émettait lui-même.


Mais j'la r'connais! Elle grelottait déjà tout à l'heure. La peste dis-tu?? Vu ce qu'elle schlingue tu pourrais bien avoir raison!

Ben au final t'as bien fait de m'prévenir, on va pas la laisser là ça va affoler les clients.


Il passa derrière le bar et après avoir fouillé parmi le fatras en sorti une pelle.

Bon! Pas de temps à perdre, on va aller creuser un trou dans le jardin pour l'enterrer vite fait avant que cela ne se sache. Faut juste qu'euj trouve un peu de chaux.

Il regarda Amberle et comprit que la solution qu'il lui proposait ne l'enthousiasmait guère.

Quoi qu'est ce qui ya???
Oui bon elle est pas encore morte mais c'est tout comme! T'as pas l'courage d'abréger ses souffrances? Dans son état ca serait vite fait : un coup de pelle sur la nuque et hop on en parle plus!

Comment ça à l'étage??? Qu'est ce que tu veux que je foute d'elle la haut?? Sitôt montée elle va canner et faudra la redescendre dans une caisse en bois! Nan mais tu t'rends comptes de c'que ça va m'coûter ces conneries?
Si j'la monte la haut faudra que je brûle tout ce qu'elle a touché!
Et en plus avec la toux qu'elle se paye elle va faire fuir mes habitués qui s'emboîtent avec des donzelles tarifées!

C'est un cloaque ici, pas un hospice! Bordel de fiente d'âne à poil à dru!

Tu comptes faire quoi. la soigner?? J'y suis passé en Limousin, j'crois pas qu'y ai le moindre contaminé qu'est survécu de cte saloperie. Quoique saloperie... elle a bien fait mon affaire la bas : un mourant n'a besoin de rien j'ai donc beaucoup hérité. Mais là...pffffff, Qu'est ce que tu veux queuj fasse de cette pestiférée??
Amberl
Grognement de la brune, qui avait anticipé une telle réaction. Les vieux croutons sont prévisibles. Surtout les brigands pragmatiques.

T'es borné et débile toi, ou tu l'fais exprès pour ne pas monter ce foutu escalier ?

La berrichonne s'impatientait, et pas qu'un peu. Si fait, la


Oué, elle est po belle à voir, et clamsera sous peu si tu continues de parler sans cesse. Allez, hop hop, choppes ses bras, j'prends les pieds, on f'ra causette en la transportant.


Joignant le geste à la parole, Amberle attrapa les jambes de la "poulette".

Dépêches toi un peu, crénom d'une pipe. Restes pas les bras ballant. Voui, on va la soigner.

T'imagines, toi ? Une taverne dans laquelle les gens y meurent ? Mauvaise pub, nan ?
Surtout si une garce s'empresse de dire à tout le monde que c'est d'la faute du proprio, parce qu'il n'a pas voulu soigner la blessée.


Du chantage ? Oui, carrément. Et le Jul' avait intérêt à la croire, car dans le genre chieuse, Amberle est passée maître en la matière. Sale gosse certifiée conforme, qui s'amuse de voir le gros douter... puis s'exécuter de mauvaise grâce. Sage décision...

Clopin clopant, le corps de Labrin est transporté, trimballé sans ménagement... Autant Amberle que Juliuz y mettant de la mauvaise foi.


Ce que j'compte faire ? Appeler un toubib, d'abord, puis m'occuper d'elle en l'attendant.
Et dis pô d'conneries... On peut en ressortir vivant, de c'te fléau. La preuve, j'suis devant toi, et pourtant j'ai choppé c'te épidémie il ya .. pffffiou ... une paire d'années.

Râles pas, dis toi que Labrin sera une cliente fixe pendant quelques jours.

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Juliuz
Juliuz se sentait surtout attiré par le sommeil.
Plus vite fini, plus vite couché se dit-il en soupirant

Il attrapa la poulette par les pieds et mis en branle l'attelage en direction de l'escalier. Arrivé à ses pieds il s'arrêta et anticipa une remarque désagréable de la teigne qu'il avait en face de lui.


Ouais j'm'arrête qu'est ce tu crois! On passera pas à trois dans l'escalier ainsi! Allez zou! j'ai pas b'soin d'tes p'tits bras tout mous pour monter cette brindille.

Il saisit Labrinvilliers par les épaules pour la faire tenir contre le mur, chancelante, la tête ballante sur le côté figée dans une expression christique.
Il se baissa puis la fit basculer sur son énorme épaule adipeuse qui devait offrir le confort d'une miche triple épaisseur moelleuse à souhait.

Labrinvillers émit un gémissement plaintif qui vint entrecouper une litanie très faible, presque inaudible lorsque Juliuz se releva et grimpa les escaliers.


Hé bé, d'habitude sur mon épaule ça ronronne, 'fin là, elle doit être tellement mal qu'elle en délire.

Arrivé à l'étage il marcha d'un pas décidé vers la dernière chambre, passa la porte en recouvrant la tête de la poulette de son énorme main pour éviter de la blesser sur le chambranle et, avec toute la délicatesse dont il était capable, l'allongea ou plutôt la jeta sur le lit. Elle gémit de nouveau un son sans consistance.

Il sortit de la chambre en fermant la porte satisfait d'en avoir terminé et son visage s'illumina à l'idée de pouvoir aller se recoucher.
Il fit trois pas dans le couloir avant de se rembrunir aussitôt.

Nan!! mais quel sombre crétin de la pire espèce fini à la pisse que je fais! C'est dans ma turne que j'viens d'l'allonger!!! Mais quel abruti bercé trop près du mur!

Le patron de la Chignioniaise se tourna alors vers Amberle qui l'avait suivi et lui jeta un regard noir! Avant de l'interpeller, index levé et les sourcils si froncés que son gloitre lui remontait de part et d'autre des joues.
Bon écoute moi bien toi là hein! Qu'elle crève ou pas j'm'en tamponne le coquillard, J'peux pas faire plus que d'lui refiler ma piaule, Maintenant tu te démerdes comme tu veux, tu la soignes ou tu l'achèves si t'as envie mais tu viens plus m'emmerder avec ces conneries.

Il écarta Amberle de son chemin du revers de son bras et descendit l'escalier dont chaque marche craquait ou plutôt gémissait sous les pas lourds du brigand ventripotent.
Dans un angle son fauteuil préféré l'appelait de tout son cœur et il s'y affala en espérant rejoindre les bras de Morphée pour poursuivre le rêve merveilleux dont Amberle avait eu l'outrecuidance de le sortir.
Labrinvilliers
[Une tempête nommée délire]

La petite Marie Magdeleine se réveilla … La nuit noire l’entourait, les autres gamines devaient dormir … Elle se leva en silence mais ne put s’empêcher de grimacer et de gémir … La peau lui brûlait … Était-elle donc tombée dans les ronces en courant après cette chipie de Victorienne à la récréation ? Elle ne s’en souvenait pas, mais c’était sûrement cela, tous ces boutons … Surtout, ne pas les montrer à sœur Anne-Marie-de-la-béatitude, l’herboriste du couvent … Cette saloperie était bien capable de lui faire avaler un plein verre d’huile de crapaud fermenté dans du venin de serpent … Histoire qu’elle ne recommence pas à courir … « Une jeune fille bien ne doit jamais courir, à moins d’être poursuivie par le Diable en personne »« Mais à quoi reconnaît-on le Diable ? » Cette question, elle ne savait trop pourquoi, lui avait valu une gifle de sœur Térésa … Il est vrai que sœur Térésa n’aimait pas parler du Diable qui poursuivait les jeunes filles biens dans la rue … « Mais à ses pieds fourchus, idiote ! » Victorienne avait voulu lui faire peur … Depuis, Marie Magdeleine, dès qu’elle le pouvait, examinait attentivement ses pieds et zyeutait ceux des autres gamines en douce … On n’était jamais trop prudent … Sœur Térésa n’avait-elle pas dit que le Diable était partout ???

Marie descendit du dortoir mais se retrouva, non pas au réfectoire, mais aux cuisines … Étrange … Elle aurait pourtant juré … Le Diable pouvait-il s’amuser à changer le réfectoire de place pendant la nuit ?

Tous les matins, à l’église, le prêtre buvait du vin et mangeait du pain … Ce devait être sans aucun doute afin d’éloigner le Diable … Sinon, pourquoi s’empiffrer devant des gamines abruties de sommeil et à moitié morte de faim ? Marie eut alors une idée … Si le Diable s’était amusé à remplacer le réfectoire par les cuisines, elle allait le faire fuir comme le ferait le curé … Elle se dirigea vers le comptoir, y prit toutes les bouteilles qu’elle trouva, réussit à en ouvrir quelques-unes et but de longues rasades de liquide qu’elle ne connaissait pas mais qu’elle prit pour du vin de messe … Lorsqu’elle n’arrivait pas à les ouvrir ou lorsqu’elle ne put plus boire, elle décida de casser les bouteilles et de renverser par terre le liquide, sur toute la surface du sol, sur les tables, les chaises … "Tiens, un tonneau" … Somme toute assez facile à ouvrir en tapant dessus suffisamment fort, avec une petite hache … Le vin coulant par terre effraierait à coup sûr le Diable et l’éloignerait du couvent des Ursulines de Saint-Denis au moins jusqu’aux prochaines Pâques …

Une bonne odeur de Viande vint la distraire de sa tâche … Elle ouvrit une porte et vit ce qu’elle n’avait encore jamais vu, jamais imaginé, même dans ses rêves les plus fous : des saucissons pendaient du plafond, des jambonneaux, du lard salé, de la viande partout ! Et le Carême qui approchait ! Marie Magdeleine faillit s’évanouir … Elle prit un flacon qui sentait fort le vinaigre et qui piquait le nez et les yeux comme le vinaigre que cette saloperie de sœur Anne-Marie-de-la-béatitude la forçait à respirer lorsqu’elle avait mal à la tête … Et elle badigeonna généreusement les jambonneaux, saucissons, andouillettes et toutes les venaisons empilées amoureusement sur des étagères, véritables abominations pour tout chrétien qui se respecte !

Elle sursauta … Dans un coin de la cuisine, la grosse sœur Marie-Bertille ronflait, affalée dans son fauteuil préféré … Les gamines entre-elles racontaient que toutes les nuits, la grosse sœur Marie-Bertille montait la garde dans les cuisines afin que personne ne vienne se servir en douce … Mais Marie Magdeleine s’en foutait … Elle, elle l’aimait bien sœur Marie-Bertille … Même sa mauvaise haleine et ses vêtements qui sentaient la sueur et le linge mal lavé ne la rebutait pas … Marie Magdeleine aimait se réfugier dans son giron, et se faire materner par cette grosse femme brusque et gauche mais toujours à sortir un bout de gâteau de son tablier pour consoler une gamine esseulée …

Marie Magdeleine s’approcha doucement d’elle … C’est vrai qu’elle puait … Peut-être un peu plus que d’habitude … Marie fut prise d’un doute et se pencha vivement pour voir ses pieds : ils étaient sales, sentaient mauvais, les ongles des orteils étaient sales et longs, mais au moins, les pieds n’étaient pas fourchus … Rassurée, la gamine grimpa sur les genoux de la grosse sœur Marie-Bertille, se blottit sur son énorme poitrine et s’endormit aussitôt, malgré des ronflements à rendre sourd dingue une armée faucheuse sur le pied de guerre …
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« Mieux vaut mourir debout que vivre toute une vie à genoux » (Emiliano Zapata)
Juliuz
Juliuz dormait à poing fermé sur son fauteuil mais sentait quelque chose lui peser sur la vessie. Il ouvrit un oeil embruni avant de constater que Labrinvilliers l'avait pris pour un matelas. Elle dormait, moins fiévreuse que la veille sur ses genoux.

Il laissa échapper un soupir de lassitude


Pffffffff, ah putain je savais bien que celle là il aurait mieux valu de l'enterrer dans le jardin tant qu'il en était encore temps! souffla-t-il agacé.

C'est cte satanée garce d'Amberle qui était censée s'en occuper. Où c'est y quelle est passé cte furie.

Amberle!!!!!!!!!! Amberle!!!!!!!!!! Bordel de Dieu Amberle!!!!!!!!!!!
Sors de ton trou et viens m'débarrasser de cte morceau d'cadavre! Pas un hospice ici!!


Il souleva Labrinvilliers qui dormait en la tenant sous le cou et les genoux et attendit que Amberle se pointe.
Amberl
La berrichonne soupira d'aise, son plan avait fonctionné mieux qu'elle ne l'avait espéré. Non seulement le Jul' ne l'avait pas tant engueulé que ca, mais en plus il avait porté la pestiférée seule. Cachant avec grand mal un sourire, elle avait regardé la scène, sans commentaire. Comme quoi, les grincheux ne sont pas si inhumains qu'ca. Vlà ti pas qu'il refile sa piaule à la poulette... Le sourire d'Amberle s'accentue, la brune en venait à se demander s'il était vraiment un crétin, ou s'il faisait exprès de se donner un air méchant. Baste, la malade était bien au chaud. Alors que le Jul' engueulait la brune comme du poisson pourri, elle pensait déjà aux soins du lendemain. Un hochement de tête pour toute réponse -ben oui, vu le ton employé, mieux valait se taire- Amberle alla se coucher à son tour, sans avoir prêté une once d'attention à ce qu'avait dit le gros tavernier.

Allongée sur sa paillasse, elle laissa voguer son esprit loin de toutes ses préoccupations, emmenant la brune dans un sommeil lourd... mais pas encore assez lourd pour ne pas entendre le raffut qui se passait en bas.
Des casseroles qui s'entrechoquent, des bruits de verres. Dans un long soupire, Amberle se lève, sans se rhabiller. Vêtue d'une simple chemise, la brune se dirigea d'abord dans la chambre du Jul', afin de voir si la malade se porte bien, ou si c'est le proprio qui est en train de se goinfrer, privilégiant la seconde hypothèse... Le lit vide lui démontra le contraire, à son grand dam.


C'pas vrai... Elle a disparu. Quelle chieuse... Pffff. Et ca va m'retomber dessus.


Grommelant intérieurement, la brunette pesta contre cette nuit qui n'en finissait pas. Et vlà que le gros s'y mettait en l'appelant de plus en plus fort. Devant un tel affolement, Amberle émit plusieurs hypothèses.
Soit il n'y avait plus de cochonnailles, et il la tenait pour responsable.
Soit il n'y avait plus de bière, et il savait que c'était elle qui avait tout bu. Déduction assez logique, vu qu'elle squatte la taverne.
Soit la poulette avait disparu, et c'était un cri de joie.
Soit elle était morte... Et il voulait son aide pour la mettre sous terre.
Haussant les épaules, la brunette jeta un coup d'oeil au dessus de la balustrade, afin de savoir à quelle sauce elle allait être manger. Un éclat de rire fusa devant une telle scène.


Oooooh tonton Jul' berce son joli bébé. Areuh areuh areuh


Moqueuse ? C'est juste une illusion...
Descendant les escaliers lentement en ignorant les vociférations du tavernier, Amberle se foutait ouvertement de lui, et arriva juste à temps pour entendre le sermon ressassé une bonne dizaine de fois dans cette soirée interminable... Réprimant une grimace à la vue de ces bubons à fleur de peau, la brune n'aborda pas le registre altruiste, ou il allait encore proposé de l'achever. Un bubon explosa juste au moment où la berrichonne s'approcha. Cachant son écœurement, Amberle changea de sujet, ignorant volontairement la maladie, et réplique, sur un ton qui se veut léger et amusé...


Jul, t'as des mioches ? J'suis certaine que tu ferais un bon père. En tous cas, tu maitrises avec classe le maintien des enfants.
On la remonte, et on ferme à clef sa chambre. Promis, j'te dédommage de ce qu'elle a bouffé, et de ce qu'elle a bu.


Balayant des yeux le sellier, Amberle écarquilla ses mirettes. Vindijouou, c'est qu'elle n'y est pas allé de main morte, la mourante! Jamais la berrichonne ne pourrait rembourser tout ca. Une cave à moitié vide, des sauciflars entamés mais pas terminés, des tonneaux percés sans être bu jusqu'à la dernière goutte. La brune secoua la tête, navrée de voir pareil spectacle. Quel gâchis de voir tant de bière couler au sol, sans finir dans le gosier de la berrichonne. Un vrai crève-coeur pour une poivrotte dans son genre.

Tant bien que mal, Amberle détacha son attention du sellier, et se tourna vers le proprio, dépitée.


Toujours pas b'soin d'aide pour la monter ? Sans jeux de mots, 'spece de pervers.

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Mourir pour des idées, d'accord, mais de mort lente ... Ou pas.
"Y a Amberle, une vraie perle"
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Labrinvilliers
[Autant en emporte le délire]

La petite Marie Magdeleine se sentit soulevée et comprit que sœur Marie-Bertille avait fini par se réveiller et qu’elle l’avait prise dans ses bras pour la bercer … Elle essaya d’ouvrir les yeux, difficilement à cause des bubons qui lui couvraient les paupières … Deux fentes, donc, se posèrent sur la bonne sœur et elle dit, d’une voix faible et un peu enfantine :

- Oh, sœur Marie-Bertille, je vous aime … Vous êtes tellement gentille, je veux un gâteau et j’ai soif …

Sa tête retomba sur l’épaule de la grosse sœur … Elle entendait une voix d’homme gueuler … Qu’est-ce que le jardinier faisait à l’intérieur du couvent ? Lui qui devait, en tout temps, se cantonner à l’extérieur, aux jardins et aux pelouses, mais n’était en aucun cas supposé entrer dans l’intimité des religieuses … Tentations devant toutes ces femmes … Ou tentations devant cet homme unique après des années de privations … Elle était trop jeune pour se poser vraiment la question, mais elle savait, pour sûr, qu’il ne devait pas être là ! Elle leva avec peine la tête dans la direction des cris et l’aperçut enfin, à travers ses yeux réduits à des fentes purulentes … Non seulement il se tenait à ses côtés, mais c’est lui qui semblait la tenir dans ses bras ! Le diable dont parlait sœur Térésa et qui courait après les jeunes filles bien ??? S’apprêtait-il à l’enlever et à lui faire Dieu sait quoi ? Son esprit fiévreux était incapable de réfléchir autrement qu’à l’instinct et à la panique … Elle réussit à soulever ses bras, malgré son extrême faiblesse et la douleur, et elle empoigna les seules choses que, dans sa situation, elle pouvait empoigner : les oreilles … Ses mains couvertes de bubons s’accrochèrent fermement aux oreilles du jardinier et commencèrent à les tirer et à essayer de les arracher … Les bubons éclataient les uns après les autres … Son cri, bien que faible, résonna dans la pièce :

- Vous êtes le Diable ! Au secours ! Mon Dieu, protégez-moi ! A l’aide ! Le jardinier me tue ! Au Diable ! Au Diable ! Vos pieds sont fourchus !

Ses cris avaient eu pour effet de faire éclater les bubons sur et autour de ses lèvres, et elle sentait le pus couler sur son menton mais également dans sa bouche … Quelle horreur, ce goût … Elle se mit à cracher sur le jardinier, cracher ce liquide au goût affreux … D’où venait cette chose visqueuse et étrange qui lui emplissait la bouche ? La petite Marie Magdeleine n’aurait su le dire … Mais à coup sur, c’était le Diable, le jardinier le responsable !

- Au Diable ! Au jardinier ! Que m’avez-vous fait ! Ce liquide dans ma bouche … C’est une invention diabolique, je le sais bien !

Et elle lui crachait dessus de plus belle, le liquide lui emplissant toujours la bouche …

Epuisée, elle laissa retomber sa tête de nouveau sur l’épaule du jardinier … La fièvre montait et son esprit s’affolait de plus en plus … Des images lui revenaient, décousues et sans signification pour son esprit malade … La voix au-dessus d’elle … Elle entrouvrit ses yeux malades et vit un homme … Son homme ???

- Abélard ? C’est toi ? Tu es revenu ???

Elle se trouvait donc dans les bras de son homme !!! Il était revenu pour elle ! Trop faible pour se soulever jusqu’à son visage, elle lui attrapa les oreilles à pleines mains suintantes et tira dessus de toutes ses forces afin de se soulever et de pouvoir embrasser l’homme qu’elle aimait, l’homme qu’elle tuerait … Sa bouche purulente se plissa en une amorce de baiser, ses lèvres tendues vers celles d’Abélard, malgré la douleur des plaies ouvertes et malgré ce liquide visqueux au goût affreux qui continuait de lui emplir la bouche et de lui couler sur le menton … Ses lèvres s’approchaient … Si seulement Abélard n’avait pas eu la tête levée vers le plafond à crier à plein poumon après quelqu’un pour une raison inconnue, elle aurait réussi à l’embrasser … Mais elle tenait bon les oreilles et ne désespérait pas de réussir à mettre ses lèvres tout contre les siennes, dès qu’il aurait fini de gueuler, dès qu’il la regarderait …

Tout occupée à tirer sur les oreilles et à se rapprocher de la tête de son homme, La Brinvilliers ne s’aperçut pas que ses forces, d’un seul coup l’abandonnaient … Elle ne vit qu’une immense tache noire devant ses yeux … Un bourdonnement dans ses oreilles lui fit perdre la voix d’Abélard … Et elle sombra dans l’inconscience, au pays des rêves fous du délire, où sœur Marie-Bertille, le jardinier du couvent et Abélard seraient sûrement bien présents …
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« Mieux vaut mourir debout que vivre toute une vie à genoux » (Emiliano Zapata)
Amberl
[Quand une pestiférée devient pestouille]

Alors que le Jul' restait pensif devant l'argumentation si pertinente, si convaincante de la brune têtue, la malade se réveilla... doucement ... Par un murmure incompréhensible de là où était placée Amberle. La berrichonne sourit en coin, ravie de constater que la poulette n'avait pas encore rendu son dernier souffle ... et la voir se rendormir lourdement sur l'épaule du gros Jul' lui arracha un petit rire. La brunette était loin d'imaginer que la malade allait se transformer en furie. Le cri de la pestiférée la fit sursauter. Le Diable ? Le jardinier ? On la tue ? Ses pieds ? Ma qué qu'elle dit l'autre?
Les sourcils en circonflexes, Amberle secoua la tête, et haussa la voix pour s'adresser au proprio, qui devenait de plus en plus grincheux. Norf. Mauvais signe, ca, très mauvais.


Juuuuul' ! Elle délire, grouille toi de m'aider à la mettre dans sa piaule.


Trop altruiste, la brune. Ca la perdra un jour... ou tout d'suite. Les bubons qui éclataient sur le visage de la malade lui donnèrent envie de vomir... Quittant la pièce quelques instants, Amberle ouvrit la fenêtre et déversa son écœurement par dessus... Son estomac était noué par la panique, mélangé à la peur d'être contaminée, et la vision cauchemardesque de la "poulette". Respirant à pleins poumons un bol d'air frais, la brune prit sur elle, et retourna dans la pièce, frigorifiée mais requinquée...jusqu'à la prochaine fois. Elle ne put contenir un éclat de rire.

La pestiférée avait attrapé les oreilles de Juliuz, et essayait de l'embrasser. Les lèvres en forme de coeur patientaient .. et trépignaient d'impatience. Avant de se rendormir comme une masse. Amberle avisa le grognon de service..


Plus vite elle sera enfermée, et enchainée à son lit, plus vite on pourra la soigner et tu auras la paix.
J'sais que t'en as pas envie, mais t'es pas un monstre... T'es un brigand. Et retraité en plus. Tu vas pas nous la jouer gros dur sans cesse ?

Allez, hop. Aides moi.


Ralant, bougonnant, le tavernier attrapa le corps inerte de Labrin et le porta comme un vulgaire sac. Trimballé sans délicatesse, Amberle crut même voir la tête de la poulette heurter la rambarde. Illusion d'optique ou réalité crue ? Aucune certitude...
Une fois la pestiférée allongée sur le lit, le Jul' lança un regard noir à la berrichonne, et fit un pas pour partir. Mais Amberle sait être chieuse par moment, et lui barra la route.


Attends... Dernière chose, et je te fous la paix royale. Si si. Je sais le faire de temps en temps. Tu peux aller me chercher :
Des chaines, des ceintures, de la ficelle, des menottes si tu as, bref, tout ce que tu peux avoir pour m'aider à l'attacher au lit.
Ainsi qu'un cadenas pour la porte ? Et me donner la clef de celle ci, bien sur.

S'te plait...

Ah! Et ... plusieurs bassines. Trois au minimum.


Une pour une éventuelle saignée ... Une pour que Labrin puisse y vomir sa bile... Et une dernière pour qu'elle même puisse le faire.
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