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[RP] Bordel de cochonnou, l'a eu la peau du Juliuz !

Jarnsaxa
Jarn avait devancé Ness de peu et était arrivée dans le bouge alors que la fête battait son plein…La sueur lui collait les cheveux aux tempes et son souffle était presque sifflant d’avoir tant couru.. .son regard balaya la taverne, ne s’attardant sur personne de corpulence apparemment plus légère qu’une barrique … toute personne fluette ou juste de silhouette à peu près normale ne l’intéressait pas le moins du monde… La môme cherchait le rond, le flasque, le bedonnant, l’odorant, le tonitruant, l’énorme… ce n’était point lubie ou fantasme étrange voir inavouable d’une gamine un peu folle quoique…

La ptiote qui n’en n’était plus vraiment une commençait à penser que l’information qui leur avait été donnée quand à l’éventuelle direction du gros de ce bouge infâme était erronée …point de Juliuz ici…que des soiffards , des filles , de la fumée , des rires et des cris d’humains avinés … La déception de Jarn se lisait sur son visage ! Le gros lui avait pourtant appris à taire un peu ses émotions afin d’être plus efficace en ce qui concerne la gaudriole, ne pas laisser ses yeux trop briller lorsque une bourse ronde se laisse voir à travers un vêtement … empêcher ses joues de rosir du plaisir d’en sentir le poids lorsqu’elle s’en emparait, ne pas afficher un sourire imbécile d’avoir réussi son larcin.. des heures et des heures de patience pour le gros qui l’avait rencontrée et pincée ainsi alors que la môme alors âgée de 13 ans avait tenté de lui faire les poches sans savoir évidemment qu’elle avait affaire au brigand le plus roublard de tout le royaume sans doute ! des heures de fous rire aussi lorsqu’elle tentait de mettre en pratique les leçons de Jul en taverne sous l’œil attendri de son maître à voler et qu’elle progressait à vue d’œil, affichant un visage d’ange qui attendrissait tout le monde alors que ses mains farfouillaient poches et besaces…
Jarn sentit la présence de Ness derrière elle, se retourna et vit sa mine tout aussi déconfite …

Mais Ness ne s’était pas contentée de ne regarder que le plancher des vaches et avait élevé son visage vers l’étage ; lorsqu’un sourire vint l’éclairer, Jarn comprît que l’antre était bien celui de ce gros ours de Juliuz ! D’une volte face rapide elle n’eut que le temps de le voir dévaler les escaliers, faisant sauter ses chairs en tout sens alors qu’il hurlait comme un forcené :
« mes déeeeeeeesssssseeeeesssss !!!!!!!!!!!! »
« Mon grooooossssssssssssssssss !!!!!!!!!!! »

L’inénarrable chute qui s’ensuivît était tellement spectaculaire et comique que Jarn entreprît alors de ressembler à un poisson cherchant l’oxygène tant ses yeux et sa bouche étaient écarquillés…puis un fou rire la prît devant toutes ses roulades et l’air complètement consterné de l’assemblée. Ses épaules secouées de tremblements, se tenant le ventre et tapant du pied de peur d’inonder le sol de toutes les bières qu’elle avait bues avec Ness , le rire appuyant sur son bas ventre , elle riait toujours lorsqu’elle se rendit compte qu’un étrange silence régnait à présent dans la salle si bruyante quelques instants auparavant…
Son rire se figea d’un coup en entendant Ness supplier Jul …

Les minutes qui suivirent furent les plus atroces de sa jeune existence, les plus longues , les plus glaciales…Jarn restait là sans réagir à ce qui se passait autour d’elle, fermant tout vannes entre elle et le monde, refusant simplement de vivre ce qu’elle entrevoyait de ses yeux embués …des pleurs de Ness elle ne saisissait pas le sens , absente qu’elle était à elle-même… Imaginer ce monde sans Jul , elle n'était tout simplement pas armée pour ça... il lui manquait comme une case prévue à cet effet, et ce qu'elle ressentait à cet instant était rien moins qu'un gouffre , un non lieu , le néant.
Puis ses yeux la ramenèrent à la vie en s’inondant des larmes épaisses et brûlantes, se frayant un chemin sur ses joues telle la lave qui laisserait à jamais des sillons.

La môme redevenue enfant à cet instant regardait l’agitation autour du gros sans chercher à y participer , ayant compris à son regard figé et béat que tout était fini…que cette masse n’émettrait plus aucun son , serait à jamais inerte telle une baleine échouée… elle aurait voulu faire des choses mais restait là pétrifiée et inutile , voir encombrante puisqu’on la poussait ça et là selon les allées et venues .
Un homme recouvrît son visage et là Jarn se rendit compte à cet instant précis que tous les rêves échafaudés dans sa caboche s’évaporaient sans plus d’importance qu’une simple buée, rêves desquels Jul n’était que rarement absent ou juste momentanément, rêves ridiculisés par une peau de sauciflard pernicieuse.
A chaque seconde elle le voyait se relever , l'air idiot du couillon qu'a fait une bonne blague et de son rire gras se foutre de nos mines catastrophées ...mais non... rien ne bougeait plus ... la môme lui aurait bien rendu toutes les taloches qu'il lui avait infligées à présent , histoire de lui faire savoir qu'elle n'était pas du tout d'accord avec sa blague foireuse..

La vision de ce tissu le recouvrant lui était insupportable … elle s’avança , s’agenouilla et le lui retira ,puis prît son gros visage dans ses mains et embrasse ses lèvres molles longuement , espérant peut être sans le savoir lui redonner un souffle à jamais éteint, le baiser dura un temps qu’elle ne compta pas , sachant intimement qu’elle vivait ses derniers moments avec celui qui l’avait plus aimée qu’un père…un baiser oui...un simple "bisou " était tellement mijoré face à l'attachement qui l'unissait à lui . Elle senti une main sur son épaule et détacha ses lèvres du gros pour se réfugier dans les bras qui s’offraient à elle.
Labrinvilliers
Elle avait peu de souvenirs du bonhomme … L’avait très peu connu, trop peu, à voir la douleur de ses amis et l’affliction d’une au perpétuel chignon …
Peu après son arrivée à Chinon, La Brinvilliers était tombée malade … La peste … Mais c’est la taverne du gros Juliuz qu’elle avait adoptée avant la fièvre et les bubons …
Allez savoir pourquoi, elle avait fait le tour de toutes les tavernes, celle du gros était la plus sale, la plus puante, avec des bestiaux courants entre les pieds des clients pour la plupart douteux, des putrelles à peine pubère sur les genoux, des chambres à l’étage où chacun montait, généralement accompagné, et en redescendait quelques courts instants plus tard, l’air satisfait, soulagé ? Remontant leurs braies, ajustant leur ceinture et reprenant leur chope de vin en gueulant encore plus fort qu’avant leur petite escapade …
Mais l’endroit lui avait pourtant plu …
Sa vie, sa vraie vie, la belle et la moins belle, de celle que l’on rencontre et que l’on évite ou de celle que l’on croise et qui nous fascine …

Bref, La Brinvilliers, vite appelée par son surnom par le taulier, avait élu domicile à La Chignoniaise … Et puis la peste …
La Poulette avait peu de souvenirs du gros Juliuz … Peu de souvenirs, mais étrangement, beaucoup d’images …

Ses oreilles … Elle revoyait les oreilles du tavernier … De grosses oreilles, charnues et offertes, vulnérables et douces, au lobe qui pendait sur un cou de taureau …
Le cartilage souple mais bien ancré dans le crâne … Des oreilles énormes comme leur proprio, dures et moelleuses, tellement accueillantes …
La Poulette se voyait agrippée à ces deux poignées, les mains remplies de cette chair molle et chaude … Elle se revoyait, les oreilles en main, tirant dessus en avançant les lèvres … L’avait-elle embrassé ?
Elle se revoyait dans le lit du Jul … Nue et fiévreuse … De quelle fièvre ? S’était-elle offerte ?
Elle se revoyait bercée dans ses bras flasques et enrobants … Sa tête posée sur l’épaule charnue, comme le plus moelleux des coussins … L’avait-il câlinée ?

Même si elle avait en tête les mots du gros, bribes de phrases, bouts de conversations …
Il voulait la tuer ? Un coup de pelle derrière la tête ? NONNNNNN ! Jamais il ne l’aurait fait …
Dur au cœur mou … Dodu de partout, offrant sa haine et son amour à qui les méritait …

Elle l’avait peu connu … Peu de souvenirs … Rien que des images …

S’étaient-ils aimés ???
_________________

« Mieux vaut mourir debout que vivre toute une vie à genoux » (Emiliano Zapata)
--Les_zanimaux_du_jul
[Quand la rumeur se propage au bestiaire]


Pssst...
grouick ?
Vous sentez l'odeur ?
Celle de mort, qui se rajoute à l'odeur habituelle du Jul' ?

Gros silence parmi les bestioles.
Elles digèrent la nouvelle, enclines à verser une larmichette, comme tout le monde. C'est le minimum du politiquement correct, après tout, une mort reste triste.

Oui, mais...


Il est vraiment mort ?
Il viendra plus jamais nous voir ?
Mais si le fait qu'il soit mort veut dire qu'il viendra plus jamais nous voir, alors...


YEEEEEEEEEEEEPEEEEEEEEEEEE !!!



Une vague d'allégresse secoue toute la populace, la foule est en délire, une ola de bonne humeur qui se répand parmi toutes les bêbêtes du coin!!
Regardez les cochons qui sautent et qui grouinent à qui mieux mieux, admirez les braves bovins qui pleurent de soulagement à l'idée d'un lendemain sans crainte de voir leurs proches enlevés et sacrifiés sans merci sur l'autel de la gourmandise de cet ogre qui semble, à cet instant, si apprécié de ses congénères humains!

Cela s'agite, caquette, brait, jappe, bêle, cancane, vole, fait des ruades, grogne, jacasse, court, gambade dans tous les coins! Toute une tripotée des familles des victimes du gros Juliuz qui est en liesse, enfin, leurs pères, leurs mères, leurs frères et leurs soeurs...ohohoho... vengés!! Et voilà qu'il y en a pour s'étreindre, d'autres s'embrassent fougueusement sous le coup de l'émotion, les rires et les cris de joie retentissent, les jours qui viennent verront naître toute une nouvelle génération libérée de cette peur du boucher -certains penseront qu'il y a autant d'animaux uniquement parce que le Jul' a arrêté de décimer la population, mais ne vous y trompez pas-.
Ce monstre est mort, fêtons son départ, mes frères!! Enfin, le Très-Haut s'est montré miséricordieux!!


La fiesta dura toute la nuit, et le bonheur ne quitta pas nos petits amis avant de très nombreux jours. Ils vécurent tous heureux et eurent tout plein de descendants qui auraient fait le bonheur du maire de Chinon.

Il paraît que certains ont vu dans toute cette agitation une manifestation de peine de la part des animaux qui malgré tout, appréciaient ce bonhomme qui savait tant les aimer -mêmes crus, pour vous dire!-.
Il paraît, oui, que d'aucuns ont cru voir dans cette cohue un hommage... que ce jour est resté dans les mémoires de tous les êtres vivants du coin... qui sait quelle part de vérité est contenue dans ces rumeurs ?



Ljd Eilith
--Kramdukon
[La larme à l'oeil d'un Vilain]





Corne de bouc l'Jul, qu'ton bordel est ben rempli !

L'Kram rêvait d'se soulager comme un goret dans la vinasse avec ce sacré Jul, voir plus si affinités. L'commençait même a sentir son émoi l'démanger aux milieux des morbacs, prêt à lever estranière avec ces bordelières. En effet, à peine la porte défoncée qu'une belle blondasse se retournait d'jà vers l'rouquin avec un r'gard enflammé. Une autre, une rouquine flairant surement sa bourse pleine, s'mit à lui tourner autour en ouvrant son corsage. L'Kram n'put que s'pencher pour mieux voir, laissant filer un peu de salive vers l'encolure d'la donzelle. S'pencher, un grand mot pour un si fel géant. l'rattrapa sa bave au dernier moment d'un coup de revers de la manche. L'cherchait la chaudasse rougeoyante et s'était pô pour déplaire au rustaud mais fallait trinquer avec l'autre gros avant. Lui colla une claque sur l'fessier en braillant :

Hey la greluche ! Dis môé qu'mon n°5 d'Castel L'Rougeau t'plait...

J'te d'mande pô de m'flairer l'morveau tout d'suite. On jouera au serpent et aux p'tites pomm's après la chopine du patron. C'est lui qu'il offre c'soir !
Pis ta gargamel tient à peine dans ma battoire. Y a pô d'quoi ripailler pour un honnête homme comme môé, va ! Surtout pô avec la cochonnaille que l'Jul a dans sa réserve.


L'Kram repoussa la rouquine d'la main avec une oeillade d'poilu en rut très assoiffé puis l'mata le conet propret d'la boniche qui s'mouvait nonchalamment vers l'comptoir pour chercher d'la vinasse. Nouveau filet d'bave, mais celui ci s'écrasa dans la poussière du sol.


L'rustaud, fidèle Vilain d'la première heure, regarda Ness filer embrasser l'Jul à la dégaine de balourd.
L'aimait trop la voir faire ses cabrioles, en train d'narguer tous ceux qui f'saient les potaches,
Quand elle f'sait sa Grande et qu'elle montrait du bout du doigt l'horizon rouge et ses contours
A débusquer les ombres et les sombres jusqu' dans les méandres et les cendres d'ses lâches.

Spoïng ! Groiiiiiiiiiiiiiiii ! Spoïng ! Groiiiiiiiiiiiiiiii ! Spoïng ! Groiiiiiiiiiiiiiiiic ! Slap ! Aaaaaargl... Gri...

L'Kram se redressa en dépliant ses 6 pieds et demi et ses 300 livres. Que se passait il ?

D'jà, la lumière étincelait sur l'acier
D'son épée et d'son braquenard
D'jà, il était prêt à chevaucher
En brandissant son étendard

D'jà, sa haine était prête à s'enrôler
Avec quelques compagnons et recrues
D'jà, il avait son ceinturon d'accroché
Pour suivre la Vilaine dans une cohue.

Lorsque l'rouquin vit l'Jul s'étaler, il n'put r'tenir un éclat d'rire puis l'compris que c'était pô pour une castagne cette fois ci... Lui l'Kram du Kon, l'bourreau d'tous les bourreaux, c'lui qui avait à ce jour l'plus de décollations et d'écartèlements à son actif, l'cru défaillir en voyant la première gouttelette perler sur la peau si fine et si blanche d'sa Vilaine. N'supportait pô que l'on fasse chialer l'une de ses p'tiotes à lui. N'supportait pô d'voir un potos à lui couché à terre. Ouais, c'lui qui osait toucher un seul d'leurs ch'veux l'entendait en général causer l'Kram ! Juste avant d'lui faire tomber l'casque avec son contenu loin d'ses pattes, l'rouquin poussait son cri d'guerre pour l'assourdir et couvrir l'bruit d'sa hache broyant les os du cou... mais là, l'resta sans voix l'bourreau... L'fila un coup d'main pour rouler l'Jul mais l'combat contre la mort était d'jà vain et l'dodu d'la panse s'en poilait ben vu son sourire.

Corne de bouc ! L''est mouru l'non-couillu !


L'Kram s'souvint alors d'un nain, Fantoche, qu'avait mis cette p'tite donzelle dans cet état,
Et aussi insensible qu'il voulait paraitre, une larmiche fila vers sa barbiche.
L'en rev'nait pô d'voir cet autre Vilain appelé l'Pansu passer à trépas, comme ça,
En n'emportant mêm' pô ses fameuses tartines dans sa bourriche.

L'costaud avait envie d'poser sa battoire sur cette frêle épaule pour la consoler même s'il savait qu'il n'fallait pô embêter dans ces moments là. Sauf qu'il n'savait jamais quoi faire quand des perles coulaient d'entre des paupières qui tentaient fermement d'les arrêter par trop d'fierté. L'savait aussi qu'à refuser d'lâcher larmes et armes dans un état d'souffrance et d'urgence, il r'poussait Ness dans sa tanière. Mais vlà qu'un bougre, c'lui qu'voulait rincer tout l'monde t'à l'heure et qui s'prénommait Leinad, lui colla la gueuse dans les bras. L'savait toujours pas quoi en faire ! L'Kram ferma les bras, raide comme un piquet avec un ballot sanglotant contre lui. Mais c'est qu'cette chienne pleine de haine d'habitude s'lâchait pour une fois. L'choppa l'autre, Jarnsaxa la mioche que l'Jul avait prise comme apprentie. Vlà l'bourreau avec deux morveuses qui lui mouillaient la ch'mise et l'savait toujours pô quoi faire !

L'gros rouquin et l'Pansu avaient signé d'leur sang un serment d'féal d'vant Ness la Grande et Roxxon la Môme.
Z'avaient trop rigolé les voir faire des gaudrioles, en train de targuer tous ceux qui f'saient les cons,
Quand elles f'saient leurs Vilaines ensemble en Périgord et montraient l'bout d'leur minois sans heaume
A haranguer les comtes et les pontes juste avant d'les pousser dans l'bourbier d'un coup d'bâton.


Corne de bouc l'Jul, qu'est ce que j'vais raconter aux autres ? Toi qu'a combattu en Périgord à nos côtés ? L'vont jamais croire qu'c'est une peau d'saucisson qu'a eu raison d'toi !

Pour l'Kram, n'existait plus ni putrelles ni vinasse. L'aurait préféré rompre les os du Jul parce qu'il faisait chialer toutes les minettes en jupons et lui avec. Lorsque Roxxon et les autres Vilains l'apprendraient, ce n'serait pô mieux. Va falloir prévenir Anaïs, Anilef, Bounty, Izolenne, l'Mulot, Lyromic, et tous les zautres.

Alors, la tristesse s'lirait dans leurs regards d'acier
Baissant épées et braquenards
Alors, ils seront tous à l'arrêt, sans chevaucher
En mettant en berne leur étendard

Alors, leur haine laissera place à l'amitié
En mémoire de ce compagnon perdu
Alors, ils auront des larmes à partager
Pour honorer ce Vilain Pansu
--Vent_d_ailleurs
[Quand la rumeur se propage jusqu'en Normandie]






Les nouvelles allaient assez vite dans le Royaume. C'est assis dans son fauteuil de Tyran de Fécamp qu'Aupyl apprit la nouvelle qu'un collègue bourgmestre était mort.
Un secrétaire de mairie était entré en pleurs, c'est vrai qu'il était très émotif celui là, mais il faisait des enluminures comme personne en Normandie, il avait lu la nouvelle avant le maire et il était donc sans dessus-dessous.
-Snif, snif, messire, ya un, snif, maire qui vient de mourir, arf, c'est trop triste
Il tendit la missive et se retira en pleurant à chaudes larmes.
"Encore un qui est victime de son devoir, c'est qui cette fois?" se dit Aupyl, puis il lut la lettre.
"Arf, un tourangeot, aucune influence pour la Normandie"

Aupyl rappela le secretaire.
"z'êtes prêt à prendre une lettre? Alors, on a une lettre de condoléances type pour un bourgmestre? Non? alors, vous m'en faites une, et vous me la montrerez avant de la faire expédier.



--Eul_ange
[Rencontre eul' ange avec eul' gros]


Tradéri, tradéra, chantonnait l'ange, en gratouillant sa harpe. Humpf, une fausse note. Crotte zut flûte. Oui, un ange, c'est poli. Et si cet ange-là jouait encore si mal de son instrument, c'était juste parce que c'était un ange de fraîche moûture.

DZOÏÏÏÏNG !

Oups, une corde cassée...

L'ange leva la tête, fronçant le nez.

Hé ! C'est quoi, cette odeur, là ? C'est bien la peine de monter si haut pour que les odeurs nous suivent, hein !

Ah, un nouveau. Tout gras, tout pas beau. Pas l'air sympa, en plus. L'ange lui fit la danse de bienvenue, comme à tout arrivant, comme elle(lui ?)-même y avait eu droit quelques jours avant. Frotti-frotta, petit postérieur lipo-sucé par la camarde, yeux aguicheurs et lèvres humides. Juste assez pour faire monter eul p'tit coup d'libido de derrière les fagots. Histoire de pouvoir lui dire, une fois bien énervé :

T'énerve pas, le gros... Les anges n'ont pas de sexe.

Un p'tit coup d'ailes, juste pour se mettre hors de portée... Ah ça, le paradis, c'était chouette, mais quel ennui ! Heureusement qu'il y avaient les p'tits nouveaux pour se marrer un peu, hein...

Tradéri-tradéra... DZOÏÏÏÏNG !

Y'a pas d'vanille, mais c'est tout comme... Tchô, eul'gros !
Nessty
[Roooo l'art des plis pour le gros lard qui plie]


Après une nuit sans sommeil, Nessty s'attela à la missive la plus difficile qu'elle n'eut jamais à faire : prévenir amis, Vilains et connaissances diverses du gros. Le flot de volatiles de tout bord fut incessant. A chaque envol, la gueuse impétueuse en deuil avait en mémoire l'image d'un Jul souriant comme un nigaud, ce fameux jour où il s'était présenté à elle pour la première fois.





Rédigez une annonce nécrologique n'avait jamais fait partie des compétences de la scribouilleuse et pourtant il fallait bien qu'un jour elle passe de jouvencelle à chroniqueuse de mauvaises nouvelles. En général, elle était désignée comme épandeuse de vacarme. Allez savoir pourquoi. Aujourd'hui elle se retrouvait comme épancheuse de larmes. Allez comprendre pourquoi. Mais que dire sur la mort du Jul tout en gardant un brin de crédibilité ?

Reconnaitre que la visite en Touraine de deux jupons était à l'origine du faux pas de l'eunuque pour être accusées du crime de l'obèse mal gesticulé ? Trop de mauvaises langues en profiteraient pour se lancer dans une macération d'injures à la vertu tant du bibendum que du duo de donzelles.
Avouer que la joie avait étouffé le gros pour passer pour des filles de joie mortelle ? Pas de la faute d'une donzelle acidulée si elle ne causait qu'émoi chez un chapon qui l'adulait. Et pourtant, c'était avec humilité que Nessty le grondait quand il s'inclinait devant la grâce de son minois alors qu'elle était en admiration devant le gras de ce grivois.
Décrire comment tant de quintaux d'un combattant s'étaient vautrés sous son nez, vaincus par quelques kilos d'un vulgaire cochon ? Maudit goret, la vengeance sera terrible pour lui si la gueuse lui met la main dessus car il ne connaitra pas le noble dessein de finir en boudin sous le gourdin d'un Vilain.


Un brave reste un brave même avec une arme fatale au charme bancal coincée au travers du gosier.


Nessty se grattait frénétiquement le chignon telle une niaise et des heures durant pour activer sa réflexion dans un lieu qui lui servait de bureau. Un amas de parchemins froissés jonchait le sol d'une taverne au coeur de Chinon, la Chignoniaise, celle du Jul, celle que l'enchignonnée ne quitterait point dans les jours à venir même si l'odeur et la décrépitude étaient aussi insoutenables que le chagrin qui l'emplissait. Ces boulettes de papier, témoins d'une absence d'inspiration, furent toute fois utilisées à bon escient, en vils projectils, pour chasser d'autres boulettes des lieux et qui ne méritent pas que l'on s'attarde sur elles tant le comportement compulsif d'une étrangère attristée fut terrible. Et oui, la Vilaine cultivait sans fin sa haine des crétins peu bienséants et ce, malgré l'ampleur de ses pleurs. Grognements, miaulements, larmoiements, aboiements, tous les états se succédèrent au rythme d'un défilé d'illuminés de tout bord. Les seuls survivants de la confrontation entre ses noisettes humides avec sa plume sèche furent ces quelques amis de Jul, bien intentionnés, qui surent noyer leur chagrin avec celui de la gueuse dans l'entrechoquement de chopines, et également ces quelques lignes.


Citation:

A tous les Vilains,
A tous les amis,
A toutes les connaissances,


Notre Pansu à tous n'est plus. Il vient de quitter définitivement sa charcuterie dans sa Xème tonne de cochonnaille pour rejoindre le royaume des gorets. Le sourire aux lèvres, brave dans son combat comme un gourmand et fier de son dernier pied de nez.

Le coeur aussi gros qu'il l'était, nous lui rendrons hommage à Chinon dès qu'un gouffre sera creusé pour accueillir la dépouille de cette fripouille.

Le Jul est mort ! Vive le Jul !

Spoliatis arma supersunt.

Fait à Chinon en ce 8ème jour d'avril de l'an 1457


Brève, elle avait su l'être pour une fois ! Inutile de tartiner sur le plus gros fada de tartines au risque de mentir sur la mort de ce menhir. De toute façon, personne ne discernerait ces heures de tortures dans l'écriture filochant sur le parchemin. Les débordements de larmes et de bière avaient transformé les plis de mauvais augures en curieux vélins bigarrés de confettis comme un jour de carnaval.

Une attention particulière fut portée aux missives adressées à un blondinet, à une Fourmi et à une AmberlE.

Citation:
Mon tendre Ryo,

... Autocensurage car vous allez rougir... bande de ptits cochons...

Citation:
Ma chère Fourmi,

... La curiosité est un Vilain défaut...

Citation:
Dame AmberlE,

... Roooo mais vous avez fini ! ça ne vous regarde pas !...



Malheureusement, d'Adèle il n'y en avait point dans l'entourage peu sage de Nessty et elle ne put gribouiller comme prévu ces mots : Le Jul est mort Adèle !
_________________
--Vent_d_ailleurs
[Quelque part en lointaine Gascogne, une Fourmi…]





C’est sur la route entre la capitale gasconne en armes et chez elle que la jeune labritoise fait une courte pause à la nuit tombée.
Un simple feu de camp en bordure de route auquel se réchauffer un peu, le temps d’un repas frugal agrémenté d’une tisane au chanvre et d’écrire ce courrier si difficile.
Voilà des jours qu’elle tourne et retourne tout ça dans sa tête, cherchant des formules, les bons mots, mais rien ne vient, rien ne lui parait bien…


Citation:
Ness, ma Sœur,

J’ai appris la triste nouvelle de l’épreuve qui te frappe. La perte de ce compagnon d’aventure si proche doit très certainement te laisser une profonde blessure.

Je ne chercherai pas à te consoler par de vaines formules prémâchées et cent fois servies, te disant que ça ira, que ça passera. En fait je ne chercherai pas à te consoler. J’ai toujours trouvé ce genre de phrases inutiles et malvenu. Comme si l’on devait vite faire semblant d’oublier ceux qui nous ont quitté et cesser de les pleurer pour épargner le spectacle de notre peine aux vivants. Quelque part je trouve cela malsain de devoir cacher ses larmes… Enfin là je m’éparpille, toutes mes excuses.

Je disais donc que je ne chercherai pas à te consoler, je joindrai simplement mes larmes aux tiennes, car bien que ne l’ayant connu que de loin, je sais bien les joies qu’il t’apportait et la grande amitié qui vous liait. Larmes empathiques mais sincères.

Il devait être grand ce bonhomme pour que tu l’apprécies tant, j’imagine une forte personnalité, hors du commun d’après ce que j’ai pu en voir.
J’ai oui dire qu’alentour de chez lui les animaux tremblaient à l’annonce de son pas, et que les bipèdes qui le croisaient évitaient quant à eux de s’en faire un ennemi, sous peine de subir son courroux et sa verve, et d’être ridiculisés sur la place publique.

Il paraît…. Mais il paraît tant de choses ma belle, que j’ai cessé il y a longtemps de prêter l’oreille à ce genre de rumeurs.

Peut-être vais-je cependant soulager ta peine un court instant en t’annonçant que le traître Gmat a été grièvement blessé il y a peu lors de la guerre civile qui fait rage en Gascogne. J’en ai bien ri en voyant son corps meurtri rapatrié en les murs de la Capitale.

Voilà ma Ness, ma Grande Vilaine, quelques mots jetés rapidement sur ce vélin pour te dire que je pense à toi, à lui, et que je me joins pleinement à la douleur des nôtres.

Cymoril…


Elle se relit sans conviction. Peu douée pour les mots la Fourmi, elle le sait, mais si la forme n’est pas là, la pensée et l’émotion y sont.
Un ramier portera la missive à qui de droit. Elle reprend sa route jusqu’à son chez elle, dans cette Gascogne divisée comme jamais, cible idéale pour qui voudrait en profiter.


--Vent_d_ailleurs
[Quelque part la haut]


L'heure était au diner , ou au couché , ou encore au levé . Schmitt ne le savais pas vraiment , le temps passait et ne passait pas la haut , beaucoup moins d'animation que la "bas" . Par contre il était toujours bien chaud pour se faire une partie de carte avec Christos et compagnie , en dehors des messes , la mort était bien monotone.

Le temps tentait de passer lorsque Mit' vit l'ange de la mort prendre la route du bas , il se dit que y'aurait encore un nouvelle invité , un jauni , ou un peau rouge ... Sont étrange quand même , faut avouer. il laissa alors filer le parchemin brulé par tout le tour. le jeune mort alla alors le ramasser.


Citation:
Lot du jour pour Chinon :

    Thorfin
    Regler
    Gullitom
    Juliuz
    Gassan
    Beee
    Perle*
    Misschipie


Son regard qui défilait sur le parchemin s'arrêta en plein milieu , lorsqu'il tomba sur le nom du gras double.

pas possible !

Son sang déjà gelée se reglaça , on ne sait pas comment , mais il se reglaça. le Pansu avait rendu l'âme , il viendrait bientôt le rejoindre. Mit' se trouvait entre joie et tristesse . La Mort reprit son papier , fourbement des mains de l'ancien général.

Eh oh face de cadavre ! ... Ramène le gros en bon état ... C'est qu'on s'fait chier la haut .

Quelque temps plus tard passa un ange , tout de blanc vêtu ...enfin d'une peau toute blanche , du même genre que celle qu'on achète sur le marché lorsque l'on est jeune et qu'on veut pas mourir de froid au mois d'août . Le cul bien arrangé , la chevelure magnifiquement texturé comme tout ses collègues . Et juste devant , débarqua entre deux nuages , le gros , le gras , le presque grand , le presque beau , le Jul' admirablement accueilli par l'ange qui lui fit comprendre que les anges n'avait point de sexe. C'est alors que Mittys envoya vulgairement , mais sympathiquement une claque sur les fesses de l'ange en lui rétorquant.

C'est pour qu'les bonnes femmes puissent autant en profiter qu'les gars...à coup sur !

Il passa alors devant la blanche colombe...enfin la chose tout de blanc vêtu pour que lui aussi puisse accueillir un ami.

Mmhh ... pas perdu une livre ! Juste ta vie ... Allez viens par la , on va boire de....euh...*Il se gratta le menton pour lui expliquer*...de l'eau.

Y'a que ça ici.

--Vent_d_ailleurs
[Un campement de mercenaires en Bourgogne.]





Une Féline assise face au feu de camp, les yeux perdus dans le vague, en attente des ordres. Fourmis dans les jambes, envie de cogner qui la tenaille … patience. C'est quand qu'on l'enlève cette fichue princesse de France !!
Bruissement d'ailes et pigeon déplumé qui s'en vient se poser à son côté, missive vite dépliée.


Citation:
A tous les Vilains,
A tous les amis,
A toutes les connaissances,

Bla bla bla ...

Le Jul est mort ! Vive le Jul !


Bras de la Féline qui retombe comme sans vie le long de son corps, longue inspiration puis elle recommence sa lecture, elle a dut se tromper, mélanger les mots et mal comprendre, c'est pas possible autrement.

Citation:
Le Jul est mort ! Vive le Jul !


Impossible … Pas lui … Juliuz … Les yeux se ferment, le poing se crispe sur le parchemin innocent que la mercenaire froisse entre ses doigts. Puis elle se laisse choir sur se sol, restant de longues minutes immobile, comme perdue dans ses souvenirs.

Juliuz … une rencontre il y a plus d'un an à Bourbon, alors que la guerre Champagne-Artois faisait rage et que la Rastignac ne savait pas se battre. Sunburn, les 45 et le gras double dans une taverne. Drôle de gus, mais qui sous ses apparences bougonnes et sauvage avait spontanément proposé de l'escorter quelques jours alors qu'elle remontait vers la Bourgogne. Peu de mots échangés, mais ce jour là, la naissance d'une vocation pour la toute jeune femme : elle serait brigande ou ne serait pas.

Depuis l'eau avait coulé sous les ponts, et de simple détrousseuse de bourses elle était devenue mercenaire à la solde de qui requerrait ses services. Elle n'avait plus jamais revu Juliuz, mais ne l'avait pas oublié.

Et voilà qu'il a cassé sa pipe. Bon … on fait quoi dans ses moments là ? Se rendre à Chinon, impossible, d'autres projets, et puis de toutes façon les enterrement, très peu pour elle qui ne posait pas une semelle dans les Eglises. Alors reste la solution la plus facile, si lâche … la missive. Mais pour dire quoi et à qui … l'est crevé après tout.

Humpf, allez tu peux bien te fouler pour lui, ça va pas te tuer toi.

Citation:
Hey la Vilaine,

Je réponds à ta missive porteuse d'une si mauvaise nouvelle. Quand j'ai vu le sceau des Vilains, ma première pensée a été que tu nous conviais à un beau feu de joie, que tu avais un joli projet pour nous. Quelle ne fut pas ma déception en comprenant, assez lentement je dois bien te l'avouer, qu'il n'en était rien.

Ainsi donc le Juliuz est parti le premier. Tu sais que j'lui dois beaucoup à çui là, c'est ma rencontre avec lui qui a fait prendre à ma vie une virage à 180°. Mais j'sais pas écrire les mots dans ces moments là. Sûrement que si mes yeux savaient encore fabriquer des larmes je serai à même de pleurer, mais là, ma seule réaction est de penser à lui, de regretter de n'avoir jamais eu l'occasion de le revoir.

J'entendais sans cesse parler de lui sur les routes du Royaume.

Si tu dois prononcer quelques mots sur son énorme cercueil, t'auras qu'à dire que le Féline l'oubliera jamais. C'est naze mais … c'est tout ce que j'aurai dit si j'étais venu. Mais je peux pas venir, occupée ailleurs comme on dit.

Je te fais confiance pour lui organiser son dernier voyage aux petits oignons la Vilaine.

La Féline.



Amberl
[En Touraine, enfin]

La brune posa pied à terre à Loches, dernière étape avant de rejoindre Chinon, le bled tourangeau, où elle comptait s'installer. Juliuz maire ... elle l'avait appris avant d'aller au BA. Nouvelle qui l'avait fait rire intérieurement, l'gros avait finement rodé son tour électoral pour réussir si vite à convaincre les chinonais, si frileux le mois précédent. Une victoire dans les règles de l'art, chapeau bas l'artiste.

Se réjouissant d'avance, la berrichonne fit un tour en taverne lochoise avant de reprendre la route ... et apprit la sombre nouvelle. Un de plus parti rejoindre 'Stote, en ce printemps naissant. L'hécatombe continuait...
Le deuil d'Apo pas encore fini, celui de Diane débutant juste, v'là un troisième larron qui s'ajoutait à la liste, et pas des moindres.

Quittant la taverne rapidement, le besoin de solitude se faisait sentir. Chinon sans l'Jul devenait fade... La ville perdait son gros piment. Une grande tristesse l'enveloppa, mais la brune n'avait plus de larmes, juste une colère sourde envers le Très Haut. Remontant sur sa jument, la brune leva les yeux au ciel, fixant 'Stote dans les nuages, et leva un doigt en l'air ... Le pouce ou le majeur ? A votre avis ?

Et un coup de talon pour finir son trajet vers la Chignonaise. Taverne qui fut son lieu de squat préféré, repeinte en rouge et vert, de moutons, cochons, soleils et autres niaiseries sans nom juste pour faire enrager le proprio .. Ce qui n'avait pas loupé, d'ailleurs.
Un souvenir en entrainant un autre, la brune arriva à destination mi-nostalgique, mi-amusée.

Le pigeon de Nessty se posa sur son épaule alors que la brune rentrait chez l'Jul ... pour y découvrir une enchignonnée peinée, qui s'affairait avec les préparatifs funéraires. Présentations passées, Amberle questionna la poitevine. Comment, quand, où, y a pas erreur sur le diagnostique ? Et qu'est ce qu'il foutait le toubib ? Pis pourquoi y avait une peau sur le saucisson, d'abord ?!


Si j'peux vous être utile ... faites moi signe, hein.
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Mourir pour des idées, d'accord, mais de mort lente ... Ou pas.
"Y a Amberle, une vraie perle"
---- Rajoutez le "e" final à Amberle pleaze ----
--Vent_d_ailleurs
Angoulême, un soir au bord de la Charente





Pas de nouvelles bonnes nouvelles, c'est ce que l'on apprend tous à nos dépend... Pourtant on aimerait en avoir des nouvelles! Les lires, les apprécier, parler! Mais non elles ne viennent jamais.
La So savourait le printemps, et elle était là, passant le temps, les pieds dans l'eau fraîche de la Charente, à glisser sur les galets, jupons relevés jusqu'à hauteur de genoux, dans le couchant d'un soleil fatigué de sa journée. La tribun fraîchement nommée et déjà jugée commençait sérieusement à se sentir blasée de ces considérations à deux deniers, de ces jugements à l'emporte-pièces. Peut-être que ces vilains venus quelques mois plus tôt n'avaient pas tort du tout... Et puis on l'accusait de les avoir soutenu... Ce qu'elle avait fait, puisque partageant les même idées. Juste qu'elle n'en faisait pas parti, car ne fera jamais parti d'un groupe la brune.

Un gamin du village arriva tout essoufflé du côté de chez elle, assez surprise de voir un enfant à cette heure et à un endroit aussi éloigné du village.


Je... souffle le gamin... Dame So... souffle Dame Sorianne! J'vous z'm'ène une lettre!

Le gamin tendait la missive qui semblait avoir parcourue une bonne trotte, pendant qu'il reprenait son souffle, là au dessus de la rivière. Dans un bruissement d'eau, la jeune femme se rapprocha, laissant retomber jupons pour mieux attraper le courrier. Qu'est-ce qui valait d'envoyer quelqu'un porter cette missive? Était-ce si important que ça? Le garçon repartie sans demander son reste. Il ne semblait pas attendre réponse...

Ôtant quelques mèches de cheveux sombres de devant ses yeux, la brune décacheta le pli, ne reconnaissant pas le seau qui le retenait, malgré qu'il lui dise vaguement quelque chose. Encore sa mémoire de poisson rouge. Elle ne reconnut pas non plus l'écriture, mais lu attentivement.


Juliuz...

Juliuz... Elle mit quelques instants avant de ressituer. Angoulême, les vilains, la taverne, et le panier débordant de charcutaille. Un de ceux que les autorités confondaient avec brigands. Oui, elle se souvenait maintenant. Leur échange fut court, mais elle s'en souviendrait. Jamais elle n'avait vu pareille bouche, pareil gouffre. Les saucisses semblaient descendre droit à son estomac sans même passer par la gorge grande ouverte. il lui avait laissé une sacrée impression. Alors il n'était plus...

La jeune femme reprit doucement sa marche sur les galets, tenant la missive du bout de ses doigts fins. La mort venait chercher tant de monde. Elle frappait toujours quand on s'y attendait le moins. Elle ne le connaissait pas. Elle le connaissait peu... Peut-être aurait-elle dû s'attarder à lui parler. Peut-être aurait-elle dû apprendre à le connaitre... La missive venait de s'envoler. So la laissa partir au gré du vent, voltigeant dans les courants... L'âme de Juliuz s'était envolée, s'était élevée de la même façon, là, dans le silence du crépuscule. Paix à son âme...



Nessty
[Deux chignons se rencontrent à la Chignoniaise de Chinon pour un sans-rognons]


Des bottes qui claquent sur le parquet de la taverne du Jul et Nessty lève le regard. Malgré le chagrin qui lui mouillerait encore plus d'un pourpoint, la truffe arrogante de la poitevine est déjà prête à soutenir les grognements pour faire détaler crétins et crétines afin de préserver la paix d'un lieu en deuil. Une autre enchignonnée mais de couleur jais celle là entre d'un pas volontaire, un de ceux qui n'hésite pas à coller la semelle sur tous les chemins pour traverser le royaume au besoin. C'était bien elle, c'était Amberle.

Ce flot de questions qu'elle déversa remonta par les nasaux de la gueuse épleurée pour chambouler encore plus sa pauvre caboche déjà tant malmenée. Après de nombreuses tentatives pour lui faire comprendre que le gros s'était réellement envolé vers d'autres cieux, incroyable comme le poids lourd l'aurait dit, la brunette réussit à faire entrer cela dans le crâne de la noiraude. Son incrédulité fondait en même temps que la tristesse gagnait son minois. Tête de bois celle là mine de rien ! Pire que la gueuse impétueuse elle même. Pourquoi personne ne voulait croire que le Jul était bel et bien mort ? Il est vrai que si elle l'avait appris à distance, elle n'y aurait probablement accordé aucun crédit mais là... Nessty l'avait vu de ses yeux, elle avait recueilli son dernier souffle, elle avait vu la dépouille recouverte puis être trainée dans le lieu le plus frais de la taverne c'est à dire la réserve à charcutaille, elle avait... Sa gorge se noua.


Le toubib ? Il devait être ivre mort dans sa bibliothèque ou dans l'une des chambrées car il n'y avait plus une miette dans l'coin... Puis pas la peine, le gros ne desserrait pas les dents pour lâcher son bout d'gras de son vivant alors mort...

Pour la peau de sauciflard, tu devais savoir que l'Jul était gourmand. Il mâchouillait constamment une oreille de cochon desséchée et là, c'était le boyau de son dîner qu'il avait gardé pour s'occuper le dentier...

Pis, c'est pas d'ma faute ! mais d'la sienne...

Nessty se mit à sangloter en montrant du doigt le goret qui était pendu par les pattes arrières juste au dessus du comptoir, triste trophée que celui qui avait eu le malheur de se mêler dans les pattes d'une bonbonne de saindoux si apprécié mais aussi accomplissement d'une vengeance assurée par une gueuse trop enragée de perdre un ami de la sorte.

Si tu m'crois pas qu'il est mort, je peux t'le montrer. Il est encore dans la chambre "froide" avec la peau de saucisson au bec, parmi ses tendres jambons et ses fidèles cervelas, en attendant que l'on abatte une forêt entière pour confectionner un cercueil à sa taille.

La brunette renifla un bon coup, toujours en panne de mouchoir... Une manche fit l'affaire pour essuyer les larmes qui lui picotaient les joues déjà à vif. Jetant la tête en arrière au risque de faire basculer son chignon dans le vide, elle vida d'un coup l'une des nombreuses chopines posées devant elle par l'adorable blondasse qui avait hérité de la taverne bigarrée. Besoin de se donner du courage pour la suite et l'aide d'Amberle tombait à point.

Si j'peux vous être utile ... faites moi signe, hein.

Oh que oui ! Va falloir recruter des coques-mort dans tout le royaume pour creuser un cratère au cimetière avant que l'Jul ne faisande de trop. Suis pas sure qu'en le laissant momifier ainsi on arrive à le passer du stade d'andouille juteuse à celui de chipolata trop cuite pour le faire entrer dans une tombe !


Des missives pleuvaient déjà de tous les coins du royaume, Cymoril, Félina, Zézé et tant d'autres. Bizarrement que des femmes et de belles femmes ! Sacré chapon, il avalait plus de victuailles qu'un ogre et voilà qu'il avait marqué plus de coeurs en jupons qu'on bellâtre ne pouvait en relever malgré une vaillance sans égal ! Dehors le ciel pourtant printanier se mit à gronder et à tonner. Nessty regarda Amberle dans les yeux et affirma au bord de l'éclat de rire :

Je crois que l'Jul est arrivé là haut. On est pas sorti de l'auberge s'il se met à gigoter autant au dessus de nos têtes ! Qu'est ce qu'on va se prendre comme tempêtes lorsqu'il aura des vents...
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--Vent_d_ailleurs
[Quelque part en Bourbonnais-Auvergne]





La carriole des bohémiens allait tranquillement sur les routes Auvergnate. Le printemps était là, les fleurs s'ouvraient au doux soleil renaissant ; les oiseaux chantaient ; les couples se mariaient ; les bébés naissaient, souvent par paires ; bientôt l'enterrement d'un des jeunes mariés, surement fatigué de la vie de famille .... enfin tout ce qui faisait le printemps.

Mais chose étrange, inhabituelle, se passait dans les villages traversés. C'était la discussion principale en taverne ..... la mort de plusieurs bouchers-charcutiers .... une épidémie ? Non pas vraiment, au début les gens ne parlaient pas des circonstances de la mort, mais plus les jours avançaient et plus les langues se déliaient et transformaient les ragots. Un jour, c'est la charcutière qui serait parti avec un certain Olida, un autre, qu'un certain Bonneau, Jean de son prénom, c'était pendu avec de la saucisse, mais la chose la plus étrange avait été la mort de l'un d'eux :

- Tiens au fait tu sais qu'le Justin l'est mort ?!!
- Tu veux parler du fils au père Bridou ?!
- Oui !! lui même, qu'à marié la fille Aoste, l'Italienne, mangé pas ses cochons, j'te dis !!

Plus les jours passaient et plus de nouvelles morts survenaient. Les bouchers charcutiers devenaient rares. Mais une rumeur, nouvelle celle-là, c'est que le maire de Chinon serait lui aussi mort, mort de quoi ?, on ne le savait pas, on avait déjà du mal à savoir de quoi était mort ceux Auvergnat, alors les autres ........
Zézé avait du mal à le croire, bon d'accord elle ne connaissait pas beaucoup Juliuz, juste rencontré une fois, elle ne savait plus où, mais s 'en souvenait très bien pour la simple et bonne raison qu'à cause de lui, elle s'était retrouvé une journée chez les nonnes. Bon c'est vrai aussi que si elle n'avait pas été curieuse, ça ne serait pas arrivé, mais là n'était pas le sujet, le sujet était " La mort de Juliuz ". Pas possible qu'une grande gueule comme lui puisse se laisser bouffer par ses cochons, l'avait pas de femme, pas d'enfants reconnus, alors !!
Mais une lettre arrive, ne laissant aucun doute, il était bien mort, Nessty ne pouvait pas faire une blague aussi énorme. Zézé prend un parchemin, une plume et de l'encre ...oui je sais, logique ... et rédige une lettre.


Citation:
Nessty !!

C'est avec un mélange de tristesse et de consolation que j'apprends la nouvelle. Comment est-il mort ?, je ne veux pas le savoir, peu importe de toute façon ça ne change rien, le résultat est là.
Tristesse, parce que sa grande gueule va manquer dans le royaume et consolation, parce que il va retrouver le paradis des cochons où il va pouvoir continuer à s'empiffrer.
Je sais que tu dois être triste de la perte de ton ami, mais la mort fait partie de la vie, oui je sais c'est con ce que je dis, mais je sais qu'aucun mot ne peu consoler la perte d'un ami, alors on dit des futilités pour ne pas rester sans rien dire.
Courage Ness et dis toi qu'à chaque fois que nous allons voir un jambon, un saussisson, un boudin c'est un peu Juliuz qui sera avec nous.
A bientôt

Zézé



Message donné à un voyageur de passage qui justement allait en Touraine, comme quoi la chance était là parfois.

--Vent_d_ailleurs
[Entre ciel et terre]





Le freux se dandine sur son arbre, ces sales bêtes sont au courant de tout. Il a l'oeil qui brille, l'histoire ne dit pas si c'est de joie ou de tristesse.

Croâââ, Croââ

Une bourrasque lui soulève le poil et le fait s'envoler; il en profite pour tenter de retrouver les protagonistes de l'affaire. Il a bien vu que le gras du bide n'était plus là depuis plusieurs jours et que des donzelles pleuraient.
Ou ne pleuraient pas. En tout cas, pour les animaux on est sur qu'ils étaient soulagés.

Un arbre nu. Il s'y pose dans un battement d'aile. Une plume qui dépasse, il l'arrache. Y'a des gens qui causent pas très loin. Du Juliuz justement, il penche le cou et tend le bec, comme si ça pouvait l'aider à mieux entendre.
Paraît qu'il est allé danser la gigue pour l'éternité.

Le corbeau se rengorge et montre son désaccord d'un croassement.
Crever d'trop becqueter si c'est pas malheureux ça. Pas à lui que ça arriverait, pour sur.
Ça lui en fout un coup quand même au corbac. Le gras était connu dans tous le royaume pour laisser pas mal de carcasses derrière lui sur sa route. Ça faisait des os à nettoyer.

Adieu veau, vache, cochon couvée.


La statue qui t'aime bien quand même.
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