Keyliah
Acte Ier, ici: http://www.univers-rr.com/RPartage/index.php?page=rp&id=8327
[Chinon - 22 chemin des Vignerons]
Pareil nom de chemin ne pouvait que lui être destiné à la brunette. Certes, elle navait pas plongé son nez dans un alcool fort depuis dinterminables mois, mais elle en rêvait pourtant, en cauchemardait même, cétait dès lors un signe de manque, non ?!
Quimporte.
Tout ce quil fallait retenir du numéro 22, cest que cest là que créchaient Keyliah, messire son gros bidon, Thael, et Cunégonde. Depuis quils sétaient exilés en Touraine ils avaient vécu dans différentes chambres dauberges et de tavernes, plus étroites les unes que les autres et que récemment lheure de la délivrance avait sonné grâce à lofficier du cadastre qui sétait chargé de leur trouver une demeure confortable en catastrophe.
La donzelle avait rapidement, enfin disons aussi rapidement quelle le pouvait, prit possession des lieux. Lendroit était parfait pour construire les fondations dun solide futur, et il ny avait plus quà attendre larrivée de lenfançon qui était bien long à venir.
Pour soccuper, Keyliah lisait beaucoup, écrivait aussi, et se promenait parfois. Avec Cunégonde, qui ne cessait dêtre à ses basques, elle se surprenait parfois même à broder. Qui aurait pu dire un jour que lhabituée des hospices sordides en viendrait, presque pas désespoir, à se lancer dans des occupations où la patience était la pièce maitresse ?! Et pourtant, il fallait quelle en fasse preuve, de patience. Voilà quelques jours quelle avait envoyé une missive à lattention de la Duchesse de Mortain, femme puissante au nombre de fonctions qui devenaient incalculables, et qui avait eu la gentillesse de répondre favorablement à sa demande alors que leurs relations étaient franchement houleuses jusqualors.
La brunette en était donc là. Nennya lui avait assuré que deux femmes, élèves à lHôtel Dieu plutôt à laise dans lart de lenfantement et proches de la Touraine, viendraient lui porter assistance. Cétait une chance ! Parce que la jeune femme se voyait mal devoir pondre son mioche là, au milieu de la chambre, avec pour seule compagnie celle de Cunégonde qui la regarderait avec des yeux aussi ébahis queffrayés. Elle aurait pu lui porter de meilleures et surtout de plus braves intentions, mais cétait sa servante quoi, elle commençait à connaître ses réactions.
Bref, en cette journée légèrement ensoleillée de ce début de novembre, la servante et la lunatique jouaient à ce qui se prêtait à merveille à la situation: les dés.
Jeu de hasard, tout comme létait larrivée du bébé, lactivité était assez pratique pour Keyliah qui pouvait jouer dune main tout en se frottant le ventre, car voilà que depuis la veille les contractions sétaient mêlées à la cadence infernale des coups de pieds et de poings de la progéniture. Elle nen navait rien dit à personne, les douleurs étant encore supportables et suffisamment espacées pour quil ny ait pas lieu de sinquiéter. Malgré tout, elle espérait le plus fortement du monde que les deux femmes, Deedee et Stephandra si elle avait bien retenu les noms, trouveraient sa trace avant quil ne soit trop tard.
Bientôt, on entendit frapper à la porte dentrée. Peut-être quelles étaient là, oui peut-être !
Ou peut-être pas. Cunégonde sétait levée en vitesse pour ouvrir, ne voyant malheureusement dans lentrebâillement de la porte quun messager venu remettre un pli en provenance de Normandie.
Haussant un sourcil, la brunette savait alors que sur sa liste trois personnes seulement pouvaient lui avoir écrit. Et il sagissait vraisemblablement de Fil qui faisait part de ses idées farfelues. Dailleurs la lecture de ses mots égaya la journée de la donzelle qui pourtant ne répondrait pas dans la foulée, trop las, et le bras préférant sévertuer à lancer les dés.
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