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[RP fermé] Les histoires d'amour finissent mal, en général.

Elvix
[Les histoires d'amour finissent mal, en général.]


L'amour rend aveugle. On dit aussi qu'il rend idiot. Imaginer les conséquences que cela peut avoir sur une personne qui n'est déjà pas très futée au naturel... Rien d'étonnant à ce que les histoires d'amour finissent mal. Ou du moins, celles du barde au cœur d'artichaut, qui ne peut s'empêcher de tomber sous le charme de la première mignonnette passant au coin de la rue, ou même, au coin de la vieille porcherie croulant sous la gadoue. Ça fonctionne très bien aussi ! La preuve en est : la veille au soir, le blond avait eu le coup de foudre pour la fille cadette du fermier, alors qu'elle rentrait ses gras cochons.

Il lui avait fait son numéro de charme. Elle avait mordu à l'hameçon. Rendez-vous avait été pris. A présent, il attendait l'arrivée de celle qu'il imaginait déjà devenir sa Muse. Elle le suivrait sur les routes, dans sa quête d'aventures à chanter à travers les contrées. Il la porterait aux nues, et satisferait tous ses désirs, à commencer par le premier qu'elle avait émis, bien qu'il soit quelque peu déroutant.


Yééé louiiii ai dééémandééé, cômment la courtiseeeer ?
Elle m'a dit d'aller chanteeer, là-haut sour lééé tas dééé foumieeer.
Et dé l'attendréééé là-baaas, avéc des orties sous lé braaas.
Quand lé coq cocotéraaaa, elle a promiiiis qu'elle sérait lààà.

Aïe ! Aïe ! Aïe ! Ouille !
Aïe ! Aïe ! Aïe ! Ouille !


Les accords grinçants de mandoline s'arrêtèrent un instant, le temps pour le barde de se gratter le nez, qu'il avait rouge et légèrement gonflé. Il reprit son chant en agitant dans les airs sa jambe droite pour chasser la basse-cour qui s'amassait à ses pieds. Pour une fois qu'il avait des groupies, il s'en serait bien passé !

Mainténant, yé chanté tel oOOune pinsôÔnne,
Les poOules mé régardent cômme oune côÔÔnne,
Y'ai les pieds dans les éploOOuchoures dé pataaates,
Et des grooos boutônnes qui mé graaaattent.

Aïe ! Aïe ! Aïe ! Ouille !
Aïe ! Aïe ! Aïe ! Ouille !


A force de s'agiter en faisant l'équilibriste sur une jambe, sa botte crasseuse glissa dans la pourriture de légumes. Le barde se retrouva les quatre fers en l'air, baignant dans le purin. C'est entouré par la volaille et la voix sanglotante, qu'il acheva sa chanson, en essayant de frapper mollement les envahisseurs emplumés, à coups de mandoline.

En cuéillant son bouquééééé, yé mé sooouis piquééé dans les trous dé neeeez,
Y'ai piaillé touté la matinéééée, au sommééé dou tas dé foumieeer.
La dinde m'a picoréééé lé coul, un canard m'a fienteeer déssooOus,
Y'ai attendou, attendoOOu, mais elle n'est yamais vénoOoue...

Bouh ouh ouh ouh !
Bouh ouh ouh ouh !


Vautrer sur le tas de lisier, le barde pleurait sa déception sentimentale à chaudes larmes.
Eusaias
Ça arrive parfois, alors faut enfoncer le bras et tout ramener vers l’extérieur avec la main !

Enfoncer mon bras… dans son cul pour ramener la m*rde dehors ? Non mais si elle est constipée votre vache, on la fout en morceaux et on la bouffe. Hors de question que je foute ma main la dedans non mais oh !

Oui mais c’est quand même une belle bête, c’est dommage de la laisser crever. En faisant ainsi ça peut la sauver.

Comment ça « peut », je mets mon bras dedans et c’est même pas certain qu’elle ne clapse pas après ? Adalbert cesse de rire ou je te retiens 3 jours de soldes ! Tiens d’ailleurs viens donc aider la vache qui n’arrive pas à chier. Moi j’ai autre chose à foutre !

Et le Baron excédé sans retourna, non pas aux moutons, mais dans la cour de la ferme. Digoine possédait un beau cheptel de charolais, mais hélas il n’y connaisse pas grand-chose. Il avait embauché un garçon de ferme pour entretenir tout ça. Mais le garçon récemment envoyant en Guyenne pour faire des affaires, le Baron avait du se tourner vers un de ses pécores qui l’avait envoyé au fin fond du monde chez « le meilleur él’veur bvins qu’j’ai jamais vu ! ». Et c’est donc dans cette ferme, non loin du grand vide du bord du monde, que le Baron tentait d’apprendre.

Il était en train de maudire le fermier, la ferme et toute la région autour, les yeux braqués sur ses bottes souillées de diverses bouses, lorsqu’un « cri » étrange réveilla son attention. D’un geste du menton il fit signe à ses écorcheurs Guillaume et Hector de contourner la porcherie alors que lui passerait vers le poulailler. Le baron en était persuadé, l’animal pour hurler ainsi était soit blessé soit en rut donc dangereux. La main sur la garde de Victoria il s’imaginait déjà terrassant un animal étrange, la tête irait sur la cheminée pas loin de celle du sanglier.

Les muscles se bandèrent peu à peu, le pas se faisait plus léger, plus lent jusqu’à…


Foutre cul c’est un grouillot qui chiale ! Ah puis pire qu’une chochotte !

Le balbuzard ne put que grimacer de déception, la tête d’un bouseux sur sa cheminée ne serait pas du meilleur effet. Réalisant que l’homme était sur un tas de fumier : Mais c’est une coutume locale que de jouer avec les fientes ? !
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Elvix
Booouaaah waaah aaaah !

Non, ce n'est pas le son d'un cor de chasse. C'est le boucan produit par le cœur d'artichaut arrosant de ses larmes le tas de légumes en décomposition dans lequel s'enfonçait son fessier. Cela rendrait-il le fumier plus fertile ? Aucune idée, et c'était bien le cadet des soucis du barde pleurnicheur, qui s'essuya les mains sur ses braies, avant d'en plonger une dans sa poche pour en sortir un mouchoir propre... du moins, comparé à ses vêtements maculés de purins, embaumant la cambrousse, dirons-nous.

Le malheureux éconduit épongea les perles d'eau salée, coulant sur ses joues. Il s'apprêtait à se moucher bruyamment, lorsqu'une voix railleuse s'éleva à quelques pas de là. Il se contenta donc de renifler, bruyamment, cela va de soi, en essuyant la goutte qui lui pendait au nez du revers de la main.


Yé souis pas oune chochotte ! Yé youste oune bout dé péloure d'oignon dans lé n'œil. Y'en a plein lé foumier, ça pique !

Le blond tamponna le mouchoir sur ses yeux, étouffant les dernières larmes qui lui embrumaient le regard. Tout de suite, il y voyait plus clair. Trois hommes lui faisaient face et de toute évidence, il ne s'agissait pas des fermiers du coin. Le chineur continua ses moqueries. Ses mots arrachèrent une grimace au barde, qui eut la sérieuse impression d'être pris pour un pecnot, lui l'illustre Elvix !

Se relevant enfin, il répondit en écartant une épluchure de carotte qui s'était prise dans sa magnifique chevelure dorée :


Youer avéc les fientes ? Yé crois pas qu'on pouisse en tirer dé la mousiqua, mais si vous voulez essayer, libre à vous dé lé faire. Y'en a assez pour tout lé mondé ! Moi yé sais youste youer dé la mandoline.

Ce disant, le barde ramassa l'instrument qui trainait à ses pieds. Il l'épousseta de la manche et le secoua en le tenant à l'envers, afin de faire tomber les bouts de légumes qui étaient tombés dans la caisse de résonance, ainsi que la plume de canard qui s'était coincée entre les cordes. Maltraitant toujours sa mandoline, il reprit la parole en jetant de temps à autre un regard aux trois hommes :

Permettez-moi dé mé présenter : yé souis l'illoustre Elvix, lé barde lé plous faboulous dé tous les temps !

Après s'être incliné profondément, il descendit enfin de son tas de fumier, en ajoutant d'un ton dépité :

Et yé souis aussi sourement lé plous sâle, yé lé craint...
Eusaias
Le plus odorant en tout cas je rajouterai bien.


Un rictus fendit le visage du Balbuzard. Il en avait vu des saltimbanques, des bouseux, des pouilleux, des mendiants dans sa vie, mais celui là était hors catégorie. L’odeur de bouc vient chatouiller le « bec » du Balbuzard qui eut pour résultat le tortillement de l’appendice nasal. Jamais il n’avait été lâche, même si pour une fois il préféra recuera d’un pas face à l’odeur du Barde. Le fait de voir Hector et Guillaume reculer également le conforta dans son idée de repli stratégique.


Bien Elvix, on va te laisser là avec tes oignons dans l’œil nous on va retourner…


Sa phrase fut stoppée, une vision d’horreur traversa les pensées du Baron. Il venait d’imaginer Adalbert en plein « curetage » ce qui eut pour effet de lui faire remonter l’estomac jusqu’aux bords des lèvres. Pouvait-il vraiment décemment retourner là-bas, assister à cela ? Non s’était il répondu. Entre la vision dans l’étable et l’odeur du barde, le baron trancha. Plongeant la main dans une de ses poches il en tira quelques deniers.


Tout compte fait, non. Tu es barde, alors soit, joue pour nous ! Je veux une chanson qui parle de guerre et de héros !


Coute réflexion, les chants de guerre étaient sans doute trop chers à son cœur pour qu’il puisse accepter de les entendre massacrer par un barde sentant le bouc à plein nez. Puis les chants Bourguignons il les connaissait tous et il était bien connu que les autres duchés n’avaient pas de héros. Les ongles mal taillés de sa main gauche s’enfoncèrent dans sa chevelure sombre afin de gratter son crâne, le temps de trouver autre chose.


Non improvise plutôt ! Hum…. Sur le petit fief d’Asdru ? Les cuisses de Sorane ? La croupe de la castelmémère ? Un truc qui me mette de bonne humeur quoi !


Et le balbuzard de prendre place sur une vielle souche.
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Elvix
A la vue des quelques deniers que l'inconnu sortit de sa poche dans l'idée de payer la prestation du barde, celui-ci s'imagina tout de suite qu'il avait en face de lui un homme riche - la présence des deux gaillards à son service ne faisait que confirmer cette idée. - Il y aurait surement bien plus d'écus à se faire, s'il parvenait à convaincre le chineur de son talent exceptionnel, mais pour y parvenir, mieux valait ne pas faire fuir immédiatement le noble Balbuzard. Il fallait donc repousser l'instant où le Pinson allait lui broyer les tympans en poussant la chansonnette de sa voix de crécelle. Non pas que le blond était conscient de son manque de talent. Il s'était simplement convaincu que les huées dont il était régulièrement la victime, n'étaient que des marques de jalousie. Les envieux préféraient dénigrer l'illustre Elvix, plutôt que de reconnaitre son immense talent. Il n'était qu'un génie incompris !

Y'aurais voulu vous faire plaisir en vous faisant l'honnôr dé vous chanter oune ôde dé mon crou, mais yé crains qué céla mé soit impôssiblé...

Se mettant à cogiter à toute allure afin de trouver une raison à cette impossibilité, il écarta de son visage une mèche de cheveux clairs, qu'une bourrasque s'évertuait à faire voler dans ses magnifiques yeux bleus. Saleté de vent !

Lé vent ! Ma oui ! C'est à causé dou vent ! Yé oune pétit peu pris froid l'autré your. Yé souis enroué...

Ça c'était une excuse imparable ! Le barde porta la main à sa gorge en émettant des toussotements. Il remonta le col de son pourpoint et reprit d'une voix qui se voulait rauque :

Yé dois préserver ma voix, vous comprénez ? Yé souis sour qué oui ! Vous mé semblez être oune homme très intélligenté ! Ça sé voit dans... dans l'éclat dé...

Pas de ses yeux, c'était trop banal et uniquement réservé aux muses potentielles. Vite ! Trouver autre chose ! Le premier truc qui lui passera par l'esprit fera l'affaire !

L'éclat dé votré nez ! Peut mieux faire, mais maintenant que c'est dit, va falloir que le blond continue sur sa lancée...
Oui ! Dé votre nez ! Il est... hum... louisant et lissé ! Sans aucoune point noiré. Les points noirs, c'est signé dé grandé sottisé ! C'est pour ça qué yé fait bien attentiônne à entreténir ma peau ! Elle est bellissima, hé ?

Le barde se caressa la joue d'un air satisfait et s'approcha de l'homme assis sur sa souche, se penchant vers lui pour lui faire admirer son teint parfait.
Eusaias
Et au Balbuzard de reculer la tête quand celle du barde s’approche. Côtoyer un gueux aussi sale d’aussi près, était chose qui relevait du miracle, ou de la malchance si on se plaçait côté du baron. La babine droite se releva laissant apparaitre les canines « profondément dans la jugulaire » se disait le piaf, mais il n’en fit rien. Préférant se lever et s’écarter le balbuzard toucha son nez afin de vérifier si sous le doigt on pouvait voir l’intelligence nasale.

Et pour retrouver de la voix quelques coups de bâtons t’aideraient ?

Le regard se fit plus sévère, un barde, quel étrange animal. Le balbuzard n’avait jamais vu de barde comme celui là en Bourgogne et possédait un barde c’était un peu comme posséder une batterie de canon : cela imposait le respect et faisait trembler les ennemis, surtout quand le barde chantait mal et sous les fenêtres des dit ennemis. Le balbuzard plongea sa main dans sa poche et commença à faire tourner les cailloux entre ses doigts. Eusaias s’imaginait déjà, défilant dans Dijon alors que tous les bourguignons l’acclamaient, son barde en haut des marches jouerait et chanterait une ode à Eusaias.

Comment as-tu dit t’appeler ?

Le nom sentait le terroir, ça redorerait aussi son image auprès des cul-terreux, ça pourrait ainsi l’aider en politique. Les cailloux tournaient de plus en plus vite entre ses doigts dextères. Un barde pourrait aider les soldats à pousser la chansonnette pour aller en guerre. Un barde c’était une animation raffinée lors d’un repas qui se voulait mondain, repas durant lequel on peut signer une alliance ou faire relever un jupon. Les yeux du balbuzard s’illuminèrent sous le passage des idées entre ses oreilles. Il lui fallait un barde, c’était certain ! Nouveau pas de côté pour toiser Elvix. Lui ? L’était quand même pas à son avantage, mais c’était un rares bardes croisés… fallait il être vraiment regardant ? Un test peut être…

Tu aimes les écus ? Bien ronds, bien brillants qui tintent dans la poche ? J’ai deux choses à te proposer. Je t’en offre 30 pour la première : Je veux que tu ailles chanter ta plus belle composition d’amour à Agnès de Saint Just, elle se trouve en Guyenne. Je veux que ça la touche, je veux qu’elle soit folle d’amour pour moi après cela. Si c’est le cas tu auras 30 écus de plus. La seconde chose, si elle est folle d’amour, en plus des 30 écus, je suis prêt à t’offrir d’autre « contrats » que je paierai grassement évidemment. Tu pourras me retrouver en Bourgogne, je suis l’Immense Eusaias, Grandissime Baron de Digoine, Légendaire seigneur de Saint Robert.

Il tira sur sa bourse et retira l’excédant afin d’y laisser 30 écus. La tendant en direction du Barde.

Affaire conclue ?
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Elvix
Yé m'appélle Elvix Presse-Lait, ma y'avoue avoir oune préférence pour Elvix lé Faboulous ou méme, l'IlloOOustre Elvix !

Faisant rouler les "O" en se redressant fièrement, il s'imaginait déjà être ainsi appellé à chanter devant un parvi de nobles à la cour d'un Duc, ou pourquoi pas du Roi ? Et tant qu'on y est, "au-dessus d'un parvi de nobles" ce serait tellement mieux que devant eux... Oui ! Il se présenterait sur une estrade surplombant la foule en délire ! Et les gentes dames l'acclameraient d'une voix hystérique ! Elles lui enverraient les lacets de leurs corsages défaits et seraient obligées de s'éventer avec leurs jupons, tellement il leur ferait de l'effet. Elles auraient les joues rouges à force d'avoir crié des "Elviiiix ! Je t'aaaaime !" tandis que les riches sieurs seraient verts de jalousie. Mais malgré tout, ils ne pourraient s'empêcher de succomber eux aussi à son immense talent. Ils le supplieraient tous de chanter encore et encore...

Tu aimes les écus ? Bien ronds, bien brillants qui tintent dans la poche ?
Evidémânté ! Quelle questiônne !


Action-réaction, l'évocation des écus sonnants et trébuchants avait brusquement tiré le barde de ses fabulations. C'est d'une oreille avide et attentive, qu'il écouta la proposition du Baron. L'affaire était dans le sac ! La tache à accomplir semblait des plus simples. Après tout, le barde possédait un charme ravageur. Son illustre talent ferait le reste.

Yé souis vôtre humblé sérviteur...

Le blond esquissa une révérence maladroite, sa mandoline raclant le sol. Dès qu'il se fut redressé, il s'empara rapidement de la bourse que lui tendait le Balbuzard. Mieux valait se presser avant que celui-ci ne change d'avis et ne la glisse à nouveau dans sa poche.

Par contré, la Gouyenne cé par où ?

Telle est la question. Le plus compliqué dans cette histoire, serait surement de trouver le chemin qui mènerait à la Comtesse.
Eusaias
C’est par où la Guyenne ? !

Le Balbuzard ne pouvait pas imaginer qu’un homme ne puisse avoir moins de sens de l’orientation que la duchesse de Bourgogne. Elle avait fait fort la dame, quand alors que baronne, elle les avait fait passer par la Champagne pour aller en Helvétie en partant évidemment de Bourgogne. Une bonne semaine de plus ça avait pris grâce au raccourci d’Angélyque. L’index de balbuzard s’était tendu vers l’ouest.

C’est là-bas, juste devant l’océan ou le bon vin est interdit et que les bourgeois pullulent. N’oubliez pas, la fille se nomme Agnès de Saint Just, on la surnomme la « croqueuse », même si elle ne croque que moi. En attendant je vais te dresser une missive, qui te servira de preuve dans ce que tu avances auprès de la jeune femme. Hector de quoi écrire et ton dos !

L’homme de main au visage couturé s’était exécuté non sans geindre, que « lui était un homme d’arme, pas un bureau que ça c’était bon pour les gueux… ». Faisant fit des grimaces et des plaintes le balbuzard se concentra sur le papier.

Citation:
De Nous, le magnifique Eusaias,
Resplendissant Baron de Digoine,
Génialissime Seigneur de Saint Robert,
Votre plus bel amant,
A vous Agnès de Saint Just,
Douce croqueuse,
Le bonjour.


J’espère que votre délicate et « accueillante » personne saura apprécier ma surprise… mais pas « l’accueillir », comme vous le fîtes avec moi, je vous en serai gré. J’ai trouvé cet étrange spécimen au détour d’un tas de, fumier *rature* terre. Que vous ne vous fassiez pas entourlouper par lui, je préfère prévenir je l’ai grassement payé déjà pour tout cela. Abuserai-je si je vous demandais de proposer à ma fille de lui trouver quelques emplois dans lesquels le bougre pourrait chanter les louanges de notre maisonnée ?

Je pense qu’il est de salut public que les Blanc-Combaz soient connus et reconnus afin qu’ils puissent enfin dominer le monde et ceci nous aiderait grandement. Et comme j’aime abuser de la situation, j’aimerai que vous bisiez la joue de Griotte de la part de père. Cette bise je vous la rendrais, ce n’est un prêt.

En attendant ma sauterelle, je vous embrasse tendrement, là où vous aimez tant : dans le cou.

Votre parfait amant : Eusaias.

PS : j’oubliais j’ai fait un impair je crois, trois fois rien, avec votre suzeraine. Je vous expliquerai, il serait plus agréable que vous écoutiez ma version des faits.



Tiens prends ça et n’oublie pas : Dès que le vin ressemble à de la piquette c’est que tu es arrivé ! Et s’il a un gout de fiente, c’est que t’es en Anjou et que tu devras donc descendre vers le sud !
_________________
Elvix
[La Route des Vin - Etape 584 - Montauban la Réformée]


Vous n'osez plus mettre un orteil hors de chez vous, de peur de vous perdre ? Sachez qu'il existe bien des méthodes pour ne pas s'égarer lors d'un voyage. Les marins observent les étoiles et le parcours de l'astre solaire (à éviter par temps nuageux). Les bucherons repèrent la mousse poussant sur la face nord des troncs d'arbres (pratique en forêt, mais inefficace en pleine mer). Le barde écervelé déguste les vins du terroires (gare aux gueules-de-bois).

AlôÔRRrr ? Vous avez compr*hips* cé qué vous dévez fairé ?
On est pô 'si imbibêêêêh qu'ça ! On tient lô route, nous !
Ja ouiiii ! On est prêts ! J'a trouvé un caillou, c'est t'y bon.
AlôÔRRrr, c'est partiii*hips* ! Aller ! On té régardé !


L'information semblait avoir atteint le cerveau alcoolisé du pochetron dégoté par le blond au détour d'une taverne, un peu plus tôt dans la soirée. Il se décolla du mur en titubant, sous les regards vitreux de ses deux acolytes d'un soir. Caillou en main, il se planta comme une asperge sous la fenêtre aux volets fermés et commença à mouliner du bras pour donner de l'élan à son tir.

A la uuuune ! A la quaaaatre ! A la trooois ! A la...
LA FERME ! Faut pô qu'on s'fasse r'pérer d'y suite !
Bah j'a pô compris pourquoi qu'on doit r'veiller la Saint-Just alôrs ?
Bougre d'andouille ! Faut pô qu'elle nous perçoive piailler 'vant qu'le barde y chante !
Hé ! Oh ! Ch'te permets pô d'm'insûûûlter ! Andouille toi-même, d'abord !
Ma tou vas lé tirer ton caillou, siii*hips* ? Grouilles-toi ! Yé froid !


En considérant l'état de sobriété des différents protagoniste, il est presque inutile de vous dire que le projectile manqua sa cible à la perfection. Il s'écrasa violement sur le mur, à un poil de cheveux bruns, ce qui provoqua l'envolée d'injures à l'attention du lanceur.

'Spèce d'corniaud d'mes deux ! T'as 'ssayer d'me faire la peau ! Salopiot !
J'a pô fait exprès ! Qu'est-c'tu crois ? L'volet y tangue !
Ca c'qu'on dit ! J'va te r'faire la face, t'vas voir !
Maaaa ! On sé calmé ! Aller, tout doooux !


Le barde s'interposa entre les deux ivrognes et parvint à éviter de justesse la baston qui arrivait avec ses gros sabots. Comment a-t-il fait ? C'est simple, il a rappelé aux soiffards qu'il leur donnerait des écus s'ils menaient à bien la tache pour laquelle il les avait fait venir, à savoir : jouer les enfants de choeur et faire les bruitages du fond, pendant que l'Illoustre Elvix chanterait sa sérénade.

Aller ! C'est partiiii*hips* ! Oune, dosse, tresse, quatro...
Tsss... Tsss... Tsss... Tsss.... Tsss... Tsss... Tsss... Tsss...
Chabadabadaaa... Chabadabadaaaa... Lalalalaaa...
C'est l'histoire d'oune croqueuse d'hommes,
Tsss... Tsss... Tsss... Tsss.... Tsss... Tsss... Tsss... Tsss...
Chabadabadaaa... Chabadabadaaaa... Lalalalaaa...
Qui oune your croisa ma pomme.
Tsss... Tsss... Tsss... Tsss.... Tsss... Tsss... Tsss... Tsss...
Mais il est nul ton bruit de cigale ! En plus tu m'postionnes d'ssus !
Maaaa ! Ils lé font exprés ou quoi ? Y arrivérais yamais !
Gnia
Fidèle à ses habitudes d'angoissée de la nuit, la Saint Just, campée devant la vaste cheminée de ses appartements, emmitouflée dans d'épaisses fourrures, son dogue de Bordeaux ronflant à ses pieds, vidait consciencieusement sa carafe de Bourgogne quotidienne, avec un plaisir d'autant plus vif que le gouverneur de Montauban s'était mis en tête de décréter un embargo sur celui-ci.

A dire vrai, la soirée semblait s'annoncer pareille aux précédentes si l'on excluait le boucan que faisait sa meute de chiens de chasse qui, bien que parqués dans l'endroit le plus éloigné de la demeure, s'escrimaient à aboyer sur une invisible proie. Vint pourtant un moment où le veneur parvint à les faire taire, probablement à grand renfort de barbaque fraîche, et enfin Agnès poussa un soupir en se réjouissant du silence de cette soirée d'hiver, seulement entrecoupé du crépitements des bûches dans l'âtre et du ronflement du feu... ou bien était-ce celui du dogue ?

Tendant l'oreille pour définir la chose - et oui, quand on commence à être pinté, l'on s'intéresse à des choses que le commun des mortels qualifierait de strictement inutiles et/ou débiles - il lui sembla entendre des voix étouffées et, comble de l'incongru, le crissement d'une... cigale ?!

Sourcil haussé, curiosité piquée, elle eut tôt fait d'oublier de se demander qui du feu ou du dogue ronflait le plus fort et se mit à la recherche de la provenance de ses bruits étranges et peu communs dans la pampa montalbanaise en ces nuits si proches de l'hiver.

Et comme l'on débusquerait un moustique qui volète mollement au plafond mais que la semelle de la tong rate à chaque fois, la Saint Just finit par ouvrir brusquement le volet d'une des fenêtres à meneaux de sa chambre et jeta un coup d'oeil circonspect à l'extérieur. Là !

A quelques mètres de là, elle pouvait entendre plus que deviner trois voix et silhouettes sous les fenêtre de la môme Blanc Combaz. Passé l'instant de surprise, elle se mit à gueuler de sa voix rauque teintée d'un fort accent picard exacerbé par la vinasse ingurgitée plus tôt.


Mais... Mais... Qu'est-ce qu'vous foutez là, vous zautr' !?

Puis le temps que l'information apportée par les observations précédentes parviennent à circuler jusque là où elle devait, elle finit par ajouter


Griotte de Blanc Combaz ! Mais j'hallucine ! Même pas majeure et z'avez d'jà du godelureau qu'vous chante d'la sérénade sous l'fenêtres ?!!

Rhooo purée ! Il fallait tirer cette affaire au clair. la Saint Just pointa du doigt en direction de la masse sombre qui s'agitait dans les buissons sous les fenêtres.


Vous, bougez pas d'là, sinon j'fais lâcher les chiens !

Et la Saint Just de quitter l'appui de la fenêtre pour parcourir les couloirs en réveillant toute la maisonnée avant de faire une entrée fracassante dans les appartements de sa dame de compagnie.
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Griotte
Et vas-y que ça braille ! Et je te réveille au beau milieu de la nuit ! C'était quoi ce foutoir ?

Plantée devant la fenêtre, la Blanc-Combaz hésitait à l'ouvrir pour voir ce qu'il se passait dehors. Le claquement sec d'un volet heurtant le mur en pierres recouvrit un instant les piaillements poussés sous sa fenêtre, suivi de près par une exclamation de surprise, toute aussi bruyante que la scène qui se jouait à quelques mètres en contrebas. La Saint Just faisait son entrée en piste ! Pas question de rater ça ! Griotte s'empressa d'ouvrir les battants en bois et se pencha vers l'extérieur pour essayer de distinguer les silhouettes des clampins qui l'avaient tiré de son sommeil, pensant qu'elle allait pouvoir se fendre la poire en les entendant se faire vertement rabrouer par la Comtesse.

Le sourire sadique qui illuminait son visage s'effaça aussitôt qu'elle entendit son prénom résonner dans la nuit. A tous les coups, ça allait encore lui retomber dessus ! Ouvrant la bouche pour protester qu'elle n'y était pour rien à ce foutoir nocturne, elle lâcha un
"mais..." sonore, qui n'eut pas le temps d'atteindre les oreilles de la Saint Just, déjà en route pour la chambre de sa jeune dame de compagnie.

Devinant qu'elle allait passer un sale quart d'heure, par la faute d'une bande de bras-cassés qu'elle ne connaissait ni d'Eve, ni d'Adam, la Blanc-Combaz fronça les sourcils et se mit à pousser une gueulante à la sauce acidulée des bas-fonds, chaque pique envoyé se perdant dans la nuit en produisant un nuage de buée qui s'évaporait dans l'air glacial.


Bande de souillards d'mes deux ! J'espère qu'z'allez fermer vos claque-merd', maintenant qu'z'avez foutu l'boxon ! J'vais en raquer plein la tronche à cause d'vos faces de truies en chaleur !

Furieuse, elle s'écarta de la fenêtre et chercha des yeux le broc d'eau qu'elle avait l'habitude d'utiliser pour ses ablutions matinales. Ne le voyant pas à sa place habituelle, sur la petite coiffeuse dans un coin de la pièce, elle ne trouva rien de mieux que de se saisir du pot de chambre, déjà bien rempli en cette heure avancée de la nuit. L'œil malveillant, elle s'approcha à nouveau de la fenêtre et déversa son contenu sur les trois nigauds se trouvant un peu plus bas. A titre de revanche, ce serait bien fait pour leurs gueules !

Toujours penchée par la fenêtre, la jeune fille en chemise de nuit sursauta lorsque la porte s'ouvrit à la volée pour livrer passage à la Comtesse. Surprise par le claquement de la porte contre le mur, elle lâcha le pot de chambre, qui émit un bruit sourd en heurtant le sol un peu plus bas. A moins que ce ne soit une tête creuse ?

Pas le moment de vérifier ! Griotte se retourna pour faire fasse à la Saint Just. Serrant les bras sur sa petite poitrine, pour se protéger du froid qui entrait dans la pièce par la fenêtre ouverte, elle lâcha d'un ton désinvolte :


Vous pouvez les donner à bouffer à Berserk. J'les connais pas !
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Elvix
Inutile de jeter de la caillasse sur les volets clos pour éveiller la dormeuse emmitouflée dans ses édredons. C'est une technique arriérée. La nouvelle mode, lancée par le barde le plus talentueux de tous les temps, c'est de se mettre à jacasser à tue-tête sous sa fenêtre, en braillant un peu plus fort que de raison. Vous pouvez ajouter en bonus une baigne ou deux dans la tronche de votre voisin éméché et vous aurez trouvé la méthode infaillible pour sortir la belle des bras de Morphé.

Non pas que le blond gringalet avait osé caresser de son poing la figure du "chabadabadien", qui ne faisait vraiment aucun effort pour mener sa mission à bien. Il se contentait tout simplement de regarder les deux pochards se castagner bruyamment, en se lamentant sur les lambeaux d'ambiance romantique qu'il avait voulu créer pour chanter sa sérénade.


Maaa qu'est-cé qué yé vais bien pouvoir fairé ? Yamais yé réoussirais à leur clouer lé bec à ces dosse crétinos !

Il en était peut-être incapable, mais les claquements de volets firent leur effet quand ils laissèrent soudain apparaître la silhouette furieuse de son Infâme Grandeur se découpant en une ombre sombre dans le cadre de la fenêtre voisine.

Mais... Mais... Qu'est-ce qu'vous foutez là, vous zautr' !?

Bonne question ! Elvix se demandait exactement la même chose, maintenant qu'il sentait à plein nez les ennuis approcher. Pourquoi avait-il toujours le don de se mettre dans de mauvaises passes ? Lui qui pensait s'être enfin sorti d'affaire grace à son nouveau protecteur, découvrait d'un air horrifié que cela ne signifiait pas la fin de tous ses soucis, loin de là.

Je... nous... on...

Ses baragouinements se perdirent dans la nuit face aux exclamations excédées de celle qui devait être la chaperonne de la Comtesse au nom fruité. "Griotte de Blanc-Combaz", ça donnait envie d'y goûter ! C'était surement pour cette raison que le baron l'avait appelé la Croqueuse d'homme... Pourtant, le blond au cervelet embrumé avait l'impression de passer à coté de quelque chose, mais difficile de déterminer quoi avec une douzaine de pintes mousseuses abreuvant ses veines.

C'était vrament Griotté, son nom ? Yé souis sour dé l'avoir déya entendou quelqué part... Maaa Anis du Jus Saint ça sonné bien auss*hips* ! Ou oune machin trouc dou genré...

Le barde se frottait le menton d'un air songeur. Tout à sa réflexion, il ne prêtait gère d'attention à la prise de becs des deux soulards, ni aux invectives de la jeune fille qui venait de faire son apparition à quelques mètres au-dessus de sa tête. C'est une douche à l'odeur nauséabonde qui le sortit brusquement de ses pensées :

Au sécoooours ! Yé mé noooie !

En réponse à ses cris de détresse, un violent choc sur le sommet du crâne lui fit voir des étoiles, bien que le ciel se soit voilé un peu plus tôt dans la soirée. Par crainte de se prendre à leur tour un projectile sur la tronche, les deux soulards déguerpirent aussi vite que leurs jambes titubantes le leur permettaient, tandis que le barde sonné restait étendu sur la terre gêlée...
Gnia
Sourcils froncés, la Saint Just examina sa chétive dame de compagnie qui lui avait répondu un peu trop hâtivement à son goût. Elle tourna autour de Griotte à pas lent tout en lui demandant

Z'êtes bien sûre de c'que vous dîtes ?

Elle finit pas lâcher sa petite proie pour jeter un oeil par la fenêtre et voir avec satisfaction deux de ses gaillards choper chacun sous un bras le malandrin qui avait oser troubler la nuit de l'Alabrena et le relever. Revenant à sa dame de compagnie, elle referma volet et fenêtre et manqua un chapelet de jurons émanant d'en contrebas et d'un tonitruant "Palsambleu, mais il empeste !"


Blanc-Combaz, passez donc de quoi vous rendre visible et retrouvez-moi dans la grand salle, nous allons tirer cette affaire au clair.

Sans un mot ou un regard de plus, la Saint Just retourna prestement dans ses appartement se couvrir de vesture propre à protéger des courant d'air de la maison et dévala ensuite les marches menant à la grand salle. Les deux garçons d'écurie maintenaient un blond plein de cheveux qui semblait plus ou moins groggy. Toutefois un détail n'échappa pas à la Comtesse qui plissa le nez avec dédain.

C'était pas la peine d'commencer à l'châtier et l'envoyer dans la fosse à purin, les gars... J'vais être obligée de supporter l'odeur tandis que je le questionnerai...
Réveillez-le !


Une paire de claques assenées plus tard, la Saint Just avait tiré un pliant jusqu'au milieu de la pièce et s'était fait servir un godet de vin. L'oeil sévère, elle observait le captif échevelé et couvert de pisse reprendre peu à peu ses esprits.
La nuit risquait d'être longue...

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Elvix
Rien de tel qu'une paire de baffes pour vous remettre d'aplomb ! Pour vos dégriser, c'est une autre paire de manches, mais ça avait au moins eu le mérite d'éveiller le blond à moitié sonné. Ses paupières s'ouvrirent en papillonnant sur deux billes vitreuses. La douleur de ses joues cuisantes parvint à dissiper un peu la brume qui semblait flotter dans la pièce. Il lâcha un grommellement en prenant conscience qu'on l'avait traîné dans la demeure sans qu'il ne l'ait remarqué. Après avoir essuyé un filet de bave qui coulait de sa bouche entrouverte, il se redressa et secoua les épaules pour se dégager du garde qui lui servait plus ou moins de béquille.

Yé souis farpaifement capablé dé ténir débout tout seul. Non dé diou !

L'hommes en armes s'écarta d'un pas avec un sourire moqueur au coin des lèvres. Le barde se retrouva à tanguer de ses propres jambes. Dans la confusion - pour ne pas dire l'alcool - qui embrouillait son esprit, il avait tout de même l'impression qu'il lui manquait quelque chose et ce quelque chose n'était autre que le bien le plus précieux qu'il possédait en ce bas monde !

Ma mandoliné ! Mi amor, bella... Où est-elle ? Qu'avez-vous fait dé ma préciouse mandoliné ?

Les yeux devenus fous se posaient d'un endroit à l'autre de la pièce. Glissant sur les personnes présentes comme à travers de l'air, son regard fouillait les moindres recoins avec pour seule obsession de retrouver son instrument disparu. Il n'était rien sans elle !

Où cé qué tou té cachés ? Mon trésor, la prounelle dé mes yeux... Vous l'avez laissé déhoOors ?

Être séparé de son instrument était une horreur à l'état pur pour Elvix. Laisser sa mandoline toute seule dehors, dans la nuit noire et terrifiante, sans personne pour la rassurer ou la protéger du froid glacial, c'était un ultime sacrilège. Elle allait croire qu'il l'avait abandonné ! Il fallait qu'il la rejoigne immédiatement, avant qu'elle ne le prenne en grippe et qu'elle refuse de coopérer la prochaine fois qu'il tenterait d'en extraire une mélodie harmonieuse. Après faut pas s'étonner si les notes sont quelque peu grinçantes. On ne sépare pas un barde de son instrument, bon sang !

Yé vais la réchercher ! Elle né peut pas vivré sans moi !

A moins que ce ne soit l'inverse ? Toujours est-il que le blond parcourut une dernière fois la pièce du regard. Il repéra la porte, vers laquelle il se dirigea d'un air décidé, mais d'un pas titubant.
Griotte
Et voici que voila : la morveuse tant adulée ! *Cris hystériques de la foule*. Ca marche aussi avec "la plouc sur qui on attend depuis trois plombes" *Huées générales* Hé ouais, mais que voulez vous ? Après s'être habillée au quart de tour et avoir couru récupérer son pot de chambre avant qu'on ne découvre l'objet de son méfait, Griotte se pointa comme une fleur - voir plutôt la chevelure en chou-fleur - au moment où l'écervelé tentait une sortie hasardeuse. S'adossant au chambranle de la porte, la Blanc-Combaz croisa les bras sur sa maigre poitrine et le toisa d'un air narquois.

Où c'est qu'il va comme ça, l'brailleur ?

Comment qu'elle se la pète ! Si le crasseux décidait de charger, à coup sur elle s'écarterait en hurlant, de peur qu'il ne la touche avec ses fripes pleines de...aheum. N'entrons pas dans les détails. N'empêche que pour l'instant, l'entrée principale était condamnée. Veuillez emprunter l'issue de secours. Y en a pas ? Quel dommage ! Reste toujours les fenêtres, mais une fois que le barde aura atterri quelques mètres plus bas, la production se déchargera de toutes responsabilités si un blond a été blessé au cours de cette histoire.

On s'en tape de ta putain d'mandoline !

Et pourtant le blond en faisait tout un cake. A vrai dire, à le voir avancer ainsi vers elle avec les yeux fous et la bave au coin des lèvres, la môme n'était pas tout à fait rassurée. Elle se redressa un peu et adressa un regard agacé aux deux valets d'écurie.


Pourriez pas lui chercher son instrument, qu'il nous foute un peu la paix ? Voyez bien qu'il est complètement inoffensif. On ne craint rien...

Elle n'en était pas vraiment sure, mais au pire elle pourrait toujours rester près de la porte et prendre ses jambes à son coup si l'ivrogne commençait à se montrer violent. Ou alors, elle pourrait se planquer derrière la Comtesse et observer l'artiste à l'oeuvre. Elle était surement douée au combat !
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