Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   1, 2   >   >>

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Un pont entre deux rives

Baudouin
Tréguier, fin octobre 1458

Le temps était long. Terriblement long. Mais enfin, enfin elle allait arriver. Il se languissait dans ce petit port depuis trop de temps. Enfin ils allaient pouvoir se marier, il l'espérait tant ce mariage, qu'elle devienne sienne, devant les astres, la nature, les pierres, le monde entier... Il s'était installé face à la mer, comme s'il attendait de la voir arriver, là, maintenant.

Il décida de prendre sa plume pour faire part à son petit chardon de son bonheur.


Citation:
Ma belle Cerdanne,

Enfin tu vas me revenir. Cela fait tellement longtemps que je ne t'ai vu que je ne sais plus le goût de ta peau et je rêve de ton sourire.

Comment te portes-tu? N'as-tu pas le mal de mer? Et notre enfant, il doit arrondir un peu plus ton ventre chaque jour!

Il me tarde de te retrouver. Notre petit nid est prêt, il t'attend, toi et notre enfant à venir.

Tiens moi informé de ton avancée, de la mer, du port où tu accostes. Mes bras t'attendent pour te serre fort.

Tréguier est une jolie petite ville, j'espère qu'elle te plaira. Notre maison est simple, mais je pense que tu y seras bien.

N'oublie pas notre mariage le 31. Nous trouverons bien un vieux druide pour nous unir en forêt.

Je te porte dans mon coeur ma belle Cerdanne, reviens moi vite.

Celui qui t'aime.

B.


Voilà qu'il devenait fleur bleue. Rêveur, amoureux, espérant en l'avenir, même si cette attente était insupportable et le rendait fou. Vite il enroula le parchemin et l'attacha consciencieusement à son pigeon pour qu'il vole, le plus promptement possible vers sa bien aimée.
_________________
Cerdanne
Au creux des vagues, fin octobre 1458.

Matin rose…

Le temps s’écoulait pépère entre mouettes et siestes…
Un peu trop même.
Et le pire ! Elle y prenait gout…
Aux siestes hein…et au roulis qui la berçait comme la chatte ronronnante qu’elle était…
Un œil sur la cabine du cap...de temps en temps…
Surtout quand ce n’était pas la chevelure dorée de sa Capmam qui dirigeait la manœuvre.
La confiance, ça met du temps à s’accrocher chez la Provençale.
Le com’s , elle lui faisait confiance sur terre, mais là ….tout une autre histoire…
En attendant que Messire Vent daigne souffler, Cerdanne regardait pousser son ventre et se laissait dangereusement apprivoisé par la grande masse d’eau bleue qui brillait sous le soleil.


Après midi ensoleillée

Le pigeon lui tomba direct dans les pattes et se fit bien évidemment tordre le cou.
Un peu de viande …Ca change de l’ordinaire sur un rafiot.
Toutes les occasions sont bonnes…
Le pigeon était breton et Cerdanne déroula le parchemin avec fébrilité…

La brune se releva de son hamac et d’un geste enthousiaste s’attela à répondre à son ours.
Le com’s lui avait promis une arrivée imminente et en douceur…


Citation:
Mon ours...
La terre est tout près, je peux sentir l’odeur de la forêt et tu imagines bien à quel point il me tarde d’arriver.
En toute logique Tréguier est le port vers lequel nous nous dirigeons..
T’inquiètes pas…mon ventre va bien et je serais en principe à l’heure pour notre rendez-vous.

Baisers salés.

Cerdanne


Soirée orageuse

Terre !...

La brune releva les yeux et toute décontenancée aperçut le sable ocre et le vert des arbres…
Se rappelait plus ces couleurs là…
Sa besace en main, elle se préparait à franchir la passerelle quand un second pigeon lui barra la route.
Ces nouvelles là étaient marines, et tentantes en diable.
Nouvelles rapidement lu et les fourmis qui jusqu’alors avaient roupillées, se firent à nouveau sentir et les picotements …..
Piquaient et brulaient sacrément…

Le rajout fut écrit en un rien de temps…


Citation:
Une nouvelle de dernière minute me retient en mer…
Une urgence ; de celles qu’on ne dénigre pas
Je te donnerais de plus amples détails dans une prochaine lettre..

Cerd.


Larguez les amarres !!!

Juste le temps de voir les fesses du fou qui rejoignait la Breiz et déjà le navire avait regagné la haute mer….
_________________
Baudouin
Tréguier, sous la grisaille, le temps qui passe...

Il faisait les cent pas. Trimait à la mine, au moins là il ne pensait pas, bouillonnait, rageait, imaginait le pire, Cerdanne aux prises avec la mer, se noyant, elle et l'enfant qu'elle portait, où sa mère l'enfermant dans la cale, lui interdisant de le revoir, où s'amourachant d'un marin, ivrogne, idiot, affreux qui lui enlèverait ainsi sa femme et son enfant.

Le soir tombait lorsqu'il rentra dans sa masure où une missive l'y attendait. Sûr, c'était elle! Il se précipita comme un jeune homme fougueux qu'il n'était plus, dépliant le velin usé, dévorant les lettres fines. Enfin... enfin...

Ses sourcils se froncèrent, son front se plissa. Un étonnement lui envahit le coeur. Une urgence? qui la retient en mer? Un riz peut-être? Il était légèrement contrarié, mais bon contre les intempéries, l'absence de vent, on ne peut rien faire!

Bon gré, mal gré, il fallait faire bonne figure, de toute façon il n'avait pas vraiment le choix.

A la lumière d'une chandelle déjà bien entamée, il se mit à lui répondre, espérant que ce contre temps ne la retarderait pas trop.


Citation:
Ma bien aimée,

Ainsi, tu es retenue en mer. Je prends donc mon mal en patience, tiens moi au courant tout de même, je suis inquiet... Ce n''est rien de grave j'espère? Ta santé va bien?

Quoi qu'il en soit je t'attendrai à Tréguier, fidèle au poste.

Dis-moi de quoi il en retourne, il me tarde de te retrouver, vraiment, sincèrement.

Prends soin de toi et que le Très-Haut te garde.

B.


Il roula le petit parchemin, un peu attristé de devoir encore et toujours l'attendre, il le regarda tristement s'envoler, le coeur lourd.
_________________
Cerdanne
L’Angleterre, sous le soleil…

Elle posait enfin les pieds sur la terre ferme et le soleil bien haut sur le port réchauffait agréablement son visage.
Une embrassade rapide avec sa Capmam et Cerdanne se laissa happer par la foule qui se pressait le long des quais.
Il lui restait la fin de journée pour arpenter les ruelles et acheter de quoi tenir pour le voyage.

Vite fait, bien fait…
Le bruit, les voix lui mirent la tête à l’envers et rapidement elle regagna le port à la recherche des marins avec qui elle partait.
Le cap déjà se tenait sur le pont principal et d’un signe de main la Provençale le salua et grimpa la passerelle…
Le même qui l’avait sortit de la nasse dans laquelle elle pourrissait depuis un mois..

Affalée dans la cambuse, Cerdanne tranquillement installée, s’enfonçait doucement quand un pigeon se permit de la réveiller.
Mauvaise idée, très mauvaise idée…
Les marins ce soir mangeraient de la viande…

La missive lui arracha une grimace et la Brune resta silencieuse un long moment devant le parchemin.
Elle farfouilla, trouva de quoi écrire et siffla son fou de Bassan. Pas le moment qu’il se barre chasser en mer.


Citation:
Ne te tracasse pas tout va bien, je t’assure.
En toute logique nous allons au sud. La route est longue et nous avons fait le plein de nourriture ce jour.
Actuellement je suis à quai en Angleterre et te dirais dès que nous gagnerons la haute mer. Une possible escale est prévue en Breiz avant de redescendre les côtes françaises.
Je te donnerais d’autres nouvelles des que possible.
Cerdanne.


Bassan!!!

Le fou équipé du parchemin prit le chemin de la Breiz et disparut entre ciel et mer...
_________________
Baudouin
Tréguier, coup de sang

Il était tôt et Baudouin faisait sa toilette lorsqu'il reconnu le vol régulier de l'animal familier. Cerdanne...

Le volatile vint se poser près de lui et, après s'être essuyé le visage et le torse, il alla chercher un peu de viande pour le nourrir, dépliant le parchemin. Ses yeux le parcoururent et à mesure qu'il avançait, son front se plissa. Au sud? Mais que diable allait elle foutre au sud! On était à quelques jours à peine du mariage et elle était enceinte, il lui fallait se reposer tout de même!

Il relu le parchemin n'osant y croire, sentant la colère gronder sourdement. Tentant vainement de garder son calme. Une escale en Breizh? Peut-être resterait-elle quelques temps, pour le mariage, pour le bébé, à défaut que ce soit pour lui! Au sud... mais quelle mouche l'avait piquée!

Des mois! cela faisait des mois qu'elle allait par monts et par vaux, sans se ménager, sans se soucier aucunement de l'enfant qu'elle portait, où qu'il puisse l'attendre depuis des lustres. Il avait l'impression d'être une femme de marin!

Rageusement il envoya le parchemin chiffonné dans l'âtre et s'asseyant à sa table, il se mit à écrire, d'une plume fébrile, rageuse, légèrement tremblante.


Citation:
Cerdanne,

Que me parles-tu du Sud? Ne sais-tu pas que nous somme censés nous marier à la fin du mois? et pourquoi diable vas-tu au sud? Serait-ce plus important que notre union?
Et tu vas faire quoi au sud? Je te rappelle, au cas où tu l'aurais oublié que tu portes un enfant, tu as tout de même besoin d'un peu te ménager, de prendre des forces, sinon tu mettras au monde un mort-né ou un petit chétif et malingre.

Et puis, je te rappelle aussi que je t'attends. Depuis longtemps maintenant. Quelle est cette urgence de dernière minute qui est plus importante que ta famille?


Ses mains tremblaient, traçant des traits rageurs, ses lettres ayant une ampleur qui n'étaient pas leur habitude. Il devait se calmer. Ecrire sous l'emprise de la colère, ce n'était pas une bonne chose, mais il ne comprenait pas. Il se trouvait plutôt patient, cela faisait nombre de fois qu'elle reportait son arrivée. Sa tête fumait. Il se posait des questions et commençait à douter de tout, ne comprenant rien de ce voyage surprise au sud. A nouveau, il continua tentant d'apaiser son ton.

Citation:
Tu sais que je suis à Tréguier et que je t'y attends. Fais escale en Bretagne et préviens moi que je puisse te rejoindre. Parfois j'ai l'impression que tu ne veux en faire qu'à ta tête et que tu te fiches pas mal du reste, de moi, de nous, de ce que je pensais être nos envies... Je serai patient. Je t'attends en Bretagne mais je compte bien t'y voir.

Porte toi bien et prends soin de l'enfant.

B.


Exagérait-il? Sa colère était-elle déplacée? Il était follement inquiet. Pour elle, pour ce bébé qu'il aimait déjà, qu'il avait accepté et que maintenant il désirait fortement. Il savait combien une femme enceinte a besoin d'attention, certes, elle n'est pas malade, mais il lui faut se reposer, bien se nourrir et avoir un rythme de vie sain, déjà elle avait essuyé une escarmouche et il s'en était fallu de peu pour qu'elle ne périsse, où qu'elle perde l'enfant.

Entêtée, bornée, elle l'était, il le savait. Et il aurait tout le mal du monde à la ramener à la raison. Mais il le fallait bien! Sinon... qu'en serait-il d'eux?

_________________
Cerdanne
Quelques mots écrits au large de la Bretagne.


Cerdanne paressait, tranquillement affalée sous un soleil généreux.
Le calme plat.
Le vent était tombé et la seule chose à faire était d’attendre, attendre et …
Se prélasser au soleil, refaire le monde, en bâtir un tout neuf, ne pas parler tout court.
Juste attentif aux bruits du monde marin et des craquements des voiles sous le vent…
C’est là qu’un pigeon breton la trouva.
Les doigts fins épargnèrent le volatile.
Jour à marquer d’un beau galet.
La bonne humeur peu à peu envahissait la brune…
la lecture de la missive faillit envoyer par-dessus bord le sourire et les bonnes résolutions de la Provençale.

La paresseuse se redressa et après avoir tenté de retrouver calme et esprit conciliant se saisit de son écritoire.
Regard rivé sur l’étendue bleuté…
Plus elle lisait et relisait, plus elle grimaçait…
Elle finit par chiffonner le courrier et d’une plume rapide se mit enfin à l’écriture.
Les mots glissaient sur le papier…
Facilement, docilement…
Durs et sans appel. A l’image de son auteur.


Citation:
Baudouin,

Je n’ai pas besoin, peu s’en faut que tu me rappelles que je suis enceinte. Contrairement à ce que tu as l’air de croire, imaginer et même considérer comme acquis :
Il va bien ;
Nous allons bien.
Lui et moi.
Lui tout petit encore et bien planqué dans mon bidon pas si gros que ça.
Ce qui signifie que je ne suis pas encore la baleine échouée que tu imagines et qui as absolument besoin d’aide pour se mouvoir d’un fauteuil à un lit…d’un lit à une table et on recommence ; d’un fauteuil à….

Il me parait tout aussi évident que faire escale en Bretagne s’impose.
J’ai bien dit escale...
Les curés et moi ça fait deux et les druides…
Y a guère que mon frérot en qui j’ai confiance sur un coup pareil…

Les soirées d’hiver au coin du feu m’angoissent, le silence d’un village tout autant.
Le vent dans mes cheveux, tel est mon choix.
Je ne renie pas le père de mon enfant.
Tu l’es et le resteras…
Mais je ne changerais pas d’avis.
Ma décision est prise.
Le sud m’appelle. Le feu m’appelle.
Rien n’y pourra rien.

Et cesse de m’infantiliser et de t’imaginer que je ne puisse pas mettre un pas devant l’autre sans toi pour me soutenir.

Nous nous verrons, sois en sûr.
Le temps de constater la fracture entre nous et de l’entériner.
Se pourrait –il que l’ours est déjà hiberné ?
Je ne le vois plus en toi...Ou est donc passé cette fureur qui t’animait….
Les côtes Bretonnes se rapprochent.

A très bientôt
Cerdanne.


Parchemin plié sans être relu, ce qui devait être dit était dit.
Le fou de Bassan reprit le chemin des terres et Cerdanne le suivit des yeux jusqu’au bout.

_________________
Baudouin
Saint-Brieuc, entre lame de fond et tornade

Il avait reçu la missive espérant avoir de douces nouvelles et c'est un torrent de lave qui l'avait assailli. La colère. Insidieuse et perverse, elle bouillonnait dans son sang. Des reproches, elle lui reprochait de s'inquiéter pour elle, elle lui reprochait de vouloir se poser un peu, au moins jusqu'à l'accouchement. Il pensait lui répondre dans la fureur de sa colère, mais finalement, il s'était ravisé et avait pris la route de Saint-Brieuc pour se rendre à Vannes au plus vite.

Avait-il fait une erreur? Quoiqu'il en soit, ivre de douleur de sentir ainsi l'incompréhension de celle qui portait son enfant, de ne pas comprendre lui-même pourquoi elle réagissait de la sorte, aussi durement, aussi égoïstement, il en avait oublié qu'à Saint-Brieuc se trouvait la douce Amy. Elle l'avait accueillie et lui avait proposé de rester un peu, le temps de savoir ce que ferait Cerdanne. Il avait trouvé là une confidente, une amie, une alliée qui, elle non plus, ne comprenait pas l'attitude de la piquante brune.

Le premier jour, la douleur et la rage, le paralysait. Il pleurait sur son sort. Amy l'écoutait, et voyant son désarroi, elle lui proposa de l'aider à finir sa volière. Bonne idée, il penserait moins. Il s'acharnait, se tuant à la tâche, adoucit par la paisible présence de la douce Amy.

Au soir du deuxième jour, il prit sa plume.


Citation:
Cerdanne,

Je suis à Saint-Brieuc, me rapprochant de Vannes. Je ne sais que dire à ta dernière missive. Visiblement tu préfères en faire à ta tête et mon avis compte bien peu.

Sois à Vannes, dans trois jours, je t'y attendrai. Nous parlerons. Cela fait trop longtemps que nous ne nous sommes pas vu et par ces missives nous allons finir par nous entre déchirer. A quoi bon.

Prends soin de notre enfant.

A dans trois jours.

B.


Il était las. Il ne savait plus ce qu'il ressentait. De la colère pour Cerdanne, une trop grande affection pour Amy, de la rage de voir celle qu'il comptait épouser préférer courir les routes et les mers plutôt que de s'occuper de l'arrivée de sa progéniture. Il l'a trouvait tellement égoïste, irresponsable et il finissait par se demander si elle l'aimait vraiment. Peut-être, finalement, s'était-elle jouée de lui? Il n'était que le géniteur de l'enfant qu'elle voulait. Il ne comptait pas. Et elle se ferait un malin plaisir de disparaître dans la brume automnale. Mais, c'était mal le connaître.
_________________
Baudouin
Vannes, l'appréhension du re-voir.

Il avait pris la route, marchant pendant trois journées complètes pour vite arriver à Vannes. Marcher n'avait fait qu'accentuer son mal-être, il ne cessait de cogiter. Culpabilisant, appréhendant de retrouver Cerdanne. Il avait l'impression de bouillonner, d'avoir le cerveau prêt à exploser.

Son arrivée à Vannes avait été comme un rêve. Il ne réalisait pas vraiment, il avait tout d'abord réservé deux chambres dans une auberge qui semblait correcte afin que Cerdanne puisse prendre du repos. Elle voyageait depuis trop longtemps, il lui fallait prendre soin d'elle et de l'enfant qu'elle portait, même si elle ne restait que deux jours.

D'un pas lourd, il avait pris le chemin du port. Regardant le va et vient des marins, humant les différentes odeurs. La soirée commençait et les tavernes du port étaient saturées, la bonne humeur régnait. Pourtant, l'humeur de l'ours était maussade. Trop d'émotion. Amy lui manquait, en peu de temps il avait découvert une vie paisible, une douce amie, attentionnée et tendre et il en avait perdu le nord. L'idée d'être confronté au tourbillon que pouvait parfois être Cerdanne le rebutait terriblement, mais il le fallait.

Nerveusement, il repéra le navire qui devait être celui de la brune provençale, et s'appuyant contre un mur, les mains dans les poches, il attendait, donnant l'apparence d'un homme placide pour mieux cacher les tourments qui se dissimulaient en lui.

L'affrontement serait rude. Avec Cerdanne, il était toujours rude. Il s'apprêtait donc à essuyer un gros riz, prêt à riposter. Les yeux rivés sur le pont.

Il l'aperçut de loin. La silhouette arrondie par l'enfant qu'elle portait. A nouveau la culpabilité l'assaillit. Comment pouvait-il la quitter... mais comment pouvait-ils continuer à vivre de la sorte? Sourcils froncés, regard d'acier braqué sur la passerelle. Il ne bougeait pas, attendant que la belle ait mis le pied à terre.

_________________
Cerdanne
L’amère zone*

Les terres bretonnes se découpaient de plus en plus nettement et Cerdanne, appliquée à suivre la manœuvre ne vit pas tout de suite le volatile.
Le regard clair et lumineux, elle fixait les voiles qui claquaient au vent et respirait avec volupté...

Retour sur le pigeon peureux qui se tenait à distance respectable de sa main...
Elle avança doucereusement et le piaf se laissa piéger…
Epargné le pigeon…
Connaissait pas son bonheur celui-là…

La missive courte confirmait le rendez vous à Vannes…
Et le ton amer laissait présager une confrontation houleuse.

Un coup d’œil sur le pont et le port de Vannes fut tout à coup à leurs pieds.
La provençale ne perdit pas de temps et descendit rapidement récupérer sa besace dans la cabine.
Un dernier regard circulaire sur le pont du bateau, un salut respectueux, un franc sourire vers le Cap et le quartier-maître et la brune franchit la passerelle d’un pas assuré.
La foule était dense et le sol légèrement mouvant.


Trop de temps en mer la belle…

Elle prit son temps et laissa son regard dérivait sur cette masse bruyante qui lui passait sous les yeux.
Peu à peu le pas enfin plus sur, elle retrouva avec plaisir le bruit des bottes qui frappent le pavé et s’engagea d’un air décidé vers la ville…
Prête à crever de visu cet abcès qui ne demandait que ça…

Alors qu’elle se laissait porter par la vague des gens qui paraissaient tous aller se jeter dans la même taverne, elle l’aperçut.
Regard acéré fixé sur elle…
Cerdanne s’avança vers lui et laissa tomber d’un ton neutre.


Bonsoir Baudouin.

*ptit clin d’œil à Sokal….

_________________
Baudouin
Elle avançait sans avoir l'air de le voir, jusqu'à ce que leurs regards se croisent. Elle n'avait pas changé et cela faisait si longtemps qu'ils ne s'étaient pas vus. Le temps... il passait sans qu'il s'en aperçoive. La voyant s'approcher, il serra les dents, au souvenir des noces avortées. Faisant fi de ses rencoeurs, il s'inclina pour la saluer.

Bonsoir Cerdanne, as-tu fait bon voyage?

Il lui tendit son bras. Plongeant son regard dans les yeux de Cerdanne, la sondant, intensément. Prenant sa besace et la déposant lestement sur son épaule.

Viens, l'auberge t'attend pour prendre du repos, et... nous avons à parler, ne crois-tu pas?

Son regard, à nouveau glissa sur elle. Comment pouvaient-ils s'être à ce point éloignés, pourquoi n'arrivaient-ils plus à communiquer?
Lâchant un léger soupire, il poussa la porte pour lui permettre d'entrer dans l'auberge. Les gens s'attablaient et riaient, le fumet qui montait à leurs narines était alléchant.

Il se tourna vers elle et lui souffla à l'oreille, au travers du brouhaha ambiant:


Veux-tu manger maintenant ou monter te reposer en premier? Je peux te faire monter à souper dans ta chambre.

En lui parlant, il l'avait attiré plus loin du port, en direction de l'auberge.

Je suis heureux que tu sois enfin arrivée, à dire vrai, je n'y croyais plus...
_________________
Cerdanne
La quadrature du cercle.

Déjà, même si le geste était amical que, d’autorité, il s’empare de sa besace l’avait hérissé au plus haut point.
Dans les pires moments de sa petite vie, cette vieille besace de cuir représentait sa maison, son refuge et la seule chose qui au fond importait…


Je suis heureux que tu sois enfin arrivée, à dire vrai, je n'y croyais plus...

Tu n’y croyais plus….
Je réfléchis là…
Est-ce que je me vexe ou pas…
Je pensais que tu aurais cru à ma dernière lettre...
L’as-tu lu seulement… ??
Je pensais y affirmer mon arrivée et notre rencontre ici même…


Son regard le fixa un seconde avant d’errer sur la foule qui les entourait…
Visages inconnus et indifférents, se demandant si l’équipage du Royal allait débarquer faire la fête…
Cerdanne le toisa à nouveau.


Je sais, tu ne crois plus à grand-chose.
Au moins nous reste t-il ce point en commun.


Dès le premier regard, elle l’avait cherché et n’avait vu que l’ombre de l’ours qui avait parcouru avec elle tant de chemin…
Les chemins....
Elle les arpentait toujours et lui ne rêvait plus que de la tranquillité d’un foyer chaud et douillet.

Un coup à lui couper l’appétit…
Elle l’y avait cru, s’en était persuadé et en avait même aimé l’idée…
La mer avait noyé ses dernières convictions.

Elle ne pourrait pas, elle ne voulait pas….

Elle releva le menton comme il lui ouvrait la porte de l’auberge et esquissa un sourire.
L’odeur agréable qui leur chatouillait les narines eut, fort heureusement, raison de l’agressivité qui peu à peu envahissait la Provençale….

Elle le regarda fixement et se força à sourire…


J’ai faim en fait…

Gourmande encore et toujours…
Elle grimaça légèrement, malicieusement, se moquant de ses fringales et sans plus de manière l’attrapa par le bras et se dirigea d’autorité entre les tables...
Récupérant au passage sa besace sans fond dont la caresse des ses mains sur le cuir fatigué rassurait tant…

Autour d’une table, dans l’anonymat d’une foule bruyante et indifférente…
Le mieux qu’ils puissent faire….
La neutralité bienveillante d’un repas chaud et d’un bon vin.
La provençale eut tôt fait de leur trouver un coin de tranquille, là perdus dans la foule mais assez isolés pour discuter en paix…

Une fois installés, la tavernière passé, Cerdanne laissa son regard trainer dans la salle avant de le fixer une bonne fois pour toute dans celui de Baudouin et de ne plus le lâcher.


Nous y voilà, mon ours…

Menton blotti dans ses mains, coudes bien plantés sur le bois de la table, elle le regardait sans rien dire…
Hésitant à lancer le premier galet, cherchant les mots simples et fluides qui les sépareraient sans trop de déchirures.


Ton voyage depuis St-Bri c’est bien passé ??
_________________
Toxal
Les soirées en Bretagne sont bien calmes, ça il l’avait bien comprit, pas ici qu’il sauterait sur la table fin saoul à déblatérer des inepties qui paraissent toujours importantes sur le moment.Vannes, il avait espéré croiser une amie anciennement rouergate qui lui avait annoncé une bien triste nouvelle mais qu’il aura louper.

Comme il en avait l’habitude il traina ses bottes dans les ruelles en quêtes de quelques chopines chaleureusement partagées, en attendant de rejoindre sa belle.
Les rues, les coins se succédaient, et enfin une porte de taverne se présenta à lui, une de celle facile à pousser pour entrer mais tellement lourde en partant…faute de boulasse, la division des forces ou simple cuite.

Direction la peuplade Bretonne, bien fébrile pour la saison, mais bon …parait qu’ils sont timides…

Rencontre d’un trio sympathique, et portant son regard sur une tablée derrière il aperçut une silhouette familière…mais…comment cela est-il possible, de retrouver la brune arpenteuse icelieu???


Excusez moi, ‘fin kenavo ... j’ai quelqu’un à saluer.

Passant ses interlocuteurs avec qui il conversait, il se dirigea vers une table où se trouvait un homme et cette femme, Cerdanne.

Au fur et à mesure de son approche il constatât que le moment état inapproprié, mais qu’importe les étiquettes et les convenances sont bien différentes sur les routes qu’en d’autres lieux.
A un pas, il se fit entendre en les saluant, forcé de constater que la nature avait commencer son ouvrage dans le ventre de Cerdanne.


Cerdanne…qu’est-ce que tu fais ici ?… si je m’attendais!

N’ayant pas l’habitude de se rencontrer en taverne elle hésitait à le biser, chose qui le fit rire.
Puis se tournant vers l’homme, il se présenta de manière courtoise.


Bonjour, je suis Toxal, un ami.
J’espère ne point vous importuner ?


Il partagea un moment avec eux, le hasard des routes, les rencontres imprévisibles de vieilles connaissances.
Leur conversation tournait autour de choses qu’il est difficile d’intégrer et le jeune homme ne se sentait pas vraiment à l’aise devant leur propos, malgrè l'évocation de la famille et de la belle nourrice qui est devenue sienne.
Quoi qu’il en soit il était content d’avoir entrevue deux âmes vivantes dont une qui était somme toute bretonne.

_________________
Baudouin
Bien au chaud, le coeur froid.

Une fois dans la taverne, elle s'était imposée. La laissant faire, ne voulant provoquer un esclandre, il allait s'asseoir à la table, se calant dans le coin. Peut-être était-ce leur problème, aucun des deux ne baissait sa garde, alors l'affrontement était toujours inévitable.

Elle l'appelait encore "mon ours", malgré l'amertume qu'il pouvait sentir au ton de sa voix. Cela lui fit monter une vague de souvenirs tendres. Où en étaient-ils arrivés? Ils n'étaient plus sur le même navire, l'une voguant vers l'aventure et l'autre aspirant à un peu de paix et de sérénité. Pourtant, il l'aimait toujours, il le sentait bien, mais leur entente oscillait entre nombreuses tempêtes et brèves accalmies.

Oui, petit chardon, la route s'est bien passée, je suis arrivé à Vannes sans encombres, comme tu vois.

Ses yeux noirs étaient plongés dans les éclairs de la brune, il aurait voulu s'y noyer, y perdre le gâchis qu'ils étaient en train de faire. Y perdre leur orgueil dans lequel chacun se murait sans y laisser pénétrer l'autre.

C'est alors qu'un inconnu s'approcha d'eux et leur adressa la parole. Ses yeux allèrent de Cerdanne à l'homme en question. Ils se saluèrent, causèrent, mais toujours tout revenait toujours autour de leurs disputes, de leurs désaccords. Finalement, il était de piètre compagnie.


Non messire, vous ne nous dérangez pas. Je suis Baudouin.

Qui était-il? Le père de l'enfant qu'elle portait? L'ami, l'amant, l'ancien compagnon... allez savoir! Que dire. Quoiqu'il en soit, il avait trop peur d'exploser de rage devant l'inconnu et préféra se taire, regardant celle qui l'avait aimé tout en buvant et en se remplissant la panse.

_________________
Cerdanne
Petit Chardon.

Ces mots là, la recroquevillent, et l’espace d’un instant elle n’est que boule de douleur.
L’échec devant elle, évident, cuisant…
Même son regard, elle ne le reconnait plus.


Cerdanne…qu’est-ce que tu fais ici ?… si je m’attendais!

Le regard qu’elle lève de prime abord ne doit pas être bien avenant, mais l’homme qui se tient devant eux ….
C’est un petit bout d’un temps joyeux et insouciant.
Et Cerdanne de sourire et de maladroitement s’essayer à biser les joues de Toxal…

Entre deux mots douloureux échangés avec Baudouin, emplis de rancœur et de triste fatalité, Cerdanne, chanceuse,
se réchauffe aux souvenirs du Rouergue et de l’évocation des amis qu’ils y ont laissé…
Toxal et tant d’autres, tout comme elle.

Son appétit ne se dément pas et c’est avec enthousiasme qu’elle dévore ce que la serveuse leur sert, buvant entre deux bouchées.
Les yeux rieurs se voilant peu à peu devant le silence de Baudouin.

Toxal se fondit dans les brumes bretonnes et ils se retrouvèrent l’un face à l’autre…

La colère mal contenue emplissait le regard de l’ours et Cerdanne compris tout à coup que le point de non retour était là….entre eux, posé négligemment sur la table de bois brut.

Elle un pied déjà en mer, et lui…les deux bien à plat sur cette terre bretonne.
Un zeste d’amour encore traversait ses pupilles sombres et elle tentait de s’y accrocher…inutilement.

Une dernière gorgée de vin et Cerdanne plissa légèrement le front…
Il n’était plus utile de tenter de s’épargner.
De toute manière, elle n’avait jamais pris les chemins de traverses pour énoncer ses vérités. ..
Son regard fixé sur lui, l’effleurait, s’arrêtant un instant, reprenant sa course, détaillant, imprégnant sa mémoire….


Je repars bientôt …Je te donnerais des nouvelles bien sur. J’ose espérer que tu me fais confiance pour te tenir au courant de l’arrivée du..de….

La Provençale se mord la lèvre retenant la flèche qu’elle voudrait lui décrocher…mais le mot batard est bien celui qu’il se plait à lui cracher dessus, depuis son refus du mariage…
Elle préfère remplir son verre et boire silencieusement, se contentant d’attendre une éventuelle réponse.

_________________
Baudouin
L'arrivée du... de...

D'un geste rapide, Baudouin posa sa main sur son bras, la regardant tendrement et intensément.

L'arrivée de notre enfant Cerdanne. Il faudra nous entendre, petit chardon. J'ose croire que nous y arriverons, malgré nos différents, n'est-ce pas?

Il baissa la tête un instant, laissant sa main sur son bras.

Ne reste-t-il rien d'autre de ce que nous avons été l'un pour l'autre?

Tristement, il resserra sa main sur son bras, et fermant les yeux, prenant sa main il la posa sur sa propre joue, savourant la douceur de sa paume. Souvenirs, nostalgique de l'heureux temps où ils se comprenaient, où ils s'aimaient, simplement, sans avoir besoin de rien d'autre. Le simple fait d'aimer leur suffisait à l'époque... mais tout était passé trop vite. Il poussa un soupire de tristesse.

Je sais que tu me donneras des nouvelles Cerdanne, de toi et de notre enfant. Et puis tu sais... je l'aimerai même si c'est un bâtard! Tu le sais non?

Oui, il les aimerait même si elle n'était plus sienne et même si rien ne se passait comme il le voulait. Il regrettait de ne pouvoir offrir à sa descendance ce qu'il aurait voulu pour elle. Naître bâtard dans ce monde vil n'était pas un cadeau, mais il s'arrangerait pour que rien ne manque à cet enfant, pas même la présence de son père. Il regarda Cerdanne et se prit à penser qu'elle aurait sans doute un autre compagnon et que peut-être ce serait un meilleur père que lui.

Ses poings se serrèrent et l'espace d'un instant une sourde colère gronda à nouveau en lui. Rageur, il prit Cerdanne par la nuque, l'attirant à lui et l'embrassa à pleine bouche sans attendre d'avoir son consentement.


Je serai toujours là pour vous deux, ne l'oublie jamais, même si tu es libre, même si tu aimes à nouveau quelqu'un d'autre. Ne l'oublie jamais, mon petit chardon.

Il plongea ses yeux marrons dans ceux de Cerdanne, espérant qu'elle comprenne et qu'elle se souviendrait.

Viens, il faut se reposer, ta chambre est prête ma belle. Allons-y.
_________________
See the RP information <<   1, 2   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)