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[Rp] Samain ... et que renaisse l'année ...

Lisbelle
La petite blonde écouta les paroles de la bourgmestre qui répondait à la question qu'elle venait de poser à Dom. Donc Samain représentait le passage aux jours sombres et froids? L'arrivée de l'hiver qui bientôt frapperait aux portes. Mais cela représentait également le retour des disparus? Subitement Lisbelle tourna le regard de gauche à droite, histoire de s'assurer qu'elle n'allait pas revoir son cher Jean et sa Marraine Royale en corps translucide. Pas qu'elle ne voulait pas les revoir, Dieu savait à quel point elle aimerait leur dire une dernière fois qu'elle les aimait, mais bon, les fantômes, les revenants, toussa toussa... elle n'en était absolument pas friande, loin de là même!

Une question suivit alors les explications, question à laquelle la blondinette ne répondit rien. Pour elle, tout ceci était si... irréel, qu'elle ne voyait même pas que répondre. Le ton employé appelait un "non" ferme, mot que finirent par dire bon nombre des présents, mais Lisbelle garda la bouche close. Le druidisme, voilà une chose à laquelle elle ne comprenait pas grand chose. Pouvait-on communier avec la nature de la sorte sans se détourner du chemin du Tout Puissant? Visiblement certains le croyaient, mais d'autres non. Comme ce duc qui avait refusé la cérémonie sur ses terres.
Mais la blondinette était curieuse. Et le Très Haut ne verrait sûrement aucune objection à ce qu'elle, non pas participe, mais soit témoin de cette cérémonie-là. Après tout, ce n'était pas comme si elle allait changer ses croyances.

La grand place se remplissait peu à peu, la jeune fille reconnut Lys, Eloïse et Karuna, et d'autres personnes qu'elle connaissait de vue. Elle envoya un sourire et un petit signe à ses amis Vannetais, quand elle sentit une petite main se glisser dans la sienne. Tournant le regard, elle s'aperçut que c'était le fils de Dom. Un sourire étira ses lèvres, et elle se leva après avoir donné un ordre à son chien qui resta tranquillement assis, et entra dans la farandole.

Mais bien vite elle sentit de nouveau quelqu'un lui prendre la main, et cette fois ce fut Sorianne qui l'entraîna hors de la ronde.


Oh bonsoir So, fit-elle dans un murmure, je te pensais à l'auberge. Je suis arrivée ici par hasard, ils célèbrent une fête druidique, le... Samhain, si je ne me trompe pas.

Et la petite blonde de raconter à sa sœur ce qu'elle avait retenu de cette cérémonie, et de continuer :

Je suis curieuse de voir cette fête. Je vais rester un peu, tu nous accompagne?
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Chroniqueuse de la Grande Maison d’Attigny
Modano_lancedragon
Modano avait promis à Lastree de venir à la cérémonie de Samain qui se déroulait à Vannes. Non pas qu'il y connaissait grand chose, mais il voulait préserver la quiétude et l'intérêt deceux qui en savaient plus que lui ici présent sur le sujet.

C'était donc appuyé contre un arbre les bras croisés qu'il surveillait cette cérémonie, tel un "guerrier druide".

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Saphyra
Alors que Saphyra avait ressenti l'envie de donner la main aux personnes qui l'entouraient, elle n'aurait pas pensé que toute l'assemblée aurait suivi le mouvement...

Elle sourit et c'est avec ferveur et joie qu'elle accompagna la jolie ronde qui se formait autour de Lastree.

Elle jeta un oeil à l'homme armuré qui venait d'arriver et qui portait le signe des Dragons de Vannes...Elle sourit en reconnaissant Modano.

Elle était étonnée qu'il soit là ....loin de son univers... mais elle en était ravie tout de même et elle savait que rien ne leur arriverait alors.

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Sorianne
So esquissa un sourire à sa soeur et écouta raconter ce qu'il se passait. Une fête païenne, cela ne lui disait rien qui vaille... Mais la blondinette avait l'air curieuse, et tout ce qu'il se passait... L'atmosphère était étrange. Etaient-ils envoutés? La brune observa les gens, et se mordilla la lèvre, inquiète de savoir sa petite soeur là dedans. Si l'inquisition venait... La petite brune se pencha à l'oreille de Lisbelle. Elles étaient en territoire païen, le fait de dire tout haut ce qu'elle pensait risquait de lui attirer des ennuis, chose qu'elle ne voulait pas.

Ce n'est pas bien Lis, c'est le Sans-Nom qui dicte cette fête, on devrait rentrer...

Mais la blondinette, curieuse comme sa brune de frangine, avait envie de voir où cette fête allait les mener. Si So avait su qu'il fallait venir en Bretagne pour voir ce sabbat... Elle hocha la tête de gauche à droite.

Je reste pour voir... Mais je ne participe pas. Je suis curieuse aussi, mais pas folle...

Un vieux souvenir lui revint, du temps où elle se trouvait à Castillon, et l'image d'une ombre effrayante qui l'avait accusé de sorcellerie, pactisant avec le Sans Nom afin d'aider des brigands à attaquer le village... Le vîdame n'était pas loin, pour sûr, elle ne voulait pas retenter l'expérience...
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Une belle bannière?
Lastree
Etait-ce son extrême sensibilité, accrue par les épreuves des jours passés qui la rendait plus réceptive qu’à l’accoutumée ? Le fait est qu’elle aurait juré que certains parmi eux étaient habités par des sentiments de défiance voir de franche désapprobation concernant la cérémonie qui se déroulait.

Ne voulant pas que de mauvaises pensées viennent salir cet instant sacré, elle prit la parole d’une voix suffisamment forte pour que tous l’entendent mais empreinte de douceur et de compréhension :


« Célébrer Nature est la chose la plus naturelle du monde, nos ancêtres le faisaient avant nous, l’Eglise la glorifie parfois lors de ses sermons et les hommes toujours se tourneront vers elle quand leurs existences auront besoin de retrouver du sens et de l’espoir. Nature n’est qu’amour et harmonie, elle reçoit chacun d’entre nous avec bienveillance et simplicité, la célébrer c’est célébrer la vie elle-même, dans toute la puissance de son cycle, comme un éternel recommencement. Ce soir, nous célébrons nos morts et la fin de l’année, fin qui n’est rien d’autre qu’un début en somme puisque le cercle n’est pas une figure finie. »

Comme pour illustrer ce qu’elle venait de dire, elle prit son bâton de druide et traça un large cercle autour d'elle. Il représentait la base de la création, le cercle d'éternité ...
Elle reprit la parole :


« Le premier cercle symbolise la course du temps, la roue de l'année. En cette période le cycle est presque achevé ... »

Les regardant, elle traça un second cercle à l'intérieur du premier...

« Le second cercle symbolise l'univers et c'est à l'intérieur de ce cercle que se trouve l'Homme, connecteur de vie, incarnation de l'âme. C'est à l'intérieur de ce cercle que se trouve le lien entre les mondes souterrains et les mondes supérieurs. »

Elle se redressa et les observa un court instant, s’ils avaient été plus instruits sur leurs traditions, l’un d’entre eux se serrait avancé pour tracer la figure suivante, il était grand temps de les former pour que renaissent leurs cérémonies ancestrales. Elle reporta donc son attention vers le sol et traça un carré au cœur du second disque, avant de tracer un axe au travers de ce même carré.

« Et voici l'axe Monde … Il relie l'extrême profondeur et l'extrême hauteur... »

Faisant le tour de l’immense figure, elle disposa une coupelle à chaque point cardinal pour chaque coin du carré tracé autour d'elle ... Dans la première, elle déposa une plume d’aigle :

« L'est est l'air... »

Elle continua et déposa une brindille enflammée au braséro dans la coupelle du Sud :

« Le Sud est le feu... »

Cela faisait plusieurs jours déjà qu’elle se préparait pour l’évènement et était venue avec tout ce dont elle avait besoin. Sortant une flasque d’une des poches de sa saie, elle en versa le contenu dans la troisième coupelle, il s’agissait d’un peu d'eau sacrée puisée à la fontaine de Barenton, Brocéliande était donc un peu avec eux malgré l’interdiction ... elle reprit:

« L’Ouest est l’eau... »

Enfin, sortant une pierre représentant l'Autre monde, elle la plaça dans la dernière coupelle … le cercle était achevé. Elle sentait leurs regards posés sur elle … Que ressentaient-ils à ce moment précis ? Sentaient-ils, comme elle, la formidable énergie qui sommeillait sous leurs pieds ? Etaient-ils effrayés par ce qu’ils découvraient ou redécouvraient ? Peut-être poserait-elle la question à certains … Plus tard … Il était temps de poursuivre :

«Le Nord est la terre... »

Se tournant vers eux, elle ouvrit les bras, comme pour les étreindre tous et lança d’une voix forte, comme investie et soutenue par l’âme des anciens :

« Ensemble, remercions la Mère de nous avoir réunis ce soir. Il est important de prendre un jour dans l’année pour nous souvenir de ceux qui ont fait notre histoire, de ceux qui nous ont guidé et nous guident encore, de ceux qui nous ont aimé.
Demandons-nous ce qu’ils ont été pour nous ? Ce qu’ils ont apporté à nos vies?
Les sentons-nous à nos cotés à chaque heure du jour et de la nuit ? La vie est un don formidable, et la mort n’est pas une fin, mais un passage, le commencement d’une autre vie, une vie au fond de nos cœurs, de nos esprits. »


Fermant les yeux pour retrouver les mots prononcés par des générations de druides avant elle, elle déclama :

« Temps hors du temps
temps incertain
où les choses ne sont plus,
et où celles à venir ne sont pas encore.
Porte ouverte sur l'invisible
par laquelle la Vieille sort de la nuit
et vient vers nous.
En silence, elle nous débarrasse de ce qui en nous n'est plus ,
n'a plus lieu d'être.
Elle emportera dans son chaudron peurs, doutes et illusions
pour que nous puissions, allégés, franchir le Seuil.
Porte ouverte pour accueillir les Ancêtres
et partager le festin rituel.
Feu éteint puis rallumé pour,
dans le temps humain, une nouvelle année commencer.
Mais il faut d'abord commencer par entrer dans la Nuit. »


Un long silence les enveloppa alors ... Temps de l’introspection et du souvenir … Hommage aux absents... à tous leurs disparus, connus d'eux ou non... leurs ancêtres, qui faisaient d'eux ce qu'ils étaient... familles, amis également... être chers disparus... commémoration pour leur signifier que malgré le temps, ils demeuraient.

Le regard acier retrouva son éclat pour se poser sur le braséro. Etait-ce les flammes qui s'y reflétaient, où la détermination de l’ovate qui luisait dans ses prunelles ?

Sortant de son autre poche un petit parchemin soigneusement plié en quatre, elle s’avança vers le brasero, il était temps de renoncer à ses craintes, à ses fantômes qui, elle le savait aujourd’hui, ne reviendraient plus la tourmenter.


« Par ce geste, je renonce et me défais de toute entrave, je te libère et me libère tout à la fois »

Elle seule savait ce que renfermait son parchemin, il était le secret de son cœur à jamais, elle devait le laisser retourner vers les limbes dont il était sorti.
Elle se recula, c’était à leur tour s’ils le désiraient de jeter aux flammes purificatrices leurs démons, leurs souvenirs heureux comme malheureux, leurs doutes, leurs colères aussi, pour renaitre vierges et libérés à la nouvelle année.

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Eloise.
Les mains s'étaient séparées, la ronde s'était désagrégée pour écouter Lastree.

Au fur et à mesure des paroles prononcées, Eloïse sentait un frisson la parcourir, comme si elle découvrait à cet instant des choses qu'elle avait toujours su au plus profond d'elle même sans en avoir conscience.

La vraie fille de la Terre qu'elle était devinait, malgré son inculture dans ce domaine, que le rite qui se jouait ici, et que certains vivaient sûrement comme une sorte de profanation envers le Très Haut, n'était qu'un Hymne à la Nature, la vraie, à l'Univers tout entier pour ce qu'il nous apporte de bien, et de mal aussi. Et il semblait à Eloïse que sa foi pour le Très Haut, ne pouvait en aucune manière l'empêcher de participer à la cérémonie. Son opinion était toute personnelle bien sûr, mais elle ne voyait ici aucune présence du "Malin" dans tout ce qu'il a de démoniaque.

Eloïse ferma les yeux ... célébrer les morts, les garder en son coeur, mais les laisser s'en aller dans la paix, sans souffrance et retrouver la terre dont nous sommes issus.

Elle n'avait pas de parchemin à brûler, rien que certains démons bien cachés en elle, et hésitant à peine une seconde, elle fut la première à s'avancer d'un pas vers le braséro, ne regardant personne.

Elle tendit les deux mains vers les flammes, paumes tournées vers le ciel et répéta comme dans un songe ...


Par ce geste, je renonce et me défais de toute entrave, je te libère et me libère tout à la fois

Comme libérée, elle tourna son regard vers Lastree et sourit ...
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Karuna
Toute l'assemblée écoutait Lastree attentivement et observait ses gestes ritualisés depuis des centaines d'années.
Une harmonie se répandait et unissait toutes les personnes présente dans une seule et même énergie.

Karuna observa les gens autour de lui et les voyaient se recueillir silencieusement. Eloise était près de lui et fermait les yeux, elle était recentrée en son coeur et fusionnait avec la cérémonie.

Karuna la laissa à ses pensées, il ferma les yeux à son tour....

Les paroles de Lastree s'imprégnaient dans chacunes de ses cellules, sa respiration ralentissait, les battements de son coeur aussi. Une grande sérénité s'installa en lui!

Son âme semblait déjà connaitre ces rituels pourtant il n'avait aucune connaissance particulière des rites druidiques.

Il s'approcha du feu à son tour et ressenti la force de cet élément... Il répéta intérieurement la phrase de Lastree...Par ce geste, je renonce et me défais de toute entrave, je te libère et me libère tout à la fois.

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Domdom
Le voile noir de la nuit , piqueté de petits point lumineux drapait complètement le ciel de Vannes, maintenant.
Un petit vent vivifiant , mais encore tiède pour la saison , faisait danser les flammes du brasero dont la lumière parait le visage des participants de reflets cuivrés.
N’ayant toujours pas lâché les mains de Saphyra et Valerien , l’encapuché s’imprégnait des gestes , expressions et des mots de l’officiante .

Il avait déjà commencé ce lent cheminement sans fin vers la connaissance , à Etel , mais les cérémonies auxquelles il avait participé, que ce soit Beltane ou Samain aujourd’hui , participaient davantage à son enseignement que ce qu’il avait appris jusque là

Jetant un rapide coup d’œil vers Aalys , il tenta de discerner sur le visage de sa camarade d’études les mêmes émotions que celles qui s’ emparaient de lui en cet instant .
Mais celle-ci , tenant Kerian tout contre son sein , semblait ailleurs, plongée dans ses pensées.

Lastree , après avoir dessiné des cercles concentriques , puis un carré en leur centre , prit la parole , leur expliquant toute la symbolique de ce rite.
C’est à peine s’il reconnaissait en l’ovate revêtue de son habit de cérémonie , la femme qui partageait sa vie : femme multiple et mystérieuse , à la fois ombre et lumière.

C’est alors qu’il la vit prendre un parchemin dans sa poche et le jeter dans le brasier , prononçant des paroles qui eurent un écho dévastateur en lui :


Citation:
« Par ce geste, je renonce et me défais de toute entrave, je te libère et me libère tout à la fois »


Le grand brun ne savait pas ce que contenait ce parchemin qui brûlait dans le brasero et ne le saurait sans doute jamais , mais , au plus profond de lui-même , quelque chose lui disait que ce geste de la femme en blanc le concernait lui aussi .
Mais ce n’était ni l’heure, ni le moment de se confier leurs états d’âme mutuels.

Puis Eloise et Karuna s'étaient approchés , l'un après l'autre , du feu rédempteur , dispensant le même protocole de renaissance de façon très émouvante.

Dom savait que c'était son tour maintenant.
Lâchant les deux mains qui retenaient les siennes prisonnières , il se dirigea d’un pas sûr vers le brasero , plongea ses paumes juste au dessus du feu , frôlant la flamme qui lui léchait l’épiderme.

Puis, fixant , en un instant qu’il aurait cru infini , les pupilles anthracite de Lastree , au fond desquelles semblaient briller des myriades de petites lumières reflétées par le feu , il prononça d’une voix forte :


Par ce geste, je renonce et me défais de toute entrave, je te libère me libère tout à la fois

Il regagna alors sa place à l’intérieur de la ronde , insensible aux picotements que les brûlures du feu avaient provoqué sur sa peau.

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Quatre murs et un toit...et un vieux chêne : http://kersplann.forumactif.net/
Lastree
Quelle imbécile elle faisait !

Elle aurait du prévoir qu'ils n'apporteraient pas avec eux de quoi écrire, elle aurait du savoir ...

Seulement les changements de dernière minute, le manque de communication qui avait entouré cet évènement faisaient que cette cérémonie était, malgré les heures qu'elle avait passé à chercher les objets dont elle aurait besoin, très différente de ce qu'elle aurait du être. Mais peut-être que cette spontanéité dont ils faisaient tous preuve la rendait plus authentique, plus proche par bien des aspects de ce qu'elle devait être aux tous débuts.

Elle sourit ... même si la forme n'y était pas tout à fait, nature et les ancêtres allaient être célébrés, elle était intimement persuadée qu'ils ne lui en tiendrait pas rigueur.

Eloïse la première avait trouvé le courage de s'avancer et le sourire qu'elle lui offrit la conforta dans ses convictions, à sa suite Karuna puis Dom ... peut-être devrait-elle prendre en charge leur instruction, elle devrait en parler à Chimera dans sa prochaine lettre, Lallie était si occupée et Oban si secret malgré son profond désir de voir changer les choses ...

Elle se trouva alors projetée bien des années auparavant, lorsqu’elle avait posé le pied pour la toute première fois en terre bretonne, Se remémorant les paroles prononcées alors par sa rousse amie, elle laissa passer tous ceux qui voulaient offrir leurs faiblesses et leurs doutes au feu avant de poursuivre:


« Nature … toi dont la sagesse nous a été transmise par les... Anciens...
Lugh, le polytechnicien … maître des arts et des sciences. Nous te faisons honneur ce soir par l'embrasement du bucher.
Morrigan, un des visages de Nature … tu nous présentes ton visage sombre, celui de l’Autre-Monde avec ses pouvoirs de transformation et de régénération. Ton manteau change, il devient roux, jaune orangé mêlé au vert des arbres aux feuilles persistantes, laissant ces belles couleurs à terre pour finir par créer l'humus qui nourrit les plantes.
Dagda, Toi … élément clé dans la chaine de sagesse et de transmission des valeurs de notre Mère Nature.
Diantecht … tu assures la pérennité des vivants et aides les morts à rencontrer repos et tranquillité lorsqu'ils vont vers le Sidh. »


Elle ferma un infime instant les yeux pour remercier celui qui protégeait son art, celui qui en était l’incarnation, avant de reprendre :

« Cernunnos le cornu … Maître des fauves et du règne animal. Tu incarnes l’abondance. Toi dont les bois repoussent pendant la saison claire...
Nous vous invoquons. Que la force de notre appel monte vers vous ...

Nature dont la sagesse nous est transmise par nos ancêtres ...
Nathan, grande reyne, Mère de la Bretagne … toi qui nous a laissé la terre et son Histoire en héritage
Jarkov, sage des lois … toi qui nous a fait don du livre des lois
Mat, archidruide de Bretagne … toi qui fut notre guide et notre père à tous
Ancêtres, nous vous invoquons. Que la force de notre appel monte vers vous...

Nature dont la sagesse continue de nous être transmise par nos sages
Chimera, gardienne des traditions ancestrales druidiques, maitre parmi les maitres, notre nouvel archidruide, tes pas te guident en pays François, mais tu restes en nos cœurs bien présente.
Tamuril, père des traditions druidiques, toi qui fut parmi les premiers en terre de Breizh et dont les pas te guident en pays helvète
Vous qui nous inspirez dans notre vie
Henchers, nous vous invoquons. Que la force de notre appel monte vers vous... »


D’un signe de la main elle fit venir la fillette qui lui remit un plateau sur lequel reposait un morceau de viande soigneusement emballé, un morceau de pain frais quelques champignons bien gras et la plume d’un cygne blanc … l’oiseau du seuil. Elle déposa son offrande devant le brasero, d’autres la suivraient peut-être, l’abondance ou la richesse de l’offrande ne comptait pas si elle était faite avec le cœur.

Un regard vers un des frères de la fillette, elle savait qu’il s’appelait Pierre car elle avait faillit choisir ce nom pour Elouen, et il entra dans le cercle pour lui apporter une épée dont la lame luisait à la lumière du feu … Samain était aussi une fête de nature militaire, elle eut un sourire discret à l’adresse de Modano dont elle sentait la présence bienveillante non loin d’eux et poursuivit :


« Il est dit que c'est lors de Samain que l'Etat Major des Anciens, les Thuata de Danana, les gens de la Tribu de Dana, se réunirent pour préparer la lutte décisive contre les Fomoires lors de la bataille de Glen Etin.
Nous rendons grâces aux ancêtres de la sagesse qu'ils nous ont transmise en nous laissant en héritage le savoir et la connaissance de la guerre et de l'artisanat...
Nous honorons par cette offrande les nôtres tombés au combat... que leurs âmes reçoivent notre estime et notre reconnaissance, celle de la terre qu'ils ont servi et qu'ils continuent de servir. Ils veillent sur nous... ils sont les enfants de Morrigan... »


Elle prit la lame entre ses mains et la déposa près du plateau avant de se redresser. Elle pria intérieurement pour ne pas écorcher les mots de la chanson qui allait suivre et prit une longue inspiration:

« Tan! tan! Dir! o dir! tan, tan, dir ha tan ! Tann! Tann! Tir! Tir ha tonn! Taon! Tann! Tir ha tir ha tann!

Kant mil'zo enemgavet
Kant mil kounnaret
Kant mil oll war Veg ar Van
Kan ha klemm ha kann
Kan trec'h ha korroll d'id heol
Kan goanag ha kann Kan ha kann
Kaneveden gen War o fenn »*


Sa voix se perdit dans la nuit tandis que d’autres lui répondaient.
Moment de recueillement lorsque le silence se fit à nouveau. Elle pria pour tout ceux connus ou inconnus qui avaient guidé et guidaient toujours le peuple breton, unis en cette soirée d'automne, cette soirée unique, où le monde des vivants et celui des disparus s'unissaient.
Et pour une fois depuis bien longtemps, ses pensées étaient en accord les unes avec les autres, moment d’intense sérénité ...

Elle les regarda tour à tour, enfants de Nature unis pour l’honorer, elle avait soudain envie de rire et de danser … bientôt, très bientôt, encore un dernier effort …


« Il nous faut maintenant laisser mourir le feu pour mieux le faire renaître. Comme les jours clairs s'éloignent pour bientôt revenir ... »

La fillette revint vers elle, elle avait dans les mains un petit pot de terre dans lequel, grace à une poignée de sable provenant de leur plage bien aimée, elle avait planté une bougie. Lastree enflamma un brandon de bois à la flamme du brasero et alluma la bougie de l’enfant qui attendit son signal pour repartir joyeusement vers son foyer tenant entre ses mains son trésor.
Sa joie était communicative, les anciens et les initiés savait que la fête pouvait commencer, tous retenait les rires … elle devait se hâter d’en finir :


« Ce feu va s'éteindre, comme vos foyers se sont éteints selon la tradition.
Mais... »


Elle sourit à nouveau …

« Ne laissons pas mourir la terre
Ne laissons pas mourir le feu
Nature partage le feu »


Désignant le brasero derrière elle qui brûlait majestueusement, elle poursuivit...

« Tendez vos mains vers cette lumière, et prélevez au cœur de ce foyer l'étincelle qui vous réchauffera tout l'hiver...
Il est temps, rentrez chez vous avec une flamme de brasier qui lui-même va bientôt s'éteindre et revenez, méconnaissables ... Je vous attendrai sur la colline de Garenne un peu au dessus de la ville … L’heure est à la danse, l’heure est aux masques … Vous avez la nuit pour reconnaître vos concitoyens... Chantons, dansons, rions et buvons... La vie et la joie sont le plus bel hommage que nous pouvons rendre à nos chers disparus ...»


Elle leur montra de la main un endroit où avaient été déposés de nombreux pots de terres pareils à celui de la fillette, déjà certains s’en étaient emparés et venaient allumer leur bougie au feu de la cérémonie avant de repartir se changer pour le bal costumé qui allait suivre. Les regardant s’éloigner, elle chantonna à nouveau à voix basse :

« Tan! tan! Dir! o dir! tan, tan, dir ha tan ! Tann! Tann! Tir! Tir ha tonn! Taon! Tann! Tir ha tir ha tann!

Kant mil'zo enemgavet
Kant mil kounnaret
Kant mil oll war Veg ar Van
Kan ha klemm ha kann
Kan trec'h ha korroll d'id heol
Kan goanag ha kann Kan ha kann
Kaneveden gen War o fenn »*


*[Cent mille sont rassemblés,
En colère sur la pointe du Van :
chant et plainte et combat,
chant de victoire et danse a toi, soleil;
chant d'espoir et de combat.
Que l'arc-en-ciel brille sur leur front.]

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Eloise.
Eloïse avait écouté avec intérêt la voix douce de Lastree, et malgré qu'elle mélangeât un peu tout, ce qu'elle en retenait c'était la conviction que la Nature n'était pas une divinité profane, elle était réelle, tangible, on pouvait la toucher, s'en émouvoir et s'en repaitre. Le Très Haut est dans notre âme, la Nature est tout autour de nous ... était ce vraiment incompatible ? Eloïse ne le croyait pas ... la tolérance n'est elle pas "normalement" le premier concept de chaque religion ?

Elle suivit du regard Lastree faire une offrande devant le braséro, et instinctivement elle glissa la main dans sa poche. La première de nouveau, elle s'approcha des flammes et déposa une petite poignée de blé, vestige d'une promenade au Miroir des Fées. Ce n'était pas grand chose, mais le blé signifiait tellement ... la nourriture essentielle du corps ... le pain pour tous. Puis elle eut une pensée pour ses morts à elle ... son père, sa mère, et le chagrin qu'elle en avait éprouvé. Aujourd'hui elle les laissaient s'en aller, sans souffrances et plus aucune amertume. Leur souvenir serait là, au fond d'elle ... toujours.

Elle regarda Karu avec un large sourire, et s'en fût prendre une bougie qu'elle tendit des deux mains au dessus du feu. La bougie s'alluma d'une flamme claire et Eloïse la protégea d'une main avant de la replanter bien à l'abri dans le pot.


Encore un regard à Lastree qui arborait un sourire éclatant ... Eloïse avait envie de mieux la connaitre, de faire plus ample connaissance et se promit de la voir plus souvent.

Elle prit le bras de Karu pour reprendre le chemin de la maison ..
. allons allumer notre foyer mon amour ... et revenons ensuite pour chanter .. danser ... rire et boire

Et tout en marchant vers leur demeure, Eloïse se demandait en souriant quel masque elle allait bien pouvoir mettre
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Saphyra
Citation:
« Par ce geste, je renonce et me défais de toute entrave, je te libère et me libère tout à la fois »



Cette phrase la piqua au plus profond de son cœur et lui rappela ses Terres du Nord où il était interdit de prononcer ces mots et même de les penser…C’était aussi pour cela que sa mère lui avait ordonné de quitter les terres…pour fuir …fuir l’incompréhension, la médisance, la méchanceté, l’intolérance et l’inquisition qui veillait à surveiller toutes adorations autres que celle qu’elle pronait.

Mais ici, en Bretagne, à Vannes, elle pouvait enfin s’unir à la Terre, la Mère…et Lastree était un guide merveilleux pour les regrouper et leur montrer le chemin.

Saphyra s’avança devant le feu, dont les flammes dansaient et léchaient le bois mort de la forêt mystérieuse qui entourait Vannes.

Elle ferma les yeux et sortit de sa bourse de cuir une rune, elle ouvrit les yeux et la regarda, sourit et la jeta dans les flammes !
Alors elle se rappela des mots de sa mère et ne put les retenir, doucement elle murmura :

« Quand revient le vent de l’Automne,
Je pense aux longues Nuits du Nord,
Accomplissant la fin d’un cycle,
Pour la gloire et pour les serments,
Les guerriers-loups, les guerriers fauves
Surgiront par toutes les portes.
Ténèbre et Lumière.
Montent les flammes en la clairère,
Dansent les runes avec le feu,
Les hommes ont oublié les dieux
Et les coutumes de leurs pères.
On va vers l’hiver… »


Elle se recula lentement, rejoignant sa place, ses yeux couleur du ciel ne pouvant se détacher des flammes.

Elle se sentait libérée.

Elle prit alors aussi une bougie et suivit ses amis pour se préparer à la fête qui allait continuer tard dans la nuit.

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Karuna
Karuna s'avanca près du brasier à la suite d'Eloise, il alluma une bougie tout en disant à haute voix..

J'ajoute ma Lumière à la Lumière...Puis il replanta la bougie dans le pot. Ensuite il jeta son offrande dans le feu, de la terre et dit...

Tout ce qui vient de la Terre, retourne à la Terre.


Il sourit à Lastree , lui fit un signe de tête pour la remercier en souhaitant qu'ils puissent avec Eloise apprendre de cette grande dame.

Eloise ayant passée son bras autour du sien, ils rentrèrent se préparer pour le bal qui allait suivre.

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Aalys
j'avais regardée Lastree faire, se sentant étrangement bien, pour ensuite m'avancer vers le brasier a la suite des autres et plaça une main la paume tournée vers le feu. Pas de parchemin, mais chacun faisait a sa manière y mettant son cœur, et la sensation forte de chaleur n'était nullement désagréable. 
Le regard vide empli de tristesse, je tenais mon fils né ce jour de Samhain contre moi  Le temps semblait figé alors que je prononçais ces mots :


Par ce geste, je renonce et me défais de toute entrave, je te libère et me libère tout à la fois

Et je me remettais a ma place pour l'écouter, mon esprit ailleurs et étrangement apaisé. Tel un au revoir a cet homme qui m'avait fait rêver, qui avait  compté comme nulle personne auparavant pour moi. 
Je devais avancer malgré le vide impossible a combler désormais. Une pensée également pour ma rousse, mon ami, ma mère. 

Et je pris silencieusement la direction de la maison pour allumer mon foyer. Puisse t'il apporter un peu plus de chaleur et de vie cette année.

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Maeve
Je regarde faire, sans bouger. Il y a presque plus de Vannetais présents pour Samhain que de bretons pour les fêtes druidiques auxquelles j'ai déjà pris part... Est-ce une ère de renouveau ? Si Mère était là, elle serait heureuse, c'est certain.
Mais elle n'est pas là.

Vient l'instant où Lastree brûle un morceau de papier. Mais ce n'est pas que ça ; c'est tellement plus ! Moi aussi, j'en ai préparé un. J'ai du manger, également... J'ai déjà vécu un Samhain, je sais ce qu'il faut y emmener.
Je serres bien fort mon papier à moi dans ma main. Je laisse les autres Vannetais défiler ; je ne les connais tous que depuis peu, mais déjà, je sais qu'il deviendront sans doute mes amis, en bons Vannetais qu'ils sont. Après Aalys, je me lève, et me dirige vers le braséro. Je le fixe des yeux, un peu tremblante. Mes mains sont moites. Mais je prends une bonne inspiration, et finis par abandonner ce précieux morceau de parchemin aux flammes.


Par ce geste, je renonce et me défais de toute entrave, je te libère et me libère tout à la fois.

Je le regarde, pantoise, se consumer et devenir cendres. Pourvu que cette entrave se défasse, oui ; pourvu que je sois libérée.
Je reprends ma place et, le moment venu, rejoignit la petite fille en posant un morceau de pain et quelques fruits de saison près du feu. Que j'aimerai être à sa place ! Aurai-je, bientôt, le droit de prendre part aux cérémonies comme elle le fait ? Et puis d'être initiée au druidisme ?
Patience, patience.

La cérémonie touche à sa fin. Encore une fois, je laisse les autres s'avancer pour prendre les bougies. Quand il y eut moins de monde, j'entrepris d'attraper une chandelle à mon tour. Je l'allume, mais reste encore un moment sur la place. Je n'ai pas envie de rentrer à Bubry, pas toute seule... Où alors ? Je me mis à penser à notre maison, rue venelle de la tour trompette. Voilà un moment que je n'y suis pas allée... C'est temps !

Je m'éloigne, alors, non sans adresser de loin un simple Merci à Lastree.


Verrouillé à la demande de l'auteur.

{C.}

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