Clemence.de.lepine
En position de force. Cest ainsi quelle voulait paraître devant le Baron de Digoine puisquils allaient être amenés à se rencontrer de façon
rapprochée et plus intime que lors des diverses manifestations publiques auxquelles ils avaient ensemble déjà eu loccasion de participer. La faute à ces enchères ? Oh non
Clémence jubilait davance, elle attendait impatiemment le moment où elle allait pouvoir démontrer à cet homme létendue de sa répartie, de ses sarcasmes, de son ironie, parfois même de sa méchanceté, mensongère ou justifiée.
Toi-même tu sais, Aléanore.
Cette joute verbale cétait en tout cas la finalité de cette rencontre, ou du moins ce que souhaitait Clémence, ce quelle en attendait, comme exutoire, comme divertissement cette joute verbale, donc, cette confrontation entre deux êtres diamétralement opposés autant de corps que desprit, serait organisée en son honneur. Lhonneur de lEtincelle. Voilà bien lunique chose, lunique but, qui avait un moment sincèrement rapproché nos deux protagonistes préalablement cités.
Or, se trouver en position de force devant le Baron de Digoine était loin dêtre une tâche évidente et Clémence la trouvait même complètement irréalisable. Quoiquelle puisse faire, celui-là ne se sentirait jamais en situation dinfériorité face à elle. Elle était femme, elle était jeune, elle était frêle et blonde , elle était fervente Aristotélicienne, elle était agréable, elle avait le verbe aisément piquant, et elle avait de la fierté. Sa cause était vaine, alors, parce que Digoine semblait aimer se jouer de tout cela. Et donc, elle était déjà particulièrement agacée avant même de le rencontrer. Tant pis. Au moins lui fournirait-elle le lieu, la date et les circonstances de leur entrevue sans quil nait son mot à dire, lespérait-elle.
Toi-même tu sais, Aléanore.
Cette joute verbale cétait en tout cas la finalité de cette rencontre, ou du moins ce que souhaitait Clémence, ce quelle en attendait, comme exutoire, comme divertissement cette joute verbale, donc, cette confrontation entre deux êtres diamétralement opposés autant de corps que desprit, serait organisée en son honneur. Lhonneur de lEtincelle. Voilà bien lunique chose, lunique but, qui avait un moment sincèrement rapproché nos deux protagonistes préalablement cités.
Or, se trouver en position de force devant le Baron de Digoine était loin dêtre une tâche évidente et Clémence la trouvait même complètement irréalisable. Quoiquelle puisse faire, celui-là ne se sentirait jamais en situation dinfériorité face à elle. Elle était femme, elle était jeune, elle était frêle et blonde , elle était fervente Aristotélicienne, elle était agréable, elle avait le verbe aisément piquant, et elle avait de la fierté. Sa cause était vaine, alors, parce que Digoine semblait aimer se jouer de tout cela. Et donc, elle était déjà particulièrement agacée avant même de le rencontrer. Tant pis. Au moins lui fournirait-elle le lieu, la date et les circonstances de leur entrevue sans quil nait son mot à dire, lespérait-elle.
Citation:
Baron,
Je vous vois déjà ricaner à la réception de cette missive, et je pressens déjà la teneur de votre réponse alors permettez-moi de vous devancer : il ne sagit pas dun rendez-vous galant ; lattraction que vous prétendez avoir sur la gente féminine ne me concerne absolument pas ; je vous trouve particulièrement désagréable et non, cela ne dissimule aucun doux sentiment à votre égard.
Cependant, je vous convie de bon gré à Decize, conformément à ma volonté, et suite au marché passé avec le Duché de Bourgogne qui stipulait que contre argent sonnant vous devriez vous plier à ma compagnie le temps dune journée.
Je vous attends pour sexte ce douzième jour de novembre, dûment chaperonnée comme les convenances le veulent, et jespère que vous saurez vous montrer courtois, distingué et sympathique. Si vous ne connaissez pas la signification de ces mots, demandez à votre fils de vous lenseigner : je suis certaine davoir déjà évoqué plus dune fois le sujet avec lui.
Avec toute la cordialité quil mest possible de vous offrir,
Que le Très-Haut, dans Sa grande mansuétude, vous ait en Sa Sainte Garde.
Clémence de lEpine
Je vous vois déjà ricaner à la réception de cette missive, et je pressens déjà la teneur de votre réponse alors permettez-moi de vous devancer : il ne sagit pas dun rendez-vous galant ; lattraction que vous prétendez avoir sur la gente féminine ne me concerne absolument pas ; je vous trouve particulièrement désagréable et non, cela ne dissimule aucun doux sentiment à votre égard.
Cependant, je vous convie de bon gré à Decize, conformément à ma volonté, et suite au marché passé avec le Duché de Bourgogne qui stipulait que contre argent sonnant vous devriez vous plier à ma compagnie le temps dune journée.
Je vous attends pour sexte ce douzième jour de novembre, dûment chaperonnée comme les convenances le veulent, et jespère que vous saurez vous montrer courtois, distingué et sympathique. Si vous ne connaissez pas la signification de ces mots, demandez à votre fils de vous lenseigner : je suis certaine davoir déjà évoqué plus dune fois le sujet avec lui.
Avec toute la cordialité quil mest possible de vous offrir,
Que le Très-Haut, dans Sa grande mansuétude, vous ait en Sa Sainte Garde.
Clémence de lEpine
Elle jeta un il à ses pieds et haussa le sourcil. Un instant, une idée lui avait en effet effleuré lesprit. Clémence avait, depuis la mort de lEtincelle et selon le bon vouloir de cette dernière, hérité de sa chienne. Les débuts avaient été houleux, la bête et la demoiselle se rejetant lune lautre et refusant chacune daccepter la présence de lautre. La Demoiselle de lEpine avait maudit lAlterac et puis elle sétait résignée. Enfin, elle essayait de sy résigner. Mais la charge dun animal lembarrassait terriblement et celui-là lui semblait complètement inutile. A ce moment même, leurs deux paires dyeux se croisèrent. Elles sobservèrent en chien de faïence cétait le cas de le dire et Clémence samusa à sadresser directement à la chienne :
« Ta maîtresse ne ta jamais appris à aller délivrer un de ses messages à son destinataire ? Es-tu au moins bonne à quelque chose ? Je veux dire, autre chose que dormir sur un lit la journée entière et réclamer ta pitance quand la faim se fait trop pressante »
La chienne ne bougea pas. Clémence plia la missive et la lui tendit, un sourire au coin des lèvres :
« Va ! Apporte ça au Baron de Digoine et reviens-moi avec une réponse ! Au passage, tu auras le droit de lui mordre les mollets. Je suis sûre quil laura bien mérité. »
Fiora ne bougea pas davantage.
« Et bien ? Tu nas donc pas envie de courir la campagne comme n'importe quel autre chien le voudrait ? Allez ! Pars donc ! Rends-toi utile ! » Et elle agita devant son museau coi le morceau de vélin.
Lanimal nen demeura pas moins de marbre.
« Aussi bornée que ta maîtresse l'était. » grommela lhéritière. « Soit. Ça ira pour cette fois mais que je ne te reprenne plus à faire preuve dune telle oisiveté. Cest excessivement énervant. »
Et de héler un valet pour lui remettre le pli et les consignes allant de pair.