[Taverne municipale de Poligny
Soirée du 6 novembre 1458]
Léonin était nerveux, oui, nerveux.
En effet, c'était pour lui, mais pas seulement finalement, un grand jour, celui où il allait enfin faire sa demande. Alors, profitant qu'il ait fini son travail de Franc-Comte, il sortit rapidement. Tellement rapidement qu'il en oublia sa fidèle épée Joyeuse dans son bureau qui pourtant ne la quittait jamais. Sans se rendre compte de quoi que ce soit, il se rendit le plus vite possible chez lui, pour se changer. Il en avait profité pour passer par le bureau de son Bailli préféré pour lui demander de le rejoindre à la taverne Municipale de Poligny. C'était encore à son goût le meilleur endroit pour s'y retrouver et pouvoir faire cette fameuse demande. Maintenant, fin prêt, mais toujours aussi nerveux, il se rendit à la taverne et y entra.
A cet instant, il ne s'était toujours pas rendu compte qu'il n'avait plus son épée.
Il faisait semblant d'être décontracté et pour le moment personne ne se rendait compte de sa nervosité. Presque à chaque minutes il se préparait à faire cette demande, mais toujours quelque chose ou quelqu'un qui l'en empêchait. un coup c'était un ami qui entrait, un autre coup c'était Fredyanne qui arrivait, ensuite c'était la participation à la tombola organisée par Noa pour la mairie, à laquelle Léonin participa avec un grand plaisir, un peu plus tard c'était une bonne chopine qu'il avait sous les yeux en plus de celle qu'il avait dans la main. La boisson, oui, un peu pour l'aider à prendre son courage à deux mains. Il en avait sur les terrains de bataille mais devant sa bien aimée, pour faire cette fameuse demande ... Rien. il allait se lancer une énième fois quand un nouveau venu entra. Etonnement de la part du Franc-Comte quand il vit celui-ci : un nain.
Le seul nain qu'il connaissait, il ne l'appréciait guère. Alors, malheureusement pour le nouveau venu, aux yeux de Léonin, il partait avec un certain désavantage. Mais il se devait d'être poli en toute occasion, parfois c'est bien difficile. Ce fut le tour des mondanités basiques, des lieux communs habituels et mille fois entendus et rabâchés. Quand tout à coup celui-ci dit aux deux tourtereaux qu'il les connaissait. Pourtant le blondinet ne l'avait jamais rencontré, mémoire des noms, il n'avait pas, mais physionomiste ça oui. En plus celui-ci ajouta qu'ils avaient un ami en commun : une certaine Vengeance. Ce nom ne disait rien à rien à Léonin. Il avait beau chercher dans sa mémoire rien ne revenait. Elle non plus, il n'avait jamais dû la rencontrer, ou alors il devait y avoir si longtemps que son souvenir s'était estompé. Ou alors, c'était l'alcool qui commençait à faire effet, qui sait ? Mais lorsque Galin_percheron leur expliqua qui c'était, les souvenirs revinrent en mémoire. Des meurtres inexplicables, un château en flammes ... L'homme ajouta qu'elle était en Franche-Comté, à Poligny, même. Mais que pouvait t-elle faire ici ? Fleur était bien l'amie de Telya oui, mais sa vengeance irait aussi loin pour s'attaquer à des gens qui n'y sont pour rien ? De toutes façons, l'ancien militaire de carrière qu'il était, il n'avait pas perdu ses habitudes de s'entrainer avec son Maitres d'Armes, même si celui-ci avait des habitudes originales, celles de l'insulter copieusement pendant leur entrainement. Donc entrainé, oui et même très bien entrainé pour avoir vécu quelques batailles épiques au cours de sa vie. Donc, il ne montrait au nain qu'il n'avait pas peur et qu'il saurait attendre cette Dame. Mais quand même, au fond de lui il n'oublia pas : il devrait dès à présent se tenir sur la défensive, même s'il avait les gardes comtaux pour le protéger.
Ensuite, le ton devint plus décontracté et finalement la venue du messire de mauvaise augure lui avait donné du courage, mais surtout les questions qui devenaient trop pressantes de la part de ses amis, Caro et bien évidemment Fleur. Buvant sa dernière et énième chopine de la soirée, il se lança :
Ma chérie, veux-tu m'épouser ?
Il connaissait déjà la réponse en fait. Mais une longue attente, une bouche grande ouverte devant lui mais pas de son qui sorte. C'était à son avis, plutôt bon signe. Quand tout à coup elle se jeta dans ses bras et lui répondit dans le creux de l'oreille :
Oui, je le veux !
Galin_percheron ayant participé à cette annonce, prit congé et sortit. Léonin s'en rendit à peine compte, trop heureux de la réponse faite par Fleur mais aussi par l'idée de sa vie future. Déjà bien embrumé par les bières bues avant, voila que de nouvelles tournées arrivent, après que Hooks ait demandé de refaire la réserve. Mais malgré tout, il se faisait tard et les joyeux lurons quittèrent petit à petit la taverne. Il ne restât finalement que Léonin et Fleur, Hooks leur ayant laissé la clé pour fermer.
Alors Léonin laissa sortir Fleur en premier, lui s'occupant de fermer la porte. Mais il avait un soucis, ou plutôt deux, ou finalement trois, il s'en rendait compte au fur et à mesure. Le premier était qu'il ne se souvenait plus où il avait laissé la clé de la taverne. Il ne devait pas partir sans l'avoir fermée, le second c'est qu'il ne se souvenait plus qu'il avait laissé son épée dans son bureau et évidemment il la cherchait dans la taverne et le troisième c'était cette fichue chanson qu'il avait en tête depuis tout à l'heure et qui décidément il n'arrivait pas à s'en défaire. Alors il la fredonnait tandis qu'il était à la recherche des deux autres fameux objets en fouillant partout dans la taverne.
Chevaliers de la *hips* table ronde, goûtons voir si le vin *hips* est bon.
Chevaliers *hips* de la table ronde, goûtons voir *hips* si le vin est bon.
Goûtons*hips* voir oui oui *hips* oui *hips*
Goûtons voir non *hips* non non*hips*
Il ne s'était pas encore rendu compte que Fleur était dehors à l'attendre. Quand tout à coup, il se souvint de tout : son épée était dans son bureau et la clé ... Dans sa poche. Heureux de sa découverte il s'approcha de la porte, et pouffant de rire il éteignit les torches puis il entreprit de fermer la porte dans la pénombre de la nuit.
Il ne s'était rendu compte de rien, confiant en Fleur qui était derrière lui.