Mon étoile,
Les mots me manquent pour vous dire à quel point, il m'est insupportable de devoir vous quitter sur la pointe des pieds.
Je vous ai contemplé toute la nuit, rien n'est plus doux à mes yeux que de contempler votre visage endormi.
Vous sembliez si calme et si paisible. Je suis ému de coucher ces mots sur un parchemin, il m'eut été plus facile de vous les chuchoter.
De vous dire combien je vous trouve belle, sublime, resplendissante. Combien je suis heureux de vous aimer et combien je suis fier de vous.
Le temps passe si vite lorsque vous êtes dans mes bras. Le silence et la chaleur de votre corps m'ont fait tout oublier l'espace d'un moment, si bref fut il.
Ma douce Mahiro, la vie nous joue bien des tours, et comme je vous le disais encore hier au soir, je m'en veux de vous avoir fait si rapidement un autre enfant.
Ne croyez pas que je sois égoïste en écrivant ces mots, je ne pense pas à ma peine et à mon désarrois en m'éloignant de vous, je songe aux moments difficiles que vous traversez, aux douleurs que vous éprouvez et à la peine qui fait partie de votre quotidien.
Je suis malheureux de vous savoir seule face à ces tourments, je suis contrarié de devoir à contre cur vous laisser à la surveillance d'un homme que je déteste sans pourtant le connaitre.
Je l'envie de rester près de vous, je l'envie de pouvoir, comme je le faisais, vous regarder, échanger avec vous des secrets.
J'enrage de savoir qu'il raconte des histoires à nos enfants qu'il les prenne dans ses bras, et qu'il occupe ma place en mon absence.
Je respecte cependant, votre choix, et la confiance que vous lui faites en lui permettant de partager votre quotidien.
Mon âme sombre dans une pesante mélancolie entrecroisée de sombres contradictions.
Le devoir, l'honneur, l'amour que j'ai pour vous, celui que j'ai pour nos enfants, le désir de vous rendre heureuse, l'obligation que j'ai de vous abandonner pour honorer mes engagements auprès de notre clan, des clans devrais-je dire, et de notre Kuni.
Je n'ai pas eu le temps de l'évoquer hier au soir, mais les discours ici me donnent à réfléchir.
Il m'arrive parfois de douter du bienfondé de mon engagement.
Vous comme moi étions si attachés à nos amis d'Hita et de Nakatsu, j'ai de plus en plus souvent l'impression et le sentiment de les trahir, plutôt que de leur venir en aide.
Mes convictions sont par moment vacillantes et très controversées. Je vous en entretiendrais certainement plus tard.
Vous savez à quel point je suis attentif à la justice et l'envie que j'ai de voir un avenir meilleur pour tous...l'heure n'est pas à la philosophie où à mes états d'âme...j'essaye de gérer émotion et devoir...
Je savais qu'il ne serait pas aisé de combiner les responsabilités envers notre Kuni, notre clan, et celles qui me tiennent le plus à cur, notre famille et mes engagements envers vous.
J'ignorais et j'étais à cent lieues de m'imaginer à quel point il serait douloureux de m'éloigner de vous dans les circonstances que nous connaissons.
Je vous aime ma tendre épouse. Vous regarder dormir fut pour moi un apaisement. Quelques heures de bonheur et de soulagement.
En arrivant à Hita je ferai offrandes aux Kamis pour qu'ils vous gardent sous leur protection et qu'ils m'accordent la joie d'être à vos côtés pour la naissance de notre fils.
Surtout prenez grand soin de vous et veillez sur nos enfants. Ils grandissent si vite...
Je vous en conjure, faites en sorte qu'ils ne m'oublient pas. Vous me manquez déjà.
Votre époux
Sam