Matouminou
Matou était pressée ce matin là. Non seulement elle devait surveiller le marché et l'installation des marchands mais en plus elle avait promis au chapardeur de l'embaucher pour récolter son champ de légumes. Elle avait longuement parlé avec Horloger et Pardy. Selon eux, le chapardeur ne voudrait pas se faire remarquer. De plus la place de l'Eglise grouillait de monde: des marchands qui allaient s'installer sur le marché, poussant leur âne ou pour les plus riches, faisant avancer leur charrette, des femmes, paysannes ou servantes qui se pressaient pour acheter aux meilleurs prix quelques légumes ou autres denrées, sans compter les gardes qui faisaient leur ronde et les soldats, sur leur cheval, qui partaient ou revenaient de mission . Matou avait réussi à surmonter sa peur. Il ne pouvait rien lui arriver, le chapardeur n'était pas bête. Il n'oserait tout de même pas s'en prendre à elle.De plus, Horloger et Pardy la suivaient à distance prêts à intervenir. Il fallait qu'elle le mette en confiance. Elle allait lui proposer cet emploi, lui montrerait le champ et là une surprise l'attendrait.
Elle le vit de loin, sa grande silhouette dégingandée lui faisait penser à une marionnette. Elle eut un élan de pitié mais se reprit très vite, elle ne devait pas oublier que lui seul pouvait leur apporter des éléments nouveaux sur Pestis. elle s'approcha en ralentissant malgré elle, son coeur battait douloureusement dans sa poitrine. Elle tenta de se reprendre, jeta un coup d'oeil autour d'elle, espérant apercevoir son mari ou Pardy, mais la foule était trop dense. Elle gravit les escaliers du parvis de l'église et s'approcha de l'homme:
Le Bon jour Messire Mal...thezer! Je vois que vous êtes matinal...c'est bien pour celui qui veut travailler... Bien!!! toujours prêt à vouloir gagner quelques écus?...Le travail n'est pas dur mais il faut le faire correctement. Je pense qu'à la fin de la mâtinée vous aurez fini!
Elle leva vers lui un visage qui se voulait souriant et rassurant.
Suivez moi, je vais vous accompagner jusqu'au champ et nous parlerons en chemin du salaire ...
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Matouminou
Heureuse Fécampoise
Fière d'être Normande
Verba docent, exempla trahunt