Elle sentait une présence, mais ne voyait que la flamme de la torche. Elle distingua une cagoule ou une capuche, mais pas de visage, elle s'imagina que la Mort venait la chercher.
Ses yeux implorèrent la pitié, elle sentit la main de la Mort enserrer sa gorge et la serrer doucement.
Elle revit sa vie défiler devant ses yeux. Les images s'enchainèrent vite.
Les maigres repas dans une masure de bois.
Les miches de pain bien trop rares.
Les chataîgnes glanées avec sa mère à l'automne.
Le braconnage avec son père aussi.
Quand celui-ci partait braconner seul la nuit, les hommes qui défilaient dans la maisonnée et les quelques écus trouvés le lendemain sur la table. Ou un morceau de viande.
Puis le soir de ses douze ans, son père, lui même, qui lui avait fait découvrir que son corps pouvait rapporter de l'argent en la "prêtant" à des amis patibulaires.
Sa mère poignardé par son géniteur un soir et qui avait abusé d'elle.
Son père pendu à un gibet.
Les hommes qui défilaient dans le lit de sa mère, mais c'était elle qui subissait.
Puis le visage de la faiseuse d'anges qu'elle voyait presque tous les trois mois.
Un homme hébergé chez lui.
Une femme qu'elle avait tué de ses mains, un bébé recueilli et qu'elle avait éventré deux heures plus tard.
Puis le noir de la cellule, d'autres hommes en armes qui la violaient tous les jours.
La lueur orangée d'une torche qui se transformait en lueur blanche et lumineuse.
Un dernier râle.
Un tunnel dans lequelle elle avançait doucement.
Une trappe qui s'ouvre sous ses pieds.
Et la voilà sur la Lune au milieu des démons de la Créature Sans Nom.