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[RP (semi-fermé)] Le Tribut d'Aegir.....

Gorborenne
[Au Large de la Rochelle, 12 Novembre 1458]

Bravant des flots grossissants depuis quelque temps, le Stjarnan Aegir fait voile au Sud Ouest. La dernière fois qu'il croisait en ses eaux, il escortait vers l'Anjou quelques passagers, un garçon blond en particulier. Le Géant ne peut s'empêcher de songer aux bons moments de cette traversée. Hormis les bancs de sable qui leur avaient fait perdre quelques jours, les heures s'étaient égrainées entre les leçons de navigation, et les heures volées au mess entre deux quarts. Ses enfants accrochés à ses jambes le soir, réclamant quelque histoire pour s'endormir, bercés par le roulis, et ses moments précieux, contre sa tendre blottie.....

Mais que fait il en mer aujourd'hui? Que cherche-t-il donc à prouver.... Lui même peut être ne le sait..... L'impression d'encore une fois s'être trompé.....

Perché au sommet du mat, le Géant surveille la longue ligne d'horizon barrée du gris macabre des marais Poitevins entre les ombres d'un ciel de plomb et d'un océan d'encre.... Sinistre paysage..... ne parlons pas du présage......

Bientôt ils toucheront terre à nouveau.... L'Équipage est réduit à son stricte minimum cette fois, les autres, où sont-ils? Pourquoi ne les a-t-il pas emmenés à bord? Quelque chose que ne va pas, un murmure que lui souffle une bise glacée faufilant ses filaments de froid sous ses habits flottants..... Un frisson qui lui secoue l'échine, comme un mauvais pressentiment. D'un bond, le Géant se laisse glisser le long du mat, et traverse l'avant pont jusqu'à la Proue, scrutant les lignes de toits de la Rochelle qui se dessinent au loin.....


Quelque chose ne va pas Capitaine?

Aucune certitude Timonier, juste une impression..... juste une impression.....
Allez, faites moi accoster le navire!


Bien Capitaine!


Laissant la manœuvre au Timonier, le Géant reporte son regard vers la côte qui grossit à vue d'œil. Quelque part dans le ciel, une ligne d'étoiles semble scintiller comme un appel.....

J'arrive mes enfants.....
_________________
Isa.
Seule, une fois de plus... Départ manqué, sans doute épuisée par le manque de sommeil du aux têtées de la nuit, entrecoupés encore de pleurs provoqués par les douleurs de la dentition ... à moins que cela ne soit qu'un mauvais rêve.... Lileia, Goran ... Aelia ... Ce soir ils dorment tous les trois, laissant à leur mère le répit auquel elle aspire. Mais elle l'aurait souhaité moins solitaire. Elle l'aurait voulu à Ses côtés.

Recroquevillée au bord de la couche de fortune mise à disposition par une paysanne compatissante, Isa peine à trouver ce sommeil qui serait pourtant réparateur. Et de tirer sur sa robe de toile grise pour couvrir ses jambes avant de s'envelopper dans son châle de laine, les yeux rivés sur les étoiles, visibles malgré le rideau de pluie qui tombe depuis des heures maintenant.

Là-bas, trop loin pour que la séparation soit supportable, d'ailleurs elle l'est de moins en moins, il doit être sur le pont du bateau ... à scruter l'horizon sans doute . Dans quelques heures il accostera et elle ne sera pas là pour l'accueillir ....

Lentement ses yeux se ferment, mais son esprit lui est en alerte ... quelque chose qui cloche mais quoi ?

Plainte à peine audible ... une... puis une autre ... entre deux eaux elle se lève et se penche sur le couffin de la dernière née. Front brûlant, toux rauque ... la mère s'inquiète d'autant que ses connaissances en herboristerie sont plus que limitées. L'enfançon calé contre son sein, elle attrape le pot de miel acheté au village voisin, y trempe le doigt et le porte aux lèvres de la cadette. Remède unique ... peut-être pas suffisant... mai que faire d'autre. Après le miel, le lait maternel et les caresses rassurantes d'une mère pourtant inquiète ...



Gorbo ....


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Gorborenne
Quelque chose qui se brise, en lui, lentement, comme une brèche ou s'infiltre la bise en glacials filaments. Le Géant frissonne, se resserre dans ses habits, mais rien ne semble pouvoir réchauffer ce froid qui s'insuffle en lui.

Aelia......


Tu l'as senti, n'est-ce pas?

Sa voix, si distincte, si proche, Démon et Dragon que rien ne décroche.

Vas-t-en Surt, laisse moi!

Ne crois pas me chasser à ton humeur..... n'oublie pas que je suis ta douleur.....

Alors que fais-tu ici?!

En silence s'étiole la question, sans que s'y trouve de réponse...... Démon et Dragon la savent, mais aucun ne la prononce..... Elle est déjà là, dans le grain qui s'annonce....

Bastingage qui encaisse un coup de poing rageur, Orion secoue la tête comme si cela pouvait chasser ses peurs.... comme un refus avéré.... d'un avenir, d'un passé? de choix établis ou d'une destinée? L'ombre croit comme grandit la lumière, c'est là l'équilibre que rien ne diffère.... Orion le sait, c'est là un combat qu'il se refuse à perdre, mais ne pourra gagner....

Autour de lui, le ciel peu à peu se déchire, et la mer s'agite de la colère d'Aegir. La tempête ouvre la danse, en trombes et en éclairs, rythmant sa cadence. Les éléments se déchainent, bardés de blafardes zébrures, vent et vagues le navire malmènent, de la quille à la voilure.


Monsieur Quintefeuille, amenez la Grande Voile! On prend trop de gîte!
Timonier! La barre à Bâbord! sous le vent!

Yoo Ho Matelots! Sortons de ce grain! La Rochelle est toute proche!


Si proche, et pourtant si loin, pendant des heures et des heures, l'équipage s'escrime mais cela semble si vain. Un vent d'Est soufflant à large bourrasques semble les maintenir hors d'atteinte des côtes.... Mais lentement, tirant des bords à la seule voile d'étai, le Stjarnan s'approche pourtant des lumières de la Rochelle qui se distinguent à peine entre les rideaux de pluie. Aveuglé par l'eau qui leur tombe dessus et dessous, balayant tous azimuts, ce n'est qu'au Compas de barre surveillé par le Timonier qu'ils suivent vaille que vaille la route entre la houle et ses entailles.

Mais la tempête à quelque chose de surnaturel... Orion le sent, comme un appel. Entre les hurlements du vent, comme un murmure de détresse, entre les trombes liquides, quelques gouttes de tristesse. Coeur qui se serre comme les doutes se renforcent, enfin l'entrée en rade Rochelloise s'amorce. Trop rapide, poussé par la tempête, le navire fonce vers le quai, s'il colle en fracas, comme un coup de tête, quelques bordages, qui volent en éclat.

Le Géant saute à terre, avant même d'être amarré, laisse le navire aux bons soins du Timonier, et vers les ruelles du Port, s'avance d'un pas pressé, entre les ombres de la nuit et les seaux de la pluie........

_________________
--Jonah_hex


L'échec est l'épice qui donne sa saveur au succès.

Cela faisait maintenant des semaines qu'il traquait sa proie et pas n'importe laquelle. Un géant, chauve, manipulateur et fourbe. Une de ces mauvaises herbes dans le jardin de la vie.
Le génois était alors en Gascogne quand les faits s'étaient produits, aussitôt une large récompense avait été promise à celui qui ramènerait vivant l'homme abjecte et perfide qui avait osé manipuler une pauvre Duchesse influençable.
Des semaines maintenant qu'il le traquait le long de la côte atlantique, trainant dans chaque port à l'affût du moindre renseignement qui le rapprocherait de son but. Il l'avait raté de peu une première fois à Blaye, alors qu'il y était resté à quai pendant de nombreux jours. Mais il avait eu le malheur d'arriver au moment où il remettait les voiles. C'est la rage au ventre qu'il passa ses nuits en taverne à récolter le moindre indice sur sa future destination. Mais tout ce qui lui revenait était flou. Plus au nord, c'est tout ce qu'il avait pu en tirer. Alors le latin avait repris sa route, entrant en terre poitevine, là où se trouvait l'un des plus grand port du Royaume, tellement grand qu'il était facile de s'y dissimuler. Or il savait le Géant assez malin pour ne pas s'y aventurer comme ça, qu'il choisirait le meilleur moment pour y entrer. Un jour de chaos et de panique. Un jour ou personne ne prêterait attention à son accostage. Un jour où il ne serait pas contrôlé.

Et quoi de mieux qu'un jour de tempête pour cela. Il le savait excellent navigateur et que la mer, il ne la craignait pas.
Le génois attendit donc que la nature fusse favorable. Car lui aussi attendait cette tempête, celle qui lui livrerait son précieux colis ...


Matin du 12 novembre 1458

Après trois jours d'un calme mortel, en ce matin d'automne, le suroit s'était levé. Le ciel s'était alourdit, de nombreux nuages s'amoncelant dans l'azur du ciel et le masquant au détriment d'un gris ardoise. La mer, qui était d'huile jusque là, commençait à voir apparaitre de petites crêtes d'écume, signe d'un plus fort remous venu du large.
ELLE arrivait enfin, cette tempête salvatrice que le génois rêvait de voir arriver. Il lui fallait donc se préparer pour sa rencontre avec son destin. Dans sa chambre d'auberge au confort spartiate, il déballe son armement, l'astique et le bichonne amoureusement. Il se doit de choisir au mieux ses alliés pour cette nuit.

L'estoc est mis de côté au profit d'une dague aiguisée avec soin. Sa proie doit restée en vie et non pas être mise à mort. Et puis elle n'est prévue qu'en dernier recours cette lame, car il préfèrerait éviter le contact physique. Celui-ci serait inégal, bien que son manque de carrure puisse être avantagé par la rapidité. Ne jamais sous estimer les capacités d'un homme aussi faible ou fort soit-il.
Le poignard est glissé dans son fourreau et dissimulé dans son dos. Puis il reporte toute son attention sur celle qui ne le quitte jamais, celle qui est son complément, sa "fidèle". Une arbalète à l'arbrier sculpté finement. Il laisse ses doigts parcourir cette tueuse en puissance, mais cette fois son devoir sera de menacer uniquement ou immobiliser en préservant la vie.
Les carreaux sont vérifiés un à un avant d'être glissés dans leur carquois, puis se dernier est fixé à la taille du génois. L'arbalète quant à elle trouvera sa place aux côtés de la lame, fixée par des lanières de cuir. Ensuite l'homme se couvre d'une longue cape à capuche et quitte l'auberge en direction du port tandis que la pluie de met à tomber.
L'attente risque d'être longue mais le jeu en vaut la chandelle.

Le point d'observation est choisi de manière à visualiser au mieux la totalité des points d'amarrage. Une petite ruelle entre deux entrepôts de commerce. La pluie redouble et le ciel s'assombrit de plus en plus. La capuche est rabattue sur la chevelure brune, les onyx sont attentifs au moindre mouvement. Les heures s'égrènent la tempête se déchaine. Les vagues viennent s'écraser contre les renforts du port en grosses gerbes mousseuses. La pluie battante semble ne pas vouloir faiblir et tout s'obscurcit encore car la nuit tombe. L'entre chien et loup ... Moment propice ...
Les yeux se sont habitués à fur et à mesure du décroissement de la luminosité. Soudain une ombre se dessine au loin, venant du large. Un sourire narquois vient doucement étirer les lèvres du latin. Il avait vu juste. Il venait à lui comme il l'avait prédit. Alors il s'étire pour se désengourdir de sa longue attente. Bientôt le terme va arriver ...

Il le reconnait, c'est lui sans aucun doute sur le pont. Sa stature colossale ne permettant pas le moindre doute. Il reste sans bouger à observer et c'est là que le Géant prend le chemin de son destin, en mettant pied à terre.
Il se croit seul dans cette ville semi- désertée et endormie par la tempête. Il arpente les ruelles vident sans se soucier de rien.


Alors Capitaine, on quitte le navire ?

La voix à l'accent rital tranche le sifflement du vent. Il est juste derrière lui alors qu'il vient de dépasser son poste d'observation.
Gorborenne
Démarche qui se faufile dans les quartiers glauques de la ville..... Ici, la pluie ne suffit pas à laver les salissures, des pavés, des carreaux, des murs... Quelques lanterneaux jettent de vague langues de lumière entre les filaments aqueux suspendus à même les cieux..... Personne pour sortir par ce temps, encore moins à cette heure.... le Géant réajuste son tricorne, guette la ruelle, et reprend son cheminement sans humeur...

Mais où diable est cette auberge?

Un rendez-vous.... oui, le reste de l'équipage.... sont-ils déjà là? Ont-ils fait bon voyage? À vrai dire, Orion ne s'en soucie guère, il connait ses hommes, et ne le cache pas, il en est fier. L'initiative ardente et l'esprit clair, nul besoin de leur répéter quand et comment faire...... Tout ce qui importe au Dragon en cet instant, c'est sa Lumière, et ses Enfants....


Cédalia, où restes-tu mon Amour?

À quoi bon murmurer dans le vent, peut être qu'il écoute, mais ne répond pas pour autant..... Entre les flaques de lumière, une enseigne qui se reconnait vaguement, lâchant de sinistre grincement à chaque bourrasque l'oscillant. Le Chauve s'arrête, au nez, un frétillement.... Des années de chasse qui se réveillent en criant Danger! Oui, il flotte entre les limbes de discrètes fragrances d'hostilité....

Alors Capitaine, on quitte le navire ?

Dans son dos, toute proche, timbre acéré comme un couteau.... chasseur aussi, surement un gros morceau...... Si proche, qu'il en réprime un frisson, ainsi donc s'émousse l'instinct du Dragon? Il y a quelques mois à peine, il l'aurait senti venir aussi imperceptible qu'un soupir..... mais là, à trois pas dans son dos, le danger, et lui qui ne l'a pas senti approcher..... Réponse que se siffle, sans se retourner.....

Et en quoi cela pourrait intéresser un Transalpin? Si vous êtes tenté par une petite croisière, autant en parler autour d'un verre?

Boutade lancée de pur forme, le ton de l'homme en disait long, doigts qui dégrafe la fibule avant de glisser au ceinturon, sous là cape en quête de griffes, en toute discrétion..... Ses coutelas jumaux, il n'a d'autres armes sur lui..... Dommage, la Toise aurait pu le réduire en bouillie....

À moins peut être qui vous ayez d'autres motifs de m'aborder ainsi au beau milieu de la nuit?

Dans l'ombre se dessine comme un sourire en carnasse.... Nuit sans lune, l'heure est à la chasse......
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--Jonah_hex


Un sourire vient se visser au coin des lèvres. Il l'a surpris alors qu'il ne s'y attendait pas ... Premier point marqué. Le Géant est affaibli, reste à savoir jusqu'à quel degré, avant de se jeter sur la proie. Observer, évaluer, agir ...

L'adrénaline monte, les onyx pétillent de cette excitation palpable que la traque réussie procure. La tension est patente entre les deux hommes et pourtant le Géant se fait badin, limite désinvolte. Il dissimule cette pression qui lui tenaille les entrailles alors qu'il est quasiment pris au piège. Tenter de détourner l'attention de son adversaire, voilà ce qu'il tente de faire, mais le génois n'est pas dupe, il ne se laissera pas prendre à son petit jeu ...

Le vent du large souffle fort dans leur dos et siffle aux oreilles. Un sens en moins pour anticiper une éventuelle rebuffade. Alors les yeux se plissent afin de faire le point sur la moindre crispation de la gigantesque carcasse, le moindre frémissement qui annoncerait les prémices d'une volte-face.
Nouvelles paroles qui s'envolent contre le raffut du vent furieux.


À moins peut être qui vous ayez d'autres motifs de m'aborder ainsi au beau milieu de la nuit?

Alors le latin lâche un rire sournois.

Tu sais très bien pourquoi je suis là. Ne fais donc pas l'innocent ... Le jeu est terminé.

L'arbalète avait, depuis plusieurs heures, prit place sur le bras du génois et maintenant celui-ci la braquait dans le dos du Géant, le carreau prêt à faire son oeuvre.

Si tu bouges, tu es un homme mort ...

Les mots sont lancés avec assurance. Toujours donner le ton, ne montrer aucune hésitation. Perdre la face et perdre contenance, c'est la mort assurée.

Si tu tiens à ta femmes et à tes mômes, ne bouge pas. Montre moi tes mains en les levant au dessus de ta tête.
Gorborenne
Le Géant reste figé, chaque muscle se tendant à son tour, à l'expecte du réflexe, oreille tendue, narine frémissante, de tout son être à l'attente..... Un furieux Vent de Mer tonne la colère d'Aigir, sifflement strident où se mêlent les craquements sinistres des éclairs...... tout proche.....

Tu sais très bien pourquoi je suis là. Ne fais donc pas l'innocent ... Le jeu est terminé.

À ses pieds s'étendent leurs ombres l'espace d'un éclat lugubre.... taille moyenne, carrure légère, quelque chose de pointé sur lui, à peine trois pas derrière.... le Géant ferme un instant les yeux et secoue la tête doucement, chassant quelques réminiscences des batailles de Provence..... Mais l'arbalète alors lui protégeait le dos, au lieu de le menacer..... Aujourd'hui, au sol, l'ombre s'est retournée.....

Laisse moi faire Orion! T'as pas l'esprit clair, sinon tu ne l'aurais jamais laissé nous approcher!

Vas-tu te taire! Je peux régler ça tout seul!

Perdu en font de ruelle, le regard du Géant étincelle, semble osciller par moments, de l'émeraude au rubis entre deux grincement de dents. Esprit dans son labyrinthe de conflit, mais étrangement, où peut être pas tant, la colère cette fois est au Dragon ce que le calme est au Démon....


Si tu tiens à ta femmes et à tes mômes, ne bouge pas. Montre moi tes mains en les levant au dessus de ta tête.

Bourrasque pénétrante qui s'engouffre dans la ruelle, enveloppe soudain le Géant du manteau Glacé de la Peur tissé des menaces du chasseur..... Une brèche qui s'ouvre en déchirure, comme une crainte que jamais rien ne rassure..... Pensées d'Orion qui se figent, comme tétanisées, alors que dans la nuit, Surt sourit, carnassier.....


La partie ne fait que commencer? Au contraire..... Les cartes sont à peine données...... Votre tapis pour le mien? D'entrée de jeu?..... Pourquoi pas.....

Ton de voix légèrement plus grave, comme assourdi d'un timbre prédateur.... Toujours dans son dos sous sa cape, les mains griffées d'acier s'extirpent lentement comme obéissant, glissent sur ses flancs et s'arrêtent juste sous les épaules, et les pointes d'acier s'accroche dans l'étoffe de cape qui les frôle..... De tension l'air se fait électrique et frémissant, la frappe se prépare, encore un instant.....

Un As pointé contre une paire de Rois cachés, ça a le mérite d'être intéressant......

Un éclaire déchire le firmament
Face à lui, face à eux, éblouissant!
Tonnerre qui gronde sourdement
En macabre appel d'ichor et de sang!


Mais tu peux oublier les étoiles en Brelan!!!

Là! Battement d'instant qu'il attend.... L'obscurité impénétrable qui suit l'éclair, encore imprimé sur ses pupilles, le Géant n'y voit guère..... Surement pareil pour l'autre derrière, bras qui se relèvent d'un geste vif, suspendent la cape en l'air et déjà le Géant volte et plonge avant qu'elle ne touche terre..... Lame de dextre en avant, senestre en garde derrière..... un pas..... un seul encore à faire...... et s'ouvriront les Enfers....
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--Jonah_hex


Et la pique fait mouche. Il sait qu'il a touché la corde sensible de l'inébranlable Géant, en apparence. Mais il n'en reste pas moins humain et touché, la chair de sa chair, son sang ... Le sourire en coin s'étire un peu plus sans que le bras qui le tient en joue ne faiblisse. Le Géant se lance dans un discours tel un cartomancien.
Autour d'eux, la tempête grossit encore et les éléments se déchainent. Le tonnerre gronde comme le ferait les sabots des chevaux de l'apocalypse. Bruit assourdissant et effrayant pour tout homme quelconque. La foudre zèbre la noirceur ambiante à la manière d'un stroboscope et mettant l'oeil à rude épreuve pour analyser les mouvements ennemis.

Nouveau fracas du ciel colérique illuminant la ruelle de sa lumière bleutée et blafarde. Malgré sa stature imposante, la gigantesque carcasse se meut à une vitesse déconcertante. Dans une volte-face, il s'extirpe de la ligne de mire pour maintenant toiser son adversaire. Le temps est comme en suspend, remettre en joue dans l'urgence, de manière un peu plus désordonnée. Trop ... Le carreau siffle et manque sa cible. Il est trop près pour réarmer, il le sait. C'est au même moment que la masse enragée s'élève et plonge sur le génois, les mains armées de leurs griffes qui luisent sous l'ire des cieux. La charge est puissante et s'abat du côté dextre. Le latin moins imposant et rapide tente d'esquiver en plongeant du côté senestre, mais le mouvement est ralenti par l'empâtement que lui donne son arbalète.

Alors l'acier glacial pénètre les chairs, faisant fi de la cuirasse en cuir qui protégeait l'avant bras, éclatant les liens de cuir qui fixaient arbrier. L'arbalète est projetée au sol tandis que le carmin jaillit et que le génois hurle de douleur.
Il se décale de quelques pas pour se mettre hors de portée du Démon qu'il a réveillé de sa torpeur. Les onyx croisent les émeraudes où dansent les flammes de la folie meurtrière. Ils se regardent en chiens de faïence pendant que le latin, malgré ses lacérations, décroche la lame dans son dos.
Ce qui devait être une simple mise aux arrêts pour le chasseur, va se terminer en corps à corps à l'issue incertaine. Mais en aucun cas il ne laissera passer sa chance de capturer le Géant.
Sitôt la lame sortie de son fourreau, il se jette à son tour sur le Démon, ne pas lui laisser le temps de réagir, il bouge vite mais pas autant que lui ... Il fonce sur sa dextre feignant une attaque à l'épaule afin de faire lever la garde du Géant. Profitant de la feinte, le corps s'abaisse pour éviter les griffes adverse et la lame latine porte son coup sournois à senestre.
Gorborenne
Un autre pas, griffe en avant, et sous l'acier s'ouvre muscle palpitant, laissant sur lame un filet de sang.... se rétracte le bras assaillant, revient en garde de Géant.... Sourire sournois de prédateur, brillant de dents entre deux lueurs..... Les éclairs se succèdent, le tonnerre roule lourd et raide, rugit la tempête autour d'eux, mais que le silence, entre quatre yeux..... Onyx face aux Rubis, rouge de sang et noir de nuit.....

Un coup porté, un seul... Insuffisant! Le Démon veut l'étriper, s'en faire jouet sanguinolent.... Au regard aucune pitié, rien de clément, juste le feu qui sourde, tapi mais ardent..... Provoque qui glisse entre les dents.....


Viens là......


Chasseur qui porte l'attaque haute et le vise, les yeux du Démon se braquent et focalisent... Un éclair, le temps s'arrête, sur son épaule une goutte de pluie éclate, tintement aussi bref que net, flamboient les yeux d'une lueur écarlate....

Un démon n'esquive pas la frappe
Viens donc là que je te happe!


Estoc la griffe d'un geste vif, mais ne touche que le vide, pas assez rapide.... Chasseur en plongée, à la cherche le suit le poing d'acier, Géant qui pivote sur un pied, mais ne fend que l'air sans rien trancher.... Reprend appui, regard toujours rivé, quand au flanc un brulure se met à hurler.... Sang bourré d'hormones qui prévient comme par retard, mais l'entaille est longue, et la douleur sans fard.

Le Démon lâche un grognement, étouffe un juron, range la griffe au ceinturon. À la plaie les doigts se cramponne. Dextre toujours d'acier se dresse sous l'orage qui tonne..... En garde toise le Géant, la pluie se fait plus drue, martelant de mille tambours les pavés de la rue......

_________________
Isa.
Repartir ... En pleine nuit, laisser la chair de sa chair brûlante dans un berceau de fortune pour exécuter une mission qui cette fois lui pèse plus que jamais. Rejoindre d'autres complices dont elle ne connait même pas les noms, juste l'un ou l'autre visage déjà entrevu. Nuit noire, les bottes et les armes s'affrontent sous une pluie battante. Quelques cris, étouffés tant bien que mal et bientôt, les portes cèdent, les coffres s'ouvrent et déversent leurs contenus dans les sacs et poches ... elle est là, peut-être moins efficace cette fois,gestes d'automate pour la jeune mère qui n'a de cesse de retrouver sa progéniture.

Aux premières lueurs de l'aube elle rejoint la chambrette, exténuée et inquiète. Trois paires d'yeux l'accueillent, dont une qui la fait frissonner. Emmaillottée, la cadette somnole, gémissante, dans les bras de Madeleine, le front toujours brûlant.

On mange et on reprend la route ... il faut retrouver Orion.

Petite pause câlins pour les enfants. Gaie et volubile Lileia qui papillonne et "aide" Madeleine en retournant systématiquement les paquetages pour y retrouver une poupée de lin qui ne la quitte pas. Doux et charmeur Goran qui vient se nicher tout contre sa mère, caressant maladroitement le petit crâne chauve d'Aelia, 2 mois, brûlante de fièvre, qui tète le sein maternel.

Lé malade Ela ...? Va mieux ? Papa va chagner hein moman ?

Sourire qui se veut rassurant à son fils d'à peine 2 ans. Lileia monte à son tour sur la couche et dépose un petit bisou sur le front de sa soeur avant d'enlacer maladroitement son jumeau.

Papa va vénir ... tinkète pô Oran. Lé su son bateau...

Simplicité et confiance de coeurs d'enfants qui touchent Cédalia. Déjà il faut repartir, reprendre la route et retrouver un capitaine chauve ...


Quelques heures plus tard, la cariole familiale fait halte au pied du Stjarnan Aegir. Rapidement elle est hissée à bord et Madeleine rejoint les quartiers du capitaine avec les jumeaux.
Abritée sous une bâche sur le quai, le coeur au grand galop, Cédalia scrute sans relâche les ruelles qui donnent sur le port. La nuit tombe et avec elle pluie et tempête s'abattent sur la petite ville.



Orion .... où restes-tu ?

_________________
--Le_bosco


Le Bosco et charpentier de bord marmonnait des imprécations fumeuses en ajustant à coup de maillet une réparation de fortune fait au bordage tribord. L'amarrage à la Rochelle avait fait sauter quelques coutures, et comme toujours, c'était à lui de réparer les dégâts....

Non mais, il devraient venir réparer à ma place tiens..... je suis sur qu'ils feraient des progrès fulgurants à la manœuvre.....

Un beuglement à l'écoutille, venant du Pont.

Ho, le Bosco, arrête de râler et viens m'aider!

Et depuis quand tu commandes Timonier?

Depuis que le Second me l'a ordonné....

Ah, l'Équipage est arrivé?

Non, juste la Patronne et ses moutards.... Aucune nouvelle des autres ni du Capitaine, mais y'a une pleine carriole de pain à charger à bord.


Long, long soupire qui siffle dans la cale. Le Bosco dépose ses outils et remonte sur le pont par l'écoutille de proue. Une bourrasque chargée d'une pluie glacée du sel arraché au vagues secouant le navire manque de le renverser, et c'est en assurant l'équilibre de ses pas qu'il avance jusqu'au bord, jetant un regard au chargement attendant sur le quai, protégé de façon précaire des trombes d'eau noyant le quai. Levant la voix entre les grondements de l'orage, il crie presque au Timonier.

Bon, on va transborder tout ça dans la Cambuse avant que ça soit trempé et immangeable!

À peine courbés sous le poids des sacs et des malles, les deux hommes chargent les marchandises à bord en quelques minutes. Le Second semble inquiète, et les regards scrutateurs qu'elle lance en direction de la ville n'échappent au Bosco. À peine les derniers paquetages sanglés au cloisons, il disparait dans les quartiers d'équipage et ressort sur le pont quelques minutes plus tard, couvert d'une cape trahissant de quelques excroissances la présence d'un arc dans le dos de l'homme.

Que compte tu faire? Le Capitaine nous a dis de rester à bord!

Assis sur les marches menant à la Dunette, le Timonier le regarde avec un petit sourire curieux, ses mains s'affairant à enrouler un cordage d'un rythme mécanique.

Oui, pour surveiller le bateau et le garder prêt à partir..... Sauf que là, le Capitaine est en retard, et il n'y a que le Second à être rentré. Je suis certain qu'il s'est passé quelque chose, alors je vais vérifier. C'est ton heure de quart d'ailleurs, je te laisse préparer la manœuvre. Connaissant le Capitaine comme je le connais, on risque de devoir filer plus vite que le vent.....

Bien, retrouve-les, je m'occupe du bateau....


Sautant sur le quai, le Bosco s'approche en quelque pas d'Isa, lui offrant un sourire se voulant rassurant, mais à peine visible dans la pénombre environnante.

Vous feriez mieux de monter à bord, à rester ici, avec c't'humidité, z'allez attraper la mort. Je descend en ville pour retrouver le Capitaine..... z'inquiétez pas, je vais vous le ramener.....

Sans attendre de réponse, il se retourne et part en courant à travers les ruelles bordant le port. Mais à un carrefour, soudain il s'arrête et réfléchit. La ville est grande, et s'il doit retrouver le Capitaine juste en courant à travers les ruelles, il n'y arrivera jamais. Le point de rendez-vous avec l'équipage..... l'Auberge, oui.... mais où se trouve-t-elle.... S'engouffrant dans une taverne quelques façades plus loin, juste un regard alentours sur la salle obscure et presque déserte, et le Bosco termine sa trajectoire d'un appui du coude sur le comptoir. Aubergiste au rictus méfiant, mais accepte la chope contre renseignement.

Deux rues plus loin, à main droite, mais je suis pas sur qu'ils ouvrent encore à c't'heure. Feriez autant d'attendre ici que l'orage passe. J'ai point de chambre, mais je peux vous préparer un repas....

Sourire du Bosco entrecoupé de pinte vidée à longues goulées.

Non merci, sans façon, j'ai déjà mangé, et cette bière me suffira pour digérer. Merci pour les renseignements.

Pinte reposée sur le comptoir, le Bosco remet sa capuche et file sous une pluie battante dans la direction indiquée par le tavernier, tournant à droite à l'embranchement, avançant dans la ruelle à la recherche de l'enseigne, mais d'un réflexe, il se projette sous l'ombre imperméable d'un encadrement de porte, risquant à peine un coup d'œil furtif vers deux silhouettes dansant à quelques pas de là.

La stature haute et massive du Capitaine se reconnaitrait entre mille, l'autre reste inidentifiable, à peine éclairée à l'éclat des éclairs. Mais la valse macabre à laquelle ils se livrent n'échappent au Bosco. Brève hésitation pour la hache d'armes pendue à sa taille, mais c'est l'arc accroché à son dos que sa main décroche, et l'autre qui prend flèche au carquois et doucement l'encoche.

Un éclair, tout proche.... lumière! il s'enfonce sous le porche. L'obscurité qui retombe de son manteau, le Bosco traverse la rue en diagonale à toute jambe, s'approchant jusqu'au porche suivant sous le tonnerre roulant.

Une battement, reprendre sa respiration, jeter un regard discret. Le Capitaine et son adversaire sont immobiles en face à face. Le Géant lui semble avoir été touché. Le Bosco réprime un juron, évitant de dire tout haut ce qu'il pense tout bas de la capacité chronique du Capitaine à toujours se foutre dans les problèmes, en particulier quand ils ont d'autres chats à fouetter. Se décalant légèrement dans l'encadrement, il bande lentement son arc en direction de l'inconnu sans sortir de l'ombre protectrice.


Toi, lâche ton arme si tu tiens à la vie!

Capitaine, le navire est prêt à appareiller et le Second est à bord.... Inquiète, mais entourée de ses lumières habituelles....
--Jonah_hex


Un cri de haine couvre le vacarme céleste, les onyx se portent sur la lame maintenant teintée de carmin. Il l'a touché, l'attaque est payante et le Géant amoché. Le latin se redresse et pivote pour se remettre face à son adversaire, un sourire triomphant sur le visage.

Alors dis moi ... Qui de nous deux a la meilleure Main maintenant ...?

Le génois pose de nouveaux appuis, prêt à bondir et frapper une nouvelle fois et terminer son coup de maître ... Mais alors que personne ne s'y attendait, une voix vient interrompre les deux combattants. Menaçante et incisive. Le chasseur hausse les sourcils de surprise, plissant le yeux pour tenter de voir qui est là. Nouvel éclair qui zèbre le ciel courroucé et dévoile enfin le perturbateur. Il est là, arc bandé et flèche pointée dans sa direction, positionné en décalé à senestre dans le dos du Géant. Un marin sans aucun doute possible.
Sa fidèle au sol, c'est à lui d'être pris au piège. Que ferait une lame face à une flèche rapide ... Alors le bras ramène la dague à son fourreau, la lame tachée de sang crissant contre le cuir.
Il tourne la tête et les onyx se posent sur son adversaire qui se tient le flanc, lui adressant un sourire narquois, il lui siffle.


Ce n'est pas parce que j'ai perdu cette bataille que tu as gagné la guerre, Orion ... C'est bien comme cela qu'on te surnomme non ?

Il éclate d'un rire sarcastique, plantant ses épines venimeuses afin que le poison s'insinue au plus profond. Puis il se baisse pour ramasser sa fidèle, non sans regarder le nouvel ennemi du coin de l'oeil.

Restons en là pour ce soir, je n'aime pas l'asistanat. C'est une affaire entre toi et moi.

L'arbalète est refixée dans le dos avec dextérité, le chasseur gardant un air hautain et sûr de lui. Il sait que le Géant va en faire une affaire personnelle et que son complice ne fera rien sans son ordre. Un ordre qui ne viendra pas ... Enfin il l'espère.
Puis il se recule en restant en face à face.


Va les rejoindre ... Et surtout prend bien soin d'eux ...
Gorborenne
Des reflets infernaux au fond des yeux, on croirait les voir jeter autant d'éclairs que l'orage qui rage dans les cieux. L'autre provoque, mais le Démon reprend son calme, une main à la plaie, dans l'autre tourne la lame. Une longue goulée d'inspiration, odeurs de pluie et de sang qui lui emplissent les poumons. Les musclent imperceptiblement se tendent, les rideaux de pluie autour de la scène attendent.... Sur la griffe une céleste larme tinte, le Géant se prépare, à la frappe et la feinte....

Dans son dos, une voix! Deux toises derrière.... Comme tamisée dans la moiteur de l'atmosphère, Quelques battements au Démon, pour reconnaître son propriétaire......


Qu'est-ce que tu fiche là le Bosco? Je t'ai dit de rester au bateau!


Le Géant ne se retourne ni ne baisse sa garde, les yeux restent rivés à la regarde. Plus de chasseur ou de proie, mais deux prédateurs pour un combat..... Quel combat? Le Démon n'en à que faire.... N'importe pour lui que le gout du sang, la chaleur du feu et le chant du fer.....
En en réponse au sarcasme, il vient se tapoter le front, du bout de la lame...


Il est là, celui qu'on nomme Orion.... Moi je suis l'autre.... le Démon....

Esquissant une courbette railleuse, il salue son adversaire avec un sourire de faucheuse.... Le Géant se redresse sous une lueur blafarde dessinant rictus carnassier, griffe à la langue qui lèche la pointe ensanglantée.


Et ne t'en fais donc pas, je n'ai besoin de nulle aide pour t'étriper..... Et je connais ton odeur à présent, rien ne m'empêchera de te retrouver!

Si tu veux la guerre, tu l'auras..... Et il n'y a que d'une seule façon qu'elle se terminera....


Rangeant son coutelas à la ceinture, la senestre toujours en soutient sur la coupure, de la dextre il ramasse sa cape et réajuste son tricorne, avec ce qu'il faut de désinvolture, cachant grimace derrière un plissement de lèvres en injure...
_________________
--Jonah_hex


Il a planté les graines qui peu à peu vont développer la crainte chez le Géant. Non pas une peur pour lui, oh non. Mais la peur de perdre ce qu'il y a de plus cher pour lui.
Tout homme, même le plus robuste à un point faible et il sait que là ce point faible, c'est la famille.
Le génois n'est peut-être pas aussi fort que lui physiquement, mais mentalement il est blindé et il sait toujours où frapper. Et là ... Il n'y a plus qu'à laisser le temps faire son oeuvre. Profiter de la moindre faiblesse, instaurer un climat d'insécurité et aller jusqu'à la paranoïa. Pousser le Géant à la faute et le conduire à sa perte ...

Pour l'heure, il est temps pour lui de tirer le rideau sur le premier acte puis s'armer de patience. Le chasseur continue de reculer, le Géant blessé a rengainé son arme, mais la flèche reste pointée sur lui, alors il bouge avec précaution. Il écoute les paroles prononcées et réprime un sourire.


Nous nous reverrons bientôt cher Démon ... Bientôt ...

Le ciel se déchaine toujours dans un vacarme assourdissant, profitant de la foudre qui s'abat non loin de là, le génois s'éclipse et disparait dans la noirceur des ruelles rochellaises.




Une bonne heure plus tard dans une auberge de La Rochelle

C'est le corps trempé, crispé de froid et la chemise tâchée de sang, que le génois regagne sa chambre en toute discrétion en cette heure avancée de la nuit, non sans avoir demandé à l'aubergiste de faire quérir un médicastre.
Il se déshabille se battant avec les étoffes collées à sa peau, puis constate les dégâts que lui a infligé le Géant. Des coupures nettes et relativement profondes ornent son avant-bras, le carmin continue doucement de s'écouler, toute coagulation ayant été un temps compromise par la pluie. Il utilise sa chemise mouillée pour s'en faire un bandage provisoire en attendant l'arrivée du rebouteux. Il défait des bottes et des braies pour en enfiler des sèches, s'essuie le reste du corps et s'enroule dans une couverture.

Quelques longes minutes plus tard, après qu'il ait allumé une bonne flambée dans la cheminée, trois coups secs sont frappés à la porte. Il se lève et laisse le médicastre pénétré avant de refermer juste derrière lui, donnant un coup de clef dans la serrure.


Je vous paie comptant, le double du tarif habituel en échange : Vous ne me connaissez pas. Vous ne m'avez jamais vu, c'est bien compris ?

Le geste accompagnant la parole, une bourse est jetée sur la table tandis qu'il s'assoit en présentant son bras enserré dans le tissu trempé et rougit par le sang.

Et que le travail soit bien fait ...

Le ton est donné et c'est un regard froid et dur qui se pose sur le pseudo charlatan qui n'a toujours pas décroché un mot. Un vague signe de tête et un "C'est compris." sifflé entre les dents, celui-ci s'attable à son tour, posant sa trousse d'où il en sort le nécessaire.
Précautionneusement, il défait le bandage de fortune et dévoile ainsi les deux belles entailles. Il ne dit rien mais le regard en dit long. Onyx qui croisent les anthracites et lui font comprendre que tout commentaire serait mal venu, tout comme de chercher à savoir ce qui s'est passé.
Il sort une fiole et un récipient. Puis il verse le liquide rubis dans la petite gamelle métallique qu'il place ensuite au dessus des flammes. Une odeur âcre de vin chaud emplit alors la pièce, signe d'une vinasse de piètre qualité comparé aux bons crus italiens qui lui ont déjà ravi le palais.
Le génois observe sans mot dire espérant seulement que le dit médicastre sache se qu'il fait ... Ce dernier revient avec son écuelle fumante.


Ca va faire mal, mais il faut nettoyer la plaie pour éviter toute infection.

Sans plus de cérémonie et armé d'une pincette, il retire des lésions toute particule de cuir, de tissu qui pourrait être source d'infection. Cela fait, il penche le récipient et laisse couler le pourpre fumant sur les deux plaies ouvertes. Le latin retient alors un hurlement en serrant les dents, sa main s'agrippant au bord de la table avec force, tellement, que les jointures de ses doigts blanchissent. Il grogne sa souffrance en la contenant tant bien que mal sous la torture médicale.
Le supplice terminé, le médicastre se rassoit et sort de quoi suturer les meurtrissures maintenant épurées. Aiguille et crin de cheval de rigueur, le voici qui se lance dans la haute couture, spécialisation peau latine mise à vif. Un point après l'autre, les berges sont rapprochées avec soin jusqu'à ce que les deux entailles soient refermées proprement.
A aucun moment le génois ne sourcille, le bras vaguement endormi par l'action du vin chaud.

Pour terminer, le médicastre pose un bandage avec un cataplasme d'onguent visant à une cicatrisation rapide. Le matériel est remballé, les linges souillés jetés dans l'âtre et enfin le visiteur repart sans autres paroles échangées que celles des précautions d'usage pour les soins à apporter.

Enfin seul, le génois entreprend de faire son rapport de mission "à chaud". Alors il sort la plume, l'encre et les vélins et c'est dans la douleur et d'une main tremblante qu'il va rédiger sa missive.


Citation:
De Jonah Hex, homme de main


A vous honorable Duchesse de Gasconne
Elisabeth Amelie Von Wittelsbach
Dame d'Ainhoa,

bien le bonjour. Par cette missive je tiens à vous informer que j'ai retrouvé le scélérat de Gorborenne. Il est en terre poitevine, amarré à La Rochelle. Je l'ai affronté ce soir même dans les rues rochellaises, en pleine tempête.
Il a profité du chaos environnant pour accoster sans être contrôlé.

Je n'ai malheureusement pas réussi à le capturer à cause d'une intervention extérieure, mais lors du combat, je l'ai blessé, il va donc être diminué pendant quelques temps.

Comptez sur moi pour ne pas perdre sa trace et vous le ramener vif comme convenu.

Qu'Aristote vous garde,

Jonah.


Aucune allusion sur sa propre blessure ne sera faite. Il ne veut pas perdre ce contrat juteux.
Le vélin est scellé et ne partira que le lendemain, une fois la tempête calmée et une courte nuit de sommeil réparateur.
--Le_bosco


Le Bosco était resté sous le porche, gardant la menace de son arc tendu. Les doigts commençaient à lui titiller la fatigue et l'envie de tirer. Et cette pluie battante, pour ne rien arranger.... Le Bosco n'aime pas la pluie, et de façon générale, l'humidité.... c'est pas bon pour le bois, ça a tendance à le déformer, voir amener de la pourriture.....

Lentement, l'Autre baisse ça garde et recule. Le calme semble retomber sur la ruelle alors que l'orage au dessus d'eux tonne de plus belle. Le Bosco attend qu'il disparaisse dans la nuit pour débander son arc en douceur, mais garde flèche en main, prête à tirer, sais-t-on jamais qu'il revient. Quelque pas, il sort de sa cachette, jetant un œil à la blessure du Capitaine de ce qu'il peut en distinguer dans l'obscurité.


Ca va? Tu tiens le coup?.....

Tu sais, tu dis toujours de suivre notre instinct, alors me râle pas dessus parce que je te sors de la bourbe.....


L'arc finit par se ranger, après un dernier regard de vérification autour de lui.

Par contre, je sais pas ce que t'en penses, mais je trainerai plus trop dans le coin... Tu as des nouvelles du reste de l'équipage?
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