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[RP (semi-fermé)] Le Tribut d'Aegir.....

Gorborenne
Carmin en saveur sur la langue et la main toujours à serrer les lèvres de la plaie.... Regarde l'Autre qui s'éloigne, avec comme une vision de ses mains de Géant lui enserrant la nuque d'un étau fatal.... Le Démon grogne et râle....

Mais lentement le souffle se reprend, alors que l'ennemi s'efface de son champ de vision, et se retourne vers le Bosco en grimaçant, le regard encore en fusion..... Quand le Dragon se met à craindre, oui, le Démon toujours se renforce.... et le ciel continue de geindre.....

Pluie qui bat le pavé sans jamais cesser, froide et glacée et pourtant pas assez, non, pas assez pour lui rafraichir les idées, éclaircir son esprit embrumé.... Géant qui secoue la tête, marmonne des jurons comme une incantation qu'il se répète..... Combien de temps passe ainsi, avant qu'aux yeux l'émeraude n'en reprenne sur le rubis?.....


Je sais pas où sont les autres..... Aucune nouvelle d'eux....... mmmm.... T'as raison, on lève l'ancre en vitesse.... mais, écoute.... tu vas rester ici, et tu attends le reste de l'équipage pendant deux jours, puis tu nous rejoins par la route des marais, on se retrouvera à l'estuaire....

Et si jamais tu remarques que l'autre te prend en filature.... laisse faire..... au moins, on le verra venir....


Clopinant à travers les ruelles comme titubant d'ivresse, le Géant sous l'orage en liesse, en appui sur l'épaule du Bosco retourne vers les quais et le bateau.....


[Une traversée agitée, le fleuve se fait long à remonter....]

Terres de Touraine, ville de Chinon.... Une année et revient le Dragon, qui toujours passe, comme les saisons.... Un peu de calme, le temps à la réparation....

Navire sorti à sec, le Géant et le Bosco retapent le bordage ayant déjà bien souffert des accostages.... Mais Orion sait qu'Aegir a donné à son étoile de solides membrures, et qu'il n'y aura rien d'irréparable, tant que ça ce limite aux coutures.....

À force, il finira par connaitre tous les récifs de la Loire et son estuaire. Bien que le dernier passage ait laissé des cicatrices amères..... Coup de maillet rageur, cheville au bois, le Géant se rappelle, grimace encore du flanc cicatrisant, au front goutte de sueur qui perle...


Maudite sois-tu la Rochelle!

Toutes voiles dehors, équipage réduit, le Géant avait tout bonnement fuit.... Mettant le plus de distance possible entre cette ville et lui, et surtout cette menace qui y a surgit. Qui est ce chasseur? Qui l'a envoyé? la Duchesse, surement, ça Grasce à la racune tenace.....

Toute la traversée n'avait été que des regards anxieux vers le rivage, jusqu'à l'estuaire où il avait enfin récupéré le reste de l'équipage..... Avaient-ils été suivis? le Timonier n'en savait rien, et le Chauve, depuis, rongeait son frein....

Pourtant Chinon lui a retrouvé quelque sérénité, les craintes du Dragon et la rage du Démon se sont quelque peu apaisées.... Sont-ce les sourires de sa dernière née, ou Draconie que l'hiver vient rassembler?

Prométhée les y attendait avec sa compagne. Il avait laissé Bourgogne aimée de castels et de campagnes.... Et comme autrefois, Orion, l'ainé, l'avait retrouvé en premier. Il avait débarqué en fin de novembre, accompagné de Caswallawn et de Cédalia, et alors que le bateau se réparait, les Dragons se retrouvaient.


Cap', la caravane de bois est arrivée! et on a trouvé ce que t'as demandé.

Géant qui se redresse et lève les yeux à la voix dans son dos, et siffle impressionnée devant le contenu d'un chariot, avant de sourire à son matelot.

Excellent boulot la Gâbière! Avec ça, on pourra retaper le bateau encore deux fois! Et montre voir pour le reste?

S'extirpant de la cale sèche, le Chauve rejoint la brune à l'arrière de l'attelage et inspecte l'intérieur d'un paquetage, souriant d'un coup bien d'avantage.

Impeccable. Exactement ce que je voulais.... Tiens, prends ça, ta part sur le dernier butin... Tu l'as plus que méritée.

Bourse d'écus déposée sur le siège de charrette, et le Chauve se penche vers le fond de cale, au Bosco s'affairant entre des escarbilles qui volettent.

Je te laisse terminer ici. Je vais faire préparer le chargement, puis je retourne en ville prévenir les autres qu'on ne tardera plus à lever l'ancre.

Sortant du port en boitant encore quelque peu de son flanc blessé, le Chauve s'éloigne vers la ville en sifflotant air enjoué....


[Quelque part au large des Marais funestes....]
- 9 décembre 1458, Voguant par vent d'Ouest -


Debout à la proue, le Géant toise les flots une gamine sur les épaules. Même le froid des embruns, ce matin, semble avoir quelque chose de drôle. Le Géant est de bonne humeur comme jamais, et hume à plein poumons le vent lui caressant le crâne d'un souffle distrait. Suroît claquant dans la voilure, le Stjarnan file à bonne allure, volant léger sur les vagues, de creux en crêtes, d'un assaut aux flots que rien n'arrête.


Regarde petite Fille, voilà Aegir, voilà l'Océan!

Trois jours plus tôt, le navire avait quitté Chinon, et commença à redescendre la Loire, et entra en force à Angers, au lendemain soir, après quelques salves de salut à l'Elfe noire..... Angers.... ville détestable et détestée, au grand jamais n'y remettra les pieds, alors on reste à quai guettant la Tetya sur les quais embrumés. Belladone.... la Sagesse Dragonne.... Juste une façon de voir.... mais "Pour un oeil les deux, pour une dent toute la mâchoire"..... toujours ce même éclat d'amour et de mort dans le regard....

Belladone et Prométhée, la veille, en soirée ... retrouvailles enflammées..... Qu'est-ce que ça a crié.... "tuer, déchiqueter, bruler, démembrer, écorcher", et des meilleures on en a passé toute une soirée de séries de rimes en "-er"..... D'amour et de haine, rancœurs refoulées se déchaînent..... Orion et Cédalia en arbitrage d'un versatile duel de verbiages, à l'enflamme en Dragons qu'ils sont, mais sous la gueulante des liens qui jamais ne se déferont. Ainsi ils avaient tourné dos à la Loire et son Estuaire, et s'étaient engagés en Haute Mer.

Et de famille..... un petit rien d'encore, mais toujours elle s'agrandit. Cette enfant qu'il emporte avec lui sur les flots, orpheline de cinq ans, mais déjà un courage de héros. Le Géant l'avait enlevée d'un simple dessin, s'était pris vouloir lui montrer les Chemins, lui apprendre à rêver, et les silences à écouter..... Ses parents? pourront-ils les retrouver? Le Chauve ne sait même pas par où commencer à chercher.... Mais peut importe, tout vient à point à qui sait à attendre... Et l'aile du Dragon est là, oui, pour lui apprendre....

Et ainsi passe journée insouciante..... un calme serein..... d'avant la tourmente......

Déjà au soir c'est entre Orion et Cédalia, cette fois, qu'a lieu l'accroche, l'Océan ne dit rien, mais là tempête est proche..... Les promesses d'un côté, et de l'autre, toujours, les dangers.... En centre de balance, des choix, des priorités.... Sont-ils attendus à la Rochelle? Le Géant l'ignore. Il ne sait pas ce qui les attend, non, pas encore.... Mais tout est déjà en place, les éclaireurs prêts à débarquer. Et pourtant le Géant grogne à sa compagne, pour ce qu'elle peut avoir d'obstinée.... Comprendra-t-elle qu'il n'y ait rien qu'il n'ait pas soupesé?

Blessé, piqué au vif plus que son entaille au flanc, le Chauve sors de la cabine en grimaçant. Clair de Lune sur le pont, une lueur froide supposant l'horizon. Tout grommelant, tout maugréant, il grimpe sur la Dunette et s'installe à la barre, relevant le Timonier, et d'un singe de tête l'envoyant se coucher....

La nuit est calme sur l'Océan, Aigir aussi doit dormir, oui, surement.... Seul sur le pont, le Capitaine veille au grain, menant le navire sur une mer d'étain. L'étrave se hisse au rythme d'un faible roulis, la voile claque parfois, en murmure affaiblis.....

Regard qui se perd à l'Horizon, se retrouve au ciel en constellation..... Sous l'ardent scintillement de Bételgeuse, la Ceinture se voile derrière la Nébuleuse. Un nuage solitaire se glisse devant ses yeux, cachant les étoiles d'un trait cotonneux...... Un pincement au cœur inaperçu sous des restes de colère, insensible à la menace pesant dans l'air.....

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Isa.
Le temps semble ralentir, suspendu à un fil invisible. Scrutant la nuit, grinçant des dents sous la pluie qui redouble d'intensité, elle grogne plus fort cette fois ...

Nom de Zeus, Orion !!! Arrives !!!

Comme en réponse à ce souhait clairement ordonné, deux silhouettes surgissent de l'ombre. La plus haute - immédiatement reconnue - se meut en une démarche inhabituelle. Quelques secondes encore et le voilà au pied de la passerelle, évitant le regard noir d'une Cédalia qui s'engouffre derrière lui dans l'antre du navire, serrant toujours contre sa peau l'étoile endormie.
Déballage, mots qui volent, témoignant d'une patience soumise à rude épreuve et d'une inquiétude grandissante ... qui finalement se calment et laissent place à un art maitrisé : couture sur cuir endommagé et sanguinolent.

Déjà la vaste coque reprend la mer, sous les doigts d'Isa qui prend doucement goût à la navigation et à la maîtrise d'un autre géant. Sous l'oeil attentif d'Orion convalescent, elle engage le navire dans l'estuaire de la Loire et y accoste un peu brutalement avant de remonter fièrement le large fleuve... Rapide escale à Angers, ou son démon d'homme prétend à nouveau poser pied à terre seul. C'est sans compter la détermination de la jeune femme qui l'accompagne malgré les menaces vaguement dissuasives émises par Orion. Cédalia persiste et signe, têtue, blessée et inquiète surtout. Le géant est plus fragile qu'il ne veut le laisser voir et elle ne supportera plus d'être séparée de lui ou de le récupérer amoché à nouveau.

Angers l'inamicale puis enfin Chinon et son chantier naval. Isa s'attèle à la réparation du bateau, sous l'oeil attentif d'un chef de chantier qui lui fait découvrir , de plus en plus intéressée par la navigation et tout ce qui s'y rapporte. ...


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Isa.
En taverne à Chinon, certaines rencontres restent gravées en mémoire. Telle celle de ces deux étrangers, venus de loin et qui semblent partager les mêmes goûts du risque et de l'aventure. Ou encore celle de cette gamine, abandonnée mais tellement dynamique et attachante qu'on a envie de l'arracher aux serres qui déjà l'agrippent. D'autres rencontres vous donnent par contre l'envie de fuir vite et loin ! La nouvelle du départ est accueillie avec soulagement et c'est un Stjarnan Aegir chargé de passagers et de marchandises diverses qui quitte le port de Chinon ce soir là. Aucun regret, aucun retour a espérer non plus.

Les journées s'écoulent, tranquilles. Lileia et Goran, de plus en plus à l'aise sur le vaste vaisseau arpentent les ponts et les cabines, jouant à cache cache dans cette forteresse flottante. Goran observe le travail des hommes, impressionné par la voilure et par le Bosco, qui escalade le mât ou s'affaire dans les calles. Lileia préfère les larges épaules de son père et s'amuse à scruter avec lui l'horizon, à la recherche d'un bateau "piyate".
Ronea aussi prend sa place au creux des Bois Cendré. A bord par la volonté d'un géant idéaliste au grand coeur, dont les rêves tracent une route semée des embûches de sa très longue jeunesse. La vie est douce...et les dragons réunis pour quelques jours se chargent d'animer les soirées. Isa heureuse du retour de la Tetya. Inquiète un peu suite à des retrouvailles enflammées, mais confiante aussi ... entourée de presque tout ceux qu'elle aime par dessus tout... tellement différents et opposés que rien sans doute n'arrivera un jour à les rassembler ...

Petit à petit pourtant, une tension s'installe. Le Géant veut refaire escale à La Rochelle malgré le danger. Les derniers événements survenus dans cette ville ne rassurent pas Isa et si les intentions d'Orion sont louables, si Isa sait qu'il pèse le pour et le contre sans cesse, elle n'accepte pas de prendre autant de risques cette fois. C'est donc sous le coup de la colère que le géant rejoint la dunette... Isa peine à trouver un sommeil qui sera tout sauf réparateur.

Au petit matin, surprise de se retrouver seule, elle retourne au mess, espérant y trouver le géant même en piteux état ... N'y trouvant âme qui vive, elle monte sur la dunette et y découvre Orion, allongé sur le sol, une main agrippant encore la barre ...




Ronea
[Sur le bateau]

Dans les yeux de l'enfant il n'y a que deux mondes celui des bons et celui des méchants. Pas de juste milieu. Ces rêves ne sont que des images transformés au grès de son imagination. Gobon est un dragon humain qui ressemble à un géant au silence apaisant. Elle essaye de suivre de comprendre mais elle ne pense qu'à une chose en regardant l'océan. Retrouver sa maman.
Elle y croit plus que tout, Gobon l'a dit, Gobon ne peut pas se tromper.
Le dieu de l'océan va lui parler, lui chuchoter à l'oreille où est sa maman. Alors elle tend l'oreille, penche la tête pour être encore plus près de la mer. Mais elle n'entend rien. Des épaules du géant elle descend, il faut bien rentrer, cela sera pour plus tard. La mini main se laisse emmener vers l'intérieur, mais durant les prochains jour c'est à l'avant du bateau qu'on la retrouvera.
Pieds nue dans le froid pour faire vrai marin, grand châle bien plus grand qu'elle qui l'enveloppe pour empêcher le froid. Mais a cette saison les piquants du froid transperce tout et en pleine mer il a encore plus de force.
Le froid la pique. La faim l'oublie à force d'oublier de manger.
J'ai 5 ans, je suis Rone, et je veux savoir où est ma maman. Si tu l'sais tu m'le dis s'il te plait grand de l'océan?
Elle avait oublié son nom, mais sa prière dans son cœur tournait en rond. Visage fouetté par le vent glacé, pieds bleus proche du congelé, elle tourne sa prière en boucle, elle veut savoir, elle a l'espoir, elle croit ce que Gobon lui a dit.

Une petite fille s'accrochant à la proue d'un bateau se fait fouetter par le vent et pas ses sentiments. Elle restera là à en mourir. Elle restera là pour connaitre sa vie.

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