Gnia
Ce fut un cahot sur la route qui réveilla la Saint Just. 'Fin pas le cahot en lui même, mais la cause à effet d'une roue qui roule sur une caillasse, caillasse qui déstabilise le fragile équilibre du coche et qui envoie les occupants valdinguer, dans le meilleur des cas l'un contre l'autre, dans le pire contre la paroi en bois sur laquelle justement l'on avait posé la tête pour s'assoupir.
Elle sommeillait depuis des lieues, la conscience en semi-veille, l'esprit vagabondant tantôt vers la dernière suggestive missive du baron de Digoine qui n'était pas sans éveiller à chaque fois qu'elle y pensait quelques sensuelles rêveries. Et puis s'échappant à ses lascives pensées, elle repensait aussi à ce pourquoi elle avait aussi répondu à l'invitation du baron et qui grâce au fameux cahot sus-mentionné se rappela au bon souvenir de l'ensemble des voyageurs de la voiture.
Le nourrisson était chétif, néanmoins, il avait déjà un bel organe, comme tous les foutus membres de sa confrérie. Et là, il avait soudainement cessé de sucer benoitement le sein de sa nourrice pour protester avec véhémence contre le coup du sort qui lui avait fait sortir le tétin de la bouche.
Agnès n'eut même pas le temps de soupirer, de rouler les yeux au ciel, de claquer la langue d'agacement, la nourrice voyageait avec elle depuis des jours, elle savait. Alors aussitôt les réclamations furent étouffée dans l'oeuf, ou plutôt dans le sein.
Agnès avait achevé de se réveiller et avait écarté les lourdes tentures qui masquaient les fenêtres du coche pour demander d'une voie forte au cocher où ils se trouvaient. La réponse fusa, il arrivaient sur les terres de Digoine.
La comtesse laissa filer un soupir de soulagement et tourna le regard vers la troisième femme coincée avec la Saint Just et la nourrice dans l'habitacle. Elle offrit un fin sourire à la Ladivèze. Décidément, elle l'appréciait bien la taciturne petite huguenote. Au delà du fait que c'était elle qui avait sauvé sa vie et celle de l'enfant, la languedocienne avait de l'esprit et de la conversation, savait se tenir et jouer de la musique, et, bonus non négligeable, était une fieffée bonne comparse de beuverie.
Et c'est tout naturellement qu'Agnès lui avait demandé de l'accompagner pour ce voyage. De base, une invitation mondaine à être cavalière à un mariage, mais à laquelle préludait une visite nécessaire au Blanc-Combaz.
Enfin, la voiture s'arrêta, signe que l'on arrivait enfin sur le domaine de Digoine. La Saint Just écarta à nouveaux les rideaux qui masquaient l'extérieur pour prendre la mesure du castel tandis qu'on l'annonçait.
Quelques tours de roues plus tard et un nouvel arrêt, et la porte du coche s'ouvrit enfin, un valet de pied glissait un marchepied sous les délicates chausses de cuir de la Comtesse qui, aussitôt la voiture arrêtée, s'était mise dans les starting-blocks pour sortir de cette foutue boîte en bois. Gracieuse, malgré une bonne dose de courbatures, elle releva d'une main ses robes, posa le pied sur le gravier de la cour du château bourguignon et leva les yeux sur les vieilles pierres de la demeure, les jaugeant de suite d'un oeil connaisseur.
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Elle sommeillait depuis des lieues, la conscience en semi-veille, l'esprit vagabondant tantôt vers la dernière suggestive missive du baron de Digoine qui n'était pas sans éveiller à chaque fois qu'elle y pensait quelques sensuelles rêveries. Et puis s'échappant à ses lascives pensées, elle repensait aussi à ce pourquoi elle avait aussi répondu à l'invitation du baron et qui grâce au fameux cahot sus-mentionné se rappela au bon souvenir de l'ensemble des voyageurs de la voiture.
Le nourrisson était chétif, néanmoins, il avait déjà un bel organe, comme tous les foutus membres de sa confrérie. Et là, il avait soudainement cessé de sucer benoitement le sein de sa nourrice pour protester avec véhémence contre le coup du sort qui lui avait fait sortir le tétin de la bouche.
Agnès n'eut même pas le temps de soupirer, de rouler les yeux au ciel, de claquer la langue d'agacement, la nourrice voyageait avec elle depuis des jours, elle savait. Alors aussitôt les réclamations furent étouffée dans l'oeuf, ou plutôt dans le sein.
Agnès avait achevé de se réveiller et avait écarté les lourdes tentures qui masquaient les fenêtres du coche pour demander d'une voie forte au cocher où ils se trouvaient. La réponse fusa, il arrivaient sur les terres de Digoine.
La comtesse laissa filer un soupir de soulagement et tourna le regard vers la troisième femme coincée avec la Saint Just et la nourrice dans l'habitacle. Elle offrit un fin sourire à la Ladivèze. Décidément, elle l'appréciait bien la taciturne petite huguenote. Au delà du fait que c'était elle qui avait sauvé sa vie et celle de l'enfant, la languedocienne avait de l'esprit et de la conversation, savait se tenir et jouer de la musique, et, bonus non négligeable, était une fieffée bonne comparse de beuverie.
Et c'est tout naturellement qu'Agnès lui avait demandé de l'accompagner pour ce voyage. De base, une invitation mondaine à être cavalière à un mariage, mais à laquelle préludait une visite nécessaire au Blanc-Combaz.
Enfin, la voiture s'arrêta, signe que l'on arrivait enfin sur le domaine de Digoine. La Saint Just écarta à nouveaux les rideaux qui masquaient l'extérieur pour prendre la mesure du castel tandis qu'on l'annonçait.
Quelques tours de roues plus tard et un nouvel arrêt, et la porte du coche s'ouvrit enfin, un valet de pied glissait un marchepied sous les délicates chausses de cuir de la Comtesse qui, aussitôt la voiture arrêtée, s'était mise dans les starting-blocks pour sortir de cette foutue boîte en bois. Gracieuse, malgré une bonne dose de courbatures, elle releva d'une main ses robes, posa le pied sur le gravier de la cour du château bourguignon et leva les yeux sur les vieilles pierres de la demeure, les jaugeant de suite d'un oeil connaisseur.
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