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[RP] Ce qu'il advient des graines que l'on sème...

Gnia
Ce fut un cahot sur la route qui réveilla la Saint Just. 'Fin pas le cahot en lui même, mais la cause à effet d'une roue qui roule sur une caillasse, caillasse qui déstabilise le fragile équilibre du coche et qui envoie les occupants valdinguer, dans le meilleur des cas l'un contre l'autre, dans le pire contre la paroi en bois sur laquelle justement l'on avait posé la tête pour s'assoupir.

Elle sommeillait depuis des lieues, la conscience en semi-veille, l'esprit vagabondant tantôt vers la dernière suggestive missive du baron de Digoine qui n'était pas sans éveiller à chaque fois qu'elle y pensait quelques sensuelles rêveries. Et puis s'échappant à ses lascives pensées, elle repensait aussi à ce pourquoi elle avait aussi répondu à l'invitation du baron et qui grâce au fameux cahot sus-mentionné se rappela au bon souvenir de l'ensemble des voyageurs de la voiture.

Le nourrisson était chétif, néanmoins, il avait déjà un bel organe, comme tous les foutus membres de sa confrérie. Et là, il avait soudainement cessé de sucer benoitement le sein de sa nourrice pour protester avec véhémence contre le coup du sort qui lui avait fait sortir le tétin de la bouche.
Agnès n'eut même pas le temps de soupirer, de rouler les yeux au ciel, de claquer la langue d'agacement, la nourrice voyageait avec elle depuis des jours, elle savait. Alors aussitôt les réclamations furent étouffée dans l'oeuf, ou plutôt dans le sein.

Agnès avait achevé de se réveiller et avait écarté les lourdes tentures qui masquaient les fenêtres du coche pour demander d'une voie forte au cocher où ils se trouvaient. La réponse fusa, il arrivaient sur les terres de Digoine.
La comtesse laissa filer un soupir de soulagement et tourna le regard vers la troisième femme coincée avec la Saint Just et la nourrice dans l'habitacle. Elle offrit un fin sourire à la Ladivèze. Décidément, elle l'appréciait bien la taciturne petite huguenote. Au delà du fait que c'était elle qui avait sauvé sa vie et celle de l'enfant, la languedocienne avait de l'esprit et de la conversation, savait se tenir et jouer de la musique, et, bonus non négligeable, était une fieffée bonne comparse de beuverie.
Et c'est tout naturellement qu'Agnès lui avait demandé de l'accompagner pour ce voyage. De base, une invitation mondaine à être cavalière à un mariage, mais à laquelle préludait une visite nécessaire au Blanc-Combaz.

Enfin, la voiture s'arrêta, signe que l'on arrivait enfin sur le domaine de Digoine. La Saint Just écarta à nouveaux les rideaux qui masquaient l'extérieur pour prendre la mesure du castel tandis qu'on l'annonçait.

Quelques tours de roues plus tard et un nouvel arrêt, et la porte du coche s'ouvrit enfin, un valet de pied glissait un marchepied sous les délicates chausses de cuir de la Comtesse qui, aussitôt la voiture arrêtée, s'était mise dans les starting-blocks pour sortir de cette foutue boîte en bois. Gracieuse, malgré une bonne dose de courbatures, elle releva d'une main ses robes, posa le pied sur le gravier de la cour du château bourguignon et leva les yeux sur les vieilles pierres de la demeure, les jaugeant de suite d'un oeil connaisseur.

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Eusaias
Digoine devant la grille.


On voulions un jour de repos de plus !
Ouaiiiiiiis !
Et avoir notre pressoir à nous !
Ouaaaaaiiiiiiiiiiis !
Et notre four !
OUaaaaaaaaaisssssss

Et des caillasses dans vos gueules de sales pécores ? C’est bon les cailloux ! Adalbert Soupe de cailloux pour les « sent-la-fanges » !


Une fois de plus, quelques serfs et paysans s’étaient regroupés devant le château manches, faux et légumes pourris en guise d’arsenal. Une fois de plus, le chef du village, un petit bonhomme pansu, moustachu et grisonnant avait pris la parole afin de réclamer au nom de tous quelques allégements de leur charge. Une fois de plus, Eusaias et sa diplomatie « hache de guerre » avait accueillit les grouillots à l’entrée du château.

Comme d’habitude le Baron avait ordonnée la pluie de pierres sur les paysans qui prirent la fuite. Se tournant vers son écorcheur il lui administra une tape amicale sur l’épaule.


Les hommes du baron 1 les pécores 0, va falloir terminer le match en beauté. Prends une lance avec toi et descendez en ville : La bastonnade pour le vioque, sa femme et son fils et forcez sa fille. Il ne reviendra plus quémander.

Un air goguenard sur le faciès le baron reprit la direction de la bâtisse. Rien de tel qu’une petite bastonnade au levé du jour pour le mettre de bonne humeur. Des oignons frits, quelques viandes sèches et un bon pain complèteraient de toute évidence ces petites festivités matinales.

Baron quelqu’un en approche !

Ben si vous n’avez pas fini de ramasser les cailloux, verser sur eux de la poix.

Ils sont déjà dans la cour….

Foutre cul ! Bondissant hors de table Faites sonnez la garde ! Qu’on leur fasse rendre gorge !

C’est surtout une dame élégante avec coche, monsieur le Baron.

Stoppé net dans sa course.

Bah, bougre d’andouille, fallait dire que c’était Jusoor !

Je l’aurai bien dit, si c’était Jusoor… je crois que c’est la dame qui a laissé une trace sur monsieur le baron… une morsure.

Agnès ?

Et au baron de s’activer. D’abord les mains furent essuyées sur la nappe, ensuite les cheveux attachés à la va vite et il s’enfonça dans le clapet du persil afin de cacher l’odeur d’oignon. Le masticage se fit lors de la traversée de la bâtisse. La lumière du jour éclairait l’entrée qu’il s’empressa de franchir afin de rejoindre son invitée.

Agnès ! Ô quelle joie de vous voir ! Comment s’est passé le voyage ?

Il lui saisit les mains et lui déroba un baiser, tant pis pour l’arrière gout d’oignon persillé.
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Matalena
Arguons que la donzelle était très impressionnée par ce débarquement dans les dentelles de la haute, bien qu'elle occupa toute sa morgue naturelle à le bien dissimuler. Arguons également qu'elle n'avait jamais ouïe dire ne serait-ce que le nom de la seigneurie que l'on se plaisait à visiter ce jour, et ne savait qu'en augurer. Arguons de surcroit que son esprit encore trop peu porté sur les choses du corps n'avait pas même présagé de l'idée qu'il pu exister entre cette visite et la Saint Just un quelconque intérêt charnel. Nous en arriverons à la nécessaire conclusion que ce type de sorties ne faisait que rappeler à l'occitane à quel point le gouffre qui séparait sa condition sociale de celle de son acolyte de beuverie était vaste, et que la femme noble reste ô combien différente le jour de la nuit... Ce que leur hôte n'ignorait certainement pas lui non plus bien que sur des critères différents.
En bref : la jeune femme était stressée.
Aussi, en terrain inconnu et face à un adversaire tout aussi inconnu s'était-elle tranquillisée en œuvrant en territoire connu. Traduisons par la tenue du jour : bottes de cuir souple de bonne facture, braies de draps fin, chemise stricte au col haut, pourpoint à la coupe masculine, le tout dans des tons noir, noir, noir et ô surprise, noir. Serait-on conviés à un enterrement ? Ah tout de même, une petite touche de rouge sous la forme d'une fine ceinture légèrement lâche sur ses hanches. Une association de tons et d'austérité ascétique qui fleurait bon l'hérésie des familles. Super, voilà qui allait à coup sur placer leur interlocuteur dans le cercle très fermé de ses amitiés.

A peine le temps de poser l'orteil dans la cours aux graviers polis à la brosse à ongles par des serviteurs terrifiés qui luisaient au soleil tels des diamants orientaux que le nobliau avait déjà avalé la bouche de sa compagne de voyage. Allons bon... Et qui est-ce qui allait encore devoir réparer les jupons de madame après une folle nuit de débauche quand elle se retrouverait encore engrossée jusqu'à la garde ? Bibi bien sur.
Et pour l'heure, Bibi se contenta de croiser les bras dans son dos avec la mine sombre qui lui valait son surnom, se balançant légèrement d'avant en arrière en attendant la fin de cet échange de fluides buccaux.
Gnia
Ah bah ça oui, l'était joyeux le Digoine. Et que j'te prends les mains, et que j'te donne une idée de ce que j'ai bouffé ce midi... La Saint Just, encore un poil endormie par les bercements du voyage s'était laissée prendre par surprise. Fort heureusement, persil plus oignons lui permirent de recouvrer ses esprits, de reculer du pas nécessaire à la bienséance et d'en profiter pour présenter au baron les membres de sa troupe de voyage.

Tout d'abord, autant ne pas y aller par quatre chemins, la Saint Just n'ayant jamais été douée pour la diplomatie, les ronds de jambes, les tournages autour du pot et autres trucs de bonimenteurs. Elle hésita un instant à s'emparer du petit paquet de langes que tenait la nourrice, puis se ravisa et fit signe à la grosse femme de s'approcher d'Eusaias et de lui montrer son colis.


Alors voilà, ça, ça crie, ça pleure, ça a toujours faim mais... C'est à vous. Du moins en partie.

Voilà. une bonne chose de faite.
Invitant ensuite la Sombre qui tenait la chandelle non loin à s'approcher, elle posa sa main sur l'épaule de la languedocienne et continua les présentations façon Saint Just.


Et là, j'vous présente Matalena Ladivèze qui m'accompagne pour le voyage et qui a fait en sorte que ce gosse aussi résistant que la chienlit vienne au monde sans me tuer au passage. J'lui dois une vie et accessoirement, vous, celle de votre bâtard.


Et sinon, c'est quand tu veux tu nous proposes d'entrer et de boire un coup... Pragmatique la Saint Just, on l'a déjà dit.

Sinon le voyage, ben, mis à part la cohabitation avec ça... Geste vague de la main vers le chiard ... s'est plutôt bien déroulé mais j'vous avoue qu'il fait grand soif...

Voilà. La boisson, placée aussi.
Normalement, on a rien oublié.

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Griotte
Prendre la route en coche alors que l'hivers approchait doucement passe encore. Voyager sur le banc du cocher et se faire fouetter le visage par l'air frai, c'est pas terrible. La fille du Baron de Digoine avait connu plus confortable, mais c'était toujours plus supportable que de se faire casser les oreilles en voyageant confinée dans l'habitacle avec le petit machin brailleur, qui lui servait depuis peu de demi-frère. Ô joie ! Ô désespoir ! Et puis le coté positif, c'est que la gamine avait les cheveux au vent ! Ça lui conférait un certain style, plutôt échevelé, mais assez classe. L’inconvénient, c'est que les bourrasques lui avaient aussi collé la goutte au nez...

On se caille les miches ! C'est dingue !

La môme renifla bruyamment et se pencha par-dessus bord pour cracher sur le chemin le fruit moelleux et tendre provenant de ses raclements de gorge. Joliement dit pour une attitude si peu distinguée, n'est-ce-pas ? Et alors ? La Comtesse ne le verrait pas ! Elle était bien au chaud dans le coche. Le seul témoin de cette scène peu ragoûtante était le conducteur du véhicule. La petite dame de compagnie lui jeta un regard bref et haussa les épaules face à son plissement de nez.

Ben quoi ? R'garde plutôt la route au lieu d'nous faire rouler dans les ornières !

C'est donc entre reniflements, crachats et éternuements que la morveuse - c'est le cas de le dire - avait vu défiler les paysages inconnus, jusqu'à ce qu'ils se fassent plus familiers devant les émeraudes et que le véhicule finisse par parcourir les terres des Blanc-Combaz. Les derniers tours de roues furent les plus longs. La môme expatriée trépignait d'impatience à l'idée de revoir sa famille. Pourtant, elle se retint de sauter au bas du coche lorsqu'il s'arrêta dans la cour de la demeure et que son père s'avança pour accueillir la Comtesse. En bonne dame de compagnie, elle attendit que celle-ci prenne les devants, fasse les présentations et tout le tralala. Si seulement elle pouvait faire un peu plus court... ou encore plus ! C'est possible ça ?

La Saint Just avait à peine fini de parler, que la gamine, n'y tenant plus, sauta à terre et s'avança jusqu'à son père. Elle déposa un baiser bref sur sa joue et lança avec ironie :


Tu ne salues plus ta fille ? C'est la capuche, c'est ça ? Elle est pas rouge, tu m'as pas reconnu ?

N'attendant pas sur la réponse, elle se tourna vers la demeure et commença à s'éloigner dans sa direction.

J'espère que Cassian est là ! Faut que je lui parle... Ah ! Et j'oubliais !
Regardant à nouveau son père : Compte pas sur moi pour partager ma chambre avec Lui !

Et de faire un signe de la tête en direction du marmot emmailloté.
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Eusaias
Alors voilà, ça, ça crie, ça pleure, ça a toujours faim mais... C'est à vous. Du moins en partie.

Mais je ne sais pas faire ! Du moins si, je sais les faire, mais je ne peux… Le nez aquilin se penche au-dessus de l’enfançon afin de le regarder de plus près. Je ne peux pas… mais ça pue en plus.

Le nez crispé se relève sur la grosse nourrice.

Mais allez le laver, le changer le nourrir et tout ce qu’il faut ! Vous n’allez pas laissez un Blanc Combaz dans la m*rde !

C’est à ce moment qu’une bise vient lui claquer sur la joue, le tirant de sa jacasserie. Des émeraudes, un visage bien fait avec un menton légèrement prononcé, là c’était une belle plante de chez Blanc Combaz. Il aurait bien répondu au baiser de la fille si celle là ne l’avait pas snobé en allant chercher Cassian.

Ah euh… Il est peut-être au château de Dijon, tu sais… il est le secrétaire personnel de la Duchesse… mais il devrait rentrer dans la soirée. Alicyanne est…

En fait il n’en savait rien. Les enfants Blanc-Combaz s’étaient regroupés et liés entre eux il y a bien longtemps afin de se battre contre l’autorité paternelle. Du moins, ils avaient toujours fait comme ils l’avaient souhaité ce qui arrangeait fort bien le Balbuzard qui n’avait aucun sens moral à leur donner.

Tu me raconteras quand même….

Bon ben, pas la peine de s’égosiller, le frère avait son importance visiblement à ce moment. Le Baron reporta son attention sur la nourrice qui s’en allait en direction du château.

Donnez-lui des racines noires à becter, ça fait pousser le poil au menton !

Pris d’un doute, il lança un regard sur Agnès, était ce bien un mâle au moins qu’elle lui offrait ? Un autre petit rapace, qui serait à n’en point douter, grand escrimeur, génie politique et véritable séducteur. Toujours coincé dans ses pensées il salua la dame d’un signe de tête.

Alors je vous dois beaucoup, je vais commencer par un merci et si je peux autre chose, je ferai. Merci pour tout. Allons rentrons, au chaud nous serons mieux avec un vin puisqu’il fait soif. Au fait Agnès, comment allons nous l’appeler ? Hercule ? Attila ? César ? Brutus ? Alexandre le très grand ? Ajax ? Castor ? Pollux ?
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Gnia
Lionel.

Le prénom était tombé comme un couperet. Sous-entendu n'était pas soumis à négociation, discussion, table ronde, tirage au sort ou tout autre connerie du même acabit.

Et en deuxième prénom, un nom de prophète. Et comme Aristote c'est moche, ben ça sera Christos.

Et le Blanc-Combaz, qui ne semblait pas du tout déboussolé par la nouvelle, de hocher la tête et de lâcher un

Parfait.

Et la Saint Just de lever les yeux au ciel en trottinant à côté du Balbuzard en direction du vin et du chaud.

Si ça vous fait plaisir...
Lionel Christos Parfait de Blanc Combaz, dict l'Increvable. Avec ça, il débute bien dans la vie...


Ceci étant réglé, elle jeta un regard en coin à Matelena et ralentit pour se retrouver à sa hauteur. Elle passa son bras sous le sien et murmura

Décrispez vous Ladivèze, on est certes chez les gens de la haute, mais ça reste du mercenaire anobli, vous ne devriez pas être dépaysée de vos soirées avec la bourgeoise anoblie que je suis. Tenez, rien que la môme qui préfère voyager avec le cocher... Et puis dans le coin, ils font du sacrément bon vin, moins corsé que le Bordeaux, j'en conviens, mais sacrément gouleyant tout de même...
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Matalena
Des racines noires ?! Je suis père de deux enfants et je peux te dire que jamais on ne donne de racine à un bébé ! Euh... Ou pas.

Alors récapitulons...
Blanc Combaz père + ? = Blanc Combaz fille
Blanc Combaz fille + Agnès de Saint Just = Dame de compagnie
Agnès de Saint Just + Blanc Combaz père = Lionel Blanc Combaz
Voilà qui était de suite beaucoup plus limpide, isn't it ?

Lionel... Heureusement que l'effigie choisie par certains n'était pas une tortue ou une poule d'eau, le pauvre gamin ce serait vu affublé d'un prénom autrement plus ridicule. Approuvant sans mot dire ce judicieux choix de patronyme auquel adhéraient tout à fait ses principes profonds, la donzelle attendait toujours, tournant sa jolie tête de droite et de gauche pour admirer le fastueux paysage.
Bon. En tout état de cause la soirée partait plutôt mal engagée : en sus de ne connaître personne, de n'être pas de la même caste, et de vaguement se sentir dans l'âme d'un garde-fou, personne et plus spécifiquement sa détentrice du jour n'avait cru bon de l'avertir de l'ambiance bisou bisou prévue comme animation. Vous me direz que ça peut être un bon moyen d'apprendre à faire rapidement connaissance... Aussi quand le mignon petit bras tout enrubanné de soie vint se glisser contre ses côtes, la donzelle eut-elle un léger sursaut avant de se détendre quelque peu, et la mener direction le château avec une assurance tranquille de parfait gentleman.


Et bien... Je ferai au mieux de mes possibilités, disons.

Car était-il besoin de le rappeler, la dernière fois qu'elle s'était retrouvée conviée à ce type de soirée, c'était à moitié à poil dans une tenue courte et échancrée à jouer les soubrettes et servir les plats. Difficile après cette traumatisante expérience de se retrouver en nom et place d'invitée. Nooooon messire je n'irai point à taaaable laissez-moi ramasser vos reeesssstes ! En revanche je crache pas sur le vin, c'est toujours ça de prit.
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Eusaias
En Europe, la mante religieuse devenue adulte s'accouple d'août à octobre. Le mâle, comme tout animal s'approchant d'une mante, se fait parfois dévorer pendant ou après la copulation. Plusieurs accouplements peuvent avoir lieu, mais un seul est nécessaire pour la fécondation. Même après avoir eu la tête coupée, le mâle continue à copuler et envoyer des spermatozoïdes. Contrairement à une idée reçue, le cannibalisme lors de l'accouplement n'est cependant pas essentiel pour que la femelle dispose des ressources protéïques nécessaires pour porter les œufs ; reste qu'il est quasi systématique en vivarium. Certains y voient une forme de cannibalisme tandis que d'autres préfèrent y voir une forme d'abnégation.
En septembre, octobre ou novembre, la femelle pond 200 à 300 œufs.

Mais cela Eusaias s’en tapait sévèrement. Il avait bel et bien appelé Agnès la sauterelle, mais elle n’était en rien une mante religieuse et l’accouplement avec la jeune femme de noir vêtue n’était pas prévu au programme. Puis imaginez donc 200 ou 300 Blanc-Combaz aux yeux surdimensionnés débouler dans toute la Bourgogne ! Non mesdames ne rêvez pas trop, ça n’arrivera pas, ou ça sera un accident. Mais pour l’heure revenons à nos agneaux, car eux, bien loin de se douter de ce qui se passait ici, avait continué leur progression dans le domaine du Baron.

L’avantage d’être à Digoine c’est que le château n’avait pas trop de choses à mettre en avant : « Là c’est une arbalétrière, La une autre arbalétrière et là la salle d’arme ! » autant dire que c’était rustique, mis à part le salon qui avait été refait avec plus de gout, par Jusoor, alors que le Baron était parti festoyer une semaine complète avec le Corbigny.

Ils avaient pris place dans le salon afin de parlementer couffin et landau (pas tout à fait, mais ce n’est pas important) quand en toute logique la discussion bifurqua sur le vin. Eusaias avait tenté de vendre les mérites de son vin : « il est fruité et il ne colle pas aux dents ! », mais de toutes évidences, les femmes préféraient le petit tonnelet de Nuit Saint Georges, prélevé avec soin et plus ou moins l’autorisation de son « parent » le Beau Cardinal. Au fur et à mesure que les litres étaient sifflés, le balbuzard ventait d’autres vins, toujours dans le but d’ouvrir un autre tonnelet afin de faire « gouter ».



Et le Corton Charlemagne 1436 est un réel délice ! Victor va donc nous en chercher !

Mais, je voulions bien, mais on en a pas !

Et bien, je connais l’une des plus grandes réserves du royaume ! Victor préparez le coche et vite, nous allons à Corbigny ! Entre le repas de midi et la tombée de la nuit, c’est l’heure de la soupe au vin du Tri !


Légèrement imbibé, coincé entre Agnès et le bois du coche, le balbuzard au nez rougi tenait le fruit de ses entrailles dans ses bras. Il fallait bien une raison pour fêter et faire ouvrir le corton d’Erik. Haaaa il l’aimait déjà ce fils, enfant prodigue capable de faire ouvrir les caves du Tri !
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Gnia
Et une chose de sûre, le vin on ne le recracha pas. Le maître de ce castel austère meublé pour la guerre savait recevoir et la Ladivèze et la Saint Just après la route des vins de Guyenne entamaient certainement là une tournée des vins de Bourgogne. Au moins ici, l'on pouvait en boire sans se cacher.

En sus du vin, c'était un réel plaisir de se défaire de l'omniprésence du nourrisson avec lequel Agnès avait du cohabiter tout le voyage durant, au point qu'elle connaissait les moindres variations de son petit visage rougeaud et fripé. Le petit pli au front accompagné des yeux qui se plissaient annonçait une gueulante démentielle, les yeux ouvert ronds comme des billes et la babine supérieure retroussée en un sourire sans dent était le signe avant coureur d'une discussion faites de babillage dont lui seul entendait la signification, une soudaine odeur un peu aigrelette qui flottait dans l'air était le prélude à une frénésie pour changer les langes avant qu'il se rende compte de son état et hurle.

Aussi lorsque Digoine décida qu'il serait judicieux de l'embarquer pour une petite virée braquage des caves des voisins, c'était peu dire que la Saint Just tirait la gueule. Et en plus, le baron bien éméché avait décidé de se coincer sur la même banquette qu'elle, façon métro parisien aux heures de pointe.


Eusaias, rapp'lez-moi les caves de chez qui on va piller ? Z'avez dit Corbigny, c'est pas chez le Pair de France ça ? C'lui qui parle du vin de Bourgogne en faisant des poèmes ?

Et de lancer à la banquette d'en face qui accueillait la Sombre un regard amusé, le premier depuis qu'elle était coincé entre les causes et les conséquences de sa condition de sauterelle et le bois du coche.
Puis posant un regard en coin sur Balbuzard et sa descendance, elle ajouta


Z'auriez quand pu vous abstenir de l'emmener, ça nous aurait reposé les esgourdes...
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Eusaias
Ah mais oui, mais oui, mais oui, mais non mais oui il faut.

Là c’était la petite moue incrédule qui prenait place sur le visage. Le balbuzard leva les yeux au ciel, au plutôt au plafond du coche, afin de se rappeler sa réponse et de tenter de s’auto-décrypter. Donc le premier « Ah mais oui » c’était pour le fait qu’il avait déjà, rapidement fait rencontrer les deux. Le second « mais oui » était destiné à la question : « ce n’est pas le pair de France ? », il est vrai qu’il aurait pu se montrer plus taquin et dire : de « Naimbaud et de Yoyoletoilerose aussi ! » mais il avait opté pour du simple. Le troisième mais oui : c’était pour la poésie ! C’était vrai qu’Erik était capable de faire passer de l’eau des marais de Palinges pour un Gevrey-Chambertain.

Le « mais non » était pour l’enfant passe-partout qu’on ne pouvait pas laisser en arrière. Qu’aurait dit le Tri si on venait la bouche en cœur, sentant la vinasse lui dire : « j’ai un fils, on fête ça ! Ouvre-nous ta cave mon Ricoudou de Corbinichou ! » C’était une évidence il aurait répondu dans un accent venu de loin : « Mais qu’est ce que tu me racontes là ! » Alors qu’avec le Parfait Lionel il ne pouvait plus poser cette question et laisserait donc cette réplique à Arnold ! De le « oui il faut » était pour renforcer le « mais non ».

Tout s’expliquait la tête d’Eusaias, rien n’était plus simple et sa réponse était d’une logique à toute épreuve. Il porta son attention sur Maltalena c’est vrai qu’elle n’était pas très causante elle, mais ce n’était pas grave. Le balbuzard connaissait 1 000 moyens de faire parler une femme : de la torture physique aux drogues en passant par la terrible phrase : « Tu as vu ces chaussures comme elles n’allaient pas avec sa robe ? » capable de faire parler une muette. Mais avant de se faire bourreau à nouveau, il opta pour une stratégie plus simple : la question.


Et vous donc belle enfant dans la vie vous faites ?

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Matalena
Comme quoi, dans le monde, il existait UN homme capable de vouloir faire parler une femme qui se la bouclait. Le monde à l'envers j'vous dit... Vraiment bizarre ce type.
Dans un premier temps, la jeune femme qui jusque là s'abimait à regarder dehors ne réagit absolument pas, continuant d'observer le paysage comme si de rien était. Sourde ? Malpolie ? Et dans le silence qui s'installa, dura, et s'appesantit sans que personne ne jugea bon de prendre la parole, un doute se distilla dans son esprit.
Un doute du type : C't'a moi qui cause là ? Hein ? Ah m*rde...


Et bien je suis... Barrez la mention inutile : Mercenaire, accoucheuse, cuisinière, épéiste, réformée, tisserande. Tisserande de métier et propriétaire de champs à Montauban... Ah bravo, sur qu'avec ça il va être très impressionné. Mais la dame de Saint Just semble avoir le chic pour révéler et tirer partie de nombre d'autres talents subsidiaires.

En accordant à celle-ci un regard légèrement pétillant, un début de sourire au coin des lèvres. Et avant que votre imagination ne s'égare à des théories plus ou moins salasses, ajoutons que la sus-citée bouseuse s'apprêtait à retomber aussi sec dans son mutisme... Si elle ne c'était pas aperçue qu'en sus d'être malaimable ç'aurait été très impolie. Que dire que dire... "Il fait beau ce soir n'est-ce pas ?" Très constructif... "Et vous vous faisiez quoi comme travail merdique avant d'être anobli ?" Pas très diplomate... "Ça fait plaisir de vous rencontrer, Agnès m'a tellement parlé de vous !" Absolument faux... "Alors comme ça vous couchez avec Sa Grandeur ?" D'une subtilité à toutes épreuves...

Autrement, je suis indispensable s'agissant de goûter aux vins qu'on présente à la dame pour m'assurer qu'ils ne sont pas empoisonnés, ce serait impardonnable. Sans vouloir me venter je pense m'en acquitter avec tout le sérieux nécessaire.

Ajouta-t-elle avec, tout justement, un sérieux religieux.

Je n'ai hélas pas non plus l'honneur de vous connaitre. Sans vouloir vous réclamer un cours sur la noblesse, -A laquelle de surcroit je ne comprend pas un traitre mot- à quoi occupez-vous votre temps, vous ?
Eusaias
Moi ? Oui toi saoulot. Beeeeeh. Et beh ! Productif pas à dire, ah mais tu m’en as coupé le sifflet. Je suis né dans la boue, j’ai grandi les pieds dans cette même boue ! Menteur tu es issu de la noblesse de Flandre et d’Empire. Mes parents sont morts de la grippe alors que j’étais encore enfant. Arrête tes mensonges, tes parents sont morts longtemps après ton départ, tu as fuit car tu ne voulais pas obéir à papa qui t’imaginait bien curée de sa paroisse.

Eusaias se redressa faisant craquer ces osselets dans le dos. Comment allait il faire pour tenir une conversation sérieuse si sa conscience continuait à lui pomper l’air. Il inspira une fois, il inspira une seconde fois et se lança. Toujours sur le ton « nez pincé » de l’alcoolique en pleine refonte du monde.

Je suis donc issu des basses couches et afin de m’en sortir je me suis engagé dans l’armée Bourguignonne. J’y ai fait mes armes et même si mon sergent était un brave gars, j’ai tourné les talons lorsque le mercenariat me tendit les bras. C’est grâce à ma passion des armes que j’ai rencontré bien des gens et vécu bien des histoires. J’ai participé à des guerres en Anjou, Franche Comté, Art..gleterre. La gaffe fut frôlée. En Bretagne évidemment, le Berry par deux fois, l’Allemagne et désormais je m’occupe de la sécurité de mon duché.

Mis à part les guéguerres t’as pas l’impression de lui raconter un mensonge ?

Grimace décontenancer, le balbuzard opta pour une stratégie dit : Changement de sujet.

Sinon tout comme vous, Agnès a su tirer de moi le meilleur parti et on a eu un bébé. Se rendant compte que l’alcool rendait vraiment ridicule il tenta une dernière sortie.

Corbigny ! Regardez comme c’est Joli ! Tiens moi ça chérie et fait attention c’est un beau mal !

Dit-il à la comtesse lui refourguant « le paquet » avant de descendre du coche qui s’arrêtait.

CORBIGNYYYYYYYYYYYYYEEEeeeuuuh ! Ouvre nous tes caves on a un truc à fêter !

L’entrée en matière n’était pas subtile, peu protocolaire mais allait être accompagnée de musique, vu que le Balbuzard était entrain de s’emparer du cor à l’avant du coche.

BOUHOUUUUUUUUUUUUUUU
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Gnia
Nan ! Nan Digoine ! Tu veux pas faire ça ! Nononon ! Déconne pas...

Enfoiré ! Il l'a fait.

Le pompon. La cerise sur le gâteau. L'apogée d'un voyage en coche qui allait finir, au mieux, en gueulante mouvementée façon artésienne, au pire, en meurtre pur et simple.
Tétanisé, la Saint Just se retrouve avec un môme dans les bras. L'angoisse.
Un mioche tel l'arquebuse, prêt à vous exploser à la tronche parce que justement il a changé de main.
Attérée, la Comtesse. Déjà, les "on a eu un bébé", les "chérie", et autres conneries du genre l'avaient passablement ébranlée, mais alors là, lui foutre son bâtard dans les bras, c'était le pire scénario imaginable.
Respirant avec difficulté, elle tendit avec d'infimes précautions, un peu comme un démineur qui tente de déplacer une bombe sale, le nourrisson à Matalena.

Une fois qu'il fut assuré dans les bras de la huguenote, la Saint Just inspira profondément avant de siffler entre ses dents.


S'il finit pas lardé de coups de dague au fond d'un fossé avant la fin de la journée, c'est que j'suis trop pintée.

Toujours d'un calme qui ne présageait vraiment rien de bon, elle descendit du coche, s'approcha du baron en train de s'époumoner dans son cor de chasse et lui tapota l'épaule. Lorsqu'il lui fit face, elle approcha son visage du sien, darda un regard furieux dans les pupilles dilatées du Balbuzard, et le dragon gronda

Ecoutez-moi bien, Digoine. Ne me refaites jamais un coup comme ça ! Jamais ! Sinon, lorsque vous serez convoqué à Saint Omer pour vous expliquer auprès de mes suzerains de vos demandes d'épousailles aussi subites que ridicules - oui, oui, je suis déjà au courant, cela fera l'objet d'une dispute ultérieure - je manderai au Comte de vous confier aux bons soins de Zaza.

La Comtesse esquissa enfin un sourire féroce avant de susurrer d'une voix suave à l'oreille du Baron.


Zaza n'est pas une soubrette libertine aux prestations inattendues. C'est une hyène que l'on a eu le bon goût d'offrir à la Comtesse de Lille durant ses missions diplomatiques. Vous saviez que la hyène ne mange que de la viande morte ?


Soulagée par les menaces qu'elle venait de proférer et qui adoucissaient légèrement l'affront qui lui avait été fait, elle leva ensuite les yeux sur le castel Corbigny et pleine d'entrain, ajouta

Récupérez le paquet de langes et allons visiter les caves. J'ai grand besoin de me remettre de mes émotions.
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Eusaias
Ecoutez-moi bien, Digoine. Ne me refaites jamais un coup comme ça ! Jamais ! Sinon, lorsque vous serez convoqué à Saint Omer pour vous expliquer auprès de mes suzerains de vos demandes d'épousailles aussi subites que ridicules - oui, oui, je suis déjà au courant, cela fera l'objet d'une dispute ultérieure - je manderai au Comte de vous confier aux bons soins de Zaza.

Hélas se fut un sourire niais qui accueillit les propos. La raison était simple, le père du baron qui était un noble fortement avisé avait longtemps expliqué à son jeune fils qu’il fallait souvent faire croire aux dames qu’on les écoutait. Il suffisait de rétorquer ces « C’est sûr » « Evidemment » « Pourquoi pas » ou encore l’irremplaçable « Hum ». Le Hum pouvait être négatif ou positif, il se mariait à toutes les sauces. D’une lâcheté sans pareil on pouvait sournoisement le faire passer pour une négation alors qu’on avait plutôt dit oui. Et c’est donc ainsi que le Balbuzard s’offrit le luxe de répondre.

Hum ! Evidemment c’est sûr que c’est une bonne idée. Alors pourquoi pas.

Oui parfois les combinaisons devenaient fortement suspicieuses. Mais le sourire ne changea pas lorsque la comtesse se rapprocha de son oreille pour lui tenir la suite de son discours.

Zaza n'est pas une soubrette libertine aux prestations inattendues. C'est une hyène que l'on a eu le bon goût d'offrir à la Comtesse de Lille durant ses missions diplomatiques. Vous saviez que la hyène ne mange que de la viande morte ?

Oreille plus attentif il leva les yeux au ciel. Le cas typique de la femme ! Elle lui parlait d’abord mariage, puis libertinage avec ses suzerains pour terminer par un coure naturel sur les hyènes. Mais ce saut de coq à hyène ne pouvait déstabiliser notre baron aux chaussures à bascule.

Si vous voulez nous élèverons des hyènes, pourquoi pas.

Récupérez le paquet de langes et allons visiter les caves. J'ai grand besoin de me remettre de mes émotions.

Il plaqua sa main qu’il voulait douce sur la joue d’Agnès et d’un geste très affectueux il lui caressa le visage de la pointe des doigts avant de reprendre.

Hum ! Prenez le nourrisson et descendons dans la cave, il aura moins chaud. CORBIGNYYYYYYYYY OUVREEEEEEEEE TE DIIIIIIIIS JE !
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