Nessty
[De la brume des chemins hostiles aux vapeurs des lendemains difficiles...]
Ou plus simplement : l'arrivée à Rieux
La gueuse impétueuse venait d'achever sa missive à son blondinet et avait le coeur serré. L'impatience de le savoir à quelques lieux, l'envie de le revoir après de si nombreux jours loin de lui et surtout le dépit de savoir que ce séjour qu'elle envisageait sous une couleur des plus rosée ne prendrait finalement que la teinte imposée par des procéduriers. En même temps, elle aurait tant voulu être plus loquace, plus douce aussi dans ses mots choisis, plus femme probablement si elle n'avait sur ces frêles épaules tant de responsabilités. Mais la colère ne cessait de gronder en elle. Une colère de laquelle, elle le savait pertinemment, jaillirait une de ces haines de Vilaine qu'elle ne connaissait que trop et qu'elle n'arriverait point à contenir si... Raaaaaaaa puis 3 jours dans l'inconfort d'un campement, sans chopine bien fraiche... Puis Mac... Silencieux, sombre, même pas taquin, même plus gredin !
Elle se releva pour refaire les cents pas, revint attiser le feu de camp, se mit à tourner autour nerveusement avant de finir par s'accroupir pour taquiner les braises rebelles avec une brindille. Trop de choses fermentaient simultanément sous son chignon. Elle le défit donc pour tenter de se soulager de son poids mais cela s'avéra insuffisant. Finalement elle se décida d'user ses pensées dans l'admiration de volutes de fumée lorsque Mac vienne l'importuner non pas pour lui offrir un denier afin de remettre au hasard d'une face un choix pesant mais pour partager en tout connivence plus que silencieuse le trouble qui les malmenait.
On est bientôt arrivé ?
Nessty leva les yeux au ciel en entendant cette question qu'elle même ne cessait de se poser.
Nous ne sommes plus qu'à quelques lieux de Rieux. Si cela ne tenait qu'à moi nous y seront en une dernière chevauché dans quelques heures mais nos montures ont besoin de repos tout comme nos voyageurs novices. Et la charrette de caillasses n'avanceraient pas plus vite de toute façon avec toutes ces ornières sur la route.
Alors qu'elle lui désignait de la main les deux hommes qui les accompagnaient et qui avaient trouvé refuge dans un sommeil juste, la gueuse se rapprocha de lui pour retirer le mégot d'entre les lèvres. Il n'y avait pas de raison : s'ils partageaient déjà l'insomnie, ils partageraient le reste. L'offrande se porta aux lèvres de la gourmande.
Les heures filèrent ainsi jusqu'à ce que les narines de la donzelle se mettent à frémir. Elle avait la tête posée sur le cabot malodorant de Mac. Elle se leva d'un bond sous le dégout d'avoir confondu le chien avec un oreiller des plus moelleux et sous la surprise d'avoir réussi à fermer, ne serait ce que quelques heures, les paupières. S'empressant de filer un coup de pied dans les chausses de Mac pour le réveiller, elle fanfaronna à tout va qu'il était l'heure de mettre fin à la fainéantise de ces sieurs et de reprendre le chemin.
Arrivée aux abords de la ville convoitée, la petite troupe niortaise fut arrêtée et aussi tôt Nessty se mit à grogner férocement en entendant les mots suivants uniquement :
... douanière de Reoz, j'aimerais vos laisser passer...et surtout connaitre vos noms.
Bâton au poing et avec quelques coups de talons bien placés, la donzelle dirigea son vieux canasson vers celle qui appartenait visiblement à cette bande adepte de la crétinerie procédurière qu'elle affectionnait tant et... explosa de rire en reconnaissant là la plus terrifiante des préposées au duché.
Demat dame, à qui ais je l'honneur ?
Bah oui, c'est ça Tink... Rattrape ton manque de bienséance à mon égard lors de notre première rencontre. Tu m'connais et j'suis sure que tu m'as pas oublié... J't'avais dit que je reviendrais te taquiner ! Ben me vlà et en compagnie des plus charmantes !
Malicieusement, Nessty fit tournoyer son cheval autour de celui de Tinkerbell pour énerver la bête, enfin plus précisément celle sous la damoiselle afin d'éviter toute méprise qui pourrait ne pas en être une si l'on connait la Vilaine... Riant toujours et sachant que la taquinerie bonne enfant restait de mise entre ces 2 brunettes, elle laissa à la douanière à peine le temps de s'en remettre et rajouta avec grande insolence :
Tes laissez-passers, tu va les chercher chez la prévôte car je n'ai toujours rien en ma possession à cette heure ci, en dehors d'une réponse farfelue avec un drôle de chantage... Et râle pas ! sinon je m'y mets aussi !
L'impétueuse se retourna vers ses amis pour les haranguer joyeusement.
Mes sieurs, baissez vos armes, nous arrivons en ville et nous nous devons de nous conformer au coutumier local. On nous envoie là la plus belle escorte bretonne qui soit ! Tinkerbell la belle !
La niortaise ponctua le cérémonial des présentations de son groupe avec un énorme clin d'oeil à la rillette pour la convier à venir partager chopine avec eux. Cela valait bien évidemment tous les papelards du monde aux yeux de la Vilaine.
Toute fois soyez prudents en taverne, leur arme suprême ici étant le chouchen, je crains que la belle ne soit terrible avec nous...
Raaaaaaa elle ne croyait pas si bien dire ! En effet, les retrouvailles des deux donzelles intarissables en paroles s'avérèrent des plus arrosées au point de causer quelques situations cocasses dont l'enchignonnée ne s'avouera jamais bien fière. Nessty aura d'ailleurs du mal à s'en souvenir dans les détails le lendemain matin tant son chignon imbibé et sa mâchoire endolorie la firent souffrir, au grand damne également d'un certain blondinet condamné à bercer chastement les ronflements de sa pochtronne... Il n'avait qu'à se défaire de ses affaires, de celles le liant au duché et non de celles recouvrant son corps d'athlète, un peu plus tôt dira la gueuse qui ne se refuse jamais au plaisir de Bacchus.
Hum, retrouvailles un peu noyées non dans les effluves d'un romantisme de guimauve mais dans les cuves inspirant le tantrisme avec une liqueur au reflet mauve...
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Ou plus simplement : l'arrivée à Rieux
La gueuse impétueuse venait d'achever sa missive à son blondinet et avait le coeur serré. L'impatience de le savoir à quelques lieux, l'envie de le revoir après de si nombreux jours loin de lui et surtout le dépit de savoir que ce séjour qu'elle envisageait sous une couleur des plus rosée ne prendrait finalement que la teinte imposée par des procéduriers. En même temps, elle aurait tant voulu être plus loquace, plus douce aussi dans ses mots choisis, plus femme probablement si elle n'avait sur ces frêles épaules tant de responsabilités. Mais la colère ne cessait de gronder en elle. Une colère de laquelle, elle le savait pertinemment, jaillirait une de ces haines de Vilaine qu'elle ne connaissait que trop et qu'elle n'arriverait point à contenir si... Raaaaaaaa puis 3 jours dans l'inconfort d'un campement, sans chopine bien fraiche... Puis Mac... Silencieux, sombre, même pas taquin, même plus gredin !
Elle se releva pour refaire les cents pas, revint attiser le feu de camp, se mit à tourner autour nerveusement avant de finir par s'accroupir pour taquiner les braises rebelles avec une brindille. Trop de choses fermentaient simultanément sous son chignon. Elle le défit donc pour tenter de se soulager de son poids mais cela s'avéra insuffisant. Finalement elle se décida d'user ses pensées dans l'admiration de volutes de fumée lorsque Mac vienne l'importuner non pas pour lui offrir un denier afin de remettre au hasard d'une face un choix pesant mais pour partager en tout connivence plus que silencieuse le trouble qui les malmenait.
On est bientôt arrivé ?
Nessty leva les yeux au ciel en entendant cette question qu'elle même ne cessait de se poser.
Nous ne sommes plus qu'à quelques lieux de Rieux. Si cela ne tenait qu'à moi nous y seront en une dernière chevauché dans quelques heures mais nos montures ont besoin de repos tout comme nos voyageurs novices. Et la charrette de caillasses n'avanceraient pas plus vite de toute façon avec toutes ces ornières sur la route.
Alors qu'elle lui désignait de la main les deux hommes qui les accompagnaient et qui avaient trouvé refuge dans un sommeil juste, la gueuse se rapprocha de lui pour retirer le mégot d'entre les lèvres. Il n'y avait pas de raison : s'ils partageaient déjà l'insomnie, ils partageraient le reste. L'offrande se porta aux lèvres de la gourmande.
Les heures filèrent ainsi jusqu'à ce que les narines de la donzelle se mettent à frémir. Elle avait la tête posée sur le cabot malodorant de Mac. Elle se leva d'un bond sous le dégout d'avoir confondu le chien avec un oreiller des plus moelleux et sous la surprise d'avoir réussi à fermer, ne serait ce que quelques heures, les paupières. S'empressant de filer un coup de pied dans les chausses de Mac pour le réveiller, elle fanfaronna à tout va qu'il était l'heure de mettre fin à la fainéantise de ces sieurs et de reprendre le chemin.
Arrivée aux abords de la ville convoitée, la petite troupe niortaise fut arrêtée et aussi tôt Nessty se mit à grogner férocement en entendant les mots suivants uniquement :
... douanière de Reoz, j'aimerais vos laisser passer...et surtout connaitre vos noms.
Bâton au poing et avec quelques coups de talons bien placés, la donzelle dirigea son vieux canasson vers celle qui appartenait visiblement à cette bande adepte de la crétinerie procédurière qu'elle affectionnait tant et... explosa de rire en reconnaissant là la plus terrifiante des préposées au duché.
Demat dame, à qui ais je l'honneur ?
Bah oui, c'est ça Tink... Rattrape ton manque de bienséance à mon égard lors de notre première rencontre. Tu m'connais et j'suis sure que tu m'as pas oublié... J't'avais dit que je reviendrais te taquiner ! Ben me vlà et en compagnie des plus charmantes !
Malicieusement, Nessty fit tournoyer son cheval autour de celui de Tinkerbell pour énerver la bête, enfin plus précisément celle sous la damoiselle afin d'éviter toute méprise qui pourrait ne pas en être une si l'on connait la Vilaine... Riant toujours et sachant que la taquinerie bonne enfant restait de mise entre ces 2 brunettes, elle laissa à la douanière à peine le temps de s'en remettre et rajouta avec grande insolence :
Tes laissez-passers, tu va les chercher chez la prévôte car je n'ai toujours rien en ma possession à cette heure ci, en dehors d'une réponse farfelue avec un drôle de chantage... Et râle pas ! sinon je m'y mets aussi !
L'impétueuse se retourna vers ses amis pour les haranguer joyeusement.
Mes sieurs, baissez vos armes, nous arrivons en ville et nous nous devons de nous conformer au coutumier local. On nous envoie là la plus belle escorte bretonne qui soit ! Tinkerbell la belle !
La niortaise ponctua le cérémonial des présentations de son groupe avec un énorme clin d'oeil à la rillette pour la convier à venir partager chopine avec eux. Cela valait bien évidemment tous les papelards du monde aux yeux de la Vilaine.
Toute fois soyez prudents en taverne, leur arme suprême ici étant le chouchen, je crains que la belle ne soit terrible avec nous...
Raaaaaaa elle ne croyait pas si bien dire ! En effet, les retrouvailles des deux donzelles intarissables en paroles s'avérèrent des plus arrosées au point de causer quelques situations cocasses dont l'enchignonnée ne s'avouera jamais bien fière. Nessty aura d'ailleurs du mal à s'en souvenir dans les détails le lendemain matin tant son chignon imbibé et sa mâchoire endolorie la firent souffrir, au grand damne également d'un certain blondinet condamné à bercer chastement les ronflements de sa pochtronne... Il n'avait qu'à se défaire de ses affaires, de celles le liant au duché et non de celles recouvrant son corps d'athlète, un peu plus tôt dira la gueuse qui ne se refuse jamais au plaisir de Bacchus.
Hum, retrouvailles un peu noyées non dans les effluves d'un romantisme de guimauve mais dans les cuves inspirant le tantrisme avec une liqueur au reflet mauve...
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