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[RP] Périple breton guimauvé

Nessty
[1er passage à Vannes, un arrêt simple]


Une surprise attendait Nessty à Vannes en la présence de celui qu'elle avait catalogué lors de leur première rencontre comme le plus grand cocu breton tant son aigreur et sa rancoeur étaient persistantes. Celui là même qui avait été la cause de l'union de Link et de la Vilaine dans une joute verbale alors qu'il se montrait insultant envers un homme plus que respecté par l'impétueuse comme envers la gente féminine. Un fou offensant la réputation du Duc, en prime complice de la crétinerie bidulienne ! L'impétueuse maintint donc sans peine son mépris pour tel personnage et profita de l'échappatoire offert par un pigeon pour aller le plumer paisiblement dans sa chambre d'auberge. Malheureusement, le manque de clarté dans la chambre, la fatigue persistante de ce voyage sans fin, l'attente encore de son tendre eurent finalement gain de cause et elle s'assoupie jusqu'à l'heure du dîner qu'elle prit bien évidemment en taverne.

Une soirée passée avec un Kalderon déterminé à remuer un passé inconnu pour la poitevine mais point assez pour se confronter à l'intéressé, une éternité à scruter la moindre ombre d'un blondinet dans les ruelles au travers de la fenêtre crasseuse du premier bouge trouvé, une veillée émaillée par les rires rythmés des aventures de Link engrossée et de sa jument saillie par un fringant étalon. Nessty réussit à embrasser à une heure fort avancée son bienaimé avant de s'effondrée de fatigue sur une paillasse dont elle ne découvrit l'aspect douteux qu'avec les premières lueurs du jour qui annonçait le départ imminent vers Rohan.

La gueuse amoureuse n'en tint pourtant pas rigueur tant, depuis son arrivée en Bretagne, chaque matin lui paraissait comme un petit bonheur dès que ses paupières s'ouvraient sur le visage serein de Ryo encore endormi. Elle savait pourtant qu'elle se devait de repartir bientôt pour honorer sa parole envers l'Extra-belle mais elle n'arrivait pas à se faire à l'idée car il était là, allongé à ses côtés, un bras sur elle et son souffle diffusé dans son cou. C'est d'un geste tendre dans une chevelure dorée qu'elle tenta de réveiller cet homme qui partageait sa couche et dont elle ne se repaissait guère en admirant le moindre de ses traits. Dans un soupire de lassitude à l'idée de devoir s'extirper de la douce chaleur des lieux pour affronter une nouvelle chevauché, elle se serra un peu plus contre lui pour profiter pleinement des quelques instants qui la séparait du réveil de son compagnon, comme si un présentiment lui murmurait de suspendre ainsi le temps car la journée à venir allait être agaçante.

Ryo ?

Mais pourquoi l'embrassait il systématiquement lorsque qu'elle l'interpelait avec une voix aussi doucereuse ? Avait il crainte qu'elle ne divulgue l'irréparable en imposant à ses lèvres une autre occupation que celle d'émettre des sons inavouables ? ou était ce le fait d'avoir constater que sa langue n'avait point de rémission surtout si tôt le matin ? ou prenait il le ton affectueux employé pour une invitation ? Bah, peu importe, elle réitéra sa demande simplement pour... ben pour abuser pleinement de son état de de bizou-nouilleuse gravement atteinte.
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Mac_hyavel
[Rennes -> Rieux]

Un fin rideau de pluie s’abattait sur la troupe, comme sur toute la Bretagne, permettant ainsi aux occupants de la charrette de contempler, grâce à l’action du soleil sur les fines gouttelettes, les multiples réfractions de la lumière par les gouttes de pluie, qui, associés ensemble, formaient ainsi la palette en forme d’arc ornementant la voûte terrestre, et qui ne se lassait pas de perdre les rêveurs dans son monde multicolore. Celui ci n’était pas bien clair : perdu dans la brume bretonne, il avait bien du mal, pâlot qu’il était, à se faire une place et un nom dans le paysage verdoyant. Cependant, l’œil éveillé de Nessty, toujours plus guimauve chaque journée s’écoulant, avait tôt fait de le repérer et de s’extasier devant ce qu’elle avait cru apercevoir, obligeant ainsi chaque membre de l’équipée à poser son regard sur le frêle arc-en-ciel.
Il fallait un regard attentif pour discerner les différentes nuances de ton des couleurs tellement il se confondait avec la blancheur de son support, et ce n’est qu’après une inspection minutieuse de l’éther, que l’écossais, non sans avoir au préalable félicité la niortaise de son regard perçant, pu s’émouvoir de la beauté si fragile de cet instant, pas d’une rareté absolue certes, mais qu’il n’avait pas l’occasion de côtoyer tous les jours tout de même. Il dit d’un ton ému :

Quand j’étais môme, mon père (un rêveur) me répétait, dès qu’il y en avait un, qu’un trésor était caché aux pieds de chaque arc en ciel. Une vague histoire de lutin, je ne me souviens plus très bien des détails…
En tout cas il s’agissait d’un trésor fabuleux, sorte de corne d’abondance typiquement britannique. Je soupçonne cette légende de ne point être écossaise, juste racontée par mon paternel pour donner une contenance à l’éducation du seul fils lui ressemblant. Toujours est il que depuis j’ai toujours eu pour volonté de me faire enterrer, le jour où la mort sera venu me chercher, au pied d’un de ces géants du ciel.


[Rieux]


Le voyage de l’écossais s’était passé dans le relent de nostalgie que n’avait pas manqué de lui apporter la torpeur de la poésie colorée, et c’est avec une surprise non feinte qu’il remarqua que les arbres s’étaient mués en maisonnées, et donc que le but du voyage était atteint bien plus vite que ce qu’il s’était imaginé.
Très vite, la déambulation de ses pas mal assurés, secousses de la charrette oblige, le porta vers la porte d’une taverne nommée « au grand chemin », où l’y attendait ses quelques compagnons de taverne, du moins ceux qui étaient présents aux rares moments où il venait, à savoir : Nessty, Ryo (normal car ils étaient également le couple du voyage), ainsi que Tinkerbell. Dans la soirée, pour une raison totalement oubliée par Mac Hyavel (les méfaits de l’alcool), Nessty et Ryo durent laisser seuls l’écossais et la bretonne. Un verre offert, un toast porté un peu trop vigoureusement plus tard, la table était toute trempée de bière, obligeant l’homme à s’affairer – malgré les protestations de la Bell- à la nettoyer, allant même jusqu’à utiliser un pan de sa chemise préalablement déchiré, pour éponger le breuvage, la propriétaire refusant de lui fournir torchon…
Très vite vinrent en sa pensée les soucis qui n’allaient pas manquer de se découler suite à son dernier passage en auberge, et les souvenirs d’une rouquine étaient teintés de plaisir d’une nuit passée, et de légère frayeur vis à vis d’un paternel un peu trop énergique à son goût. Fort heureusement une âme bienveillante vint lui offrir l’hospice. Le réveil dans la demeure de la fille du duc fut des plus surprenants : tous deux ne se souvenant plus très bien de ce qu’il s’était passé, avec pour constatation une nudité partagée, mais couverte par les draps du lit, de la part des deux individus.
Puis pour conclure ce séjour à Rieux, une petite excursion près d’une rivière cendrée en compagnie de son hôte de la veille. Les flâneurs n’ayant pas trop agités leur langues alourdies par l’alcool ingéré la veille, ils se contentèrent de laisser les oiseaux meubler le silence les accompagnants.

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Ombre de ses propres pensées
Mac_hyavel
[Rieux -> Vannes]

Il ne se passa rien de remarquable au cours de ce voyage. Pas le moindre arc-en-ciel, pas de regards outrés, pas de brigandages, le paysage était morne et sans saveur, la pluie prenait part égale avec le soleil, la route était cabossée mais sans plus…
Même le cabot semblait s’être arrêté d’embêter les occupants de la carriole. Voyage paisible, Mac Hyavel attendit qu’il se termina tranquillement pour arriver enfin à Vannes.


[Vannes]

Las, le solitaire, l’associable, désireux de ne pas faire mentir sa réputation, s’isola une fois n’est pas coutume dans une sinistre chambre d’auberge, dans le but de ne point incommoder les gens par ses pensées moroses. Reclus ainsi, il s’exerça, pour ne pas perdre la main, à soliloquer, déblatérant des phrases aussi inutiles qu’absurde, ne cherchant pas plus que cela à leur trouver un sens, dans le seul but d’améliorer sa capacité de rimes, de consonance des mots, un oreiller posé sur son visage, couché sur le lit, la voix étouffée par l’objet de repos.Un inconnu voulant être un nain connu un jour connu de lui même, se mit nu comme un con…Un rire étouffé sortit de sa bouche : l’homme se gaussait de lui même et de sa propre stupidité. J’suis grave…….
Puis son regard se posa sur ses quelques affaires, et machinalement, il compta, recompta, rerecompta les quelques économies qu’il avait, les deux trois denrées lui appartenant, s’amusa quelque peu avec une échelle qui était apparue il ne savait d’où, l’emboîtant avec son bâton, ses stères ou encore ses seaux, objets encombrants et inutiles, mais qui faisait toute la personnalité du niortais d’adoption. Puis, la faim se faisant sentir, il dévora de ses avides dents un bout de viande acheté quelques jours à Rennes, car, voyant la pauvreté des quelques prix affichés, l’artophage s’était mué en carnassier. Pour honorer ce repas, il s’assoupit, laissant la digestion faire son œuvre, préservant ses forces pour la suite du voyage.

[Rohan-> Vannes]

Le voyage à Rohan s'était montré sans intêret pour l'écossais : ce dernier avait présumé de ses forces, et il n'avait fait que dormir durant, et le chemin, et l'étape.A présent ses doigts de pieds commençaient à s’agiter drôlement dans ses chausses, et les fourmis commençaient à sérieusement le préoccuper : il avait besoin de bouger le bougre d’écossais, et cela urgeait à présent. Aussi il descendit de l’inconfort du véhicule qui le traînait, manquant de peu de s’amocher en tombant, ou plutôt en s’écroulant sur le sol se défilant. L’envie folle de sortir de la prison qui n’en était pas réellement une provoqua chez les autres détenus un étonnement qui se traduisit par un regard ébahi et une bouche ne sachant se refermer. Tout en s’époussetant comme si de rien n’était, et dit de toute sa superbe à leur œillade abasourdie Ben quoi ? , puis il haussa les épaules.
Je me rouillais moi à force de rester assis, pas vous ? Un peu d’exercice ne peut pas faire de mal non ? Puis il sourit malicieusement : tu ferais bien d’en faire de même Nessty, je sens poindre en toi comme un fâcheux embonpoint, à moins que cela ne soit dû à autre chose…

Cela faisait un petit moment que les jambes de Mac Hyavel ne l’avait pas porté sur une distance aussi longue distance, et fort heureusement pour ce dernier, le temps qu’il prenne sa décision, une lieue avait déjà était parcourue, cependant ce fut suffisant pour se voir adresser de la part de la belle vilaine un regard qui en disait long sur la stupidité de l’homme. Comme de plus la gueuse savait parfaitement manier sa langue, elle sut que ce moment n’était guère propice à déballer du fiel, et qu’il en était un de ceux où il valait mieux se taire, laissant l’idiot se morigéner en silence…
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Ombre de ses propres pensées
Nessty
[Rohan dans le néant]


Rohan... Que dire de ses tavernes peuplés de gens aux accents écorchant les oreilles de la gueuse ? Qu'elle les a fuit ! Du moins jusqu'à ce que la soif et le chatouillis de sa plume de scribouille lui imposent de s'y rendre. Une nécessité incontournable somme toute, d'autant plus qu'elle souhaitait profiter de ces dernières heures avec la fofolle en bobettes de Tréguier.

En l'absence de Ryo, encore et toujours retenu par ses responsabilités que la Vilaine occultait pour plus d'impartialité... et puis ils avaient d'autres choses plus affriolantes à se conter... elle échangea quelques mots avec un bottier sédentaire avant de laisser éclater plus tard dans la soirée sa colère devant Squallya, une pourtant bien adorable jeunette fraichement installée en cette ville. Aux yeux de Nessty, il n'y avait rien de pire que de se retrouver impuissante devant une personne qui sollicitait son aide avec tant de bienséance ! Ce ne fut que quelques conseils qu'elle put promulguer à la damoiselle, déplorant la manque d'entraide entre les habitants. Pour la première fois depuis son départ, elle regretta de ne point être à Niort pour offrir cet outil qui manquait à l'éleveuse novice mais qui s'avérait aussi courageuse que prometteuse. Vlà donc l'enchignonnée privée de l'expression de sa générosité envers ceux qu'elle jugeait digne d'être encouragé et cela n'arrangeait rien à son humeur maussade. Un besoin de limer des crocs trop longtemps contenus par ses ronronnements de bien être ? Non point. Une intuition émergeant bien avant l'arrivée en cette ville, comme un vent malsain qui semblait planer sur ce bourg qu'elle ne connaissait pourtant pas et qu'elle tentait de découvrir objectivement, comme la boue sous ses semelles dont elle n'arrivait pas à se défaire et qui rendait chacun de ses pas de plus en plus lourds.

Et voilà qu'une terrible nouvelle tomba, accomplissant ainsi le présentiment désagréable. Un simple pli au sujet d'une chute de cheval et d'un Duc entre la vie et la mort. Le minois de la donzelle blêmit à la lecture des mots. Souvenirs, amitié, compassion... courage. Cette dernière notion émergea entre les autres pour prendre forme sous sa plume alors qu'elle rédigeait une missive à Tink. Puis se rendant auprès de ses compagnons de route, elle adressa peu de mot :

Nous abrégeons notre voyage ici pour retourner à Rieux où je serai plus utile que sur les routes.

Nessty tourna les talons sans plus d'explication. Les adieux avec Link furent affectés par la grisaille ambiante. Le coeur de la gueuse n'était point à rire et elle persistait à présentir que les jours à venir seraient ponctués de ces moments funestes qui annonçaient inexorablement une fin. Celle son voyage était maintenant inévitable car on ne cessait de la presser d'abréger son séjour et de revenir en Poitou dans une, non, plusieurs missives oppressantes.


...tu ferais bien d’en faire de même Nessty, je sens poindre en toi comme un fâcheux embonpoint, à moins que cela ne soit dû à autre chose…

La donzelle, un peu vexée que l'on parle de ses courbes comme d'une accumulation de courges redondantes , pris son bâton et alla le planter par petits coups légers dans le moelleux gélatineux de l'offenseur. Sans plus de mots qu'un grognement et son petit sourire ironique au coin des lèvres.

Hum...

Elle n'avait guère l'humeur à la taquine.


Ainsi Vannes fut à nouveau traversé furtivement mais sans arrêt simple cette fois ci. Si la gueuse avait pu laisser l'équipage au galop, elle l'aurait fait mais par égard pour les bêtes elle tempéra l'allure, et pour Ryo et Mac aussi un peu, enfin par pitié pour ce Mac soufflant comme un boeuf au nom d'une fierté et d'un ludisme déguisé.
Et puis qui aurait eu l'idée de s'attarder dans un tel nid à ursinés rosés dont les accents ne torturaient que trop la caboche préoccupée de l'enchignonnée.
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Mac_hyavel
[Dernière étape]

Assis sur une pierre pointue lui entaillant légèrement son habit, Mac Hyavel regardait tranquillement El Magnifico reboucher un trou que ce dernier avait creusé, suivant ainsi son animal instinct, espérant débusquer un os se cachant fallacieusement sous terre dans le but d'échapper aux crocs des chiens, terribles prédateur pour un os. L'écossais en avait profité pour y jeter des bottes, vestiges d'un temps révolu et qu'il espérait oublier, même si il savait la chose impossible.
Au fond de son cerveau, des images s'accumulaient, défilaient tel un film retraçant les derniers mois de sa vie, et sa lente et vertigineuse descente aux enfers, pour finalement se retrouver nez à nez avec le malin en personne. Du moins son malin. La traduction physique de cette souffrance morale passa par une toux de plus en plus envahissante. Parfois, souvent, il avait senti la faux venir le chercher, marchant lentement, et il avait été prêt à l'accueillir bras ouverts, sourire aux lèvres. Tout était parti de ces bottes...
Tandis que le chien finissait son oeuvre, Mac Hyavel regarda le ciel, l'étendue vide et réconfortante qu'il lui offrait, et il sentit monter lentement, très lentement en lui comme une déchirure, une blessure dont la douleur se faisait enfin ressentir. Il ouvrit grand sa bouche comme pour laisser échapper un cri, mais aucun son ne sortit de sa gorge. Se sentant au bord des larmes, il cacha son visage et ses yeux dans ses mains qu'il inonda de pleurs. Puis se ressaisissant enfin, il contempla le monticule de terre, puis le chien qui siégeait dessus, qui lui le regardait d'un regard triste et affectueux. L'écossais, sans bien se rendre compte de son geste, se mit à caresser tendrement ce compagnon de voyage tout en lui murmurant un "brave chien".
Puis il se leva, regarda l'endroit, resta bien lèvres pincées pendant un moment, puis sentant à nouveau l'émotion reprendre le dessus sur lui, souffla un dernier "adieu" avant de s'en aller lentement et dignement retrouver ses compagnons de voyage, et de faire face à sa nouvelle destinée, quelle qu'elle fut...

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Ombre de ses propres pensées
Nessty
[Adieux Rieux, à bientôt Ryo]

Et oui, la croisée des chemins... à la différence que cette fois ci Nessty guiderait son cheval vers la droite, pour revenir sur ses pas poitevins, laissant derrière elle quelque chose de précieux, surement quelque chose de trop serein pour une impétueuse ou de trop doux pour une fielleuse.
Le voyage arrivait à son terme. Dès que ses yeux se posèrent sur les remparts de la ville, son coeur se serra, tout comme elle serra cette main qui tenait la sienne. Elle aurait voulu mettre le cortège à l'arrêt et tout annuler, revenir 10 jours en arrière...

Cette dernière journée s'avéra fort silencieuse dans sa première partie. La bavarde avait disparu pour laisser place à une ombre de tristesse. Alors qu'elle se morfondait dans cette chambre d'auberge qui était sensée lui offrir des heures de repos méritées et nécessaires, elle se remit à tourner en rond en tentant de retrouver un peu de cette combativité qui lui donnerai le courage de sourire. Chloé et son compagnon étaient arrivés d'Alençon ou de Normandie, elle ne savait plus pour l'instant et leur redemanderait plus tard c'est à dire au moment de prendre la route avec eux. Des retrouvailles amicales certes mais l'entrain voulu n'y était pas. De plus, entendre des charognards s'acharner sur certains de ses amis, ou plutôt profiter de leur malheur pour accentuer l'infamie de leurs agissements habituels était encore moins plaisant pour une Vilaine qui savait qu'elle n'aurait point le temps de les mettre au pied du mur pour leur faire entendre raison. Puis encore une fois, le coeur n'y était pas, il était bien ailleurs qu'en une chambre confinée donnant sur une place de marché totalement déserte. Elle regardait par la fenêtre, pensive, scrutant la moindre silhouette qui osait s'aventurer pour traverser la place soit en rasant les étales vides soit en pressant le pas.

Ah Rieux.... Je n'ai jamais apprécié cette ville envahie fut un temps par des gens de petite vertu ou sans esprit, des pouilleux au langage de charretier suintant l'impolitesse. Rieux... aujourd'hui ville totalement déserte dont je finis toujours pas fouler le pavé pour le plaisir d'y retrouver des amis... Il règne en cette ville quelque chose d'incommodant. Non pas une odeur nauséabonde comme dans les quartiers des mendiants entourant une capitale. A croire que les bas fonds ici sont les mêmes que ceux de Niort...


A qui parlait elle ainsi ? A personne puisque la chambre était vide, si ce n'était cette araignée qui s'évertuait à tisser une toile fraiche sur une autre trop poussiéreuse au coin de la lucarne par laquelle Nessty observait les façades des alentours. Cet insecte ne s'était pas échappé de la caboche de la gueuse, il était bien réel. Tout aussi réel que le doigt qui entortilla le filin inachevé pour momifier la tisseuse dans sa propre oeuvre avant de l'écraser sous la semelle de ses chausses. Geste significatif pour la donzelle qui avait là l'impression de mettre à jour d'autres entrailles vicieuses, celles des miauleurs de vent et des mollassons du conseil municipal de Niort qu'elle adorait mettre en émoi. C'était probablement à cette effluve putride qu'elle faisait référence lors de sa comparaison entre les deux villes de Rieux et de Niort. Trop de calme et une platitude apparente ne pouvaient point paraitre honnête à ses yeux avertis.

En effet, plus tard dans l'après midi ou dans la soirée alors qu'elle tentait de passer les derniers instants en Bretagne dans une ambiance conviviale malgré le pincement au coeur qui était toujours présent, une espèce de blondasse fit son apparition pour troubler tout cela. La greluche se mit à brailler des insanités au sujet de la taverne et de sa propriétaire, jurant qu'elle n'y mettrait jamais les pieds alors qu'elle y était, omettant à loisir tout convenance et bienséance à l'égard des voyageurs présents et qui tentaient de la tempérer. La perturbatrice finit par quitter les lieux pour le plus grand plaisir de tous, en entrainant son probable fiancé coiffé d'un plat de nouilles comme l'avait fait remarquer un jour une dame fort charmante en une taverne de Rieux. Bah, peu importe, tant d'idiotie ne méritait guère d'intérêt de la part de Nessty et tous préférèrent savourer leurs chopines en meilleure compagnie une fois le calme revenu.

Et il y a avait Tink à soutenir moralement afin qu'elle trouve la force nécessaire de ne rien laisser paraitre de l'inqiétude qui la rongeait. Une inquiétude partagée par l'enchignonnée et nombre de ses amis des grands chemins, mais à un degré moindre que celle de la propre fille de cet homme tant adulé que redouté par delà les frontières. Nessty grogna et taquina, un peu mollement certes, la teigne. Elle réussit même à sourire, un peu forcée mais pas trop quand même car dans son ironie se camouflait une grande sincérité amicale. Raaaa quand la fierté prédomine chez deux sales caractères... Certains témoins prétendront même avoir vu quelques larmes perler au coin de leurs mirettes de chienne. Qu'Aristote les préserve ce jour là des foudres de la Teigne ou de la Vilaine... Un léger murmure brisa le pesant silence, juste avant le claquement d'une porte :

... je risque de m'arracher la gueule en te disant cela, mais tu vas me manquer, 'spèce de Vilaine...

... la ferme la teigne car toi aussi tu vas me manquer et j'ferai mieux d'avaler ma langue au lieu de t'le dire... Prends soin de toi et de ton père pour qu'il se remette au plus vite. Transmets lui mes amitiés... Adiù ma belle...


Hum, si seulement la porte s'était simplement fermée sur ces adieux déchirants pour laisser place à d'autres plus difficiles encore pour la Vilaine, ceux d'avec son tendre... Mais un plat de nouilles, non pas bonne pâte mais bel et bien nouille jusqu'au bout des cheveux, se mit en tête d'intercepter une vingtaine de quintaux de caillasse lors de la transaction officielle et dument mandatée par le comté du Poitou et le duché de Bretagne. Jeu de l'ignorance, jeu de l'arrogance, jeu de la stupidité... La marchande poitevine avait quant à elle rempli son contrat et était pourvu de l'intégralité de la somme due mais... Hum si seulement... Sa demande de restituer au duché les produits subtilisés par une nuit noire sur un marché désert ne reçut pour réponse qu'une espèce de raillerie provocatrice à laquelle elle répondit brièvement :

Citation:
Sieur Milouse,

Ne jouez point de ceci avec moi. Je vous laisse pour ma part 1 h pour remettre les 20 quintaux sur le marché. Ceci est ma proposition de conciliation sieur.

Veuillez me prévenir, dès la mise sur le marché.

Fait à Rieux le 27 mars 1457 à 23h35.



Ô surprise, l'on invita la poitevine à se déplacer en la taverne municipale, ce qu'elle fit dans le plus grand calme, accompagnée par son tendre qui était par le plus grand des hasards le bailli donc le commanditaire du mandat breton ainsi que le CàM pour lequel une vieille dette poitevine venait de prendre fin. Ô surprise là encore quand elle vit la blondasse, toujours aussi impolie puisqu'elle omis une nouvelle fois de se présenter avant de fourrer son nez dans des affaires qu'elle ne comprenait ni en n'était l'interlocutrice. Bah, l'impétueuse, sachant maîtriser sa verve en témoignant mépris et indifférence à telle personne, passa outre et écouta sagement les palabres du maraud et d'un autre bonhomme. Bizarrement cet autre homme refusa purement et simplement de se présenter. Aurait il oublié toute notion de galanterie ou de courtoisie ? Peu importe. Au final, après maintes insistances, Nessty apprit qu'elle avait affaire à un Ancien. Soit... mais elle ignorait totalement ce que cela pouvait être puisqu'il ressemblait à un bougre comme un autre, qui de plus est ne portait aucun affutiaux ou aucune barbe blanche. Il était quand même un tantinet plus arrogant qu'un autre peut être... Mais était ce là une raison suffisante pour se prévaloir de supers pouvoirs nébuleux ou plutôt se prévaloir de la suprématie de son simple bon vouloir ? Sourire narquois d'une gueuse devant une rillette mortelle et sa petite cour en goguette. Un Ancien parmi les siens mais sans intérêt somme toute. Ce dernier voulut même expliquer à la poitevine la suprématie des us municipaux de Rieux sur les affaires ducales bretonnes. Il alla même jusqu'à cautionner la spéculation du maraud devenu camelot local qui tentait de refourguer la pierre au bailli avec un bénéfice certain. L'envie de s'effondrer de rire fut terrible pour Nessty mais elle ne pouvait point céder à cela et laissa Ryo mener la négociation. Une petite tentative de corruption à la chopine émergea même mais sans escompter que l'enchignonnée et son bienaimé prenaient la route dans les heures à venir et ne buvaient point.


Ah ces bretons ! ils ne manquent point d'imagination dans leur façon de vouloir prendre les français pour des cons se dit elle malicieusement avant de voir le maraud s'éclipser discrètement pour arranger son tort dans le plus grand secret... Après cet intermède de fiel, la Vilaine se sentait enfin délestée d'un certain poids, non pas quelques centaines de quintaux de pierre mais du poids inquantifiable qui l'oppressait depuis son arrivée à Rieux. Voilà ce qu'il lui avait fallu, se rogner un peu les griffes sur de petits malins à défaut d'écraser une araignée ou d'éclater de malheureux crétins. Puis un bon fou rire et des bras affectueux enfin retrouvés, il n'y avait rien de tel pour lui redonner du baume au coeur. Elle notifia toute fois quelques noms dans l'éventualité où ceux ci apparaitraient un jour sur un registre douanier franchouillard ou encore mieux, au cas où l'ombre de leur porteur se profilerait au détour d'un chemin. La mémoire de la Vilaine était infaillible quand il s'agissait de gratifier les plus méritants, qu'ils soient amis ou ennemis. Sur le chemin de l'auberge où l'attendait une paillasse bien fournie, elle chantonna comme chaque veille de départ :

Que mes compagnons de routes soient honnêtes et braves.
Que mes amis partagent mes rires et ma générosité.
Que mes proches soient comblés par mon affection.
Que mes ennemis tremblent dans l'ombre.



La nuit se poursuivit de la plus magnifique façon : une jeune femme enfin détendue et surtout enfin repue de sourires et de soupirs dans les bras de son amant plus qu'aimant. Malheureusement, le temps n'avait de cesse de s'écouler et l'heure du départ sonna, dans cette chambre d'auberge à peine éclairée par les vascillements d'une chandelle qui luttait avec les premières lueurs d'un jour qui s'annonçait déjà morne sous la bruime et la grisaille. La gueuse au chignon défait se sentait observée alors qu'elle se préparait avec soin. Elle mettait de l'ordre dans ses affaires, sans omettre un seul détail de sa tenue de cavalière, non par coquetterie mais pour certains aspects pratiques que l'on ne rencontre que chez les aguerris aux chemins, elle s'habillait avec une lenteur qui était loin de toute langueur sensuelle.

Des mouvements ralentis, des arrêts méditatifs en silence, des gestes nerveux puis suspendus, une respiration difficile déchirée ça et là par des soupirs de lassitude, un regard dans le vide, des dents serrées et des paupières que s'évertuaient à contenir une eau de tristesse. Pas envie de partir donc tout moyen pour retarder l'échéance était source d'excuse. La houppelande blanche dont elle ne s'était pas séparée depuis plusieurs jours par coquetterie cette fois ci, trainait au sol, tristement abandonnée et froissée. Elle fut ramassée et roulée en boule pour être fourrée dans une besace déjà trop pleine. Nessty enfila bas de laine et braies en cuir, toujours avec une lenteur indéniable en prenant garde à ne point croiser ce regard qu'elle sentait en son dos. Sa chemise trop large pour tenir convenablement sur ses épaules sans dévoiler ses atours fut assagie par son corsage au lacet bien serré, pour une fois... Puis ce fut le terrible moment de se chausser de ces bottes, lourdes et crasseuses qu'elle ne quittait que rarement. Alors que la cavalière se saisissait de la première, celle ci s'échappa de ses mains pour choir sur le parquet dans un bruit sourd qui raisonna dans toute la pièce voir dans toute l'auberge.

C'est à ce moment là que Nessty se retourna pour plonger ses noisettes embrumées dans le regard de Ryo. Plus elle le fixait, plus elle sentait monter en elle ce sentiment qui lui ordonnait de quitter les lieux en courant pour abréger tout cela, mais elle n'avait pas encore ses bottes aux pieds ! Celle qui détestait ces moments d'embrassade, de conseils, d'au revoir, de simulacres de promesses, de..., celle là même finit par s'effondrer larmoyante dans les bras de son tendre. Il lui murmurait à l'oreille de ces mots qui n'arrangeaient en rien le sentiment qui la torturait. Elle allait surement abandonner une partie d'elle ici même, surement l'une des plus belles et des plus improbables pour une gueuse comme elle, tout cela pour retourner à ses vilaineries. Plusieurs tentatives pour s'arracher de ses bras, autant de tentatives pour finir de se vêtir et tresser sa chevelure selon sa coutume d'ancienne bourguignonne, autant de baisers enflammés, autant de larmes d'une guimauve avouée... Puis soudain, quelques mots qui effacèrent tout et une folle amoureuse détalant sans un ultime regard derrière elle vers les voies de sa destinée avec une fraise tagada palpitante...

Ainsi s'achève le périple de quelques poitevins en compagnie d'une Vilaine que trop guimauve pour un blondinet mais toujours fidèle à elle même.
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