Sur le rempart Nord, dans un angle jusque là boudé par l'Envahisseur, se tenait la Lance de l'Archipel. Navrés de n'avoir pu jusqu'alors faire leurs preuves aux cotés de leurs camarades plus aguerris, femmes et hommes s'ennuyaient ferme, même si le soulagement de ne pas avoir à risquer sa vie se lisait sur les visages de ces simples paysans ou artisans. Seul, une sentinelle scrutait les ténèbres pour débusquer toute approche ennemie...
Alors qu'il semblait bien que la nuit allait encore se passer sans alerte notable, soudain la vigie fit signe à ses compagnons de se mettre en position. Quelque chose se passait visiblement en contrebas....
Dans un silence de mort, chacun se saisit de son arme et rejoint son poste en toute hâte. Et effectivement , voilà que se présente une petite troupe d'Occupants.
Quelques signes sont échangés, les mains se crispent sur les bâtons et les trop rares lames quittent leur fourreau. Onibaka, son sabre à la main, fait une courte prière aux Kamis tous puissants, afin qu'ils protègent sa petite troupe de volontaires bien peu formés aux arts de la guerre. Puis, il ajoute un mot d'excuse à sa lame, présent d'amour qui risque hélas d'être souillés du sang d'un Envahisseur sous peu.
Une série de chuintement monte depuis les ténèbres sous les remparts. Comprenant de quoi il s'agit, le tisserand fait signe à chacun de s'aplatir contre la muraille. Quelques instants plus tard, une demie douzaine de crochets métalliques entourés de tissu tintent sourdement sur le chemin de ronde avant de revenir en glissant s'arrimer aux murs.
Les grattements et les grognements étouffés indiquent que l'escalade a commencé pour les assaillants. Mais les femmes et les hommes de la Lance de l'Archipel sont fins prêts désormais à les accueillir.
Le signal est donné, les gardes s'avancent et prennent position. Alors que les assaillants parviennent au parapet, ils sont accueillis par une grêle de coups assenés avec plus d'entrain que d'efficacité. La première vague désarçonnée est bientôt en route par la voie des airs pour rejoindre le sol quelques toises plus bas... Quelques bruits sourds indiquent que les atterrissages ont été plutôt lourds et peu contrôlés, et que certains des assaillants en ont entrainés d'autres dans leur chute.
Leur tentative furtive étant désormais vouée à l'échec et étant fort peu disposés à risquer leur peau, le reste des assaillant s'empresse de se laisser glisser au sol et de fuir au plus vite pour regagner l'abri de l'obscurité, se bousculant mutuellement dans leur fuite éperdue.
Voyant certains gardes se pencher pour saisir leurs arcs, Onibaka les arrête d'un geste.
« Ils ont eu leur compte, laissez les emporter leurs blessés, ceux là ne reviendront plus ce soir... Qu'ils racontent ce qu'il en coûte de vouloir s'attaquer à des gens libres et fiers de leur cité ! »
Laissant ses gardes commenter entre eux la victoire qu'ils venaient de remporter sur un ennemi trop confiant. Ne pas craindre les habitants de Nakatsu quand il s'agit de défendre leurs demeures et leurs familles. Les fous ! Le sang allait encore couler longtemps avant qu'ils ne comprennent...
Jetant un il aux rares ennemis assez courageux pour être prêts à aider leurs camarades blessés au risque de prendre une flèche, -flèches qui ne viendraient pas d'ailleurs, heureusement pour eux-, Onibaka avise un homme gisant au sol, son cou formant un angle bizarre. Rengainant son arme, il récite une courte prière pour cet ennemi que la mort avait emporté. Deux autres semblaient bien mal en point et un dernier boitait bas...
Quatre de moins pour les prochains assauts...
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