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Retour en arrière.

[RP] Amanite et vieilles cuirasses

Luciedeclairvaux
Fin de l'été 1458 - Anjou

A cette époque lointaine, la Zoko quoique sur le déclin, brillait encore d'un machiavélique éclat. Son chef, unique désormais, était Maleus "le borgne mélancolique" que son acolyte précédent, Eikorc "el diablo" avait forcé à reprendre la troupe tout seul. Ce qu'il faisait d'une main de fer, poussant à l'extrême la fidélité de chacun, brisant les plus rebelles, contraignant les plus engagés. Tant et si bien qu'à la fin, il se retrouva à dissoudre cette Compagnie mal nommée Zoko ... ad Eternam.

Mais nous n'en sommes pas là !

A cette époque encore joyeuse, la Compagnie était soudée, fière, et foutait la trouille au guet. Chacun maniait son arme de prédilection, s'en vantait, et étalait ses prouesses à qui voulait ... ou pas. Leur passage faisait encore frémir les foules : les donzelles se pâmaient, les soldats enrageaient.

Jusqu'au jour où une ultime victime parmi les vipères sonna le glas de cette merveilleuse ère.
Felina ne réclamait que sa liberté*.
Mais nul guerrier ne quittait la Zoko indemne. Jules "le flamboyant" en était mort, faute d'une main secourable à l'instant T. Laudanum "la poison" en avait eu un doigt coupé. Seule Brigide, "l'herboriste" avait pu se faire la malle sans qu'on lui coupe la langue, mais elle n'était pas une guerrière, on avait donc eu pitié.

Lucie, "l'ange de la Zoko", veillait sur son chef chaque jour, de guerre comme de paix. Certains la soupçonnaient d'en être amoureuse. Que nenni. Mais certainement était-elle un peu trop consciencieuse dans son travail. Bras droit, on l'avait nommée. Bras droit elle serait. Et même le gauche. Shiva s'il avait fallu. L'adulation qu'elle lui vouait était aussi forte que la haine qu'elle lui porterait plus tard, quand il quitterait la Zoko à son tour, la laissant sans ordre, sans consigne, dans le vague. Le vide.

Mais nous n'en sommes pas là ...

Car ce jour (où ils se firent complices de Maleus pour graver dans le dos de Felina une vipère grandeur nature) marqua profondément Lucie dans sa conscience. L'ange était déchu : en voulant protéger l'un, elle avait négligé les autres. Ils avaient tous cédé à la folie du borgne. Elle avait échoué à protéger la Zoko. Et, comme pour précipiter cette dangereuse descente aux enfers, la Miaou, comme elle l'appelait jadis, devint l'objet de sa rage incommensurable.

Après s'être remise physiquement, Félina avait prévu de quitter Saumur, emmenant avec elle le petit Karyl, et reprenant soi-disant une vie normale. Mais Lucie, aveuglée, ne voyait plus en elle que celle qui désirerait se venger d'un tel affront et ne s'éloignait d'eux que pour mieux préparer son forfait. Ce qu'ils lui avaient fait était une horreur sans nom : elle reviendrait forcément se venger sur Lucie ou sur Maleus, ou même sur Chaos !

Il n'y avait donc plus qu'une solution : faire abattre Félina avant qu'elle ne quitte l'Anjou.



*lire : "Quand le serpent crache son vénin ou : La liberté ..."
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Chaos
Dehors, la chaleur du vent faisait suffoquer ceux qui aiment prendre un bol d'air frais matinal ; les rayons brûlant de l'astre lumineux transpercent même les vêtements de la Dame la plus vêtue qui soit, avec tous ses froufrous et ses culottes triple couche.
Alors qu'à l'intérieur, tout n'est qu'ombre mouvante, un gros coffre rempli d'or plus ou moins honnêtement gagné ronfle au pied du lit, tandis que dans ce dernier, les deux mercenaires suintent l'un contre l'autre sur les fourrures. Leurs corps se connaissent par cœur, mais prennent toujours autant de plaisir à se redécouvrir.

Le moustachu glisse sa grande carcasse sur ce corps d'albâtre qui lui semble si frêle et qu'il connait pourtant si fort. Il remonte sa jambe le long de la sienne. Ses dents viennent mordiller son épaule, remontent lentement en suivant le chemin tracé par la clavicule, avant d'enfouir son nez dans son cou, et de lui murmurer :
Et si on voyageait ?
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--Laudanum
[hommage posthume - Do you remember the time]


Une autre époque, pas si lointaine...

Ah Saumur ! Son lac, ses châteaux, sa noblesse pittoresque… une autre Bruges en moins gris. L'air y sentait la morue désalée, les tavernes noires de monde embaumaient la pisse, la sueur et la vieille moule. On s'y sentait chez soi, la soie en prime pour s'essuyer le derrière.

Le castel de Montmorency incarnait bien cette douceur angevine, contée par les ménestrels dans les tavernes du royaume entier. C’était entre ses murs ornées de splendides pierres de taille, comble du raffinement, qu’avait pris définitivement ses quartiers l’associée du Vicomte, célèbre aussi bien pour sa fortune que pour son sens de la formule. Laudanum, plus connue sous le nom de « Poison », appellation de nature certifiée, jouissait d’une aile, située à l’Est, tandis que Lucie, alias « l’Ange », occupait l’aile opposée. Le maître des lieux avait particulièrement bien calculé son affaire, en adoptant à la fois un ange totalement dévoué et désintéressé par l’héritage paternel, et en s’associant avec la plus retorse des femmes qu’on eut connût, dont sa fille adoptive justement, savait percer la carapace de fer qui lui recouvrait fidèlement le coeur. Un triangle infernal aux angles parfaitement tranchants.

Oui, tout semblait sourire au Poison en cette époque. Crainte et admirée, on allait jusqu’à lancer des armées aux trousses de la mercenaire sitôt soufflait le vent de son apparition. Certes, de trop nombreuses batailles ayant engendré de très nombreuses cicatrices, lui avaient ôté un peu de sa folie guerrière. Les pics les plus hauts deviennent les victimes de l’érosion, la brune avait été victime de son expérience, elle avait mûri, entre autres.

L’armée Artésienne lui avait pris sa démarche vive et reptilienne, dorénavant elle boitait une fois sur deux, la Zoko l'annulaire droit pour solde de tout compte. Autant de tares qui auraient pu la condamner à l’infamie si elle avait pratiqué tout autre métier, mais dans la forfanterie, une lame affûtée et un verbiage cousu d’or suffisaient à assurer l’avenir. Autant de souffrances, que Lucie l’ange guérisseur avait retrouvées avec elle, et pansé toutes les nuits qui suivirent sa dernière rencontre avec le Colosse.

Le temps du repos ne durait jamais longtemps toutefois, l’heure de piquer avançait, la piraterie sonnait le rassemblement.

Amis margoulins, bandez vos muscles, vos arcs et vos chevilles, réveillez-vous, opportunistes et opprimés revanchards, levez vos fers et frappez ensemble un grand coup! Tels étaient les slogans qui circulaient sous le mantel, et que la mercenaire contribuait à entretenir. Cette nuit elle suivrait l'itinéraire préparé en secret. Elle était attendue sur place.

...et à nouveau la route s'étalait sous les sabots de sa monture, qui la menait vers de nouvelles frontières, derrière lesquelles des coffres remplis d’or ne demandaient qu’à être emportés.
Felina
[Non loin de là, et pourtant si loin ...]

Un soleil à chaque Angélus du soir plus bas sur l’horizon, des vertes prairies encore en fleurs, une cabane digne des contes pour enfant et au milieu de l’idylique paysage , une mère et son fils. Le parfait tableau d’une vie rangée et ordinaire, le bonheur personnifié.


Chimère.
Croyez vous que la Rastignac pourra jamais oublier la honte, la souffrance et la haine ressentie ce sombre soir, alors qu’à quatre les vipères se sont acharnées sur elle ? Elle qui ne demandait pourtant rien d’autre que le droit à la vengeance, le droit de tuer celui qu’elle pensait responsable de tous ses tourments. Mais c’était sans compter sur la perfidie du maître reptile, et c’est en rampant devant lui qu’elle avait du se soumettre, sauvant par la même ce qu’elle avait de plus cher au monde : la vie de son fils. Ravalant fierté et sens de l’honneur elle avait plié, elle avait serré les dents puis elle avait hurlé sa douleur avant de sombrer.

Que lui reste-t-il aujourd’hui ?

Un passé à oublier.
Un présent à affronter.
Un futur à construire.

A son doigt, éternellement, la marque de cette chevalière qu’elle ne porte plus, et dans son dos, la brûlure omniprésente de la lame d’un Borgne Fou. Traîtresse tout autant que trahie, chaque jour qui passe enfouit un peu plus la haine au fond de son cœur. Ce cœur qui se réveille pour la frimousse blonde, l’odeur du sang s’estompant sans pour autant disparaître totalement.

Apparente paix, un nouveau masque pour la Féline.
Libertine, glaciale, insoumise, Veuve noire, flamme, passionnée, tueuse.
Qui se cache vraiment sous les différents visages que la mercenaire en rédemption a pris tout au long de sa vie ?

Saura-t-elle vraiment faire taire les démons qui la hantent ?
Sa soif de vengeance se tarira-t-elle seulement un jour ?
Pourra-t-elle à nouveau aimer ? S’aimer ?

Et pendant que près de là un Ange déchu fomente son assassinat, l’été s’achève le plus calmement qui soit sur la campagne angevine et aux yeux du monde, la Rastignac est enfin en paix, devenue mère aimante et brave fermière.

Pour combien de temps ?

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A trop jouer avec les Félins, il faut s'attendre à être griffé ...
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