Aimelin
Retour arrière, Béarn, août 1457, Vae Victis.
"... Des amours, des cascades en lumière
Des enfants qui rient des ronds dans l'eau
Loin des chutes, des remous en colère
Qui nous font des larmes au fil de l'eau..."
-- Lourdes le Vendredi 7 août, deuxième bataille --
L'anneau tourne doucement entre ses doigts. Des pigeons qui arrivent sans cesse, certains empreints de reproches, où l'incompréhension mélangeait les mots et les sentiments, d'autres d'encouragement, de soutien, d'autres de prières de laisser la mort pour revenir vers la vie. Mais comment pourrait il partir de l'armée félonne et abandonner Madg à qui il a promis soutien et fidélité sans ressentir cette lâcheté qu'il déteste. Il n'est pas de ces girouettes sur lesquelles souffle le vent et qui les font tourner et virevolter sans arrêt changeant la direction de leur regard et de leur souffle. Il est homme de parole et jamais il n'abandonne, jamais il n'a laissé quelqu'un par manque de courage. Seules ses convictions le guident.
Dans tout ce qu'il lit une missive venue de Pau, le secoue... le mal qu'il lui avait fait quand elle avait lu son nom sur ce parchemin affiché. Il a essayé d'expliquer mais les mots ont du mal. La fatigue, la colère de la journée, l'angoisse qui prend le ventre et le fait tordre en deux, embrouille sa plume. Il sait ce qu'il se passe dans sa tête, il sait la comparaison qu'elle fait, ne doit pas comprendre que lui, droit et juste, se bat dans le camp ennemi. Pourtant s'il souhaite qu'une femme comprenne son geste c'est elle, Quasi. Que pensent aussi ses autres amies, perdues peu à peu de vue au long de sa souffrance, mais qui ne quittent pas pour autant ses pensées. Sans doute guère du bien. Ne jamais renier son passé ni ceux ou celles qui en ont fait partie. La distance s'installe, les souvenirs restent. Il ne pourra pas leur dire.
Ses pensées repartent encore en Champagne, l'Armée des morts vivants. Serait il sans cesse poursuivi par des fantômes qui font ressortir en lui son côté le plus dur et le plus borné.
S'il devait mourir sur le champ de bataille il aurait au moins la fierté d'être allé au bout de ses convictions, au bout de ses rêves de liberté et de justice. Mieux vaut mourir d'avoir voulu croire en ses idéaux, que de s'être laissé mener en laisse.
- ils ont lancé la charge !! ils arrivent sur nous !!
La réalité reprend sa place. Il replace l'anneau dans son ceinturon, lève les yeux vers l'armée qui fond sur eux dans un nuage de poussière. Le coeur qui s'accélère. Il relève son bouclier, son épée bien en main qu'il lève vers le ciel, avant de commander à sa section.
- bouclier en avant et ne frappez que pour vous défendre ! Qu'aristote vous protège !
Si l'on pouvait lire dans le gris de ces yeux on y lirait l'incompréhension. Encore devoir les affronter, encore devoir prendre le risque de tuer l'un de ses amis. Un regard vers Madg avant de n'avoir d'yeux que pour le danger qui s'approche à grands pas.
Lever son bouclier, parer les coups d'épées qui fusent, les lames qui passent si près de son visage, et celle qui effleure sa cuisse mais continue sa course quand Aime repousse son agresseur d'un coup de bouclier. Une douleur à l'épaule quand une lame vient le mordre pour laisser juste un petit sillon histoire de lui rappeler cette bataille.
Se retourner brutalement, parer une attaque qui arrive de derrière, faire croiser le fer, donner tout ce qu'il a pour rester en vie. Les dents serrés, le regard fixé sur chaque visage qu'il a en face de lui, essayant de deviner les regards sous les casques de certains. Pas elle Aristote, je vous en conjure pas elle. Comme il déteste se battre contre les siens.
Ce soldat est costaud et il doit mettre toute sa force, tout son désespoir pour le repousser violemment, parant ses coups, ripostant, tenant son épée si fermement qu'il a l'impression qu'elle s'est incrustée en lui. Personne ne la lui enlèvera comme personne ne lui enlèvera sa vie. Se retourner encore aux cris qui fusent derrière lui, faire face à ce soldat qui lui fonce dessus, épée levée... il lève la sienne prêt à parer encore une fois le coup qui veut le mettre à terre.
Un coup dans le dos le projette au sol où il tombe face contre sol, son front qui cogne brutalement... puis le noir.....
La chaleur, et un sentiment d'étouffer lui font ouvrir les yeux. La sueur et la terre lui ont marqué le visage. Que s'est il passé. Il se sent immobilisé par un poids sur lui, essaie de bouger pour faire glisser ce poids sur le côté, regarde l'homme allongé sur le dos, reste pétrifié devant le visage couvert de terre et de sang... Orantes... son compagnon de section... son ami. Il approche son visage du sien, pose ses doigts à son cou, là ou l'on sent la vie battre ou se taire. Elle bat doucement il vit. L'éloigner, l'emporter comme il l'a fait pour Ptit.
Il se relève et s'agenouille. Tout autour d'eux des hommes et des femmes cherchent les blessés, les morts, cherchent les visages connus.
Sa section, où est elle ? Et Madg ? Il regarde sa main qu'il a posé sur Orantes et voit tout ce sang à nouveau. Son regard se pose sur le corps à côté... Louliane ! elle aussi git sur le sol, couverte de sang. Même réflexe, il va s'agenouiller pres d'elle, essaie de sentir ce petit signe de vie. Il n'y arrive pas, ne l'entend pas. Il leur faut amener leurs deux compagnons à l'infirmerie au plus vite. Il se relève hébété. Son ami a-t il voulu le protéger, est ce lui qui l'a forcé à s'écarter pour prendre le coup. Regard vers le reste de sa section.
je vais m'occuper d'Orantes, portez doucement Louliane et suivez moi il nous faut les sortir de là.
Même spectacle désolant après chaque combat. Celui-ci a été d'une violence inouïe. Les soldats adverses ont mis toute leur hargne à les décimer.
.......
Le jeune seigneur d'Etampes abandonna le cour de l'eau pour poser son regard sur le caillou d'Aliénor. Qu'est devenu son ami Orantes, il le sait en Bourgogne. Depuis Vae, certains sont morts ou disparus, d'autres ont repris leur vie après avoir payé leurs bêtises. L'eau court comme le temps qui passe, implacable, bousculant tout sur son passage, se frayant parfois un petit coin tranquille où elle restera, moins agitée comme dans cette petite marre.
Pourquoi penser à Vae, fantôme du passé qui revient à la charge ? Comme cette dernière bataille, ce baroud d'honneur.
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Merci aux merveilleuses rpistes avec qui je joue
"... Des amours, des cascades en lumière
Des enfants qui rient des ronds dans l'eau
Loin des chutes, des remous en colère
Qui nous font des larmes au fil de l'eau..."
-- Lourdes le Vendredi 7 août, deuxième bataille --
L'anneau tourne doucement entre ses doigts. Des pigeons qui arrivent sans cesse, certains empreints de reproches, où l'incompréhension mélangeait les mots et les sentiments, d'autres d'encouragement, de soutien, d'autres de prières de laisser la mort pour revenir vers la vie. Mais comment pourrait il partir de l'armée félonne et abandonner Madg à qui il a promis soutien et fidélité sans ressentir cette lâcheté qu'il déteste. Il n'est pas de ces girouettes sur lesquelles souffle le vent et qui les font tourner et virevolter sans arrêt changeant la direction de leur regard et de leur souffle. Il est homme de parole et jamais il n'abandonne, jamais il n'a laissé quelqu'un par manque de courage. Seules ses convictions le guident.
Dans tout ce qu'il lit une missive venue de Pau, le secoue... le mal qu'il lui avait fait quand elle avait lu son nom sur ce parchemin affiché. Il a essayé d'expliquer mais les mots ont du mal. La fatigue, la colère de la journée, l'angoisse qui prend le ventre et le fait tordre en deux, embrouille sa plume. Il sait ce qu'il se passe dans sa tête, il sait la comparaison qu'elle fait, ne doit pas comprendre que lui, droit et juste, se bat dans le camp ennemi. Pourtant s'il souhaite qu'une femme comprenne son geste c'est elle, Quasi. Que pensent aussi ses autres amies, perdues peu à peu de vue au long de sa souffrance, mais qui ne quittent pas pour autant ses pensées. Sans doute guère du bien. Ne jamais renier son passé ni ceux ou celles qui en ont fait partie. La distance s'installe, les souvenirs restent. Il ne pourra pas leur dire.
Ses pensées repartent encore en Champagne, l'Armée des morts vivants. Serait il sans cesse poursuivi par des fantômes qui font ressortir en lui son côté le plus dur et le plus borné.
S'il devait mourir sur le champ de bataille il aurait au moins la fierté d'être allé au bout de ses convictions, au bout de ses rêves de liberté et de justice. Mieux vaut mourir d'avoir voulu croire en ses idéaux, que de s'être laissé mener en laisse.
- ils ont lancé la charge !! ils arrivent sur nous !!
La réalité reprend sa place. Il replace l'anneau dans son ceinturon, lève les yeux vers l'armée qui fond sur eux dans un nuage de poussière. Le coeur qui s'accélère. Il relève son bouclier, son épée bien en main qu'il lève vers le ciel, avant de commander à sa section.
- bouclier en avant et ne frappez que pour vous défendre ! Qu'aristote vous protège !
Si l'on pouvait lire dans le gris de ces yeux on y lirait l'incompréhension. Encore devoir les affronter, encore devoir prendre le risque de tuer l'un de ses amis. Un regard vers Madg avant de n'avoir d'yeux que pour le danger qui s'approche à grands pas.
Lever son bouclier, parer les coups d'épées qui fusent, les lames qui passent si près de son visage, et celle qui effleure sa cuisse mais continue sa course quand Aime repousse son agresseur d'un coup de bouclier. Une douleur à l'épaule quand une lame vient le mordre pour laisser juste un petit sillon histoire de lui rappeler cette bataille.
Se retourner brutalement, parer une attaque qui arrive de derrière, faire croiser le fer, donner tout ce qu'il a pour rester en vie. Les dents serrés, le regard fixé sur chaque visage qu'il a en face de lui, essayant de deviner les regards sous les casques de certains. Pas elle Aristote, je vous en conjure pas elle. Comme il déteste se battre contre les siens.
Ce soldat est costaud et il doit mettre toute sa force, tout son désespoir pour le repousser violemment, parant ses coups, ripostant, tenant son épée si fermement qu'il a l'impression qu'elle s'est incrustée en lui. Personne ne la lui enlèvera comme personne ne lui enlèvera sa vie. Se retourner encore aux cris qui fusent derrière lui, faire face à ce soldat qui lui fonce dessus, épée levée... il lève la sienne prêt à parer encore une fois le coup qui veut le mettre à terre.
Un coup dans le dos le projette au sol où il tombe face contre sol, son front qui cogne brutalement... puis le noir.....
La chaleur, et un sentiment d'étouffer lui font ouvrir les yeux. La sueur et la terre lui ont marqué le visage. Que s'est il passé. Il se sent immobilisé par un poids sur lui, essaie de bouger pour faire glisser ce poids sur le côté, regarde l'homme allongé sur le dos, reste pétrifié devant le visage couvert de terre et de sang... Orantes... son compagnon de section... son ami. Il approche son visage du sien, pose ses doigts à son cou, là ou l'on sent la vie battre ou se taire. Elle bat doucement il vit. L'éloigner, l'emporter comme il l'a fait pour Ptit.
Il se relève et s'agenouille. Tout autour d'eux des hommes et des femmes cherchent les blessés, les morts, cherchent les visages connus.
Sa section, où est elle ? Et Madg ? Il regarde sa main qu'il a posé sur Orantes et voit tout ce sang à nouveau. Son regard se pose sur le corps à côté... Louliane ! elle aussi git sur le sol, couverte de sang. Même réflexe, il va s'agenouiller pres d'elle, essaie de sentir ce petit signe de vie. Il n'y arrive pas, ne l'entend pas. Il leur faut amener leurs deux compagnons à l'infirmerie au plus vite. Il se relève hébété. Son ami a-t il voulu le protéger, est ce lui qui l'a forcé à s'écarter pour prendre le coup. Regard vers le reste de sa section.
je vais m'occuper d'Orantes, portez doucement Louliane et suivez moi il nous faut les sortir de là.
Même spectacle désolant après chaque combat. Celui-ci a été d'une violence inouïe. Les soldats adverses ont mis toute leur hargne à les décimer.
.......
Le jeune seigneur d'Etampes abandonna le cour de l'eau pour poser son regard sur le caillou d'Aliénor. Qu'est devenu son ami Orantes, il le sait en Bourgogne. Depuis Vae, certains sont morts ou disparus, d'autres ont repris leur vie après avoir payé leurs bêtises. L'eau court comme le temps qui passe, implacable, bousculant tout sur son passage, se frayant parfois un petit coin tranquille où elle restera, moins agitée comme dans cette petite marre.
Pourquoi penser à Vae, fantôme du passé qui revient à la charge ? Comme cette dernière bataille, ce baroud d'honneur.
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Merci aux merveilleuses rpistes avec qui je joue