Gadzelle
[ Remparts de Périgueux, très tard dans la nuit ]
En sortant de taverne, tard et légèrement imbibée, sa première envie avait été de rentrer chez elle. Après tout elle y avait offert le gîte et couvert lacté et jambonné, peut être même que son invité s'y trouvait. Surement après tout, il l'avait bien prévenu qu'il profiterait de son hospitalité un peu plus longtemps.
Au compte goutte... la saleté... et encore, un elle-ne-savait-quoi la retenait de le traiter d'autres noms d'oiseaux, beaucoup moins édulcorés.
Saleté d'ursidé de mes deux... quand on te veut éveillé tu dors et quand on te croit endormi tu ne manques rien!
Elle pensait pourtant qu'il dormait. Pour être exacte, l'idée ne lui était même pas venue de prédire de le faire, alors qu'il y ait du monde en taverne, endormi ou pas, le résultat aurait été le même que si elle avait tout planifié. La brune l'avait senti à ses regards, ou plutôt ses non regards. Ses rares rires et sourires n'avaient plus été rares mais complètement inexistants.
C'est quand elle reconnut les marches qui se découvraient devant ses pieds qu'elle réalisa enfin ce qu'elle faisait. A chaque fois que la brune était soucieuse ou perdue dans ses pensées, l'habitude la ramenait ici. Les remparts de Saint Front... Plus qu'une histoire d'amour entre la ville et elle : son histoire. Telle une comptine de longues fois répétée Gadzelle égraina le décompte des marches.
1, 2, 3, 4 attention il manque une pierre, 5, 6, 7, 8 une marche plus haute que les autres, 9, 10, 11, 12 une pierre branlante...
Une fois en haut, elle brida son imagination débordante jusqu'à être calée dans son coin préféré. Dos à la pierre froide, vue imprenable sur le château plus loin et l'Isle aux méandres paresseux. Tels les volutes de brouillard qui montaient du sol sous le froid nocturne, des bribes de conversation lui revinrent.
Se donner entier ou se retenir, pas au compte goutte...
(...)
Pourquoi vous buvez?
Je bois pour oublier que je bois.
Pas suffisant.
Je bois pour oublier ce que je n'ai pas fait.
Pas suffisant.
P*tain de mer.de, je fais ce que je veux d'abord, je n'appartiens à personne!
Et d'abord je ne regrette pas. Jamais!
(...)
Mais à quoi jouez vous?
Et là l'évidence même... La première réponse soufflée par un recoin tourmenté de sa tête jamais avare de douloureux supplices... Ma danse. Ma chanson, ma musique. Mon son, ma chorégraphie. Mon pas, mon tempo. Encore une fois, ces remparts lui avaient ouvert les yeux : elle s'était retrouvée. Perdue? Oui... depuis des mois. En paix? Non... Mais elle venait de comprendre qu'elle en prenait au moins le chemin. Rien que de faire ce pas insignifiant pour tout autre personne lui réchauffait le cur, cette nuit, sur la pierre glacée de Périgueux.
Le chemin du retour vers son domicile se fit du pas calme de qui a pris une décision. La porte d'entrée ouverte - il faudrait peut être qu'un jour elle se procure un verrou à clef - fut doucement mais rapidement fermée et verrouillée de l'intérieur, il ne fallait pas perdre une once de la chaleur accumulée dans la journée. La chambre qu'elle lui avait prêté avait le privilège d'être au dessus du salon, et donc chauffée grâce à la cheminée de celui ci. Certes la pièce n'était pas aussi chaude que sa chambre au rez de chaussée entre la pièce principale et la cuisine, toujours chauffée de jour comme de nuit, été comme hiver, mais la température de la pièce prêtée n'avait rien à envier à bien des chambres d'auberge.
Arrivée devant la porte, Gadzelle tut son attention au trouble qui couvait en elle. Pas le doute, mais la peur : peur d'être allée trop loin, pas assez, d'avoir fait ceci de travers ou cela de manière trop compliquée... Il détestait ça, les complications.
Sans faire attention aux battements contradictoires de son coeur, la brune gratta doucement à la porte.
Alors... souris en peluche ou pas?
_________________
Fan d'Edhel. Et na! *** "note perso pour Gadz : tu me touches le HDC, je te fais sauter les prémolaires"
En sortant de taverne, tard et légèrement imbibée, sa première envie avait été de rentrer chez elle. Après tout elle y avait offert le gîte et couvert lacté et jambonné, peut être même que son invité s'y trouvait. Surement après tout, il l'avait bien prévenu qu'il profiterait de son hospitalité un peu plus longtemps.
Au compte goutte... la saleté... et encore, un elle-ne-savait-quoi la retenait de le traiter d'autres noms d'oiseaux, beaucoup moins édulcorés.
Saleté d'ursidé de mes deux... quand on te veut éveillé tu dors et quand on te croit endormi tu ne manques rien!
Elle pensait pourtant qu'il dormait. Pour être exacte, l'idée ne lui était même pas venue de prédire de le faire, alors qu'il y ait du monde en taverne, endormi ou pas, le résultat aurait été le même que si elle avait tout planifié. La brune l'avait senti à ses regards, ou plutôt ses non regards. Ses rares rires et sourires n'avaient plus été rares mais complètement inexistants.
C'est quand elle reconnut les marches qui se découvraient devant ses pieds qu'elle réalisa enfin ce qu'elle faisait. A chaque fois que la brune était soucieuse ou perdue dans ses pensées, l'habitude la ramenait ici. Les remparts de Saint Front... Plus qu'une histoire d'amour entre la ville et elle : son histoire. Telle une comptine de longues fois répétée Gadzelle égraina le décompte des marches.
1, 2, 3, 4 attention il manque une pierre, 5, 6, 7, 8 une marche plus haute que les autres, 9, 10, 11, 12 une pierre branlante...
Une fois en haut, elle brida son imagination débordante jusqu'à être calée dans son coin préféré. Dos à la pierre froide, vue imprenable sur le château plus loin et l'Isle aux méandres paresseux. Tels les volutes de brouillard qui montaient du sol sous le froid nocturne, des bribes de conversation lui revinrent.
Se donner entier ou se retenir, pas au compte goutte...
(...)
Pourquoi vous buvez?
Je bois pour oublier que je bois.
Pas suffisant.
Je bois pour oublier ce que je n'ai pas fait.
Pas suffisant.
P*tain de mer.de, je fais ce que je veux d'abord, je n'appartiens à personne!
Et d'abord je ne regrette pas. Jamais!
(...)
Mais à quoi jouez vous?
Et là l'évidence même... La première réponse soufflée par un recoin tourmenté de sa tête jamais avare de douloureux supplices... Ma danse. Ma chanson, ma musique. Mon son, ma chorégraphie. Mon pas, mon tempo. Encore une fois, ces remparts lui avaient ouvert les yeux : elle s'était retrouvée. Perdue? Oui... depuis des mois. En paix? Non... Mais elle venait de comprendre qu'elle en prenait au moins le chemin. Rien que de faire ce pas insignifiant pour tout autre personne lui réchauffait le cur, cette nuit, sur la pierre glacée de Périgueux.
Le chemin du retour vers son domicile se fit du pas calme de qui a pris une décision. La porte d'entrée ouverte - il faudrait peut être qu'un jour elle se procure un verrou à clef - fut doucement mais rapidement fermée et verrouillée de l'intérieur, il ne fallait pas perdre une once de la chaleur accumulée dans la journée. La chambre qu'elle lui avait prêté avait le privilège d'être au dessus du salon, et donc chauffée grâce à la cheminée de celui ci. Certes la pièce n'était pas aussi chaude que sa chambre au rez de chaussée entre la pièce principale et la cuisine, toujours chauffée de jour comme de nuit, été comme hiver, mais la température de la pièce prêtée n'avait rien à envier à bien des chambres d'auberge.
Arrivée devant la porte, Gadzelle tut son attention au trouble qui couvait en elle. Pas le doute, mais la peur : peur d'être allée trop loin, pas assez, d'avoir fait ceci de travers ou cela de manière trop compliquée... Il détestait ça, les complications.
Sans faire attention aux battements contradictoires de son coeur, la brune gratta doucement à la porte.
Alors... souris en peluche ou pas?
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Fan d'Edhel. Et na! *** "note perso pour Gadz : tu me touches le HDC, je te fais sauter les prémolaires"