Alycianne
Elle pleure, mon Alycianne.
L'enfant aimerait, a envie, a besoin d'une mère qui la prenne dans ses bras et qui lui murmure des mots doux à l'oreille.
Elle est fragile, mon Alycianne.
Ce n'est qu'un Quartz qu'on brise et re-brise, en imaginant que puisque c'est un Joyau, peu importe ce qu'elle endure, elle brillera toujours. Mais à force de briser le Quartz, celui-ci ne finit-il pas en poussière ?
Elle est dure, mon Alycianne.
Quand il s'agit de sauvegarder son petit monde framboisé, où il y a du bon en chacun, où elle est source de sourires et de sucreries.
La fillette fixe sa main gauche. Une profonde entaille a rouvert la cicatrice, le sang se coagule lentement.
Du sang pour signer une missive.
Du sang pour honorer une amie.
Du sang pour se rappeler son cur.
Cur qui bat.
Elle a perdu une mère, il y a longtemps. Elle en a perdu une autre, il y a peu. Et aujourd'hui, l'annonce de la mort de Maeve l'a elle-même achevée. Le calme apparent de Cassian, les douces paroles de son père... Pour lui rappeler qu'elle doit être forte, que cela arrive, c'est là, simplement là.
Son père lui a menti. Elle ne lui en veut pas. Mais comment lui expliquer les images d'un cadavre ensanglanté dans une magnifique robe noire dans un lit ? Il n'était pas là, il n'a pas vu... Et à la jeune femme brune se mêle maintenant sa rousse sur. Comment lui décrire ces cauchemars ? Lui dire que sa plus jeune fille est hantée par ces horreurs, elle qui à l'accoutumée est une enfant joyeuse et souriante ? Non.
Mais par dessus tout, elle veut comprendre pourquoi elle s'est mise à détester Aristote. Bien qu'il ne l'aie guère gâtée ces derniers temps -lui chourer une mère et une sur, c'te crapule !- Alycianne n'a jamais connu la haine. Cela lui semble inutile. Et pourtant, elle n'arrive pas à s'en défaire, de cette haine voilée qui l'enveloppe des pieds à la tête. Elle doit aimer Aristote, elle le sait bien, mais cette fois-ci, son cur ne veut se laisser raisonner : il hait.
- Ah oui. Reniflement des plus classe. Je peux devenir folle.
Son coeur s'emballe à cette idée, la môme en déduit qu'il est d'accord. La folie, finis les soucis ! Puisqu'on devient fou, on s'autorise tout, à pleurer quand on veut, à dormir quand on veut, à haïr Aristote, à dire ce que l'on veut, on peut franchir les limites si l'on v...
- Non. Je dois être Sage, Polie, et Adorable. Pour rendre fière ma famille.
Cruel dilemme. Peut-on être folle et pourtant la fille Parfaite ?
- Je décide que oui.
La cervelle est tenace, le coeur approuve : elle sera donc toujours Alycianne l'Exquis Quartz de Bourgogne, le Joyau petit Canon, l'Adoratrice du Rouge, Caillouteuse en série, Adorable-Polie-Sage, la distributrice de sourires (parce que les sourires, c'est bô), mais en plus de tout cela, elle sera Folle.
Et déjà, la môme sourit.
'Tain, la vie est belle quand on est fou.
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L'enfant aimerait, a envie, a besoin d'une mère qui la prenne dans ses bras et qui lui murmure des mots doux à l'oreille.
Elle est fragile, mon Alycianne.
Ce n'est qu'un Quartz qu'on brise et re-brise, en imaginant que puisque c'est un Joyau, peu importe ce qu'elle endure, elle brillera toujours. Mais à force de briser le Quartz, celui-ci ne finit-il pas en poussière ?
Elle est dure, mon Alycianne.
Quand il s'agit de sauvegarder son petit monde framboisé, où il y a du bon en chacun, où elle est source de sourires et de sucreries.
La fillette fixe sa main gauche. Une profonde entaille a rouvert la cicatrice, le sang se coagule lentement.
Du sang pour signer une missive.
Du sang pour honorer une amie.
Du sang pour se rappeler son cur.
Cur qui bat.
Elle a perdu une mère, il y a longtemps. Elle en a perdu une autre, il y a peu. Et aujourd'hui, l'annonce de la mort de Maeve l'a elle-même achevée. Le calme apparent de Cassian, les douces paroles de son père... Pour lui rappeler qu'elle doit être forte, que cela arrive, c'est là, simplement là.
Son père lui a menti. Elle ne lui en veut pas. Mais comment lui expliquer les images d'un cadavre ensanglanté dans une magnifique robe noire dans un lit ? Il n'était pas là, il n'a pas vu... Et à la jeune femme brune se mêle maintenant sa rousse sur. Comment lui décrire ces cauchemars ? Lui dire que sa plus jeune fille est hantée par ces horreurs, elle qui à l'accoutumée est une enfant joyeuse et souriante ? Non.
Mais par dessus tout, elle veut comprendre pourquoi elle s'est mise à détester Aristote. Bien qu'il ne l'aie guère gâtée ces derniers temps -lui chourer une mère et une sur, c'te crapule !- Alycianne n'a jamais connu la haine. Cela lui semble inutile. Et pourtant, elle n'arrive pas à s'en défaire, de cette haine voilée qui l'enveloppe des pieds à la tête. Elle doit aimer Aristote, elle le sait bien, mais cette fois-ci, son cur ne veut se laisser raisonner : il hait.
-
- Je peux vivre avec ?
- Je ne veux pas redevenir courageuse.
- Oui.
- J'ai peur.
- Je veux devenir autre.
- Ou sinon, je peux devenir folle ?
- Ah oui. Reniflement des plus classe. Je peux devenir folle.
Son coeur s'emballe à cette idée, la môme en déduit qu'il est d'accord. La folie, finis les soucis ! Puisqu'on devient fou, on s'autorise tout, à pleurer quand on veut, à dormir quand on veut, à haïr Aristote, à dire ce que l'on veut, on peut franchir les limites si l'on v...
- Non. Je dois être Sage, Polie, et Adorable. Pour rendre fière ma famille.
Cruel dilemme. Peut-on être folle et pourtant la fille Parfaite ?
- Je décide que oui.
La cervelle est tenace, le coeur approuve : elle sera donc toujours Alycianne l'Exquis Quartz de Bourgogne, le Joyau petit Canon, l'Adoratrice du Rouge, Caillouteuse en série, Adorable-Polie-Sage, la distributrice de sourires (parce que les sourires, c'est bô), mais en plus de tout cela, elle sera Folle.
Et déjà, la môme sourit.
'Tain, la vie est belle quand on est fou.
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