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sépulture Dame Aleanore d'Alterac

Vanwolk
[Préparation]

C'est dans la Resplandissante et Rayonnante Sainte Chapelle de Paris que Monseigneur Vanwolk, Maitre de la Chapelle du Roy entra. Subjuger par ce plafont brillant de milliers d'étoile d'Or il resta quelques instant a admirer cette beauté. Puis il invita la Maitrise des Choeurs de la Franternité des Lys à prendre place dans l'arrière du Chapitre pour entamer quelques répétition de cantique avant la cérémonie.

Mariealice


Le jour était venu, repoussé encore aurait été vain et la mise en place de cette cérémonie avait déjà pris bien trop de temps. Un long soupir suivi d'une multitude d'autres tandis qu'elle jetait un regard hâtif sur le miroir qu'une servante lui présentait pour voir si sa tenue lui convenait. Petit signe de tête en guise de réponse, cape chaude posée sur les épaules et toujours silencieuse, Marie sortit de la chambre.

L'heure approchait et il ne fallait point être en retard. Le corps avait été déposé la veille et elle l'avait veillé un long moment avant qu'on ne l'oblige à rentrer pour prendre quelque repos. Malgré elle, la brune avait fini par y consentir, sachant bien que la journée serait difficile et qu'elle aurait besoin de toute son énergie pour la supporter.

Pour une fois, elle avait accepté un coche pour se rendre sur place sans rechigner ni grogner, toutes ses pensées allant à Aleanore en ce jour, se préparant à vivre sous peu une autre semblable puisqu'il faudrait faire de même pour Maeve.

Une fois à l'air libre, elle se redressa et se dirigea à l'intérieur d'un pas lent, vint se placer auprès du corps et resta là, sans bouger après avoir salué l'officiant dans un murmure.

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Eusaias
L’œil n’avait pas été fermé de la nuit, craignant ce qu’il se passerait le lendemain. Les mains jointes sous son menton, lui toujours assis sur le lit regardait l’eau du vasque onduler à chaque fois que son pied, tel un métronome, allait percuter le pied de la commode face à lui. Le soleil commençait à se faire voir à travers les rideaux, bientôt le baron irait réveiller les enfants, afin d’aller dire un dernier « au revoir à maman».

Une larme perla sous son œil avant d’aller tracer un sillon sur sa joue et s’écraser au sol. Seul dans la chambre de l’hôtel Bourguignon, il n’avait cure du qu’on dira-t-on, il pouvait se permettre cette faiblesse, cet amour pour son aimée perdue. D’abord le buste l’avait tiré en avant et le reste du corps avait suivi, il devait se préparer, il ne pouvait reculer. Il s’éclaboussa le visage avec l’eau du vasque et se rinça la bouche ensuite avec. Le peigne serait aujourd’hui passé dans son épaisse chevelure corbeau et ses plus beaux et sombre habits seraient passés. Il sortirait enfin pour frapper aux portes des filles et de Cassian afin qu’ils se lèvent tous et leur demanderaient de se préparer. Les ainés surveilleront leurs cadets, car ils sont unis chez les Blanc Combaz.




Devant le parvis.


Le coche avait traversé Paris et le Balbuzard n’avait jamais trouvé la ville aussi moche, tout semblait laid, sale et lointain. Hector leur avait ouvert la porte afin qu’ils descendent. Eusaias sortit le premier et offrit ses bras à Alycianne. La benjamine de la maisonnée serait chérie, gardée contre lui aujourd’hui.
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Angelyque
La Duchesse de Bourgogne était également présente, toute de noire vêtue afin de rendre un dernier hommage à la fille de la suzeraine de Digoine.

Quand elle aperçut celui ci devant le parvis de l'eglyse elle posa simplement sa main sur le bras d'Eusais, en un geste de réconfort, sans dire un mot, partageant la douleur des proches.

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--Enfant_de_choeur


Depuis que son archevêque et père adoptif avait été nommé Grand Aumonier, Benoit avait découvert les lustres des chapelles royales. Il admirait plus particulièrement la sainte Chapelle, dont les vitraux lui donnaient l'impression qu'il n'y avait plus qu'un édivice en verre. Suivant les ordres de son archevêque, il se rendit, ce jour là, dans la Sainte Chapelle, afin de tout préparer pour les funérailles qui devaient s'y dérouler. Il changea vite fait quelques nappes d'autels plus très propres, et les remplaça par de superbes pièces brodées qui garnissaient les tiroirs de la sacristie royale. Il mit quelques bouquets de fleurs blanches dans le choeur, et, à l'heure dite, il alla sonner le glas, comme le lui avait prescrit son Grand Aumonier. C'était presque un jeu pour lui, car il devait monter le petit escalier en colimaçon, caché dans la façade et se promener dans les combles de la chapelle, pour atteindre la fameuse corde.
Kilia
[ On s'était dit Adieu ou Au revoir? ]

Une chevauché et un retour.
Un parchemin qui ne peut être tenue par une main qui tremble.
Puis une sœur retrouvée flottante.
Une chose après l'autre...

La duchesse savait prendre la mort avec plus de recule, les blessures à un moment ne peuvent que conduire à la mort, et c'est ce qu'elle ressentait aujourd'hui en allant à l'enterrement. Un cœur sec par tout ce qui l'avait fait saigner. Qu'elle était loin cette Kilia qui aimait de tout son être, qui saignait en grande hémorragie de larme et de cris à chaque mort annoncée.
La lute n'est plus quand on a décidé d'accepter, d'accepter de perdre même si cela n'est pas facile. Accepter de perdre une amie, un amour, un enfant... un rire.
Le pas était lent dans cette chapelle, le regard fixé sur un cercueil qui ne voulait plus dire grand chose, dedans il y avait le sourire, le tempérament de feu, l'ivresse de la vie, et les larmes de désespoir.
La duchesse prit place au deuxième rang sur la droite. Elle aurait pu se forcer dans un sourire complaisant en croisant des visages connus, mais juste une petit inclinaison de tête fut faite.
Elle allait prier pour cette femme enfant dont la vie avait réservé bien des outrages. Prier pour que son âme monte vers un soleil de joie retrouvé. Se retenir de demander que tout ceux qui lui avait fait du mal se retrouvent dans le froid lunaire... se retenir et pourtant...

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Dict Lumière de l'Anjou,EX-Paire de France. Future Reyne! Note JNCP: "Peut mieux faire"
Odoacre
Un grand sourire aux lèvres depuis qu'il avait appris la nouvelle de la "petite sauterie" comme il aimait à appeler toutes funérailles dignes de ce nom, le vieux Grec quitta l'assemblée des feudataires pour se rendre la Sainte Chapelle où il n'avait jamais mis les pieds.

Pas mal du tout...

Il fit son entrée d'un air assuré et aperçut au loin Vanwolk et fit la grimace, espérant que les goûts du prélats lui auront fait penser aux petites saucisses frites et aux sauces bien poivrées.

Et au vin.

Et aux cornichons naturellement.

C'est ainsi l'eau à la bouche qu'il alla s'installer au premier rang en faisant un petit salut condescendant à Vanwolk, tapotant de la sandale sur les dalles tant son impatience était grande.

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Archevêque de Rouen
Blanche_
La chambre était belle et bien fournie ; quoiqu'elle n'y avait porté aucun intérêt. Il s'agissait d'y rester trois jours, quatre au plus, le temps de vivre et survivre à un éternel écho du même drame.
Aléanore...
La tignasse blonde est enfouie sous les draps, les peaux et la fourrure, bouche entrouverte collée de salive et de sueurs aux poils et plumes entremêlés. Le souffle est rauque, sourd, qui trépigne et s'éreinte entre les dents blanches. Si elle ne souffre pas, elle lutte quand même, à crier des gémissements contre l'édredon, mordre les draps, et planter les griffes dans la chair meuble des oreillers. Elle rêve ? Non pas. Elle dort pourtant, reposée moins qu'éteinte, paupières closes sous lesquelles les orbites s'animent, horrifiés. Il y a du sang derrière ces paupières, et des flash de lumière rouge qui s'autorisent des interventions machiavélique dans les méandres de son esprit.
Aléanore...
Ils roulent, les yeux. Ils se révulsent quand la tête se tourne, cramponnée au cou en tentant presque de s'en détacher. Un ultime cri, une ultime complainte, un souffle lâché à la vie, à Elle, comme pour Lui envoyer et qu'elle vive, mon Dieu, oui... pour qu'Elle vive encor !

    Aléanore !
Ouverts brusquement sur la chambre close, les yeux vidés de leur éclat habituel cessent soudain de bouger. Ils fixent.
Nus et sombres.
Ils fixent l'embrasement sous la porte, entre les chambranles, là où la lumière s'engouffre et luit. Ils fixent. Comme pour La voir revenir.
Mais elle ne reviendra pas, Blanche...
Griet a tenu sa main, et l'enserre fortement. Comme prenant soudainement conscience de sa présence, Blanche la presse à son tour, respiration haletante qui ralentit.

    Elle ne reviendra pas ?
La tête disciplinée hoche la négative.
Furieuse alors, la Baronne se lève, debout au milieu du lit, pleine de sueur qui se glace tant en dehors des draps, il fait froid. Elle est nue et ruisselante, mais surtout en colère. D'un doigt inquisiteur, elle darde alors son impuissance vers la domestique, et braque contre son réalisme, la conviction d'une gamine révoltée. Demi-lune blonde prônée sans pudeur, au sommet de ces jambes blanches, et sous le nombril perlé.

    Comment ça, elle ne reviendra pas ? Moi ! Moi, je suis bien revenue !

Il faudra des heures à ses gens pour la calmer. Elle criera, mordra, souillera les draps d'un sang qui sera à tour le sien, à tour celui de ceux qui s'opposeront à son désespoir. Puis, elle puisera dans la pipe pleine de drogues qu'on lui tendra, un rêve éveillé nécessaire pour la guider jusqu'au lieu de l'ultime repos.
Où, froide et droite comme un i, feu hallucinatoire brûlant sous la peau, elle gravira les marches menant à son ultime résidence.

    Oh, Aléanore... murmurera t'elle alors. C'est toi qui a raison de mourir avant d'être vieille... Les anges n'aiment pas devenir vieux.

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Riches, tenez bon !
Aurelien87
L'heure ayant sonné, Aurélien se rendit dans la Sainte Chapelle. Entre ses appartements du Louvre et l'édifice séculaire, le chemin n'était pas bien long. En arrivant dans l'édifice de verre, il vit un certain nombre de personnes qu'il connaissait dont des angevins. Petit salut de tête à droite et à gauche. En remontant l'allée pour se rendre dans la sacristie, il vit la présence du primat de France. Aurélien se dit que s'il esperait trouver icelieu quelque barbecue généreusement arrosé d'un nectar de dieux, il se fourvoyait gravement, mais enfin, Aurélien préféra mettre sur le compte positif sa présence en ces lieux. Il le gratifia d'un signe de la tête légerement plus appuyé que pour les autres , et continua sa marche vèrs la sacristie. Il avait encore fort à faire, pour régler avec son ami et maitre de chapelle Mgr d'Agen, les derniers détails de la cérémonie.
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Clemence.de.lepine
Elle avait vu le crime, elle avait vu l’horreur du sang, elle avait ressenti le poids de la souffrance, la leur, celle de ceux qui avaient aussi été là, et celle qui gisait à leurs pieds. Elle avait vécu tout cela et elle en avait pleuré, de ces larmes brûlantes qui avaient également souillé d’autres visages, la même journée. Et puis, elle était rentrée chez elle, elle s’était murée quelques jours dans un pieux silence, elle avait porté le deuil, elle avait frénétiquement prié, de Laudes jusqu’à Vêpres, elle avait cessé de s’alimenter normalement, elle avait porté les stigmates de la fatigue et de la tristesse. Pour porter le souvenir de cette Etincelle éteinte. Pour lui porter hommage. Pour que, de là où elle se trouvait désormais, elle puisse savoir que Clémence luttait pour elle, pour sa pensée, pour ses souffrances, et elle y avait mis toute la Foi dont elle était capable dans ses appels et ses prières, dans ses murmures et dans ses cris.

Ensuite, elle s’était résignée. Elle avait cessé de se lamenter sur cette disparition pour sourire de l’image qu’elle avait d’Aléanore. Elle n’était plus malheureuse. Le deuil était passé. Désormais, elle pensait avec nostalgie aux moments passés avec la bâtarde Alterac. Elle les regrettait, continuerait à les regretter, mais ça n’était plus aussi douloureux de remarquer son absence, de se dire qu’elle ne serait plus jamais là. C’était dans l’ordre des choses. C’était juste arriver… trop tôt. Bien trop tôt. Et Clémence gardait au fond d’elle un goût amer, tout de même. Comme une sensation d’inachevé.

Et aujourd’hui, la demoiselle de l’Epine ne pouvait que se rendre à l’office organisé à Paris pour celle de Jagellon-Alterac. Elle portait un masque doux et reposé. Ses traits étaient sereins, bien que graves, et elle avait à ses côtés une petite chienne campée sur ses quatre pattes. Étrangement, Fiora avait d’elle-même sauté du coche qui les avait menées jusqu’ici. C’était la première fois qu’elle acceptait, depuis que Clémence l’avait recueillie, de poser une patte sur le sol extérieur. La blonde héritière l’avait observée, d’abord surprise, puis pensive, et elle avait esquissé l'ombre d’un sourire satisfait. C’était un signe, comme toujours. Et elle hocha la tête à cette pensée.

Fiora l’avait précédée. Elle était entrée de son propre chef dans l’édifice religieux, sans interroger personne du regard, elle avait marché droit devant. Et c’était Clémence qui cette fois l’avait suivie, sourcils froncés et mine interrogative. Elle n’y comprenait rien. La demoiselle avait d’abord salué d’un signe de tête la Duchesse de Bourgogne et ceux qu'elle ne connaissait pas, elle avait observé un moment, d’un œil brillant, les Blanc-Combaz, et s’était finalement résolument dirigée vers le chœur, vers le Grand Maître de France qui était avant tout aujourd’hui la mère de la disparue. D’une profonde révérence, comme elle en avait rarement exécuté, elle lui avait montré son respect et sa compassion. Elle qui rarement parvenait à partager publiquement une émotion et moins encore à signifier un intérêt soutenu pour quelqu’un qu’elle ne connaissait pas. Elle ne connaissait pas Marie-Alice, mais c’était une mère qui avait perdu un enfant, c’était la mère d’Aléanore, et elle ne pouvait que courber l’échine devant elle, non par soumission – quoique Clémence ne pouvait que spirituellement se soumettre, devant cette image forte d’une mère accompagnant sa fille dans son dernier voyage – , mais par humanité, bienveillance et sympathie. Elle se releva alors, les phalanges serrées sur ses jupes à s’en briser, croisa le regard de Marie-Alice, cligna une fois des paupières, et inclina la nuque avant de se retirer.

Y avait-il besoin que l’on mette des mots sur ses émotions ? Non. C’était inutile.

Elle n'avait, durant toute cette scène, que pu jeter un œil discret vers la bière contenant le corps de l'Étincelle aimée. Elle n'avait pas voulu, ou elle n'avait pas pu malgré toute sa volonté et la force de ses convictions, s'attarder davantage devant le cercueil.

Elle alla rejoindre Blanche qui de toute évidence n’avait pas suivi le même chemin que Clémence, portant un masque de douleur, douce folie qui lentement devait ravir son âme. La française vint emprunter une des mains de la bretonne et désigna d’un léger mouvement du menton la petite chienne qui trottinait vers elles.


Elle n’est pas tout à fait partie… souffla-t-elle à l’attention de son amie, comme si cela pourrait toutes deux les réconforter.
Karyaan
[Sur les routes du Mans à Paris]

Bois qui claque, pas rythmés par le bâton qui frappe le chemin glacé de rosée gelée. L'aube s'impose, le soleil se fraye un chemin tant bien que mal. Et cette lumière si particulière d'un automne qui se fait hiver. La nature se tait lentement, s'endormant pour quelques mois, le temps de se reposer un peu après le tumulte d'un été ardant.
Elle marche, celle qu'on surnomme la Brindille, elle marche depuis plusieurs jours. Depuis qu'on lui a appris la date des funérailles d'une de celle qui a marqué sa vie. Toujours vêtue de noir, lourde cape à capuche lui barrant les trois quart de son visage, l'enveloppant comme un linceul d'ombre. Chausses usées mais visiblement entretenues, elle avance, au rythme de ceux qui sont habités à voyager ainsi. Elle marche et se souvient.

Limoges, il y a si longtemps. Un sourire, une jeune fille, et des nuits à refaire le monde autour d'une tisane fumante. Et la rencontre d'une famille qui la marqua comme au fer rouge. La gentillesse de ces puissants qu'elle n'aurait jamais pensé possible. Cette simplicité qui fait qu'elle en est remarquable. Et ce cadeau qu'elle lui a offert, à elle, la va nue pieds, la gueuse, l'invisible. Ce cadeau qui la suit à présent partout, si précieux.

Elle marche la Brindille, se souvenant de ces moments si simples, si loin. Se rendant pour la première fois de sa vie à Paris. Fille de la nature, née sous les étoiles, ayant grandit dans les forêts, courant dans les herbes des prairies. D'un tout autre monde, d'un tout autre temps. Elle sait qu'elle va devoir entrer dans une église et faire profil bas. De toute façon, elle restera dans l'ombre, personne ne la remarquera et c'est tant mieux. Mais elle ne peut pas ne pas y aller.
Elle a rendu hommage à Aleanore la nuit de So-Wein, gravant son nom sur bougie noire et priant les Dieux pour le repos de son âme, pour qu'ils la guident et l'apaisent.
Ironie du sort. La jeune Alterac, si pieuse, désirant passer au bûcher tous les hérétiques. Assommant sans vergogne, à coup de livre des Vertus, ceux qui ne semblaient pas assez croyants, ou trop entreprenants à son égard. Elle, la jeune Aristotélicienne, veillée, priée, honorée, la nuit du plus important Sabbat, par une qu'elle aurait pu dénoncer pour sorcellerie sans état d'âme.

Si elle avait su...

C'est surtout pour sa mère qu'elle se déplace. Même si elle sait qu'elle ne l'approchera sans doute pas. Même si elle restera en retrait, ne se mêlant pas à ces gens là. Elle sait qui elle est, et surtout qui elle n'est pas. Chacun sa place. Mais par respect pour celle qui l'a aidé quand elle en avait besoin, alors elle fait le chemin.

[Paris]

Et le bâton en bois d'aulne frappe le pavé humide. S'arrêtant ça et là, demandant son chemin à cette populace de capitale, toute occupée qu'elle est à survivre au milieu de ces pierres ancestrales. Elle n'est pas là pour faire du tourisme, mais comment ne pas rester en extase devant la magnificence de certaines bâtisses ?
Et d'arriver alors en vue de la Saincte Chapelle, restant figée face à la splendeur de l'édifice. Un long frisson la parcourt alors, cherchant à garder un semblant de contenance alors qu'elle sait qu'elle va fouler un lieu saint qui n'est pas le sien.

Capuche toujours relevée, masquant de trois quart son visage, ne laissant voir d'elle que ses lèvres fines, elle s'avance sur le parvis de l'église. Fantôme de brume, tout de noir vêtue, restant en retrait, dans l'ombre de ces grands là, déjà présents. Tout en discrétion, elle entra dans la Chapelle et son cœur manqua un battement à la vue des vitraux sublimes. Elle resta un long moment immobile quand elle se rendit compte qu'elle était sur le passage et pouvait gêner. Elle s'écarta alors et se mit en retrait, ne s'approchant pas de la Nef ni de ceux déjà là, entourant la mère endeuillée par trois fois. Elle trouva un coin, non loin d'un pilier, dans l'ombre, et s'y cala. Faisant glisser sa lourde besace discrètement au sol, elle la déposa en silence, retira sa capuche, découvrant un visage fin à la peau diaphane, pâleur accentuée par la noirceur de ses cheveux longs à moitié coiffés, et des yeux gris comme les nuages, puis elle attendit. Pas franchement à l'aise, mais elle se devait d'être là. Pourquoi ? peu importe, mais elle devait y être.

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"La parole est l'arme du faible, l'épée l'arme du sot, j'ai choisi d'être faible et de m'entourer de sots."
Armoria
Ce qu'elle avait pressenti lors de l'hommage au roi avait été confirmé par un faire-part. Etait-ce le destin des femmes appelées un jour à devenir GMF que de perdre les uns après les autres ceux qu'elles aimaient ? Curieuse danse que celle-ci, où le cavalier était la faucheuse.

En faisant route vers Paris, et dans ses appartements du Louvre où elle s'était apprêtée, elle avait songé à la mort du fils de Marie. Elle avait alors parlé de dieu pour la soutenir, affirmant que ses desseins étaient toujours bons, même lorsqu'ils semblaient cruels et insoutenables. Que pourrait-elle dire, cette fois ? Rien de plus, rien de mieux, sachant pertinemment que chaque perte faisait croître la douleur. Elle se contenterait d'une présence silencieuse et de ses prières. Une oreille, une épaule, des mains pour recueillir ses semblables, et une âme pour prier.

Elle entra dans l'édifice à l'appel du glas, marcha jusqu'à Marie dont elle effleura la main sans un mot avant d'aller prendre place.

Une présence.

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Vous pouvez utiliser mes lettres RP.Héraldique
--L_etincelle
La présence.

Elle caresse du regard, éprouve d'un souffle. Sa mère qui veille quand il faudrait qu'elle sommeille. Maman, un mot qui berce et résonne comme autant de notes de musiques délicieuses, comme une berceuse qu'on voudrait offrir à un enfant. Maman qu'on aime et qu'on chérit, qu'on adore et qu'on admire. Maman qui ne pleure plus pour ce qu'elle a trop pleuré. Maman qui chavire comme le bateau qui remorqua Maeve. Tiens bon la barre, Maman, il reste un mousse à bord de ta barque. Merlin, petit magicien au flambeau. Il sera fort pour toi, Maman, il sera fort pour nous toutes, pour la faiblesse que Dieu a infligé aux femmes Alterac de n'être que des femmes.. Faillibles devant l'Eternel.

Sait-il l'homme d'église dans le coin pourquoi il est là ? Et pourquoi elle est là ? Ô Père Eternel, ris-tu du cocasse de la situation ? Elle rit jaune avec lui, elle ne rit plus quand elle les voit. Elle pleure en dépit de l'interdit. Un Blanc-Combaz ne pleure pas, mais elle ne l'était pas vraiment, n'est-ce pas ? Elle a le droit, elle a ce droit de verser des larmes d'amour pour cette famille qu'elle veut unie. Vague d'amour qui enserre le coeur mort de l'Etincelle. Elle brille dans chaque flamme de la Saincte Chapelle, glisse dans chaque rai qui s'agite sur la surface polie des vitraux, illumine d'un éclat différent les étoiles du plafond. Et s'accroche aux émeraudes d'une broche fermant la cape d'une Mère d'Anjou.

Il est loin le temps du sourire, le temps des connivences dans le regard, il n'y a plus de réciprocité puisque les noisettes se sont éteintes et pourtant, il lui semble que les émeraudes brillent plus fort encore pour cette femme qui aura recueilli plus de douleur qu'il n'est permis d'en héberger, cette femme qui aura soulagé sa peine sans faiblir. On se reverra en Anjou, et elle attendra, elle attendra que la Mère la rejoigne.

La présence.

Pas la sienne, la sienne. Un tapotement léger, un piétinement doux, un souffle délicat. Tout cela pour un sourire qu'on accroche, une voix enfantine qui retrouve la douceur de ses joies d'antan quand les mains se tendent vers l'avant, spectre d'amour et de sourire.


« Mia meraviglia .. Tu n'as pas oublié. » (1)

Tu ne m'as pas oublié. Considéré avec émotion, le petit lévrier qui trottine avec allégresse sur les pavés de la Chapelle Royale, délicate fleur italienne que celle qui se fait bergère d'un jour et apporte les agnelles au sacrifice divin. Agnelles unies devant la Mort et l'Eternel, par la main. Un sourire, une main qui voudrait caresser et s'ajouter à celles-ci. Une évidence.

« La raggiungerà, mia preziosa. Gli sarai utile.. » (2)

Un geste, une invitation et le sourire qui revient quand la chienne rejoint les deux blondes et que le regard se pose sur une silhouette, sur la silhouette au fond, un sourire amusé et doux à la fois, un sourire limousin s'il en est, un sourire enfantin pour ce qu'il rappelle les souvenirs qui reviennent en mémoire. Doux et léger, comme une fleur blanche immaculée.
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(1) « Ma merveille .. Tu n'as pas oublié. »
(2) « Va la rejoindre, ma précieuse.. Tu lui seras utile. »
Gnia
Dans la même chambre de la même auberge. Exactement.
Exactement le même breuvage, les mêmes artifices, les mêmes volutes de fumée, la même torpeur distillée par la thériaque.
Avait précédé une visite à Notre Dame. La même chapelle, le même prie-très haut.
Mais cette fois la Saint Just était seule dans sa fuite, même pas de foutue Concèze à qui lancer quelques piques assassines, avec qui partager l'oubli.

Alors elle avait fait parlé l'ombre. L'Etincelle n'était plus, ne restait que l'ombre. Et chanvre, opium et hypocras aidant, la discussion avec elle avait été.. et bien... relevée. Evidemment.


Le plus dur c'est la chute.
Le lendemain rappelle toujours ô combien les abus de la veille sont des excès. Et probablement que sans douleur, il ne peut y avoir de plaisir. Ou plutôt l'inverse dans le cas présent.
La tête dans un étau, la Comtesse se laisse habiller, poupée de chiffons perdues dans ses pensées. La fortune investie dans la couteuse garde robe achetée en l'honneur de la Jagellon Alterac ne parvient même pas à susciter un infime intérêt chez la saint Just. Elle se contente de caresser la terre cuite d'une pipe qu'elle porte de temps à autre à ses lèvres avec un discret sourire énigmatique, le regard perdu sur les flancs de la cathédrale de l'autre côté de la Seine.

A la tienne, Concèze.


Ce regard vague qui ne voit rien de ce qu'il effleure, ce petit sourire lointain, elle les conserve alors qu'elle pose le pied sur les pavés au bas du parvis. Lissant machinalement le lourd drap flamand de son surcot d'un bleu aussi sombre que celui de ses yeux. Ces yeux, elle les relève enfin jusque sur le saint édifice, tandis que le glas fait vibrer l'atmosphère de son appel au malheur.
Et comme l'on monte à l'échafaud, la Saint Just gravit les marches et entre dans la bouche noire de la chapelle.

A l'entrée d'une chapelle commence et finit toujours un voyage.

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Mariealice
A l'intérieur de ce corps devant elle, restait-il une étincelle de sa fille? Quelque chose qui n'était pas parti avec son âme pour rejoindre l'au-delà? Une infime particule de son être qui, si elle tendait la main et la posait sur la sienne, dégageait son front livide pour l'embrasser, se ranimerait et la lui rendrait? Une lueur d'espoir qui lui permettrait de cesser d'avoir froid si profondément.

A l'intérieur de son propre corps, restait-il une étincelle de vie? Quelque chose qui n'était pas partie avec Arthur, Aleanore, Maeve? Une infime particule de son être qui, si elle ouvrait les yeux pour regarder à cet instant le monde en face, pourrait respirer librement, avec un coeur sans toutes ces cicatrices? Une lueur d'espoir d'enfin cesser de souffrir.

A l'extérieur de cette bulle protectrice invisible, la vie, la réelle, celle qui pulsait, qui n'attendait pas et ne pouvait s'arrêter que d'une seule et unique façon. Personne ou presque n'était au courant et elle n'était efficace que pour celui qui l'appliquait sur lui-même. A charge à ceux qui restaient de faire avec....

A l'extérieur donc il y avait les autres, qui arrivaient, lentement, doucement. Elle n'y prêtait aucune attention, à ces mouvements, ces pas feutrés, ces murmures, ces saluts. Tout juste un signe de tête comme un automatisme pour un regard croisé, un geste effleuré... Tout ce qui devait être un réconfort mais qui lui semblait si vain. Seulement la bienséance, l'éducation, le respect, tant de carcans lui imposaient de rester droite, digne, heureusement pas de sourire. Alors la mère endeuillée faisait ce qu'on attendait d'elle, luttant pour ne pas les mettre dehors, tous, se barricader en cette chapelle jusqu'à ce que le corps d'Aleanore tombe en poussière.

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