Je suis l'herbe dans cette pipe, je suis la thériaque que tu absorbes, chaque gorgée d'hypocras révèle un peu plus de cette lumière. Je suis toi et celle que tu étais, je suis moi et celles que nous voulions être. Je suis l'oubli et la folie, je suis ta ruine et tes victoires, je suis chacun de tes soupirs, le moindre de tes rires. Une prière, une douceur, les mots, Agnès, à ta candeur, bougresse, réfère-toi et rêve le monde tel que nous l'aimions en ces soirées parisiennes. Je suis le partage, je suis l'aristotélicienne, je suis l'égoïste, je suis la païenne.
La garce, la vilaine, et tu franchis ces portes, lentement, douloureusement, à la tienne ma bourgeoise, moi, je revis à chacun de tes souffles, à chacune de ces bouffées, n'entends tu pas la moquerie et la mesquinerie dans chacun des pas qui frôlent le pavé ? Les cantiques et les paternotres qui s'élèvent dans leurs silences, soupire ma comtesse, évertue toi à te détruire, car pour chaque destruction, il y a un renouveau et pour chaque mort, il y a une vie, et cette vie qui prend sa source dans ton sein, le saint des saints. Fais moi sainte ma très chère. Bienheureux les simples d'esprit et qu'il était simple de ne pas en avoir quand l'oubli nous le dérobait à la faveur de la nuit.
Et la nuit s'écroule sur la chapelle en la présence d'un oiseau de mauvaise augure qui vient semer la discorde dans la chapelle. Impavide étincelle qui contemple l'arrivée de personnes qui ont compté. La princesse, se souvient-elle de ce bal, où elle dansait, présentée pour la première fois à la Cour de France ? Marraine, ô Marraine, la sienne, la mienne, Marraine, tu étais reine de ces coeurs enfantins que ne réagis-tu pas pour en sauver la mère, et le sauveur s'annonce être un enfant. Pluie naturelle, écho de l'Etincelle.
Et en écho, le rire qui s'égraine, carillon lointain de sa jeunesse, les prouesses du couvent, les ave maria, les beata, et elle est béate, de joie, d'hilarité, et elle rit en réponse au glas. Elle rit et s'approche de sa mère, en caresse, en signe de paix, les anges n'agissent pas, ils veillent, et elle n'a rien d'un ange et sa mère le sait.
J'ai connu l'amour, la mort, la vie, le vide, l'espoir, le pire. J'ai connu les hommes, les femmes, les pleurs, leurs peurs, j'ai vu le meilleur et le malheur, j'ai vu ma mère, je vois mon père. J'ai cru mourir, je ne peux plus que rire. Et j'ai aimé, comme je t'ai aimé, comme nous t'avons aimé, comme le recommandait Oane. Il ne faut pas pleurer les morts ou alors des larmes de joie, ils sont bienheureux auprès du Très-Haut. Pourras-tu verser ses larmes de joie Maman ? Pense à Arthur et Maeve. Ils sont heureux, ils sont saints parmi les saints ces enfants que tu as porté en ton sein propre, repose maintenant près de celui de Notre Père. Elle observe l'homme, il lui semble en connaître le visage de l'avoir fréquenté durant sa repentance à Rome. Odoacre de Corinthe. Alors une évidence qui entraîne un autre rire qui éclate comme le soleil d'été sur les champs de framboises en Limousin.
« Il est grec ! »
Avec tout ce que cela comporte, hilarant, n'est ce pas ? C'est de l'humour mort..