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sépulture Dame Aleanore d'Alterac

Eilinn_melani
Paris, Paris...

Non, non, Eilinn ne veut pas aller à Paris ce jour. Elle refuse de monter les marches de la Sainte Chapelle, l'angoisse la tenaille, la fait désirer un raid chez Ella Durée pour se goinfrer et succomber à la tentation de se goinfrer de toutes les gourmandises possibles et imaginables, dans le plus total abandon aux appels du Sans Nom. Et il est certain qu'Aléanore ne lui en tiendrait pas rigueur si elle faisait ça, si elle abandonnait lâchement le devoir auquel elle devait se tenir.
Eilinn mangerait alors quelques macarons à la framboise en hommage culinaire à l'Etincelle, et pleurerait tout son saoul à l'évocation des souvenirs d'Aléanore.

Mais pleurer, elle l'avait déjà fait. Après l'état d'hébétude qui avait succédé aux évènements de Nogent, Eilinn avait trouvé refuge à Noirlac, trouvant au sein du clergé séculier le silence, l'absence de question et le réconfort dont elle avait besoin pour porter son secret. Même si l'annonce des funérailles de l'Etincelle avait ôté le poids du péché de ses épaules, la gamine restait torturée par les images sanglantes auquel le baron de Digoine l'avait confronté. Seule sa couche sommaire et les murs dépouillés de sa cellule cistercienne avaient accueilli ses pleurs pendant de longues nuits, et peu à peu, tout s'était calmé.

Et aujourd'hui elle est là, devant les marches de la Sainte Chapelle. Certains carrosses portent des armoiries connues, mais elle ne se sent pas le cœur aux mondanités. Qui l'aurait d'ailleurs en cet instant ? Elle finit par entrer, ses yeux s'habituant à la clarté des chandelles, et distingue au fond le catafalque de l'Etincelle. Hors de question de s'en approcher, même si le visage paisible d'Aléanore ce jour peut supplanter la vision d'horreur de la chapelle de Nogent.

Du regard, elle fouille les bancs du regard, et repère Clémence de l'Epine, accompagnée de la baronne Blanche. Un instant, un élan la pousse vers la fille L'Epine, vite brisé en aperçevant au premier rang le corbeau bourguignon et sa descendance adoptive. Eilinn prend alors place sur un banc, triturant distraitement un de ses rubans clairs, espérant que sa compère vienne pour soulager le poids de la solitude qui est sienne.

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Odoacre
Le vieux Grec regardait avec ennui les enfants de chœur, salua Aurélien en levant son bâton bien haut.

Lorsqu'il entra dans la sacristie, Odoacre aperçut Marie Alice. Il s'apprêtait à lever son bâton mais se retint et choisit de se lever en se dirigeant vers elle d'un pas décidé. Ce visage aussi blafard que celui de l'archevêque était rubicond, non cela n'allait pas du tout !

Sans aucune forme de procès, il se plaça directement à côté d'elle et lui tapota la main en souriant


Bien le bonjour ma fille, vous avez sacrément bon goût, et je dois vous féliciter car cette petite réunion m'a permis de venir icellieu pour la première fois ! Comme quoi à chaque chose malheur est bon !

Il gloussa alors de contentement devant son bon mot. Puis il fronça les sourcils et la regarda avec intensité.

Je vois.

Hochant la tête, et parlant lentement

Vous confondez le deuil avec la constipation, un mal très répandu dans nos contrées...

Lui tapotant l'épaule

Réjouissez-vous donc ! Votre fille devait être jeune, à la fois baptisée et non pas encore troussée par la moitié de la valetaille comme c'est souvent le cas chez les nobles, elle est partie pure et a rejoint dans la lumière le paradis solaire !

A ces paroles, la figure d'Odoacre s'épanouit

C'est un jour de fête ma fille, vous devez vous réjouir pour elle, votre progéniture a reçu bien tôt ce que tous nous mettons une vie entière et difficile à obtenir.... la félicité, la grâce, l'illumination... danser avec les anges...

Terriblement sans-gêne, Odoacre n'en était pas moins absolument mystique et la sincérité transparaissait dans son discours.

Votre tristesse vient du manque, il se conçoit, mais ma foi, apprenez à vous en réjouir, faites sonner cors et buccins et faites venir vins fins et melons doux pour sustenter nos papilles !

Lui tapotant à nouveau l'épaule

Au nom de l'Église de France, sachez que je partage absolument votre joie et votre félicité.

Puis s'appuyant sur son bâton, Odoacre porta son attention sur les enfants de chœur à nouveau, se demandant s'ils allaient jouer un air entrainant.
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Archevêque de Rouen
Minouche
[ Éponge ]


- Sur les routes d'automne, coche pour "la Belle" -

Soupir... Les paysages défilent avec une lenteur bien trop palpable. A l'intérieur, silence, profil bas. L'attente devient une torture devant cette femme qui a bien trop perdu pour porter un masque convaincant de sérénité. Jouer les idiots, faire une grimace...? Non. Mieux vaut même éviter.
Cette tristesse, il la porte sur ses frêles épaules, apeuré lorsqu'on n'épargne pas une Violette du rappel de la Faucheuse, ou bien silencieux comme il peut en tout autre moment identique à aujourd'hui. Oh, il serait mentir de croire que les enfants ne comprennent pas grand chose de ces malheurs... Eux pourtant si curieux et attentif à tout ce qui les entoure.
Mais surtout, et bien malgré nous les adultes, la Mère Nature a décidé depuis des temps immémoriaux que chaque petite âme soit une véritable éponge face aux sentiments alentours. Comme une épreuve, une réalité à apprendre... A accepter.

Le jeune esprit laisse ses souvenirs se raviver, chaque journée remémorée depuis que le pilier féminin Alterac lui a tendu la main...
Lui, le petit voleur, le môme à la bouille noire de crasse. Comment ne pas être attendri par ce flot de générosité au fur et à mesure du temps qui coule ?... Manger à sa faim, un lit, une place, une tâche. Un rêve de gamin de la Rue.
Alors si pour apprendre, il doit accepter certaines règles loin de sa pauvre condition, il n'y a pas à réfléchir. Enfin un peu, pas trop, la caboche n'est pas toujours remplie.

Écuyer personnel, dis comme cela, l'enfant ne se doute de rien ; Même plutôt motivé à ce qu'on puisse le trouver utile, proche d'un destrier et d'armes. Mais ceci... Cet interdit... Il n'aurait jamais pu penser une once de la tragédie familiale arriver.
Effet papillon. Il s'est envolé... Et plus vraiment seul à sa suite. C'est un brasier entier qui s'éteint. Du charbon lourd à avaler...

Que faire petit homme ? Que faire pour aider une mère abattue, toi qui n'en a pas eu ?

Dans ses poches, une solution. L'idée reste en suspend, devant la morne vie qui se déroule sous ses yeux clairs. Bientôt il faudra apporter son soutien à un deuil... Deux trésors évanouis, deux fleurs fanées.



- Paris, à quelques pas du lieu -

Finalement, il ne l'aime pas cette ville de pavés gris, comme le ciel. Belle, belle... Ses anciens compagnons lui ont menti. C'est triste. Trop triste. Pourquoi donc les grands viennent-ils ici ? Seul un croquemort peut être en joie. Rien qui n'arrange le moral... Aucune légèreté dans cette ambiance si lourde en l'hostel de la famille... Le môme n'a même pas pris goût au luxe dont il a droit ; Il s'en contrefiche.
Ce qu'il souhaite par dessus tout, c'est que sa grande brune secrètement adorée aille mieux.

Les pensées digne d'un candide s'effacent cependant alors qu'il arrive enfin devant la Saincte Chapelle. Un haut lieu qui ne manque pas de coches, d'il ne sait où... Qu'importe, il est en retard... Même si cela est pour une bonne raison. Il est propre, pour une fois de la tête aux pieds. Les habits laissés à sa disposition pour la malheureuse occasion lui vont parfaitement bien. Un paradoxe dont on souhaiterait se passer.
Le regard émeraude balaye à peine la cour... Mieux vaut ne pas trop rester seul longtemps.
C'est donc d'un pas décidé que le minot ose entrer, non sans lancer un regard au ciel, avec la seule espérance que son fantôme ne l'abandonne pas pour la suite. Une mère sans visage... Ça doit bien donner du courage, non ?

Les chausses foulent les froides pierres, pour finalement s'arrêter près d'un pilier. La faible lumière régnante ne doit son salut qu'au peu de forces d'Hélios ainsi qu'aux cierges et chandeliers d'une valeur sûre... Le gamin de la Rue reste planté sur ses positions, devant tant de trésors montrés au public. Bien heureux qu'il est d'avoir le pourpoint aux armes de la Violette...
Il n'y a là à ses yeux que des gens de la haute caste. Inconnus. Il est étranger. Ce monde n'est pas le sien. Minouche ne connait pas l'Étincelle. Encore moins la Flamme.
Les souvenirs sont futiles, dans les bras d'une dame de compagnie aux yeux du ciel du jour.


- Dis, l'est comment Aleanore ? Plutôt dans le joli ?

- Oh oui... Elle était très belle...

- Oh... Plus qu'toi ?

- Bien plus Minouche... Bien plus...


Belle, bien habillée et gracieuse, brune... Voilà le peu qu'il avait soutiré ici et là sans toucher la famille Alterac.
Mais quelle importance... Alors que plus loin un linceul cache cette poupée sans vie, une planche de bois pour simple soutien avant la morbide cérémonie décidée. Il ne pourra certainement pas la voir... Pleurer en son honneur... Sourire aux évocations du passé... Il n'a pas prié pour un passage doux... Il n'est que l'écuyer.

Que faire devant tant de grandes personnes aux abois... Pourquoi tout est si compliqué ?


Bien le bonjour ma fille, vous avez sacrément bon goût, et je dois vous féliciter car cette petite réunion m'a permis de venir icellieu pour la première fois ! Comme quoi à chaque chose malheur est bon !


Tilt. Un rire. Léger. Un vieil homme vient à côté d'une chevelure que l'enfant reconnaitrait entre mille. L'acoustique de la chapelle, malgré la voix normale du dict homme, ne font aucune exception d'oreilles quand aux paroles prononcées.

Réjouissez-vous donc ! Votre fille devait être jeune, à la fois baptisée et non pas encore troussée par la moitié de la valetaille comme c'est souvent le cas chez les nobles, elle est partie pure et a rejoint dans la lumière le paradis solaire !

Marche. Le nain ne comprend pas tout, mais assez pour lui redonner l'adrénaline qui manquait à la mécanique.


C'est un jour de fête ma fille, vous devez vous réjouir pour elle, votre progéniture a reçu bien tôt ce que tous nous mettons une vie entière et difficile à obtenir.... la félicité, la grâce, l'illumination... danser avec les anges...

Votre tristesse vient du manque, il se conçoit, mais ma foi, apprenez à vous en réjouir, faites sonner cors et buccins et faites venir vins fins et melons doux pour sustenter nos papilles !

Au nom de l'Église de France, sachez que je partage absolument votre joie et votre félicité.


Blanc. Troussée, joie, réjouir, jour de fête... Les mots sonnent et vibrent comme des insultes pour le vécu du bonhomme. Les jambes l'ont amené rapidement jusque devant le vieillard. Il n'y a plus de réflexion, juste un réflexe de la Rue.

Crachat. Les pieds de l'homme reçoivent leur dû. C'est le dégout. La colère infantile contre un adulte qui a touché le point sensible. Le regard vert fixe le vieillard avec défi, moutarde au nez.

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Ewaele
Elle ne pensait pas que le jour où elle avait accepté d’accompagner Marie à Paris elle y serait restée aussi longtemps. Ce n’était guère dans ses habitudes de traîner dans la capitale des jours durant. Mais les évènements s’étaient succédés les uns après les autres, aussi incroyables qu’impensables. Les sentiments avaient étés nombreux en passant de la colère à l’impression d’avoir été trahie, de l’effet de surprise à un manquement de battement de cœur, à une effervescence qu’elle ne pensait plus jamais ressentir au… Malheur !

Ce matin là, chacun vaquait à ses occupations ou ses préparations, Ewa n’avait pas voulu laisser son amie face à l’adversité, mais elle savait aussi que Marie aurait besoin de se retrouver seule. Seule face à elle-même, seule face à sa douleur de mère, seule tout simplement… La rousse serait là en la Saincte chapelle mais se ferait discrète sauf si besoin, sauf si… Oui sauf, bien évidemment. La rousse avait réussi à dire ce qu’elle avait à dire à sa sœur de cœur, pas de grandes paroles pas de grands discours, plus une présence, des échanges de regards, une main sur l’épaules, gestes simples, et peine partagée même si, Ewa le savait, la douleur n’était pas la même et ne le serait jamais.

Juste un instant d’échange avec un des autres convives de l’hostel, instant chargé d’émotion, mais pour l’heure ils devaient faire face à la réalité. Une fois décision prise qu’il était l’heure de partir, elle s’enroula dans sa cape azur et se rendit aux écuries, elle arriverait seule. Les sabots résonnaient sur les pavés des rues de la ville, elle tenait les rênes de façon lâche, et sa monture avançait mécaniquement suivant les instructions que la rouquine lui transmettait tout aussi mécaniquement. Elle était enfin rendue à destination.

Entrée de la chapelle, son regard s’accrocha automatiquement à Marie et ne la lâcha pas, chaque pas étaient durs, elle aurait aimé se précipiter vers elle, la serrer dans ses bras et l’emmener ailleurs, un ailleurs où tout serait si différent… Mais elle savait qu’elle n’en ferait rien, elle savait que la brune devait dire au revoir à son enfant, comme elle l’avait déjà fait quelques années plutôt au jumeau d’Aléanore. Marraine devant Aristote pour l’un, de cœur pour l’autre, Ewa pleurait intérieurement leur disparation. Elle continua son avancée jusqu’au banc réservé à la famille devant l’autel, ses yeux toujours rivés sur son amie, elle avait fait abstraction de tout ce qui l’entourait, de tous les visages qui étaient déjà présent pour rendre un dernier hommage à l’étincelle. Prendre place et patienter, ses émeraudes surveillant l'arrivée d'un homme aux côtés de sa Suzeraine qui se trouvait debout devant le corps de sa fille. Ses sourcils se froncèrent en voyant le sourire sur le faciès de cet inconnu et à la réaction de Minouche la rousse ne pût s'empêcher de faire un pas en avant pour voir de quoi il retournait. Elle s'arrêta pourtant, etait-ce réellement nécessaire ? Marie savait qu'elle était là et d'autres encore, si besoin elle lui ferait comprendre.

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Armoria
Elle allait le tuer. C'était certain, Marie allait tuer le primat. Ou Eusaias. En tout cas, Armoria ne donnait pas cher de sa peau. Elle se leva lorsqu'il reçut une dose de cirage naturel sur ses pieds, et vint se placer non loin de lui - faisant en sorte de faire écran entre l'ignoble et l'enfant qui venait de faire ce qu'au fond, elle approuvait.

Monseigneur, si vous cherchez spectacle, je doute que vous soyez au bon endroit. Je prierai Dieu qu'un jour, Il vous fasse le don de la compassion. Pour l'heure, si vraiment vous avez l'intention de demeurer icelieu, tâchez de le faire en silence, et dans le respect de la douleur de ceux qui en ont trop pour songer aux desseins que le Très-Haut a pour chacun de nous. Ne donnez pas davantage d'arguments à vos détracteurs qui n'attendent que cela.

Elle le regardait avec fermeté. Pour la douleur de Marie, elle ne pouvait pas grand chose ; mais pour qu'elle soit respectée, voilà une mission faite pour ses épaules.
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Vous pouvez utiliser mes lettres RP.Héraldique
--L_etincelle
Je suis l'herbe dans cette pipe, je suis la thériaque que tu absorbes, chaque gorgée d'hypocras révèle un peu plus de cette lumière. Je suis toi et celle que tu étais, je suis moi et celles que nous voulions être. Je suis l'oubli et la folie, je suis ta ruine et tes victoires, je suis chacun de tes soupirs, le moindre de tes rires. Une prière, une douceur, les mots, Agnès, à ta candeur, bougresse, réfère-toi et rêve le monde tel que nous l'aimions en ces soirées parisiennes. Je suis le partage, je suis l'aristotélicienne, je suis l'égoïste, je suis la païenne.

La garce, la vilaine, et tu franchis ces portes, lentement, douloureusement, à la tienne ma bourgeoise, moi, je revis à chacun de tes souffles, à chacune de ces bouffées, n'entends tu pas la moquerie et la mesquinerie dans chacun des pas qui frôlent le pavé ? Les cantiques et les paternotres qui s'élèvent dans leurs silences, soupire ma comtesse, évertue toi à te détruire, car pour chaque destruction, il y a un renouveau et pour chaque mort, il y a une vie, et cette vie qui prend sa source dans ton sein, le saint des saints. Fais moi sainte ma très chère. Bienheureux les simples d'esprit et qu'il était simple de ne pas en avoir quand l'oubli nous le dérobait à la faveur de la nuit.

Et la nuit s'écroule sur la chapelle en la présence d'un oiseau de mauvaise augure qui vient semer la discorde dans la chapelle. Impavide étincelle qui contemple l'arrivée de personnes qui ont compté. La princesse, se souvient-elle de ce bal, où elle dansait, présentée pour la première fois à la Cour de France ? Marraine, ô Marraine, la sienne, la mienne, Marraine, tu étais reine de ces coeurs enfantins que ne réagis-tu pas pour en sauver la mère, et le sauveur s'annonce être un enfant. Pluie naturelle, écho de l'Etincelle.

Et en écho, le rire qui s'égraine, carillon lointain de sa jeunesse, les prouesses du couvent, les ave maria, les beata, et elle est béate, de joie, d'hilarité, et elle rit en réponse au glas. Elle rit et s'approche de sa mère, en caresse, en signe de paix, les anges n'agissent pas, ils veillent, et elle n'a rien d'un ange et sa mère le sait.

J'ai connu l'amour, la mort, la vie, le vide, l'espoir, le pire. J'ai connu les hommes, les femmes, les pleurs, leurs peurs, j'ai vu le meilleur et le malheur, j'ai vu ma mère, je vois mon père. J'ai cru mourir, je ne peux plus que rire. Et j'ai aimé, comme je t'ai aimé, comme nous t'avons aimé, comme le recommandait Oane. Il ne faut pas pleurer les morts ou alors des larmes de joie, ils sont bienheureux auprès du Très-Haut. Pourras-tu verser ses larmes de joie Maman ? Pense à Arthur et Maeve. Ils sont heureux, ils sont saints parmi les saints ces enfants que tu as porté en ton sein propre, repose maintenant près de celui de Notre Père. Elle observe l'homme, il lui semble en connaître le visage de l'avoir fréquenté durant sa repentance à Rome. Odoacre de Corinthe. Alors une évidence qui entraîne un autre rire qui éclate comme le soleil d'été sur les champs de framboises en Limousin.

« Il est grec ! »

Avec tout ce que cela comporte, hilarant, n'est ce pas ? C'est de l'humour mort..
Odoacre
Le vieux Grec s'apprêtait à frapper le crâne du gamin d'un coup de son bâton de pèlerin - à bout ferré - lorsque dans un mouvement de robes, Armoria s'approcha pour murmurer quelques mots...

Le Primat ne fit mine de ne pas prêter attention aux propos de ladite Armoria et répondit d'un ton sec


Un peu de dignité petite sotte, ce n'est pas un théâtre.

Puis il tapota la main de Marie-Alice d'un air protecteur.
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Archevêque de Rouen
Karyaan
Bras croisés, bâton de marche calé contre son épaule, ombre fondue dans l'ombre d'un pilier loin de ces hauts là qui dansent une mascarade funeste de celui qui se courbera et qui flattera le mieux. Lourdes portes qui s'ouvrent comme on dégueule la tristesse d'un jour. Sans bruit, gongs huilés pour ne pas faire de fausse note à cette mélodie sombre. Et les voilà qui défilent, parés les uns les autres de tout ce qui semble somptueux et noir. S'approchant chacun, envahissant un espace, étouffant sans nul doute cette femme qui se noie. Ras de marée humaine et de sentiments mêlés, déferlant contre cette roche maternelle qui s'effrite. On la croit de marbre et pourtant. Cœur d'albâtre qui se dissout sous les larmes, même si elles semblent taries, il y a des sanglots bien plus acides que ceux qui glissent sur des joues humides.

Lourdes portes qui s'ouvrent à nouveau, comme si la vie extérieur tentait de gueuler en silence toute l'indifférence face à l'événement qui se joue dans ce lieu de deuil.
Sourcil qui se hausse et léger sourire qui se peint sur son visage. Un petit homme apparait. Maintenant qu'elle le voit, elle s'étonne de ne pas l'avoir aperçue plus tôt. Il semble tout aussi perdu qu'elle, normal, ce n'est pas leur monde, ils sont comme des détails qui font tâches au tableau funeste, même s'il est beaucoup plus logique que l'enfant soit là, plutôt qu'elle. Elle le suivit du regard, s'avançant de quelques pas, jusqu'au pilier qui la cachait. Et c'est là, grâce ou à cause de la résonance des lieux, elle entendit le vieil homme.
Main dextre qui se pose sur le marbre du pilier alors que la senestre serre son bâton à s'en faire claquer les phalanges. Elle l'écoute ce cul béni d'une église intolérante, elle l'écoute et un long frisson la parcourt à certaines de ses paroles. Il voulait toucher, marquer, choquer, c'est chose faite. Elle qui est d'une tout autre croyance, comment ne pas vomir celle là qui se montre sous un jour des plus mesquins ? Elle sait cependant que c'est celui qui parle qui est à blâmer et non pas les préceptes de cette religion. Malgré tout, elle ne peut que fulminer de se dire que ces hommes là, tous enrubannés de respect qu'ils pensent avoir droit, sont plus abjects que la fange qui nait du mélange putride entre la boue et les excréments d'un animal malade. Et encore... la vie peut naitre de la pourriture. De ce genre de saleté là, il ne nait que la mort et l'amertume.


Votre tristesse vient du manque, il se conçoit, mais ma foi, apprenez à vous en réjouir, faites sonner cors et buccins et faites venir vins fins et melons doux pour sustenter nos papilles !

Son cœur manqua un battement aux mots prononcés. Non pas qu'ils la choquent de croire qu'on puisse se réjouir d'une mort, mais bien parce que se sont des mots que des païens comme elle disent lors de ce qu'ils appellent, "La cérémonie des Adieux". Elle murmura, presque inaudible, les yeux rivés sur le vieil homme qui venait de se faire lustrer les chausses par l'écœurement d'un enfant.

Ensemble, nous voulons la recommander aux soins et aux bénédictions du Dieu et de la Déesse, afin qu’elle repose, libre des illusions et des regrets, jusqu’au moment de sa renaissance ici-bas. Sachant cela, nous comprenons que la tristesse n’est rien, et que la joie est tout.

Sourcils qui se froncent et pas en avant quand le Primat lève son bâton de pèlerin pour frapper l'enfant. Elle se stoppe alors qu'une femme qu'elle ne connait pas s'interpose et chuchote des mots qu'elle ne peut entendre.
Recule contre le pilier, ses yeux de brume rivés sur le dos du grec, visage fermé, impassible. Les mots sont rien, les mots ne sont que des voilages qu'on peut oublier. Mais les gestes et surtout les coups sont un tout autre aspect, et lever la main sur un enfant, quelque soit l'acte qu'il ait commis avant, c'est une chose qu'elle ne tolèrerait pas. Peu importe le lieu, ou le moment.
Cependant, elle recule, se fondant de nouveau dans l'ombre, ne se mêlant pas, restant invisible mais là. Juste un regard à Minouche et un léger sourire qui se veut rassurant. Elle recule et s'éteint dans l'obscur du pilier. Elle recule, et attend.

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"La parole est l'arme du faible, l'épée l'arme du sot, j'ai choisi d'être faible et de m'entourer de sots."
Fitz
Le Père Fitz avait eu largement le temps de ruminer encore et encore les événements s'étant passés ce jour-là. Les si s'accumulaient dans sa tête.. Et s'il l'avait arrêtée dans son geste, et s'il ne l'avait pas bénie, et s'il avait prévenu Eusaias dont il avait tant entendu parler, et si...

Les temps furent des plus moroses depuis. Du boulot s'amoncelant sur son bureau mais nulle envie de rattraper son retard. D'autant que son Archevêque lui tapait de plus en plus sur les nerfs.. Maintenant qu'il s'était décidé à abandonner les voies terrestres, il attendait un bateau afin d'y déposer ses affaires soigneusement poussiéreuses, depuis le temps qu'il les avait préparées au voyage jusque Rouen.. Et puis, l'Alençon, ça le gavait en ce moment ! Envie de voyager, d'abandonner toutes ses charges.. Mais pour aller où ?

Lorsque une affiche fut placardée en gargotte alençonnaise, annonçant les funérailles de la Dame aux Framboises, il ne put réprimer un énième pincement au coeur, ressassant encore et encore ses multiples "si".. Mais la décision ne tarda pas à arriver. Il se rendrait à Paris, et trouverait la paix dont il avait tant besoin.


[A Paris... "Que c'est beau !"]

Première fois que le clerc pose ses illustres petons sur le sol parisien et ses pupilles n'ont de cesse de voyager sur les divers paysages offerts à ses yeux. Mais l'annonce qu'il avait arrachée et qu'il tenait en ses mains se rappela rapidement à son esprit. Il devait se rendre à la Sainte Chapelle. Et vite, avant d'arriver en retard à une telle cérémonie. Le comble pour honorer une dernière fois une fidèle de l'Eglise !

C'était donc armé - comme toujours - de sa plus belle soutane éclatante de blancheur qu'il posa pied sur le parvis de la Chapelle. Le noir était souvent de circonstance dans ces conditions mais sa garde-robe n'était point grassement fournie en cette couleur triste. Il laissa le temps à ses yeux de s'accommoder à la pénombre envahissant le lieux consacré, et s'avança dans la nef, en direction des nombreuses personnes, déjà arrivées pour .. la réunion.

Et là... Surpise ! Qui voit-il là-bas, près de la mère de l'Etincelle ? Mais Odoacre bien sûr ! Le Primat, l'Inquisiteur, l'Archevêque de Rouen.. La mâchoire se carre, les sourcils se froncent. Ce n'était pas le jour idéal pour déclencher une énième dispute avec son supérieur. Vraiment pas le jour. Il faudrait se retenir. Pour Aléanore.

C'est alors qu'il entendit la tirade du Primat en direction de Marie-Alice. Non mais c'est pas croyable ça ! Comment osait-il proférer de tels propos durant ces funérailles ? Il insultait la mère et la fille ! "Non mais j'te jure, ça c'est un Grec !" pensa-t-il très fort.. Il vit qu'il n'était pas le seul à avoir réagi. Il laissa donc les autres se frotter au Primat, c'était d'autant mieux pour sa poire..

Puis son regard accrocha la boîte dans laquelle le corps sans vie de l'Etincelle était déposé. Il n'irait pas la voir, pas maintenant en tout cas. Il ne put s'empêcher de se demander si Dieu organisait des transferts de temps en temps entre la Lune et l'Astre Solaire. Car au moment de son suicide, l'Aléanore était bel et bien excommuniée. Ce n'était que quelques jours plus tard qu'une annonce fut faite afin de rétablir sa condition à titre posthume - ce qui le faisait bien rire soit dit en passant - et la question était donc bien là : son âme avait-elle pu entreprendre le chemin inverse vers la Lumière ? Son suicide était-il resté puni devant le Jugement du Très-Haut ? Tant de questions dans l'esprit du clerc lorsqu'enfin, ses yeux quittèrent le cercueil pour se poser sur les bancs encore vides. Lequel irait-il rejoindre ? Devait-il d'abord apporter ses condoléances à la famille ? Oui, il passerait au devant de son Monseigneur pour apporter tout le soutien nécessaire à la mère de la défunte.. Il s'approche donc de l'attroupement et ignore le Grec.


Toutes mes condoléances, ma fille.. Malgré ce que le Primat vient d'oser proférer, je comprends votre peine et il est tout à fait normal de vouloir honorer pour une dernière fois la mémoire de votre fille chérie.

Regard tout de même vers l'Archevêque de Rouen et inclinaison de tête.. Sa supérieure à la Nonciature lui avait bien rappelé "Pas d'incident diplomatique s'il vous plaît, surtout avec le Primat.."

Monseigneur..

Les dents lui faisaient rudement mal.. Cela faisait quelque temps que sa mâchoire était crispée au maximum. Tiendrait-il encore longtemps si le Primat répliquait avec son habituelle impudence ?
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Curé dans mon bled perdu.. Entre autres..
Mariealice
Elle n'avait toujours pas bougé et, sans doute que sans le contact insistant sur sa main, sans cette intrusion dans sa bulle, elle n'aurait même pas prêté attention à l'Archevêque et encore moins à ses paroles. D'ailleurs, de prime, elle n'entendit rien, ou du moins, entendit mais son esprit enregistra les paroles pour les traiter plus tard et se concentra sur cette main prenant la sienne et la tirant vers le bas puisqu'il était assis, cette main tapotant sur la sienne comme un autre de ces gestes de réconfort. Son regard se posa sur cet assemblage incongru puis remonta le long du bras jusqu'au visage surmontant le tout. Un moment de flottement le temps de se remémorer à qui il appartenait, où il avait été vu et ce qu'il faisait là, s'arrogeant le droit de troubler son recueillement.

Les noisettes se firent changeantes, doucement pour l'instant puis les mots, une fois décodés, les firent devenir vertes, comme un océan tumultueux sous un ciel orageux.

Du monde vint se porter... A sa défense? Son aide? Son secours? Les yeux fixaient toujours Odoacre et son air heureux, son sourire qui lui donnait envie de vomir, sur lui tant qu'à faire. Mais ce fut un crachat qui atterrit sur les chausses de l'homme d'église, propulsé par un enfant de 6 ans, son écuyer. Et le bras se leva comme pour s'abattre sur Minouche alors qu'une silhouette blonde et petite venait se placer entre le Grec et l'écuyer. Murmures qu'elle ne saisit pas, murmures dont elles se moquaient alors que, doucement toujours, les mots de la brune reprenaient ceux enregistrés un instant plus tôt, comme pour être certaine de ce qu'elle avait entendu.

Bien le bonjour ma fille, vous avez sacrément bon goût, et je dois vous féliciter car cette petite réunion m'a permis de venir icellieu pour la première fois ! Comme quoi à chaque chose malheur est bon !

Bon goût... Haussement de sourcils en le fixant toujours et en se demandant en quoi elle pouvait avoir bon goût....

Je vois.


Pas elle.

Vous confondez le deuil avec la constipation, un mal très répandu dans nos contrées...

Toujours pas... Que venait faire son transit avec un enterrement.

Réjouissez-vous donc ! Votre fille devait être jeune, à la fois baptisée et non pas encore troussée par la moitié de la valetaille comme c'est souvent le cas chez les nobles, elle est partie pure et a rejoint dans la lumière le paradis solaire !

Jeune... Oh oui elle l'était, pure elle l'espérait mais qui pouvait dire si rien ne s'était passé entre celui qui aurait dû être son époux et elle. Parce qu'il était hospitalier? Elle ne pouvait certes pas l'affirmer juste pour cela.

C'est un jour de fête ma fille, vous devez vous réjouir pour elle, votre progéniture a reçu bien tôt ce que tous nous mettons une vie entière et difficile à obtenir.... la félicité, la grâce, l'illumination... danser avec les anges...

Lentement un sourire naquit sur les lèvres de la brune. La félicité, l'illumination, danser avec les ange... Pour celle qui avait d'abord été excommuniée, dont la façon de mourir avait été soigneusement tue. Non vraiment cela était risible. Et qu'il le croyait l'était encore plus.

Votre tristesse vient du manque, il se conçoit, mais ma foi, apprenez à vous en réjouir, faites sonner cors et buccins et faites venir vins fins et melons doux pour sustenter nos papilles !

Manger. Il voulait manger. Il pensait manger au sein d'une église? Etait-ce cela les enterrements à Rome?

Au nom de l'Église de France, sachez que je partage absolument votre joie et votre félicité.

Et là c'en fut trop pour l'armure devenue trop fragile dont elle s'était entourée, armure qui se brisa à l'instant tandis qu'un éclat de rire s'envolait et retentissait sous les voutes. Ce même rire qui l'avait secoué un jour face à Gaborn, peu de temps après la mort d'Arthur, quand elle se débattait avec une forme de mort intérieure et ne s'en était sortie que parce qu'il avait réussi à la toucher, à lui tendre une main dans cette tempête. Et de nouveau en elle cette femme perdue au milieu d'une clairière tombait à terre tandis qu'elle riait à gorge déployée, de ces rires qui glaçaient le sang tellement ils semblaient crier au secours. Et elle n'entendit plus rien, pas même les condoléances du dernier arrivé.
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Armoria
Doux seigneur... Les mots, avec retard, avaient atteint l'esprit de Marie, et avaient rompu les barrières. Et que pouvait-elle faire, elle que la folie avait parfois caressé de ses ailes ? Gérer, d'abord. Gérer, elle savait faire. Il fallait aider Marie, chacun avec ses moyens. Donc, avant tout, se tourner vers l'immonde Grec.

Sortez. Sortez avant de vous retrouver avec une énième plainte au séant.

Dents serrées, voix glacée d'une sombre colère. Dans ses oreilles résonnait le rire dément. Elle ne connaissait qu'un seul remède, et encore... Une gifle, cinglante et inattendue, pour rompre le cercle que la folie tissait. Si personne ne le faisait, elle s'en chargerait, au péril de l'amitié.
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Vous pouvez utiliser mes lettres RP.Héraldique
Zya62
Un rire l'accueillit. Un rire glacial. Un rire damné. Un rire connu, malheureusement.
Non pas de la femme qui le poussait, mais de toute personne qui aimait à en perdre raison.
Et elle est là, elle hésite. Elle fuit les funérailles depuis celles de son époux, il y a quelques années. Parce qu'elles sont comme une déchirure permanente qui lui rappelle ses failles, ses erreurs.
Et ce rire qu'elle connait trop pour l'avoir poussé des journées durant sans qu'on ose l'arrêter. Ce rire qui vous retourne en dedans, tant le désespoir qui s'y loge est grand... Oui, ce rire la fait hésiter à pénétrer en l'édifice saint.
Elle n'est pas là pour celle qui fut surnommée Framboise et qu'elle n'a pas connu. Elle est là pour celle qui l'enfanta. Elle est là pour celle qui a perdu encore récemment un énième enfant. Sa filleule. Maeve. Qu'elles enterreraient bientôt de même.

Alors, se rappelant ce but, elle esquissa un pas, puis un autre dans l'intimiste édifice, jusqu'à apercevoir l'attroupement autour de Marie, jusqu'à entendre l'injonction d'Armoria. Et le regard de la Vanillé au Primat expliquait tout. Le regard de tous vers le Primat, en fait.
Qu'avait-il pu dire, pour faire d'un lieu d'apaisement, un lieu de grondement? Comment un ecclésiaste pouvait en arriver à ça?

Les émeraudes se posent sur celle qui fut ou est encore son guide, son chef, son amie... Et au diable les convenances, au diable l'impact, au diable les réactions alentours. Et tant pis si l'on juge qu'elle n'avait à intervenir.
Une amante sait.Une mère sait. Une femme, tout simplement, sait.
Elle s'agenouille à sa portée et lui prend le menton entre les doigts, maintenant ce visage, forçant le regard. Le ton est péremptoire, l'autre main est prête et se lance peu après, claquante et résonnante, pour une gifle dont le bruit se propagerait le long de chaque voûte de l'édifice religieux.


Marie, reprends toi! Cesse! Cesse ça de suite! Tu m'entends? *puis plus proche, maintenant de nouveau le visage qu'elle avait lâché juste avant que sa main ne se porte sur sa joue, pour qu'elle lui fasse face, elle lui dit doucement* Arrête... Ça n'apaisera rien...

Et la légère pression est relâchée, pour ne garder que le contact physique, la chaleur humaine d'un simple effleurement d'une joue. Elle lui avait dit qu'elle serait là pour elle, dans une récente missive, après l'annonce de la mort de Maeve. Qui eut cru qu'elle serait ce jour, là, de cette manière, la Saint-Ange... avec les effets que cela aurait après ce geste...

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Odoacre
Marie-Alice éclata de rire et le visage d'Odoacre s'éclaira d'autant plus, hochant vigoureusement la tête et affichant un contentement quasi béat d'avoir été celui qui aura déridé la mère endeuillée.

Aux paroles de Fitz il répondit par un vague geste qui le congédiait et arqua un sourcil en direction d'Armoria, laissant transparaître cette sorte d'étonnement qui frappe un seigneur lorsqu'il prend conscience que son valet le regarde droit dans les yeux.

Sans cesser naturellement de diffuser des ondes de contentement.

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Archevêque de Rouen
Ingeburge
Comme une ombre insaisissable, la Prinzessin aux blanches mains et aux voiles noirs apparut en la Sainte Chapelle et, d'un pas décidé mais léger, s'approcha du Primat de France, le rire strident de Marie Alice lui vrillant les oreilles. Dès son arrivée dans le lieu sacré bâti sur ordre de Saint Louis sur l'île de la cité, dans l'enceinte du palais homonyme, elle avait pu apercevoir un petit regroupement qui quand elle s'approchait lui avait fait comprendre ce qu'il avait d'insolite... et de dangereux. Dangereux car elle savait combien les saillies et sorties du vieux Grec dérangeaient, dangereux car elle connaissait par le menu le détail de l'esclandre survenu sous les voûtes de Notre-Dame. Alors, elle avait filé droit, sans prendre garde au présent, ne bousculant pourtant personne et dans un souffle, elle venait de glisser dans un souffle, alors que la vicomtesse d'Arnac-Pompadour riait encore :
— Monseigneur, cher Primat, je ne m'attendais guère à vous voir en ces lieux, en ce jour. Nous pourrons donc tous deux suivre l'office ensemble.

Puis, esquissant un geste en direction du bras d'Odoacre – geste qui ne fut pas achevé, elle avait toujours le contact en horreur – elle invita le prélat à la suivre. Ils gagneraient les rangs dévolus aux ecclésiastiques de haut rang et elle pourrait le tenir à l'œil. Son regard opalin posé sur la face ridée de l'Hellène, elle attendit une réaction. Plus tard, elle saluerait les présents, comme le Grand Ecuyer de France ou la princesse de Chantilly. Mais pour l'heure, il s'agissait de mettre un terme à la scène en train de se jouer. Quand elle avait choisi de se rendre à cet office où on ne l'attendait certainement pas, elle avait fait une liste des raisons la poussant à le faire. Ainsi, elle était le nouveau Grand Maître des Cérémonies et même si Aleanore et elle n'avaient pas travaillé ensemble, elle croyait à la solidarité des officiers au sein d'un même corps. Idem, cette charge nouvelle lui commandait de participer à toutes les cérémonie,s publiques ou privées, touchant de près ou de loin le Roi de France et sa cour et en l'occurrence, c'était à l'aînée du Grand Maître de France que l'on rendait hommage. Et puis, jamais elle n'oublierait vraiment cette lettre de Marie Alice en son alcôve de généalogiste, cette lettre lui demandant d'ajouter des dates de décès à sa fiche de famille, toujours touchée parc ces nouvelles funèbres qui lui parvenaient régulièrement et d'autant plus qu'il s'agissait de celles concernant des enfants. La Hérauderie... c'était là qu'elle avait le plus souvent croisée la demoiselle de Concèze, toujours escortée de son insupportable chose à poils. En cet instant, elle pouvait désormais ajouter une raison de plus : assurer autant que faire se peut la quiétude d'une cérémonie qui s'annoncerait certainement douloureuse.
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Foutu forum!!!
Karyaan
Et le rire claqua comme un coup de fouet à répétition. La réverbe de l'édifice accentuant l'écho, rendant le rire fou, hystérique, dérangeant au possible. Elle était ressortie de l'ombre, la Brindille, s'avançant près du pilier, des envies de meurtre de grec dans les yeux. Elle en aurait bien fait du tarama de celui la, si elle savait ce que c'était, à grand coup de bâton d'aulne, bois maudit s'il en est. Mais ça aurait été mal venu et puis c'était surtout à Marie-Alice qu'il fallait songer. Le débile profond au sourire niais attendra. Elle allait s'approcher quand une femme qu'elle reconnue se planta devant la mère endeuillée et la gifla de manière franche et claire. C'est certain qu'il n'y avait que ça à faire, et elle même allait s'imposer ce fardeau. Heureuse qu'une autre prenne la responsabilité d'un tel acte, la Brindille jeta un bref regard à Minouche et lui fit un signe de venir vers elle, pour qu'il s'éloigne de tout ça. Pour qu'il ne prenne pas de coup perdu si les choses s'envenimaient, pour qu'il reste en retrait. Écuyer certes, mais enfant encore.

Elle avait fait quelques pas pour accueillir le petit bonhomme et fixait toujours le Primat d'un visage impassible. Elle allait le haranguer le vieux bonhomme, elle allait lui dire ce qu'elle pensait, comme elle sait si bien le faire tout en s'attirant les foudres aux grands désarroi de celle qui la protège. Elle allait le prendre ce risque démesuré d'une gueuse tentant de faire fermer son claque bouse à un Grand de la Très Haute. Et c'est au moment où elle allait ouvrir la bouche pour déverser sa verve qu'une ombre s'accrocha au vieux grec pour l'entrainer au loin. Et la voix de sa mère envahie son esprit - Rien arrive sans raison ma fille, n'insiste pas, tais toi, tu n'es pas de ce monde, ne te mêle pas, tu risques bien plus que ta vie et tu le sais - elle se tue donc et reporta son attention sur Minouche et Marie-Alice. Elle murmura un peu gênée de troubler un possible silence.


Lui faire boire une tisane l'aiderait à se calmer un peu... peut-être. J'ai un peu de valériane et de passiflore dans ma besace... si vous voulez... Ou au moins lui apporter un linge humide pour qu'elle puisse se rafraichir... les idées...

Elle ne savait pas trop à qui s'adresser, alors elle parla à celle qu'elle connaissait au moins de vue pour l'avoir côtoyé un peu dans les tavernes du Mans. Elle fixait donc Zya, attendant une possible réponse, même si elle sait pertinemment qu'elle pourrait tout autant se prendre un vent force 8 qui décoiffe. Elle n'est rien après tout, rien à comparer de ceux et celles qui l'entourent en tout cas.
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"La parole est l'arme du faible, l'épée l'arme du sot, j'ai choisi d'être faible et de m'entourer de sots."
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