Fitz
Après que l'Inquisiteur fut emmené loin, très loin du Père, l'Alençonnais put soulager quelque peu ses mâchoires douloureuses. Mais pas le temps de respirer, le Grand Aumônier n'avait pas attendu longtemps avant de commencer la cérémonie pour laquelle ils étaient tous réunis en ce jour, dans la ville Lumière. Les petons avaient donc accélérés l'allure afin de rejoindre le banc le plus proche.
La cérémonie suivait son cours. Il en connaissait les étapes par coeur. L'officiant était des plus.. rigoureux, enchaînant les prières, les gestes symboliques et les regards empreints de compassion. On ne pouvait faire mieux. Vraiment... Il ne pouvait pas être Français et mauvais officiant à la fois : Dieu ne punit jamais deux fois ! (Clin d'oeil du narrateur à qui comprendra) Oui bon, le Père s'englobe tout seul dans la réflexion, mais vu le temps qu'il passait en ce moment en monastère, il ne se considérait plus vraiment comme faisant partie de ce Royaume..
Puis lorsque la médaille de l'Etincelle fut apportée au corps, ainsi que son sacro-saint Livre des Vertus, il ne put s'empêcher de penser.. Les neurones, c'est pratique pour ça.. Penser.. Il avait ouï dire que la Dame de Concèzes avait rédigé un testament avant de passer à l'acte. Et que ces symboles de sa vie d'antan avaient bien été légués.. Ne respectait-on donc pas ses dernières volontés ? Ce n'était de toute manière pas à lui de s'occuper de cela..
Cérémonie plutôt morne en fin de compte. Pas d'énorme bourde de l'officiant, pas de faux pas des invités, pas de pigeons s'élançant par-dessus le cercueil pour y déposer leur matière organique, rien.. Alors le Père Fitz continue à assister à ces funérailles, mains croisées sur ses genoux, attendant patiemment la fin de la cérémonie quelque peu cocasse à son goût. Les envolées lyriques à destination de l'orgueil d'Aléanore - s'il était encore là - et les éloges de sa vie de fidèle lui laissait une amertume en travers de la gorge.. S'ils savaient ! S'ils connaissaient la raison pour laquelle un corps sans vie se trouvait en ce moment dans cette boite, ils n'oseraient pas marteler sans cesse combien l'Eglise est fière d'avoir pu compter parmi ses fidèles une Dame telle qu'elle fut. Ingrate. L'Eglise était ingrate. Et oubliait vite. Trop vite. Rien à faire, il avait bien besoin de cette retraite trèèèès prolongée dans son petit monastère de campagne.
Lorsque vint le tour de la confession, pour la première fois de sa vie, le clerc eut un sursaut d'hésitation. Devait-il faire semblant ? Devait-il réciter la prière tout en mentant honteusement ou devait-il se taire ? Regardant discrètement aux alentours, il put constater que la confession était prononcée suffisamment fort pour qu'une voix en moins ne se fasse pas remarquer. Il ferma donc les yeux, dans une posture qui pourrait laisser penser qu'il récitait la prière en son for intérieur. En réalité, il priait pour que cette cérémonie s'achève rapidement.
La confession allait-elle bientôt se clôturer ? Son calvaire intérieur serait-il un jour apaisé ? Regard vers la voûte.. L'âme d'Aléanore assistait-elle à ses propres funérailles ?
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Curé dans mon bled perdu.. Entre autres..
La cérémonie suivait son cours. Il en connaissait les étapes par coeur. L'officiant était des plus.. rigoureux, enchaînant les prières, les gestes symboliques et les regards empreints de compassion. On ne pouvait faire mieux. Vraiment... Il ne pouvait pas être Français et mauvais officiant à la fois : Dieu ne punit jamais deux fois ! (Clin d'oeil du narrateur à qui comprendra) Oui bon, le Père s'englobe tout seul dans la réflexion, mais vu le temps qu'il passait en ce moment en monastère, il ne se considérait plus vraiment comme faisant partie de ce Royaume..
Puis lorsque la médaille de l'Etincelle fut apportée au corps, ainsi que son sacro-saint Livre des Vertus, il ne put s'empêcher de penser.. Les neurones, c'est pratique pour ça.. Penser.. Il avait ouï dire que la Dame de Concèzes avait rédigé un testament avant de passer à l'acte. Et que ces symboles de sa vie d'antan avaient bien été légués.. Ne respectait-on donc pas ses dernières volontés ? Ce n'était de toute manière pas à lui de s'occuper de cela..
Cérémonie plutôt morne en fin de compte. Pas d'énorme bourde de l'officiant, pas de faux pas des invités, pas de pigeons s'élançant par-dessus le cercueil pour y déposer leur matière organique, rien.. Alors le Père Fitz continue à assister à ces funérailles, mains croisées sur ses genoux, attendant patiemment la fin de la cérémonie quelque peu cocasse à son goût. Les envolées lyriques à destination de l'orgueil d'Aléanore - s'il était encore là - et les éloges de sa vie de fidèle lui laissait une amertume en travers de la gorge.. S'ils savaient ! S'ils connaissaient la raison pour laquelle un corps sans vie se trouvait en ce moment dans cette boite, ils n'oseraient pas marteler sans cesse combien l'Eglise est fière d'avoir pu compter parmi ses fidèles une Dame telle qu'elle fut. Ingrate. L'Eglise était ingrate. Et oubliait vite. Trop vite. Rien à faire, il avait bien besoin de cette retraite trèèèès prolongée dans son petit monastère de campagne.
Lorsque vint le tour de la confession, pour la première fois de sa vie, le clerc eut un sursaut d'hésitation. Devait-il faire semblant ? Devait-il réciter la prière tout en mentant honteusement ou devait-il se taire ? Regardant discrètement aux alentours, il put constater que la confession était prononcée suffisamment fort pour qu'une voix en moins ne se fasse pas remarquer. Il ferma donc les yeux, dans une posture qui pourrait laisser penser qu'il récitait la prière en son for intérieur. En réalité, il priait pour que cette cérémonie s'achève rapidement.
La confession allait-elle bientôt se clôturer ? Son calvaire intérieur serait-il un jour apaisé ? Regard vers la voûte.. L'âme d'Aléanore assistait-elle à ses propres funérailles ?
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Curé dans mon bled perdu.. Entre autres..