Adele_du_niffelheim
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Un jour comme les autres au bordel de Craon. Calme, et silencieux. Pas plus mal, elle aime autant ça que de voir son bordel ouvert tel une auberge espagnole. Si on veut boire un coup, on va en taverne, si on veut prendre du plaisir avec une femme et discuter dans une ambiance relativement feutrée et discrète on vient chez Adèle. Mais c'est pas une pension de famille, qu'on se le dise une fois pour toutes.
La porte à l'entrée a été renforcée, on n'entrera plus comme dans un moulin. Le verrou qui clos la maison au reste du monde est fermé à double tour. Qu'on se le dise, maintenant pour entrer au bordel il faudra montrer patte blanche et apprendre à frapper. Il faudra surtout prouver qu'on a une bourse suffisamment garnie pour prétendre fouler le sol de la maison de la du Niffelheim avant de suivre une fille dans une chambre pour y faire des galipettes. Le gardien du temple a été convié, et ne devrait plus tarder à faire son apparition. Lui seul décidera de qui entre ou pas.
Le ménage a été fait, enfin ménage est un moindre mot pour exprimer que quelques gros bras du village sont venus sortir à coups de pied au fondement quelques intrigants simplement curieux et ravis de pouvoir baver au village que « je connais la patronne c'est une copine ». Y'a erreur sur la personne. Les copains, Adèle en a des tas, mais c'est juste des copains. Les amis, elle les compte sur les doigts d'une main. Eux, et eux seuls peuvent pointer leur museau à n'importe quelle heure. Le reste, c'est du client potentiel. Rien d'autre. Les grosses légumes de Craon évidemment ont aussi droit de cité, mais ça, pas besoin de le préciser. D'ailleurs, nombre de fois elle s'est demandé quand le Roy allait lui faire l'honneur de sa visite, histoire de voir ce qui se fait un peu dans son village. Un jour peut être.
Pour l'heure, elle termine son tour des chambres. Elle a ressenti comme un besoin urgent de faire un grand nettoyage de printemps, alors qu'au travers des fenêtres on peut déjà apercevoir quelques flocons qui tourbillonnent. Les fenêtres ont été grand ouvertes, les lits défaits et du linge frais déposé. La lavandière aura du boulot, mais Adèle avait besoin de sentir qu'elle se réappropriait sa maison. Alors tout y est passé. Les futs ouverts ont été vidés au milieu du jardin, d'autres attendent d'être entamés, l'air a été renouvelé, elle a même changé la disposition du mobilier dans le salon d'accueil.
De là à se demander si elle aurait dû remettre son voyage en Poitou il n'y a qu'un tout petit pas à franchir. Mais finalement, même si les choses se sont révélées difficiles, elles auront eu le mérite de se produire rapidement et de permettre un réajustement avant qu'il ne soit trop tard.
Elle n'avait pas l'expérience de tout ça. Juste une grande volonté d'aider quelques filles à sortir de la fange, et puis surtout de permettre à ceux qui le souhaitent de prendre un peu de plaisir sans pour autant avoir à s'engager dans un mariage quelconque qui les mènerait droit à l'alcoolisme ou à la dégénérescence mentale.
On a tous vu de fiers guerriers, durs à cuire, finir cueillant des pâquerettes au printemps, la fleur au dents, le verbe mou et une tripotée de gosses hurlants accrochés à leurs braies, parce qu'une donzelle leur avait mis le grappin dessus. Quelle pitié. Si avec son bordel elle peut éviter que les hommes ne se ramollissent, alors elle aura servi le royaume.
Et puis après tout, c'est la vie. Elle l'a compris depuis bien longtemps. Les hommes, vous leur mettez une femme entre les mains, elle aura beau faire la meilleure cuisine du monde, être de bonne famille, vous pondre trois têtes blondes à la semaine après un coït rapidement envoyé sur le lit conjugal, si elle ne sait pas donner de plaisir, du vrai, du bonheur, elle finira cocue ou à la porte. Sauvons les mariages, convions les hommes mal mariés au bordel !
De ses filles elle ne gardera pas grand monde. Félicie, il va falloir renvoyer Félicie. Son dernier client, aussi crasseux soit il, a visiblement la bourse bien remplie et lui a signifié discrètement au hasard d'une rencontre en taverne son dépit et le peu de plaisir qu'il a pris avec elle. Trop vite envoyé qu'il lui a dit, ou quelque chose du genre. Celle la n'a pas compris que plus on passe de temps avec le client, plus les affaires fonctionnent. Vraiment, elle préfère avoir moins de filles, mais de la bonne, de celle qui saura retenir le client et surtout lui donner envie de revenir. Là c'est pas le cas.
Deux ou trois ont été conviées. Certaines récupèrent de leurs blessures ici ou là dans le royaume, mais viendront dès leur rétablissement effectif. D'autres trainent au village, sans savoir encore si elles vont franchir le pas et surtout le porche de la porte si bien verrouillée maintenant. En attendant, il reste Gisèle et son pucelage. Quelques heures passées à lui apprendre les façons de faire pour garder ce précieux trésor devraient suffire à pouvoir la mettre enfin sur le marché.
Les choses se présentent enfin de la façon dont elle les espérait.
Tu veux de la catin bon marché ? Va trainer dans les ruelles du haut de Sainte marie madeleine, mais ne viens pas te plaindre si tu chopes des morpions ou une quelconque maladie. Tu veux passer du bon temps avec des filles en bonne santé ? tu viens chez Adèle. C'est pas plus difficile que ça.
Le soir tombe sur Craon. La neige recouvre lentement l'herbe du jardin et les branches des grands arbres. Dans l'imposante cheminée, un feu ronronne. D'une main Adèle a repoussé légèrement une tenture pourpre masquant aux indésirables et aux curieux la vie qui se déroule entre ses murs. La bas, un peu plus loin, le village s'assoupit. Dans la soirée elle ira partager quelques absinthes avec ses amis et deux ou trois voyageurs en instance à Craon.
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Qu'on vienne me dire que la ban est rp tiens...