Babette
Elle avait pris la route sans destination précise, mais avait évoqué devant T la possibilité de passer en Anjou, et inconsciemment en avait pris la direction. Le temps de s'arrêter à Thouars.
La Belle n'a habituellement pas cure des cul-bénis ou cul-terreux qui trainent en taverne. Au mieux il y aura un brun ou une rousse qu'elle aimera cul-buter, mais le seul autre intérêt de ces bouges c'est de pouvoir y boire. E ne s'hydrate pas, E ne savoure pas. E enquille les verres. Et avec plus ou moins de classe en fonction du nombre précédant celui qu'elle est en train de vider.
Le temps d'arracher à sa tignasse désordonnée deux ou trois brins de paille que T avait pris plaisir à y fourrer, bien évidemment, elle avait pris le chemin du premier bistrot ouvert, plantant là le jeune homme qui la suivait.
Délicatement, elle s'était affalée...
... sur une chaise, pour changer. Les mirettes avaient avisé les présents, le temps de commander la première tournée. Les suivantes en revanche, aux autres de payer. Faut pas exagérer, elle est jolie, elle est brune, elle est presque polie, faudrait pas qu'elle soit en plus généreuse, ça bousculerait l'équilibre universel.
Devisant de choses et d'autres, elle attrape au vol un prénom qu'elle ne pensait jamais ré-entendre.
Et là...
... il faut se pencher quelques secondes sur le passé d'E. On va faire succinct. Née dans un bordel paumé dans la campagne, elle s'était découverte flemmarde dès la naissance, et d'Elisabeth, son prénom avait mué en E. Plus simple. Sa mère, jeune catin, n'avait rien trouvé de mieux à faire, en plus de mal l'élever, que de mourir de la vérole quand la môme n'avait que treize ou quatorze ans.
Pas de père me direz-vous...
... bah si. Enfin c'est ce que la catin avait raconté à sa fille chérie en tout cas. Que non, à l'époque, elle n'était pas fille de joie, mais juste pauvre et dotée d'un joli minois. Qu'un jeune homme un peu- avec le recul, on dira beaucoup- saoul l'avait troussée et qu'ayant apprécié la chose, elle avait décidé d'en faire son métier. Bon, le souci, c'est qu'elle avait du attendre quelques mois... Parce que ledit jeune homme avait la semence prolixe, et qu'ainsi naquit E.
La brune avait demandé des précisions, pour les oublier aussitot. Sa mère devait divaguer, la vérole, tout ça. Vers la fin, un prénom, un nom, une terre.
Bref...
... vous aurez deviné que c'est ce prénom qu'elle entend de la bouche de Fildaïs. E, avec toute la naiveté de son âge, était persuadée que le "jeune homme" de l'époque devait être mort depuis belle lurette, de la vérole ou de vieillesse- on est tous vieux pour une jeune fille de seize ans. Elle n'avait cru qu'à moitié sa mère.
Et d'observer le père potentiel. Sans vergogne mais avec attention. Repérer un nez, un regard, une expression, et se convaincre. Pendant ce temps, une rousse baronne au tempérament jaloux et à l'alliance indécise s'était renfrognée de la voir si préoccupée du vieux brun attablé.
C'est Fildaïs qui avait lancé le premier pavé.
S'il vous met en appétit je vous le laisse.
" Mais je ne suis pas cannibale !" E et le premier degré, un grand amour.
Vous devez bien voir de quoi je parle...
"Oh... Oooooooh !" Regard courroucé de la rousse berrichonne.
"M'enfin ! ça va pas bien ! C'est mon père !"
C'est là qu'atterrit le second pavé, dépassant largement le premier, manquant provoquer la mort par coma éthylique de Messiah de Penthièvre qui n'en demandait pas tant.
"Allons, cesse de te plaindre, Papa... ç'aurait pu être pire. D'abord, tu es riche, ensuite tu es noble. Enfin, tu es tisserand. De quoi rendre n'importe quelle E heureuse !"
Ah bon ? pas ça qui le perturbait ? Par chance Fildaïs est encore et toujours là, et en soutien, Jo qui d'un coup se révèle ra-vie par la nouvelle.
Elle a votre nez.
Elle a votre regard.
Vous n'aurez pas de couches à changer.
Elle a l'air bien élevée cette petite.
Vrai, j'suis super bien élevée.
... Menteuse.
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La Belle n'a habituellement pas cure des cul-bénis ou cul-terreux qui trainent en taverne. Au mieux il y aura un brun ou une rousse qu'elle aimera cul-buter, mais le seul autre intérêt de ces bouges c'est de pouvoir y boire. E ne s'hydrate pas, E ne savoure pas. E enquille les verres. Et avec plus ou moins de classe en fonction du nombre précédant celui qu'elle est en train de vider.
Le temps d'arracher à sa tignasse désordonnée deux ou trois brins de paille que T avait pris plaisir à y fourrer, bien évidemment, elle avait pris le chemin du premier bistrot ouvert, plantant là le jeune homme qui la suivait.
Délicatement, elle s'était affalée...
... sur une chaise, pour changer. Les mirettes avaient avisé les présents, le temps de commander la première tournée. Les suivantes en revanche, aux autres de payer. Faut pas exagérer, elle est jolie, elle est brune, elle est presque polie, faudrait pas qu'elle soit en plus généreuse, ça bousculerait l'équilibre universel.
Devisant de choses et d'autres, elle attrape au vol un prénom qu'elle ne pensait jamais ré-entendre.
Et là...
... il faut se pencher quelques secondes sur le passé d'E. On va faire succinct. Née dans un bordel paumé dans la campagne, elle s'était découverte flemmarde dès la naissance, et d'Elisabeth, son prénom avait mué en E. Plus simple. Sa mère, jeune catin, n'avait rien trouvé de mieux à faire, en plus de mal l'élever, que de mourir de la vérole quand la môme n'avait que treize ou quatorze ans.
Pas de père me direz-vous...
... bah si. Enfin c'est ce que la catin avait raconté à sa fille chérie en tout cas. Que non, à l'époque, elle n'était pas fille de joie, mais juste pauvre et dotée d'un joli minois. Qu'un jeune homme un peu- avec le recul, on dira beaucoup- saoul l'avait troussée et qu'ayant apprécié la chose, elle avait décidé d'en faire son métier. Bon, le souci, c'est qu'elle avait du attendre quelques mois... Parce que ledit jeune homme avait la semence prolixe, et qu'ainsi naquit E.
La brune avait demandé des précisions, pour les oublier aussitot. Sa mère devait divaguer, la vérole, tout ça. Vers la fin, un prénom, un nom, une terre.
Bref...
... vous aurez deviné que c'est ce prénom qu'elle entend de la bouche de Fildaïs. E, avec toute la naiveté de son âge, était persuadée que le "jeune homme" de l'époque devait être mort depuis belle lurette, de la vérole ou de vieillesse- on est tous vieux pour une jeune fille de seize ans. Elle n'avait cru qu'à moitié sa mère.
Et d'observer le père potentiel. Sans vergogne mais avec attention. Repérer un nez, un regard, une expression, et se convaincre. Pendant ce temps, une rousse baronne au tempérament jaloux et à l'alliance indécise s'était renfrognée de la voir si préoccupée du vieux brun attablé.
C'est Fildaïs qui avait lancé le premier pavé.
S'il vous met en appétit je vous le laisse.
" Mais je ne suis pas cannibale !" E et le premier degré, un grand amour.
Vous devez bien voir de quoi je parle...
"Oh... Oooooooh !" Regard courroucé de la rousse berrichonne.
"M'enfin ! ça va pas bien ! C'est mon père !"
C'est là qu'atterrit le second pavé, dépassant largement le premier, manquant provoquer la mort par coma éthylique de Messiah de Penthièvre qui n'en demandait pas tant.
"Allons, cesse de te plaindre, Papa... ç'aurait pu être pire. D'abord, tu es riche, ensuite tu es noble. Enfin, tu es tisserand. De quoi rendre n'importe quelle E heureuse !"
Ah bon ? pas ça qui le perturbait ? Par chance Fildaïs est encore et toujours là, et en soutien, Jo qui d'un coup se révèle ra-vie par la nouvelle.
Elle a votre nez.
Elle a votre regard.
Vous n'aurez pas de couches à changer.
Elle a l'air bien élevée cette petite.
Vrai, j'suis super bien élevée.
... Menteuse.
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