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[RP] Memento mortuus sum.

Ceraphin
Mourir ne faisait pas si mal que ça.
Du moins, pas autant qu'il l'aurait pensé.
Il faut dire, qu'il n'eut guère le temps de la voir s'en venir, la malemort... Du moins pas plus que le temps d'une charge militaire menée à grand galop, sous pavillon du Ponant.
Juste le temps de serrer les dents, l’écu et l'épée, le temps de se voir encerclés et acculés, là perdus en pouilleuse et rase campagne guyennoise.

La Guyenne.
Désormais terre maudite... déjà pays d'hérésie et désormais lande de félonie.
Félons au Roy, frappant son armée clairement diligentée, portant nettement l'étendard à fleur de Lys.
Avant de sombrer, le gamin avait lancé ce regard à la fois surpris et désabusé vers son capitan, celui qu'il appelait "oncle".
Pourquoi?
Au nom de quelle vanité refusait-on ainsi l'autorité royale, allant jusqu'à porter le fer contre ses gens d'armes?
Alors que de surcroit ils se tenaient immobiles depuis plusieurs jours, respectant la trêve dominicale et attendant le plan de retrait sur la Gascogne qui avait été décrété par la Pairie, face à l’hostilité du conseil guyennois pour ce qui ne devait être qu’un simple passage.

Memento Mori... cela sonnait comme un glas, un avertissement pour ceux croisés, mais aussi et surtout pour eux même.
Souviens toi que tu vas mourir.
C’est surement pour cela qu’aucuns n’avaient pas chercher à fuir.
Il s’en souvenait maintenant, d’une façon plus ou moins brumeuse mais les images étaient là, imprimées dans son esprit.
Memento mortuus sum.
Souviens-toi que je suis mort.
Et il se souvenait précisément qu'il avait été mort... alors...

Avait été?
Comment se faisait-il qu'il y pensait au passé?
Eh bien… parce qu'il ne l'était plus, mort, c'était aussi simple que cela.
La logique apportait toujours son pragmatisme fataliste, aussi déconcertantes pouvant être ses réponses induites.
Et donc, par conséquent, il était logique de penser que l’Azayes avait dû être confronté à quelconque autorité céleste… peut être même Aristote ou Christos, en personne.
Pourquoi donc n'avait-il point accepté sa mort et l'accession au paradis solaire?!
Là encore, à bien y penser, il n’y avait nulle place à l’aléa.
Car c'était l'occasion tant espérée pour retrouver Maman... et revoir son paternel et bien d'autres encore.
S’il avait refusé l’opportunité, c’était probablement pour une raison incontournable, inéluctable.
Accomplir telle œuvre primordiale, tel dessein divin qui prenait le pas sur toutes considérations personnelles et humaines.

Et là, chahuté au creux d’une carriole poisseuse ou s’empilent les corps, ou se mêlent mort et vie, alors qu’il reprend une laborieuse connaissance, la réponse s’impose clairement à lui… l’hérésie et la félonie ne peuvent rester sans réponse.
Archange ou Griffon, il aurait à lutter pour faire valoir la toute puissance du Très Haut et du Roy, car s’il avait à revivre ce n’était pas sans raison, ce n’était pas sans dessein.
Amen.

Mais pour l’heure cet attelage peut bien aller ou il veut, Ceraphin n’avait pas la volonté d’y changer quoi que ce soit.
De toute façon peu étaient réellement maitres de leur destin, même s’il était toujours plus rassurant de croire le contraire.
Alors allons donc vers ce lendemain hasardeux, qui ne pourra vraisemblablement qu’être meilleur que le jour de sa propre mort.

Et crachant les dernières humeurs d’une mort refusée, au rythme d’un hoquet laborieux et inconfortable, un Griffon sombre à nouveau dans la noirceur d’une inconscience péniblement réparatrice.


Demain… demain, je vivrai…

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Namaycush
[Le jeu…l’enjeu…]


Saleté de Kabote qui hante esprit et cœur de vieux capitaine…
Plus haut une certaine Nith, Nx, l’observe, le juge sur ses actes à venir….

Camps retranché, formation en hérisson, l’officier sait qu’il ne craint pas grand-chose sur une frappe. Pas deux !

Lui a haussé haut les couleurs de lys de la royauté, doublées du prestigieux agrément gascon…
A l’heure ou alors que missive de la Connétable de France arrive, ordonnant repli sur la Gascogne, il observe les pavillons du Poitou flottant sur les armées de Guyenne, la lâche, la pleutre, la misérable souillure du royaume, incapable de faire flotter ses couleurs sans mauvaise augure pour ses armées.

Il n’a jamais été vaincu sur les terres de l’urinoir de France, il est passé contre vents et armées dédoublées. Pourtant cette fois… il hésite… regarde ses troupes… un cul nu au milieu amené par Sacallan…sa femme toujours présente…. Il va obéir tout simplement….

Ordres secs à contrecoeur…


Compagnie à moi !

Lances hautes, écus retournés ! Bas de montures !


Ce qui veut dire à tout non initié aux termes martiaux, aucune intention hostile…

En Agen, sale pruneau, déferlante d’armée blindée en charge de cavalerie lourde défit « Memento Mori », sans pitié, sans partage, sans légitimité…

Juste le temps de s’accroupir, lame levée, et de croiser le regard plein d’incompréhension du « Fils »… levée de pouce, en tombant sous charge déloyale, en sa direction….et juste un cri…


Je t’aime !

Longtemps le souvenir des oriflammes poitevines hanteront esprit d’officier gascon…. Et prix du sang, bientôt, sera payé de manière extraordinaire…

Plus loin, plus tard, il se devra de trouver l’eau, source de vie, puis accrocher poisson furtif de ses doigts, le croquer, vomir de sa bile, s’accrocher à une terre qui n’est pas la sienne avant que Lacallan vienne le récupérer, le cacher, le protéger….

Inexorablement, le duc menteur paiera…ses alliés aussi, d’une manière ou d’une autre….

_________________
Ceraphin
Le jour d'après...

Parce qu'il y a toujours... le jour d'après.
Certes, il y a toujours et tout autant le jour d'avant, sauf que, bien souvent, celui-ci n'est à priori rarement identifié en tant que tel puisque le jour J, celui qui marquera la référence, n'est pas encore su.
Et le jour d'après demeure celui des bilans et des réflexions post évènementielles.
Le jour d'après, donc...

Ce fut un jour étrangement calme et nuageux, de ceux qui semblent ne jamais voir tout à fait le jour, perdu entre clair obscur et grisaille.
Etait-ce le temps ou le retour à la vie... il sembla au jeune homme que ce jour était terne et pesant.
Néanmoins, ce fut un jour qui valut la peine de vivre, aussi laborieux fut-il.

La première action de l'Azayes, lorsqu'il reprit pleinement ses esprits, fut de fuir l'infirmerie d'infortune qui avait été montée à la hâte et sommairement.
Certes il reconnut bien Kahhlan œuvrant au milieu des blessés, mais sans savoir comprendre et encore expliquer pourquoi... il fuit le lieu.
Comme s'il eut été honteux d'être reconnu là, parmi ces gisants... comme s'il eut porté malheur de rester plus longtemps en périphérie de la mort.
Comme un mauvais réveil succédant à un mauvais sommeil.
L'envie de fuir le souvenir d'un passé trop présent, et de reconstruire un proche avenir à bonne distance du mauvais sort subi.

C'est ainsi, errant dans les ruelles de la cité qu'il apprit qu'il était, qu'ils étaient, à Muret, en Armagnac.
Donc, finalement, il s'était écoulé plusieurs "jours d'après" avant qu'il ne reprenne conscience...
Muret... Armagnac... voilà qui n'évoquait, chez Ceraphin, nulle sympathie ni antipathie particulière.
Une ville comme on en croisait souvent, sans même s'y attarder.
Cette fois, il n'aurait pas le choix.

Haussant les épaules à ce constat, il remonta la ruelle vers la place du marché.
Manger demeurait essentiel pour reprendre quelques forces.
Et pour cela, travailler s'imposerait.
Au préposé municipal il su faire bonne impression afin de décrocher un labeur à peu près bien rémunéré... un servage passager que son statu ne lui autorisait certes pas.
Mais l'adopté d'Azayes s'en moquait bien, à ce compte il préférait assuré sa pitance de la façon qu'il savait faire depuis ses plus jeunes années.
Au pire, si on le lui reprocherait un jour, il invoquerait l'alibi de l'amnésie passagère post traumatique.
Pour l'heure, comme l'enfant qu'il était encore un peu, il choisissait de trouver refuge dans ce qui le rassurait, ce qu'il savait pouvoir maitriser... comme un labour ou une moisson, par exemple.
Et puis il lui faudrait promptement gagner de quoi s'armer à nouveau, et se requinquer aussi.

Fallait-il croire que le baptême des armes ne l'avait point affecté?
Si, probablement, mais le sentiment d'avoir désormais divine mission à tenir surpassait tout.
Pourtant, plus d'une fois dans cette grise journée, il revit la charge violente, entendit le fracas des armes, ressentit le choc des coups.
Il revit le Capitan lui vociférant quelques mots qui lui échappèrent dans le tumulte assourdissant de la bataille.
Que dit-il?
Il le saurait bien un jour...

En fin de journée, à l'abri d'une chambre d'auberge, l'Archange se réfugia dans une autre habitude... l'écriture.
Un message à faire parvenir en terre de Périgord.
Pourquoi ce courrier là?
Bonne question.
Peut être pour s'excuser d'être tombé et de n'avoir pas su être assez fort pour tenir un rendez-vous en temps et en heure.

La plume racornie qui ne le quitte pas, glisse rapidement sur le vélin...




A mon mentor des premières heures,
Adishatz!

Je prends sommairement la plume pour te demander le pardon.
Le pardon de ne pouvoir être en terres du Périgord aussitôt que je l'aurais voulu.
Sur la route de Memento Mori, la malemort s'est dressée, au service de félons de Guyenne et du Ponant, qui nous firent choir sans raison, du moins à ce que je pense.
Nous cherchions le passage pour rejoindre notre destination...

De fait, me voici en Armagnac, contraint pour moult jours à patienter un rétablissement plein et entier.
J'en suis contrit.
J'ai hâte de bien des choses, dont nos retrouvailles.

Porte toi bien, mon tuteur.
Et qu'Aristote te garde, même si tu n'as pas encore appris à l'aimer.

De Muret, en Armagnac...

Ceraphin, tombé sur les chemins.
D'Azayes et de Bourdeille.


Effet salvateur et rassérénant du devoir accompli... le sommeil s'en viendra bientôt imposer son silence assourdissant, peuplé de cris tacites et d'un vacarme subliminal.

Et demain sera encore un autre jour d'après.

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Ceraphin
Et les jours d'après finirent pas se faire inexorablement nombreux.
Or la qualité se révélant souvent antinomique à la quantité, force était de constater que ces jours là ne furent pas d'une saveur particulièrement inoubliable pour le jeune Ceraphin.
Contraint là à demeurer en terre étrangère, l'amertume d'une première défaite encore en fond de gorge, l'ulcération brûlante d'une rencontre avec la mort installée dans ses tripes, l'Azayes avait laissé s'écouler ces jours comme on se purge d'une mauvaise humeur à grand renfort de saignées.

Il s'était laissé plongé dans une solitude taciturne particulièrement depuis le départ des derniers Memento.
Difficile, lorsqu'on a quinze et que l'on se sent invincible, d'admettre que finalement l'on récupère moins vite que les autres.
En même temps c'était fort logique que hommes et femmes aguerris soient mieux préparés que lui.
Mais la logique et l'ordre naturel des choses ne font pas vraiment partie des convictions qu'un adolescent possède, balloté ça et là par des vents et des marées physiologiques propres à son age.

En révolte et en rébellion.
Mais tacites et internes.
En même temps, pour aller ouvrager au fond d'une mine, nul n'était grand besoin de parler ou de s'épancher.
Et quant à être de sombre humeur, autant l'être à l'abri de la lumière, au cœur de la terre.
Travailler était aussi un acte de rébellion... toujours en opposition avec son rang mais il s'en foutait comme de l'an 1400 et qui s'en soucierait, maintenant que le Capitan s'était éloigné?
Le gamin avait sa fierté, il n'irait pas appeler secours auprès de son cardinal d'oncle pour adoucir sa convalescence forcée.

Et puis la mine lui rappelait des souvenirs d'autrefois, du temps de ses errances en Périgord, avant de rencontrer Mordock, l'ogre de Castillon.
Ce dernier lui avait d'ailleurs répondu, un parchemin froissé dans un replis de sa chemise en témoignait...





"Mon grand,

quelle triste nouvelle que d'apprendre que tu es tombé au combat. Cette nouvelle me remplit de remords tant je m'en veux de ne pas avoir été à tes cotés pour t'éviter le pire.
Je souhaite que tu te remettes le plus rapidement possible de cette vilaine blessure et je chéris l'espoir de t'accueillir prochainement dans ma maisonnée. Je souhaite, à cette occasion, te parler de nous, mon fils, et te proposer de ne plus se quitter dorénavant. Ton absence me pèse chaque jour car tu es ce qui m'est le plus cher Céraphin.

Mordock Oran"


Il faudrait bien qu'il lui réponde un jour.
Il faudrait aussi qu'il donne signe de vie à Davia, l'ami Corsu, volée par les Blanches.
Maudites Blanches.
Il maudissait beaucoup de monde ces temps-ci, tapis au fond de sa paillasse, la nuit venue.
Jusqu'à même porter reproches à Diane d'être venue en son village, un jour.
Sans elle il y serait encore, dans son village.
Son père serait surement toujours vivant et il aurait surement une vie plus paisible.
Puis souvent, face à l'absurdité de ses reproches silencieux, il finissait par pleurer sans un bruit, poings et mâchoire serrés, honteux de trahir ainsi le souvenir de celle qui était devenue Maman et qui lui manquait encore si souvent.

Devenir un homme était plus douloureux qu'il ne l'aurai cru, mais il ne s'en plaindrait pas, du moins pas à voix haute.
Ou du moins pas plus haute qu'un gémissement involontairement échappé au milieu d'un cauchemar par trop réaliste...

Demain serait il enfin un autre jour?

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Ceraphin
Un soir, à la faveur d'une mauvaise chandelle dont la suie s'en va inexorablement noircir le mur de sa chambrette d'auberge... comme un besoin de confesser ce qui le ronge, sans en dire un mot à quiconque...



Hier j'ai fini par le faire.
Il faut dire qu'Il me narguait depuis trop longtemps.
Je n'ai pas aimé ses outrages et sa façon de se moquer de ma solitude, je n'ai pas aimé sa façon d'imposer ses règles à tout le monde.
Il prenait plaisir à piétiner devant moi, pour que je reste plus longtemps dans cette foutue mine... c''était trois fois rien au départ mais à force, j'ai fini par en avoir plus qu'assez.

Alors ça devait arriver.
Depuis ma mort, je sentais bien que mon humeur s'était dégradée, que je n'étais plus tout à fait le même.
Jusqu'à avoir des envies de meurtre.
Et les envies, lorsqu'on les nourrit trop... finissent par engendrer des actes.
Alors je l'ai fait.
Il faut croire qu'à être revenu de la mort on en vient à la penser fréquentable, surtout pour ceux que nous n'aimons guère.

Il faut dire aussi, pour ma défense, que j'avais atteint les limites du supportable.
Et à le voir encore se trainer au fond de la mine, imposant sa despotique présence à tout le monde, imperturbable, cruel et égocentrique... j'ai craqué.
Au détour d'une galerie déserte, je ne l'ai plus laissé passer... et encore moins s'enfuir.
A grands coups de pioche.
La colère a cette capacité à vous rendre soudainement aussi insensible que la roche que vous creusez, alors j'ai exprimé ma rage... j'ai extériorisé toute mon impuissance jusque là contenue.
Alors j'ai frappé et encore frappé, sans chercher à ouvrir les yeux sur ce que je faisais, sans chercher à rationnaliser mes actes.
Je voulais le détruire, l'éparpiller, le pulvériser... le faire disparaitre de la surface de la terre et de ses entrailles aussi.
Lui montrer qu'aujourd'hui ce n'est pas lui qui serait le maitre, le donneur d'ordre... lui montrer qu'il ne serait désormais plus rien, parce que Je l'avais décidé!
Je ne me suis arrêté que bien après, lorsqu'il m'a semblé évident que j'étais parvenu à mes fins.

Donc, hier je l'ai tué, le tyran.
Hier j'ai tué le temps.
Mais malheureusement, je sens bien que ce n'était que provisoire et qu'il est déjà revenu imposer sa cadence.

Au moins... j'aurai essayé.


La solitude peut rendre philosophe... ou fou.
Espérons que...

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Ceraphin
Même lieu, un temps plus tard.
Mais que vaut un temps?
Une période, une longueur, une langueur...

Quarante cinq jours contraints valent un temps.
Et ce temps était révolu.

Assis sur un coin de la paillasse qu'il abandonnera sans réelle tristesse, Bourdeille fait l'enfant à ainsi écrire, au dernier moment, au dernier instant, une missive qu'il a trop longtemps repoussée.
Non qu'elle lui en coute mais faut-il croire qu'il s'était laissé avalé par une apathie salvatrice.
Donc une missive, vite tracée même s'il y met tout de même les formes.
Bientôt la voix tonitruante et gasconne d'un de ses compagnons d'arme sonnera l'appel au départ.
Alors, aussi vite qu'une plume biseautée puisse glisser sur un vélin de piètre qualité...




De Muret en Armagnac,
Début de Décembre 1458.

A la Princessà de Corsu,
Adishatz!

Mon amie...
Me voici au terme de ma pénitence, en conclusion de ma convalescence.
Sous peu, soit dans moins d'une heure, je vais reprendre les chemins aux côtés de deux compagnons d'arme.
Nous retournons en Gascogne.
J'ignore encore les suites du programme, Davia.
Je ne sais ce qui m'attend là bas... j'y interrogerai le Capitan.

J'ai quelques projets personnels, dont celui de retrouver en Périgord, mon tuteur que tu as surement aperçu le jour de notre baptême.
Et peut être même que je pourrai pousser la route jusqu'en Touraine.
Une idée comme ça... mais je ne peux rien promettre, je ne suis pas toujours maitre du lendemain.

Et toi, comment te portes tu?

J'abrège là, damiselà, les chemins m'appellent.
Muret a fini de m'emmurer!
A moi la liberté.

Ton Archange.
Ceraphin d'Azayes.
Seigneur de Bourdeille.


Adiou l'Armagnac.
Le gascon donne de la voix dans l'auberge, inutile de le laisser beugler plus longtemps et de leur attirer quelque ennui.
En même temps Ceraphin le comprend... la terre natale a toujours des relents de terre promise.

_________________
Davia
Un petit atelier de charpentier, Loches, Touraine
Mi-décembre 1458


Dieu qu'il faisait froid ce soir là. Après avoir trimé à l'atelier comme à son habitude, oeuvrant pour la mairie et sa chère mère, préparant échelles, seaux et manches, elle avait finit par s'emmitoufler dans sa cape de laine bleue pour prendre un peu l'air, s'éloignant de l'endroit humant la sciure de bois, reposant ses mains douloureuses d'avoir raboté le bois.

La permission qu'elle avait pris auprès de ses soeurs Blanches duraient. Pas de missions en perspective. Et c'est avec délice que la jeune fille savourait des jours tranquilles dans sa ville d'adoption. Tranquilles? C'était une illusion, entre les ducales, les conflits familiaux et le reste, aucune journée n'était tranquille.

Lorsqu'elle rentra chez elle, après avoir pris une bonne bolée d'air, le nez gelé et le corps engourdi, elle trouva sur le pas de sa porte un petit pigeon grelottant. Elle poussa la porte, le pigeon dans les mains et ôta la bague et défit le parchemin.

Un léger sourire étira ses lèvres. Un parfum de Gasconha, un air de son pays natal, le coeur qui se réchauffe au regard des lettres fines et bien formées qui ornent le parchemin. Une écriture qu'elle affectionne et un murmure sur ses lèvres:
l'Archange...


Une fois la missive lue, elle prit sa plume et un velin qui traînait, à portée de main et s'attela à la tâche.



Bien cher Seigneur de Bourdeilles
A mon Archange préféré,

Un petit pigeon égaré se trouvait, grelottant sur le pas de ma porte. Quelle joie d'avoir de tes nouvelles! Alors ça y est, l'Archange, ta convalescence est terminée? Comme tu dois être heureux, enfin... enfin tu vas pouvoir déployer tes ailes et voler à nouveau. Je t'imagine, blessé, reclu dans cette ville étrangère, Dieu merci tu vas bien et tu es sauf. Et tu rentres à la maison... cette maison que je connais si peu. Cette Gasconha que je n'ai vu qu'une fois. Si je pouvais, je t'y accompagnerais bien, tu sais?

Je suis en permission depuis une quinzaine de jours, je profite de Loches, de la famille, j'ai même pu voir un peu mon père, chose rare. Il est toujours aussi sage et de bon conseil. Et pourtant tu sais, j'aimerais passer un peu de temps en Gasconha.

Je suis devenue apprentie chez les Blanches aussi, ça y est, je suis une vraie Blanche pour de bon et mes doutes et mes appréhensions ont disparues. J'y ai vraiment trouvé ma place.

Je me languis de toi aussi, j'avoue, un peu. Personne à embêter, nos fous-rires, nos jeux d'enfants, nos disputes amusantes, nos entraînements épée à la main. Tout ça me manque beaucoup, mais je sais qu'on se rattrapera lorsque nous nous reverrons.

Transmets mon bon souvenir au Capitan et surtout si tu vois ton oncle, fais lui part de ma filieule affection.

Il est déjà bien tard et malheureusement, je dois éteindre la chandelle et aller me reposer, le Jargor et l'Hydre guettent aux alentours de Loches, ils ont déjà pris la mairie une fois et je dois être en forme si nous avons besoin de défendre à nouveau.

Prends soin de toi l'Archange, que le Très-Haut te garde et profite de tes ailes, vole l'Archange, ça te va si bien!

A prestu amice.

Davia Corsu de Villandry,
Ta Princessà.


Elle relut sa missive, vérifiant de ne pas avoir fait de fautes, lissa le parchemin, le plia consciencieusement. Dehors, le vent sifflait, s'infiltrant dans les intestices des fenêtres. Elle carressa le pigeon, lui accordant un peu de temps encore pour se remettre et se réchauffer, le nourrissant. Elle attacha lentement le velin à la patte de la petite bête et ouvrit la porte, lui rendant sa liberté. Il allait retrouver un autre volatile d'une autre taille, mi-griffon, mi-Archange... Elle ferma la porte, souffla sur la bougie et monta dans sa mezzanine, pour se glisser sur sa couche. Morphée l'emporterait sous peu et elle voguerait dans des rêves de chevalerie, de joutes et d'Archange salvateur.
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