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[RP] Ecole Spinoziste d'Artois

Nicolas__eymerich
Samedi matin, Nicolas renversa l'étal qu'il avait installé sur la place du marché la veille et se jucha dessus. De là haut, il avait une bonne vue sur la foule et, moyennant quelques coups de trompettes, réussit à attirer suffisamment l'attention pour commencer son prêche.

Citation:
Villageois, Villageoises, Shalom !


Je suis Nicolas Eymerich de Tramecourt, Admor spinoziste. Je me présente devant vous pour vous exposer quelques idées nouvelles - et probablement interdites par les autorités en place - pour alimenter votre esprit critique et vous aider à comprendre les injustices qui vous sont faites au quotidien.


Tout d'abord, je suppose que certains d'entre vous n'ont pas compris qui je suis. Les spinozistes sont les adeptes du spinozisme, la première religion du Livre des Vertus, la plus ancienne. Nous pouvons revendiquer plusieurs millénaires d'histoires, et notre vision du monde est plus simple que celle de l'aristotélisme romain, qui est un schisme du spinozisme soit dit en passant. Les Admors sont des spinozistes qui ont choisi la voie de l'enseignement. Par nos cours et nos prêches, nous cherchons à libérer les hommes et à leur permettre de se rapprocher de Dieu, ou plutôt Hashem - c'est à dire l'Innommé en hébreu - ou encore l'Immanent ! Pour plus de renseignements, n'hésitez pas à me consulter.


Aujourd'hui, nous allons débattre de la dimension onirique de l'aristotélisme romain par rapport au pragmatisme spinoziste.


L'avez vous remarqué ? La plupart des textes fondateurs de l'aristotélisme relèvent du domaine du rêve. Ce sont des souvenirs de rêves ou de cauchemars faits par des personnes – dont nul ne peut d'ailleurs attester qu'il a vraiment existé – en rapport avec la volonté divine. Beaucoup de rêve, d'imagination, et sous-tendant tout cela, une volonté d'Idéal. L'idéologie romaine est celle d'un monde parfait, où la vertu tel que définie par le droit canon serait une valeur universelle, où les vices seraient bannis et les bonnes actions largement répandues.


Une société parfaite, une vision totalement normatrice des choses, qui reposent sur des règles, des règles et encore des règles ! Plus de liberté, vive le bonheur des masses et sonnent les trompettes divines.


Or, nous spinozistes ne le savons que trop bien, rêve et idéaux sont trop dangereux pour être l'apanage des hommes. C'est au nom de concepts imaginaires que des hommes, abusés par une raison défaillante – puisque se référant à des principes inexistants mais qui les séduisent plus que la réalité – se livrent à des actes infâmes, des exactions qui feraient horreur à tous s'ils - et à eux en premier – s'ils avaient leur entière intelligence.


Comment expliquer les croisades infructueuses, la bureaucratie asphyxiante, la politique de recrutement désastreuse, l'excommunication systématique de toute voix divergente, la diminution de la foi et la sclérose générale de l'église romaine, si ce n'est par cette dimension onirique de l'aristotélisme qui pousse des hommes à priori sains de corps et d'esprit à s'égarer dans des impasses et des décisions sans compréhension une fois qu'ils ont revêtu la soutane ecclésiastique ?


C'est pourquoi, face à cette débâcle annoncée et inévitable, nous spinozistes apportons le moyen d'éviter le pire, d'empêcher la fin du monde ou sa négation. Oh, ne vous y trompez pas, la fin des temps ne sera pas le fait de la volonté divine, mais celle de la folie des hommes abusés par leurs poursuites d'une perfection idéale et rêvée. Et pour prévenir cela, rien de mieux qu'un peu de pragmatisme spinoziste.


Venez dans nos Écoles. Nos principes sont fondés sur la réflexion, nos textes fondamentaux sont des biographies édifiantes de spinozistes rendus illustres par leurs actes déterminants. Le dogme spinoziste – si tant que ce terme puisse s'appliquer à notre cas – repose sur l'étude de l'histoire, l'analyse des causes et conséquences des actions effectuées, le jugement objectif des résultats obtenus. Le spinozisme, c'est presque de la science ! Nous faisons ce qui est juste, ce qui est nécessaire, pas ce que nous jugeons comme moralement supérieur.
Chez nous, pas de valeurs abstraites et intangibles. Il n'y a pas la vertu d'un côté, le péché de l'autre. Une chose peut être bonne un jour et mauvaise le lendemain. Tout change, et nous prêchons l'adaptation aux circonstances, la recherche de résultat durable sur le socle de la réalité mouvante, plutôt que le placage de vertus immuables qui nie la réalité même. Pas de cité idéale, de grand rêve demandant de long sacrifices et une discipline stricte qui en vérité induit insidieusement à la soumission et la servitude.


Le spinoziste est homme libre. S'il obéit à des règles, il a surtout appris à juger ses propres actes pour ne pas s'égarer dans ce qui pourrait nuire à la majorité.
Le spinoziste est homme juste. Equitable et impartial, il juge selon ce qu'il devine des effets sur l'avenir, du résultat sur l'harmonie du monde, pas sur des principes permettant à certains de dominer d'autres.
Le spinoziste est pragmatique, il ne prend pas forcément des décisions populaires et satisfaisantes, mais il le fait toujours dans l'intérêt général, lui même ne cherchant jamais le profit personnel.


Libérez vous des rêves aristotéliciens, réveillez votre intelligence, votre compréhension du monde tel qu'il est et non pas tel que la fable romaine l'a inventé, devenez un humain à part entière, le fier enfant de la puissance divine. Devenez spinoziste.


Evitant quelques lancers de tomate d'adversaires imprudents, Nicolas se réfugia dans l'église une fois son discours fini.
_________________
Adso


Adso répondit aux propos irrévérencieux sur sa constitution physique par un regard noir qui, s'il pouvait tuer, aurait avantageusement remplacé dix gardes épiscopaux.

Néanmoins pas peu content que le rustre lui laisse la vie, Adso fut intrigué par ses paroles sibyllines... Qu'est-ce que ce nomdidiou de spino était en train de préparer ? Mais la fatigue du voyage se faisant désormais ressentir au delà du soutenable, Adso décida de se mettre en quête d'une auberge pour la nuit.

Quelle ne fut pas sa surprise au matin de découvrir, comme un peu tout le monde qui était capable de lire dans le village, les affiches qui annonçaient que l'église était occupée par les spinozistes, et l'aristotélisme, "toléré"...

Contenant sa fureur, Adso se rendit au bureau du guet, non sans avoir au préalable écrit une lettre pas piquée des hannetons à la comtesse.

Citation:
De nous, Adso,
Archevêque de Cambrai, Protonotaire apostolique, etc, etc...

A vous, Elena Hale d'Harlegnan, Comtesse d'Artois.

Votre grandeur,

Un de vos vassaux du nom de Nicola-machinchose, spinoziste de son état, a eu l'outrecuidance de s'introduire dans l'église d'Azincourt, et d'en détourner l'usage au profit de sa religion impie. Il a pas ailleurs "bannie" la foi aristotélicienne de ce village qui est sous votre protection.

Je vous demande instamment de mettre en oeuvre tous les moyens possibles pour le déloger, et restaurer l'ordre aristotélicien en cette bonne ville, pour le salut des âmes que le Très-Haut a mis sous votre garde.

Que le Très-Haut vous protège et éclaire votre jugement,

Adso.




Nicolas__eymerich
Dimanche, jour de messe aristotélicienne dans une cure aristotélicienne, mais chez les spinozistes, il n'y avait pas d'église - puisque toute la terre était divine, pas besoin d'un lieu béni - et le concept de paroisse disparaissait au profit de celui de communauté, dont Nicolas était l'admor actuel et s'apprêtait à faire une lecture publique du livre des puissances, puisque la messe en tant que telle n'existait pas, le contact avec le divin étant direct chez les spinozistes.

Habitants d'Azincourt, shalom

Je suis très heureux de vous voir aujourd'hui, d'autant qu'en vertu du décret spécial numéro 127 qui a été édicté il y a 5 minutes dans la sacristie, tous les habitants d'Azincourt qui ne viendront pas à la lecture dominicale, seront accusés de troubles à l'ordre public.

L'admor étala un parchemin sur le lutrin et commença à le lire.

Aujourd'hui, nous allons lire un extrait de la version aristotélicienne de la vita d'Aristote. il s'agit du dialogue V, extrait de la 1ere partie de la vita.

Citation:
Aristote ayant atteint l’age de quinze ans, il perdit père et mère, et fut confié à la tutelle d’un proche parent, Proxène, lequel vivait dans des contrées reculées, entre Stagire et Athènes. Le jeune orphelin était éduqué au rude travail de la terre. Cette condition ne le satisfaisait guère,
persuadé que son esprit était plus capable que ses mains. Il faisait souvent la rencontre d’humbles paysans, avec lesquels Proxène travaillait. Il admirait certes leur goût pour la vie simple, loin des fastes somptueux et du luxe qui, il le pressentait, conduisaient certainement au vice. Mais Aristote s’étonnait cependant de leurs coutumes.

Un jour, il vit l’un d’eux se livrer à la prière. Aristote se souvint de son dernier dialogue avec Epimanos, et voulut prendre le paysan en défaut.

Aristote : "A qui adressez –vous vos prières, brave homme ?"

Le paysan : "Et bien aux dieux, mon jeune ami."

Aristote : "Aux dieux ? Mais qui sont-ils ?"

Le paysan : "Ils sont Aphrodite, Apollon, Arès, Artémis, Athéna,
Déméter, Dionysos, Hadès, Héra, Hermès, Héphaïstos, Poséidon, et le
plus grand de tous, Zeus. Chacun siège à Olympe."

Aristote : "A Olympe, où est-ce ?"

Le paysan : "C’est une cité merveilleuse, perchée en haut d’un mont
que nul n’a jamais vaincu. Vois-tu le mont Athos ? Et bien l’Olympe est
cent ou mille fois plus élevé, un truc du genre."

Aristote : "Mais vous même, n’avez vous jamais tenté de grimper sur
cette montagne ? N’êtes-vous pas curieux de voir de vos yeux ces
divinités que vous priez chaque jour ?"

Le paysan : "Oh non, jeune homme. Je ne suis qu’un humble paysan. Ma place est ici, non sur l’Olympe."

Aristote : "Mais alors, comment pouvez vous croire en la réalité de
ces dieux, si vous n’avez point constaté leur existence de vous même ?"

Le paysan : "Parce qu’on m’a enseigné qu’ils existaient, et qu’il
fallait que je les prie pour que ma récolte soit meilleure, et que mes
vaches deviennent grasses."

Aristote : "Voilà bien une chose étrange, vous ne priez pas par
amour pour le divin mais par appétit terrestre. Je pense pour ma part
qu’il est irrationnel de rechercher le matériel dans le spirituel. Mais
à dire vrai, il n’y a pas que ça que je trouve irrationnel dans ce que
vous me dites."


A travers cet extrait du dialogue V, nous pouvons déceler deux des défauts de l'église aristotélicienne :

- tout d'abord, en prônant le transcendantalisme de la divinité, les prêtres vous obligent à avoir une foi aveugle en une chose que vous n'avez jamais vu, que vous ne verrez jamais et dont l'existence ne sera jamais prouvée. A la place, on vous impose une caste de ploutocrates parlant un charabia mystique qui vous empêche de comprendre de quoi il retourne vraiment, de sorte qu'ils peuvent vous manipuler à l'envi, offrant aux plus dociles l'espoir du paradis, aux plus rétifs la crainte d'un enfer. Carotte et bâton, rien que de très classique dans leur politique.

- ensuite, Aristote reproche au paysan sa vision matérielle de la foi. Il ne prie que pour obtenir quelque chose, ce en quoi nous pouvons faire un parallèle avec l'église aristotélicienne. En effet, avec tous les concordat et les lois obligeant à embrasser le culte aristotélicien, les hommes ne sont plus libres de leur choix. Pis encore, s'ils veulent accéder à certaines fonctions, s'ils veulent se marier ou permettre à leurs enfants d'hériter de leurs biens, voire être enterrés dans un cimetière, ils doivent se faire baptiser, donc faire semblant de croire en les préceptes aristotéliciens. Et c'est là le paradoxe suprême, car l'église aristotélicienne reproduit ce qu'elle reprochait aux religions qu'elle a supplanté. Les hommes se baptisent par matérialisme, pas par foi. Supprimez toutes les obligations, et je suis certain que le nombre de baptême sera divisé par 4 en six mois.

Voila tout le respect que les prêtres montrent envers celui qu'ils nomment un prophète : ils piétinent du pied ses enseignement ou ne prennent que ce dont ils ont besoin. Une vision là encore bien matérialiste de la foi, eux même ne sont guère mieux que leurs fidèles, et pour cause, puisqu'ils savent être dans l'erreur et abuser la crédulité des villageois.

Les prêtres sont des esclavagistes qui vous ont piégé dans des chaines faites de croyance et d'illusion. Brisez vos chaines, forgez votre destin, devenez spinoziste !


L'admor finit son sermon dans un cri d'exaltation si puissant, que les deux derniers mots se répercutèrent en écho entre les murs de l'église pendant plusieurs secondes, donnant l'impression qu'un choeur invisible encourageait les villageois à devenir spinoziste. Pour finir il enroula son parchemin et en sortit un nouveau

Avant de nous séparer, nous allons réciter le credo spinoziste. Pour cette première fois, j'irais lentement, de sorte que vous puissiez bien mémoriser les paroles.

Citation:

Dieu n’est pas hors du monde : Dieu est Nature, Substance infinie, produit de sa propre création.

La Nature est tout ce qui existe, dans l’infini des possibilités.

La Nature est constituée de deux attributs perceptibles par l’homme : l’étendue et la pensée.

La Joie permet d’approcher la Liberté, la Tristesse en éloigne.

L’Idée existe non seulement en tant que descriptive de l’objet, mais aussi en tant qu’elle-même : elle est sa propre Vérité, sa propre perfection.

L’affect est l’apport d’un objet ou d’un sentiment à l’individu : il est bon (et apporte la Joie) ou mauvais (et apporte la Tristesse).

Le bien et le mal n’existe pas : Dieu ne pense pas, il est.

La morale est humaine. La Nature ne connaît que le bon ou le mauvais, relativement à un sujet et à une situation donnée.

La Nature est éternelle, par ce qu’elle est, et chacun de ses composants conséquemment.

Un objet est par essence constitué de l’infinité des attributs de la Nature, indissociables les uns des autres.

Le corps et l’esprit sont parallèles entre eux, conséquemment à tous les attributs d’un même objet, en tant que mode de l’Etendue et mode de la Pensée de l’humain.

L’homme libre naîtra au sud, viendra du nord, se nourrira à l’est, et montrera le chemin aux sages qui l’auront attendu. Ce non-messie viendra un jour car c'est statistiquement inévitable.

L’homme ne peut se définir par lui-même : il est ce que l’affect extérieur fait de lui. L’homme libre choisit les affects auxquels il se livre pour améliorer son conatus, sa puissance de vie.

La liberté d’être ce que l’on est provoque la joie, à condition de n’être pas entouré d’esclaves : le spinoziste aime la liberté des autres autant que la sienne.


Sur ces belles paroles, il fit un geste annonçant que les villageois pouvaient reprendre leurs activités normales.
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Nicolas__eymerich
En se dirigeant vers la mairie, pour y trouver du boulot, Nicolas fut agressé verbalement par le prêche concurrent de l'archevêque de cambrai, un gringalet qui gesticulait depuis une caisse à patates.


Citation:
"l'Etre Divin est tout-puissant."

N'écoutez pas le spino qui a prêché hier et qui s'est emparé illégalement de la cure d'Azincourt ! Il n'y a qu'une seule voie de Salut : celle de l'Eglise d'Aristote et Christos, Sainte et Romaine !

Les spinozistes nient la nature divine du Très-Haut, il en font une simple chose. C'est un manque de respect absolu envers notre Créateur ! Un véritable blasphème !

J'en profite pour vous rappeler que le diocèse recrute des clercs pour prendre en charge la paroisse d'Azincourt. Laïcs ou prêtres ordonnés, chacun a sa place dans notre Eglise pour montrer à tous que la Foi est vive dans le diocèse.

Et venez m'aider à déloger ce spino de notre église !

Que le Très-Haut vous protège.
Voilà de fort justes paroles !


Il rit des insanités débitées par le cureton et se détourna.
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Elena7
De son bureau de Comtesse, Elena avait reçu la lettre de Monseigneur Adso. Une bonne nuit de réflexion lui avait permis de faire le point sur cette histoire. Sa plume plongea dans son encrier, et la jeune femme coucha sur un vélin ces quelques mots :

Citation:
    A Monseigneur Adso,
    Archevêque de Cambrai,
    A Nicolas Eymerich,
    Seigneur de Tramecourt,
    Au peuple artésien,



    L'Artois est une terre de libertés. Une terre dont nos lois assurent une stabilité politique et l'assurance de nous préserver de guerres intestines qui n'apporteraient que désolation et écarts de débauches au sein de nos vies. Malgré que le social et le culturel soient enfermés dans une expression populaire évidente, il reste de bon ton d'empêcher l'instauration de conflits et la montée en puissance d'Hommes qui auraient la désinvolture de se baigner dans une large liberté, pouvant conduire à un désordre dont le Comté se passerait bien.

    Diverses sources populaires comme ecclésiastiques m'ont fait état d'une intrusion abusive au sein de l'église d'Azincourt le 19 Novembre de l'An de Grâce 1458, remplaçant l'Aristotélisme, religion dont notre État en reconnaît le culte, par des rites cultuels, considérés comme hérétiques aux yeux de notre Sainte Mère l'Église. Il n'est pas de ma volonté de condamner la pratique d'une tierce religion au sein de l'Artois, dans un domaine privé ou sous autorisation publique de la part du Haut-Conseil, mais l'assaut d'un lieu saint dont le personnel ecclésiastique a été délogé ne peut être considéré par mes soins comme une action normale et en accord avec nos coutumes et justices.

    Ce comportement inacceptable est contraire au Concordat de Guînes.


    Citation:
    Article I.6 : Tout Artésien pourra pratiquer la religion de son choix dans un cadre privé, et cela sans en être inquiété par qui que ce soit.

    Article I.7 : Les autres cultes qui auront été autorisées par le Haut Conseil Artésien pourront posséder des lieux de cultes sur les halles et gargotes ; cependant, leurs membres devront s'abstenir de tout prosélytisme en dehors de leurs lieux de culte ainsi que de toute attaque publique contre l'Église Aristotélicienne.


    La liberté de religion est autorisée dans la mesure ou celle-ci ne se fasse pas au détriment d'une autre, par l'appropriation de places spirituelles qui ne lui étaient pas destinées. Le Spinozisme, en s'accaparant des biens Aristotéliciens, se rend coupable par ses actes et se fourvoie dans un conflit qui pourrait tourner à son désavantage dans le long terme.

    Nous, Elena Hale d'Harlegnan, Comtesse d'Artois, exhortons le dénommé Nicolas Eymerich et ses acolytes, à restituer l'église d'Azincourt à l'autorité épiscopale et à stopper immédiatement tout prosélytisme en dehors de leurs lieux de culte, dans la mesure où toute autre religion doit être autorisée par l'autorité temporelle pour s'exercer, ce qui n'est pas le cas du Spinozisme. S'il s'en suit, un refus de se soumettre à cette décision, nous en viendrons à faire appel aux forces armées pour déloger les individus occupant illégalement l'édifice religieux azincourtois et ferons appel à nostre Justice.

    J'espère sincèrement que le Seigneur Nicolas Eymerich prendra la voie de la diplomatie.

    Faict le 22 Novembre de l'An de Grâce 1458,
    A Arras,

    Elena Hale d'Harlegnan,
    Comtesse d'Artois,
    Dame d'Autingues.



















La cire jaune qui était chaude coula sur la missive comtale. La Comtesse scella ensuite celle-ci et demanda à ce qu'on la fasse parvenir un peu partout en Artois.
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Nicolas__eymerich
Un messager aux armes de la comtesse avait hardiment pénétré dans l'église, bravant l'air rogue et l'arbalète à peine dissimulée de Paul of Perth, pour porter une annonce de la comtesse au seigneur de Tramecourt, qui s'en empara sans un mot et lut l'annonce. Suite à quoi, il ordonna au messager de rester un bref instant, lui proposant même d'aller se restaurer avec le vin de messe de l'église, le temps qu'il écrive la réponse.

Citation:

A sa grandeur la Comtesse Elena d'Harlegnan

Suite à votre annonce, nous, Nicolas Eymerich, seigneur de Tramecourt, répondons ceci.

Vous n'êtes pas sans savoir qu'en 1415 eut lieu à Azincourt une célèbre bataille qui opposa l'ost de notre bon roi à celui des perfides anglois et qui se solda par la défaite de nos vaillants soldats. Ce qu'on sait moins, c'est qu'elle eut en réalité lieu sur un champ appartenant en même temps à la ville libre d'azincourt et à la seigneurie de Tramecourt, qui furent toutes deux ravagées par les anglois. Entre autres dommages, on dut compter la destruction de la ville d'azincourt, presque entièrement ravagée, et aussi l'incendie de l'église municipale.

Au vu des dégâts, le bourgmestre pria mon grand père de permettre aux azincourtois d'utiliser la chapelle des Tramecourt en attendant que l'église municipale soit réparée. Mais, le temps aidant, et l'argent étant toujours aussi rare, la chapelle ne fut jamais rétrocédée à ses propriétaires légitimes qui, décimés par la bataille, avaient bien d'autres chats à fouetter. De sorte qu'une partie d'Azincourt se reconstruisit autour de la chapelle - rapidement renommée église d'azincourt - jusqu'à rejoindre le coeur historique de la ville.

C'est ainsi que la ville d'Azincourt est bâtie dans une part non négligeable sur la seigneurie de Tramecourt, et que ce n'est que par bienveillance que je laisse faire sans même réclamer de taxes. Par contre, j'ai fait valoir mon droit à récupérer la chapelle qui, ainsi que je le soulignais, est un bien immobilier familial. Et vous reconnaitrez aisément que j'ai le droit de pratiquer la religion que je désire dans mon domaine, ainsi que vous le reconnaissez vous même.

Par ailleurs, je n'ai délogé personne, puisque cette chapelle était désaffectée depuis des années, et ses habitants privés de prêtres de l'église aristotélicienne romaine (EAR). Ainsi, en manifestant ouvertement son dédain pour la spiritualité des azincourtois, l'EAR a perdu toute légitimité à l'usage de cette chapelle, voire à la conduite de la spiritualité des habitants.

Pour confirmer mes dires, je vous joins cette copie du cadastre local, où l'on distingue nettement les frontières respectives d'Azincourt et de Tramecourt, ainsi que la parcelle occupée par la ville au détriment de la seigneurie, dont fait partie hélas la chapelle.



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J'espère ainsi que, fidèle à vos devoirs de suzerain à l'égard de votre fidèle vassal, vous ferez preuve de justice en reconnaissant mes droits dans cette affaire.

Faict le 22 Novembre de l'an de grâce 1458
A Tramecourt

Nicolas Eymerich de Tramecourt
Seigneur de Tramecourt
Admor d'Artois


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Adso


L'archevêque, qui avait vu le message de la comtesse, était encouragé par cette attitude, mais force était de constater que les choses n'avançaient pas beaucoup. N'ayant aucune idée de la réponse privée de Nicolas à la Comtesse, il se dit que, comme d'habitude, ce serait à lui de faire tout le travail : on n'était jamais aussi bien servi que par lui-même...

Il se rendit sur la place devant l'église, et s'efforça de haranguer la foule du mieux qu'il pût :

Fidèles d'Azincourt ! Avez-vous vu l'annonce de votre Comtesse ? L'occupation de votre lieu de culte par le spinoziste est illégale ! Rassemblons-nous devant l'église et réclamons son départ à grand cris, pour bien lui montrer qu'il n'est pas le bienvenue ici avec ses thèses absurdes ! Montrons au Très-Haut que nous avons confiance dans sa Parole, et que nous ne nous laissons pas berner par les créatures du Sans-Nom !
--Paul_of_perth
Entendant la harangue haineuse du cureton, Paul of Perth se plaça à la porte de l'église, arbalète bien en évidence dans sa main droite et déclara à ceux qui trainaient dans le coin.

Le premier qui vient ici avec l'intention de reprendre l'église, j'le refroidis.

Le ton était donné, et le gringalet avait intérêt à vite enfiler une armure.
Melly



Melly avait eu bien raison d'être restée cachée près de la sortie. Une bonne position pour surveiller les faits et gestes de chacun.
Adso avait l'air de ne pas s'en sortir mais les hommes d'Azincourt se rassemblaient devant St Daniel de l'Adultère. Les choses allaient peut être bouger en fin de compte.
Elle sortit sur le parvis et salua les trois hommes déjà devant l'église, bisouillant Zorg. Puis elle se tourna vers l'archevêque.

" - Monseigneur, malgré ce que pense certains et certaines sur mon peu de jugeote, Nicolas à avoué que son plan était faux. Nous pouvons donc reprendre notre église. Allez donc haranguer les foules, à trois vous n'arriverez à rien. Je suivrait les ordres de la Comtesse quand à moi."

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Adso


Profitant d'une sorte de messe organisée dans l'église d'Azincourt par le spino de service, qui avait pour l'occasion ouvert grand les portes, Adso s'était glissé discrètement jusqu'à la sacristie pendant ce qu'il était permis de considérer comme le sermon. Il avait fini par mettre la main sur ce qu'il cherchait, à savoir les registres paroissiaux, que son nouvel archiviste lui avait demandé pour les archives du diocèse. Après un moment de frayeur quand il avait constaté que la "messe" était terminée, que sa sortie avec son trophée ne serait pas aussi discrète que l'entrée, il s'était mis à courir vers la sortie sans plus se préoccuper de furtivité, de crainte de se retrouver enfermé et à la merci de Nicolas et de ses sbires. A l'entrée, deux habitant l'abordèrent, et l'assurèrent de leur soutien. Puis Melly vint lui parler :

Il a avoué, dis-tu ? Voilà une bonne chose, mais il était évident que c'était un mensonge. La Raison elle-même nous disait que la seule chose à faire était de le chasser de ce lieu saint.

Haranguer, haranguer... Je ne fais que çà, haranguer... Et quels sont-ils, les ordres de la Comtesse ? Parce que c'est bien beau, de me dire qu'elle désapprouve le comportement de Nicolas, mais l'OST, elle fait quoi ? Elle va finir par arriver ?



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Archevêque de Cambrai, Protonotaire Apostolique
--Paul_of_perth
En voyant l'archeveque courir dans la travée centrale avec un gros paquet sous le bras, Paul of perth comprit que quelque chose de louche se tramait. Déjà il avait pas le droit d'être ici le gringalet, mais en plus il piquait le vin de messe. Ni une, ni deux, sans souci pour ceux qui écoutaient le sermon, l'écuyer écarta brusquement les pans de sa cape et en sortit une arbalète qu'il arma d'une seule contraction des biceps. Il aligna rapidement adso dans sa mira et tira, mais le carreau rata le nain et se planta dans le bouquin qu'il transportait sous le bras.

Au voleur, au voleur.

Et, s'emparant de la hache passée à sa ceinture, le soldat se rua sur l'archevêque avec l'intention manifeste de le découper en tranches de roti.
Melly



Ah ben voila, son petit archevêque sautait partout dans tous les sens en s'énervant. Il allait bien nous faire un malaise par dessus le marché.

" - Ben oui elle est pas si c*** la grenouille de bénitier, que voulez vous. Elle parvient juste à faire dire ce qu'elle veut quand elle veut.

L'OST? Ben Monseigneur je suis pas de l'OST, je fais partie du guet, et pour l'instant la comtesse ne m'a pas donné ordre de le faire déguerpir. L'OST arrivera peut être après la bataille qui sait."


Melly discutait toujours avec l'archevêque lorsqu'elle entendit un sifflement. Une flèche venait de se planter dans le registre d'Azin.

Et là Melly se retourna pour voir arriver tel un mauresque avec sa hache ou un berksekker viking, l'aide de camp, l'écuyer, le porte pelle, de Nicolas.

Non mais, il croyait quoi le freluquet????? Même pas peur!!!! Enfin si, Melly était morte de trouille mais elle n'allait tout de même pas faire honte au guet, à son parrain, à sa marraine et à son frère tout de même.
Enessayant de garder son sang froid, elle tira son épée et hurla comme une folle, tactique toujours très efficace pour faire fuir tout le monde.

" - NON MAIS CA VA PAS , PATATE, MOULE A GAUFFRE, CREPIA D'A URI, ESPECE DE VAURIEN DE BAS ETAGEEEEEEEEE. TU ESSAYES DE TRUCIDER UNE COLLEGUE DE TON MAITREEEEEEEEEEEEEE.
ET VIENS PAS LA OU JE TE ROUSTES A CE POINT LES FESSES QUE TU POURRAS PLUS T'ASSOIR PENDANT 15 JOURS."


Bon sa tactique avait au moins marché, puisqu'il s'était arrêter de courir sus à l'ennemi, au moins pour comprendre ce qu'elle lui disait.

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--Paul_of_perth
Quand il chargeait, Paul était un peu comme un taureau, très effrayant et impressionnant, de sorte que rares étaient ceux qui osaient se mettre en travers de son chemin, et encore moins le menacer, surtout quand l'individu était une femme frêle et jolie, rien à voir avec un guerrier rustre et courageux, aussi ralentit-il suffisamment pour évaluer la situation. Elle ne semblait représenter aucun danger, mais il fallait quand même se méfier, alors il prit la meilleure décision. Une seconde arbalète était suspendue dans son dos, il la saisit, tendit ses bras et la prit dans la main gauche, en visant la jeune fille, gardant la hache dans la main droite.

Hé gamine, si tu veux pas un deuxième nombril - pour pas être plus vulgaire - déguerpis. Chuis pas d'humeur tu vois.

Ce faisant, il se remit en marche, s'approchant de l'archevêque qui n'était plus qu'à quelques pieds de lui, presque à portée de sa hache.
Adso


Lorsque le carreau d'arbalète vint se figer dans le cuir de la reliure, Adso se retourna vers la source du projectile, et resta interdit, comme les lapins qui traversent la route la nuit et restent comme sous le coup d'un sortilège, éblouis par les flambeaux d'éclairage du chariot qui se rue sur eux.

Si son corps restait paralysé, son esprit, lui n'en continuait pas moins à fonctionner. C'était peut-être d'ailleurs le problème : l'esprit, trop absorbé, n'avait pas encore eu le temps d'envoyer au reste du corps les messages qui s'imposaient. Ainsi donc, son esprit faisait le tri de toutes les informations qui lui étaient parvenues, et leur attribuait des commentaires et diverses valeurs émotionnelles :
- il y avait une grenouille dans le bénitier dans l'église d'Azincourt. Se renseigner pour savoir si les fidèles trouvaient que c'était une bonne chose, ou non. Et faire le nécessaire en conséquence : la faire déguerpir, comme le spino, une fois qu'on aurait viré le dit spino. Ou alors veiller à la remplacer lorsqu'elle aurait fait sa vie de grenouille, pour éviter de perturber émotionellement les fidèles.
- L'OST arriverait après la bataille. Ce qui ne semblait pas extraordinaire, après tout, et semblait de plus une tradition ici aussi en Artois. Note pour plus tard : il y aurait une bataille.
- Melly était du guet, et pas de l'OST. Logique. Mais on pouvait noter à son ton qu'en Artois aussi, on ne mélangeait pas l'OST avec le Guet, de même qu'il était malvenu de mélanger les torchons et les serviettes (parait-il).
- La comtesse n'avait donné aucun ordre au Guet pour l'instant. Mais peut-être à l'OST ? sauf que l'OST était supposé arriver après la bataille. Etait-ce parce qu'il avait reçu des ordres en conséquence ?
- Il y avait un voleur dans le coin. Peut-être que si le spino avait laissé des objets de culte de valeur dans l'église, le dit voleur était en train de les voler ? Ne fallait-il pas, dans ce cas, réagir, et le faire arrêter ? Par le Guet, représenté par Melly ? ou bien crier aussi "au voleur", pour obtenir davantage d'aide des personnes qui étaient aux alentours ?
- Quelqu'un en voulait : soit au registre paroissial, soit à Adso en tant qu'archevêque, soit à Adso en tant qu'Adso (mais avait-il pu se mettre quelqu'un à dos en Artois en tant qu'Adso depuis son arrivée ?). Ou alors, on ne pouvait écarter la possibilité que la cible était tout autre, et que le registre s'était trouvé au mauvais endroit au mauvais moment.
- On ne pouvait écarter la possibilité qu'il y ait un oublieur dans le coin. Adso se mit à saliver à la pensée des gaufres et des oublies qu'il pourrait déguster. Mais apparemment, il y avait d'autres choses plus urgentes...
- le carreau d'arbalète semblait provenir de la brute qui servait de garde du corps au spino. Il était de plus en plus probable qu'Adso était la véritable cible. Envoyer un message aux jambes pour leur dire de déguerpir au plus tôt pourrait s'avérer une bonne idée. Essayer de repérer la position de l'oublieur au passage.
- Melly était la collègue du maître de quelqu'un. Ce qu'il ne fallait probablement pas confondre avec la maitresse du collègue de ce quelqu'un... Elle semblait s'adresser à la brute, ce qui impliquait qu'elle était collègue avec le spino. Peut-être que Melly n'était pas la meilleure possibilité de protection d'Adso, après tout... Nouvelle pensée à l'égard d'une activation des jambes...
- Note pour plus tard : selon ce qu'il en s'avérerait de la loyauté de Melly à l'égard de l'archevêque ou du spino, éviter tout de même de la mettre de mauvaise humeur.

Elena7
Citation:
    A Monseigneur Adso,
    Archevêque de Cambrai,
    A Nicolas Eymerich,
    Seigneur de Tramecourt,
    Aux forces du guet d'Azincourt,
    Au peuple artésien,



    Salutations,


    Il est surprenant de savoir que les Seigneurs de Tramecourt n'aient pas réclamé auparavant l'église qui leur appartenait de plein droit, selon les dires que j'ai pu entendre. Qu'une église pourtant paroissiale soit en fait une ancienne chapelle appartenant à un quelconque domaine me laisse pantoise et sans mot, alors que les habitants d'Azincourt ne sont aucunement les tenanciers du domaine de Tramecourt. En outre, la copie du cadastre local s'apparente plus à un dessin, qu'à un document pouvant prouvé avec exactitude l'appartenance de l'église au domaine de Tramecourt par tout un système de serments ou de témoignages.

    Les nobles ont certes leur propre religion, mais les terres artésiennes qui leur sont concédées sont aussi soumises aux lois comtales, leurs propriétaires ayant des droits et des devoirs stipulés au sein même de la Constitution. De plus, le lien vassalique renforce cette "dépendance" que le vassal a envers son suzerain.

    Mais l'on m'a rapporté ces décrets émis par le Sieur Nicolas Eymerich concernant l'interdiction de pratiquer l'Aristotélisme et l'obligation pour les habitants de se rendre à l'église pour écouter les sermons spinozistes et prier, sous peine de trouble à l'ordre public. Le Seigneur de Tramecourt gère son domaine et ses paysans s'y rattachant comme il l'entend, mais ne peut prétendre à ordonner quoique ce soit aux azincourtois.

    Il semble donc que la voie diplomatique a fait place à la voie de la violence verbale. On a imposé à des artésiens de se soumettre à un culte, ce qui est intolérable. C'est pourquoi, je donne l'ordre aux membres du guet d'Azincourt de déloger les indésirables de l'église paroissiale en employant la force. Ceux qui s'opposeraient physiquement à l'action prévôtale seront arrêtés puis jugés.


    Faict le 02 Décembre de l'An de Grâce 1458,
    A Arras,

    Elena Hale d'Harlegnan,
    Comtesse d'Artois,
    Dame d'Autingues.



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