Citation:Artésiens, artésiennes, mes amis, Shalom !
Je suis nicolas eymerich de Tramecourt, artésien de naissance sinon de résidence, et je viens aujourd'hui vous parlez du Spinozisme. Car après cette messe probablement très somnifère à laquelle vous venez d'assister, il vous sera profitable de découvrir ce que l'église aristotélicienne romaine essaye de dissimuler aux hommes depuis des millénaires dans le but de les asservir. Venez, écoutez moi, et libérez vous.
Le Spinozisme est la plus vieille religion issue du livre des vertus. Et pour cause, puisque ce sont les spinozistes qui l'ont écrit, alors que les romains se sont contentés de le traduire et de le réécrire selon les principes de Christos, afin qu'il corresponde à leurs enseignements. Née des réflexions des sages orientaux, enrichie des pensées des philosophes grecs et romains, le spinozisme se veut universel, libre d'accès et tolérant.
Ainsi, le livre des vertus nous apprend que Dieu est immanent. Cela signifie que Dieu n'est pas un être supérieur qui aurait créé le monde. Nous pensons au contraire qu'il n'y a pas eu de création. Non, car Dieu est le monde. Tout ce qui nous entoure, l'univers, le monde, les arbres, l'eau, le soleil, les animaux, les montagnes, nous mêmes, tout ça est une partie de Dieu. Ainsi le monde serait né d'une transformation de Dieu qui se serait transformé en l'univers, tout comme un cocon se transforme en papillon.
Dès lors, si Dieu est le monde et si nous sommes une part de Dieu, celui n'existe pas en tant qu'être supérieur, ce qui signifie qu'on ne peut pas vraiment lui donner de nom, puisqu'il est tout ce qui existe. C'est pourquoi les spinozistes ont coutume à appeler Dieu "Hashem", ce qui signifie l'innommé en hébreu, la langue dans laquelle avait été rédigé le premier livre des vertus.
Un autre corollaire à l'inexistence d'un dieu transcendant ( qui est le terme désignant la conception romaine de dieu) est l'absence de nécessité d'une caste d'individus dédiés à son service. S'il n'y a pas de créateur, il n'y a pas besoin d'adresser de remerciements ou de suppliques, donc le clergé est inutile. Aussi les spinozistes ne connaissent ils pas le principe du prêtre. Au contraire, nous avons ce que nous appelons des admors j'en suis moi même un qui sont des professeurs, chargés d'enseigner les principes spinozistes à tous. Par contre, contrairement aux prêtres, nous ne sommes pas chargés de diriger les croyances des individus, ni de les contraindre de quelque manière que ce soit. Nous nous contentons d'enseigner les principes spinozistes, aux individus de se gouverner eux même en fonctions de ces principes. Ce qui signifie que nous n'avons pas d'inquisition, pas de justice religieuse, pas d'hérésie. Si un individu commence à divaguer et à dévier des principes spinozistes, nous essayeront de le raisonner, et s'il est impossible de lui faire entendre raison, alors nous le laisserons à son malheur.
Un second principe fondamental du spinozisme est la relativité des actions. Pour nous, il n'existe aucune valeur absolue, aucune vertu ou aucun péché. Les actions sont jugées en fonction du contexte dans lequel elles sont accomplies. Ainsi, prenons un exemple très concret. Un homme coupe un arbre. Cette action est bonne, car avec le bois obtenu, il pourra se chauffer, faire marcher son échoppe, fabriquer du papier peut être. Mais s'il coupe tout une forêt, ce sera mal, car il privera les autres individus du bénéfice de l'usage de la forêt, mais aussi il les privera de bois pour plusieurs années, car il faudr attendre que d'autres arbres repoussent, alors que le bois coupé finira par pourrir et durera moins longtemps que s'il avait été prélevé d'année en année sur une forêt en renouvellement constant. Pire encore, il ne lésera pas que les autres individus, mais aussi la nature. Car sans cette forêt, c'est tout un écosystème qui s'effondre, des animaux privés de foyer, de nourriture aussi, des plantes sylvestres condamnés à mourir. Bref, il aura commis un acte très répréhensible. Alors que pour l'église aristotélicienne, un acte est jugé selon un principe abstrait, immatériel, et non en fonction des circonstances, ce qui rend le jugement beaucoup moins pratique. Un homme pourrait ainsi couper tout une forêt et rester vertueux, car les aristotéliciens appelleraient cela du commerce, ne voyant pas les dommages causés au monde, c'est à dire à Hashem.
Et là nous en venons à un point intéressant du spinozisme. En effet, si les actions sont jugées au cas par cas, cela signifie qu'il faut prendre le temps de les considérer. Et justement, les spinozistes ont pour habitude de méditer. En méditant, l'homme réfléchit à ses actions, se demandant si elles étaient bonnes ou mauvaises et, le cas échéant, ce qu'il doit faire pour s'excuser ou se faire pardonner. Mais c'est aussi l'occasion d'examiner les actions des autres pour déterminer s'ils ont nui ou non à la communauté, auquel cas ils devront fournir une réparation à la collectivité. Le spinozisme est donc voie de la raison et du pragmatisme - en opposition à l'aristotélisme romain qui est idéalisme et rêvasserie proposant des solutions concrètes et pratiques pour vivre au mieux.
En outre, le fait de méditer à une autre conséquence primordiale sur le développement de l'individu. En effet, en déterminant ce qui est bon ou mal dans son comportement, l'individu choisi les affects qui vont l'influencer dans sa vie quotidienne. Le principe de l'affect est assez abstrait, il peut s'agir du fait de prendre tel emploi, de préférer telle nourriture à tel autre, de respecter tel principe, etc. Bref, il s'agit de déterminer son comportement, et par ce choix, d'améliorer son conatus, c'est à dire cette espèce de puissance brute, de désir infini que tout homme porte en lui. Le conatus est une étincelle que nous alimentons par nos choix, nos affects pour en faire une flamme, puis un feu, et enfin un incendie.
Car le spinoziste est un homme libre. Et cet homme désire, et par ses choix, il augmente sa force vitale, son conatus donc. Le spinoziste se doit d'être heureux, car seule la joie apporte le développement de son potentiel vital. L'homme heureux est un homme libre, en pleine possession de ses capacités physiques et mentales, et atteindre l'apogée de son conatus, c'est s'accomplir. L'homme qui par ses affects positifs, ses méditations et sa joie a atteint l'apogée de son conatus est un véritable spinoziste, sera un sage, en harmonie totale avec le reste du monde, avec les hommes, et qui sera donc plus proche de Hashem que n'importe qui d'autre. C'est ce à quoi nous aspirons.
Hélas, le spinoziste ne peut être heureux tant qu'il subsiste des esclaves autour de lui. Et ces esclaves sont les autres hommes, ceux qui ont été asservis par le clergé aristotélicien romain et endoctrinés pour adorer un dieu qui n'existe pas. Et c'est pourquoi le spinoziste cherche à révéler la vérité aux autres hommes, à leur montrer la voie de la raison.
Oui les aristotéliciens sont des esclaves, esclaves des doctrines qui vous empêchent de vous accomplir pleinement, esclaves de lois arbitraires et infondées qui vous empêchent de vivre pleinement, qui vous font miroiter un au-delà illusoire au prix d'une souffrance quotidienne. Tous les jours, pourtant, vous pouvez constater l'impéritie de ce clergé, qui manque à tous ses devoirs, exige de vous des sacrifices de plus en plus grands, des prières sans cesse renouvelées et une foi aveugle et basée sur le mensonge.
Ouvrez donc les yeux, constatez que vous avez été trompés. Oui, la connaissance est douloureuse, mais elle est aussi émancipatrice. Il n'est pas trop tard, vous pouvez encore vivre, améliorer votre conatus, accomplir votre destin et être heureux.
Merci de m'avoir écouté et j'espère que vous saurez réfléchir à ce qui est bon pour vous et non pas à ce qui est bon pour votre curé.
Si vous avez des questions, je resterai à Bertincourt encore quelques jours et serais en taverne, n'hésitez pas à venir me voir, je sais parler d'autres choses aussi.