Atsue
En suite à "Comme un léger soucis"
[Domaine des Ashikaga, début novembre]
Seule, assise à la petite table, Atsue frottait frénétiquement sa plume sur un vélin déjà imprimé de nombreux caractères. Exercices d'écriture ? Non. Lettre tendre envoyée à sa mère ? Non plus. Message destiné à un ami proche ? Encore moins (Atsue, à part sa sur, n'avait pas vraiment d'amis, de toutes façons). Et alors, qu'est-ce que c'était, une lettre d'amour ? Oui, tout à fait ça, en plus.
Atsue fronçait légèrement les sourcils, signe de sa grande concentration. Elle prenait le soin de choisir les mots les plus tendres, les termes qui sauraient le plus toucher le cur adoré (adjectif bien faible, d'ailleurs, au vue des sentiments de la jeune femme).
[Domaine des Ashikaga, début novembre]
Seule, assise à la petite table, Atsue frottait frénétiquement sa plume sur un vélin déjà imprimé de nombreux caractères. Exercices d'écriture ? Non. Lettre tendre envoyée à sa mère ? Non plus. Message destiné à un ami proche ? Encore moins (Atsue, à part sa sur, n'avait pas vraiment d'amis, de toutes façons). Et alors, qu'est-ce que c'était, une lettre d'amour ? Oui, tout à fait ça, en plus.
Atsue fronçait légèrement les sourcils, signe de sa grande concentration. Elle prenait le soin de choisir les mots les plus tendres, les termes qui sauraient le plus toucher le cur adoré (adjectif bien faible, d'ailleurs, au vue des sentiments de la jeune femme).
Citation:
A la plus somptueuse nippone, à la plus ravissante fleur des champs, konnichi-wa.
Veuillez me pardonner, ô très noble Ailisha-san, d'oser vous adresser ces quelques mots qui pourraient vous paraître si indécents. Je vous en prie, ne vous offusquez pas encore, et laissez moi exprimer les sentiments qui imprègnent mon cur.
Je crois que je n'ai malheureusement pas encore le plaisir, la joie et l'honneur de me faire connaître de vous. Pouvoir vous rencontrer de nouveau, ou même vous apercevoir, serait mon vu le plus cher. Car oui, ma chère Ailisha-san, vous ne me connaissez peut-être pas, mais pourtant, mon cur brûle pour vous.
Il y a peu de temps de cela, j'errais tranquillement dans les rues, égaré dans mes douces rêveries automnales, me demandant comment j'allais bien pouvoir dépenser ma richesse colossale et me vêtir au vue de l'hiver froid qui s'annonce, lorsque soudain, une silhouette des plus gracieuses, la vôtre, me troubla, attirant puis retenant mon regard. Je ne pouvais détacher mes magnifiques yeux noirs ébènes de vous, et je contemplais, tour à tour, votre bouche soigneusement rougie, votre teint à la pâleur si envoutante, votre chevelure aussi brillante que la crinière de mes poneys, et vos yeux, splendides joyaux ensorcelants.
Mais, ombre fugitive, votre splendeur avait bientôt tournée au coin de la ruelle, sans même que du haut de votre palanquin, vous n'ayez daigné ne déposer ne serait-ce qu'un modeste regard sur moi. Occupée à vous mirez dans un petit miroir rond, et à engloutir de votre autre main aux doigts si fins de nombreux et colorés namagashis vous ne sembliez vous préoccuper que de vous. Et vous aviez raison de le faire, car votre magnificence, votre beauté suprême, votre grâce semblable à celle d'un héron prenant son envol, votre maintien digne de celui d'une grue cendrée, et votre impérieuse aura, font de vous la femme la plus exceptionnelle que je n'ai jamais vu.
Ô Ai ! Amour ! Vous êtes mon rayon de soleil, ma fleur des champs. N'hésitez pas à croire à la sincérité de ces chastes déclarations. Pour preuve de mon amour, je vous fais parvenir un panier de délicieux usagis (car après vous, quoi de plus beau que les lapins ?) que j'ai acheté avec soin et amour, et qui, je l'espère, ravirons votre délicat palais.
Jy-Sii-Bô , ou l'honorable samouraï des pâquerettes de l'empire du sommeil levant.
A la plus somptueuse nippone, à la plus ravissante fleur des champs, konnichi-wa.
Veuillez me pardonner, ô très noble Ailisha-san, d'oser vous adresser ces quelques mots qui pourraient vous paraître si indécents. Je vous en prie, ne vous offusquez pas encore, et laissez moi exprimer les sentiments qui imprègnent mon cur.
Je crois que je n'ai malheureusement pas encore le plaisir, la joie et l'honneur de me faire connaître de vous. Pouvoir vous rencontrer de nouveau, ou même vous apercevoir, serait mon vu le plus cher. Car oui, ma chère Ailisha-san, vous ne me connaissez peut-être pas, mais pourtant, mon cur brûle pour vous.
Il y a peu de temps de cela, j'errais tranquillement dans les rues, égaré dans mes douces rêveries automnales, me demandant comment j'allais bien pouvoir dépenser ma richesse colossale et me vêtir au vue de l'hiver froid qui s'annonce, lorsque soudain, une silhouette des plus gracieuses, la vôtre, me troubla, attirant puis retenant mon regard. Je ne pouvais détacher mes magnifiques yeux noirs ébènes de vous, et je contemplais, tour à tour, votre bouche soigneusement rougie, votre teint à la pâleur si envoutante, votre chevelure aussi brillante que la crinière de mes poneys, et vos yeux, splendides joyaux ensorcelants.
Mais, ombre fugitive, votre splendeur avait bientôt tournée au coin de la ruelle, sans même que du haut de votre palanquin, vous n'ayez daigné ne déposer ne serait-ce qu'un modeste regard sur moi. Occupée à vous mirez dans un petit miroir rond, et à engloutir de votre autre main aux doigts si fins de nombreux et colorés namagashis vous ne sembliez vous préoccuper que de vous. Et vous aviez raison de le faire, car votre magnificence, votre beauté suprême, votre grâce semblable à celle d'un héron prenant son envol, votre maintien digne de celui d'une grue cendrée, et votre impérieuse aura, font de vous la femme la plus exceptionnelle que je n'ai jamais vu.
Ô Ai ! Amour ! Vous êtes mon rayon de soleil, ma fleur des champs. N'hésitez pas à croire à la sincérité de ces chastes déclarations. Pour preuve de mon amour, je vous fais parvenir un panier de délicieux usagis (car après vous, quoi de plus beau que les lapins ?) que j'ai acheté avec soin et amour, et qui, je l'espère, ravirons votre délicat palais.
Jy-Sii-Bô , ou l'honorable samouraï des pâquerettes de l'empire du sommeil levant.
Petite relecture rapide. C'était très bien, pas du tout son style, au moins, on ne la reconnaîtrait pas.
Mais c'est quoi cette histoire, une double personnalité et une passion inavouée pour sa tante ? Quel scandale !
Mariko !
La domestique à qui Atsue avait finalement accordé son pardon pénétra dans la pièce.
Oui, Atsue-sama ?
Va trouver un homme en ville qui sache correctement écrire, et demande lui de recopier ces quelques mots bien soigneusement. Lui répondit-elle tout en faisant glisser sur la table quelques kôbans. Tiens, tu le paieras avec ceci...
Bien Atsue-sama, et ensuite ?
Petit regard noir de la part de la maîtresse. Mariko venait encore une fois de l'interrompre.
Attend que j'ai terminé de parler au moins, avant de poser des questions ! Puis, se calmant, et reprenant l'air le plus posé et pédagogue possible. Donc.. Une fois la lettre recopiée, tu la joindras à ceci. Dit-elle en désignant un panier d'usagis. Et tu feras discrètement parvenir le tout à ma tante. Pas de questions ?
Non, tout est clair, Atsue-sama.
Et évidemment, toute cette opération reste confidentielle...et on ne doit pas savoir que lettre et friandises viennent de ma part... Ah oui ! Et interdiction de toucher au contenu du panier. Quoique... Ce sera à tes risques et périls, si tu le fais.
N'ayez crainte, tout sera exécuté comme vous le désirez. Je ne vous décevrai pas.
Oui, je l'espère bien pour toi.
Mariko saisit lettre et panier, salua bien bas sa maîtresse puis sortit. Une fois seule, Atsue se laissa doucement tomber sur des coussins, heureuse de savoir que son peigne et son kimono allaient bientôt être vengés.
_________________