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[RP-Maison de Marignane] Hôtel particulier Beogora-Bertry

Fernal
Fernal, drapé aussi dignement que possible dans sa cape d'emprunt, s'inclina respectueusement devant le vicomte.

Il ne put cependant, ainsi que la politesse l'aurait voulu, détourner bien longtemps le regard de ce morceau d'étoffe que l'homme semblait traiter avec les égards dus à une relique sacrée. Et pour cause: il reconnaissait là les armes de Constantinople pour les avoir "traquées" dans toute l'Italie du nord, et maintenant en Provence, car elles n'étaient jamais loin du précieux savoir auquel le nain avait voué sa vie.

En effet, et d'autant plus depuis la chute de Constantinople il y a quatre années, de nombreux lettrés byzantins s'étaient rendus en Italie (y compris à Saluces dont Fernal était originaire), emportant de précieux manuscrits alchimiques dans leurs bagages et disposés à les vendre, ainsi que leur savoir, pour survivre. Et notre nain s'imaginait déjà la bibliothèque du vicomte gorgée de ces inestimables textes grecs.

Excité à cette pensée, il bondit sur le siège que lui désignait le vicomte et attendit là un moment, les pieds balançant dans le vide, qu'on veuille bien l'interroger. Ce que dame Ascram fit sans tarder, et il s'exécuta:


- Mon seigneur, c'est pour moi, depuis mon arrivée en Provence, la période des vaches maigres. Mon escarcelle est vide, point de dîner; point de logis. Pourtant, je suis plein de ressources. Aussi entrepris-je bien naïvement de présenter ma requête auprès de madame votre épouse; étant donné son pouvoir discrétionnaire. Je ne suis qu'un obscur alchimiste piémontais, comme vous l'aurez sans doute compris, et on me surnomme "Fernal". Aussi, un de ces "miracles" qui sont du ressort des personnes de votre rang et condition, un geste protecteur de clémence et de mansuétude qui sortent parfois les petits de leur médiocrité lorsqu'ils ont la bonne fortune d'en être un jour les heureux bénéficiaires, oui, un tel geste de votre part ferait de moi un serviteur zélé et dévoué de votre maison, si vous y trouvez une quelconque utilité.
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Prouvencao
Fernal... Fernal ? "Comme infernal" pensa-t-il amusé. Puis ses yeux se reportèrent sur l'homme, Alexis redevint sérieux, écoutant sa proposition. Ajouter un membre à la Maison de Marignane, pourquoi pas.

Je dois reconnaitre sieur Fernal que vous ferez un serviteur atypique, fort cultivé avec qui j'imagine que je ne refuserai quelques échanges... Cependant que je dois vous avouer que votre discours soulève une question... naïve... Pourquoi la Maison de Marignane ? Les yeux du vicomte croisèrent ceux de sa belle, il était évident que déjà le charme et l'intelligence de sa vicomtesse devait y être pour quelque chose. Mais il y avait justement cet autre quelque chose qui brillait en les yeux du Fernal, comme s'il attendait de lui... Il tourna d'ailleurs sa tête vers la porte qui menait à la bibliothèque fermée à double tour, sur le linteau une maxime "gnôthi seauton"...

"Connais-toi toi-même", lui dit-il soudain en montrant du doigt le support en bois qui ressemblait à un listel sculpté, la devise des Beogora, et de ce fait la devise de la Maison de Marignane, dernière de cette longue lignée de chevaliers-philosophes. Je la considère comme première loi de tout chevalier qui se respecte, et de tout homme et femme libre, bien que pour ces derniers c'est on ne peut plus utopique !

Puis Alexis resta silencieux, l'observant, accoudé à son bureau, ses mains aux doigts entre-lacés soutenant son menton.
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Uno avulso non deficit alter
Fernal
Les pieds toujours balançant dans le vide, le nain Fernal croisa ses mains sur sa panse et répondit au vicomte:

- Ah, mon sire, je crains qu'il ne soient autres raisons qui me firent choisir vostre maison que celles de la Providence, voyez-vous. Et je ne saurais vous expliquer, du bas de ma modeste condition de vivant terrestre, toute la gloire et toute la majesté de celle qui trace nos chemins et les fait se croiser.

Il descendit alors de sa chaise pour arpenter de long en large la portion de parquet faisant face au bureau du vicomte, agitant la main comme un professeur d'université en plein exercice:

- Sentez monseigneur combien peu de latitude il nous échoit d'en contrer les desseins ; concevez l'inanité, que dis-je, la folie qui réside dans l'acte de s'insurger contre la pluie, la foudre, la bourrasque et l'impôt et tous ces éléments souverains et inconstants, comme cet ancien empereur byzantin, conculcateur des peuples, qui se crut de taille à flageller impunément la mer écumeuse pour la réduire à quia. Ha ! Insensé, pauvre fol !

Il s'approcha alors du bureau et s'y amarra des deux mains. Seule sa tête dépassait des piles de parchemins. Prenant le ton de la confidence, il était maintenant suffisamment proche pour être parfaitement entendu de son -peut-être- futur bienfaiteur.

- Voyez vous vous-même, vous êtes vicomte ; voyez cette dame, elle est vostre épouse ; que croyez-vous que le sort vous réserve à tous deux si, d'aventure, ce linteau de chêne où vous avez fait graver le "connais-toi toi-même" se détachait et vous tombait sur la tête ? Tout juste assez de bois pour bâtir un cercueil... Quoi de plus ? Vous aurez beau jeu alors de vous connaitre, quand le ver du sépulcre vous sortira de l'œil, et que vos os pourris tomberont en poussière...

Il reprit alors son va-et-vient de sa démarche chaloupée.

- Alors, peut-être vous souviendrez-vous du temps jadis où Fernal le nain vous disait, le cœur compatissant : soyez, mes nobles seigneurs, ni trop fols, ni trop sages, ni arrogants, ni ambitieux, ni contristés, ni indolents ; mais cultivez une douce paix tout le long de votre âge ; mais vivez en bonne intelligence avec le peuple des cités et des campagnes, et carpe diem comme dit l'autre, cueillez le jour. Oui, ne remettez à demain ce qu'aujourd'hui vous incombe. Enfin, ne soyons pas mauvais augure et tolérons un peu d'insouciance au front de la jeunesse. La taille ne fait pas l'homme, la ride ne fait pas le penseur, ni l'adversité le philosophe ; on prend son lot comme il nous vient.

Il s'arrêta soudainement, fit un quart de tour pour faire face au couple vicomtal, ouvrit tout grand les bras et le sourire, déclarant:

- Et vostre lot, ce jour d'hui, si vous en voulez, c'est Moi.
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Ascram
Héloïse écouta une partie de la conversation puis, jetant un oeil sur sa fille, la vit qui s'endormait. La prenant dans ses bras, elle laissa les hommes à leur discussion et alla déposer Mara dans son lit.

Ne sachant trop que faire, à part laisser ses pensées vagabonder en direction de l'Italie, elle s'installa dans le jardin et s'appliquait à ôter les mauvaises herbes quand Bogarde vint lui porter un message.

Elle prit le rouleau et se rendit au salon, le coeur battant, déroula le parchemin et lut, relut les quelques mots qui la faisaient palpiter de bonheur.


Citation:


Chère Héloïse,

je recopie la lettre que j'ai scellée pour Véro. La mémoire de ce qui s'est passé dans le fief-tâche-d'encre (la bêtise des hérauts...) ne doit pas se perdre. Je t'aime

Ton amant.


La mémoire:

Bonjour Sardine,

Je me rends compte que je n'ai pas été très correct avec toi et que je te dois quelques explications. Les voici.

Si je t'ai choisi, c'est pour ton génie, nous sommes d'accord. Mais si il survit en ce monde et si tu m'as laissé venir en Provence, m'y encourageant même, me donnant l'assurance qui me manquait, c'est que tu prends ton génie pour une maladie. Je te l'annonce, c'est le contraire, alors cesse tout de suite d'être malheureuse, je te l'interdis.

Ce sont les autres qui sont malades, ceux que tu prends pour des normaux. On a oublié de diagnostiquer leur torpeur. Oui, pas besoin de sous-titre, tu vois de quoi je parle, mais j'explique quand même, tu me pardonneras je l'espère:

Citation:
"La plupart d'entre nous l'ont eu la torpeur. Maladie de vagabond, les symptomes sont l'amnésie, perte partielle de la langue natale, oublie du savoir de base du villageois de notre époque, de sa famille, de ses amis, insensibilité aux grands évènements ou à la mort d'un proche...

Les remèdes: un réapprentissage basique mais nécessaire, des promenades au grand air, hors des villes."


Grâce à l'académie et aux chaires de gardien en province, les tribuns (souvent atteints eux même d'ailleurs) vont s'attaquer à ce fléaux.

Mais hélas, et tu en conviendras j'en suis sûr, cette maladie qui serait bénigne si elle était traitée à temps s'incruste en chacun d'entre nous et laisse des séquelles aux plus grands. Et c'est bien là le sens de l'hommage ancien. Une jeune noblesse imprégnée de la tradition orale est née, à Beausoleil, exempte de toute trace de torpeur, régénérée.

Et ce n'est pas trahir la vieille noblesse, non. Pas depuis que les réformés helvétiques ont su tirer le meilleur parti de la constitution républicaine et libérale qui soutient leur économie.

Comme les grecs anciens aimaient à l'échanger, la démocratie serait le moindre mal. Fi! Régénérons la noblesse, ne laissons pas les scribouillards nous dicter comment planter les choux! Montrons leur qu'on peut trouver un compromis juste et sincère entre les villes franches - quoiqu'en dise les juristes qui veulent nous refaire le sénat romain... - et les fiefs, que les serfs peuvent être accompagnés dans leur rude tâche par le travail d'équipe rodées de journaliers venus des villes franches les plus proches.

Les nobles qui resterons campés sur leur positions ne gouverneront plus que leurs murs et un ou deux valet servile, et ils ne l'auront pas volé, la solution étant sous leurs yeux dorénavant.

Venons-en à mes confidences. Si j'ai délaissé ma première fiancée, c'est qu'elle prenait son génie pour un privilège, et si je suis tombé dans les bras d'Héloïse, c'est qu'elle sait que son génie, c'est simplement la vie. Je suis vivant moi aussi, je ne suis pas malade, chavirante.

Tu as ma parole de noble régénéré que mon soutien t'es acquis pour aujourd'hui et à jamais, que mes sentiments affectueux t'accompagnent et que notre amitié toute fraternelle me réchauffe le coeur à chaque pas.

Si ce n'était ce mauvais mariage qu'Héloïse a contracté, j'irais le coeur léger, grâce à toi notamment, me battre pour Marseille et sa figure de proue.

Armanté, suzerain sans terre.


Elle se leva brusquement, laissant la lettre sur la table, et descendit les escaliers en trombe, sourire béat aux lèvres, courut vers la plus proche taverne pour se remettre de son émotion. Il l'aimait, elle l'aimait. C'était si simple et si évident. Ne pas penser au reste.
Prouvencao
Alexis aimait les gens qui se laissaient emporter par leur verve oratrice. Il sourit alors, puis, après un long moment de silence, se leva de son siège, bien que n'en ayant point le besoin pour dominer son interlocuteur avant de dire.

Et bien je ne vois rien contre pour ne point vous engager sieur Fernal. Je me ferais un plaisir que de vous faire visiter le château de Marignane, bien que n'y résidant que fort rarement...

Sa belle épousaille se précipitait pour aller s'occuper de leur fille et quittait les lieux aussi rapidement. Alexis invita Fernal à le laisser seul, il avait désormais le luxe de pouvoir se mouvoir librement dans l'immeuble et sur les terres vicomtales.

Deux personnes disparaissaient de cette scène, mais l'acte n'était pas pour autant terminé. Le vicomte resta un temps dans son bureau à méditer les agissements de son épouse, elle semblait plus distante, moins attentionnée... Un peu attristé à cela, il descendit pour la retrouver et mieux la comprendre. Bogarde lui signala qu'il lui avait remis un rouleau et qu'elle avait filé au salon. Sa curiosité était à l'affût, surtout que son valet lui avait dit qu'elle était aussitôt ressortie transformée... étrange. Arrivé dans le salon, il sentit une odeur qu'il connaissait jadis, le bonheur, la joie de vivre... l'amour. Un parchemin sur une des tables de la pièce, de là rayonne cette atmosphère. Quelques larmes tombèrent sur le vélin et en effacèrent petit à petit les lettres d'encre... ses doigts se resserrèrent petit à petit, froissant la peau du support. Ses yeux rougissaient avant que le chevalier retourna s'enfermer en sa tour d'ivoire à jamais...
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Uno avulso non deficit alter
Kylee
[Dans les rues d'Aix, jusque devant la porte]


Pourquoi avait-elle accepté cette invitation ? Elle même l'ignorait. Sa curiosité la titillait depuis quelques heures déjà. Maintenant la nuit était tombée, elle venait d'être relevée au poste de garde, sur les remparts, et Morphée ne semblait pas pressé de venir lui rendre sa visite quotidienne. Ayant décidé qu'un peu de compagnie ne lui ferait pas de mal, elle était partie, coussin-doudou toujours serré contre son cœur, d'aller à la rencontre dudit propriétaire du coussin, et peut-être finir par lui rendre son bien, qu'elle avait certes un tantinet volé, mais c'était pour son bien. Son bien à elle, pas au coussin. Elle passa près de la cathédrale, qui se mit à sonner minuit, lui arrachant un sursaut et un -très- léger cri de surprise. Un ivrogne ou deux se retournèrent, sifflant et faisant des commentaires peu courtois, mais la vue de l'épée ceinte à la taille de la demoiselle leur fit passer l'envie de faire des plaisanteries grivoises.

Les maudissant en son for intérieur, car n'ayant théoriquement pas le droit de boire, même si son service était terminé et que d'ici le lendemain matin elle aurait dessaoulé, elle passa par la place des tavernes, et machinalement, jeta un œil par les fenêtres. Quelques visages vaguement connus, mais pas de quoi s'y arrêter et se détourner de sa première idée.

Le nez en l'air, elle observait la Lune. Comment un astre aussi poétique avait-il pu être pris pour Enfer ? Un poème d'enfant lui revint en mémoire, et la fit sourire.

"La lune est une indiscrète
Regardez comme elle est faite !
Pas un cheveu sur la tête !
Par les fentes des cloisons,
Elle voit dans les maisons
Et nous cherche des raisons.
La lune est une indiscrète.

Nous lui tounerons le dos !
Pour dormir dans nos dodos,
Nous fermerons nos rideaux
Au nez de la pâle intruse.
"Coucou, c'est moi, je m'amuse ! "
Comment ? Encore ? Elle abuse ...
Nous lui tournerons le dos.

Nous l'avons si bien vexée
Qu'elle s'est presque effacée.
La semaine s'est passée,
Il n'en reste plus qu'un quart.
"Coucou, lune ..." Il est trop tard,
Elle n'est plus nulle part....
Nous l'avons trop bien vexée ! "

Sur ces pensées mélancoliques, elle arriva devant la demeure du Seigneur de Marignane, et tapa trois coups discrets contre le lourd battant. C'est décidé, si personne ne vient avant que ce nuage ne masque la Lune, elle s'en irait.

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Prouvencao
Le vicomte était resté veiller dans un salon de son immeuble vide, lorsque les coups à la porte résonnèrent dans dans le vestibule étagé. Refermant son livre, il le posa sur le guéridon avant d'aller voir qui était là. Vu que la nuit était bien avancée, il prit son épée au cas où, puis ouvrit. La belle Brignolaise rencontrée plus tôt avait répondu au rendez-vous, il en sourit, avant de lui piquer le coussin.

Entrez je vous en prie, Kylee. Il est un peu tard pour accueillir une femme chez soi, mais entrez !

Alexis faillit en rire en y pensant, puis il gravit les marches, précédé par la damoiselle comme le voulait le protocole, permettant à l'homme de juger de la femme aux fesses qu'il pouvait voir dandiner devant lui. Enfin, il la laissa aussi pénétrer la première dans la salle, comme cela si un assassin attendait il l'aurait tué, et non lui. On se demandait d'où venait cette galanterie méticuleuse... et pragmatique.

Peut-être une petite coupe pour vous désaltérer, caporal ?
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Uno avulso non deficit alter
Kylee
Le nez tourné vers l'astre de la nuit, Aurore ne remarqua pas que la porte s'ouvrait derrière elle. Ce ne fut que la sensation du coussin qui glissait de ses bras qui la fit réagir... Ce soir elle était dans... La Lune, c'était le cas de le dire. Ainsi donc le Vicomte ouvrait lui-même les portes de son hôtel, en pleine nuit... Elle était un peu surprise, mais ne souffla mot, tandis qu'il achevait sa conquête du coussin, sans se voir opposer grande résistance... Elle aurait toujours le temps de le récupérer plus tard. Il lui souriait, elle lui rendit un sourire, poli et un peu intimidé. Mes ses yeux brillaient de la flamme qu'allumait en eux la curiosité, qui consumait la jeune femme depuis quelques temps. Séléné trouva reflet, au niveau de la taille du Vicomte. Une épée. Imprudent, mais pas fou.

Entrez je vous en prie, Kylee. Il est un peu tard pour accueillir une femme chez soi, mais entrez !

Serait-ce un reproche tout masqué de courtoisie ? Ne vous en faites donc pas, la rue et déserte, il n'y a guère que de vos gens de maison dont il faut craindre les commérages...

Il s'effaça pour la laisser entrer, et bien qu'elle ignorât tout de l'endroit où ils devaient se rendre, le précéda dans la montée d'escalier, l'esprit bien loin des pensées du Vicomte ! Elle effleurait la rampe du bout des doigts, tandis que son autre main était occupée à relever sa robe au niveau des chevilles, afin qu'elle ne se prenne pas les pieds dans l'étoffe en montant...
Puis il fallut entrer dans une salle. De nouveau il s'effaça, permettant à Aurore de pouvoir détailler des yeux la pièce...


Peut-être une petite coupe pour vous désaltérer, caporal ?

La coupe n'est pas de refus, non.

Intentionnellement, elle ne releva pas le "caporal". Un sourire apparut sur les lèvres finement dessinées de la jeune femme. Sans y avoir été invitée, elle s'assit sur un des divans qui meublaient la pièce, et attrapa le livre qui traînait sur une petite table non loin d'elle. Caressant la reliure de la pointe de ses doigts, elle dirigea son regard, toujours teinté de curiosité, mais aussi d'une pointe de défi quant à cette prise de position sur canapé impromptue vers le Vicomte, qu'elle dévisageait sans la moindre gêne, cherchant sans doute à percer le secret de ses intentions.
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Prouvencao
Euh... laissa échapper le vicomte alors que la soldate venait de s'allonger provocante sur le divan, s'accaparant le livre qu'il avait fermé il y a quelques minutes seulement. Et tenant toujours ses coupes remplies de vin, il resta là dans une posture théâtrale digne d'une pièce antique, un peu bébête... je sais, mais je suis le narrateur, et je torture comme je veux mon personnage...

Je n'ai rien contre que vous le feuilletiez... cependant vous n'en comprendrez un traitre mot, lui dit-il tout sourire. Je n'ai pas encore eu le temps de le traduire en grec pour le moment, c'est du persan !

Puis lui tendant le fort louable liquide de Dionysos, il s'étendit à ses côtés, portant un moment le sang du dieu à ses lèvres, puis se retournant vers son invitée.

Enfin, j'ai pu comprendre que cela parlait de dualisme, d'un certain Mani que j'ai traduit par Manikhaios, du bien et du mal, de l'amour et de la haine. En bref ce sont des hérétiques pour nous... et nous passons pour des hérétiques à leurs yeux. Sinon merci de me tenir compagnie belle Kylee.
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Uno avulso non deficit alter
Kylee
Déjà, elle ne le regardait plus. Son attention s'était détournée du Vicomte pour revenir vers le livre, qu'elle tenait à présent ouvert sur ses genoux. Délicatement, elle tournait chaque page, étonnée quant à la manière d'écrire, qui lui était totalement inconnue... Des espèces de boucles, des points ou des apostrophes un peu partout... Mais elle était surtout tombée en arrêt devant la beauté et la finesse des enluminures...
Écoutant distraitement le Vicomte, elle finit par relever la tête...


Du persan, vraiment ? C'est bien la première fois que j'en vois...

Depuis quelques instants déjà il était auprès d'elle, le bras en l'air, elle finit par le débarrasser du verre qu'il lui tendait, sans pour autant le porter tout de suite à ses lèvres. Il prit ensuite place à côté d'elle, savourant le contenu de sa propre coupe, tandis qu'elle gardait les yeux rivés sur une enluminure.

Enfin, j'ai pu comprendre que cela parlait de dualisme, d'un certain Mani que j'ai traduit par Manikhaios, du bien et du mal, de l'amour et de la haine. En bref ce sont des hérétiques pour nous... et nous passons pour des hérétiques à leurs yeux. Sinon merci de me tenir compagnie belle Kylee.

A l'énoncé des dualités évoquées par Prouvencao, la jeune femme ne put s'empêcher de se remémorer la conversation qu'elle avait eu avec Fernal, plus tôt dans la journée... Un sourire énigmatique vint se poser sur ses lèvres... Elle avait bien envie de le revoir, ce nain, et de lui demander une explication quant à ces "Œuvres" dont il avait parlé... Mais l'heure n'était pas à l'alchimie, et le vin de sa coupe lui fit soudainement envie. Mais avant, il fallait répondre.

Mais merci à vous de m'accueillir à pareille heure, Vicomte...

Lentement, elle reposa le livre sur la petite table non loin de là, puis porta la coupe à ses lèvres. Une première gorgée, un test décisif quant aux goûts de son hôte en matière de vins. C'était jeune, vif et fruité. Pas trop mauvais, en somme. Une seconde gorgée, puis une troisième, toutes deux d'une lenteur étudiée, elle renversait doucement la tête en arrière, prenant appui de son autre main afin de ne pas perde l'équilibre...

Dites-moi, avez vous passé une bonne journée ?

Sourire plein de candeur, puis retour vers sa coupe.
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Prouvencao
Dites-moi, avez vous passé une bonne journée ?

Alexis ne put s'empêcher de sourire devant tant de naïveté... mais est-elle sincère ou forcée, il n'arrivait à décrypter le vrai visage de la demoiselle dont seule la beauté transparaissait. Il avait beau la regarder droit dans les yeux, décomposer chacun de ses faits et gestes, du moindre imperceptible battement de cils, aux délicats touchers de ses doigts sur les enluminures de toute beauté, ce qu'il avait appris ne lui suffisait pas pour la comprendre. Il en venait à conclure qu'elle était des plus naturelles, sans artifice, une femme de grand charme.

Cela dépend comment définir une bonne journée belle damoiselle, finir cette dernière au côté d'une belle créature ? Ou avoir passé une partie de celle-ci avec elle en taverne, je dois dire que sans les Brignolais, la capitale était bien monotone durant mon mandat, il est dommage que vous repartiez si vite.

Le vicomte ne put s'empêcher de se resservir et de faire de même avec la coupe de son invitée non sans mauvais dessein. Il n'avait pas goût à cela, sa belle compagnie lui suffisait, il avait d'autres choses en tête pour l'instant...
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Uno avulso non deficit alter
Kylee
Une quatrième gorgée, et elle achevait totalement sa coupe, tournant toujours les pages du livre. Surprenant un regard du Vicomte, elle rougit légèrement, ce dont il ne dut pas s'apercevoir dans la pénombre de l'éclairage aux chandelles.

Cela dépend comment définir une bonne journée belle damoiselle, finir cette dernière au côté d'une belle créature ? Ou avoir passé une partie de celle-ci avec elle en taverne, je dois dire que sans les Brignolais, la capitale était bien monotone durant mon mandat, il est dommage que vous repartiez si vite.

Oyant le "belle demoiselle" -l'adjectif qualificatif fut même deux fois- le rouge monta de nouveau aux joues de la jeune fille, qui ne put réprimer un sourire. Qu'il était bon d'être admirée de la sorte...


Oui, c'est vrai, c'est fort dommage... Je commençais seulement à bien connaitre Aix et ses habitants... Mais rien ne vous empêcherait de venir nous rendre une petite visite à Brignoles, une fois vostre mandat terminé. Nous... Je serai ravie de vous faire visiter la ville. N'allons pas employer de pluriel à mauvais escient, je sais que vous n'avez pas que des amis en nostre belle cité... La plus belle de Provence !

De nouveau, il lui servit du vin, qu'elle accepta sans broncher, faisant même tourner doucement le liquide dans son verre.

Et puis je meurs d'envie de retourner à Marseille, nous devons normalement partir entre demoiselles... Les Marseillais n'ont qu'à bien se tenir !

De nouveau, elle sourit... Il manquait un petit quelque chose à l'atmosphère... Une petite musique, qui lui trottait dans la tête depuis quelques temps déjà, et qui était tout autre que "La maison Tournicoti", laquelle maison allait finir par être classé comme hérésie et outrage au bon goût musical !
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Prouvencao
Voyager... en effet j'en rêve, mais si je vais bientôt en Orient, je passerai par Brignoles. Je ne compte pas m'éterniser en Provence.

Les yeux du vicomte brillèrent.

Une telle aventure vous tenterait-elle damoiselle Kylee ? Vous êtes une farouche combattante, jeune et intelligente, de nouveaux horizons vous intéresseraient-ils ?!?

Alexis se leva alors, un peu soucieux.

Une Croisade !
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Uno avulso non deficit alter
Kylee
Elle souriait, l'enthousiasme et la fougue du Vicomte faisaient plaisir à voir.

En Orient ? Mais... Je ne parle pas un mot de... De Persan, ou de Grec, ou de je-ne-sais-quoi...

Cependant, elle se prit à rêver d'immenses étendues sauvages, de contrées lointaines, de chevauchées effrénées, de couchers de Soleil, de nuits à la belle étoile...
D'un geste de la main, elle chassa ces pensées de son esprit.


Croisade...

En même temps... Tuer des personnes pour une question de religion... Cela n'était pas cela en quoi elle croyait.

Mais, une croisade... Tuer des estres vivants pour une question de religion... C'est intolérant, et je ne retrouve pas là-dedans l'amitié aristotélicienne qu'on m'a toujours enseignée... Enfin, là n'est pas la question pour le moment, je vous promet néanmoins que j'y réfléchirai.

D'un geste de la main, elle lissa la toile du divan à côté d'elle.

Mais rasseyez-vous... Vous aurez tout le temps de songer à cette croisade, alors que je repars demain... Alors comme disent les Latins, Carpe Diem.

Et de nouveau, elle but une gorgée de vin.
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Prouvencao
Se rasseyant, Alexis sourit à Kylee devant ce qu'elle relevait, elle n'était pas seulement belle femme comme en jugerait un homme simplet aux apparences, mais bien une personne intelligente et sensible comme il l'avait décelé. Intolérant... question de religion... tuer des personnes... ces mots ricochèrent dans les parois de son cerveau comme autant de complaintes et de gémissements qui hantaient ses rêves au plus profond de ses nuits.

L'amitié aristotélicienne, lui dit-il en posant ses mains sur les siennes, m'ordonne d'aller délivrer mes frères... Ce n'est pas une simple épreuve de force, un bain de sang odieux ou je ne sais quoi. Mais bien allez rétablir l'autorité du Très-Haut sur des terres où ses fidèles sont opprimés, les libérer du joug des Osmanlis, les rejeter par delà la mer.

Vive valeque damoiselle Kylee
, ajouta le vicomte en trinquant avec elle.
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Uno avulso non deficit alter
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