Afficher le menu
Information and comments (0)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] Blanc carmin, Sel et sang liés.

Gadzelle
Gadzelle s'ennuyait. Certes, elle l'avait voulu ce voyage à Angoulême pour plusieurs raisons - certaines plus louables que d'autres mais là... C'était rageant. Oui, à s'énerver contre elle même qui avait voulu se tester, contre cette ville qui ne vivait plus que par à coups, à croire que les habitants se terraient en attendant l'heure du souper, à s'énerver contre ces élections comtales. 4 listes! Elle s'était attendu à quoi comme résultat? Certainement pas à ça. Difficile de trancher, le comté allait ne pâtir.

Et puis c'était Angoulême quoi, leur ville. Il foutait quoi d'abord à ne pas lui répondre? Tous les soirs en repensant à la journée passée sans nouvelle, la brune s'inquiétait. Certes parfois elle le cachait à Wulfrik, parfois non. Mais sortir de quoi écrire, griffonner un 'Je vais bien, ne vous en faites pas' c'était simple après tout. Il était si occupé que ça? Surement à courir des filles aux cuisses légères.

Dans la taverne où elle se trouvait, tout sentait la poussière et l'ennui. Elle avait peur de s'imprégner de cette odeur, de ne plus en sortir et de l'avoir dans le nez jusqu'à la fin de sa vie. Elle voulait de la couleur, pas ce blanc uniforme qui recouvrait la région, pas ce gris poussiéreux qui se collait sur ses vêtements eux mêmes gris souris. Il n'y avait que les flammes pour traverser le froid dont elle s'entourait telle une carapace. Les flammes et sa folie qui lui rongeait de moins en moins l'esprit. Elle ne se droguait plus il fallait dire, les effets s'estompaient. L'alcool était un meilleur remède lui avait-on dit, pourquoi pas. Va pour l'alcool.

Son regard se baissa sur la main qui se tendait vers sa chope. L'hiver avait déjà fait son œuvre, le hâle qui lui rappelait l'été n'était plus qu'un souvenir sur sa peau presque blanche, presque diaphane. Une veine bleue au creux du poignet. Du sang. De la vie. De la couleur. Pourquoi pas.

La dague fut sortie, lame de fer mille fois polies à en être brillante, reflets du feu la rendant vivante. Le fil fut placé sur le dos de sa main gauche, là où on voyait si bien les veines. La griffure fut lente afin de ressentir la douleur, afin de voir la vie. Le sang perla. Gouttes carmin sur peau diaphane, Rouge vif sur le gris environnant. Elle sortit, laissant la blessure sans soin et passa la main au dessus de la neige. Des gouttelettes suivirent le mouvement, traçant une ligne en pointillés écarlates sur le blanc froid.

Satisfaite de laisser des bouts de soi vivants sur le paysage mort alentours, la brune rentra dans la taverne, près de ce feu appelant la vie, sa vie, lui redonnant la chaleur qu'il lui fallait pour ne pas se perdre de nouveau dans sa folie. Dès que le froid se sentait, la folie approchait. Et ces derniers temps, elle avait trop souvent froid.

Le poing fut serré, un linge plutôt propre fut sorti de sa besace et servit à nettoyer la blessure. Les minutes suivantes furent consacrer à admirer la ligne vive sur cette peau blanche, le contraste entre sa vie et ce monde mort.

Puis les pensées habituelles revinrent. Wulfrik qui ne lui avait toujours pas écrit. Jihaime qui la dédaignait totalement. Curieusement, le second point l'agaçait plus que le premier. Elle s'inquiétait pour lui, il fallait bien se l'avouer. Un second courrier? Non, il s'énerverait. L'énerver? Non, c'est lui qui avait décidé de partir, qu'il crève ailleurs et sans elle.

Triste doublure des gouttes de sang qui coulaient de nouveau de son poing, des larmes de sel filèrent le long de ses joues. Ces derniers temps, c'était la rage qui la maintenant en vie.

Sur sa main, les deux se mêlèrent. Sel et sang liés.

_________________
Gadzelle
La brune était en train de bichonner son hongre quand le pigeon était arrivé. Le volatile avait tourné lentement autour de sa tête, comme dubitatif sur l'identité de la personne à terre. De haut elle devait avoir l'air bien étrange. Petit point brun entouré de gris qui tourne autour d'un immense cheval noir. Devant la bête, Gadzelle avait déposé du fourrage et de l'avoine acheté à prix d'or dans Angoulême. Reconnaissant, Ombre - car tel était le nom légué avec le cheval - mâchait avec délectation et lentement, certainement heureux d'avoir autre chose que de maigres herbes sur le chemin.

Enfin, la bestiole se posa sur la croupe du hongre. Le poing serrant des herbes sèches lui servant à étriller la peau épaisse et fumante de son cheval, la jeune femme s'arrêta. Quelques secondes après avoir pesé son envie de terminer son travail et celle de lire le billet qui lui faisait de l'œil à la patte de l'animal, la périgourdine déposa des grains d'avoine et d'orge devant le pigeon. Tandis qu'il picorait sur la croupe du cheval, Gadzelle détacha le petit parchemin pour le glisser dans une poche. Ça attendrait.

Quelques heures plus tard, le hongre reposant frais et dispos devant la taverne où elle s'était arrêtée, Gadzelle attendait Yodéa. Il serait bientôt l'heure de repartir, elle n'avait pas envie d'entrer en Poitou trop tard dans la soirée. Alors qu'elle pensait que le voyage avec sa Grenouille allait les rapprocher, une étrange distance s'était installée. Gadzelle lui en voulait profondément de l'abandonner, et se détestait de ne pas avoir le courage de le suivre. Tant d'hommes tournaient à la lisière de son esprit ces derniers temps, elle se sentait écartelée par ses sentiments et ses devoirs.

Wulfrik tout d'abord, leurs retrouvailles avaient été des plus fraiches. Elle qui avait pourtant besoin de sa chaleur, avait eu l'impression qu'il était plus intéressé par sa promotion toute fraiche que par son retour pour la soirée. C'est un goût amer dans la bouche qu'elle s'était éclipsée.
Yodéa qui était enfermé dans son esprit, surement déjà tout à son voyage et son départ prochain. A moins que ce ne soit une manière de se protéger, couper les ponts le plus tôt possible pour moins souffrir le jour où ils ne se verraient plus.
Von... C'était une énigme pour elle. Le dégoût, la haine de lui était ancré au plus profond de son être. Pourtant... Elle le savait, l'amour est parfois bien proche de la haine et elle se sentait à certains moments proche de la frontière de la folie. Jamais elle ne se l'avouerait, toujours elle ne l'aimerait plus jamais... Mais n'était-ce pas leur devise que de "Toujours... Jamais"?
Lekaiser, son renard roux. Sa chevelure de feu flottait devant ses yeux et la réchauffait à chaque fois qu'elle la voyait. Elle aurait aimé jouer plus longtemps avec lui, mais 'on' lui en avait refusé le droit.
Jihaime qui avait failli la faire chavirer plus d'une fois. Elle aimait en lui ce que pouvait lui apporter l'ivresse de l'instant, ne jamais prévoir, combattre encore et encore le monde autour de lui. D'un certain côté, la brune était identique. Refuser ce que la vie vous offre de crainte de souffrir. Nier son droit au bonheur comme tout un chacun pour fuir le moment où ce bonheur allait vous être enlevé. Mais il était parti, sans elle, sans but peut être. Et les nouvelles ne venaient pas... Quoique? Et le pigeon arrivé plus tôt?

Fébrilement, elle déplia le morceau de parchemin large comme le poing. Mauvaises nouvelles... Segonzac aux rênes du comté. Elle maîtrisa un haut le cœur en serrant son poing sur le vélin. L'estafilade le long du dos de sa main se rouvrit, ligne rouge et perles de sang dans sa vision brouillée par des larmes de rage. Écœurée, elle balança la boule de papier dans le feu et ferma les yeux pour sentir couler deux perles uniques le long de son visage.

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)