Gadzelle
Gadzelle s'ennuyait. Certes, elle l'avait voulu ce voyage à Angoulême pour plusieurs raisons - certaines plus louables que d'autres mais là... C'était rageant. Oui, à s'énerver contre elle même qui avait voulu se tester, contre cette ville qui ne vivait plus que par à coups, à croire que les habitants se terraient en attendant l'heure du souper, à s'énerver contre ces élections comtales. 4 listes! Elle s'était attendu à quoi comme résultat? Certainement pas à ça. Difficile de trancher, le comté allait ne pâtir.
Et puis c'était Angoulême quoi, leur ville. Il foutait quoi d'abord à ne pas lui répondre? Tous les soirs en repensant à la journée passée sans nouvelle, la brune s'inquiétait. Certes parfois elle le cachait à Wulfrik, parfois non. Mais sortir de quoi écrire, griffonner un 'Je vais bien, ne vous en faites pas' c'était simple après tout. Il était si occupé que ça? Surement à courir des filles aux cuisses légères.
Dans la taverne où elle se trouvait, tout sentait la poussière et l'ennui. Elle avait peur de s'imprégner de cette odeur, de ne plus en sortir et de l'avoir dans le nez jusqu'à la fin de sa vie. Elle voulait de la couleur, pas ce blanc uniforme qui recouvrait la région, pas ce gris poussiéreux qui se collait sur ses vêtements eux mêmes gris souris. Il n'y avait que les flammes pour traverser le froid dont elle s'entourait telle une carapace. Les flammes et sa folie qui lui rongeait de moins en moins l'esprit. Elle ne se droguait plus il fallait dire, les effets s'estompaient. L'alcool était un meilleur remède lui avait-on dit, pourquoi pas. Va pour l'alcool.
Son regard se baissa sur la main qui se tendait vers sa chope. L'hiver avait déjà fait son uvre, le hâle qui lui rappelait l'été n'était plus qu'un souvenir sur sa peau presque blanche, presque diaphane. Une veine bleue au creux du poignet. Du sang. De la vie. De la couleur. Pourquoi pas.
La dague fut sortie, lame de fer mille fois polies à en être brillante, reflets du feu la rendant vivante. Le fil fut placé sur le dos de sa main gauche, là où on voyait si bien les veines. La griffure fut lente afin de ressentir la douleur, afin de voir la vie. Le sang perla. Gouttes carmin sur peau diaphane, Rouge vif sur le gris environnant. Elle sortit, laissant la blessure sans soin et passa la main au dessus de la neige. Des gouttelettes suivirent le mouvement, traçant une ligne en pointillés écarlates sur le blanc froid.
Satisfaite de laisser des bouts de soi vivants sur le paysage mort alentours, la brune rentra dans la taverne, près de ce feu appelant la vie, sa vie, lui redonnant la chaleur qu'il lui fallait pour ne pas se perdre de nouveau dans sa folie. Dès que le froid se sentait, la folie approchait. Et ces derniers temps, elle avait trop souvent froid.
Le poing fut serré, un linge plutôt propre fut sorti de sa besace et servit à nettoyer la blessure. Les minutes suivantes furent consacrer à admirer la ligne vive sur cette peau blanche, le contraste entre sa vie et ce monde mort.
Puis les pensées habituelles revinrent. Wulfrik qui ne lui avait toujours pas écrit. Jihaime qui la dédaignait totalement. Curieusement, le second point l'agaçait plus que le premier. Elle s'inquiétait pour lui, il fallait bien se l'avouer. Un second courrier? Non, il s'énerverait. L'énerver? Non, c'est lui qui avait décidé de partir, qu'il crève ailleurs et sans elle.
Triste doublure des gouttes de sang qui coulaient de nouveau de son poing, des larmes de sel filèrent le long de ses joues. Ces derniers temps, c'était la rage qui la maintenant en vie.
Sur sa main, les deux se mêlèrent. Sel et sang liés.
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Et puis c'était Angoulême quoi, leur ville. Il foutait quoi d'abord à ne pas lui répondre? Tous les soirs en repensant à la journée passée sans nouvelle, la brune s'inquiétait. Certes parfois elle le cachait à Wulfrik, parfois non. Mais sortir de quoi écrire, griffonner un 'Je vais bien, ne vous en faites pas' c'était simple après tout. Il était si occupé que ça? Surement à courir des filles aux cuisses légères.
Dans la taverne où elle se trouvait, tout sentait la poussière et l'ennui. Elle avait peur de s'imprégner de cette odeur, de ne plus en sortir et de l'avoir dans le nez jusqu'à la fin de sa vie. Elle voulait de la couleur, pas ce blanc uniforme qui recouvrait la région, pas ce gris poussiéreux qui se collait sur ses vêtements eux mêmes gris souris. Il n'y avait que les flammes pour traverser le froid dont elle s'entourait telle une carapace. Les flammes et sa folie qui lui rongeait de moins en moins l'esprit. Elle ne se droguait plus il fallait dire, les effets s'estompaient. L'alcool était un meilleur remède lui avait-on dit, pourquoi pas. Va pour l'alcool.
Son regard se baissa sur la main qui se tendait vers sa chope. L'hiver avait déjà fait son uvre, le hâle qui lui rappelait l'été n'était plus qu'un souvenir sur sa peau presque blanche, presque diaphane. Une veine bleue au creux du poignet. Du sang. De la vie. De la couleur. Pourquoi pas.
La dague fut sortie, lame de fer mille fois polies à en être brillante, reflets du feu la rendant vivante. Le fil fut placé sur le dos de sa main gauche, là où on voyait si bien les veines. La griffure fut lente afin de ressentir la douleur, afin de voir la vie. Le sang perla. Gouttes carmin sur peau diaphane, Rouge vif sur le gris environnant. Elle sortit, laissant la blessure sans soin et passa la main au dessus de la neige. Des gouttelettes suivirent le mouvement, traçant une ligne en pointillés écarlates sur le blanc froid.
Satisfaite de laisser des bouts de soi vivants sur le paysage mort alentours, la brune rentra dans la taverne, près de ce feu appelant la vie, sa vie, lui redonnant la chaleur qu'il lui fallait pour ne pas se perdre de nouveau dans sa folie. Dès que le froid se sentait, la folie approchait. Et ces derniers temps, elle avait trop souvent froid.
Le poing fut serré, un linge plutôt propre fut sorti de sa besace et servit à nettoyer la blessure. Les minutes suivantes furent consacrer à admirer la ligne vive sur cette peau blanche, le contraste entre sa vie et ce monde mort.
Puis les pensées habituelles revinrent. Wulfrik qui ne lui avait toujours pas écrit. Jihaime qui la dédaignait totalement. Curieusement, le second point l'agaçait plus que le premier. Elle s'inquiétait pour lui, il fallait bien se l'avouer. Un second courrier? Non, il s'énerverait. L'énerver? Non, c'est lui qui avait décidé de partir, qu'il crève ailleurs et sans elle.
Triste doublure des gouttes de sang qui coulaient de nouveau de son poing, des larmes de sel filèrent le long de ses joues. Ces derniers temps, c'était la rage qui la maintenant en vie.
Sur sa main, les deux se mêlèrent. Sel et sang liés.
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