Johanara
Quelques heures encore , et ils seraient enfin en Berry.
Plus dun an que ses pas navaient foulés sa terre natale, aussi le regard de la jeune Baronne pétillait il de ravissement et dimpatience tandis que ces larges prunelles véronèses caressaient la sylve dense qui défilait à la fenêtre.
Au dehors , la forêt sétendait, verdoyant lhorizon. Quelques pâles rayons de lune jetait leur froide clarté sur les bois et les près alentours. Le vent rude des hivers berrichons cherchait querelle aux grands arbres, sapins incommensurables qui semblaient caresser le firmament de leurs cimes.
Une bourrasque glaciale sengouffra dans le coche , arrachant à la rouquine un frisson .
Tudieu! La froidure ne mavait point manqué! Autant lété ardent de l'Armagnac ne seyait guère à ma peau de rousse , autant la rigueur de ce frimas est à glacer le sang!
Quelques légers cernes soulignaient lémeraude de ses yeux et sa peau semblait plus opaline encore quà laccoutumée. Lasse , elle ouvrit les bras du jeune Seigneur à ses côtés et les referma autour de ses graciles épaules , sabandonnant contre son torse , ses boucles de feu chatoyant sur le tissu indigo de la tunique de son compagnon.
Tellement de nuits sous la paupière à être bringuebalée sur la banquette pourpre par le suppôt de Sardanapale à la conduite fantaisiste et effrénée qui faisait office de cocher , Johanara était exténuée.
Leur périple à travers les routes de France avait été des plus harassants -et surtout lépisode tragique avec lénorme poisson chat qui avait bien failli les bouffer sans vergogne!- ainsi le reste du trajet se fit dans un silence monacale, à ceci près que le cousin ronflait comme un résidu de poulpe enrhumé , le museau perdu dans les entrelacs délicats de la blonde chevelure de sa fiancée.
Si sa suivante avait déjà séjourné quelques temps à Saint Aignan , le reste de la troupe ignorait les charmes et les attraits inégalables de sa terre. Ah ça le pieux Berry allait les changer de leur bled respectif! Surtout quil venait tous de duchés et de comtés bien moins plaisants , Guyenne pour son cousin , Artois pour son écuyer et même de la triste Auvergne pour son compagnon.
Comment une telle région peuplée dénergumènes falots et de basins rebutants pouvait elle avoir vu grandir en son giron , le plus séduisant des hommes conforme par sa rayonnante figure aux portraits de quelques beaux éphèbes antiques. Son regard vint sancrer aux iris azuréennes de Valezy qui ne souffrait la comparaison avec nul autre mortel tant par son esprit que par sa prestance et toutes les innombrables qualités qui le rendait unique aux yeux de la belle , folle damour pour lui.
Humez moi cet air ! Avez-vous déjà senti plus douce fragrance? Nous y voila ,le Berry a nul autre pareil! Même la terre a une autre couleur , moins terne! Entendez comme le hululement des hiboux est harmonieux!
Et tandis que la Baronne délirait allègrement sur le faste et la luxuriante beauté de sa région natale, le Castel de Lignières , imposant et fier , se profilait aux loin.
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Plus dun an que ses pas navaient foulés sa terre natale, aussi le regard de la jeune Baronne pétillait il de ravissement et dimpatience tandis que ces larges prunelles véronèses caressaient la sylve dense qui défilait à la fenêtre.
Au dehors , la forêt sétendait, verdoyant lhorizon. Quelques pâles rayons de lune jetait leur froide clarté sur les bois et les près alentours. Le vent rude des hivers berrichons cherchait querelle aux grands arbres, sapins incommensurables qui semblaient caresser le firmament de leurs cimes.
Une bourrasque glaciale sengouffra dans le coche , arrachant à la rouquine un frisson .
Tudieu! La froidure ne mavait point manqué! Autant lété ardent de l'Armagnac ne seyait guère à ma peau de rousse , autant la rigueur de ce frimas est à glacer le sang!
Quelques légers cernes soulignaient lémeraude de ses yeux et sa peau semblait plus opaline encore quà laccoutumée. Lasse , elle ouvrit les bras du jeune Seigneur à ses côtés et les referma autour de ses graciles épaules , sabandonnant contre son torse , ses boucles de feu chatoyant sur le tissu indigo de la tunique de son compagnon.
Tellement de nuits sous la paupière à être bringuebalée sur la banquette pourpre par le suppôt de Sardanapale à la conduite fantaisiste et effrénée qui faisait office de cocher , Johanara était exténuée.
Leur périple à travers les routes de France avait été des plus harassants -et surtout lépisode tragique avec lénorme poisson chat qui avait bien failli les bouffer sans vergogne!- ainsi le reste du trajet se fit dans un silence monacale, à ceci près que le cousin ronflait comme un résidu de poulpe enrhumé , le museau perdu dans les entrelacs délicats de la blonde chevelure de sa fiancée.
Si sa suivante avait déjà séjourné quelques temps à Saint Aignan , le reste de la troupe ignorait les charmes et les attraits inégalables de sa terre. Ah ça le pieux Berry allait les changer de leur bled respectif! Surtout quil venait tous de duchés et de comtés bien moins plaisants , Guyenne pour son cousin , Artois pour son écuyer et même de la triste Auvergne pour son compagnon.
Comment une telle région peuplée dénergumènes falots et de basins rebutants pouvait elle avoir vu grandir en son giron , le plus séduisant des hommes conforme par sa rayonnante figure aux portraits de quelques beaux éphèbes antiques. Son regard vint sancrer aux iris azuréennes de Valezy qui ne souffrait la comparaison avec nul autre mortel tant par son esprit que par sa prestance et toutes les innombrables qualités qui le rendait unique aux yeux de la belle , folle damour pour lui.
Humez moi cet air ! Avez-vous déjà senti plus douce fragrance? Nous y voila ,le Berry a nul autre pareil! Même la terre a une autre couleur , moins terne! Entendez comme le hululement des hiboux est harmonieux!
Et tandis que la Baronne délirait allègrement sur le faste et la luxuriante beauté de sa région natale, le Castel de Lignières , imposant et fier , se profilait aux loin.
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