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[RP] Enfin en Berry!

--Gaspard_le_nain


Un jour, un homme sage et avisé a dit que le berrichon est un être fourbe…

Et alors que Sergueï lançait avec virulence une flasque d’alcool, rendue au préalable vide, ce qui n’était en rien surprenant pour cet alcoolique patenté, sur la trogne du nain. Ce dernier ne put que s’incliner, bien bas, devant la vérité de cet adage.


Sale tricheur !


En retour à ce constat et tout en sentant une vilaine bosse naître sur son front, il ne battit qu’avec plus de hargne les rênes de ses montures, fermement décidé à rendre la monnaie de sa pièce à la sournoiserie du berrichon.

Aussi, tout en dépassant lentement, mais surement, le carrosse aux armes d’or et de gueule, le domestique d’Antras n'hésita pas à faire une abominable queue de poisson à son adversaire, manquant de peu, par la même, de percuter l’attelage de ce dernier avec l’arrière de son chariot.

Le nain tourna alors la tête par-dessus son épaule pour contempler d’un air narquois, la figure dépitée du berrichon.


Voila 100 écus que j’investirai comme il se doit, en alcool et en femme !

Et sur cette dernière provocation, un rire gras et moqueur naquit de sa gorge.

Qu’il était grisant de sentir la bise glacée du vent, caresser sa chevelure hirsute. Mais, cela l’était bien moins que le contentement qu’il éprouvait à mettre une sévère déculottée à ce grand dadais de cocher.

Néanmoins, il aurait du se douter que son heure de gloire n’aurait su durer bien longtemps. Car, si sa vie de nain lui avait apprit une chose, c’est que le Très Haut n’était jamais bien tendre avec les petites gens, ne lésinant jamais à frapper ces derniers, par de tristes et malencontreux coups du sort.

C’est ainsi qu’un choc ébranla brutalement le chariot tandis qu’une des roues du véhicule percutait une pierre que le nain n’avait point vu, tout absorbé qu’il était par sa satisfaction. Par une nouvelle fois, son regard se déporta alors… Juste à temps pour apercevoir une des malles du maître choir sur la route.

Pas les vêtements, pas les vêtements…

Comme pour mieux répondre à cette supplique, le coffre heurta le sol, révélant ainsi son contenue, constitué pour grande part de soieries et d’atours raffinés.

Et à cette vision, digne de ses pires cauchemars, tout air rieur disparu de son visage tandis qu’un regard inquiet se portait avec une anxiété palpable sur le coche.


Tout sauf ça…

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Valezy
A sa question, réponse ne tarda guère à être porté par le Seigneur de Castille et un sourire se traça alors sur les lèvres de Valezy.

Vous avez bien de la chance messire Tadek…
Pour notre part, la plupart de nos domestiques sont irrécupérable.

Prenez pour preuve ce fou de cocher et sa conduite exécrable. Il ne m’étonnerait guère que l’un de ses jours notre voyage s’achève au fin fond d’un ravin.
Et encore, je n’ose parler du nain qui conduit le chariot…

Et comme pour mieux souligner ses propos, sa compagne attira alors son attention sur la fenêtre du coche… Par laquelle l’on pouvait apercevoir un nain battre rageusement des rênes, tout en les dépassants en un ricanement railleur. La stupéfaction eut alors tôt fait de s’emparer de tout un chacun…

Rapidement suivit par la colère de Johanara, qui ne tarda pas, avec raison, à vilipender l’auvergnat sur la désastreuse conduite de son serviteur.

Faut t’il donc que partout où que j’aille ce foutu nabot me fasse honte ? Pensa alors Valezy. Tous en ce monde se devait d’avoir un boulet à traîner… Mais il lui semblait parfois que le sien était particulièrement lourd et pénible à supporter.

De ses sinistres pensées, il fut toutefois tiré alors que la jolie rousse chutait littéralement sur lui, blottissant ainsi son corps contre le sien et plaçant son visage si près, qu’il pouvait dès lors sentir son souffle caresser ses lèvres comme en un appel.

Un appel auquel il n’aurait pu résister tandis que l’azur de ses iris se rivait dans le regard de jade de sa bien aimée et que sa bouche effleurait les lèvres purpurines de la belle… Des lèvres tant de fois gouté, mais dont il ne saurait ni se lasser, ni même s’en passer tant la jeune femme était à même de lui faire éprouver quelques irrésistibles et merveilleux émois. De telle sorte qu’en cet instant, il en était venu à purement et simplement oublier qu’il se trouvait dans un coche, bondé de monde et lancé dans une course effrénée.

Malheureusement pour lui, de baiser il n’y eut point. Au lieu de cela, l’attention de tous fut, une nouvelle fois, portée vers l’extérieur pendant que l’une de ses malles se fracassait sur le sol pour déverser son contenu à même la route.

Et c’est d’une voix étranglée que le jeune seigneur prononça ses quelques mots :

Mes chemises… Ma cape… Mon mantel…

L’énumération mourut alors en un soupir tandis que le visage de Valezy devint si livide, que l’on aurait pu croire qu’il allait faire un malaise.

Au lieu de cela, son bras quitta la taille de la douce Baronne, pour s’emparer, sans mot dire, de la petite malle qui n’avait guère quitté l’habitacle du coche depuis leur départ des contrées du sud. Portant cette dernière sur ses genoux, il en tira une lourde arbalète d’if.

Ses longs doigts fins glissèrent alors sur les carreaux de taille et de nature diverse qui accompagnaient l’arme… Visiblement, l’homme aimait voyager avec un véritable arsenal à portée de main, car l’on y trouvait de tout. Ainsi, les traits ordinaires côtoyaient de redoutables viretons, elles-mêmes simples ou accompagnées de menaçantes pointes à barbelure. Son choix s’arrêta toutefois sur une dondaine, munition semblable en tout point à n’importe quel autre carreau, si ce n’était par son fut arrondi qui l’alourdissait considérablement.

Puis, restant prostré dans un inquiétant mutisme, l’homme, ainsi armé, sorti sa tête et ses épaules par l’ouverture du coche tout en portant un regard glacial sur le chariot qui se trouvait devant eux. Et, c’est alors qu’il aperçu l’horrible faciès de Gaspard et en tout point, cette vision ne pu qu’exacerber sa haine

En retour, il arma son arbalète et cala cette dernière contre son épaule tout en visant avec grand soin…

Quelques centimètres à droite… Et tu vas me payer ce crime…

Le ton se voulait évasif… Et la seule réponse qui y fut portée, se résuma au sifflement du trait qui s’élança avec force vitesse… Avant de briser sèchement l’armature de l’une des roues du chariot. Ce dernier ne tarda d’ailleurs guère à s’arrêter aussi prestement qu’il avait démarré sa course, mais cette fois-ci, dans le modeste fossé qui bordait leur route.

Et, alors que le carrosse dépassait finalement le chariot accidenté, pour se porter au niveau de ce dernier, Valezy fit parler sa fureur.


Maudit nabot !!!

Et de son arbalète il se débarrassa pour la lancer avec hargne sur le nain qui la reçu en pleine figure, faisant par la même gémir de douleur ce dernier tout en le jetant à bas de la banquette du conducteur, pour le voir lamentablement s’effondrer sur le sol.

Te tuer… Je vais te tuer !!!

Mais déjà, le coche, qui n’avait guère arrêté sa course, dépassait le nain pour le laisser derrière eux… Le seigneur de Magnet se pencha alors en avant, manquant de peu, en cela, de tomber hors du coche, tout en pointant son index sur son domestique.

Tu ne perds rien pour attendre, Gaspard, je t’en fais le serment !
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Johanara

Et pendant que son homme perdait esprit et sang froid , la jeune fille réprimait quelque tonitruand fou rire qui menaçait d’éclater dans l’habitacle du coche à tout instant.

Bien sûr , ce n’était vraiment pas le moment de se gausser sottement , mais c’était plus fort qu’elle! Étouffant un gloussement, elle enfouie son visage contre l’épaule féminine la plus proche tout en se mordant fortement la lèvre pour ne pas céder à une ou deux railleries.

La Baronne savait bien que les frusques de l’élégant seigneur glanées chez les meilleurs tisserands quand il ne les avait point confectionnées lui-même lui étaient aussi chères que s’il avait s’agit d’un membre à part entière de sa famille. Si ce n’est plus!

Elle ne se souvenait que trop bien de l’expression de torture qui avait déformé son visage aux traits parfaits lorsque pour le taquiner , une de ses chemises de soie s’était retrouvée otage de ses mains, feignant de la froisser entre ses doigts.

Une larme roula le long de sa joue qu’elle s’emprassa de chasser de crainte qu’il ne s’aperçoive de son hilarité alors que présentement il vivait une véritable tragédie!

S’efforçant de paraître grave, son joli minois se fermant en une attitude sentencieuse et solennelle , c’est marmoréenne qu’elle déclara le ton dramatique:


Quelle drame nous vivons. C’est une horrible épreuve à surmonter…

Mais déjà un rictus moqueur vint s’ancrer à ses lèvres pleines tandis que ses iris pétillaient de malice.

Juste avant de s’emplir d’effroi!


M’enfin! A t-il perdu la raison???

Fixant l’arbalète, mi indignée mi effrayée , il lui fallut quelques minutes pour retrouver sa verve habituelle.

Son compagnon rendu blême par la fureur ne cessait de pester étranger aux voyageurs ahuris.
Le sang commençait à battre aux tempes de la Baronne qui ne put retenir le cri de rage qui franchit la barrière de sa bouche pour raisonner dans l’habitacle. Le chariot venait de dévier dans un fossé , avec à son bord ses propres effets.


Valezy d’Emerask! Voulez vous bien cesser de faire l’enfant!!!!!

Regard courroucé.

Tu es fier de toi? Non seulement tu as failli tuer ce triple basin de Gaspard mais bien pis , grâce à toi mes toilettes hors de prix sont sûrement en train de croupir dans quelque fossés puant! S’il manque ne serait ce qu’un ruban quand mes domestiques iront prêter main forte à ton maudit nain , je t’assure que tu n’en auras pas fini de regretter cette folie!

Mais l’écoutait il le bougre! Non content de tirer à vue sur le baziot de moustachu détruisant SA charrette -que de frais ! Que de frais! - voila qu’il avait violemment jeté son arme par-dessus bord , manquant lui-même chavirer entraîné par son poids

Regard affolé.


Tu vas finir par te briser la nuque, amour, à force de jouer les enragés…Reviens près de moi s’il te plait, j’enverrai mes gens récupérer nos malles.

Elle lui adressa un tendre sourire tandis que sa voix se faisait de plus en plus apaisante.

Au dehors, les lourdes grilles du Castel s’ouvrirent pour laisser entrer l’attelage dont le cocher fierot comme un coquelet , savourait à l’avance les cent écus promis…
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Sihaya
Cette fois-ci, Sihaya ne put résister davantage...

Elle s'était jusque là tenue coite avec sa discrétion coutumière, se contentant d'accueillir Estelle Caroline d'un sourire timide, ravie qu'elle était de la revoir, joie vite assombrie par l'annonce de la mort de Chloé. Elle essuyait une larme dans son coin du coche, profitant du manque de lumière pour dissimuler son émotion, quand leur allure s'emballa subitement, les bringuebalant de tous côtés.

Serrant les dents, elle s'était abstenue de marmonner imprécations et malédictions en tous genres à l'adresse de ce faquin de cocher qu'elle exécrait au plus haut point. Mais l'affaire de la malle, non c'en était trop, cette fois-ci elle ne put se contenir, ses gloussements étouffés par le bruit du coche fou explosèrent en une cascade de rires lorsque son regard croisa celui de Johanara.

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Dame de Compagnie de Johanara d'Ambroise, Baronne de Lignières et Dame de Saint Lys
Valezy
Il en était là, à pousser moult cris de haine et de rage tout en énumérant quelques sentencieuses et douloureuses menaces à l’encontre du nain qui, pourtant, avait disparu de son horizon depuis plusieurs minutes déjà, et ceci au grès du premier virage emprunté par le coche.

Tant et si bien que dans sa colère il n’entendait en rien, ni les réprimandes acerbes de la Baronne, ni les gloussements de sa domestique. Car, en cet instant, toute trace de raison ou de discernement avait disparu de son esprit obscurci par les brumes de son courroux et de sa peine. De telle sorte que l’on aurait pu le considérer comme fou… Ce que de toute façon était Valezy.

Aussi, ce ne fut qu’après que la voix de sa compagne s’apaise, pour se faire sensiblement plus douce, que le jeune Seigneur sembla enfin reprendre conscience de son environnement. Ses yeux céruléens se déportèrent alors vers l’intérieur du coche, tout en portant un regard hébété sur ses passagers.

Et son attention s’attarda plus particulièrement sur sa bien aimée qui avait désormais troqué son air premier et scandalisé, pour s’adresser à lui avec la plus grande des douceurs. Imperceptiblement, son corps se détendit alors tandis que le rythme effréné de son cœur se calmait peu à peu sous cette réconfortante vision.

Ainsi, finit-il par répondre favorablement à sa demande tout en s’asseyant à ses côtés. Miracle que peut produire une femme sur le cœur le plus virulent chez un homme qui en est épris.

Les traits de son visage n’en restèrent pas moins tirés, tandis que son agacement se retrouvait exacerbé par le sot ricanement de la camériste des Lignières.

Et ses pensées vagabondèrent alors pour se remémorer le déroulement de ce sinistre événement, pendant que ses mains serraient avec force ses genoux, jusqu’à en faire pâlir la jointure de ses doigts.

Ses vêtements… C’était presque toute sa vie…
Lui qui n’était né ni riche, ni noble, avait toujours pris en grippe le stupide adage qui déclarait que la tenue ne faisait pas le moine. Prenant ainsi ce dernier à contrepied pour amasser au fil des jours et des ans, une garde robe digne de lui. Pour se faire, il avait sué sueur et sang et n’avait en rien ménagé le fil tranchant de son épée.

Et aujourd’hui… Il venait d’être subitement amputé d’une partie de ses atours… Et il en éprouvait autant de peine que s’il venait de perdre un ami cher.

Aussi, ce fut d’une voix brisée qu’il rompit finalement son mutisme pour déclarer :

Que vais-je devenir sans eux ?

Et la seule réponse qu’il reçu à ses mots fut de sentir le bras de sa douce entourer ses épaules en un geste qui se voulait réconfortant… Heureusement qu’elle est là, se dit il alors, car je ne saurai survivre à une telle épreuve sans elle.

Mais déjà, à l’extérieur du coche, le domaine des Lignières prenait contenance sous leurs yeux tandis que les lourdes grilles s’ouvraient devant un imposant et cossu castel.
Et pendant que tout ce petit monde quittait la petitesse du coche pour embrasser enfin le réconfort que peut offrir un espace ouvert, une horde de serviteurs se porta à leur rencontre, tout en demandant où se trouvaient leurs effets personnels.

Le regard assassin que leur offrit alors l'ancien mercenaire, ne manqua pas d’en faire tressaillir plus d’un.

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Johanara
Une oeillade complice fut échangée entre les jeune filles. Amusant comme une histoire anodine de chiffons pouvait faire sortir de ses gongs cet homme à l’accoutumée impassible et maître de lui.

Le regard émeraude glissa de sa chevelure cuivrée en pagaille à ses pommettes délicatement teintées d’incarnat. Ses prunelles azuréennes rendues moins limpides, étincelaient d’ire et de consternation.

Sanguienne qu’il était beau! C’était à espérer qu’il ne décolère plus! Suspendue à ses lèvres tremblantes d’irritation , elle prit sa main dans la sienne , l’exhortant ainsi à relâcher son genou.

Un sourire affectueux éclaira le visage de la jeune fille alors qu’il déclarait la voix chevrotante qu’il ne saurait vivre sans ses précieux atours. Se jetant presque sur lui pour l’entourer de ses bras réconfortant, elle le serra contre les dentelles carminées de sa voluptueuse poitrine tout en caressant son front avec tendresse.

Valezy sembla retrouver son sang-froid et son regard recouvra tout sa douceur, la tempête ayant déserté le bleu céleste de ses iris.

A contrario , un vif brasier s’alluma à celle de la Baronne tandis que le coche franchissait les hautes grilles du domaine.

Léopold, un sourire radieux à sa jolie frimousse, fut le premier à les accueillir. Et le premier à être sommé d’aller quérir leurs effets.


Prend Serguei avec toi , c’est de sa faute après tout ! Quelle idée de rentrer dans les magouilles farfelues de ce maraud de nain!

Toisant les quelques domestiques alignés sous son regard sévère , elle ajouta d’une voix qui ne souffrait aucune contestation:

Quand à vous autres, voici le Seigneur d’Antras et de Magnet. Obéissez lui comme s’il s’agissait de moi et considérez le plutôt comme le maître des lieux que comme un invité. J’exige que son séjour à Lignières soit irréprochable et fort plaisant!

Se radoucissant , elle posa sa main sur le bras de son compagnon et lui fit un sourire radieux.

Bienvenu chez nous amour.
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Valezy
Ils étaient enfin arrivés… Et à ce constat, le safre de ses yeux embrassa du regard l’imposant castel de Lignières. Il avait tant et tant de fois entendu la maîtresse des lieux parler avec force détail de sa demeure qu’il lui semblait déjà connaître la grande bâtisse. Un peu comme si il y avait vécu par un passé si lointain qu’il était désormais rendu obscur à son esprit.

Aussi, ce fut avec un fin sourire que Valezy accueillit la déclaration de la Baronne à ses domestiques. Comme si il était chez lui, hein ?

Voila qui ne saurait guère être difficile. Car, en plus de ses origines auvergnates, ces dernières s’accompagnant souvent de la fâcheuse manie d’agir partout comme si il était en pays conquit, il suffisait au jeune seigneur d’être au côté de sa belle, pour qu’il se sente à son aise en tout lieu et en tout temps.

Puis, comme pour mieux répondre à cette furtive pensée, il sentit la main gracile, de celle qui hantait ses pensées et ses songes, se poser sur son avant bras. Son sourire ne put alors que s’élargir tandis que sa destre vint reposer avec douceur sur la main de Johanara.

Lignières est à ton image, mon cœur…
Magnifique.


Et c’est ainsi, bras dessus, bras dessous, que les deux jeunes gens pénétrèrent dans l’enceinte du château…

Quelques minutes plus tard voyaient se retrouver Valezy, seul, dans la chambre de la jeune femme… Ou plutôt, dans leur chambre. Son hôtesse, quant à elle, s’était absentée quelques minutes afin de veiller à ce que tout soit fin prêt pour les recevoir.

Sur le lit à baldaquins, drapé de satin, reposait un paquet qu’il effleura de ses longs doigts fins, faisant par la même légèrement crisser le papier. Il adressa alors une éphémère prière à Aristote et à Christos, pour avoir eu la sagacité de ne pas confier le présent qu’il recélait au bon soin du nain et du chariot. Ainsi, durant tout le voyage, le paquet n’avait guère quitté ses affaires les plus personnelles, et avec elles, le coche. Ce qui lui avait permit d’échapper aux affres du carnage et de la destruction que ne manquait jamais de causer son domestique.

Sans nul doute, les tisserands de Magnet avaient fait du bon travail et pour une fois, ils n’avaient guère transgressé aux croquis détaillés qu’il avait dressé à leur intention. Et, c’est ainsi que ses gens lui avait fait parvenir, voila de nombreux jours déjà, la tenue qu’il avait intention d’offrir à sa compagne.

Et tout en se dirigeant vers la fenêtre de la salle, Valezy se remémora de la robe que le modeste paquet contenait. Cette dernière avait été taillée à même la soie la plus riche, non pas de celle que les vénitiens et autres lombards confectionnaient dans leurs ateliers, mais de celle qui provenait du lointain orient. D’un jaune impérial, l’atour aux courbes échancrées était à même de retenir tous les regards… Avec d’autant plus d’aisance, quand il revêtira sa magnifique compagne.

En outre, la robe était accompagnée d’une pèlerine, découpée dans le même tissu que la précédente, doublée d’une fourrure blanche et immaculée et dont l’attache était composée d’une fine chaîne en or et d’une agrafe sertie d’une émeraude.

Aussi, ce ne fut pas sans une certaine pointe d’appréhension qu’il se demanda si ceci était à même de lui plaire…

Mais déjà, la porte de la chambre s’ouvrait, annonçant ainsi qu’il aurait très bientôt réponse à cette interrogation. Valezy se retourna alors pour poser son regard sur celle qui illuminait ses jours et ses nuits, avant de se porter à sa rencontre.

Tu arrives juste à temps, mon amour.
J’escomptais, en effet, profiter de ce moment d’intimité pour te souhaiter un bon anniversaire.


Sa main se posa alors délicatement sur le bas du dos de son aimée pour mieux entraîner cette dernière vers son présent.

J’espère que cet humble cadeau sera à ta convenance.

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Johanara
Johanara s’était retirée, un sourire amène flottant à ses lèvres purpurines , laissant le jeune seigneur découvrir sa chambrée. La pièce était vaste , très lumineuse , les murs couverts de lambris et d’anciennes tentures de velours pourpré. Dans l’angle, une table carrée, revêtue d’un tapis de brocart rouge. Face à l’immense ciel de lit aux douces nuances amarante , un grand fauteuil recouvert de drap d’or et surmonté d’un dais aux armes de Lignières.

Alors que la porte se refermait, elle s’adossa quelques instants sur cette dernière , ses longues boucles flamboyantes ondulant contre le bois massif , une main délicatement posée sur la poignée dorée , l’autre serrant avec tendresse le médaillon d’ambre viride qui étincelait dans l’écrin voluptueux que lui offrait les poumons barronesques. Le ravissement éclairait ses traits fins et réguliers : la présence de son bien aimé à Lignières soulevant son cœur d’heur et de félicité.

Bref coup d’œil jeté par l’embrasure. Son pendentif à lui brillait sur sa tunique indigo, rivalisant en éclat avec l’azur de ses prunelles et le feu de sa chevelure. L’émeraude caressa sa silhouette élégante, lentement, tandis que ses joues s’empourpraient et que sa main se refermait plus vigoureusement sur la fine poignée.

Quittant à regret le corridor et son poste d’observation , le regard encore empli de l’exquise vision , la jeune fille dévala le grand escalier de marbre aussi vite que lui permettait sa cheville chancelante.

Au pied des marches , le frêle Léopold l’attendait , le souffle court et le visage rougeaud, ses maigres épaules se soulevant au rythme de sa respiration saccadée. Ses yeux noisettes semblaient apeurés et ses mains maladroites maltraitaient avec nervosité le tissu de lin beige de son ample chemise.


Et bien? Qu’as-tu ? On dirait une poularde sur le point d’être plumée! D’ailleurs qu’en est il de la ripaille ? Et des malles? Tu les as fait porter à l’étage? Le Seigneur de Magnet doit être fort impatient de recouvrer ses effets.

Traversant la salle le port altier , elle fit volte-face , ses longues anglaises tournoyant sous les lueurs rutilantes des grands candélabres , alors que le jeune laquais couinait la tête basse.


Que dis tu? M’enfin parle ou je t’arrache la langue et je la jette aux chiens!

Le jeune homme fluet déglutit avant de prendre la parole , la voix teintée de désarroi et de crainte , effrayé qu’il était à l’idée de subir les foudres de la rousse volcanique.

Les malles ma Dame , les malles… Disparues! Envolées! Le chariot n’était plus dans le fossé… On y a retrouvé le nain en revanche assommé , il est dans l’aile des gens de maison à reprendre ses esprits…

Mortifiée! Au bord de la pamoison la Baronne! Ses robes , ses soieries, ses parures ! Sa lingerie fine, ses dentelles délicates, probablement aux mains de quelques soudards ivrognes!

S’agrippant à la fine console d’acajou , ses mains tendues sur le bois vernis, elle sentit ses jambes se dérober sous son corps et son palpitant s’emballer en son sein.

On accourut pour la soutenir . Balbutiant quelques mots incompréhensibles , elle ne tarda pas à entrer dans une ire incommensurable , les traitant tous d’incapables et de manches impotents , brisant un ou deux vases de porcelaine, renversant les bibelots et les livres de la bibliothèque d’un geste rageur avant de s’emparer des ouvrages les plus volumineux pour les lancer à la figure de ses gens en hurlant menaces et récriminations.

Qu’allait elle dire à Valezy? Sommant Léopold de se mettre à la tête d’un petit groupe d’hommes et d’organiser une battue afin de retrouver leurs bagages et de ne point revenir avant, elle resta un instant en proie à de sombres pensées. Ses cris de fureur lui étaient ils parvenus?

Misère…

Se calmer et trouver le courage de lui annoncer la terrible nouvelle. Gravissant les marches le visage blême , la soie de ses jupes fébrilement froissée entre ses longs doigts , elle tentait de retrouver contenance et d’afficher un air serein alors qu’elle entrouvrait timidement la porte de sa chambre.

Il l’attendait , une large sourire fendant ses lèvres au dessin parfait et ne sembla point sensible de prime abord au tumulte qui agitait sa compagne.

Son anniversaire… Tudieu! Avec cette insensée histoire de charrette évanouie dans la nature , elle avait immémoré ses vingt et un an…
Une expression réjouie vient remplacer l’air soucieux et tourmenté qu’elle arborait en entrant tandis que ses longues mains déchiraient le fin papier avec une certaine impatience.

L’étoffe safranée chatoya en flots soyeux entre les doigts de la jeune fille qui rayonnait de joie devant la somptueuse tenue. Se précipitant vers la grande psyché de Venise, elle plaqua avec délicatesse la toilette contre son corps , tout en admirant son reflet , un sourire épanoui ancré à sa bouche vermeille. L’encolure était richement brodée et la taille cintrée ne manquerait pas de mettre en valeur ses hanches chaloupées.


Elle est sublime! Je l’adore! Le tissu est si doux! Oh mon ange , je n’ai jamais vu si bel ouvrage!


Tournoyant avec un léger rire cristallin , l’or sublimant le roux de sa lourde chevelure vénitienne, Johanara riva ses prunelles exaltées dans le regard safre de son compagnon.

C’est alors qu’elle aperçut la pèlerine , tout aussi ravissante et qu’elle laissa échapper un cri de joie en caressant avec douceur la fourrure immaculée.

Je n’oserai jamais la porter! Elle est bien trop belle! Et cette broche est adorable , merci mon amour , merci!

Se pendant à son cou , elle le gratifia d’un langoureux baiser.
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Valezy
Elle se tenait à ses côtés, déchirant, non sans un certain empressement qui lui fit d’ailleurs plaisir à voir, le paquet qui contenait son cadeau. Et, tandis que l’azur de ses yeux regardait la belle, le seigneur de Magnet ne put que souhaiter de tout son cœur que les atours soient à sa convenance…

Néanmoins, l’anxiété de Valezy n’eut guère l’occasion de durer bien longtemps que, déjà, la jeune femme semblait s’émerveiller devant son présent, le rassurant, par la même, quant à la justesse de son choix. Et c’est ainsi, que le doux visage de la Baronne s’illumina d’un large sourire tandis qu’elle se mirait avec grand plaisir dans son miroir tout en plaquant la riche étoffe sur sa voluptueuse silhouette.

Un tendre sourire vint alors se dessiner sur les lèvres du jeune homme au fur et à mesure que sa compagne montrait son ravissement…

Rien ne saurait être trop beau pour toi, mon amour… Bien au contraire.

Mais déjà, le moment était venu de ponctuer, comme il se devait, les chaleureux remerciements par un langoureux baiser qui ne manqua pas de provoquer, chez lui, un frisson qui parcouru avec délice son échine. En retour, ses bras vinrent enserrer la taille de la douce jeune femme, pour attirer cette dernière tout contre lui. Peu avant qu’il ne s’abandonne à la douceur de ses lèvres et à ce si agréable sentiment qu’il ne manquait plus d’éprouver depuis qu’il avait fait la rencontre de Johanara.

Mais, toute chose en ce monde, les meilleures, comme les pires, se doit de connaître une fin… Et lorsque l’on se penche sérieusement sur la question, l’on s’aperçoit rapidement que ce sont les meilleures qui connaissent, en général, une fin des plus brusques.

De bien entendu, une fois encore, cela se vérifia d’ailleurs… En effet, leur douce étreinte venait à peine de s’achever que sa compagne, prenant ainsi son courage à deux mains, lui annonça la terrible nouvelle…

Ses malles avaient disparu… Et, avec elles, toute sa garde robe…
A ce constat, une froide et implacable colère s’empara de son cœur, pendant que Valezy voyait tous ses doutes être balayés comme un fétu de paille sous le souffle d’un vent violent. Car, désormais c’était une certitude, il était bel et bien maudit.

Il se demanda alors sur qui déchaîner sa fureur ?

D’habitude, il s’en prenait toujours, pour des raisons de facilité évidente, à la personne la plus proche de lui… Mais en l’occurrence, il lui semblait intolérable de reporter ses humeurs sur Johanara… Et de toute façon, il ne le savait que trop bien, il était tout simplement incapable de faire quelque tort que ce soit à celle qui représentait tant à ses yeux et pour qui il vouait un amour inébranlable et indéfectible.

Il restait le nabot… Et déjà, il éprouvait beaucoup moins de remord à la perspective de se déchaîner sur celui qui l’avait pourtant élevé. Mais force lui était de reconnaître que Gaspard avait déjà bien suffisamment enduré ses foudres pour aujourd’hui…

Ne demeurait donc plus qu’une solution pour calmer ses nerfs qui menaçait de le faire exploser à tout moment… Mettre la main sur les fautifs.
Aussi, ce fut d’une voix quelque peu froide, et dotée d’une résolution nouvelle, qu’il déclara à l’attention de sa belle.


Il ne nous reste donc qu’à retrouver nos effets…
Et en profiter pour donner une raclée aux coupables.

Aussi, allons-y, mon cœur.


Et c’est ainsi, que quelques minutes plus tard, le jeune seigneur se retrouvait sur le perron du castel en présence de Johanara, de quelques un des domestiques de cette dernière et de Gaspard, qu’il avait fait mander. Pour l’occasion, et suite à sa déconfiture, le nain arborait sur son visage une superbe bosse sur laquelle l’on retrouvait bon nombres des couleurs de l’arc en ciel et qui, sans nul doute, était pour tout artiste en herbe un régal pour les yeux.

Ce fut alors, sa main sur le pommeau du glaive qui ne le quittait jamais, que Valezy se décida à donner à tout ce beau monde un petit discours pour remotiver les troupes.


Comme vous le savez tous, nous avons été dépouillé, spolié, usurpé de nos atours.
Nous laisserons nous faire ?


Et dans l’assemblée une seule voix lui répondit, qui fut évidemment celle de Gaspard. Mais à la vue de sa ferveur et de sa puissance, tout laissait à croire qu’un tel numéro était dans les us et coutume de la maison d’Antras.

NON !!!

Et sans nul temps mort, l’homme reprit aussitôt.

Non, en effet. Tu as bien raison mon brave Gaspard.

Il adressa alors un regard entendu au nain.

Aussi, va nous chercher montures que nous pourchassions cette racaille jusqu’à l’outre monde si il le faut.

Par une nouvelle fois sa déclaration fut accueillit par un tonitruant hurlement du petit homme.


OUAI !!!


Et prends aussi des armes en grand nombres, car nous ne saurions leur pardonner leurs crimes et qu’ils méritent d’être estourbis et de connaître mille tourments.

OUAI !!!

Et sur cette dernière réponse, le silence s’instaura sans que Gaspard ne fasse quelques mouvements que ce soit. Valezy haussa alors un sourcil avant de reprendre.

Et bien qu’attends-tu ? Mon cheval et mes armes… Ce n’est pas compliqué pourtant.

A cette question, réponse ne tarda pas à venir, mais ce n’était en rien celle que l’homme escomptait.

C’est que maître… Ils n’ont pas pris que vos vêtements, mais les chevaux et la malle remplie d’armes aussi…

Et devant le désappointement qui s’empara des traits de son maître, le domestique crut bon d’ajouter.

Mais ce n’est pas grave hein ? Nous allons marcher et quand nous les aurons trouvé, nous leurs jetterons des cailloux !

Des cailloux ?… Bougre d’âne.

Valezy se tourna alors vers la baronne et tout en affichant un air contrit déclara.

Ma douce… Un emprunt serait il envisageable ?
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Johanara
La gracieuse baronne avait retenu son souffle quelques secondes alors que son compagnon serrait les poings de rage et que la fureur faisait danser quelques inquiétantes flammes à ses prunelles célestes.

Elle risqua un sourire lorsqu’il émit le souhait de rosser les tire-laine une fois ces derniers retrouvés.

Johanara, cependant , n’y croyait guère. Leurs malles voyageaient sans doute présentement vers la Touraine , ce duché de crève-la-faim et de pouilleux où ses toilettes fantasques seraient revendues à une noble fadasse , ayant trop peu de goût pour se vêtir avec raffinement et qui se saisirait de l’occasion pour paraître enfin présentable.

Malepeste, rien que d’y songer… Ses robes moirées , ses dentelles vaporeuses et délicates aux mains de quelque morue aux cheveux filasses et gras!

Enfin…Qu’il garde espoir de recouvrer ses précieux atours, cela aurait au moins le mérite de retarder esclandre et irascibilité.

Pour l’heure , le grand hall d’entrée du Castel ressemblait à une caserne de soldats prêts à en découdre, avec Valezy dans le rôle du Capitaine.

Béni soit le Très haut! Ce jour là , elle ne portait pas ses longs cheveux en lourdes tresses , et ses anglaises flamboyantes libérées autour de son visage fin , empêchaient le Seigneur de Magnet d’apercevoir le rictus facétieux et les iris moqueuses de la jeune fille alors qu’il fédérait les maigres troupes par un discours solennel , le ton sérieux.

Alors qu’il tournait son minois plein de grâce vers sa personne , elle se força à composer un masque de gravité , se mordant l’intérieur de la joue pour ne point sourire devant son air contrit.


Bien sûr , bel ange . Tout ce que tu voudras , tu es ici chez toi.

On fit sceller les montures et l’on se mit en route.

Rapprochant son fier destrier de celui de Valezy dont la mine grave et impassible indiquait qu’il n’avait guère desserrer les dents depuis qu’elle lui avait annoncé la mauvaise nouvelle , elle lui offrit son plus beau sourire tandis que ses yeux de jade se rivaient aux siens avec une infinie tendresse :

Tu sais amour… il y a quelques temps , si j’avais égaré ne serait ce qu’un ruban , une ire féroce et inapaisable se serait emparée de tout mon être …
Nous partageons cette absurde passion des chiffons!

Mais depuis toi … Rien ne saurait me manquer… Ni mes fanfreluches , ni mes proches , ni mes terres… Rien…


Regard gêné et furtif aux alentours tandis que ses pommettes érubescentes se font l ‘écho d’un ciel rougeoyant, et qu’un rayon de soleil tardif vint allumer à sa chevelure ambrée quelques vifs reflets fauves.

C’est presque effrayant…Savoir que son bonheur ne dépend que d’une seule et unique personne…N’avoir de véritables joies et déceptions que par toi. Je me fiche bien de savoir quel parfum ont les fleurs du jardin , pourvu que l’oreiller garde ton odeur au réveil…

Bref …


Haussement d’épaule embarrassé avant de poursuivre l’air badin:

Et ces fripouilles alors? Par où poursuivons nous?
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Masacio
Masacio rentrait chez lui, la journée avait été fort chargée, l'ambassade et désormais la politique de Saint Aignan lui prenait beaucoup de temps. Bien calé dans le cabriolet frappé aux armes de la Duchesse de Chantôme, il examinait les différentes missives, aidé en cela d'une bonne bouteille de Sancerre. Le véhicule, emprunté à sa marraine, filait sur les routes afin que le jeune ambassadeur rejoigne sa demeure. Sortant sa tête du coche, il apostropha son fidèle domestique

Guiton ! Veuillez aller plus vite je vous prie, je veux rentrer à la Guifette Noire ! À croire que je retiens sur vos gages l'usure du fouet et des fers des chevaux !

Maugréant, il se remis à son travail, non sans avoir bu une gorgée du délicieux blanc sancerrois...

Soudain, le cabriolet s'arrêta en plein milieu de la route. Cet arrêt brutal eut pour conséquence tragique de faire une grosse tache de vin sur l'habit immaculé du jeune diplomate. Interloqué, il entendit Guiton descendre précipitamment de son poste, ouvrir la porte de la voiture, prendre place en face de lui, visiblement apeuré.


Mais enfin Guiton ? Qu'est ce qui vous arrive ? Je ne vais pas prendre votre place de coche tout de même... Si avant le jeune homme croyait à une mauvaise blague, il était visiblement courroucé du comportement inhabituel de son domestique.

Mais m'ssire... il y a des cavaliers qui arrivent vers nous... c'est que j'ai point d'arme moi en haut

Le diplomate blêmit... il regrettait désormais de rouler en cabriolet ducal sans escorte, et surtout de ne pas avoir d'armes avec lui... Devant l'air hébété de Guiton, il décida de prendre son courage à deux mains, à défaut de ne pas prendre ses jambes à son coup.

Bon Guiton, je vais sortir... si je suis attaqué, vous crierez très fort et vous attaquerez ces gens avec le tesson de ma bouteille de blanc. Confiant le précieux nectar au domestique, il sortit. La gorge serrée, il apostropha les cavaliers

Holà qui va là ? Pour se donner un peu plus de contenance il mit une main derrière le dos et bomba le torse... Puis plissant ses yeux émeraudes il crut reconnaître une silhouette connu.

Baronne ? Est ce vous ? S'approchant encore plus d'elle, il soupira d'aise... alors que les cavaliers étaient à son niveau il lui dit

Ahhhh Baronne ! Je savais bien que vous étiez en Berry, c'était donc bien vous que j'ai vu en taverne de Saint Aignan dans la journée ? Vous portez très bien la une robe en plûmes ! Il sourit, saluant les gens qui l'accompagnait.
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La Guifette Noire
Valezy
Une bise légère se leva sur leur route faisant bruisser le feuillage de la multitude d’arbres qui bordait leur route et danser avec légèreté le cuivre de sa chevelure… Ses iris se portèrent alors vers les cieux qui arboraient, en ce soir, une agréable et apaisante teinte vermeille.

Un temps parfait pour vaquer à l’un de ses loisirs favoris, se dit le cavalier, non sans un certain amusement. A savoir, traquer et exterminer. Et à cette idée, les traits de son visage se raffermirent pour prendre l’image de l’un de ces masques impassibles qu’arboraient les acteurs des temps ancien.

Un bruit le tira alors hors de ses considérations… Celui des fers d’un destrier qui martelaient avec rythme le chemin, tout en se rapprochant de sa personne. En retour, l’azur se déporta pour embrasser le jade.

Et, un sourire vint adoucir la sévérité apparente de son visage tandis qu’il écoutait, avec attention, la douce voix de la baronne qui ne manquait jamais de bercer son esprit par ses seules intonations.

Pour sur, si Valezy avait une famille comme celle de la somptueuse créature qui chevauchait à ses côtés en cet instant, lui aussi se moquerait bien de la perdre que ce soit de vue… Ou encore, après une série de décès aussi brutal que déplaisant. Il fallait même avouer qu’à la place de Johanara, il en éprouverait une certaine forme de plaisir et de contentement.

Il eut toutefois le bon goût de garder cette considération au plus profond de son esprit, pour adresser à la place un tendre sourire à sa bien aimée.

Je ressens la même chose, Johanara, sois en sure. Face à toi, plus rien ne saurait compter.

Tu es devenue ma vie et mon avenir… Un avenir qui s’annonce des plus radieux.

Néanmoins, là n’est pas la question, mon cœur… C’est une affaire de respect. Ainsi, personne, quelque soit son nom et son rang, ne saurait s’en prendre à mes possessions sans m’en payer le prix du sang.


Sur ces derniers mots, sa main gantée vint alors inconsciemment effleurer la riche garde ouvragée, aux armes de Magnet, de son glaive.

Quand à nos herpailles… C’est simple, vu qu’ils ont pris le chariot, ils seront forcés de suivre la route carrossable… Ne nous reste plus qu’à espérer que Fortuna nous fasse son plus beau sourire et que nous croisions un voyageur qui les a aperçus et qui saura nous renseigner.

Puis, de longues minutes plus tard, la Fortuna leur fit bel et bien son plus beau sourire…
Ce qui était quelque peu surprenant puisque la déveine semblait poursuivre le couple avec le plus grand des acharnements. Tant et si bien que Valezy avait finit par penser que sa chance, que nombreux, par le passé, n’hésitaient pas à qualifier de légendaire, s’était envolée. Mais, tôt ou tard, la roue se devait de tourner, pensa t’il non sans un grand plaisir.

Car, en effet, droit devant eux, se dressait un coche décoré d’armes qu’ils ne connaissaient point… Mais après tout peu lui importait. Ils allaient, en effet, très bientôt avoir réponse à leurs interrogations. A savoir, à quoi ressemblaient ceux qui avaient osé s’en prendre aux affaires des deux jeunes nobles ? Avaient-ils beaucoup d’avance sur eux ? Tout ceci était il un complot monté de toutes pièces par les De Chéroy ? La tante véreuse était elle mêlée de près ou de loin à ce sale coup ? Aristote cautionnait il les basses manigances qui se tramaient en Armagnac et en Comminges ? Un nain unijambiste était il capable de monter sur une échelle ?

Enfin, vous l’aurez compris, le narrateur vient quelque peu de s’égarer dans sa démonstration et il est déjà grand temps pour nous tous de reprendre le fil de notre récit.

A la vue du carrosse, Valezy se redressa quelque peu sur sa selle tout en plissant ses yeux céruléens. Peu avant de s’exclamer avec surprise.

Qu’est ce que c’est que ce délire ? Un coche sans cocher…
Vu où l'on se trouve, soit nos brigands s’en prennent à tout ce qui bouge, soit les esprits de la forêt ont encore frappé !


Mais la véracité des propos d’une mauvaise langue ne devaient jamais durer bien longtemps. Qu’en effet, déjà, un homme surgit hors du coche en les interpellant… En la personne de Masacio que Valezy avait eu loisir de croiser dans les tavernes de Saint Aignan et qui avait su faire forte impression chez le Seigneur d’Antras, tant par sa sympathie que par ses manières de gentilhomme.

Et cette impression ne devait guère être détrompé que déjà, sans même que les cavaliers aient eu à lui poser quelques questions que ce soit, le jeune berrichon se mit à leur fournir d'inestimables indices quant à la localisation de leurs atours.

Ola Masacio, quelle chance nous avons que de te croiser si loquace.

Dis toi bien que nous avons été honteusement volé, dépouillé, usurpé de tous nos biens.
Aussi, si tu as vu une des fripouilles qui ont osé commettre telle infamie, je ne puis que t’inviter à me donner sans tarder le nom de cette taverne.

Ou, mieux encore, tu pourrais nous y conduire, surtout s’il te sied de participer à une aventure épique et riche en rebondissement, car, avec moi, nulle quête ne saurait se dérouler autrement.

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Johanara
M’enfin! Que baragouinait il encore, ce fieffé coquin de Masacio ?

En taverne, alors qu’elle n’avait point quitté Lignières de la journée ?

Allons bon! Sottes fabulations que tout ça , il aura sans nul doute confondu! Vexant tout de même!
C’est qu’elle était pas commune la rouquine, autant par sa taille que par sa longue chevelure rutilante à nulle autre pareille. Petite moue contrite à ses lèvres corallines.

Qui ne tarda guère à se muer en véritable rictus de désappointement.

Que? Quoi? Robe à plumes ? En taverne? SA robe à plumes?? Mais! Et si…

Ce ne pouvait qu‘être la sienne , la coïncidence semblait bien trop inouï pour qu‘il s‘agisse là d‘un simple et regrettable hasard…

Et puis aucune berrichonne ne porterait pareille toilette. Savaient pas s’attifer les ruraux! Y a guère qu’à Paris où la mode valait quelque chose! Puis le Berry en était encore à porter des frusques démodées en la Capitale depuis belle lurette!

Non pas l’genre d’la berrichonne de s’parer de plumes. Elle même évitait à moins d’être en déplacement chez quelque riche noblesse habituée au faste et aux extravagances de ces vils bélîtres de parisiens!

Pouvaient bien être à la page en matière de fanfreluches les gredins ! Faut dire qu’excepté en ce domaine , z’étaient pas bien doué ces bestiaux!

Les deux hommes continuaient à palabrer mais Johanara n’écoutait plus. Sa robe à plumes…
Une fortune qu’elle lui avait coûté! Elle avait du congédier le vieux pierrot pour rentrer dans ses frais.
Un tissu joliment moiré , d’un vert sombre et soutenu , légèrement bleuté ,quelques fils d’argent habilement tissés à l’encolure et surtout les fameuses plumes!

Portant la main à sa gorge , elle se sentit des palpitations.

Elle allait étriper l’infâme gouge qui osait ainsi sans vergonde se pâmer dans ses atours au vu et au su de tous! Et dans un bouge en sus!

La baronne s'approcha de Masacio , le regard sombre et luisant , l’air presque féroce avant d’assener sur un ton qui tranchait avec son habituelle voix suave et harmonieuse :


Le nom de la taverne , parle fissa ou je te tonds!


Le blondinet déglutit avant de répondre en balbutiant :

C’est que je m’en souviens mal… Euh « Chez les gueuses » il me semble , ma marraine de substitution que j’aime et que j’adore...

Tudieu! C’en était trop! On la tournait en ridicule! Sa robe à plumes chez la gueusaille!
Comme l’impression qu’elle allait avoir l’étrenne de sa fine dague , celle portée à la cuisse et présent de son père pour son dix septième anniversaire.

Éperonnant son étalon, qui sentant la nervosité de sa cavalière ,piaffait et trépignait d’impatience , elle se lança au triple galop vers le village , non sans avoir jeté à Valezy un regard de connivence qui l’exhortait à la suivre sans plus attendre que le cocher de Masacio soit en l’état de repartir.

Ils se rejoindraient plus tard.

Peu importe. L’heure était grave , il fallait sauver sa toilette!

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Valezy
A peine lui laissa-t-elle le temps d’achever sa phrase que, déjà, sa compagne reprenait son interrogatoire à l’intention du maréchal de Saint Aignan qui, pour l’occasion, se retrouvait bien malmené par la Baronne.

Tant et si bien que Valezy ne put que hausser un sourcil tout en portant un regard étonné sur la jeune femme. En effet, la voix de cette dernière, habituellement douce et agréable, se retrouvait soudainement froide et menaçante. Constat comparable pouvait d’ailleurs être fait pour son joli minois. Adieu les airs de douce madone, cette dernière semblait avoir laissé sa place, en cet instant, à la colère et à la fureur.

Et à peine Masaccio eut il formulé confuse réponse à leur question, que le belle et sa monture s’élancèrent aussitôt et à toute vitesse sur la route, levant derrière eux une épaisse volute de poussières.

Le seigneur d’Antras ne sut réprimer un léger et amusé sifflement. Qu’avait elle dit déjà ? Depuis que je te connais, mes fanfreluches ne sauraient me manquer ? C’était peu ou prou cela. Et un léger rire s’échappa de sa gorge. Car tout ceci était, en effet… Flagrant et incontestable.

Son regard azuréen se déporta alors sur le jeune homme qui, pour le coup, affichait un air quelque peu contrit. Il se contenta alors de déclarer avec un haussement d’épaules.

Les femmes...

Et l’azur vint embrasser la flamboyante crinière qui dansait au grès du vent et de la vitesse tout en s’éloignant d’eux.

Et quelle femme…

S’empressa-t-il de rajouter d’un ton songeur.

Depuis ce premier et si attendu baiser, il avait tout de suite sut qu’il serait prêt à suivre cette femme jusque sur l’enfer lunaire… A défaut de lune, il aurait le droit à « Chez les gueuses ». Et en retour à cette idée, ses talons s’enfoncèrent sans ménagement dans les flancs de sa monture, faisant partir cette dernière au galop sur les trace de sa bien aimée qui n’avait déjà que trop prit d’avance sur lui.

Et ils laissèrent ainsi derrière eux, aussi bien le filleul de la Duchesse de Chantôme et son encombrant coche, que leurs propres domestiques qui se contentèrent de les regarder s’éloigner avec surprise et étonnement, bien incapable qu’ils étaient de les suivre à pied.

Puis, quelques longues heures plus tard… Tandis que l’astre diurne avait achevé sa course pour disparaître à l’horizon et laisser sa place à sa sœur nocturne.

Le jeune couple déambulait dans les rues de Saint Aignan. Leurs destriers quant à eux avaient été laissés, moyennant finance, au bon soin de quelques palefreniers dans l’une des écuries qui faisaient commerce à l’entrée du bourg.

Aussi, se retrouvaient ils à marcher dans quelques sombres venelles que la lumière blafarde de la lune et l’éclairage diffus des torches publiques avaient grande peine à éclairer. Et, en un sens, cela était bien loin d’être plus mal.

En effet, la taverne pour laquelle ils étaient partis en quête, se retrouvait dans les bas fonds de Saint Aignan et si cette dernière n’était en rien ce que l’on peut qualifier de grande ville, elle comptait néanmoins, comme toute localité de ce bas monde, son lot d’ivrognes, de ribaudes et de larrons.

Ah, ils étaient beau nos deux jeunes nobles, richement vêtus et à l’allure distinguée, à avancer dans ses ruelles crasseuses et infâmes… Victimes parfaites pour quelques coupes jarrets à la recherche d’une bourse bien garnie.

En retour à ce sombre constat, Valezy poussa un grognement sourd tout en carrant un peu plus ses épaules et en posant une main réconfortante sur la taille gracile de sa compagne. L’homme ne connaissait que trop bien ce genre de quartier… Lointain souvenir de sa non moins lointaine vie de mercenaires.


Quoi qu’il se passe, reste à mes côtés.

Comme pour mieux souligner ses propos, deux silhouettes ne tardèrent pas à se dessiner au détour d’une rue, leur bloquant, par la même, tout passage. Et une voix avinée retentit alors jusqu’à eux.

Hey, vous ! Z’auriez pas…

Le sac à vin n’eut toutefois pas le temps de terminer sa phrase que, sans même ralentir son pas, l’ancien Capitaine le faucha d’un brutal coup d’épaule dont le caractère soudain ne manqua pas de faire trébucher le maraud.

Hors de mon chemin, vermines.

Et le regard de glace qu’il affichait ostensiblement en prononçant ces quelques mots, eut tôt fait de faire reculer le second larron, à moins que ce ne fût la vue de l’épée qui pendait fièrement à son flanc. Peu lui importait de toute façon que, déjà, Valezy disparaissait hors de leur vue tout en entraînant à sa suite la douce Baronne.

C’est alors qu’une enseigne, leur fit savoir qu’ils étaient arrivés à destination… « Chez les gueuses » y étaient, en effet, grossièrement inscrit à la peinture noire…

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Johanara
Les joues encore rougies par leur étourdissante chevauchée , la jeune fille avançait dans les ruelles nébuleuses , ses mains tendues sur le cuir souple du mantel de Valezy.

A ses vives inquiétudes quant au sort réservé à sa luxuriante toilette, vinrent s’ajouter moult tracas liés à son fier étalon , Sleipnir.


Non, non vraiment , ce Isidore la Souche ne m’inspire guère confiance…Il empestait le navet! Et a-t-on seulement vu taudis plus insalubre! Et ça prétend se nommer écurie! Non mais tu as vu l’eau croupie? Ils vont me le tuer!
Ricane, ricane! Avec ton canasson bon pour les abattoirs , tu n’y entends rien forcément!


Son visage soucieux se tourna vers le sien avec une moue affectée. Il se gaussera moins le bougre , une fois ses précieuses soies italiennes retrouvées en lambeaux au détour d’une taverne!

Alors qu’ils s’enfonçaient dans les bas quartiers , Johanara le sentit se raidir imperceptiblement.
Un grommellement étouffé accompagna ce constat. Sa main se glissa , rassurante en la sienne , alors que lui-même se saisit de sa hanche chaloupée en un geste protecteur.


Tout va bien amour , beaucoup de poivrots à Saint Aignan mais guère de malandrins mal intentionnés surtout aux abords des tavernes.

Comme pour illustrer son propos , deux fripouilles aux visages rubiconds surgirent dans la venelle , et avec eux un oppressant remugle de crasse et de vinasse bon marché.


Misère qu’ils aillent cuver ailleurs!


A ces mots , elle s’empara d’un fin mouchoir brodé logé au creux de son opulente poitrine et l’appliqua avec délicatesse à son nez parsemé de tâches de rousseur , chassant par la même l’odorent relent dégagé des pauvres hères par une douce effluence fleurie.

Tandis que la Baronne plastronnait, jouant les précieuses , carré de soie en main , le beau seigneur lui jouait des épaules , intimant à l’arsouille de déguerpir forçant ainsi l’admiration de sa belle.


Nous y voilà , « Chez les gueuses » . Tâche de ne point faire de scandale , l’établissement est tenue par une amie.

Toutefois à peine entrée en l’auberge , un cri strident échappa des lèvres de la noble damoiselle , ses yeux fixant outragés la fameuse toilette!

Portant la main à sa gorge , au bord de la pamoison , elle s’accrocha vivement à son homme en itérant la voix tremblante de courroux :


Je vais la tuer , je vais la tuer ….

La grue n’avait point encore remarqué qu’elle était l’objet de tous les regards , trop occupée qu’elle était à trinquer avec Serguei, tout de pourpre vêtu. La jeune femme d’une trentaine d’année portait les cheveux très longs d’un roux douteux , certainement faux , tant il tirait sur l’écarlate , quand à sa face de morue desséchée , elle…

Serguei????!

Tournant son visage , atterrée, vers le compagnon de beuverie de la gouge , Johanara enfonça ses ongles dans l’avant bras de son adoré, en un geste rageur.

Vil truand! J’aurais dû m’en douter! Tu oses te pavaner en public accoutré de nos vêtures ? Tu as exactement deux minutes pour restituer la totalité de nos effets sans quoi je te fais arracher les membres uns à uns et je les donne en pâture à quelque chien errant. Ou pis! Je laisserai le Seigneur de Magnet te faire subir ses foudres et choisir le châtiment que tu mérites pour avoir souiller ses atours de grande valeur!

Hors de ma vue vil cloporte avant que je ne te saigne! Et j’insiste! Qu’il ne manque ne serait ce qu’un bouton aux manches!

Le vieux cocher blême et titubant manqua choir vingt fois en se précipitant vers la sortie sous le brasier incandescent des prunelles jade de la Baronne , sa ribaude sur les talons.

Oh non! Toi la maraude tu restes là! Je devrais te faire pendre , gibier de potence pour cette infamie!

L’attrapant violemment par le bras , Johanara lui lança un regard mauvais avant de s’enquérir de l’état de sa robe. Palpant le tissu , le nez froncé , elle poussa un soupir de soulagement en constatant que sa chatoyante toilette n’avait subi que de légers sévices : traces de poudre et de bière que les lingères du Castel ne manqueraient pas de faire disparaître.

Enlève la.

Son ton ne souffrait aucune réplique et pourtant la jeune femme la regarda un instant effarée, obligeant ainsi Johanara à resserrer son étreinte.

Grimaçant de douleur , la pauvresse s’exécuta alors que son bourrel s’emparait d’un drap de table et le lui lança avec mépris. La voleuse eut beau pousser des sanglots , braire à tue tete , Johanara n'en fut que plus agacée.


Couvre toi et empresse toi de quitter les lieux. Ne t’avise plus d’approcher mes gens de maison ou il t’en cuira , panouille de cabaret!

La femme aux cheveux rouges jeta la nappe sur ses frêles épaules et se précipita à son tour vers la porte , sous l’œil ahuri des quelques voyageurs et villageois attablés.

Étrangère au scandale qu’elle venait de provoquer , la belle serra l’étoffe moirée entre ses longs doigts fins , alors que son minois recouvrait sa sérénité et ses grands yeux leur clarté et leur limpidité coutumières.

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