Attila_caligula
En gargote Armagnac...
--Sombre_heraut a écrit:
[Quelque part entre Auch et Muret]
Le brouillard s'épaissit sur la route. Dans le bosquet, le tapis de feuilles pourrissantes assourdit le moindre son.
On a pendu là, récemment. Probablement du gredin affamé, ou du déserteur de Compagnies; il y a un mois, une semaine, les freux ont rendu l'estimation malaisée.
Le brouillard blafard sous la vive lune se déchire en volutes furieuses et deux puissants jets de vapeur surgissent de naseaux qu'on devine monstrueux; suivis d'un troisième haut perché et diffus.
Un énorme ardennais caparaçonné en guerre fend la brume, chevauché par un lourd homme d'armes à peau et tête de fer. Le tapis de feuilles, pourtant épais, résonne d'une pulsation sourde comme les membres du palefroi, larges comme de jeunes troncs, martèlent le sol. Son cavalier resserre calmement ses colossales cuisses et la bête s'arrête sans broncher ni renâcler.
La hampe d'une bannière encore enroulée se fiche dans la terre meuble, annonçant la levée de rideau sur une scène majestueuse et l'entrée des acteurs.
D'un acteur! Qui crève le rideau de brume. Grotesque et difforme silhouette en comparaison du chevalier sur sa cavale: un gnome, vêtu et armé de bric et de broc sur une haquenée éreintée et à l'oeil mauvais.
La forêt retient les vivats et les acclamations tant il est sûr qu'il ne s'agit pas de la vedette de l'aventure, mais d'un comparse, peut être d'un pitre.
- On la déploie? fait le gnome d'une voix piaillante.
- Pas encore. réplique le monstre mi colosse mi cheval, d'une voix laconique.
- On attend quoi? L'Apocalypse?
- Précisément! La Bête s'est échappée!
- Hein? Ce n'est pas du tout ce qu'on m'a dit! Récupération de ferraille et détroussage de cadavres. C'est ça mon office. L'Apocalypse je sais pas faire.
- Tu apprendras Crapaud. Tu apprendras aussi à te taire!
- Des clous! pépie le gnome d'une voix qui grimpe dans les aigus de la trouille-chiasse.
L'apocalypse, c'est comme la Mort et la vérole, je trouve l'idée séduisante... mais pour les autres. Y a plein...
- La ferme Crapaud!
Le silence se fait de nouveau, à peine troublé par le hurlement lointain d'un chien ou d'un loup ou le hululement d'une chouette à l'affût. Les deux cavaliers, aussi dissemblables soient ils, font maintenant partie d'une même figure annonciatrice de tempête, violence et grincements de dents.
- On attend vraiment l'Apocalypse?
[Quelque part entre Auch et Muret]
Le brouillard s'épaissit sur la route. Dans le bosquet, le tapis de feuilles pourrissantes assourdit le moindre son.
On a pendu là, récemment. Probablement du gredin affamé, ou du déserteur de Compagnies; il y a un mois, une semaine, les freux ont rendu l'estimation malaisée.
Le brouillard blafard sous la vive lune se déchire en volutes furieuses et deux puissants jets de vapeur surgissent de naseaux qu'on devine monstrueux; suivis d'un troisième haut perché et diffus.
Un énorme ardennais caparaçonné en guerre fend la brume, chevauché par un lourd homme d'armes à peau et tête de fer. Le tapis de feuilles, pourtant épais, résonne d'une pulsation sourde comme les membres du palefroi, larges comme de jeunes troncs, martèlent le sol. Son cavalier resserre calmement ses colossales cuisses et la bête s'arrête sans broncher ni renâcler.
La hampe d'une bannière encore enroulée se fiche dans la terre meuble, annonçant la levée de rideau sur une scène majestueuse et l'entrée des acteurs.
D'un acteur! Qui crève le rideau de brume. Grotesque et difforme silhouette en comparaison du chevalier sur sa cavale: un gnome, vêtu et armé de bric et de broc sur une haquenée éreintée et à l'oeil mauvais.
La forêt retient les vivats et les acclamations tant il est sûr qu'il ne s'agit pas de la vedette de l'aventure, mais d'un comparse, peut être d'un pitre.
- On la déploie? fait le gnome d'une voix piaillante.
- Pas encore. réplique le monstre mi colosse mi cheval, d'une voix laconique.
- On attend quoi? L'Apocalypse?
- Précisément! La Bête s'est échappée!
- Hein? Ce n'est pas du tout ce qu'on m'a dit! Récupération de ferraille et détroussage de cadavres. C'est ça mon office. L'Apocalypse je sais pas faire.
- Tu apprendras Crapaud. Tu apprendras aussi à te taire!
- Des clous! pépie le gnome d'une voix qui grimpe dans les aigus de la trouille-chiasse.
L'apocalypse, c'est comme la Mort et la vérole, je trouve l'idée séduisante... mais pour les autres. Y a plein...
- La ferme Crapaud!
Le silence se fait de nouveau, à peine troublé par le hurlement lointain d'un chien ou d'un loup ou le hululement d'une chouette à l'affût. Les deux cavaliers, aussi dissemblables soient ils, font maintenant partie d'une même figure annonciatrice de tempête, violence et grincements de dents.
- On attend vraiment l'Apocalypse?