Sebelia
Ce RP est ouvert à tous
[ Un soir à la brune... ]
Enveloppée frileusement dans une couverture de laine la brunette ne quittait point des yeux les flammèches qui s'échappaient du feu de cheminée. Elle s'était allongée sur le costé cherchant ainsy un contact moindre avec le bois froid du banc de la pièce principale, son bras dextre légèrement replié sous son oreille et un coussin calé sous l'aisselle qui lui donnait un petit air penché sans s'estre assoupie.
Les températures automnales jusque là estivales avaient brusquement chuté et tost ce matin Sebelia avait pu constater que des cristaux de givre illuminaient les branches des arbres dont le feuillage roux se raréfiait en douceur tel un ballet gracieux et continu. Depuis quelques semaines déjà, les mâconnais subissaient les facéties d'une mère nature qui avait revestu d'étranges couleurs mordorées qui se déclinaient du rouge au jaune pour le plaisir des yeux mais qui annonçaient subrepticement l'arrivée de la période hivernale.
Les joues empourprées par la chaleur qui venait de l'astre, Sebelia songeait à Yvon, son frère aîné, mobilisé à Cosnes. Peu d'échanges épistolaires avaient eu lieu. Elle n'était point étonnée. Le jeune homme était peu prolixe de vive voix il l'était encore moins dans l'écriture mais elle l'acceptait. Elle avait appris à le connaistre. Entre eux les paroles étaient inutiles ils se comprenaient de par ce lien filial qui unissait un frère à sa sur. Le brun semblait avoir trouvé sa voie en s'engageant dans l'armée. La brunette cherchait encore la sienne.
Sebelia se redressa laissant glisser la couverture de laine chaude dévoilant ses épaules fresles à la peau hyaline. Un long frisson parcourut son échine lorsque son pied nu toucha le sol. Elle se leva vistement. Menue et de petite taille la jeune femme ne prestait pas grande attention à sa vesture. Elle aimait porter ses vieux oripeaux de la semaine, gardant précieusement sa houppelande pour la journée dominicale ou quelques cérémonies prochaines... Cette robe qu'elle avait achetée en pensant à lui. Pourrait-elle de nouveau s'en affubler sans qu'une possible poussée lacrymale ne vienne à poindre et grossir le fleuve sa peine ?
Pourtant tout s'était arrangé entre eux. Il avait décidé de quitter la ville et la Bourgogne à la fin de son mandat et de l'amener avec lui vers d'autres horizons. Et puis il y avait eu le mariage de Jenah et Sarrasin. Les yeux emplis de joie la mâconnaise avait assisté à la cérémonie en l'église de Fourvière à Lyon. La joie avait vite cédé la place à une incommensurable tristesse devant la quasi absence de son bienaimé. Un meuble... elle était devenue un objet qu'on époussette de temps en temps lorsqu'elle se rappelait à luy. Elle faisait partie du décor.
Tristeusement Sebelia s'avança vers la cheminée et tendit sa main vers le tisonnier. Icelle s'agenouilla et remua les braises violentement pour activer le feu laissant les flammes lécher dangereusement les murs ses opalines noisette embrumées dans les méandres de ses pensées. La colère avait pris à nouveau le pas balayant d'un geste tous les efforts qu'elle venaient d'engager dans de belles promesses à modifier son comportement de feu. La rage au ventre elle était allée le trouver et sans palabrer lui avait jeter l'anneau de fiançailles au visage. La rupture était un acte d'amour tel ces mères qui abandonnaient leurs enfants dans le but de leur offrir un avenir meilleur. Elle était malheureuse de son manque d'attentions. Il était usé par ses colères.
Elle avait eu droit à son lot de gentils mots : coléreuse, capricieuse voire mesme tordue. Il ne se remettait point en cause. Elle avait tous les défauts du monde. Lui aucuns. Sebelia reposa la tige de fer dans le porte-tisonnier, se releva et contempla une dernière fois le spectacle de cette busche qui se consumait inexorablement et dont les cendres recouvriraient bienstot le lit de la cheminée.
*Rien ne sèche plus vite qu'une larme...
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Représentante des chars à pente Yeah, des ronds de forge et porte palabre de la mère qui rit