Baguenaudages

Merci pour cette agréable parenthèse qui prouve, s'il en était besoin, que l'on peut jouer à autre chose qu'à "C'est qui qu'à la plus grosse ?" en Bretagne.

- Certes votre Eminence. Cette plume n'a pas besoin d'être taillée, quelle que soit sa taille.

Le leu s'en tient les côtes en rigolant comme un bossu.

Trugarez aux Plumieux. Lecture agréable s'il en est.

Messire Vicomte .. z'allez finir par vous étouffer à vous esclaffer de la sorte.

Le regarde amusée.

Encore que cela pourrait être tordant de voir le Prima devoir vous réanimer...

- Question goupillon je suis largement pourvu Votre Eminence" fait le Leu en agitant paresseusement sa masse d'arme.
- Et la taille COMPTE !

Parait que deux aventuriers sont arrivés en ville.
Parait qu'la blonde est blonde, et qu'l'a point d'compagnon.
Parait qu'il est marié, mais qu'il aime les femmes.
Il parait qu'ils recrutent pour un drôle de voyage.

Il parait qu'leur bateau se construira bien vite.
Que quand il s'ra construit, faudra un équipage.
Des jeunes et pis des vieux, des couillus, des peureux.
Parait qu'tout ce beau monde d'aventures vivra,
Et il parait aussi que Trésor il trouv'ra.
Mais c'est que la rumeur...

Si z'êtes intéressés, contactez le Vicomte Attila d'Ysengrin, ou bien Vassilissa, son capitaine Crochette.

[La veille, un salon du château. Blanche, Azenora, et Ken.]

La brune entre. La blonde se lève. Se dirige à grands pas vers son amie, l'entour de ses bras frêles. Puis sourit.
Se retournant vers le public.

Blanche : Oh, Azenora, je suis ravie de te voir !
Azenora : Hiiiiii ! Moi aussi.
Les cris hystériques surprennent l'auditoire qui se demande soudain s'il êest en sureté. Les issues sont elles à droite ou à gauche ? "Suivez les panneaux lumineux". Bordel, et dans le noir, on fait comment ?

Blanche (d'une voix douce) : Tu es superbe, Azenora. Tu as maigri, tu es magnifique.
Azenora (souriant) : Ah oui ? Trugarez.
Après un temps de silence, Blanche pointe des yeux insistants vers la brune.
Blanche : Tu es splendide, Azenora. Tu n'as pas changé.
Azenora, sur le même ton : Ah oui ? Merci.
Après un nouveau temps de silence, elle se retourne vers le public, yeux ternes et grimace déçue.
Blanche (en aparté) : Et moi alors ? Peuh ! Toujours pareil.
Blanche (vers Azenora, en boudant) : Tu as fait bon voyage ?
Après quelques échanges d'usage, elles s'installent sur un fauteuil. Intérieur jour, salon jaune. Des coussins sur un meuble en velours.
Un domestique entre.

[Château Blond, les mêmes, et un domestique]

Le valet : Tous mes respects du matin, Altesse.
Blanche, indifférente : Tu l'as retrouvé ?
Le valet : il était près de votre journal intime, Princesse. Aussi bien caché que dans la piaule d'un garçon. Vous savez, là où se trouve vos machins à fumer, hyper-light, mentholés, que vous fumez à la fenêtre ?
Blanche, rouge : File moi ça, et oust !
Le valet sort, après avoir donné à la blonde un cahier coloré. Elle l'ouvre, se penche.

Blanche : j'ai retrouvé le test ! On se le refait ?
Azenora : Super, vas y.
Blanche : Tu te souviens du sujet ?
Azenora : Non.
Blanche (lisant) : C'était... "Calculer le QR de votre homme".
Azenora : Le QI ?
Blanche : Non, le "QR". Quotient Romantique.
Azenora : Ah. Remarque, logique. Le premier avoisine le zéro, ça aurait été trop facile !
Blanche : Je te mets un rond, moi je suis triangle. Ok ?
Azenora : Ok !
Blanche : alors question 1 : "Vous le connaissez depuis : 3 jours, 3 heures, 3 mois, 3 ans". Heum.. Moi je vais mettre "3 ans", ça fait plus stable. Ça fera plus de points.
Elle écrit.
Azenora : Bon bah... Mets "3 heures".
Blanche : Mais non, c'est ridicule ! Tu vas pas mettre celui que tu as croisé au marché ce matin.
Azenora, d'un ton énervé : OUIII, BON BAH T'ES MARRANTE TOI, MAIS Y'A PAS FOULE ! On peut pas dire, mais je suis pas née avec une cuillère en argent dans la bouche. J'en ai pas tout autour du ventre... On peut pas dire que j'ai le...
Blanche, la stoppant, air de réconfort : Azenora. Le physique ne fait pas tout, rassure toi.
Azenora : ... Le choix.
Blanche, pâle : C'est ce que je dis. Se tournant vers un domestique. Tu l'emmerdes, elle t'a dit "le choix" ! Bon, on met trois heures. Et puis c'est positif, c'est un chiffre rond...

Blanche : Question numéro 2 : "Il est plutôt braies ou chemise ?"
Azenora : Rien.
Blanche : Heu.. Heu... Je mets quoi ?
Azenora : je sais pas, string ?
Blanche (blasée, en aparté) : La pauvre ne pense qu'à la diplomatie et les contrées étrangères... Bon, je mets "braies".
Azenora : Moi je sais pas, j'en ai pas. Heu... Mets "chemise" dans ce cas.
Blanche : Non mais c'est un test sérieux, Aze. Pourquoi tu mets ça et pas braies ? Tu sais pas, tu ne veux pas nous le dire ? Tu hésites ?
Azenora, énervée : Mais enfin, y'a pas écrit "JUSTIFIEZ VOUS" !

Blonde sursaute. La brune se calme. Un valet entre.

[Même décor. Blonde, Brune, valet et petits gâteaux.]

Azenora : Nan mais c'est dingue, Mets "chemise", et c'est tout.
Blanche, hurlant sur le valet : Bordel, tu vas arrêter de la faire chier ? Elle t'a dit de mettre "chemise" ! Il te cherche en permanence, c'est fatiguant...
Blanche : "Vous l'avez dragué dans la rue, chez des amies, en taverne, au travail ?"
Azenora : Je travaille pas.
Blanche, sur le même ton : j'ai pas d'amis.
Ensemble : En taverne.
Le valet dépose deux verres de prune sur la table. S'en va.

Blanche : "Il vous appelle plutôt..."
Azenora : Comment ?
Blanche : "Il vous appelle plutôt..."
Azenora : Non. Jamais.
Blanche : Aze... Non. "Plutôt", le mot, avec un chapeau. Tu sais, l'adverbe pronominal... "Mais où et donc Or ni Plutôt".
Blanche, à nouveau : "Il vous appelle plutôt : Mon ange, mon Canard, Ma puce, Nicole".
Azenora : Comment tu veux qu'il m'appelle Nicole, je m'appelle Azenora !?
Blanche : Mais c'est Nicole pour faire l'exemple, ils allaient pas mettre tout l'éphéméride !
Azenora : Bon, bah il m'appelle pas.
Blanche (boudeuse) : Moi non plus. je capte rien... C'est nul, ce test.
Azenora, prenant à boire : Ouai. La prune, c'est mieux. Et sinon, tes amoureux ?
Blanche : J'ai toujours pas choisi. Il m'en reste deux. Plouf Plouf ? Le premier veut qu'on se marie dans un zouip. Tu parles d'un romantisme...

[Acte deux. Lendemain. Lemerco, Azenora, et une Déesse Blonde.]

M'enfin modérez vos ardeurs, Lemerco ! On est désirables à souhait, mais contenez vos pulsions, Crotte !
Azenora.. Viens ici, muo dunne*. Je vais te protéger.

Elle appose sur la plaie une compresse alcoolisé. ça réveillerait un cheval.

Attention, ça pique un peu.

[* "Ma brune", en gaélique.]

Il parait que...le chef de port ne va pas que remettre les papiers du bateau...
Il parait que.. le chef de port est aussi juge...
Il parait que...je crois qu'il a un autre papier à remettre à l'armateur...qui se croit au dessus des lois...

Il parait que, un petit matin, Auberge de Tréguier...

- QUOI ?
- Il a dit que c'était sûr. A 100%. Quasi sûr. Déjà fait.
- QUOI ?

Elle jaillit hors du lit, tignasse dans tous les sens, chemise relevée par l'excitation et la colère. Poitrine qui tressaille, fièrement, tandis qu'elle fait face par sa verbe et son exaspération, à la domestique qui lui a appris la funeste nouvelle.

- Il est MORT ?
- Il n'a pas souffert, je vous assure. Ils l'ont trouvé le matin, allongé au coté de l'Autre.
- Bouhouhou !

Elle chouine, renifle bruyamment, puis glisse dans un carré de lin les occupants collants de sa narine. Proprement, elle jette la pièce de tissu au sol, que des mains complaisantes s'empressent de ranger.

- Mais c'était mon seul ami !
- Je sais. Soyez assurée qu'il est parti sans s'en rendre compte. Glorieux et fier, au sommet de sa notoriété. Tout le monde l'aimait, ici.
- Mais on devait passer notre vie ensemble !
- Il sera toujours là. Toujours, vous sentirez sa présence ; ses poils durs sous vous mains, les caresses mutuelles que vous vous offrez, l'affection qu'il vous porte...
- Je ne vais jamais être enceiiiiiiinte !

La grosse Griet s'arrête.
Enceinte ?
Késako ?

- Heu, Madame... de quoi vous parlez, au juste ?
- Beuh de la mort d'Attila.
- Vous chouinez à peine, vous me faites une micro-scène de désespoir, alors que vous croyez que votre fiancé et presque époux a trépassé ?!
- DANS LES BRAS DE L'AUTRE ! TOUT EST RELATIF ! JE SUIS DE-GOU-TEE ! C'ETAIT DANS LES MIENS !
- Blanche. Je parlais de votre teckel à poils longs. Celui sur lequel vous posez vos pieds pour lire.
- KEN ?!? Oh mon Dieuuuu !

Et elle s'effondre en sanglots. Pleure toutes les larmes de la terre, saccage une dizaine de mouchoirs, dégouline de mascara et de lamentation.

- Non. Numéro 13. C'était le numéro 13. Petit, marron, et tendance à perdre ses poils.
- Oh. Celui là.

Elle essuie ses larmes, sourit à nouveau.

- Il ne faut pas se laisser abattre. Retrouvons le courage d'aller plus loin, de continuer à vivre.
C'est ça, la force de l'âme. Savoir affronter les aléas de la vie. Tu m'en achèteras un autre, de repose-pieds. Bien sûr je suis sous le choc. Très triste. Quasi inconsolable.
Je veux un petit danois. Pas plus d'un mètre 20 de hauteur, j'ai pas les jambes extensibles non plus. Qu'il respire la bonté. Surtout face aux agresseurs de jeunes filles.
Je suis très choquée, tu sais. Très malheureuse.

Après un instant.
Il reste des macarons à la vanille ?

Il parait qu'elle ne changera jamais. Il parait que c'est comme ça, picétou. Il parait que sa prochaine crise d'hystérie sera quand elle apprendra la mise en procès de son roudoudou. Il parait que ça va péter grave. Il parait.

Il paraît que...

- Écoute ça ! "Ont été vus, dimanche dernier, dans une taverne briochine, la mairesse Madeline et son amant Nagirrok, à se faire tout plein de.... pendant qu'elle elle le...."

Elle referme la revue d'un claquement sec, rouge jusqu'aux oreilles.

- Oh mon DIEUUU !
- Quoi ? demande une voix occupée à refermer les malles, dans une pièce voisine.
- Rien, Griet. Je lis Public. Et dans Public, TOUT est publiiiiii !

Elle ré-ouvre sa Bible, se lèche le doigt pour tourner les pages dans une frénésie sans pareil... Et atterrir à la rubrique "Couples".
- La vicomtesse A...Blabla, épouse un cul-terreux, blabla... Ahah ! Tavern'Story ! Tatoo a été vu avec... Oh, non. Elle était payée, c'est pas marrant.

Le coffre est refermé d'un coup sec. Revenant dans la chambre, la grosse domestique se saisit des précieuses pages, et débute une lecture à voix haute.
- BB Blond'. La Princesse du Rohannais fait encore parler d'elle. On la croyait en Alençon rendant visite au richissime héritier, Amaël, mais il semblerait qu'elle n'ait pas encore quitté le sol breton.
Car hier, aux alentours de 21h, un carrosse lui appartenant a été vu se dirigeant vers Retz -n.b. le Duché de résidence du célibataire Duc de Retz, Elfyn de Montfort-. Nul doute que c'était elle, des témoins ont affirmé avoir vu très distinctement un bout de macaron jaillir hors de la voiture.

- C'est vraiment pourri, ces magazines.

- "... Le doute plane donc toujours sur l'existence du mariage secret dont parlent les rumeurs. Rappelons que dans l'édition du 10 février, nous vous contions l'arrivée d'un français de noble naissance en Breta..."

- Bon, ça va ! Abrège !
- "...Qui de tous elle épousera."

- Hum... Je vais lire la suite. "Vue à l'investiture du Duc Tatoo, elle portait une robe signée Attia DesJuli, un sac en satin crème et des mules vénitiennes. Maquillage too much..." C'est pas nouveau, je la trouvais très vulgaire, aussi !

...
Hum... Page 45 ! OH MON DIEUUU ! "Juste Leblanc, valet de la gouvernante du chien de la nièce de Lallie est décédé dans la nuit d'une crise cardiaque."
Mais c'est affreux !

Il parait que ça a continué comme ça pendant deux heures. Il parait qu'elle lisait encore en prenant son bain. Qu'elle riait comme une simplette en apprenant les mésaventures de quelques Grands. Il parait.

heures et pensées de St Pol

- Bourgogne, on va jouer à un jeu.
- Oui mon vicomte.
- Je pense à quelque chose. Toi tu dois deviner. Si tu te goures je te maraves la tête.
- Ah ouais, ça motive ça.
- Prêt?
- Sinon quoi?
- Sinon je marave.
- Prêt.
- A quoi pensé-je?
- Facile. A une femme.
- Sois plus précis!
- A une fesse de femme!
- Bordel t'es sorcier toi. Laquelle?
- Euh...
- Ahaaaa!

BAFF!