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Sauvetage hors norme par une femme sans limite. Blonde!

[RP]Livre de recette, comment réssuciter un Vicomte trépassé

Vassilissa
Ce soir là, la Blonde a quitté les murs rassurants de la ville d’Alençon, pour s’enfoncer dans la forêt magique qui la borde les soirs d’automne. Mille et un bruits sillonnent ses sentiers, tandis que la jeune femme s’enfonce sous la pénombre des arbres centenaires. Le vent dans les feuilles les fait chuchoter, et la petite pluie fine qui tombe sur la mousse fait frissonner le bois et tous ses habitants. Un loup efflanqué traverse l’allée, suivi par un blaireau et par deux sangliers. C’est une drôle de nuit que celle qu’elle a choisie.
La lune soudain éclaire une clairière, grignotée de nuages qui voudraient l’avaler et rendre sa noirceur au soir qui commence. Vass frissonne, angoissée, la main sur son épée qui ne pourra rien faire face à Celui qu’elle veut.

Ils sont là, tous les trois, jouant au cartes assis à même le sol. Le vieux à barbe blanche affiche un air paisible, tandis que son voisin triche à tour de bras. L’Ankhou planque les as dans les manches de sa cape. L’Aveugle ricane sans fin, car il voit au delà des cartes, le monde qui s’écroule dans un chaos sans nom.

La Blonde s’avance sans baisser les yeux, sûre de ce qu’elle est venue chercher. Son épée bat maintenant sur sa hanche, inutile et oubliée. Les Trois la regarde sans la voir, lisant au fond d’elle comme dans un livre ouvert. Elle vient seule et ne se défend pas, comme chaque fois qu’ils la voient. Pourtant, cette fois, ce n’est pas pour elle qu’elle vient.


- Dode ! C’est Toi que je viens voir.

L’Aveugle bondit, vif et fringuant comme un jeune premier, et sa cape claque au vent tandis qu’il se dresse, immense et terrifiant. Ses yeux brillent comme la braise, et sa voix d’outre tombe fait trembler les lapereaux au plus profond des nids. L’herbe crame sous ses pas, crépitants doucement tandis qu’il s’avance à grands pas jusqu’à elle.

- Il était pleutre et faible, Vassilissa. Et tu es pire que lui. Humaine, que viens tu faire ici ? Nous crier ton angoisse, tes peurs de femelle ? Il est mort, il le méritait, va. Il ne croyait plus. Tu sais qu’il faut toujours croire, ou à défaut faire semblant. Le Chaos, Vassilissa. Seul le Chaos, ma Misère, doit occuper vos pensées !
- Je sais tout ça, Dode. Mais Tu l’as fais ainsi. Comme Tu m’as modelée à tes désirs pour que Ta mission soit remplie. Sans cœur et sans état d’âme. Je ne t’ai rien réclamé, Dode, que mon propre trépas. Et je suis toujours là, à servir Tes envies. Alors rends le moi.
- Je ne te dois rien, misérable chose ressentante ! Tu devrais plutôt…
- Dode ! Combien m’as-tu pris, combien ai-je perdu d’amis pour te suivre ? Je te réclame celui-là, parce que c’est Toi qui me l’as donné ! Te rappelles-Tu ? Lorsque Tu m’as tout pris pour ne m’en laisser qu’un…
- Tais-toi, Vassilissa. Tu étais tellement ridiculement perdue…
- Je le serai encore !
- Je n’en doute pas.

Il a un moment de réflexion devant cette réalité qu’elle lui impose, déstabilisé qu’il est par la médiocrité humaine. Que n’a-t-il une hydre véritable pour accomplir Son désir ? Tout serait tellement…

- Il fout le bordel dans mon purgatoire… Trois fois qu'Saint Pierre me rédige un rapport, et ça fait pas six heures...
- Il a croqué mon tibia quand j’y suis allé… Il a fallu me poser une prothèse.
*silence*
- Dody, Tu ne penses pas que ce serait plus raisonnable de leur laisser à eux ?
*silence*
- ... Tristote a souvent tort, mais pour une fois, je me demande si… Il n’est pas à sa place dans un chariot d’ossements. Redonne-leur, s’il te plait.
- Oui, fais comme tu sais faire, vends lui deux trois serments de fidélité, pousse une gueulante, et va-z-y qu’on leur rend !
- Mmmmmh…

Ils ont raison, il le sait. C’est d’ailleurs le problème de tous Ses allumés. Ils n’ont de place que dans une armée de fous siégeant devant un château. Dès qu’on les sort de là, dans n’importe quel tribunal ils zizanisent, que ce soit celui du Très Haut ou des hommes. Le Dodécalogue soupire, tiraillé, partagé. Puis, lentement, comme on voit une île sombrer dans les flots, un sourire hilare gagne son affolant visage. Il ricane, ricane, sans parvenir à s’arrêter.

- Ainsi, tu le veux, Vassilissa ? Tu le veux vraiment, ton petit louveteau ?

Il la regarde avec dans les yeux la méchanceté du monde, et elle comprend que cette fois, ce ne sera pas quelques jours de calvaire, mais plutôt quelques mois. Qu'importe, elle ira jusqu'au bout. Parce que c'est lui.

- Alors va le chercher !!!!

Et la clairière efface dans un joli flouté, tandis que son ricanement plane comme une menace sans fin sur la suite de ses rêves.
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Mon cœur est l'Hydre, avis aux amateurs !
--Le_dodecalogue.


La main noueuse jaillit et attrapa la blonde tignasse, la clairière cessa de trembloter et s'imposa de nouveau autour de la jeune femme. Et la voix éraillée retentit à son oreille.
- Je n'ai pas fini! Tu dois savoir que vous commencez à me casser les noix à crever tous les quatre matins. Il n y a pas marqué "Miracles à gogo" et les collègues, ces charlatans, même s'ils trouvent encore des naïfs à pigeonner, vont finir par me faire la tronche pour concurrence déloyale.
Les orbites vides firent un rapide tour d'horizon: en effet les autres faisaient méchamment la gueule. Le Dodécalogue haussa les épaules et revint à la petite blonde qui avait déjà eu droit à plusieurs ordonnances, et des sévères.
- Ça fait combien pour toi petite Vassilissa? Trois? Quatre? Je vais penser à vous octroyer un nombre fixe de vies, une fois pour toutes. Comme les chats. VOus ferez peut être plus attention à vos entrailles au lieu de les répandre bêtement dès que vous croisez une ridicule armée en faucheuse.
- C'est pas la faux, c'est leur saloperie de liste. Genre, "on veut pas de vous dans notre monde, crevez!"
protesta la louve blonde en montrant les dents. "Tu me le rends oui ou crotte?"
- Liste, faucheuse, on s'en fout. Les dommages collatéraux, on s'en balance. Non, il a un gage! Il passe son tour! Hop, au frigo le Leu! Ça lui fera les crocs. Regarde moi un peu dans quel état il s'est foutu!

D'un geste nerveux du poignet, le vieux fou qui servait de Maître à l'Hydre fit apparaître une volute de brouillard sur lequel se dessina la dépouille du vicomte, une jeune femme rousse accroupie sur son visage.
- Il en a vu d'autres!" grimaça Vassilissa en jetant une poignée de terre sur l'apparition.
- Ça fait deux fois! Je ne compte pas la toute première quand du haut de ses quinze ans il a voulu voir combien de temps il pouvait jeûner. C'est comme ça que je l'ai "éveillé". Tout en le décourageant de tester combien de temps il pouvait être abstinent. Ou se passer d'aller aux latrines, ou Je ne sais quoi.
- Deux fois seulement? Quel planqué! Hey vicomte!"
lança Vass à l'image faiblissante, "tu peux déjà faire une croix sur ta troisième vie. Quand je suis en pétard, je corrige plus, je disperse!"
Vassilissa
Surréaliste, idéaliste. L'image du Vicomte se dissipe.
La Blonde, maintenant folle de rage, tape du poing dans la fumée épaisse :


- Tu me fais rire, le Dode, avec tes miracles à gogo et tes discours à deux écus ! Tu me fais rire, quand tu comptes les vies que gracieusement tu nous imposes, au milieu des guerres et du grand chaos. Tu penses vraiment que c'est un cadeau, cet espèce de Leu que tu m'as collé dans les pattes, ces fragments de vie que tu m'as rendus et qui ne sont semés que de haine, de prison et d'cadavres ? Mais reprends-les, Dode ! Reprends-les, laisse moi vivre ma mort au paradis d'Tristote ! Laisse moi draguer les saints et rend'jalouses les saintes !

- Hum hum...


Le barbu ne dort pas, loin de là. Et à l'évocation du danger imminent, sa nature patiente se révolte et s'anime.

- Si j'ai un mot à dire sur ce sujet douteux...
- T'as pas grand chose à dire, l'Ancien ! Tous les deux, vous êtes dans le même camp, celui des empêcheurs de tourner bien rond ! Les vers devraient depuis longtemps me manger les orteils, mon crâne d'vrait sonner creux et mes viscères fondre. Or je suis toujours là, à souffrir vos rêves de Noirceur et vos imaginaires de Terreur, pour Votre plus grand plaisir...
- Ne nous mets pas dans le même sac... C'est le plus taré de Nous trois. Je réclame ta mort depuis longtemps déjà. Quand tu as fait le choix de ne plus Me servir...
- De ne plus servir l'Eglise que vous vous êtes choisie ! J'ai toujours cru en Vous !
- Eux ou moi c'est pareil. Tu es allée trop loin.
- On ne parle pas de moi !!! Vic ne vous a rien fait !

La vision d'un Leu courant nu dans les bois, du sang tâchant ses lèvres, apparue dans les airs. Dans les eaux d'une fontaine, son reflet scintillant fait rougir même la lune.


- Il fait moche, dans ma collection de blondinets volants...

La Blonde voudrait hurler tellement c'est ridicule. Son monde sans le Vicomte, c'est une bière sans bulle, une chambre d'auberge à un seul oreiller. Elle n'imagine même pas. Ne veut pas y penser. Alors, elle se redresse, jaugeant de son regard fier le fantôme vaporeux de l'Aveugle :

- Je ferai n'importe quoi pour que Tu me le rendes, Dode. N'importe quoi. Tu n'as qu'à dire.
- Ne fais pas l'idiote, Vassilissa. Il y a des choses qu'on ne peut pas donner, même à un Fou ou un Dieu.
- J'donn'rais tout pour lui !

Flouté sur une gamine blonde courant derrière le plus moche cabot de la terre. Des rires d'enfants résonnent tandis que Vass perd tout. La terre tourne, et les rires se changent en rugissements féroces, tandis que le sol s'ouvre en deux devant ses pieds.

- Heureusement pour toi, son âme est pure et ne m'intéresse pas. Je veux plus. Mon désir est sans fin. Saute, Vassilissa. Si tu veux le sauver, saute.


Alors, sans ajouter un mot, la Blonde s'élance et saute.
Dans le Néant.

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Mon cœur est l'Hydre, avis aux amateurs !
Attila_caligula


Un petit pas pour la môme, et un pas minuscule pour l'humanité, qui patauge en pleine superstition naïve et vaguement théâtrale su la Lune, qui comme chacun sait, n'est qu'un Gros Gruyère, ou Emmental, enfin un fromage a trou.

- Non mais là n'importe quoi! Et moi je suis quoi? La Fromagère?

Cette voix sifflante et dédaigneuse, c'est celle de Belzébuth, Prince démon de l'avarice, l'un des sept à avoir connement suivi les paroles flatteuses et les promesses faciles du Sans Nom. Quand on est con, ça se paye. Il est damné pour l'Eternité à voler les âmes errantes de la Lune, sous la forme d'une araignée énorme et couverte d'or. Il suce la sang, dérobe, affame et rabaisse les malheureux, ensevelis dans la m.erde jusqu'au cou. Le Prince Démon voit Vassilissa alunir gracieusement en soulevant un maigre nuage de poussières et se rue sur elle.
- Qu'est ce que tu viens faire là toi? On t'a pas sonnée, pas encore. Et c'est une propriété privée ici. On n'est pas un terrain communal. T'as de quoi payer?
D'un bond la gigantesque araignée est sur Vass, palpant de ses pattes dorées la mise de la jeune femme, scrutant ses effets de milliers de petits yeux en diamant.
- Bas les pattes Belzéb', je ne suis pas à toi!
- Pas encore. Mais tu m'intéresse, tu commence à avoir joli pécule.
- Tu parles! Mon pécule est comme mon pucelage! Je les ai confié à de beaux parleurs. A ce propos. Je suis là pour l'un d'eux, celui du pécule, pas du pucelage. Il est dans le coin?
- Mmmh à combien estimes tu cette information? Si tu t'attends à avoir des cadeaux ici, t'es mal tombée.
- j'ai rien ici, juste ma peau et...
- Je n'aime que l'or, tu verras pour ta vertu avec Asmodée"
dit le Prince Démon en rigolant.
Vass regarde le Prince de l'Avarice avec défi, sort sa dague et l'agite sous le nez de Belzébuth.

- De jolis fils d'or, fins et lumineux comme des rayons de soleil, ça te dirait?
- Donne! Je l'exige"
dit le Prince avec une once de folie dans ses yeux étincelants. A croire que le Soleil et sa lumière dorée ont sur le Prince un effet bien plus douloureux que sur les autres créatures infernales.
D'un geste sec, Vass coupe une de ses mèches blondes et la tend au Prince Araignée.

- Je veux tout! siffle le Démon.


Plus tard c'est une Vass furieuse et chauve comme un oeuf qui arpente les plaines désolées de la Lune.
Quand le crâne de Vass fut devenu aussi lisse qu'une tonsure de moine la jeune femme avait lancé un "alors?" plein d'espoir.
Le Prince Démon avait platement répondu "J'ai dit tout" en faisant claquer une paire de ciseaux vers les braies de Vass.
Qui s'executa de bien mauvaise grâce, en promettant de faire payer l'addition au Leu quand elle remettrait la patte dessus.



- Tout ça pour ça! grogne la jeune femme en donnant un coup de pied sur un crâne de damné.
- Aïe! pas une raison pour vous venger sur moi! J'en bave déjà bien assez!
- La ferme toi. Mon vicomte est même pas là, je me suis faite tondre par Belzéb' pour m'entendre dire qu'il était trop dépensier pour l'intéresser. Où est ce qu'il crêche le Léviatruc?
- Oooh le Prince de la Colère. M'est avis que vous allez vous entendre.



Merci aux auteurs de Rome, pour une fois que ça sert à quelqu'un d'autre qu'un curé...
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Vicomte de St Pardoux, Baron de La Roche Canilhac
Vassilissa
Le silence était écrasant. De temps en temps, une pierre roulait sous son pied, et son cri résonnait contre les collines mornes affleurant l’horizon. Cela faisait des heures qu’elle avait quitté Belzébuth et son or, et l’effervescence qui régnait à l’entrée de la Lune s’était peu à peu calmée, laissant la place à un désert sans nom.

- Ma petite Vass, je crois qu’on s’est trompées. Le terrible Léviatruc peut pas trouver la paix dans un recoin pareil, ou alors j’me fais nonne !

Sa phrase à peine achevée, la bure la grattait. Elle jura.

- Mais quoi ! On peut rien dire, c’est ça ? Le moindre petit mot peut être pris de travers ?

Un long éclat de rire fut seul à lui répondre, et quelques gravillons dévalèrent la pente, entrainés par un sac qui roula à ses pieds.Elle sauta en arrière, jetant aux alentours quelques regards inquiets qui ne trouvèrent personne, avant de se pencher vers l’étrange cadeau. Du sang coulait sur le chemin. Elle shoota alors dans l’agaçant présage… Elle approchait.
Encore quelques pas, et elle les aperçut derrière la colline. Ils étaient cent, ils étaient mille, ils étaient l’armée de Léviathan. Leurs yeux brûlaient dans les brumes malsaines, rougeoyants et pleins de colère. Ils étaient les pécheurs, et Vass en les voyant repensa Confession.
Elle s’avança pourtant, car il le fallait bien. Lui seul pouvait l’aider, sur cette Lune où le verbe aider était aberration.



- QUI OSE ME DERANGER ?


La Blonde cette fois-ci ne pu que sursauter, quand une ombre gigantesque tomba dessus ses mains et sur le monde entier. Elle fit volte face pour affronter le monstre, et un froid indicible s’insinua dans son âme. Il était grand, immense, et ses narines crachaient de courtes flammes. Ses yeux étaient la haine, et ses poings la colère. Ses cornes faisaient de lui un Taureau de cauchemars. Son corps était bardé d’une armure de plaques, et il brandissait une arme singulière. Vass le détailla des sabots jusqu’au casque, avant de désigner vaguement son entrejambe :


- Le reste fait peur aussi ?

Il grogna de fureur et rugit de nouveau.

- SI JE TE MONTRAIS, TU EN CREVERAIS, MISERABLE MORTELLE ! QUE VIENS-TU FAIRE ICI ?
- Je viens chercher l’Vicomte. Mon ami. L’as-tu vu ?
- COMMENT PAYES-TU ?
- J’n’ai plus rien, que veux-tu ?
- TA PLUS BELLE COLERE !
- Elle est ma vie, tu ne peux pas...
- BIEN SÛR QUE SI. DONNE LA MOI !

Elle grimaça de douleur quand son épée chauffée à blanc vint arracher de son cœur son plus beau souvenir. Quelques mois passés auprès de l’homme qu’elle avait aimé plus que tout, et qui s’étaient finis dans la colère froide, quand il était parti pour ne pas l’aimer trop. Elle revit sa plume tremblant sur le velin quand elle lui écrivait pour tenter de comprendre, elle le revit plus tard, au bras d’une autre blonde qui portait son enfant. Sa plus belle raison de se mettre en colère. Des années de chagrin et d’amertume, passées à se dire qu’il aurait mieux valu le haïr. Tout cela disparut dans un grésillement sec, et il ne resta rien qu’un cœur morne et transi dans la campagne gelée. Elle leva les yeux vers le démon terrible :

- Alors ? Et mon vicomte ?
- JE N’AVAIS RIEN A LUI APPRENDRE QU’IL NE SACHE DEJA. JE NE L’AI DONC PAS VU. VA VOIR UN PEU PLUS LOIN, CHEZ LUCIFER, PEUT-ÊTRE.

Il tourna les talons, suivi par son armée de fantômes trépassés. Et la Blonde resta là, perdue parmi les ombres, les larmes coulant sans fin sur son visage tendre. Son sourire n’était plus, et pourtant coûte que coûte il fallait continuer. Elle hésitait déjà, et maugréa tout bas :

- Quelle forme vas-tu prendre, Lucifer ? Dans quelle sombre histoire vais-je encore me trainer ?

La vraie question bien sûr elle ne la posa pas. Qu’allait-elle donc perdre, la prochaine fois ? Son cœur douloureux cognait dans sa poitrine, quand elle reprit la route menant au Prince de l’Acédie.
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Mon cœur est l'Hydre, avis aux amateurs !
Attila_caligula


La jeune femme finit par buter sur les berges d'un fleuve aux eaux noirs et fumantes. Le Léthé des anciens trouvait ici un cours immuable et paresseux. Y tremper ne serait ce qu'un orteil serait se condamner à se perdre pour l'Etrnité, oublier sa vie, son nom jusqu'à oublier son essence. Ce que font les morts en gagnant l'Enfer en somme. Vassilissa n'étant ni prête ni en galante compagnie qui eut pu l'inciter à un bain récréatif, elle entreprit de remonter le lit du fleuve pour trouver un gué à pied sec.
Après une longue marche dans les vapeurs entêtantes montant des eaux troubles, elle arriva à une petite colline aride ou une silhouette était accroupie. Un vieillard pleurait des larmes froides et vaporeuses qui dévalaient ensuite les flancs de la colline pour ruisseler en ce méphitique et néfaste fleuve.
Lucifer, Prince de l'Acédie trônait en Enfer.

- Lucifer, Prince des Enfers, m'accorderas tu audience?
Vass n'en était plus à un Prince Démon près. Ils n'étaient pas si terribles quand on avait le Dode quelquepart avec soi. Leur gros bluff se dégonflait comme par magie. Après tout ils n'étaient pas autre chose: les descendants d'innombrables générations de mages, shamans, sorciers et grands charlatans des ages sauvages où l'homme cueillait et chassait nu comme un ver.
Le vieillard releva un visage inondé de larmes noires et fixa Vassilissa d'un regard froid d'homme mort.

- Qui que tu sois, renonce à tout espoir en entrant ici. Tu es sur mes terres et l'espoir et la prière en sont bannis.
- Je cherche mon vicomte. Parait qu'il traine chez toi. Rapport à sa spiritualité faiblarde et son petit travers tres materialiste. Tu vois de qui je veux parler?

Les yeux morts du vieux Lucifer s'allumèrent d'un bref reflet de ce qui fut autrefois le feu du Porteur de Lumière.
- Ah lui! Lui qui loin de se lamenter de n'avoir point cru s'entête dans sa folie et continue de glapir que tout ce ci n'est que foutaises et poudre aux yeux!
- Ouiiii! C'est exactement le bonhomme. Limite têtu. Pas près d'admettre qu'il a tort. D'ailleurs je suis pas convaincue qu'il soit dans l'erreur...
- Aaah maudite engeance Dodécalée! Quittez mon royaume avant que d'autres vous entendent et ne vous suivent. non mais je vous jure, où allons nous si même en Enfer vous recrutez maintenant!
- Viiiiicomte! Atti!

De derrière la colline une voix a nulle autre pareille monta, rauque et grave dans son rugissement de joie.
- Vass? Ma Nitouche, tu m'as retrouvé!
La silhouette dégingandée du vicomte apparut bientôt et prit la jeune femme dans ses bras en battant de la queue.
- Toujours heureux de me revoir à ce que je vois.
- Toujours. Ce vieux bouc refuse d'admettre qu'il n'existe pas. Sinon tu penses bien que je ne serai pas resté si longtemps.
- Non mais voilà! Vous l'entendez? Un fou! C'est un fou! Débarrassez moi le plancher!
- Oui, on rentre Vic. T'as failli me manquer.

Le leu prend le visage de Vassilissa entre ses pattes et la regarde de ses yeux d'un jaune plus doux que cruel.
- Toi, ta réalité est mon ancre, sans toi.. à quoi bon. Mais tu es là, réelle, plus même que Dode. Alors viens, je m'amuse trop et nous allons visiter un vieil ami de ta connaissance.
- Vraiment? Mon ptit curé a finalement échoué ici?
- Non, je parle d'Azazel.
- Pfff oui je le connais lui.


Les deux âmes soeurs contournèrent la colline pour passer le fleuve de larmes luciferiennes et poursuivre leur chemin. Devisant nonchalamment dans cette plaine balayée par le vent du mépris divin, ils n'avaient d'autres préoccupation que de faire bonne route, ensemble.
Tandis que le Vieux Lucifer reprenait ses lamentations geignardes sur un ton nouveau:

- Me revoici seul, qui me distraira de sa folie douce? Qui fera entendre ses moqueries à la face du Tout Puissant pour ma plus grande joie... passagère.

- Et pourquoi devons nous aller le voir l'Azazel? T'sais bien qu'il me fiche des frissons et que je suis faible comme une libellule face à ses charmes.
- Je serai là, et pour une fois qu'on est ici, autant tout voir non ?
- Ouais mais lui, j'esperais bien ne pas le voir... tu parles! le seul péché mignon... la Gourmandise.

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Vicomte de St Pardoux, Baron de La Roche Canilhac
Vassilissa
Sa main avait trouvé la sienne quand le paysage se mit à changer. Tout autour d'eux, le ciel s'assombrissait, comme pour enfanter le plus grand orage que la Lune ait jamais connu. Mais les nuages qui noircissaient de minute en minute n'avaient rien à voir avec une quelconque pluie régénératrice. L'électricité qui s'en échappait crépitait sèchement, illuminant le sol de lueurs irréelles. Et soudain, dans un craquements sinistres, les premières gouttes d'acides commencèrent à tomber, faisant hurler de peine les quelques âmes errant dans cette partie du monde.

Alors, la Blonde, pour éviter la brûlure infernale, chercha le bras du Leu de sa menotte tendre. Baissant les yeux vers elle, sans prononcer un mot, il les drapa tous deux de son manteau de noble. Et ils continuèrent un moment d’avancer, drapés dans cette unique couverture, n’osant pas dire tout haut ce qu’ils pensaient tout bas. Que ça sentait pas bon, qu’ça se finirait mal… Et que tout ça pour lui…
Elle lui jetait quelques regards en coin. Il avait maigri, son poil était terne et sa babine un brun plus pendante… Pourtant il n’avait pas changé. Il la rattrappait d’une main et de justesse quand elle trébuchait, mais ne s’arrêtait pas même si elle le priait :


- J’ai un caillou dans ma chausse !
- J’ai soif !
- Ça me gratte dans mes braies…

Il n’avait même pas daigné hausser un seul sourcil, preuve qu’il ne se souciait que du but à atteindre. Mais que pouvait-il attendre de ce fameux Azazel vers lequel ils couraient ?

La pluie avait cessé, ne laissant derrière elle que des âmes esseulées et gémissantes, et qui erraient sans but sur la même route qu’eux. Enfin, ils arrivèrent près d’un abîme, étrange anfractuosité d’où montait une triste complainte. Et rongée par l’angoisse de la curiosité, Vass se pencha vers elle.

Le spectacle vu d’en haut était assez frayant, et elle retint son souffle. De toutes parts des spectres arrivaient, tendant des mains avides et dénuées de chair. Les fontaines coulaient d’un infâme breuvage, un peu trop rouge ma foy pour être du bon vin. Et tandis qu’ils buvaient en riant aux étoiles, ils devenaient plus maigres, plus cassants et plus noirs. Certains même se battaient pour atteindre les sources.
Et au centre du trou se trouvait Azazel, vaste boule de matière dont on ne voyait rien mais qui rayonnait loin de malfaisance rentrée. La blonde recula quand il leva les yeux qu’il avait rouges et sombres, cherchant qui, dans le lot, assouvirait sa faim.


- Vic, je voudrais qu’on parte.

Il ne répondit pas tout de suite, et elle se retourna, inquiète. Les yeux hagards et fous, la gueule tout entrouverte et la langue pendante, le Vicomte d’Ysengrin semblait gelé sur place. Elle grogna :


- C’est bien le moment de jouer à un deux trois soleil, tiens… C’est bon, je t’ai vuuuuu…

Mais comme elle disait ça, elle aperçut aussi ce qui le faisait maintenant baver, tout fauve qu’il était. A quelques pas de lui, tournant sur une broche longue comme deux épées, un énorme cochon cuisait et rissolait. Un peu plus loin, c’était un bœuf qui offrait son derrière à la léchouille des flammes. La route était semée de viande et cochonailles, traçant ligne directe vers le monstre et sa gueule. Vass réalisé aussitôt le danger, et hurla comme une femme :


- Viiiiiiiiiiiiiiiiiiiic, nooooooooooooooooooon !

Il avançait déjà, mû par l’alléchant piège, et quand elle se pendit à son bras, affolée, il l’envoya d’un coup voler plusieurs mètres. Elle jura :

- Bordel, Attila d’Ysengrin ! J’vous somme de reculer !

Il avançait toujours, sans entendre ses cris. Alors elle bondit et se campa devant lui, arrachant sa chemise en désespoir de cause, dévoilant le plus beau décolleté qui soit et gueulant de plus belle, comme pour sauver sa peau :

- Viiiiiiiiiiiiiiiiic, regarde moi ! Viiiiiiiiiiiiic, ne va pas par là ! Regarde, c’est moi, ton fruit défendu ! Viiiiiiiiiiiiiiiic !

Désespérée, presqu’hystérique, la blonde était campée au milieu de la route, l’un de ses seins pointus sortant de sous sa chemise. L’œil lubrique du Vicomte s’arrêta droit dessus, éclairant son museau d’une grimace d’envie.

- Ma Minouche…

Mais c’était au tour de Vass de lutter contre la folie. Ses yeux partaient ailleurs, voyant au bord du chemin ce qui n’y était pas et n’y serait jamais.

- Oh, une toute petite carotte… Oh, Vic, un petit pois !!! Laisse-moi y aller !

Mais il n’en allait plus ainsi dans l’esprit du vicomte, émoustillé tantôt par miche croustillante. Et d’une main vigoureuse, il souleva la donzelle, la calant sous son bras comme paquet de feuilles mortes.

- Grmbl… J’t’en coll’rais, des p’tits pois… Allez, viens, on s’en va ! De toute façon il me déçoit, l’Azazel… Trop de sensationnel mais pas assez d’éclat.

Elle cognait de ses poings, mais il ne lâcha pas.

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Mon cœur est l'Hydre, avis aux amateurs !
Attila_caligula
Tandis qu'il porte une Minouche toutes griffes dehors sur l'épaule, le Leu vagabonde dans sa tête. L'Enfer lunaire, il le sait bien, n'est qu'une illusion, une chimère dans laquelle on peut voyager, même si bien peu s'y risquent, à part quelques visionnaires trop rares de l'Eglise ou quelques fols en mal d'aventures comme lui. Mais sa destination finale, c'était le grand Oblivion, le trou noir dont on ne ressort pas. Celui qui avale tout sans faire de remous et dont les implacables ondes lissent et effacent toute trace dans les royaumes.
Et qui est venue le chercher, le tirer par les poils des oreilles, lui hurler aux esgourdes que le temps n'est pas encore venu?
La jeune panthère blonde qui crache et siffle sur son épaule. Vassilissa à l'âme et au tétin généreux.
Il affermit sa prise sur une fesse musclée et sent une onde de chaleur remonter le long de ses nerfs.
Ils entrent sur le territoire d'Asmodée, Prince Démon de la Luxure.
Les mains de sa captive qui lui lacéraient le cuir pétrissent maintenant ses muscles, ses doigts se perdant entre ses poils avec sensualité.
Il y a quelques instants, elle lui offrait ses seins en pâture pour détourner le vicomte d'un appétit qui n'aurait fait qu'enfler avec son ventre. Peut être qu'elle lui offrirait...
Il y avait autre chose qui commençait à enfler.
Et douloureusement.
Le Leu repose la jeune femme qui le regarde, le feu aux joues, des étoiles dans les yeux. Ils se font face, s'approchent avec la lenteur de deux feuilles flottant sur l'eau calme. Leur front se touchent, ils sont nez à truffe. Menottes dans Paluches, souffle contre souffle.

- Ici on ressent le désir le plus charnel, l'excitation la plus profonde, le trouble le plus intense, l'émoi des sens jusqu'à la douleur" dit une voix gutturale aux chaudes résonances.
- Et jamais on ne l'assouvit. C'est le Prix. C'est mon Plaisir.
Asmodée est là, gigantesque, aux formes sinueuses, aux muscles luisants, aux courbes obscènes. Ses attributs masculins sont héroïques, monstrueux, effrayants, et tendus d'un vigueur surnaturelle, d'un désir tellement flagrant qu'il provoque l'épouvante. Sa langue pointue, démesurée, court sur des lèvres humides et molles jusqu'à lisser ses sourcils obliques.
- La petite catin me plaît bien, mais toi mon loup, tu vas le sentir passer" poursuit Asmodée en gloussant d'un halètement bestial. "je vais t'embrocher comme pourceau sur le gril et tu couineras comme tel."
Le Leu ne fait pas le malin, la perspective est épouvantable. L'engin démoniaque défiant toute loi des proportions.
Pourtant, la vision Infernale d'une broche obscène lui déclenche un rictus railleur

- Dis moi Asmodée, connais tu celle du hamster et du Chatterton? Il faut absolument que je te la narres et que tu l'expérimentes, avec le Dragonet Castelcerf...
- Ah lui! je l'attends avec impatience. Jamais vecteur de vérole n'a si complètement rempli son office. et depuis fort longtemps. Je t'écoute..." dit le Prince Démon en se penchant jusqu'au Leu. Ce dernier s'empresse de lui murmurer à l'oreille l'usage qu'il faut faire du Chatterton quand on a de gros appétits et de petits débouchés. Asmodée glousse, lâche un pet roucoulant, se gratte la raie et finit par s'esclaffer.
- Je vais m'en procurer de ce pas, ne bougez pas vous deux..." dit le colosse érotomane en s'éloignant.

- Nous v'la seuls Vic"
dit la jeune femme en se lovant contre le Leu
- Oui ma Minouche, même s'il vaut mieux ne pas s'attarder ici.
- Ouais, de toute façon, ici on n'assouvit pas, d'après ce qu'il a dit.
- On n'a jamais assouvi sur le monde terrestre non plus, tu sais?
- Parce que t'es une nouille.
- Al dente!
- Des promesses!
- Tirons nous d'ici.
- Porte moi comme tout à l'heure"
dit elle avec un sourire enjôleur.
L'Ysengrin s'execute et affermit sa prise sur le fondement de la brigande qui sourit.

- Carotte, asperge, cornichons, les légumes y a que ça de vrai. Pas vrai mon Vic?
- Gigot, poitrine fumée, jarret, joues et cuissots, moi je suis très chair fraîche!
-- M'a donné faim le Grand Coquin.


Leu et Minouche s'éloignent dans la désolation lunaire, se demandant probablement comment rentrer dans leurs pénates.
Dode y pourvoira?

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Vicomte de St Pardoux, Baron de La Roche Canilhac
Vassilissa
La tête encore pleine de rêves érotiques, ils s’éloignent tous les deux dans le soleil couchant. Une triste mélodie accompagne leur voyage vers ce qu’ils pensent la fin.

- Bordel, mais t’es bien arrivée de quelque part, ma Minouche ! Fais un effort, rappelle toi !
- Ah nan mais moi j’ai juste sauté ! Y’avait un trou, j’ai juste sauté !
- Rhaaaaa toi, dès qu’on te cause sauterie faut plus rien te d’mander, hein…

Il grogne mais sa main tendre ne quitte plus sa taille, elle que sur la terre ferme il ne saurait garder. Et le silence retombe, laissant leurs songes à chacun s’exprimer. L’aventure semblait belle, les démons prometteurs. Mais depuis quelques heures qu’ils marchent côte à côte, leur vie et leur mort stagnent comme le désert qu’ils croisent. Ils en ont fait le tour, de ce monde improbable d’où tout bien réfléchi ils préfèrent s’en aller. Et la Blonde sursaute en entendant derrière le grincement infernal. Cette roue qu’on n’huile plus, ces essieux qui rendent l’âme à chaque nouveau voyage, elle les connaît trop bien. Et sans tourner les yeux, elle serre dans ses mains la paume du Vicomte, y cherchant le courage d’affronter celui-là qui pour la énième fois vient réclamer son dû :

- Ce n’est pas encore l’heure.
- L’heure ? C’est moi qui choisis l’heure où toute rose se fâne…

L’Ankhou est tout sourire, et sur son crâne sans viande l’effet est terrifiant. Vass sent sur sa fesse l’autre main du vicomte qui se crispe doucement, preuve que lui aussi a les oreilles qui sifflent. Combien de morts, pour lui ?

- Comment fait-on pour sortir d’ici, Grande Folle ? Tu dois bien savoir, toi, par où qu’tu l’as am’née, ta charrette ?

L’autre secoue la tête. La route qu’il emprunte n’est pas pour les mortels, aussi récalcitrants qu’ils puissent être au trépas. Et la jolie blonde y perdrait tout son être, langue bien pendue compris. Et ça, il ne veut pas. Il commence à s’y faire, à ces deux zouaves là, qui viennent réveiller les neuronnes qu’il n’a plus. Les autres sans coup férir se laissent trimballer, mais ce couple-là non. Depuis qu’il les connaît, ils lui auront tout fait. D’ailleurs la voix de la môme le rappelle à la Lune et au problème posé :


- Hey, dis moi d’où tu viens, l’sac d’os, ou l’Vic va se faire mâle et t’dévorer entier !

De la main elle assène petite tape gentille sur l’arrière du crâne de son copain poilu. Et se tournant à peine, voilà qu’elle chuchote :


- Vas-y Vic, fais toi mâle, qu’on y fasse peur, un peu !

Mais la Mort lève la main, roule les yeux qu’elle n’a plus, et se met à grincer :

- C’est bon, c’est bon ! Je n’ai pas que ça à faire, j’ai une livraison. Prenez la route à gauche, le chemin qui part de biais, comptez jusque trois dunes et reculez d’un pas. Là avancez gaiement jusqu’à l’horizon vert, tournez au premier sapin creux, laissez le gibet sur votre droite, et vous serez devant la sortie. Faites attention au chien. Ne roulez pas trop vite. Et ne vous retournez pas, il y a une hydre derrière vous.

Bien sûr, d’un seul et même mouvement, les deux amis se tournent, et l’autre prestement saute sur son char fantôme. Le sombre grincement s’éloigne sur la route, nul cheval ne tire ce convoi délaissé. Et les corps qu’il transporte, lentement, sombrent dans noir oubli.

- Tu ne trouves pas que la troisième tête bave vraiment beaucoup ?
- Si, mais regarde l’autre, elle a un œil en moins…
- Oh ! Celle-là me fait un sourire !
- Tu crois ? on dirait plutôt qu’elle veut nous manger crus !
- Rhoooo, quitte tes a priori, va ! Elle doit nous avoir à la bonne… Petit petit…

L’infâme gueule puante se referme brutalement en claquant dans le vide. La Blonde n’a eu que le temps de retirer sa main.


- Mince, t’as raison, mon Vic, on dirait qu’elle est agacée…
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Mon cœur est l'Hydre, avis aux amateurs !
--Le_dodecalogue.


- Tu te trompes Vassilissa.

La voix est comme toujours forte et railleuse. Elle vient du Dode qui flotte au milieu de la poussière Lunaire. La jeune femme se retourne tandis que le Leu semble dormir éveillé, regard vide et lippe pendante.
- Ce n'est pas l'Hydre que tu vois. Mais son frère, Cerbère. En ces lieux, tu as plus à craindre de lui que de sa Soeur. Car il n'a pas l'air disposé à lâcher sa proie. Sa mission est d'interdire aux morts de s'échapper d'ici. Et même si ton compagnon est dans les bonnes graces de l'Hydre, celle ci ne peut rien contre la volonté de Cerbère.
Comme la jeune femme grimace en proie à une colère qui s'annonce homérique, le Dode recule imperceptiblement, et sa voix tremblote quand il reprend:
- Heuuuu... oh! Chose amusante, savais tu que Cerbère et l'Hydre ont un un autre frère? Ne devines tu pas son nom?
La jeune femme s'avance toujours en fermant les poings, arrivant à la hauteur de l'Ysengrin toujours perdu dans une rêverie de moribond.
- Allons je t'aide... ce troisième de la fratrie est ... un Lion! Amusant n'est ce pas? Bon, je vois que tu es toujours aussi mal embouchée. Je te laisse mais ton temps ici s'achève, tu ne peux plus grand chose.

Comme pour vérifier les dires du Dodécalogue, la jeune femme lance son pied vers l'arrière train du Leu et le percute sans proviquer d'autres réactions qu'un petit bond du vicomte, qui s'avance maitenant vers les gueules béantes du Monstre tricéphale.
Vassilissa
[Debout devant Cerbère, la Blonde ne faiblit pas.]

- AH OUI MAIS NON ! J'EN AI ASSEZ !

La Blonde crache sa hargne aux trois têtes bien pensantes, et rattrape le Vicomte par sa manche de chemise. Parti comme c'est parti, ça ne peut pas finir en queue rongée d'radis. Il faut que quelque chose se passe, et vite.
Elle regarde alentour.
Mais quoi ?

Machinalement, son pied gratte le sol, dans l'espoir d'y trouver un signe, une marque... C'est bientôt la Noël, la neige et le sapin. Mais à en croire le Dode, elle aura froid toute seule. Alors, son pied butte sur quelque chose. Devant elle, les infâmes têtes persistent et signent, bavant d'envie devant le cuissot du Vicomte. Si elle veut le sauver de la salive immonde du Cerbère infernal, elle doit se dépêcher.

Et puis tout va très vite. Elle se penche, ramasse ce qui au sol résonnait tout à l'heure, brandit l'arme improbable et en assène un coup.
C'est la crosse de Noël, du Grand Saint Nicolas.
Et tandis que bien loin, les anges certainement chantent, alors Cerbère recule. Au sol, il y a une trappe, qui s'ouvre sans problème face à la colère blonde. Et, saisissant sa main, elle plonge dans le vide.


[Le retour à la vie]

BLANG !

La porte s'ouvre à la volée, et un mince trait de lumière filtre à travers la pièce. Les rideaux sont tirés et il disparaît sous les draps et les oreillers. Pas une seule patte ne bouge, il est mourrant. De temps en temps, un faible gémissement parvient à traverser l'air empuanti de miasmes. Ça sent l'urine et la sueur, les plaies en putréfaction et l'onguent à la menthe. Au sol, les restes d'une orgie, quelques os de gigot et des vêtements éparses, mini-soutanes et robes de dentelle légère.
La blonde reste sur le seuil, stoppée dans son élan par l'odeur de mort qui appesantit tout. Elle a fait un pas en arrière et se pince le nez, surprise, désemparée. La femme de l'aubergiste, une petite brune dodue, se dandine d'un pied sur l'autre en haut de l'escalier, manifestement terrorisée :


- Je peux vous laisser ?

Elle la chasse d'un geste, trop émue pour parler. Dans ce lit bas qu'on distingue à peine, il y a son compagnon. Perdu, tassé, contus, il n'est plus que chair tendre soumise à la gangrène. Il se meurt, sans nul doute, et ce depuis longtemps. Elle s'avance doucement sur la pointe des pieds, vers les fenêtres d'où nul soleil ne pointe. De la lumière, que diable, il n'est point encore à veiller à la lueur des cierges !
Et d'un seul geste, elle tire le rideau.


- AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !

La blonde hurle, et elle n'est pas la seule. La petite rouquine qui cache ses rondeurs derrière les lourds replis de la tapisserie est aussi nue et callipyge que la Venus de Milo. D'une main maladroite, elle rhabille sa vertu, mais l'autre a déjà tourné son regard vers le lit baldaquin et le tas d'oreillers. Dans le silence qui tombe, une grasse mouche vole. Un pâle soleil d'hiver éclaire le tableau. Nul museau en vue, pas une patte dépasse sur les draps plus trop frais. La blonde ferme les yeux et achève de comprendre, les os tout frais rongés et l'odeur de luxure qui se mêle à la menthe.
Profitant de la trêve qui annonce la tempête, la rouquine disparaît dans un froissement léger.
Dans un coin de la pièce, un gros rat gris détale.


- Vicomte ?

Pas le moindre mouvement. Les oreillers, les draps, tout le lit fait le mort.

- VICOMTE !!!

Une oreille se dresse, et bientôt c'est un œil qui pointe, lubrique et malicieux, qui se referme bien vite sitôt qu'il l'aperçoit. Un geignement exquis complète la manœuvre, signalant un trépas qui ne saurait tarder. Elle s'approche, minaude, murmure des sucreries... avant de faire voler au loin draps et literie. Un coup d'œil sous la couette lui suffit amplement. La hampe vicomtale n'a pas changé de place, et se dresse fièrement.
Elle tourne les talons.


- Ma Minouche !
- ...
- Ma Minouche, je vais t'expliquer ! Je suis encore mourant ! Les médicastres annoncent une guérison lente, et mille souffrances et maux ! J'ai besoin de tendresse, j'ai besoin de...
- Habille-toi, je veux t'emm'ner au port. Comme t'es là on va attirer toutes les ribaudes du coin... T'as caché mon épée quelque part ?

Elle farfouille librement dans les affaires éparses.

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