Elle l'entendait ce cur, le sien battait au même rythme si ce n'était pas plus. Mais la nervosité, couplée à tout ce qu'on lui avait asséné durant des mois entiers, l'empêchait de se livrer comme elle l'aurait souhaité. Et pourtant... Elle était bien là, lovée à l'abri de bras semblant aimants... La petite noiraude ne pensait à rien d'autre qu'à la chaleur d'Achim. Un léger froncement de sourcils trahit tout de même la nouvelle vague de déception qui l'envahie à l'idée qu'il doive déjà s'en aller. Mais il le fallait toutefois... Et le murmure entendu lui fit pousser un soupir sans pour autant essayer de bouger, se laissant guider doucement... Et elle ferme les yeux, se laissant porter sous le dolmen de Saumur, le temps d'un instant, même fugace.
Je vous fais confiance...
Il était l'une des rares personnes en ce Royaume, à qui elle pouvait dire cela. Et elle ne laisserait pas le doute s'immiscer, pas ici, pas entre eux. Tandis que le beau chirurgien se détachait d'elle, So resta en place, l'observant, silencieuse, à se faire une raison -et non des moindres, la vie de Fourmi devait sans doutes en dépendre- mais... Petit à petit... Il s'en va...
Il s'en va, la porte sera bientôt passée... Avant la nuit il serait revenu... Il était encore tôt... Un signe de tête se fit, pour signifier qu'elle avait compris. Le laisser partir ainsi? Ils étaient fiancés, n'était-ce pas là le pire affront qu'elle pouvait faire au curé? Mais elle ne voulait pas le voir en lieu et place d'Achim, elle.... Pourquoi cette retenue? Pourquoi cette réserve et cette tension?
Un pas fut esquissé en sa direction, hésitant. Il fallait qu'elle le laisse s'en aller. Toutefois, plus les secondes s'écoulaient, et plus elle était sûre. Il lui fallait contrer cette angoisse qui montait, à l'idée de trahir les idées d'un homme qui l'avait tant marqué. Elles n'étaient pas siennes, elle ne les partageait pas et lui avaient été inculquées et rentrées en tête par la force. Il lui fallait les oublier. N'était-ce pas sa promesse? Ne pas regarder en arrière?
La main qui ne tenait pas la chaine se tendit finalement, et la boiteuse rejoint rapidement son fiancé. Fiancé, elle allait avoir des difficultés à l'intégrer, mais c'était pourtant le cas. Pourquoi se retenir, finalement, alors qu'il n'avait de cesse de lui retourner les sens? Qu'était-ce qu'un baiser à son promis? Un baiser ne porterait pas l'image détestée devant ses yeux, non...
Achim...
Aller de l'avant, ne pas écouter les jugements... Un baiser, un vrai. Pas de retenue, ou si peu qu'elle n'en fit pas cas, les remords viendraient après, pas d'hésitations. C'est ce qu'elle lui offrit, là, sur le pas de la porte qu'il sapprêtait à franchir, après qu'elle l'ait attiré à elle, la chaine enroulée à ses doigts, ses mains perdues sur sa nuque, sa joue. Il était dorénavant seul à lui porter un peu de véritable tendresse, à s'en inquiéter...
Se détacher fut compliqué, mais la raison l'emporta, que ce soit parce Fourmi courait des risques, ou parce qu'elle ne voulait pas fuir maintenant... Mais la tête délicatement posé sur lui, la jeune femme attendit un court instant avant de le libérer.
Je serai patiente... Et éviterai la Cour.
Un baiser pour un merci.
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